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études-coloniales
12 février 2012

sur l'histoire des hakis, Maurice Faivre

 rue des harkis

remarques sommaires sur un colloque

consacré aux harkis (4 février 2012)

général Maurice FAIVRE

Je n'ai assisté qu'à une partie du colloque du 4 février 2012 et ai lu une recension de Ben Boukhtache dans le blog Nouvel Obs.

Ayant accompagné des harkis depuis 1960, et fait des recherches historiques dès 1964, je me réjouis que la LDH, la LICRA et les Temps modernes découvrent l'existence des harkis au bout de 50 ans (voir ci-dessous le relevé de mes recherches et travaux).

Je ne peux faire que des observations sommaires sur ce colloque :

- Benjamin Stora a raison de dire que "la présence de paysans en armes du côté français remet en question le mythe nationaliste de l'armée paysanne unanime engagée dans l'ALN".

Il dit ensuite que le bachaga Boualem n'est pas un harki, c'est vrai, mais il faut préciser qu'il a créé une harka de 360 combattants.

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combattants harkis

Il n'est pas exact de dire que Paris a tenté de réduire les effectifs harkis en mars 1961; c'est en août 1961 que le Comité des Affaires algériennes a décidé de passer de 60.000 à 45.000 harkis, réduction effective en janvier 1962 seulement. Stora semble ignorer les directives des wilayas qui condamnent les harkis ; ces directives ne sont pas rassurantes comme il le prétend.

- François Xavier Hautreux ignore les tableaux d'effectifs du 1er Bureau EMI, qui indiquent mois par mois les effectifs des supplétifs de chaque catégorie (réf.1H 1375 à 1377. et 1R 326).

Les harkis ont été créés par le général Lorillot en février 1956 et non en 1957. Ils n'ont jamais dépendu de la police; quant aux GMPR-GMS et Maghzen ils étaient rattachés à l'Intérieur et non à la police.

- Todd Shepard reconnaît que la nationalité française a été retirée aux rapatriés musulmans, contrairement aux accords d'Évian. Il aurait dû rappeler que le Comité des Affaires algériennes a pris cette décision le 21 juin 1962, confirmée par une ordonnance du gouvernement.

- Abderahmane Moumen fait un exposé objectif sur le séjour des harkis dans les camps d'accueil. Il surestime cependant le nombre des supplétifs rapatriés : 66.000 avec familles, et non 80.000.

La diversité des situations ne signifie pas l'inexistence d'une communauté des harkis en métropole; c'est l'histoire qui crée leur unité : ennemis du FLN, ils ont été accusés de trahison, et leur rapatriement n'a pas été favorisé par le gouvernement.

- je ne conteste pas le témoignage du retour en Algérie en avril 1962 de 80 harkis du camp de Mailly ; ce témoignage requiert cependant une vérification en archives, en particulier sur les 4 à 500 qui auraient rejoint en route.

- un philosophe et trois juristes ont débattu de l'accusation de crime contre l'humanité concernant le traitement des harkis. Ils ont conclu qu'un procès avait peu de chances d'aboutir.

L'abandon par le gouvernement a en effet été réel, mais ce n'est pas la France qui est responsable des massacres.

La bonne foi de Louis Joxe, confiant dans les promesses des négociateurs, a évidemment été démentie par le comportement des nationalistes algériens.

Maurice Faivre
le 10 février 2012.

 

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l’histoire des harkis

Maurice Faivre

La recherche historique est une longue patience, elle exige du temps et de la rigueur.

C’est dans les années 2000 que certains ont découvert cette histoire, qu’ils n’ont pas vécue, en se référant aux souvenirs de femmes ayant raté leur intégration. C’est plus complexe, comme le montre mon parcours.

J’ai eu sous mes ordres 80 harkis et trois autodéfenses de 1960 à 1961. Après le massacre de la moitié d’entre eux en août 1962, les survivants m'ont retrouvé en 1963 et m’ont raconté leurs malheurs. C’est alors que commencent mes rercherches historiques, que je n’ai cessé de complèter et de réviser.

- 1964. Je rédige une note sur les harkas et l’islam, et recueille les témoignages de mes harkis avec l’aide de Paule Lévêque, qui publie dans L’Aurore de 1965 à 1967 : les harkis de Kabylie dans leur colonie de Dreux.

- 1985. Participation aux 3 DVD de A. de Sédouy : Histoires oubliées des harkis.

- 1989. J’obtiens de consulter les archives du Centre de documentation du Service historique (SHAT). Je publie une fiche dans Sirpa-actualité n°43 : La communauté des harkis.

Je rédige une étude sur la participation des militaires musulmans à la guerre d’Algérie.

Le 9 décembre 1989, j’assiste au premier hommage rendu aux harkis par le Secrétaire d’État socialiste Gérard Renon et à l’inauguration du timbre «Harkis soldats de France»par Claude Évin.

- sept.1990. Je publie "Les harkis, une histoire douloureuse et contreversée" dans Hommes et Migrations.

- 1992. À l’ouverture des archives, je fréquente le SHAT et obtient des dérogations.

- oct. 1992. Je publie "Les violations des accords d’Evian" dans le Casoar.

- 1994. Fiche sur les combattants musulmans au service de la France.

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combattants harkis

- déc.1994. Un village des harkis, L’Harmattan, 259 pages.

- oct. 1995. "Les combattants musulmans de la guerre d’Algérie", in Guerres mondiales et conflits contemporains n° 177 et 180.

- 11 novembre 1996. Assistance à l’inauguration par M. Chirac du monument de Chapeau Rouge.

- 1995 à 1997. Conférences aux éducateurs du contingent sur Armée d’Afrique et harkis.

Contacts avec André Wormser, B.Tricot, AG Slama, A.Heinis, F.Dessaigne, R.Mayer, M.Hamoumou, K.Bouneb, W.Albes, A.de Sédouy, E.Deroo, Cdt François, P.Messmer

- oct. 1995. Les combattants musulmans de la guerre d’Algérie, des soldats sacrifiés,L’Harmattan, 269 pages. Critique de Buis et d’Ageron, p. 132 et 144.

- janv. 1998. "Le sort des combattants musulmans", l’Algérianiste.

- juill.1998. "L’armée française et les musulmans, de Bonaparte à Challe", IHCC.

- 14 déc.1998. Lettre à Messmer pour consultation des archives 1R336 et 1K744

Chronologie des archives Messmer sur les harkis.

- 14 janv 1999. Les responsables du sort des harkis, la Croix

- 30 mars 1999. "Harkis, un devoir de mémoire", avec F.Meyer, in Le Figaro.

- août 2000. "La fin des harkis", in Archives inédites de la politique algérienne, l’Harmattan.

-31 janv.2001. Lettre à Vingtième siècle, critique de CR Ageron

- sept.2001. L’histoire des harkis, in Guerres mondiales et conflits contemporains, n°202.

"Les unités nord-africaines avant la guerre d’Algérie", Valeurs actuelles.

"Des Français musulmans loyaux", in La Croix

- 25 septembre 2001. Hommage aux harkis décidé par M.Chirac. 

Assistance régulière aux cérémonies à Dreux et aux Invalides.

- oct.2001. Mémoire et Vérité des combattants d’AFN, L’Harmattan, chap.Harki p.59 et 71

- mars 2002. "Crimes contre l’humanité du FLN", in Livre blanc de l’armée française, Contrepoint.

- juill. 2002. "Les supplétifs dans la guerre d’Algérie", in la Cohorte et Voix du combattant.

- sept. 2003. "Le massacre des harkis", in Nouvelle revue d’Histoire.

- 5 déc 2003. "Comment nous avons sauvé les harkis", in France-Soir.

- janv. 2004. "Polémiques historiques, réponse à GM Benhamou", in Le Casoar.

- mars 2004. "Les supplétifs de la guerre d’Algérie", conférence Écoles de Coetquidan

- oct. 2004. "Le combat des harkis" in Debout les paras.

Schoen, Buis, Parlange, Servier, Weygand, Leguay, Villard in Conflits d’autorités en guerre d’Algérie, L’Harmattan

- mai 2005. "À la mémoire des combattants musulmans morts pour la France", in Voix du combattant.

- 15 mars 2005. "Lettre ouverte à G. Meynier", critique du terme mercenaire.

- oct. 2006. Le renseignement dans la guerre d’Algérie, Lavauzelle, Harkis spécialisés,

- 26 août 2006 ; Lettre à FX Hautreux , recension de son livre.

- 4 oct. 2006. L’histoire des harkis, exposé au Conseil économique et social.

- 24 janv. 2007. Lettre à Hafida Chabi au sujet de son étude au CES.

- 2008. Le drame des harkis, bonus du DVD de A.de Sédouy.

- 2007 à 2010. Recensions critiques de quatre ouvrages de Manceron, Fatima Besnaci et la LDH.

- janv. 2008. L’action sociale de l’armée en faveur des musulmans, L’Harmattan, 260 pages

- 8 octobre 2008. Demande de débat proposé à G. Manceron. Pas de réponse.

- 11 sept. 2009. Critique de La blessure, film de Is.Clarke et D. Costelle

- 2011. Harkis, histoire d’un abandon, interview dans DVD de Marcela Feraru

- oct. 2011. Les harkis, soldats abandonnés, ouvrage des éd. XO, Introduction et témoignage, à paraître en mars 2012.

- 14 janv. 2012. Critique de "Les harkis, les mythes et les faits", revue des Temps modernes.

- 10 février 2012. Critique sommaire du colloque de la LICRA- AHDH du 4 février.

 

 Faivre conférence

 

- retour à l'accueil

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11 février 2012

Algérie coloniale : jugé et/ou exclu en fonction de sa naissance

9782296555358FS

 

scènes de la violence ordinaire en Algérie

un témoignage de Mohamed LAHCENE

 

En attendant une recension après lecture, nous tenons à mentionner le livre de Mohamed Lahcene, né à Alger en 1928. Il a servi un temps l'armée française comme technicien puis a rejoint le maquis où il a subi des tortures qui l'ont mené au bord de la folie. Partagé entre deux mondes.

présentation par l'éditeur

L'auteur revient sur les années qui ont vu l'Algérie sombrer dans la violence et l'absurdité de la guerre. Dans ce pays où les repères n'ont cessé d'être bousculés depuis la colonisation française, il apporte le témoignage d'un homme tiraillé entre deux communautés, confronté au déchirement de son identité et qui choisira le parti du maquis. Prisonnier, il subira des séances de torture qui le mèneront au seuil de la folie et au coeur du sentiment d'absurde et d'étrangeté dont parlait Camus.

quatrième de couverture

Dans un pays, l'Algérie, où les repères n'ont pas cessé d'être bousculés depuis la colonisation française, il fallait le témoignage d'un homme qui a éprouvé, dans sa chair, la peine d'appartenir à deux communautés qui se faisaient face et refusaient de se comprendre. Ce livre témoigne ainsi du drame que peuvent vivre les hommes lorsqu'ils sont confrontés au déchirement de leur identité, à la crise de leurs valeurs.

Il exprime une indignation, voire une révolte, contre l'emprise d'un système de castes, la société coloniale de l'Algérie française, dans lequel chacun était jugé, jaugé et exclu en fonction de sa naissance.

Avec L'Indigène étranger, Mohamed Lahcene revient sur les années de sa jeunesse politiquement consciente, années qui ont vu l'Algérie sombrer dans la violence et l'absurdité de la guerre. Déchiré entre les deux communautés auxquelles il appartenait, il était à la fois étranger et partie intégrante, tiraillé entre son statut de technicien au sercice de l'armée française et son souhait de rejoindre ses "frères", il choisit alors le parti du maquis.

Prisonnier, il subira des séances de tortures qui le mèneront au bord de la folie, et au cieur du sentiment d'absurde et d'étrangeté dont parlais Camus, sentiment qu'une guerre qui ne portait pas de nom ne pouvait que renforcer.

Mohamed Lahcene Mohamed Lahcene est né à Alger en 1928. Il a grandi dans la société coloniale de l'Algérie française dans un quartier "européen" d'Alger, a servi un temps l'armée coloniale françaie, puis a pris le maquis durant la guerre d'indépendance. Il dut quitter l'Algérie pour rejoindre la France où il s'établit définitivement en 1967. C'est là qu'il put mener une existence plus sereine poursuivant sa carrière dans l'aviation civile.

9782296555358FS

 

- acheter le livre de Mohamed Lahcene sur le site des éditions L'Harmattan

- retour à l'accueil

5 février 2012

Algérie coloniale : génocide culturel, économique et civique ?

 mosquée Relizane 

 

Génocide culturel en Algérie coloniale ?

Ce que nous apprend l'historiographie

Michel RENARD

 

Dans plusieurs commentaires sur le blog Études Coloniales, Michel Mathiot a réfuté, comme d'autres, la réalité d'un génocide en Algérie durant la période française. Mais il avance une notion qui mérite un examen, celle de "génocide des âmes" ou de "génocide culturel".

Il écrit, par exemple, à la date du 30 décembre 2011, sur ce même blog: "Le «génocide» fut culturel, économique et citoyen, il suffit de lire Jean Amrouche et d’autres pour le comprendre (cf André Mandouze à l’honneur aujourd’hui). Un «génocide» consenti par des «petits Pieds-Noirs», inconscients et menés à la baguette depuis des générations par des possédants et potentats élus, à qui ils faisaient confiance. Là est le «génocide moral», car il y eut volonté politique des élus européens d’Algérie de refuser tout cadre pour le bien commun de tous les enfants de ce pays, de prendre en main le destin de l’Algérie".

Cette présentation reste confuse, englobant trop de paramètres. Examinons-les les uns après les autres.

 

 marchands d'alfa
l'alfa, graminée à la tige creuse qui sert à la fabrication du papier

 

1) Génocide économique ?

Un génocide économique ? Non. Il y eut dépossession foncière, c'est connu. Elle débuta vraiment après 1871 quand les républicains décidèrent de passer de la colonisation d'encadrement à la colonisation de peuplement – malgré les  essais infructueux de Bugeaud. Les modalités furent diverses : colonisation officielle à destination des familles aidées matériellement et financièrement, grande colonisation capitaliste, colonisation privée par francisation de la terre due à la loi Warnier de 1873.

Cette disposition permit de "casser" l'indivision des terres algériennes. La colonisation rurale fut le fruit d'une domination politique et de l'imposition d'une législation à la population indigène. C'est évident. Le résultat n'est pas toujours aisé à formuler. Mais on estime qu'à la veille de 1914, les Algériens indigènes ont été dépossédés de 2millions d'ha (Gilbert Meynier, p. 162). La conséquence en fut une "détérioration de la situation économique des populations musulmanes au cours des années 1870 à 1914" (Ch.-R. Ageron, p. 201).

Les investigations de ce dernier ont fourni des ordres de grandeur du phénomène foncier sous la colonisation :

- "Au total, de 1877 à 1917, les Musulmans avaient dû abandonner dans leurs transactions avec les colons 843 922 ha (…). Par ailleurs ils avaient perdu les quelques 897 000 ha livrés à la colonisation officielle de 1871 à 1920. Enfin et surtout le service des Domaines, qui détenait en 1895 2 700 000 ha de forêts et 800 000 ha de terrains, put grâce au petit senatus-consulte mettre la main de 1887 à 1921 sur 1 179 664 ha de forêts et 1 935 128 ha de terrains.

Algérie la forêt
Hammam R'Hira, la forêt (à l'est de Miliana)

Des chiffres contradictoires entre les différentes enquêtes ne permettent pas de conclusions chiffrées sûres, mais on pense qu'entre 1880 et 1920, les Musulmans ont perdu la propriété de quelque 4 150 000 ha, auxquels il faut ajouter les pertes importantes de la décennie 1870-1880 et naturellement celles des années antérieures. En 1895, l'enquête de Peyerimhoff estimait que les Musulmans avaient perdu la jouissance depuis la conquête de 5 056 000 ha. Ils perdirent encore la propriété et partiellement la jouissance d'environ 2,5 millions d'ha jusqu'en 1920.

femme arabe trainant la charrue
labourage avec une femme traînant la charrue

En 1914 – dit Charles-Robert Ageron, la propriété musulmane francisée ou recensée comme melk ou ‘arch atteignait 9 226 470 ha, soit 44,33% de la superficie des Territoires du Nord et la propriété privée des colons 2 317 447 ha, soit 11,13%. Sans doute les communautés musulmanes disposaient-elles encore en principe de quelque millions d'hectares de communaux, mais tous les douars n'en possédaient pas et une partie d'entre eux était louée à des exploitants européens ou musulmans.
Les terres communales ne pouvaient donc fournir des réserves bien importantes pour l'avenir. Jusqu'en 1914 elles ont en partie permis à la paysannerie algérienne de subsister malgré l'énorme dépossession de terres dont elle avait été victime" (Ageron, p. 203-204).

 

violence économique mais pas génocide

On perçoit bien la violence d'une domination coloniale de peuplement et la victimisation des indigènes qui n'ont pas les moyens de résister. Mais l'imposition de ce rapport de forces ne saurait être qualifié de génocide (la "population algérienne a subsisté"). La population rurale indigène n'a pas été l'objet d'une tentative d'extermination en tant que telle, ni en tant qu'élément ethnique ni en tant que groupe social. Deux systèmes de propriété et de fiscalité se sont affrontés et l'un a vaincu, des spoliations ont été habilement menées mais l'objectif ne fut jamais l'extirpation ni l'anéantissement du ruralisme algérien.

 

cave vinification Arena Oran
cave de vinification, Arena à Oran

D'autant que des redistributions de puissance économique ont œuvré au sein même du paysannat algérien. Un ensemble de petits propriétaires se maintenait tout en subissant une paupérisation (due en partie à la croissance démographique). Et de grands propriétaires algériens détenaient des domaines.
Ils provenaient des "grandes seigneuries de jadis" mais surtout de "familles d'enrichis qui avaient réussi par de multiples achats de terre musulmanes ou coloniales, à agrandir leur propriété familiale (…) Le processus de cette concentration tenait au fait que la propriété ‘arch inaliénable pouvait désormais être constituée et cédée. Les propriétaires aisés, les cadis accapareurs ou de simples usuriers arrivaient par des prêts accompagnés de rahnyia – hypothèques particulièrement favorables au créancier – à se créer de vastes propriétés peuplés de khammès. Dans les arrondissements où les colons étaient relativement peu nombreux, la grande propriété musulmane se développait même rapidement" (Ageron, p. 220-221).

Le cours de l'évolution économique et sociale a conduit dans les années 1930 à la constitution d'une bourgeoisie rurale "musulmane", fierté de l'Administration française : "si l'on adopte le critère administratif du début des années 30 selon lequel un propriétaire «aisé» pouvait se définir par la mise en culture annuelle de 10 à 20 ha, soit par la mise en jachère annuelle de 20 à 40 ha de terres, on a vu que, vers 1914, 17 à 18% des fellahs pouvaient être rangés dans cette catégorie en moyenne nationale dans l'Algérie du Nord" (Ageron, p. 508).

un paysannat musulman aisé

La statistique désignait comme propriétaire "aisé" celui qui détenait de 10 à 20 ha en culture annuelle (ou de 20 à 40 en jachère biennale). On en comptait 17 à 18% en 1914. Dans les années 1930, on recensait 22,6% de propriétaires de 11 à 50 ha (mais tous n'étaient pas toujours "aisés") sur les 617 500 propriétaires musulmans. En 1950, on trouvait 26,5 des fellahs détenant de 11 à 50 ha possédant 40% de la propriété musulmane (Ageron, p. 508). Ce groupe subvenait à ses besoins et commerçait. Il était en essor.

 

la "clochardisation" selon Germaine Tillion

Il ne faut pas imaginer le paysannat algérien "clochardisé". L'expression utilisée par Germaine Tillion, dans L'Algérie en 1957 (éd. de Minuit, 1957) porte sur une région des Aurès qu'elle avait connue dans les années 1930 et quittée en mai 1940 :
- "Quand je les ai retrouvés, entre décembre 1954 et mars 1955, j'ai été atterrée par le changement survenu chez eux en moins de quinze ans et que je ne puis exprimer que par ce mot : «clochardisation» . Ces hommes qui, il y a quinze ans, vivaient sobrement mais décemment et dans des conditions à peu près identiques pour tous, étaient maintenant scindés en deux groupes inégaux : dans le moins nombreux, l'aisance, il est vrai, était plus grande qu'autrefois, mais dans l'autre plus personne ne savait comment il mangerait entre décembre et juin. Jadis, après une bonne récolte, le plus pauvre homme en répartissait l'excédent sur les trois années suivantes - car une expérience millénaire avait appris à tous la prévoyance - et maintenant neuf familles sur dix vivaient au jours le jour.
Comment expliquer cela ? Les explications abondent mais beaucoup ne valent pas cher. En voici une première série classique : «Ils sont imprévoyants... ce sont de grands enfants... le fatalisme musulman», etc.
Malheureusement pour les explications en question, j'étais là, précisément là, il y a quinze ans, et j'ai connu ces mêmes hommes, les mêmes enfants, ni imprévoyants, ni fatalistes, ni «grands enfants», mais au contraire, pleins de sagesse, de gaieté, d'expérience et d'ingéniosité.
Seconde série d'explications, également classique : le Colonialisme, vieux Croquemitaine.
Malheureusement encore, il n'y a jamais eu de colon ni hier ni aujourd'hui, à moins de cent kilomètres à la ronde et seuls le vent de sable et les chèvres peuvent à la rigueur être accusés d'une diminution de la surface des terres cultivables (mais ce n'est pas le «colonialisme» qui a inventé les chèvres et le vent)" (p. 27-28).

 

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transport par ânes

une bourgeoisie rurale musulmane

Dans la catégorie des paysans possédant plus de 50 ha, l'Algérie a connu une progression entre 1914 et 1930, puis une régression. Mais des distinctions devaient être opérées dans ce reprérage statistique. En effet, la tranche la plus élevée de ce groupe prospérait ; on était "très aisés" à plus de 6000 francs de revenus.
"Ce serait donc nécessairement la grande bourgeoisie rurale et l'aristocratie foncière, c'est-à-dire le petit nombre des grands propriétaires musulmans possédant plus de 100 ha, qui aurait le plus accru statistiquement leurs domaines" (Ageron, p. 509).

La notion de génocide économique n'a donc aucune réalité historique. Ce "concept" n'est d'aucune utilité pour comprendre les dynamiques de sortie du système ruralo-tribal traditionnel vers un système capitaliste et moderne – même si cette dynamique n'a pas été conduite à son terme.
Que ce processus ait été violent dans ses dimensions sociales, cela est certain. Comme de nombreuses métamorphoses économiques ailleurs dans le monde non colonial, tel que le mouvement des enclosures dans l'Angleterre des XVIe et XVIIe siècles jusqu'à la disparition de la paysannerie française dans la France gaulliste. Mais le qualifier de "génocide" est une imposture intellectuelle totale.

 

2) Génocide citoyen ?

La domination coloniale n'a pas pratiqué un "génocide" de citoyens pour la bonne raison qu'il n'y en avait que très peu. Très peu de citoyens "indigènes". On peut entendre l'argument comme si la République coloniale avait été incapable de faire de ses sujets dominés des citoyens à égalité de droits avec les autres dans le cadre d'une politique d'assimilation affichée. Donc un génocide par défaut...

C'est vrai et, en même temps, lié à la conception de la citoyenneté que la République se faisait de ses tributaires. Un citoyen devait approuver l'ensemble des principes et des lois qui présidaient au pacte civique français. L'acceptation du Code civil n'était pas négociable. La conciliation du respect des normes musulmanes émanant du droit "coranique" (en fait le droit musulman est une élaboration humaine largement postérieure à la révélation coranique, mais massivement intériorisée par les sociétés musulmanes) avec celles du droit français était impossible sauf hypocrisie.

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la mahakma du cadi à Constantine

La colonisation française, dans sa version la plus plus candide, s'est voulue assimilatrice. Mais elle s'est heurtée au socle géologique, culturel et religieux, d'une vision du monde (Weltantschaung) et d'une combinaison sociétale entre individus, entre hommes et femmes, profondément hétérogènes à la sienne. L'islam n'est pas une seule relation métaphysique à une transcendance confuse, c'est un code social plus ou moins lâche selon les écoles juridiques (hanbalite, hanafite, chafiite ou malékite), le malékisme étant dominant en Algérie, qui est censé régenté la vie quotidienne et la destinée terrestre de l'individu.

Le poids du passé colonial en Algérie doit s'évaluer dans ses modalités contradictoires. Comme le dit Mohammed Harbi : "La colonisation a été ambivalente dans ses effets. D'un côté, elle a détruit le vieux monde, au détriment de l'équilibre social et culturel et de la dignité des populations. D'un autre coté, elle a été à l'origine des acquis qui ont créé la modernité algérienne. (...) On peut même dire, sans risque de se tromper, que la colonisation a été le cadre d'une initiation à ce qui est une société civile, même si cet apprentissage s'est fait malgré elle et s'est heurté à une culture coloniale, d'essence raciste" dans L'Algérie et son destin. Croyants ou citoyens en 1992 (p. 26 et 27). On peut difficilement conclure qu'il s'agirait là d'un "génocide" citoyen...

l'assimilation : source d'une volonté de réforme chez les Algériens

En Algérie, le courant assimilationniste (fin XIXe - début du XXe siècle) qui s'incarna dans les "Jeunes056__ferhat_abbas_2_ Algériens", ou dans les personnalités du Dr Bendjelloul et de Ferhat Abbas, s'incrivait dans le cadre d'une intégration de l'Algérie à la France tout en réclamant la citoyenneté et en soutenant le combat pour la modernité. Ils ont été politiquement dépassés par le mouvement nationaliste mais leur apport est à examiner pour qui s'intéresse à l'émancipation sociale. Mohammed Harbi est très clair à ce sujet :

"Du courant assimilationniste, l'historiographie nationaliste élude les évolutions et ne retient que la démission devant la question nationale. Que d'arguments pourtant il a fourni au nationalisme ! Son intérêt ne s'arrête pas là. Les assimilationnistes ont diffusé depuis le début du siècle une littérature d'une valeur considérable. On trouve chez eux une volonté profonde de réforme morale et intellectuelle, une conscience plus nette que chez les nationalistes des effets négatifs des archaïsmes sur la situation de la femme [par leur alliance avec les islamistes, les "Indigènes de la République" de 2005  et tant d'autres bonnes âmes naïves sont en-deçà des assimilationnistes algériens des années 1920 ou 1930 au sujet de l'émancipation féminine...] comme sur la personnalité de l'Algérien et une lucidité aiguë sur les rapports intérieurs de dépendance (khamessat ou métayage au 1/5e et clientélisme). Leurs attaques contre l'absolutisme des notables et le charlatanisme des marabouts sonnent juste" (Mohammed Harbi, 1954, la guerre commence en Algérie, p. 109-110).

Quand on examine l'attitude des "Jeunes Algériens" revendiquant "la naturalisation, la constitution de la propriété privée, la justice, l'établissement de l'état-civil, la scolarisation des enfants"...,  on s'aperçoit qu'ils "jouent" la modernité générée par la colonisation pour contrer le traditionalisme des notables et que cela implique un sens politique : "Le groupe des Jeunes Algériens, conscient de la difficulté de faire admettre aux masses musulmanes des institutions proposées par la colonisation, demande qu'on ne les brusque pas. Il faut suivre à leur égard une politique adaptée à leur niveau en attendant que l'école les prépare à embrasser la civilisation moderne. Seule cette institution les disposera à se débarasser de leurs préjugés et à revendiquer la citoyenneté française" (Mahfoud Smati, Les élites algériennes sous la colonisation, p. 209).

Mahfoud Smati cite Louis Khodja, "qu'on peut considérer comme le leader des jeunes Algériens" :
"Je veux bien admettre pour un instant que le Coran sera toujours un obstacle infranchissable à l'assimilation de l'indigène. Est-ce à dire que la France doive abandonner l'oeuvre, aussi noble que charitable, d'élever l'Arabe à son niveau social ? Certes, je n'hésite pas à répondre non. La France pourrait encore tenter, en effet, l'assimilation progressive par l'instruction et par l'éducation de la jeunesse actuelle ; la dépouiller aussi peu à peu de ses préjugés, et se l'attacher insensiblement d'une manière sûre et définitive. Dans cet acheminement lent vers un but aussi généreux, le Gouvernement devra montrer la plus grande bienveillance envers les Arabes qui, trop vieux pour apprendre, ne sauraient se dépouiller immédiatement des usages et des moeurs séculaires ; mais qui, en laissant aller leurs enfants aux écoles françaises, sacrifient par là même une part de leurs croyances et de leur fanatisme" (Les élites..., p. 209-210). Louis Khodja écrivait ceci en 1891 dans : À la Commission du Sénat, la question indigène par un Français d'adoption.

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même inégale, la colonisation français a introduit
la pratique élective en Algérie

Le "génocide" civique, cela ne veut rien dire. D'ailleurs, il n'y a toujours pas de citoyens au sens rigoureux de ce terme en Algérie, cinquante ans après l'indépendance. Il n'y a que des sujets d'une nomenklatura mafieuse et prédatrice des ressources nationales, gouvernant comme les Turcs de la Régence à base de patronage et de clientélisme, appuyée par un appareil répressif et les manipulations politico-religieuses les plus malhonnêtes.

 5afgenerauxalgeriemafiaun peuple qui se gouverne lui-même ?

 

3) Génocide moral ou culturel ?

Dans un autre commentaire sur ce blog (5 février 2012), Michel Mathiot écrit à propos de ce "génocide moral" (qu'il a aussi appelé "génocide des âmes") dont on ne voit pas très bien ce qu'il désigne sinon la domination coloniale d'une manière générale :

- "Ce «génocide moral» ne fut pas celui d’une armée contre des insurgés ni des opprimés, mais il fut permis par des gouvernements, à l’initiative d’une infime partie du peuple français (les puissants parmi les Européens d’Algérie) à l’encontre de l'immense majorité (9/10è) des habitants autochtones maintenus en situation de faiblesse économique et sociale – nationaux de seconde zone, interdits de citoyenneté et de loi française sauf quelques privilégiés et à l’exception du code de l’Indigénat, exclus des couches élevées de la fonction Publique et de l’armée autres que subalternes, oubliés de l’instruction Publique sauf en quelques milieux urbanisés (...)
Pour couronner le tout, ces autochtones furent victimes quotidiennes d’un racisme ordinaire, soit ouvertement, soit sous-couvert d’un paternalisme bon-enfant distillé par le petit peuple pied-noir (...) Devant les réformes improbables, longtemps réclamées, une poignée de révoltés a réussi, dans un premier temps, à tenir tête à l’armée française par une guerre de maquis. Puis dans un deuxième temps, en se ralliant le peuple indigène par la persuasion et par la terreur selon les règles de la guerre subversive, elle est parvenue à transformer cette guérilla en une force politique finalement victorieuse.
En ce sens, on peut dire qu’en Algérie un «génocide moral» s’est fait jour tout au long d’une large période, mais qu’il a finalement débouché sur le droit acquis par un peuple à se gouverner lui-même. (...) la formule de «génocide moral» s’adapte comme un gant à la situation politique de ce pays entre 1830 et 1962. La force d’un tel concept n’a d’égal que la cruauté de cette guerre, et l’exode massif et inédit qui en a marqué la fin" (Michel Mathiot).

 

Tlemcen marché arabe
Tlemcen, marché arabe

 

choc, oui... mais pas génocide

J'avoue ma perplexité devant cet argumentaire confus et contradictoire (d'un côté on révoque l'aspect militaire puis on finit par le retenir...?!). Je ne comprends pas l'usage du terme de "génocide" pour décrire des formes de domination coloniale qui n'ont jamais visé à l'extermination du peuple dominé.

La démographique interdit déjà de parler de "génocide". En 1936, la population musulmane en Algérie comptait 6,2 millions de personnes ; en 1948 : 7,5 millions ; en 1954 : 8,4 millions ; en 1962 : 9,5 millions. Où est le génocide ? (voir Kamel Kateb, Européens, indigènes et juifs en Algérie (1830-1962).

Chacun s'accorde à reconnaître la puissance du choc colonial, la destructuration partielle d'une sociabilité traditionnelle, de son identité et les véhémences - mais aussi les accommodements - que cela a suscité - Mohammed Harbi le disait plus haut. Ce témoin et analyste a retracé les étapes intellectuelles de sa perception du nationalisme et des caractères de la société algérienne dans plusieurs ouvrages dont L'Algérie et son destin en 1992. À la croisée d'une culture religieuse traditionnelle, d'une sensibilité révoltée à l'injustice coloniale et d'une acquisition de références théoriques notamment marxistes, il a évolué dans l'appréhension de tous ces facteurs.

En 1953, quand il arrive à Paris, s'inscrit à la Sorbonne et à Langues'O, sa vision du nationalisme change : "Celui-ci me paraissait de plus en plus devoir être compris comme une réaction de défense identitaire contre une société coloniale qui menaçait de décomposition et d'anomie, voire de clochardisation culturelle, les couches les plus nombreuses et les plus défavorisées de la société. Mais il me paraissait également devoir être compris comme un instrument de déligitimation de toute lecture sociale du conflit politique" (p. 15).

école arabe en plein air
école arabe en plein air

Puis son investigation historienne l'a conduit à minorer les effets du choc culturel : "Le surnaturel, le merveilleux et le fantastique concourent à la formation de la conscience collective et des représentations mentales, inspirent les choix et les attitudes politiques. Confinée dans des cercles restreints, l'influences des Lumières n'avait pas entamé la foi populaire qui était d'un poids décisif dans la reproduction des mentalités et dans la sacralisation des habitudes familiales et patriarcales. Les effets critiques du matérialisme industriel, la dépersonnalisation des rapports concernaient d'infimes minorités. Si l'on ne veut pas limiter l'histoire de l'Algérie à leur histoire, force est de constater que la rupture culturelle est plus limitée qu'on ne l'a dit et écrit. C'est sur un terrain largement irrigué par les archaïsmes qu'a pu reverdir l'arbre de feu nationaliste" (p. 21).

Je ne vois pas comment conclure au "génocide des âmes" après une telle démonstration. Il ne correspond à rien de ce que fut la rencontre d'une civilisation moderne et d'une civilisation traditionnelle en contexte colonial. Rencontre qui n'a affecté qu'une fraction de la population formellement dominée. D'ailleurs son diagnostic avait déjà été formulé par l'historienne Yvonne Turin qui avait tenté d'évaluer ce type de contact dans Affrontements culturels dans l'Algérie coloniale. École, médecins, religion, 1830-1880 en 1971. On ferait mieux de la lire plutôt que de parler de "génocide des âmes"…! Elle distinguait "le concept d'influence et celui de colonisation intellectuelle" (p. 17).

Évoquant la fin de la période étudiée, elle disait : "Les notions de progrès, d'évolution, de mouvement qui dominent la société européenne du XIXe s., (…) cet esprit de transformation dont les Européens sont si fiers et dont ils se considèrent tous comme les «missionnaires», toutes ces attitudes dynamiques par nature, n'ont pas entamé, à cette époque, la société colonisée. Méthodes autoritaires ou persuasion, tout est resté vain. C'est là la grande surprise de la première période coloniale" (p. 414).

marchands arabes
marchands arabes

Finalement, le bilan reste à faire des efforts ou des entraves dont l'administration coloniale fut responsable à l'égard du maintien et de l'entretien des lieux d'enseignement "indigènes" (écoles arabes) et des lieux de culte. Pour l'instant, l'évaluation reste soumise aux revendications des Oulémas qui firent entendre des exigences dont l'intérêt politique ne pouvait qu'inquiéter l'autorité coloniale.

Augustin Berque l'avait parfaitement pointé : "Dans le système uléma, l'Islam n'est plus cette intimité infiniment respectueuse qu'est le sentiment religieux ; il devient offensif, xénophobe et, pour tout dire, anti-français. La syntaxe arabe ne ressortit pas à une transformation linguistique ; elle s'instaure arme d'assaut. L'Histoire se transforme en une apologétique de l'Orient, et tourne ses pointes agressives contre l'Occident. Civilisation matérialiste, pourriture morale de la Chrétienté, sont affrontées à la grandeur, à la pureté islamique" (p. 99).

Les réticences et les obstacles que la France coloniale a posés à l'arabisation et à l'islamisation en Algérie ne relevèrent donc que du politique, que de la conscience que ces deux vecteurs culturels portaient la contestation de sa domination et de sa prééminence. Jamais il n'y eut de volonté d'extirpation religieuse ni de dissolution linguistique. Et les Arabes algériens sont restés arabophones. Leur religion est demeurée l'islam. Le génocide culturel, le "génocide des âmes" est une pure et simple vue de l'esprit. Jamais un programme de la France colonisatrice de l'Algérie de 1830 à 1962.

Michel Renard

mosquée Rélizane
mosquée de Rélizane, années 1920

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Références bibliographiques

- Charles-Robert Ageron, Histoire de l'Algérie contemporaine, 2 / 1871-1954, éd. Puf, 1979.
- Gilbert Meynier, L'Algérie révélée. La guerre de 1914-1918 et le premier quart du XXe siècle, Droz, Genève-Paris, 1981.
- Mohammed Harbi, L'Algérie et son destin. Croyants ou citoyens, éd. Arcantère, 1992.
- Mohammed Harbi, 1954, la guerre commence en Algérie, éd. Complexe, 1989.
- Mahfoud Smati, Les élites algériennes sous la colonisation, tome 1, éd. Dahlab/Maisonneuve & Larose, 1998.
- Kamel Kateb, Européens, indigènes et juifs en Algérie (1830-1962, Ined, 2001)
- Yvonne Turin, Affrontements culturels dans l'Algérie coloniale. École, médecins, religion, 1830-1880, Maspéro et Enal, 1971.
- Augustin Berque, Écrits sur l'Algérie, réunis et présentés par Jacques Berque, Édisud, 1986.

 

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4 février 2012

France-Culture et la guerre d'Algérie

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retour critique sur une émission

de France-Culture

consacrée à l'Algérie en 1961

Michel LAGROT (point de vue)

 

Ouvrant avant l’heure le bombardement médiatique dont nous sommes menacés pour le cinquantenaire de la mort de l’Algérie française, la chaîne FM France Culture a produit récemment une semaine d’émissions sous le titre «Algérie 1961, année charnière». Elle n’a pas lésiné : trois heures chaque matin pendant cinq jours ! Chaque matinée comportant un volet «archives», un volet «débat», un volet «documentaire», le tout fort bien fait sur le plan technique, avec de gros moyens.

D’emblée les débats vont au fond du problème historique avec une édifiante affirmation de Wassila Tamzali : cette dernière, dont le père fut tué par le FLN, est connue par son livre, Une éducation algérienne passionnant retour sur l’itinéraire d’une intellectuelle militante du FLN dont l’unique et constant fil conducteur est une haine quasiment pathologique de la France et des Français. Laquelle déclare sans ambage que sa famille était parvenue au faîte des honneurs, du pouvoir et de la fortune, respectée de tous dans l’Algérie des Français, et que néanmoins, les Algériens eussent ils été tous dans cette situation, ils auraient été tous nationalistes.

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Wassila Tamzali

 

torture?

En clair, les musulmans se sont révoltés, non parce qu’ils étaient pauvres ou opprimés, mais par ce qu’on ne peut appeler autrement que du racisme à l’état pur…. quel aveu ! Il est assez curieux de rapprocher ce propos des interviewes multiples de musulmans interrogés dans l’émission, dont pas un seul ne se montre hostile aux Français d’Algérie, même à l’époque, et même parmi des fellaghas prisonniers ; on entend même à l’occasion de franches déclarations de fraternité ! Serait ce cette haine qui ressemble à l’amour...?

Autre aveu révélateur, et combien important : toutes les personnalités du FLN interrogées ( dont «Si»Azzedine ) confirment ce que Ben Bella avait clamé depuis longtemps : dans l’esprit des «fondateurs» les Européens n’avaient aucune place dans l’Algérie indépendante, et les déclarations contraires n’étaient que pour endormir l’opinion française.

Avis à ceux qui, de nos jours, prétendent imputer notre exode à des craintes irraisonnées ou à l’action de l’OAS… un de ces chefs fellagha fait, par ailleurs, une description complaisante des méthodes par lesquelles il recrutait ses combattants par l’intimidation et la menace dans des douars de montagne livrés à eux mêmes. On est loin du paradigme du peuple unanime en révolte spontanée contre ses oppresseurs !

 

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Boualem Sansal

Dans une de ses remarquables et très mesurées interventions, Boualem Sansal, qui supervisait les débats, observe d’ailleurs que le FLN s’est d’abord imposé par la violence.

La présence de cet écrivain a contribué à remettre de la chair et du sang dans cette histoire, par ailleurs déshumanisée par des historiens manifestement incapables (c’est aussi une révélation de cette émission  d’entrer dans la dimension humaine des évènements.

 

un racisme à l'état pur ?

Il est vrai que les historiens présents étaient d’abord Gilbert Meynier et Raphaëlle Branche, idéologues d’une partialité caricaturale : la torture, bien sûr, fut mise en épingle comme le fait principal de cette guerre, partant de trois références que sont D. Boupacha, D. Bouhired et H. Alleg ; or on sait que les deux Djemila n’ont jamais été torturées ailleurs que dans la péroraison de leurs avocats et dans la propagande du FLN. Quant à H. Alleg, jamais torturé lui non plus (v. le témoignage à l’époque du Dr Michaux, médecin légiste ) il initia, sous l’égide du PCF, cette méthode érigeant en système de défense l’accusation de torture… avec le formidable succès que nous savons.

Et pour les supplices exercés par le FLN sur de parfaits innocents choisis comme tels, ce ne sont que des «exactions»…..

 

villages de regroupement

Mais pouvait on faire confiance aux historiens ? pour réponse on citera M. Jauffret, pourtant réputé sérieux, prétendant dans le débat que les villages de regroupement ouverts par l’Armée déplaçaient 2 millions de personnes ! chiffre exorbitant et totalement faux, complété par une description, tout aussi fantaisiste, les assimilant à des camps de concentration….

Cependant ces considérations militaires ont donné lieu à des échanges instructifs : dont le concept de «guerre dissymétrique» exposé par un spécialiste des guerres subversives ; nous avons subi une guerre non déclarée entre une puissance classique technique et une organisation idéologique sans règles ni morale : ce type de conflit, d’après ce militaire, peut être gagné mais à condition de sortir de la règle démocratique. Pour nous, c’est enfoncer une porte ouverte, mais c’est dire aussi que nous étions condamnés à perdre.

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Algérie, 1956-161

Difficile aussi de faire confiance aux historiens lorsqu’on entend l’un d’eux déclarer froidement qu’en 1961 l’OAS a fait plus de morts que le FLN…

Les lieux communs sur les «citoyens de seconde zone» ne nous ont pas été épargnés, sans que personne mentionne que chacun pouvait sortir du «statut personnel» à tout instant et jouir de la citoyenneté française sans restriction, sans que personne non plus n’évoque la quadrature du cercle qu’était (et est encore) la coexistence du droit islamique et du droit commun français.

Des documents nous ont rafraîchi la mémoire sur la palinodie des premières négociations officielles de 1961 avec le GPRA à Evian, et l’échec que l’on sait ; saisissante interview de Louis Joxe, liquéfié après l’humiliation que lui avaient fait subir les Barbaresques, arrogants jusqu’à l’insulte…. De même les discours de De Gaulle à l’époque, son éclatant cynisme, son mépris affiché pour le passé et pour les hommes, sa démagogie, ses mensonges et hélas, les applaudissements des foules à son verbe : cela ressort fort bien, malignement mis en valeur par les responsables de l’émission.

 

les 173 000 Pieds noirs de 1943

Et puis, bien sur, après le pseudo putsch d’avril, réactions à chaud des officiers gaullistes et de quelques furieux du contingent, révélateurs du climat de guerre civile fabriqué par le général. D’ailleurs seuls ont été sollicités des militaires violemment hostiles à l’Algérie française , ou au mieux de ceux «qui ne savaient pas ce qu’ils venaient faire là» : question que, curieusement, les 173 000 Pieds noirs de 1943 ne s’étaient pas posée en Italie ou dans les Ardennes…

Des nombreuses interviewes reproduites, dont quelques unes - sans plus – auprès des Français d’Algérie, de l’époque et d’aujourd’hui, on retire des impressions diverses et quelques «matériaux historiques» tels que ce brave musulman de la Kasbah racontant comment, le dimanche, il avait coutume de se baigner à la Madrague ; cette plage étant présentée couramment (v. ARTE ) comme interdite aux musulmans….
Ou cette très virulente militante FLN racontant candidement avec des frissons comment, circulant avec sa voiture à Constantine, elle fut glacée d’effroi, prise dans une manifestation de jeunes gens pour l’Algérie française. La pauvre chérie ne réalise pas que d’autres jeunes femmes, européennes, ont été aussi prises dans des hordes de manifestants FLN, la différence étant que ces dernières n’ont plus eu le loisir de le raconter…

On retiendra la remarquable intervention de J.C. Perez, comme on pouvait s’y attendre sans langue de bois, exposant crûment le problème de la survie des Européens et du nécessaire combat dont, hélas, ils n’ont pris conscience que bien trop tard. La seule interview extensive, réalisée sur place à Mascara dans un cimetière européen, est consacrée à Mme Aline Cespedes-Vignes, auteur de 2 ouvrages d’évocation des dernières années françaises. Pourquoi elle, parmi les auteurs si nombreux dans le genre ? On croit comprendre que son sésame pour l’émission fut la phrase prononcée au début : «je savais dans mon fors intérieur que leur combat ( celui du FLN ) était légitime»…

 

Le mot de passe obligé… !

Sur la description de la situation de l’époque, occultation totale de ce qui gêne : l’action pacificatrice de l’Armée tournée en dérision, pas un mot sur les SAS, dont l’action fut pourtant si importante et si novatrice. Pas un mot des persécutions du pouvoir à l’encontre de la population européenne, pas un mot des enlèvements, des égorgements, de l’exode prévisible et déjà commencé, des polices parallèles, des arrestations arbitraires de jeunes, des camps de Djorf et de Lambèse, des tortionnaires comme Desbrosse….

Les souffrances du peuple pieds noirs, n’existent pas, pertes et profits… en revanche, la manifestation du FLN à Paris le 17 octobre, dont le bilan est grotesquement refabriqué, est décrit horrifiquement, bien que Boualem Sansal reconnaisse honnêtement qu’à l’époque il en avait à peine entendu parler.

Les extraits de films illustrant la partie documentaire sont pratiquement tous tirés d’œuvres très orientées, genre «La bataille d’Alger» et il est surprenant de constater combien, déjà, ils sonnent faux … R. Branche, «historienne» d’extrême gauche fait à ce propos une remarque assez plaisante, s’étonnant du bruit fait autour de «Hors-la-loi», film insignifiant, puisqu’on était libre d’aller voir d’autres productions…. comme si on avait le choix ! pas la moindre mention du film de J.P. Lledo, totalement passé sous silence, alors qu’il est justement un véritable événement.

 

images

Un certain J. Ferrandez, auteur d’une assez médiocre B.D. sur cette guerre, plaide pour ne pas céder à l’anachronisme, dans lequel pourtant il plonge en permanence dans son oeuvre, sans doute de bonne foi : une illustration de la difficulté qu’il y a à revivre un temps sur lequel tant de mensonges ont passé, et pourtant si proche….

Au total, les inébranlables paradigmes du siècle restent le socle de toute approche de l’Histoire : il est entendu que tout le monde savait que l’Algérie serait indépendante ( sans doute avons nous mauvaise mémoire..), que tout le peuple algérien ( dont les Pieds noirs n’ont jamais fait partie ) s’est soulevé contre un colonialisme oppresseur, que la nostalgie est un sentiment réactionnaire ( quand elle est ressentie par nous ), que la colonisation était un échec ( que nous ayons remis à des assassins le pays quasiment le plus moderne d’Afrique ne compte pas )….

Lorsque Boualem Sansal évoque la confiscation de l’Histoire par le FLN, il peut étendre sa réflexion à la France ! Pour nous, Français de là-bas, c’est encore plus simple : nous avons compté pour zéro dans les décisions du politique, et historiquement on nous a déjà rayés de l’Histoire. Jacques Soustelle avait nommé cela un ethnocide…

Remercions tout de même France-Culture de nous avoir épargné le «spécialiste-de-la-guerre-d’Algérie» qui remplit habituellement de ses prétentieuses péroraisons ses émissions historiques, et que tout le monde aura reconnu. Et laissons Boualem Sansal, encore lui, tirer de tout cela une conclusion désabusée : Les guerres, a-t-il déclaré, ne finissent jamais…..

Michel Lagrot
Hyères le 4/8/2011 - samedi 4 février 2012
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Michel Lagrot du Cercle Algérianiste

 

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31 janvier 2012

Afrique du Nord "barbaresque" : iconographie

Alger 1572
 

 

vues anciennes du Maghreb "barbaresque"

annonce des éditions Gandini

 

Une fois n'est pas coutume... Les Éditions Jacques Gandini vous proposent la reproduction d'une série de documents exceptionnels, tous antérieurs à l'arrivée des Français en Afrique du Nord, au temps ou les ports du Maghreb servaient de base aux "pirates barbaresques", comme on disait alors, de l'Empire ottoman.

Exceptionnels, ces documents le sont à double titre : par leur intérêt culturel et historique bien entendu, mais aussi par leur intérêt décoratif : reproduits à l'identique, en très grand format, ils sont imprimés spécialement pour vous dans une qualité inégalée. Les exemplaires originaux de ces gravures sont quasiment introuvables et, lorsqu'ils se présentent sur le marché, leur prix atteint de véritables sommets : plusieurs milliers d'euro en règle générale.

Aujourd'hui accessibles à tous, ces images hautes en couleurs, fourmillant de détails, gravées et peintes par les meilleurs artistes de leur temps, vous sont proposées dans sept déclinaisons ou supports différents. Chaque tirage est réalisé à la demande et nécessite plusieurs jours de délai de fabrication. Découvrez vite ci-dessous les six vues exceptionnelles que nous vous proposons aujourd'hui, visualisez-les en plein écran, choisissez le support sur lequel vous souhaitez les recevoir et commandez maintenant ...



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6 GRAVURES HISTORIQUES EXCEPTIONNELLES :
ALGER, TUNIS, MARRAKECH

Alger 1572 (à partir de 18.00 €)

La vue d'Alger de Franz Hogenberg (1535, Malines - 1590, Cologne), graveur sur cuivre et aquafortiste belge, pratiquement contemporaine de la bataille de Lépante (1570), est remarquable par sa fraîcheur et ses extraordinaires détails. Elle est légendée "Alger, ville sarrazine fortifiée, dans la province de Numidie, en Afrique..."
Le retirage de cette extraordinaire image, vieille de près de 4 siècles et demi, est disponible sur papier mat 150g, sur support rigide épais de 5 mm et dans les différents types de Laminamarc, au format 59 x 42 cm.

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Alger 1580 (à partir de 18.00 €)

Vue de la ville d'Alger, gravure sur bois du vénitien Matteo Fiorini (1540-1613). Réalisée aux alentours de 1580, cette gravure présente de nombreuses similitudes avec celle de Franz Hogenberg, à peu près contemporaine (1572), et lui a vraisemblablement servi de modèle.
Le retirage de cette extraordinaire image, vieille de près de 4 siècles et demi, est disponible sur papier mat 150g, sur support rigide épais de 5 mm et dans les différents types de Laminamarc, au format 51 x 39cm.

plein-ecran

 

Alger à la fin du XVIIe siècle 20.00 €)

Grande gravure aquarellée anonyme, de la fin du XVIIe siècle, imprimée vraisemblablement à Amsterdam. Beau panorama sur la casbah depuis le large. Les vaisseaux du premier plan battent pavillon néerlandais (à gauche) et anglais (à droite) et semblent livrer combat aux galères, sans doute ottomanes, qui s'intercalent entre eux.
Le retirage de cette extraordinaire image, vieille de plus de 3 siècles, est disponible sur papier mat 150g, sur support rigide épais de 5 mm et dans les différents types de Laminamarc, au format 70 x 53 cm.

plein-ecran

 

Alger 1816 (à partir de 18.00 €)

Gravure aquarellée figurant le plan de l'attaque donnée à Alger par l'amiral anglais Lord Exmouth le 26 août 1816. Levé sur le lieu même par un ingénieur de la flotte anglaise et publié à Turin en décembre 1816.
Le retirage de ce témoignage historique, prélude à la conquête de l'Algérie par les troupes françaises, est disponible sur papier mat 150g, sur support rigide épais de 5 mm et dans les différents types de Laminamarc, au format 45 x 34 cm.

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Tunis et La Goulette 1574 (à partir de 18.00 €)

Gravure aquarellée figurant la bataille de Tunis entre Philippe II d'Espagne et le sultan ottoman Selim II en juillet et août 1574, pour le contrôle de la ville et de sa région. Vue de Tunis et de la Goulette.
Le retirage de cette extraordinaire image, vieille de près de 4 siècles et demi, est disponible sur papier mat 150g, sur support rigide épais de 5 mm et dans les différents types de Laminamarc, au format 42 x 33 cm.

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Marrakech 1650 18.00 €)

Vue du Palais royal et d'une partie de la ville, capitale du Royaume du Maroc. Gravure aquarellée anonyme, du milieu du XVIIe siècle, imprimée vraisemblablement à Amsterdam (les légendes sont en langue flamande), haut lieu de l'édition géographique européenne.
Le retirage de cette extraordinaire image, vieille de plus de 3 siècles, est disponible sur papier mat 150g, sur support rigide épais de 5 mm et dans les différents types de Laminamarc, au format 46 x 35 cm.

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- lien vers ces gravures anciennes sur le site des éditions Gandini

 

POUR EN SAVOIR PLUS, LES EDITIONS GANDINI VOUS CONSEILLENT CES LIVRES :

 

LA PIRATERIE BARBARESQUE
EN MÉDITERRANÉE

par Roland COURTINAT

La piraterie barbaresque est d'abord et avant tout un Djihâd maritime, justifié par les guerres de prééminence religieuse entre l'islam et la chrétienté. La piraterie barbaresque, comme la piraterie chrétienne, s'intègre dans le contexte des opérations guerrières menées de part et d'autre. C'est par la suite que les écumeurs des mers saisissent tout le profit que la Méditerranée peut leur apporter, car elle est un champ d'action propice aux rapines, à la traite des femmes, au trafic des esclaves...

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BOUTIN, PIONNIER DE L'ALGÉRIE FRANÇAISE

par Jean MARCHIONI

BOUTINBrillant officier du Génie, familier du monde turco-arabe, Boutin est à trois reprises l'agent secret que Napoléon envoie dans cet Orient auquel il ne cesse de penser depuis la campagne d'Egypte. Qualifiée de « rêve » parce que la conjoncture européenne l'a empêchée de s'accomplir, la politique orientale de l'Empereur n'est pas un songe embrumé qui court après une réalité inaccessible, mais au contraire une succession de choix politiques concrets que décrivent les archives du Quai d'Orsay.

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Alger par Fiorini 1580
Alger, vers 1580 (extrait)

 

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28 janvier 2012

"Les Pieds-noirs, cinquante ans après", selon FR 3

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"Les Pieds-noirs, cinquante ans après"

René MAYER

 

Je vous avais signalé une émission sur "Les Pieds-noirs, cinquante ans après" qui devait passer sur FR3 mercredi 25 janvier à 23 heures. Seuls les téléspectateurs de la région PACA ont pu la voir sur leurs écrans de télévision. Mais mon neveu Alain Mayer en a trouvé le lien et a bien voulu me le communiquer. Pendant quelques jours, vous pourrez donc, si vous le souhaitez, visionner cette émission sur Internet. Voici ce lien:

Cette émission comporte quelques témoignages émouvants de ceux qu'on nomme ici "les Rapatriés" (une manière de nier leur problème) ou "les Pieds noirs" (une manière de prendre ses distances avec eux). 
Mais FR3 qui, comme toute la télévision d'État, est fortement orientée et par conséquent très anti "Pied-noir", n'a pu s'empêcher de faire aussi appel :
 
-1) comme journaliste, à Pierre DAUM, journaliste à Libération. P. Daum est l'auteur d'une "enquête" parue l'été dernier dans "Le Monde", enquête dans laquelle il prétendait, sur deux pleines pages, que les Pieds-noirs auraient parfaitement pu rester chez eux en Algérie. Personne ne les avait chassés etc... Autrement dit, il fallait comprendre que : "s'ils ont dû tout abandonner, ce fut par racisme anti-arabe". 
Tous les MAYER de Penthièvre (département de Bône, en Algérie) apprécieront. Eux qui ont été directement atteints par l'assassinat, le 19 mars 1962, jour du prétendu "cessez-le-feu", de notre cousin Henri Vernède et de son gendre, et qui, quelques jours plus tard, ont reçu la visite d'un détachement armé de l'ALN venu leur dire : "Maintenant, il faut partir".
 
- 2) comme témoin, FR3 a fait appel au président d'une association de "pieds-noirs", une seule, mais que personne ne connaît - en tout cas, pas moi dont vous savez combien je suis pourtant investi dans le milieu "pied-noir". Cette association s'intitule clairement : "l'Association Nationale des Pieds Noirs progressistes et leurs amis" (ANPNPA). Cette association doit être assez confidentielle puisque je n'en connais pas un seul membre. Mais RF3 a du estimer qu'elle est représentative du petit peuple qui était le sujet de son émission.
 
les "Pieds-rouges"
 
- 3) Toujours fidèle à la même orientation, FR3 a consacré le dernier tiers de son émission aux "Pieds-rouges". Les Algériens ont désigné ainsi des Métropolitains sympathisants communistes ou gauchistes qui, tandis que les Harkis et les "Pieds-noirs" prenaient le bateau ou l'avion pour échapper aux massacres et aux enlèvements, empruntaient ces mêmes moyens de transport en sens inverse pour "venir en aide" (ou pour noyauter ?) le nouveau gouvernement FLN.
Tel, par exemple, qu'Hervé Bourges qui, conseiller technique au cabinet d'Edmond Michelet, ministre de la Justice - poste où il put prendre contact avec Ben Bella, qui était alors emprisonné en France - entra au cabinet de ce dernier quand il devint, à l'automne 1962, président de la nouvelle République algérienne. Hervé Bourges prit alors la nationalité algérienne.
Ce que l'émission de FR3 n'a pas dit, c'est que, trois ans plus tard, en 1965, Hervé Bourges et quelques uns de ses collègues "pieds-rouges" furent emprisonnés par le président Boumedienne quand celui-ci succéda, par un nouveau coup d'État, à Ahmed Ben Bella. 
 
Libéré un peu plus tard sur l'intervention plus ou moins pressante de Paris, Hervé Bourges devint ensuite :
  • 1970 : directeur de l'École supérieure de journalisme de Yaoundé (Cameroun),
  • 1976 : directeur, puis président de l'École supérieure de journalisme de Lille,
  • 1981 : directeur général de Radio France Internationale (RFI),
  • 1983 : président de TF1 (jusqu'à sa privatisation en 1987),
  • 1988 : président de Canal + Horizons,
  • 1989 : directeur général de RMC, président de la Sofirad et de Radio Nostalgie,
  • 1990 : président de A2/FR3, jusqu'en septembre 1992 où Antenne 2 et FR3 sont devenues France 2 et France 3, formant ainsi le Groupe France Télévision.
  • 1995 : président du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (le CSA)
  • En novembre 2011, Hervé Bourges a été élevé au grade de commandeur de la Légion d'honneur par le ministre Frédéric Mitterrand.  
Au vu d'un tel curriculum vitae, on peut imaginer quels ont été, dans les différentes et importantes fonctions qu'il a occupées, les critères de sélection qu'a adoptés Hervé Bourges pour s'entourer. Il a certainement pu, tout à loisir et pendant une quarantaine d'années, façonner à son idée des secteurs entiers du milieu médiatique français - ce quatrième pouvoir, si crucial en démocratie !
On peut aussi comprendre pourquoi la période d'Histoire contemporaine durant laquelle Hervé Bourges, payant de sa personne, intervint si activement, n'est traitée par la télévision française qu'avec une objectivité... extrêmement prudente.
René Mayer

 

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26 janvier 2012

Festival des images, partis-pris et contrevérités

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Monsieur le Président de l'Espace parisien

"Histoire Mémoire Guerre d'Algérie"

général Maurice FAIVRE

 
Réflexions historiques

69143339Les historiens que vous avez sélectionnés pour le Festival des images sont dans leur grande majorité de sensibilité anticolonialiste. 
Bénéficiant de la même liberté d'expression, d'autres historiens ne partagent pas la même idéologie et considèrent que le terme de colonialisme, inventé en 1905, était ignoré au XIXe siècle, où l'on considérait la  colonisation comme une valeur républicaine, attachée aux droits de l'homme. Victor Hugo en faisait l'apologie : "Un peuple éclairé va trouver un peuple dans la nuit". 
Au XXe siècle, Léon Blum  et Pierre Messmer ont exprimé  la même volonté de civiliser des peuples arrièrés. Comme tous les faits historiques, la colonisation présente des aspects négatifs et positifs ; privilégier les uns sans reconnaître les autres constitue une sorte de déni.
 
 
Séance du 19 janvier
Cette différence de perception est apparue après la projection du film "Mémoires meurtries". Alors qu'un débat était refusé aux spectateurs, le professeur (Quemeneur ?) a été invité à parler de l'enseignement de l'histoire de la guerre d'Algérie. Au contraire,  il a entrepris de démolir le film de l'UNC.
Or ce film présentait des témoins intéressants et divers :
- un appelé (Hillairet) qui regrettait sa jeunesse perdue,
- une EMSI et des officiers SAS attachés à la population musulmane,
- des officiers combattant le terrorisme FLN et revendiquant une Algérie nouvelle, égalitaire,
- un pied noir accueilli en Algérie par ses camarades d'école,
- un aumônier qui s'interroge sur le traitement des prisonniers,
- un ministre (Chevènement) qui condamne les soldats perdus,
- un  secrétaire d'État (Mekachera) qui admire la politique clairvoyante du général de Gaulle,
- un ministre (Rocard) qui énonce des contre-vérités (Voir pièce jointe)
 
La mémoire partagée et l'histoire discutée
Il me semble qu'un débat entre historiens de sensibilité différente serait nécessaire à la fin du Festival (ou plus tard lors du rendez-vous des Ecrivains). Je suis prêt à y participer, aux côtés de Guy Pervillé, Daniel Lefeuvre, Jean Monneret,  François Meyer et d'autres à votre convernance.
Je vous prie d'agréer l'expression de mes sentiments dévoués.
 
Maurice Faivre
membre de l'Académie des Sciences d'outremer
et de la Commission française d'Histoire militaire
 
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un centre de regroupement
 
 
Contre-vérités
Arrivant à Alger début 1959, M. Rocard visite 15 centres de regroupement et fait le constat d'un enfant mort tous les deux jours.
Faisant une péréquation non scientifique, il en conclut au décès de 150 à 200.000 enfants (contraire aux statistiques démographiques). Il communique  son rapport au ministre de la Justice (E. Michelet), qui le fait publier par le Monde.
Or il y avait à l'époque 900 regroupements, qui avaient été contrôlés par 5 inspecteurs généraux. Delouvrier fait une conférence de presse le 16 mai affirmant que "le document publié a été rédigé par un fonctionnaire qui n'avait pas reçu mandat de le faire, et que la mortalité dans les regroupements était inférieure à celle que l'on enregistrait auparavant dans les mechtas".
Il écrit en août à la LDH Paris que "ce rapport constitue une information partielle, dont les conclusions n'ont pas été reprises".
Il n'y a aucune trace dans les archives d'un crédit de 100 millions qui aurait été débloqué grâce à Michel Rocard. Delouvrier, patron du plan de Constantine, disposait de 5 milliards et n'avait pas n'avait pas besoin d'un crédit exceptionnel.
Le rapport Rocard a été très apprécié du FLN, des pays du Tiers monde et des complices français de la rébellion.
Pour plus de détails, voir Les mille villages de Delouvrier, Edit. L'Esprit du Livre, 2009, p. 135.
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25 janvier 2012

la fin de la guerre d'Algérie, par Guy Pervillé

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 la fin de la guerre d’Algérie

 Guy PERVILLÉ

article censuré par la Direction des Archives de France

 

L'historien Guy Pervillé a été censuré par les Archives de France. Voici le texte et le témoignage de l'auteur.

J’ai été contacté depuis plus d’un an (novembre 2010) par le directeur chargé des Archives de France, afin de rédiger un article, le plus objectif possible, sur la fin de la guerre d’Algérie dans la publication annuelle du ministère de la Culture et de la communication, intitulée "Commémorations nationales 2012".

J’ai envoyé cet article à la date prévue, et accepté quelques corrections mineures, avant d’envoyer mon texte définitif le 17 juin 2011. Puis j’ai appris, un peu avant Noël, que mon texte avait été amputé des quatre cinquièmes sans que je sois consulté, et qu’il paraîtrait sans ma signature.

En effet, le texte publié à la page 56 tient en une vingtaine de lignes (la bibliographie que j’avais fournie se trouve néanmoins à la page 281). Je publie donc ici mon texte complet, pour que chacun puisse juger du procédé, c’est-à-dire de ce qui s’avère être le premier acte de censure que j’aie subi en plus de quarante ans de carrière.

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la délégation algérienne à Évian

 

1962

La guerre d’Algérie se termina en 1962, puisque la France finit par reconnaître l’indépendance du pays revendiquée depuis le 1er novembre 1954 par le Front de libération nationale (FLN), mais on ne peut pas indiquer une date plus précise. En effet, la fin de cette guerre impliquait trois critères généralement confondus, mais qui sont restés distincts : la fin des hostilités entre le FLN et la France ; la reconnaissance d’un État algérien par la France ; la formation d’un gouvernement algérien capable d’incarner cet État.

La fin des hostilités entre le FLN et la France fut la conséquence des accords d’Évian signés le 18 mars 1962 par les représentants du gouvernement français et ceux du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). Ces accords prévoyaient : la formation d’un État algérien au terme d’une période transitoire de trois à six mois (durant laquelle l’Algérie resterait gouvernée par le haut commissaire de France coopérant avec un exécutif provisoire franco-algérien désigné d’un commun accord) ; la formation du futur État par un processus démocratique d’autodétermination garantissant les droits de tous ses habitants ; et les principes des futures relations de coopération entre les deux États. Au terme de cette période, un référendum devait créer l’État algérien et ratifier en son nom les accords d’Évian. En conséquence, un cessez-le-feu devait entrer en vigueur le 19 mars à midi.

Le gouvernement français appliqua les accords. Le 8 avril 1962, il les soumit à un référendum en métropole, qui leur donna une ratification éclatante par une très grande majorité des électeurs (64,8% des inscrits et 90,6% des suffrages exprimés). Dès la proclamation officielle des résultats, le 13 avril, fut installé à Rocher Noir l’Exécutif provisoire franco-algérien présidé par Abderrahmane Farès ; et à Paris, le Premier ministre Michel Debré démissionna le 14 et fut remplacé par Georges Pompidou, alors considéré comme un simple exécutant de la politique du président Charles de Gaulle. Le 15 mai, la date du référendum algérien fut avancée au 1er juillet, et ses résultats, ratifiant massivement les accords d’Evian (par 91,23% des inscrits et 99,72% des suffrages exprimés, furent proclamés le 3 juillet.

 

OAS

Mais l’Organisation armée secrète (OAS) avait répondu à l’annonce du cessez-le-feu en intensifiant son action violente contre le FLN et contre les forces gouvernementales. Elle aboutit à un désastre pour la population française d’Algérie (fusillade sanglante de la rue d’Isly, commise par un barrage de tirailleurs contre la foule manifestant en faveur de la population de Bab-el-Oued le 26 mars à Alger), mais l’OAS, bien qu’affaiblie par plusieurs arrestations (dont celle de son chef le général Salan) intensifia son action terroriste jusqu’en juin. L’organisation d’Alger négocia des accords avec le président de l’Exécutif provisoire et le chef des ses membres FLN (accords Susini-Mostefaï du 17 juin), mais celles d’Oranie et du Constantinois continuèrent leur action presque jusqu’à la veille du référendum.

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"Européens" manifestant et abbatus par des tirs de l'armée française,
rue d'Isly à Alger le 26 mars 1962

 

FLN divisé, enlèvements

Cependant le FLN profita des accords d’Évian pour reconstituer ses forces armées et pour étendre leur autorité sur une grande partie du pays et de sa population. L’armée française s’y opposa jusqu’au 8 mai, puis dut y renoncer. À partir du 17 avril 1962, le FLN déclencha une vague d’enlèvements contre la population française, supposée complice de l’OAS, dans les agglomérations d’Alger et d’Oran, mais aussi dans l’intérieur de ces régions. Le 14 mai, la Zone autonome d’Alger, dirigée par Si Azzedine, rompit ouvertement le cessez-le-feu en déclenchant une série d’attentats. C’est alors que le président de Gaulle, tout en demandant au GPRA de les désavouer, accepta l’avancement de la date du référendum algérien au 1er juillet proposé par l’Exécutif provisoire.

D’autre part, des enlèvements et des massacres avaient été commis après le 18 mars contre d’anciens "harkis", en violation flagrante des clauses d’amnistie des accords d’Évian ; des tracts de l’ALN saisis par l’armée française faisaient craindre qu’une épuration systématique soit déclenchée après le référendum. Le respect de ces accords par le FLN semblait de moins en moins assuré, car le Conseil national de la Révolution algérienne (CNRA), réuni à Tripoli en mai et juin, les avait qualifiés de "plateforme néo-colonialiste", puis s’était divisé entre les partisans du GPRA présidé par Ben Khedda et ceux de ses opposants rassemblés dans un "Bureau politique" par Ben Bella. Mais pourtant le référendum du 1er juillet eut lieu dans l’enthousiasme avec la participation du FLN faisant campagne pour le oui.

Le 3 juillet, la France reconnut l’indépendance de l’Algérie sous l’autorité de l’Exécutif provisoire, qui devait organiser au plus vite l’élection d’une assemblée constituante souveraine ; mais cet exécutif ne pouvait fonctionner sans l’accord du FLN, lui-même divisé depuis l’échec du CNRA de Tripoli. Le 27 juin, les membres du groupe FLN de l’Exécutif provisoire avaient remis leur démission au GPRA, et le président Farès avait remis sa démission au président Ben Khedda le 3 juillet à Alger, mais il dut rester en place pour assurer la continuité de l’administration. En même temps une lutte pour le pouvoir, jusqu’au bord de la guerre civile, se déclencha entre deux coalitions issues du FLN, reconnaissant l’une le GPRA, l’autre le "Bureau politique" de Ben Bella soutenu par l’Etat-major général de l’ALN (Armée de libération nationale) du colonel Boumediene (destitué par le GPRA le 30 juin).

 

violences meurtrières

Absence d’autorité incontestée et compétition pour le pouvoir déclenchèrent de nouvelles vagues d’enlèvements et de violences meurtrières contre des Français d’Algérie (notamment des centaines d’enlèvements à Oran le 5 juillet) et contre d’anciens "harkis". Les troupes françaises accueillirent et transférèrent en France les fugitifs, mais le gouvernement leur interdit de les rechercher sans l’accord des autorités algériennes.

Cette période d’anarchie prit fin à partir de septembre, avec l’élection d’une Assemblée constituante composée de membres du parti unique FLN, qui reçut le 25 les pouvoirs de l’Exécutif provisoire et du GPRA, et qui investit le 26 un gouvernement présidé par Ahmed Ben Bella. Les enlèvements de Français diminuèrent alors, et les enlevés furent recherchés, mais les massacres d’anciens "harkis" durèrent encore plusieurs mois, et leur emprisonnement, sous prétexte d’assurer leur sécurité, près de dix ans.

 

l'utopie des "accords d'Évian"

Les accords d’Évian, voulus par le gouvernement français comme la "solution du bon sens", se révélèrent donc une utopie, qui échoua à ramener une vraie paix en Algérie. Le "rapatriement" des Français d’Algérie, et celui de "Français musulmans" (que le général de Gaulle ne considérait pas comme de vrais Français) s’imposèrent comme des nécessités. De Gaulle maintint aussi longtemps que possible ce qui restait de la politique de coopération pour éviter la faillite de l’indépendance algérienne, en espérant que la France finirait par en bénéficier un jour.

Guy Pervillé

 

PS : Je ne suis pas à plaindre, puisque mon site me permet de m’exprimer en toute liberté. Le sont bien davantage les responsables de cette publication officielle qui s’efforcent de la réaliser honnêtement, de façon à lui donner un réel intérêt. Je ne les confonds pas avec ceux qui leur ont imposé cette décision inepte, laquelle ne peut que discréditer injustement leur travail en gâchant une très bonne occasion de tenir un langage de vérité sur un sujet encore douloureux, un demi-siècle après les faits.

J’aurais apprécié que le ou les responsables de cette décision aient eu l’honnêteté et la simple courtoisie de m’informer de leurs raisons, mais il n’en a rien été. C’est donc à ces derniers que je m’adresse pour leur dire à mon tour (comme Maurice Clavel à la télévision le 13 décembre 1971) : "Messieurs les censeurs, bonsoir !"

 

Blog : http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3?id_article=266

 

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5 juillet 1962 à Oran

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24 janvier 2012

date de la fin de la guerre d'Algérie

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19mars1962

 

un amendement rejeté

Amendement N°7 relatif au 19 mars

Projet de loi N°4079

 

mardi 24 janvier 2012

Projet de loi fixant au 11 novembre la commémoration de tous les morts pour la France (n° 4079, déposé le 14 décembre 2011)

Discussion de l’amendement N°7, soutenu par Monsieur Jean-Jacques Candelier [député communiste]

- M. Jean-Jacques Candelier. En cette année 2012, constituant le cinquantième anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie, l’amendement n° 7 prend tout son sens : l’année qui commence sera l’occasion d’honorer à sa juste valeur la mémoire des anciens combattants d’Algérie.

La Nation a le devoir de reconnaître les souffrances endurées et les sacrifices consentis par ses combattants, et d’empêcher qu’ils ne sombrent dans l’oubli. Chaque conflit armé a un début et une fin. Pour consacrer au souvenir des morts et de la paix retrouvée une journée officielle, nous suggérons la reconnaissance du 19 mars comme Journée nationale du souvenir et du recueillement. C’est, en effet, le lundi 19 mars 1962, à midi, que le cessez-le-feu décidé à la suite des accords d’Évian fut appliqué sur tout le territoire algérien.

La date du 5 décembre ne correspond à aucun événement particulier du conflit algérien.

- M. Lionnel Luca. Tant mieux !

- M. Jean-Jacques Candelier. Notre amendement traduit la constance des députés communistes, républicains, citoyens et du parti de gauche à l’égard de la guerre d’Algérie.

Il s’agit aussi de tirer tous les enseignements de cette période de l’histoire de notre pays. En aidant à reconnaître que la France s’est engagée entre 1952 et 1962 dans une véritable guerre, la reconnaissance du 19 mars créerait les conditions d’une meilleure compréhension de la nocivité du colonialisme et du mépris voué aux peuples en lutte pour leur liberté.

- M. le président. Quel est l’avis de la commission ?

- M. Patrick Beaudouin, rapporteur. Monsieur Candelier, la Nation reconnaît déjà les souffrances endurées et les sacrifices consentis par les combattants de la guerre d’Algérie, grâce à la journée nationale d’hommage aux morts pour la France pendant la guerre d’Algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie, fixée le 5 décembre par le décret du 26 septembre 2003.

Je rappelle que cette date a été choisie par une commission présidée par l’historien Jean Favier et réunissant les présidents des douze principales associations d’anciens combattants. Par onze voix contre une, la date du 5 décembre a été préférée à celle du 19 mars – date du cessez-le-feu – et à celle du 16 octobre – jour anniversaire de l’inhumation du soldat inconnu d’Alger dans la nécropole nationale de Notre-Dame de Lorette.

Je ne crois donc pas indispensable, au moment où nous discutons de l’hommage unanime de la France aux morts pour la France, d’ouvrir une fois de plus un chapitre partisan. Comme l’a dit le président d’une grande association nationale, devant un monument aux morts, on ne se divise pas, on se rassemble. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)

- Mme Françoise Hostalier et M. Michel Hunault. Bravo ! Tout est dit !

- M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?

- M. Marc Laffineur, secrétaire d’État. Dans tout débat, monsieur Candelier, mais encore plus dans un débat portant sur la mémoire, nous ne devons penser qu’à une chose : l’unité de la Nation.

- M. Michel Hunault. Très bien !

- M. Marc Laffineur, secrétaire d’État. Si je comprends que certaines associations souhaitent célébrer le 19 mars, je sais aussi que cette date ne peut pas faire l’unanimité.

Après le 19 mars, 75 000 harkis ont été assassinés. La plupart de ces combattants avaient fait partie de l’armée d’Afrique lors de la Seconde Guerre mondiale, ralliés, pour certains, au général Leclerc à N’Djamena, au Tchad.

Après la guerre, une partie des centaines de milliers d’Algériens ayant combattu aux côtés de la France sont restés dans l’armée française, parce qu’ils avaient fait le choix de la France – nombre de leurs pères, de leurs frères, étaient morts pour la France.

Aujourd’hui, nous devons penser à eux. Nous devons nous souvenir qu’ils ont fait un choix difficile, un choix courageux, parce qu’ils avaient toujours combattu aux côtés de la France.

- M. Guy Teissier, président de la commission de la défense. Oui, un choix très courageux !

- M. Marc Laffineur, secrétaire d’État. Comment expliquer à ces personnes que la date retenue pour l’hommage aux morts pour la France pendant la guerre d’Algérie est le 19 mars, alors qu’ils ont été dévastés, détruits, à compter de cette date ?

Même ceux qui ont été emmenés en France ont connu une intégration difficile – notre République doit d’ailleurs s’interroger sur la façon dont elle a accueilli ces combattants.

Nous devons également penser aux deux millions de Français appelés les pieds-noirs. Contrairement à ce que vous semblez affirmer, monsieur Candelier, on ne peut assimiler les pieds-noirs à des colonialistes. Bien sûr, certains ont pu tirer profit de la situation. Mais la plupart des personnes qui ont dû quitter l’Algérie étaient des petits commerçants, des fonctionnaires…

- M. Lionnel Luca. Des enseignants !

- M. Marc Laffineur, secrétaire d’État. …des policiers, des gens modestes.

Parmi les pieds-noirs, on a dénombré 1 696 personnes disparues après le 19 mars 1962, sans que l’on puisse jamais savoir ce qu’elles sont devenues. Comment voulez-vous expliquer aux harkis, à ces Français déracinés, arrivés en métropole après avoir tout perdu, que l’on a retenu la date du 19 mars pour commémorer la fin de la guerre d’Algérie ? Ce n’est pas possible !

Constatant la difficulté à trouver une date de commémoration des morts d’Algérie pour la France, journée d’union nationale et de recueillement, où l’unité de la Nation doit s’exprimer, la commission Favier, réunissant des historiens de toutes tendances ainsi que des associations d’anciens combattants, a finalement retenu la date du 5 décembre, proposée par l’une des associations et adoptée à l’unanimité moins deux voix.

Je vous le répète, nous devons penser à l’unité de notre pays plutôt que de lancer des débats qui ne peuvent que le diviser. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)

L’amendement n° 7 n’est pas adopté.

 

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- lien : le 19 mars 1962 n'est pas la fin de la guerre d'Algérie

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23 janvier 2012

la valise ou le cercueil

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"la véritable histoire des Français d'Algérie"

film et DVD

 

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- bande annonce du film La valise ou le cercueil

 

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Mlle Bérangère MONTONATI

  Chargée de Communication pour REPORTAGE 34 SARL - Film Historique "LA VALISE OU LE CERCUEIL"

 

   11 route des jardins de Maguelone - 34970 LATTES-Maurin

Contact: 04 67 27 87 26 - Facebook: Charly Cassan

 

E-mail: reportage34@hotmail.fr

 Commande DVD: http://www.amazon.fr/dp/B006FFXJ8O - Association: www.la-valise-ou-le-cercueil.org

 

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Béziers “La valise ou le cercueil”

en version récupération

 

PATRICK NAPPEZ - Le Midi Libre
12/01/2012, 14 h 55 | Mis à jour le 12/01/2012, 14 h 55
André Troise l’incontrôlable.
André Troise l’incontrôlable. (PIERRE SALIBA)

Avant même sa projection publique et gratuite, le 22 janvier à Zinga Zanga, le film La Valise et le cercueil crée la polémique. Produit avec le soutien d’une association arlésienne d’enfants de Pieds-noirs, ce film est signé Charly Cassan, ancien dirigeant de radios locales, lui-même rapatrié à l’âge de 20 ans, et marqué par le suicide de son père, juste après son arrivée en métropole.

S’il affiche en sous-titre la prétention de raconter “la véritable histoire des Français d’Algérie”, le film est avant tout une somme de témoignages sur les “événements” et sur le retour.

"L’objectif n’est pas de polémiquer mais de témoigner de la souffrance. Charly Cassan et son épouse ont fait un gros travail de recherches en laissant la parole aux victimes" explique Frédéric Gourrier, président de l’association qui diffuse le film.

L’intérêt de ce témoignage a été perçu par plusieurs députés, dont le Biterrois Élie Aboud, président, au sein de l’Assemblée Nationale, du Groupe d’études sur les rapatriés, qui réunit toutes les sensibilités (lire ci-dessous). Une projection au Palais Bourbon est programmée le 8 février, avec l’aval de la présidente de la commission des Affaires culturelles, Michelle Tabarot (UMP-06).

Fort de ces blancs-seings, Élie Aboud dit avoir accepté que l’association organise une séance à Béziers, dont il sera le parrain. Vu ainsi, il n’y a pas de quoi hurler sur les toits, d’autant que le film a déjà été vu dans quarante villes.

"L’objectif n’est pas de polémiquer mais de témoigner de la souffrance"

L’affaire prend néanmoins une autre tournure à Béziers, où tout ce qui touche à la mémoire de l’Algérie française menace de déborder en affrontements. Toujours en cours, le conflit autour de la plaque en hommage aux morts de l’OAS, illustre ce climat tendu où s’opposent les forces politiques, avec une forte implication de l’extrême droite et des communistes, prenant à témoin un Raymond Couderc et un Élie Aboud dans leurs petits souliers. Enjeu : le vote des rapatriés...

Après la “plaque de la discorde”, voici donc “polémique pour une valise” ! Les faits : des tracts circulent en ville, sous la signature d’André Troise, ancien membre de l’OAS et ex-élu du Front national, mais aussi du Conseil national des Français d’Algérie. On n’y fait pas dans la nuance en évoquant "l’ignoble terreur meurtrière du FLN arabo-islamique" ou en accusant De Gaulle d’avoir "financé le éfélène ennemi de la France, de l’Occident et de la chrétienté".

En outre, ces tracts laissent entendre que leurs émetteurs sont organisateurs de la projection, chacun invitant les spectateurs à arborer une “tenue correcte” et les informant que des “contrôles” seraient opérés...

Récupération ? En tout cas, cette “littérature” embarrasse Frédéric Gourrier, d’autant plus que Troise apparaît dans le film comme témoin. "Le problème c’est que nous sommes une petite structure et qu’on ne peut pas tout contrôler. On s’est fait déborder par André Troise que nous cherchons à joindre en vain", selon Frédéric Gourrier.

Mais pour le diffuseur du film, il ne saurait y avoir d’ambiguïté : "Notre propos n’est pas de justifier ce qu’a fait l’OAS, mais de montrer ce qu’il s’est passé. À ce titre, André Troise a une part de souffrance à exprimer en tant que mutilé. Pour autant, on ne peut pas tout excuser". Pas d’ambiguïté donc, mais un sacré pataquès à la Biterroise.

 Patrick Nappez, Le Midi Libre, 12 janvier 2012

 

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cliquer sur l'image pour l'agrandir

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DATES PROJECTIONS DU FILM « LA VALISE OU LE CERCUEIL »

 

- le Vendredi 20 Janvier 2012 – 18h – Centre d’Animation Municipale – 21 Av Général de Gaulle – 13340 ROGNAC – Organisée par l’association « la valise ou le cercueil »

- le Dimanche 22 Janvier 2012 – 15h – salle ZINGA ZANGA – traverse de Colombiers – 34 500 BEZIERS – organisée par l’association « LA VALISE OU LE CERCUEIL »

- le Samedi 28 janvier 2012 – 14h – Salle JEAN-PIERRE MIQUEL – 98 RUE DE Fontenay – 94300 VINCENNES – RENCONTRE INTERNATIONAL DU CINEMA DE PATRIMOINE ET HENRI LANGLOIS

- le Jeudi 2 Février 2012 – 18h30 – Cinéma – 82000 MONTAUBAN – Organisée par le Cercle Algérianiste de Tarn et Garonne en partenariat avec la Mairie

- le Samedi 11 Février 2012 – 15h – Restaurant le SAINT-JACQUES - avenue Jean Monnet - 47000 AGEN – Organisée par l’association « recours 47 »

- le Samedi 18 Février 2012 – 9h30 – cinéma LE CAPITOLE – 161 avenue ST TRONQUET – 84 130 LE PONTET - Organisée par le CERCLE ALGERIANISTE DU GRAND AVIGNON ET DES PAYS DE VAUCLUSE

- le Samedi 18 Février 2012 -15h- salle TINEL - château de FARGUES - 84 130 LE PONTET - Organisée par le CERCLE ALGERIANISTE DU GRAND AVIGNON ET DES PAYS DE VAUCLUSE

- le Samedi 18 février 2012 – 14h et 20h – L’ATHENEE MUNICIPAL – Place St Christoly – 33000 BORDEAUX

- le Dimanche 19 Février 2012 –L’Athénée Municipal - 64500 ST JEAN DE LUZ

- le Samedi 10 Mars 2012 - 18h - Salle de Projection du FORUM CASINO - 83 000 HYERES - CERCLE ALGERIANISTE de HYERES

- le Samedi 10 Mars 2012 – après midi – Salle Haroun TAZIEFF – Rue FARNERIE – 26000 VALENCE – Organisée par le cercle Algérianiste de Valence

- le Dimanche 11 Mars 2012 – 15h – Salle de COURPOUYRAN – chemin du Grand Chêne 34990 JUVIGNAC – Organisée par l’Office du Tourisme de Juvignac

- le Samedi 24 Mars 2012 – (Horaire et lieu prochainement) - 04200 SISTERON

- le Dimanche 25 Mars 2012 – 14h30 et 17h30 – Auditorium Espace Hiller – 113 Bd Vivier Merle – 69003 LYON – Organisée par l’Association « LA VALISE OU LE CERCUEIL » - renseignements : 06.60.90.52.21

- Le Samedi 5 Mai 2012 – 15h – Salle des Fête – Grandfonds – 47240 CASTELCULIER – Organisée par l’Amicale des Pieds Noirs 47

- Le Samedi 19 Mai 2012 - 15h - RESIDENCE LES CYCLADES - 393 Avenue de Melgueil - 34280 LA GRANDE MOTTE - Organisée par l’Amicale des Pieds-Noirs Sainte Barbe du tlelat

- le Samedi 26 Mai 2012 - 17h - Salle Grand Séminaire - place RIQUET - 07 220 VIVIERS (Rhône-Alpes) ASSOCIATION « L’ALMA LE CORSO »

- le Mercredi 30 Mai 2012 -17h - Auditorium ST-EXUPERY du centre culturel - 83 700 ST-RAPHAËL - Organisée par le Cercle Algérianiste de FREJUS

- le Samedi 16 Juin 2012 - 14h - Salle AMPHITEATRE - place GRIBALDI - 06 300 NICE

- le Samedi 23 Juin 2012 - 17h30 - Hôtel NOVOTEL  Auditorium ATRIA à 30 000 NÎMES

- le Samedi 30 Juin 2012 - 15h et 21h - Cinéma la licorne à 06 400 CANNES

- le Samedi 30 Juin 2012 – 15h – Auditorium « LE PHARO » - 58 bd Charles-Livon – 13007 MARSEILLE – Organisée par l’association « ANRO »

Article-de-presse-Echos-d-Alger-juin-2011
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