Oran, 2 mars 1962 : une véritable crise de folie meurtrière
les enfants Ortega et leur mère massacrés sauvagement le 2 mars 1962
Oran, 2 mars 1962
une véritable crise de folie meurtrière
Oran, 2 mars. - La tension restait vive vendredi matin à Mers-El-Kébir, où l'agitation a repris dans le centre européen vers 9 heures. À 9 h. 30 des coups de feu ont été entendus, et l'on apprenait que, selon l'A.F.P., cinq musulmans avaient été tués et des magasins saccagés. Une demi-heure plus tard, à 10 heures, le couvre-feu était décrété sur l'ensemble de la commune de Mers-El-Kébir.
La grève générale a été déclenchée dans toute la ville, par solidarité avec les ouvriers des arsenaux de la Direction des constructions et armes navales, après le massacre par des musulmans jeudi, dans des conditions particulièrement atroces, d'une mère de famille européenne, Mme Rosette Ortega, âgée de trente ans, et de ses deux petits enfants.
Les émeutiers, conduits par des meneurs F.L.N., ont assassiné Mme Ortega à coups de hache et de barres de fer, après avoir fracassé le crâne des deux enfants contre les murs. Puis ils ont saccagé et pillé la modeste demeure.
La réaction des Européens a été immédiate, et au faubourg Saint-André-de-Kébir des magasins appartenant à des musulmans ont été incendiés.
L'intervention des fusiliers marins de la base navale et d'un escadron de gendarmerie mobile a empêché la foule déchaînée de se ruer à travers le port de pêche. Un bébé musulman de trois mois a été brûlé vif jeudi soir dans son berceau, des Européens ayant incendié un appartement qu'ils croyaient vide.
Le Monde
par LÉO PALACIO
publié le 03 mars 1962 à 00h00
Oran, 2 mars (U.P.I.,A.F.P.). - C'est vers 11 h. 40, jeudi, que des groupes de musulmans ont fait irruption dans la conciergerie du stade de la Marsa, à Mers-El-Kébir (7 kilomètres à l'ouest d'Oran), tout près de la base militaire.
Au cours d'une véritable crise de folie meurtrière collective, ces hommes ont tué sauvagement la gardienne, une jeune Européenne de trente ans, Mme Rosette Ortega, et ses deux enfants, André, quatre ans, et Sylvette, cinq ans.
La jeune femme fut massacrée à coups de hache, tandis que, dans un réflexe de mère affolée, elle tentait de s'interposer entre les musulmans déchaînés et son petit garçon. Puis les déments brisèrent le crâne du petit André contre un mur.
Alors qu'ils allaient partir, leur forfait accompli, ils aperçurent la petite fille qui rentrait du jardin, des fleurs dans les bras. Aussitôt, l'un des hommes la saisit par les pieds et lui écrasa la tête contre la muraille.
Quand M. Jean Ortega, employé à la direction des constructions navales, rentra chez lui, les corps des malheureuses victimes baignaient dans des mares de sang : Mme Ortega gisait les bras en croix, à l'entrée de son appartement, le petit garçon à côté d'elle. Dans la cour, tenant dans sa main crispée des géraniums, gisait le corps de la petite fille.
Des jeunes gens vêtus de blousons noirs.
La nouvelle de l'assassinat s'est répandue rapidement en ville, déchaînant la colère des Européens. Des jeunes gens, vêtus de blousons noirs et armés de bâtons, se sont répandus dans les ruelles étroites des quartiers musulmans, criant des slogans activistes.
Prévenus par les passants, des éléments des forces de l'ordre arrivèrent sur les lieux et ouvrirent le feu sur les assassins qui tentaient de fuir en direction du douar qui surplombe le stade. Trois d'entre eux furent abattus.
Les fusiliers marins du commando Jobert et des gendarmes mobiles participèrent à une opération de contrôle dans le village musulman et dans les douars des environs de Mers-El-Kébir.
Quatre fuyards musulmans ont été tués dans des conditions mal précisées. Des blessés ont été trouvés dans des maisons musulmanes.