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études-coloniales
30 avril 2009

Débat sur l’écriture de l’histoire controversée algéro-française

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Stora et Harbi

déterrent le passé colonial en Algérie

 

 

Débat sur l’écriture de l’histoire controversée algéro-française
jeudi 30 avril 2009.

Dans une conférence magistrale au Centre culturel français d’Alger, les deux historiens, Mohammed Harbi et Benjamin Stora, ont abordé, chacun avec son approche, la complexité de l’écriture de l’histoire contemporaine entre l’Algérie et la France.

Porté par le poids du passé colonial, le professeur de l’histoire du Maghreb, Benjamin Stora, le premier à ouvrir le débat, a estimé que «la guerre d’Algérie était au cœur de l’empire français pour avoir connu la naissance de la 5ème République».


de l'amnésie à la guerre mémorielle

Dans sa rétrospective, l’historien reconnaît que «les Français ont entretenu une stratégie d’oubli et d’amnésie après avoir consommé leur défaite politique dans cette guerre. En reléguant la question coloniale dans les banlieues de l’histoire, prise en otage par les différents groupes, entre ceux qui veulent affronter leur passé et ceux qui en font un rempart mémoriel, au lieu de devenir une question centrale dans la recherche historiographique ».

Selon Benjamin Stora, «ce n’est qu’en 1980 qu’il y a eu le réveil de l’autre mémoire, tirée par la communauté des Beurs» ou ce qu’il appelle «les partisans de la nostalgérie».

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manifestant algérien, le 17 octobre 1961 à Nanterre,
photo Élie Kagan

Revenant sur les fameuses manifestations du 17 octobre 1961, en France, le conférencier dira que ces événements lui rappellent qu’on ne peut pas «séparer le processus de l’écriture de l’histoire des mouvements sociaux».

Mais le saut en France, ajoutera-t-il, «a été mis en branle entre 1988-1992, notamment à l’effondrement de l’URSS, de la défaite de l’Armée rouge en Afghanistan, de la chute du mur de Berlin et de la fin du système du parti unique en Algérie». Pour Benjamin Stora, «cette période d’effervescence extrême va ouvrir les énergies sur l’écriture de l’histoire.

Obligeant pour la première fois la France, 30 années après, à ouvrir ses archives d’État, soumises certes à dérogation, mais sources intarissables de fichiers militaires et policiers».

«Durant les années 1990, poursuit l’historien, l’éclatement du récit traditionnel avec le retour des chefs historiques Aït Ahmed, Ben Bella, feu Boudiaf..., relayé notamment dans les colonnes de la presse, a été pour beaucoup dans la remise en cause des faits historiques».

Cela étant, Stora cite deux témoignages phares ayant été à l’origine de l’accélération de l’écriture de l’histoire controversée de ces deux pays, à savoir l’aveu terrible de liquidation physique de Ben M’hidi par Aussaresse et l’exercice systématique de la torture, et la très polémique loi du 23 février louant du rôle positif du colonialisme et son discours de l’anti-repentance qui a installé, selon Stora, «une guerre mémorielle sur les champs français et algérien».

S’y ajoutent, d’après lui, «de nombreuses thèses de jeunes chercheurs qui ont relevé l’existence de 15.000 militaires opposés à la guerre et quelque 150.000 photographies». Sans oublier ces nombreux ouvrages à son actif.


trois grands courants

Pour sa part, l’historien Mohammed Harbi nous renvoie aux trois grands courants qui ont traversé l’Histoire contemporaine de l’Algérie. Le premier, «de type culturaliste, caractérisé par l’interrogation identitaire des Oulémas».

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M'barek El-Mili (1896-1955)

«Divisés en deux tendances, l’une moderniste avec à sa tête M’barek El Mili et Cheikh El Madani, l’autre de type autoritaire (croisade culturelle) à la vision excessive et simpliste prônée par El Ibrahimi et Ibn Badis».

Le second courant, «de type social incarné avant l’indépendance, en particulier par Ferhat Abbas qui a qualifié la colonisation de destruction de l’Algérie traditionnelle». S’y ajoutent après l’indépendance, selon Harbi, «les contestations contre les inégalités entre nations, l’impérialisme et les blocages infrastructurelles».

Le dernier courant politique reflète, d’après le conférencier, «la dynamique interne de la société algérienne qui croyait que si on est colonisé, c’est parce que la société avait des carences qu’un pays étranger est venu combler». Mais aussi, qu’on était gouverné par «un pouvoir non productif et autoritaire sous le règne de la caste ottomane».

La déduction du professeur Harbi, affirmant par la suite que «les secteurs liés à la colonisation sont ceux qui ont bénéficié de l’indépendance», a soulevé le courroux de nombreux présents, venus en grand nombre assister à ce débat historique. Pour Mohammed Harbi, «l'histoire a non seulement été mise au service de la légitimité des pouvoirs en place après l’indépendance, mais a ruiné les départements d’histoire de l’Algérie».

Il ajoutera que «la mise sous muselière de la liberté de parole et du débat contradictoire a fait que l’Histoire absout et condamne, fait et défait les héros. Alors que les médias et les acteurs politiques du moment ont fait de la dénonciation et de l’exclusion un attribut très fort dans cette société».

«Aucun pays ne peut se nourrir des ressentiments et des oppositions usées», dira-t-il enfin avant de revendiquer «l’examen serein du passé colonial et de cesser la mise sous haute surveillance de l’Histoire».

La Voix de l’Oranie
source

 

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Benjamin Stora, Mohammed Harbi

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18 avril 2009

conférence de Benjamin Stora et Mohammed Harbi à Alger

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Écrire l'histoire de l'Algérie contemporaine

conférence au Centre culturel d'Alger

le mardi 28 avril 2009



La guerre d'indépendance algérienne : usages de ce passé en France,
entre histoire et mémoire

par Benjamin Stora

Depuis une quinzaine d'années, la connaissance de la séquence "guerre d'indépendance algérienne" s'est considérablement développée en France, notamment à la suite de travaux universitaires portant, par exemple, sur les images de cette guerre, les refus d'obéissance ou l'activité politique des immigrés algériens.

Mais ce qui frappe, provoque l'interrogation, c'est que cette histoire savante n'arrive pas à freiner les usages abusifs du passé s'exprimant par la puissance des revendications mémorielles, quelquefois portées par des nostalgiques du temps colonial.

Qu'il s'agisse du passé lointain ou du passé proche, une série de débats se sont organisés autour des lois mémorielles, des conflits entre groupes porteurs de la mémoire de l'Algérie. Vingt ans après la rédaction de mon ouvrage, La gangrène et l'oubli, la mémoire de la guerre d'Algérie, cette communication présente les divers aspects de ces conflits qui affectent le statut du travail historique.

 


Connaissance de l'Algérie à l'épreuve de l'histoire contemporaine,

par Mohammed Harbi

Où en sommes-nous dans l'écriture de l'histoire contemporaine de l'Algérie ? Comment a été élaborée son historiographie ?
Comment mettre de l'ordre dans le "commerce des idées usagées" ? Que faire du passé colonial ? Comment affirmer et consolider l'émergence du métier d'historien ?

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Benjamin Stora est né à Constantine. Il est professeur d'histoire du Maghreb à l'université de Villetaneuse (Paris XIII). Il a publié une vingtaine d'ouvrages portant principalement sur l'histoire de l'Algérie contemporaine. Le dernier a pour titre : Les guerres sans fin. Un historien, la France et l'Algérie.

Mohammed Harbi a été maître de conférence en sociologie à l'université Paris VIII (Saint-Denis). Il est l'auteur de nombreux ouvrages de références sur l'histoire de la révolution algérienne.

modérateurs : Ouanassa Siari Tengour, maître de conférence à l'université Mentouri de Constantine, et Abdelmajid Merdaci, maître de conférence à l'université Mentouri de Constantine.

1675433897
Illiten (El Haad), 1959, source

lien
Centre culturel français à Alger (accès internet difficile, voire impossible...) : ccf-dz.com/

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