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études-coloniales

3 août 2017

l’OAS vue par Sylvie Thénault, par Jean Monneret

OAS graffitis

 

l’OAS, vue par Sylvie Thénault

Jean MONNERET

 

Dans la revue Annales [1], Madame S. Thénault a publié une assez longue étude sur l’OAS. Elle examine notamment, à travers les archives du Tribunal de l’Ordre Public, siégeant à Tizi-Ouzou, la composition de certains commandos et leur action à Alger au second trimestre de 1962.

Elle a retenu plusieurs groupes de dossiers, à ses yeux emblématiques, et, elle analyse plus particulièrement le parcours de quatre jeunes hommes ayant participé aux activités de l’organisation clandestine. Compte tenu du titre, très globalisant, de son étude : L’OAS à Alger en 1962, on pouvait s’attendre à une analyse approfondie. Elle nous a paru sommaire, parcellaire. Voici pourquoi.

 

Premier point : qu’est-ce que le terrorisme ?

Quand elle examine l’action de l’OAS, à Alger, en 1962, Madame Thénault recourt toujours à l’adjectif terroriste pour qualifier l’action de ses commandos de rue.

Par terroriste elle entend violent. C’est là une erreur d’analyse. Que l’OAS ait été une organisation violente, personne ne le conteste. Que toute action violente, menée dans une période de crise, puisse être tenue pour illégale peut se comprendre. Qu’elle soit tenue pour illégitime ou moralement condamnable est ouvert à la discussion. Nous allons l’entamer ici, sans amalgames, sans généralisations abusives et en évitant au maximum l’emploi de l’article défini pluriel «les». Nous aurons soin aussi de ne pas confondre les différentes phases historiques de l’activité de l’OAS.

Une remarque : si toute action violente et illégale - en période de crise s’entend - devait être qualifiée de terroriste et en être subséquemment condamnée, la plupart des activités de la Résistance en France occupée devraient être condamnées. Ce serait absurde.

C’est pourtant ce que faisaient les autorités d’Occupation et leurs collaborateurs. Les accusations de terrorisme qu’ils portaient contre les résistants résultaient de leur point de vue hostile à ceux qui les combattaient. Elles n’en étaient pas justifiées pour autant. Les accusations de terrorisme que Madame Thénault porte contre l’OAS ne font qu’exprimer son hostilité envers ladite organisation.

 

OAS veille Salan

 

Sont-elles pour autant injustifiées ? La réponse à cette question ne saurait être le fruit de condamnations à la va-vite ; elle implique une réflexion de fond. Ce qui différencie la résistance du terrorisme c’est la question des cibles visées.

La Résistance française n’a jamais visé des civils massivement et sans tenir compte de leurs responsabilités politiques ou administratives. Le FLN, lui, a constamment visé des civils pieds noirs et musulmans, massivement et sans tenir compte de leurs responsabilités individuelles. La communauté à laquelle ils appartenaient, pieds noirs chrétiens ou juifs, harkis, anciens combattants musulmans, garde-champêtres, messalistes était collectivement tenue pour coupable par les insurgés. Ceci correspond ou devrait correspondre peut-être à une certaine définition du crime de guerre. Mais c’est là un problème distinct...

Que le FLN ait souvent massacré globalement des Musulmans n’est plus à prouver (Nuit Rouge de la Soummam, massacre de Mélouza etc…) [2]. Parfois, il a visé des Musulmans parce qu’ils lui étaient collectivement hostiles ou plus hostiles que la moyenne, ou encore peu empressés à le servir.

Mais la question que nous avons à trancher ici ne concerne pas le FLN mais l’OAS.

L’OAS a-t-elle agi comme le FLN ? A-t-elle aussi tué massivement et aveuglément des civils ? On pourrait formuler la question autrement : L’OAS s’est-elle engagée dans une rivalité mimétique avec le FLN, telle que celles qu’a analysées le philosophe René Girard [3] ?

Il serait trop simple de répondre par oui ou par non. Voici ci-après ce que nous pouvons écrire. Nous le faisons en étant parfaitement conscient du risque de n’être pas compris comme de celui, moins important, d’être contesté.

 

Deuxième point : l’OAS fut-elle terroriste ?

Pour répondre valablement à la question ci-dessus, il convient de distinguer deux phases dans la vie de l’organisation clandestine. Durant une période qui s’étend de l’automne 1961 à la fin de février 1962, les actions de l’OAS restent relativement ciblées. Au-delà de cette période, et plus nettement après la proclamation des Accords d’Evian et du cessez-le-feu entre l’Armée française et le FLN, l’OAS s’affaiblit considérablement.

L’arrestation de ses chefs militaires les plus importants : Salan, Jouhaud, Degueldre et quelques autres, la prive de toute orientation tactique et stratégique claire. L’organisation clandestine devient une sorte de navire démâté qui continue sa course sur son erre avant de se fracasser sur les récifs.

 

Salan arrêté France-Soir   Salan arrêté L'Humanité
le général Salan est arrêté le 20 avril 1962 à Alger

 

première phase

Dans la première période, l’OAS est une organisation assez structurée qui gêne d’importance le Pouvoir et ses desseins. Toutefois, manquant d’appuis puissants dans l’Armée, dans la haute fonction publique et dans l’opinion métropolitaine, le rapport de forces lui est défavorable. Son espoir est que l’Armée française, profondément meurtrie par la politique gaulliste [4], bascule de son côté. Cet espoir ne s'est jamais matérialisé..

Les actions de l’OAS sont alors, outre la destruction de certains édifices et les opérations de propagande, l’élimination d’individus gênants ou hostiles. Sont visés : des représentants de l’Administration engagés dans la répression de ses activités clandestines, des officiers faisant de même, des représentants du gaullisme, les «barbouzes» de Lucien Bitterlin [5] (qui seront décimés) et naturellement les cadres et les militants du FLN.

L’élimination des adversaires se fait essentiellement par des «opérations ponctuelles», actes ciblés menés sur renseignement, à partir d’un ordre émanant d’une hiérarchie clandestine.

Nous savons bien qu’en écrivant ces lignes, nous susciterons l’indignation de certains lecteurs qui estimeront que présenter les attentats de l’OAS comme ciblés revient à enjoliver ses actes. Soyons clairs. Nous faisons un travail historique. Ce travail fait apparaître deux périodes dans la vie de l’OAS. Dans la première, celle-ci mène des opérations relativement ciblées.

D’aucuns s’indigneront et diront que parler d’attentats ciblés est une manière de les justifier. Certainement pas !

1) D’abord, nous allons voir qu’il y a des exceptions : tous les actes ne visent pas des cibles précises. C’est pourquoi, au début de ce passage, nous avons écrit : «relativement ciblés».

2) Nous n’avons jamais défendu l’OAS ; il n’est que de lire nos livres pour s’en persuader. Ce serait tomber dans un piège : celui de la complaisance envers certains acteurs du conflit.

Nous avons toujours pensé, au contraire, que décrire les choses telles qu’elles se sont passées est la meilleure façon d’atteindre la vérité. La vérité est le meilleur moyen d’atteindre la justice pour ceux qui furent les victimes de ce conflit.

 

seconde phase

Donc, dans une seconde phase qui s’étend grosso modo du 19 mars à la fin du mois de juin 1962, l’organisation agit d’une manière plus désordonnée et confuse, sans véritable stratégie. Les actions ponctuelles ciblées reculent, ce qui ne signifie pas qu’il n’y en a plus. En revanche, on voit se multiplier les attentats collectifs ; les mitraillages d’intimidation, donc non-ciblés.

Avec le temps, en mai et juin notamment, les commandos affaiblis et déstructurés agissent à l’aveugle, de plus en plus. On regrettera que Madame Thénault ne fasse guère de distinction entre ces deux périodes. Tout au plus note-t-elle que «les commandos Delta acquirent une totale liberté après l’arrestation de leur chef, Roger Degueldre» (p. 982). Mais elle n’en tire aucune conclusion.

En omettant de souligner la césure qui existe dans l’histoire de l’OAS entre la première période et les trois derniers mois de son existence, notamment en mai 1962. L’historienne établit une perspective faussée. C’est le principal défaut de son étude. D’autant que, pour elle, attentat non ciblé signifie attentat touchant au hasard un musulman quelconque.

Il eût fallu souligner aussi que dans l’abondante littérature diffusée par ce mouvement, il y a des références constantes à l’esprit du 13 mai 1958 et à la fraternisation entre Européens et Musulmans. L’organisation combat le FLN, elle ne considère pas la masse musulmane comme ennemie. L’objectif est au contraire de la rallier.

Jusqu’au moment de son arrestation, le général Salan rechercha l’alliance avec des Musulmans, notamment les Messalistes. L’implantation de maquis dans l’Ouarsenis témoigne encore de ce souci. La véritable déconfiture qui marque l’issue de cet épisode n’enlève rien au fait qu’il illustre le désir des dirigeants clandestins d’avoir des appuis chez les Musulmans.

Il est important aussi de distinguer l’avant et l’après dix-neuf mars dans l’évolution de l’OAS. Toutefois cette indispensable distinction doit être assortie de nuances. Il faut tenir compte de certaines zones grises.

 

Troisième point : les zones grises en Histoire.

En Histoire, il est rare que les choses soient monocolores. Répétons-le : après le cessez-le-feu du 19 mars entre le FLN et l’Armée française, l’action de l’OAS perd en cohérence ; les attentats furent de moins en moins ciblés.

Mais, une nuance s'impose : des attentats non-ciblés se sont produits, aussi, avant le 19  mars : trois semaines avant les Accords d’Évian ; les 26 et 27 février 1962. Nous avons signalé la chose dans notre livre La Phase finale de la Guerre d’Algérie. Notre collègue, Olivier Dard, dans son ouvrage Voyage au cœur de l’OAS [6] y a consacré de nombreuses pages (voir p. 185 et suivantes de son op. cit).

Sylvie Thénault connaît ce livre, elle le mentionne, mais n’en tient guère compte. Son contenu contredit ses thèses. Or, Olivier Dard fait référence à des points capitaux. Ainsi, l’action des 26 et 27 février inquiète, et au plus haut point, les dirigeants militaires clandestins. Ce jour-là, des militants de l’OAS [7] ont ouvert aveuglément le feu sur des Musulmans, passant en plein centre d’Alger, rue Meissonnier. Cet acte est immédiatement condamné par le responsable OAS du Grand Alger, le colonel Vaudrey.

 

colonel Roland Vaudrey
colonel Roland Vaudrey

 

Celui-ci publie un communiqué très ferme condamnant cet attentat. L’OAS, affirme-t-il, «respecte et défend les Musulmans comme les Européens» (Dard, p. 186 op. cit.) et il ajoute : …L’OAS … «ne se livre pas au terrorisme aveugle contrairement au FLN». Et encore : «…ce commandement [de l’OAS] se doit de condamner, d’interdire et de combattre sans délais et par tous les moyens, des actions qui ne peuvent que nuire de la façon la plus certaine et la plus grave à la cause qui est l’objet de notre combat».

Le général Gardy, autre dirigeant clandestin, demande de son côté à Jean-Claude Pérez, responsable des opérations de commandos de prendre toutes mesures nécessaires pour éviter le retour de ces actes. L’ouvrage d’Olivier Dard étant basé sur les documents internes de l’OAS [8] permet de suivre, au jour le jour, le développement de cette crise. Il est hors de doute que les dirigeants militaires de l’OAS sont hostiles, et même, vent debout contre les attentats des 26 et 27 février. On ne peut négliger cet élément [9].

Il illustre l’apparition d’un conflit des plus nets entre les militaires et les civils dans le commandement de l’organisation. Or, le Docteur Pérez, responsable des commandos, refuse de se plier aux injonctions des militaires. Il va assumer, non sans aplomb, la responsabilité de l’action des 26 et 27 février. Il s’en est expliqué dans divers livres [10] et dans de longs entretiens enregistrés (au CDHA à Aix-en-Provence).

 

Jean-Claude Pérez couv

 

Le Docteur, chef de l’ORO et du BAO [11], à l’intérieur de l’Organisation, est persuadé que les forces françaises anti-OAS reçoivent des renseignements du FLN. Ce dernier les recueille auprès de Musulmans employés de maison ou de commerce qui travaillent en zone européenne. Il semble que les attentats du type de ceux de la rue Meissonnier, attentats non-ciblés, ont pour but de collectivement dissuader les Musulmans de pénétrer en zone européenne. Le but tactique est de tarir cette source de renseignements. La méthode est évidemment épouvantable.

Après l’accord du 19 mars qui bouleverse les conditions de leur combat, certains chefs civils de l’OAS pensent aussi que des heurts frontaux avec le FLN détourneraient la pression que les forces de gendarmerie exercent sur leurs militants. L’espoir de casser ainsi l’engrenage fatal qui les broie, les pousse à engager une stratégie de la tension. L’idée est que le FLN pourrait ainsi se laisser entraîner à violer le cessez-le-feu, ce qui provoquerait en retour le basculement des troupes françaises vers l’OAS [12]. Les dirigeants militaires s’opposent à cette démarche.

Ont-ils les moyens de s’y opposer ? Il s’agit d’une «inflexion importante pour ne pas dire un tournant dans le rapport de l’OAS à la violence et à l’État», dit Olivier Dard (op. cit. p. 188) qui ajoute «qu’elle est imposée sur le terrain par le patron de l’ORO (Jean-Claude Pérez)». (ibidem p. 188)

Il en a été ainsi d’autant plus que nombre de dirigeants militaires de l’OAS sont arrêtés les uns après les autres, entre le 25 mars et le 22 avril. Parmi eux, les plus élevés Jouhaud, Salan, Degueldre. Au lendemain de l’arrestation du général Salan, un immense exode des Européens d’Algérie débute. L’arrestation du chef de l’OAS incite nombre d’entre eux à fuir leur pays parce qu’ils ne croient plus à la possibilité pour l’Organisation de vaincre.

Les clandestins ne peuvent empêcher ces départs. Les partisans et les militants de l’OAS en sont réduits à un dramatique «baroud d’honneur», lequel, en la circonstance, fut horriblement tragique. Des actions spectaculaires se produisent toujours mais l’isolement politique des partisans de l’Algérie française grandit. Les attentats restent fréquents. Tous ne sont pas aveugles, mais la proportion des attaques non ciblées grandit. Des mitraillages sont de plus en plus signalés dans la presse de l’époque et dans les archives militaires [1 H 1786 Application du cessez-le-feu].

L’absence des dirigeants militaires, l’affaiblissement des réseaux clandestins, le désarroi et la fuite de la population conduiront ultérieurement les responsables [13] clandestins à un simulacre de négociation avec le FLN. En métropole, les média mènent une vaste campagne de diabolisation de l’OAS qui marque les esprits.

 

Quatrième point : les dossiers de justice et le livre de P-D. Giacomoni

La source la plus importante de l’article de Madame Thénault est constituée par les archives du Tribunal de l’Ordre Public de Tizi-Ouzou. Or, cette institution fut créée - ô coïncidence - le 19 mars 1962. Elle jugea des centaines de militants de l’OAS, dont de nombreux membres des commandos. Les actes commis par eux se situent quasi exclusivement dans la période que nous venons de signaler, où l’organisation clandestine avait perdu ses chefs militaires. Elle avait perdu également toute orientation stratégique. Les commandos jouissaient  d’une autonomie fort large.

 

Tribunal Ordre public Tizi-Ouzou

 

Nombre des attentats commis en ce temps-là, furent des actes de plus en plus erratiques. L’historienne ne l’ignore pas, mais elle semble penser que l'Organisation a toujours fonctionné ainsi. On s'en aperçoit dès lors qu'elle tente d’analyser les motivations des gens dont elle lit les dossiers judiciaires. La légèreté de ces documents alimentés par des investigations rapides ne lui échappe pas. «La maigreur des dossiers», écrit-elle, «incite à la méfiance». Sage remarque qui aurait dû la guider davantage.

Les gens interrogés et lourdement condamnés invoquent naturellement comme mobile leur attachement à l’Algérie française. Bien entendu, on trouve aussi dans les raisons données pour justifier leur comportement, l’hostilité au FLN et les traumatismes engendrés par les attentats commis par les indépendantistes. Mais Madame Thénault décèle aussi chez certains «une haine du musulman» (p. 988). Les cas cités peuvent paraître peu concluants : rancœur d’un européen qui s’est vu préférer un musulman pour un emploi, sentiment d’isolement d’un autre en quartier majoritairement autochtone…

Il est vrai qu'en d’autres cas, elle relève quelques expressions crues qui alimentent sa conviction. Le tout peut paraître néanmoins assez circonstanciel. On nous permettra aussi de rester très réservé lorsque l’historienne écrit cette phrase : «La «haine du musulman» se lit aussi en creux comme une condition du passage à l’acte…» (p. 989). Elle cite à l’appui une déclaration de P-D. Giacomoni, ex-commando Delta et auteur d’un livre sur lequel nous reviendrons. La lecture "en creux"  correspond-elle à la méthode historique?  Ne peut-elle plutôt conduire au subjectivisme?

Car, l’historienne semble également persuadée que les violences commises alors par de jeunes activistes de l’OAS ont toutes un point commun: elles  frappent des musulmans aveuglément, au hasard (p. 980, 981, 988, 989, 991, 996, 998). Elle écrit même (p. 1000) : «Tous les Algériens étaient visés». N'y a-t-il pas là une généralisation abusive?

Nous tenons pour affirmé que l'OAS avait évolué dans cette période vers une déstructuration et un affaiblissement considérables de ses organes dirigeants. Il est clair que, dans nombre de cas, ses attentats sont devenus collectifs. L’impression domine que les actions commises à la mitraillette ou au P.M. ne sont pas ciblées. Mais comment affirmer que c'est la règle générale ? Dans les dossiers de justice que nous avons consultés, nous aussi, les indications de ce type restent en effet incertaines. Madame Thénault ne l’ignore pas et elle signale, elle-même, que ce genre de chose n’apparaît qu’exceptionnellement «dans le cadre formalisé des auditions policières ou judiciaires» (p. 988). Raison de plus pour être prudent.

En effet, dans cette période de trouble et de confusion énormes, distinguer les actions ciblées et celles qui ne l’étaient pas était bien difficile. On peut toujours rétrospectivement décréter qu’elles étaient toutes aveugles et inspirées par le racisme antimusulman. N'est-ce pas un peu rapide ?

L’historienne sent pourtant l’inconfort d’une telle analyse qu’elle s’efforce de nuancer mais insuffisamment. Elle admet, par exemple, «l’existence d’une zone grise entre membres et non-membres de l’organisation, brouillant la limite entre ceux qui y appartenaient et ceux qui n’en faisaient pas partie». Ceci devrait conduire à rappeler l’intervention d’éléments incontrôlés, du type lumpenprolétariat, pour ne pas dire pègre, susceptibles de répondre à bien des manipulations. Un phénomène semblable ne se produisit-il pas, au même moment dans les rangs du FLN, à Alger comme à Oran ? [14]

Cette considération devrait conduire Sylvie Thénault à nuancer ses analyses. Elle affirme au contraire à propos de ceux qui ne faisaient pas partie de ladite organisation : «Ils ont tous en commun, néanmoins, le fait d’avoir agi pour l’OAS et d’en avoir été, à des degrés et sous des formes diverses les agents» (p. 985).

C’est faire bon marché, dans une période plus sombre que grise, de toute la complexité et de toutes les interférences qui jouèrent. Il ne s'agit pas de minimiser les responsabilités de quiconque, ni la gravité de certains actes mais présenter l'OAS d'avril, mai, juin 1962 comme un mouvement cohérent poursuivant des objectifs définis ne correspond pas à la réalité. Les témoins, les archives comme la presse de l'époque y ont vu, à juste titre, un bateau ivre. Mme Thénault a négligé cette perspective. À tort selon nous. De ce fait, le titre de son article: L'OAS à Alger en 1962 est trop vaste.

Que la haine du musulman, avec tout ce que cela implique, soit en outre brandie ou suggérée, à plusieurs reprises, comme cause explicative, nous paraît sans nuances. Que divers militants de cette époque n’aient pas craint d’expliquer ainsi leurs intentions et leurs motifs est une réalité navrante. Force est de constater pourtant que les dossiers du TOP de Tizi-Ouzou ne fournissent sur ce point que des indications parcellaires.

 

Giacomoni couv

 

Nous trouvons en outre contestable la décision de Sylvie Thénault de s’appuyer, aussi, pour sa démonstration sur le livre de P-D. Giacomoni J’ai tué pour rien. Elle le décrit pourtant comme un récit «très romancé» (p. 989).

P-D. Giacomoni fait souvent allusion dans cette chronique à ses succès féminins, dus sans doute à un physique avantageux qui lui permit de faire plus tard un peu de cinéma. Mais son livre n’est qu’un témoignage hasardeux où l’on peut lire (p. 299) des expressions du genre : «Le temps des exécutions sur ordre est terminé. L’heure des crimes gratuits vient de sonner». On en imagine facilement l’exploitation possible. (L’auteur de cet ouvrage étant décédé assez récemment, je n’en dirai pas davantage).

Jean Monneret

 

OAS veille

 

[1] Annales, n° 5, sept.oct 2008. Diffusion Armand Colin. [en ligne]

[2] Nuit Rouge de la Soummam. Exactions commises en avril 1956 par le FLN contre des villages berbères situés sur les hauteurs d’Amizour en vallée de la Soummam.

Mélouza : massacre perpétré par le FLN contre la population des Beni-Ilmane dans la nuit du 28 juin 1957. Tous les hommes du douar furent assassinés.

[3] Voir son livre La Violence et le Sacré.

[4] En octobre 1960, le général De Gaulle évoqué une république algérienne à venir. Les cadres de l’Armée ne voyaient plus alors la nécessité de sacrifier des hommes puisque la défense du territoire national avait cessé d’être le but des combats.

[5] Chef d’un groupe de supplétifs anti-OAS recrutés dans les milieux gaullistes et financés par la Délégation Générale en Algérie ayant M. Morin à sa tête. Les commandos Delta les réduisirent. Voir notre livre La Phase Finale de la Guerre d’Algérie, p. 43.

[6] Olivier Dard, Voyage au cœur de l’OAS. Ed. Perrin.

[7] Un certain Jésus de Bab-el-Oued sera mis en cause. Voir Olivier Dard, op. cit. p. 186.

[8] Jean-Jacques Susini lui a remis ses archives.

[9] Ainsi par exemple le colonel Godard, autre dirigeant clandestin manifestera une hostilité intransigeante à toute action aveugle contre les Musulmans. Dans le jargon militaire de l’époque, il décrit les mitraillages de dissuasion ainsi : «Quant à Pérez (chef des commandos), je constate que son action contre des Musulmans qui sont dégroupés blind est notre propre condamnation». Olivier Dard, op. cit., p. 229 (Dégroupés blind =mitraillés aveuglément).

[10] Comme Vérités tentaculaires sur l’Algérie, Ed. Jean Curutchet.

[11] ORO : Organisation de Renseignements et d’Opérations. BAO : Bureau d’Action et d’Opérations.

[12] Le FLN déjouera cette manœuvre en recourant à une forme nouvelle (pour lui) de terrorisme : les enlèvements. 3 018 pieds noirs seront ainsi kidnappés (Jean de Broglie au Sénat, 24 novembre 1964).

[13] Jean-Jacques Susini, mais pas Jean-Claude Pérez.

[14] Voir les analyses de Mohammed Harbi concernant le rôle de «La plèbe».

 

 

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16 juillet 2017

Kamel Beniaiche : "Sétif, La Fosse Commune" (2016), compte rendu par Roger Vétillard

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Kamel Beniaiche : Sétif, La Fosse Commune

(éd. El Ibriz, Alger 2016)

compte rendu par Roger Vétillard

 

 

Les événements de mai 1945 à Sétif continuent d’être l’objet de publications. Bien souvent ces ouvrages ne font que répéter des légendes ou des écrits cent fois relatés. Le livre que nous livre Kamel Beniaïche, journaliste d’El Watan, né à Sétif n’est pas de ceux-là. Il donne la parole à une cinquantaine de témoins, qui livrent leurs souvenirs de cette période. On s’attend à la révélation de détails inédits.

Souvenirs issus d’une mémoire qui a traversé plus de sept décennies, et qu’évidemment il ne faut pas prendre comme autant de vérités intangibles, mais qui traduit un vécu douloureux. Et jusqu’à présent, aucun auteur n’avait à ce point réuni autant de déclarations d’une population qui a bien souffert en cette période si agitée et difficile.

 

inexactitudes

Il existe dans ce livre plusieurs inexactitudes, fruits de l’imagination et de la mémoire infidèle des témoins souvent nonagénaires. Ce n’est pas scandaleux que des contre-vérités soient proférées sept décennies plus tard, mais quand ces erreurs touchent à la probité d’un homme, elles ne doivent pas être ignorées.

C’est ainsi qu’à la page 111, un homme accuse le Dr Note de Sétif d’avoir fait de la chasse à l’indigène un jeu et d’avoir tué depuis une crête tout ce qui pouvait ressembler à un autochtone.

Or la vérité nous oblige à dire que le docteur Note en 1945 était mobilisé en tant que médecin en France, à l’hôpital militaire de Belfort dans le cadre de la Seconde Guerre mondiale et ne résidait pas à Sétif à cette époque. Il est libéré en septembre 1945, et devient chef de clinique à l’hôpital Mustapha d’Alger en octobre 1945 dans le service du Pr Duboucher. Il n’est arrivé à Sétif qu’en 1946, où il a exercé à l’hôpital régional pendant deux ans avant de s’installer en libéral dans une clinique qu’il va fonder. Tout cela est vérifié sur le livret militaire et dans les archives de l’hôpital algérois. Le docteur Note ne pouvait être à Tichy ou dans ses environs en mai 1945. De même, l’assertion de ce témoin qui accuse le receveur des Postes de Kerrata d’avoir tué un enfant…

 

autocar rue de Constantine à Sétif années 1950
autocar, rue de Constantine à Sétif, années 1950

 

Autre inexactitude : le car Deschanel qui arrive à Kerrata vers 16 heures est parti de Sétif avant 9 heures ; les voyageurs ne peuvent donc pas informer les locaux des évènements de Sétif (p. 141). Le même témoin qui n’est pas à une version près a affirmé quelques années plus tôt que c’est l’impact des balles sur la carrosserie du car qui était pour lui le signal attendu de l’insurrection [1]. Ad impossibilia nemo tenetur

Un autre témoignage erroné à la page 194, explique qu’un Européen de Bordj Bou Arreridj, membre de la milice de la ville pratiquait la chasse aux indigènes, et qu’il fut tué en 1956 parce qu’il était membre de la Main Rouge. D’une part, il n’y a pas eu de milice à Bordj Bou Arreridj en 1945, même les historiens algériens en conviennent, mais surtout La Main Rouge fut une organisation fictive créée par les agents du Service Action du SDECE pour couvrir des activités de sabotage ou d'homicides ciblés. Elle sera accusée de tous les méfaits et est probablement intervenue au Maroc en 1956, et peut-être en Algérie à partir de 1958.

Certains témoignages sont peu vraisemblables. Ainsi à la page 215, il est rapporté qu’un élève de 3e M du collège de Sétif, trésorier de la cellule du PPA, incarcéré en mai 1945 pour avoir participé à la manifestation du 8 mai 1945, n’est pas autorisé à poursuivre ses études à sa libération quelques mois plus tard Mais il fait dès lors carrière dans l’administration en étant d’abord instituteur dans la région de Kerrata (curieux pour un élève qui était en 3e), puis chef de bureau à la gare des Chemins de Fer Algériens de Bordj Bou Arréridj.

 

le projet d’insurrection du PPA

Le livre ignore un fait désormais avéré : le projet d’insurrection que le PPA voulait organiser. Les révélations d’Annie Rey-Golzeiguer, de Mohammed Harbi, de Djanina Messali, de Roger Benmebarek, de Chawki Mostefaï et celles du signataire de ces lignes, concordent pour confirmer cela.

Le projet de soulèvement existait, les dates du 15 ou du 22 mai étaient prévues, les responsables du PPA étaient informés, mais les incidents de Sétif ont été interprétés faussement comme le signal de l’insurrection. Et si Messali Hadj a été envoyé à Brazzaville, c’est parce que les responsables du PPA dont Lamine Debaghine imaginaient de le faire évader de Reibell où il était en résidence surveillée pour en faire un président du Gouvernement Provisoire de l’Algérie. L’évasion a échoué et le gouvernement devait siéger à la Dar Maïza au nord-est de Sétif.

Quand plusieurs parlent, notamment à la page 227, de «déluge de bombes», il faut rappeler que l’aviation française ne disposait que de peu d’armes, et que les aviateurs que j’ai pu rencontrer rappellent qu’ils ne possédaient pas de bombes. Les archives britanniques confirment que les autorités françaises ont sollicité l’armée anglaise pour en obtenir, mais elles se sont vues opposer un refus.

Charles Tillon était certes ministre de l’Air dans le gouvernement de De Gaulle en 1945. Ses compétences étaient limitées au secteur civil. Il n’avait aucune autorité sur l’Armée de l’air. Il ne peut donc, comme il est dit dans cet ouvrage, être rendu responsable des actions de ce corps d’armée en Algérie. Et il n’avait aucune autorité sur les généraux de l’armée de l’air ; il n’a pas pu sanctionner un général comme il est dit p 238. Charles Tillon lui-même a confirmé qu’il était, comme ses collègues communistes, «évincé des lieux où s'exerçait le véritable pouvoir.»

Il est impossible de revenir sur toutes ces révélations, mais on peut en retirer certaines confirmations : ainsi, à Saint-Arnaud, les manifestants du 8 mai parlent sans retenue des armes en possession des encadreurs («la section du PPA disposait de quelques armes et d’une mitraillette qu’un responsable portait sous son burnous pendant la manifestation» [2]), l’assassinat à la porte de Biskra à Sétif, au marché aux bestiaux le matin du 8 mai d’un Européen (p 104) : s’agit-il de Gaston Gourlier, dont j’ai pu établir qu’il avait été le premier mort de cette journée dans la capitale des hauts-plateaux [3], ou de monsieur Clarisse ? Plus loin un témoin confirme qu’il pensait que le Djihad avait été déclaré.

Un chapitre est consacré à la cécité de la presse. Il ne faut pas négliger le fait que la guerre n’était pas complètement terminée. Certes la reddition de l’Allemagne était actée, mais des combats se poursuivaient dans le Nord de la France et dans diverses poches en Allemagne. La censure était présente, comme c’est habituel en temps de guerre, et si les journaux de Sétif n’ont parlé de ces événements qu’une semaine plus tard, c’est qu’ils ont été interdits de parution. D’autre part à cette époque, les moyens de la presse en particulier en Algérie, mais aussi en France, étaient très limités, les journalistes actifs peu nombreux. Beaucoup de professionnels étaient mobilisés.

 

Ferhat Abbas
Ferhat Abbas

 

Le chapitre consacré à Ferhat Abbas est instructif. Il confirme en tous points l’analyse que j’ai faite à son sujet. Abbas ne fut pas compromis dans la genèse des évènements du mai 1945.

On retrouve également les témoignages des exactions des troupes africaines dans la région de Lafayette (Bougâa) qui ont laissé un souvenir bien pénible dans la mémoire des pauvres gens de la région, à tel point que pour beaucoup d’entre eux encore l’année 1945 reste «l’année des Sénégalais» [4], comme plusieurs personnes ont pu me le dire.

Il faut également noter que l’épidémie de typhus qui a sévi à cette époque dans la région a été à l’origine de nombreux décès ; cet épisode est souvent oublié par la plupart des auteurs. Je rappelle que je suis un des seuls à avoir évoqué son importance.

Autre affirmation importante : celle d’Houria Belkhired, épouse de Si Hacen, chef scout en 1945, qui se réfugie à Paris le 7 mai pour ne pas participer à la marche du 8 mai sur les conseils de Ferhat Abbas, flairant, dit-elle la conspiration. Ce qui prouve que des heurts étaient envisagés p224. Il faut rappeler que la plupart des hauts responsables du PPA n’étaient pas présents parmi les manifestants. Peu ont été victimes ou arrêtés.

Ce livre est en quelque sorte un complément à celui de Maurice Villard [5] qui évoquait ces journées dramatiques en s’appuyant sur les témoignages de 80 Européens de la région. Il faudra désormais que les historiens dans le souci de s’informer acceptent de se reporter également à ces deux ouvrages. Certes on sait que des témoignages recueillis des décennies après les événements concernés ne sont pas l’exact reflet des faits étudiés, mais leur confrontation ne peut que faciliter la recherche d’une certaine réalité.

Roger Vétillard

 

[2] p. 159 et 161.

[3] Roger Vétillard, Sétif, Guelma, mai1945, éd. de Paris, 2011.

[4] Op. cit p. 154.

[5] Maurice Villard, Les massacres du 8 mai 1945. Sétif-Guelma, Am. des Hauts Plateaux éd., Béziers, 2010.

 

Kamel Beniaiche portrait
       Kamel Beniaiche

 

 

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24 juin 2017

Maroc 1908, quatre photos légendées par un aide-major de Sidi-Mohammed-ou-Berkan

l'aide-major
l'aide-major

 

 

Maroc 1908, quatre photos

légendées par un aide-major de

l'infirmerie-ambulance de Sidi-Mohammed-ou-Berkan

 

Ces quatre photos nous ont été confiées par Philippe Velin (Guainville, Eure-et-Loir). Nous les publions puis confions les originaux au Centre des Archives d'Outre-Mer à Aix-en-Provence.

Elles présentent l'intérêt d'être légendées au verso par un médecin aide-major, présent sur trois photos mais dont nous ignorons le nom.

Les lieux représentés sont situés à la frontière algéro-marocaine, dans la région de Berkane et de Tafoughalt (orthographié Tafouralt à l'époque). Le poste militaire portait le nom de Sidi-Mohammed-ou-Berkane.

Les dates mentionnées (janvier et février 1908) s'inscrivent dans la période des "événements de la frontière algéro-marocaine" qui ont débuté à l'automne 1907.

 

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Maroc 1908 (1)
entre Aïn Taforalt (Tafoughalt) et la zaouïa d'Aounout, janvier 1908

 

Maroc 1908 (5)
verso de la photo ci-dessus


Un coin du chemin qui conduit d'Aïn-Taforalt à la zouïa d'Aounout. Est-ce vert et frais ?

Dans le creux du chemin, un sous-lieutenant du Tirailleurs indigènes et un Tirailleur infirmier.

La photo a été prise vers le 20 janvier 1908.

 

commentaire : la légende inscrite au verso identifie les deux personnages au premier plan ; elle ne dit rien du militaire au-dessus.

 

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Maroc 1908 (2)
oued Berkou, 10 février 1908

 

Maroc 1908 (6)
verso de la photo ci-dessus

 

Au bain dans l'oued ou Berkan le 10 février 1908.

Monestier, l'officier d'administration gestionnaire de l'ambulance de la colonne Branlière (rentré à Marnia depuis).

Duval, aide-major de 1ère classe à la Légion, et votre serviteur.

N'avons-nous pas l'air de gras et bons bourgeois ?

 

 

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Maroc 1908 (3)
personnel de l'infirmerie-ambulance de Sidi-Mohammed-ou-Berkan, février 1908

 

Maroc 1908 (7)
verso de la photo ci-dessus

 

Le personnel de l'infirmerie-ambulance de Sidi-Mohammed-ou-Berkan (Maroc).

Au milieu, décoré, M. Villary, médecin-major de 1ère classe, ancien médecin-chef de l'ambulance de campagne de la colonne Branlière.

Puis M. Mellot, médecin-major de 2e classe, mon médecin-chef actuel (infirmerie, ambulance du camp).

Puis le sergent Asseu.

Puis l'aide-major Duval de la Légion.

Assis, un aide-major barbu que vous connaissez. [c'est-à-dire l'auteur de ces lignes]

Sur la gauche, debout le caporal Rüdiger qui vient d'être nommé sergent et, à côté de lui, raide comme un piquet, le fidèle El Houaed, mon ordonnance, "soldat de première classe au premier régiment de Tirailleurs".

Février 1908.

 

 

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Maroc 1908 (4)
la source Aïn Aoulout, à quatre kilomètres du camp de Sidi-Mohammed-ou-Berkan

 

Maroc 1908 (8)
verso de la photo ci-dessus

 

La source S. Aoulout. Ce qui manque, c'est la couleur. Une eau profonde, limpide et bleue, la terre rouge et la verdure ! Puis le reflet d'un gros barbeau "marabout" (les poissons de cette source sont sucrés).

Au premier plan, le cheval de l'opérateur, mon médecin-chef.

Plus loin le mien, celui que je liquide [?] en ce moment. Je cause avec un sergent de Tirailleurs.

Cette source est à 4 kilomètres de Sidi-Mohammed-ou-Berkan.

 

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images complémentaires

 

zaouïa Aounond
zaouïa d'Aounoud (ou Aounout)

 

zaouïa Aounout
zaouïa d'Aounoud (ou Aounout)

 

cpa Taforalt (2)
carte postale du camp d'Aïn-Taforalt, envoyée par un militaire
du camp de Sidi-Mohammed-ou-Berkan en juin 1908


cpa Taforalt (1)
carte postale du camp d'Aïn-Taforalt, envoyée par un militaire
du camp de Sidi-Mohammed-ou-Berkan en juillet 1908

 

SI-Mohamed-ou-Berkane
Sidi-Mohamed-ou-Berkane

 

source Aïn-Aoulout
la source d'Aïn-Aoulout

 

frontière algéro-marocaine maps
frontière algéro-marocaine nord-est

 

Aounout et Tafoughalt carte
Aounout et Tafoughalt

 

transcription, enquête,
recherche iconographique
Michel Renard

 

* voir aussi : Maroc 1908, photos et cartes postales écrites par le médecin-major Blanc

 

 

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26 mai 2017

Algérie, l'histoire à l'endroit, de Bernard Lugan (Roger Vétillard)

Algérie Lugan couv

 

 

une histoire de l'Algérie sans légendes

un livre de Bernard Lugan

 

L’africaniste Bernard Lugan s’intéresse ici à l’histoire officielle de l’Algérie. Il y décèle beaucoup de légendes et d’inexactitudes. Il en fait un inventaire très argumenté et précis. Tout au long des dix études qu’il mène en autant de chapitres, il explique clairement les raisons qui l’ont fait exposer ses analyses.

Au fil des pages, on se souvient que le peuple algérien, en dépit des affirmations de ses responsables, est avant tout berbère. Génétiquement, démographiquement l’imprégnation arabe est très marginale. Pourtant les revendications «berbérisques» furent toujours présentées en Algérie comme une conspiration séparatiste dirigée contre l’Islam et la langue arabe.

 

islamisation

En fait, à travers la religion musulmane, l’identification aux peuples issus de la péninsule moyen-orientale a été imposée et a finalement été plus ou moins acceptée. Et l’islamisation succéda à la christianisation qui était pourtant jusqu’au VIe siècle un fait important dans ces régions où il existait, dans l’actuel Maghreb, plus de 900 diocèses, dont près de la moitié avaient une référence donatiste.

Si l’islam a ainsi pu s’imposer en moins de deux siècles à la Chrétienté, c’est en partie à cause des querelles religieuses et sociales du monde berbéro-romano-chrétien et à la conversion imposée par les nouveaux colons arrivés du Moyen-Orient.

Et puis, l’Algérie n’a pas été créée avant que la France décide d’en faire un pays. Les «principautés» de Bougie et de Tlemcen n’eurent d’existences qu’éphémères, elles furent souvent plus ou moins soumises à l’influence du Maroc ou de Tunis, puis à l’administration ottomane. Les différentes révoltes au moment de la présence turque ne peuvent, pour Lugan, être considérées comme des mouvements pré-nationaux.

À aucun moment, elles ne menacèrent le pouvoir ottoman. En fait, les menaces européennes, voire marocaines et tunisiennes entrainèrent une mainmise ferme des Turcs sur la Régence d’Alger, notamment parce que cette dernière affirmait protéger le caractère musulman de ces contrées. La tempête qui décima en 1541 la flotte de Charles Quint en rade d’Alger fut considérée comme une intervention divine et conforta cette assertion.

 

la résistance d’Abd el-Kader

Ailleurs, l’auteur montre que la résistance d’Abd el-Kader n’a concerné qu’une partie de l’actuelle Algérie, tout comme celle de Mokrani en 1871 ne fut qu’un soulèvement des zones berbérophones. Il met à mal les légendes et contre-vérités qui s’attachent en Algérie, et même en France, au soulèvement de Mai 1945 dans l’Est algérien, à Guelma et Sétif. Il s’oppose à celles qui présentent le soulèvement de novembre 1954 comme celui de tout un peuple uni dans la lutte contre la puissance coloniale. Il confirme que l’armée française n’a pas été vaincue par le FLN, mais que c’est la volonté politique des gouvernants de la France qui a permis l’indépendance de l’Algérie.

Quant au 17 octobre 1961 à Paris, là où des gens comme Jean-Luc Einaudi et les auteurs britanniques Jim House et Neil Master évoquent plus de 100 morts parmi les manifestants sollicités par le FLN, il établit en s’appuyant sur les enquêtes rigoureuses d’historiens come Jean-Paul Brunet ou celles des rapports diligentés par le gouvernement de Lionel Jospin (Rapports Mandelkern et Géronimi) que le nombre de morts de cette journée est faible voire quasiment inexistant.

Et enfin, comme l’a démontré Daniel Lefeuvre, et confirmé Jacques Marseille, «la France a plutôt secouru l’Algérie qu’elle ne l’a exploitée».

En 132 années de présence, elle a créé ce pays, l’a unifié, lui a offert un Sahara qu’elle n’avait jamais possédé, a drainé ses marécages, bonifié ses terres, soigné sa population qui a ainsi pu se multiplier.

C’est un travail de synthèse remarquable, auquel on peut reprocher certains manques concernant par exemple le poids des préceptes musulmans dans la guerre d’Algérie et dans la société d’aujourd’hui, mais qui permet à chaque lecteur intéressé par l’histoire de ce pays, de trouver des arguments pas souvent convoqués pour éclairer ou contredire certains moments et certaines affirmations présentées comme des consensus qui ne concernent pas les historiens rigoureux. Ce livre devrait permettre de revenir aux débats, mais beaucoup ne le souhaiteront peut-être pas.

Roger Vétillard

 

Bernard Lugan, Algérie, l’histoire à l’endroit, éd., Panissières, 243p, 2017, 25 €.
ISBN 2-916393-83-8

 

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Algérie Lugan couv

 

Présentation par l'éditeur

Depuis 1962, l’écriture officielle de l’histoire algérienne s’est appuyée sur un triple postulat :

- celui de l’arabité du pays nie sa composante berbère ou la relègue à un rang subalterne, coupant de ce fait, l’arbre algérien de ses racines. 

- celui d’une Algérie préexistant à sa création par la France à travers les royaumes de Tlemcen et de Bougie présentés comme des noyaux pré-nationaux.

- celui de l’unité d’un peuple prétendument levé en bloc contre le colonisateur alors qu’entre 1954 et 1962, les Algériens qui combattirent dans les rangs de l’armée française avaient été plus nombreux que les indépendantistes.

En Algérie, ces postulats biaisés constituent le fonds de commerce des rentiers de l’indépendance. En France, ils sont entretenus par une université morte du refus de la disputatio et accommodante envers les falsifications, pourvu qu’elles servent ses intérêts idéologiques. Dans les deux pays, ces postulats ont fini par rendre le récit historique officiel algérien aussi faux qu’incompréhensible.

Cinquante ans après l’indépendance, l’heure est donc venue de mettre à jour une histoire qui doit, comme l’écrit l’historien Mohamed Harbi, cesser d’être tout à la fois «l’enfer et le paradis des Algériens».

Ce livre répond donc aux interrogations fondamentales suivantes : l’essence de l’Algérie est-elle Berbère ou Arabe ? Avant la conquête française, ce pays fut-il autre chose qu’une province de l’Empire ottoman ? Les résistances d’Abd el-Kader et de Mokrani furent-elles des mouvements pré-nationaux ?

Que s’est-il véritablement passé à Sétif et à Guelma en mai 1945 ? La France a-t-elle militairement perdu la guerre d’Algérie ? Quelle est la vérité sur le «massacre» du 17 octobre 1961 à Paris ? Enfin, peut-on raisonnablement affirmer que la France ait «pillé» l’Algérie comme le prétendent certains ?

 

 

Algérie Lugan couv

 

 

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25 mars 2017

l'insurrection malgache, 1947-2017 : Inalco, Paris, 29 mars 2017

insurrection malgache Inalco 29 mars 2017 (1) - 1

 

 

l'insurrection malgache :

1947-2017

Inalco, Paris, 29 mars 2017

 

insurrection malgache Inalco 29 mars 2017 (2) - 1

 

insurrection malgache Inalco 29 mars 2017 (3)

 

insurrection malgache Inalco 29 mars 2017 (4)

 

insurrection malgache Inalco 29 mars 2017 (1) - 1

 

 

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27 février 2017

Jean Monneret, Histoire cachée du Parti Communiste Algérien, compte rendu par Roger Vétillard

Monneret PCA couv

 

 

Jean Monneret,

Histoire cachée du Parti Communiste Algérien

compte rendu par Roger Vétillard

 

Jean Monneret est un historien spécialiste de la guerre d’Algérie, de ses causes et de ses conséquences. Il publie une nouvelle étude sur un sujet peu abordé par ses confrères, sinon par Henri Alleg qui fut un des dirigeants du PCA, Emmanuel Sivan et l’historienne britannique Drew Allison : le Parti communiste Algérien, qui n’était en fait, qu’une succursale du PCF.

En fait, le projet initial de Monneret était de tenter d’éclaircir ce qu’il est convenu d’appeler «l’affaire Audin» du nom de ce doctorant communiste algérois qui a disparu pendant la Bataille d’Alger en juin 1957 après son arrestation par l’armée française. Et en historien rigoureux, il va replacer cet épisode dans le contexte historique de l’époque, celui de la guerre d’Algérie.

Le Parti Communiste Algérien, comme son grand-frère français a défendu des positions successivement contradictoires dictées par la stratégie imposée par les dirigeants soviétiques. Ainsi, sans revenir sur la position ambiguë de ses délégués lors des travaux de la commission des réformes de 1944 qui a siégé à Constantine, il n’est pas souvent rappelé qu’il a en 1945, après l’insurrection de Mai 1945 qui a commencé à Sétif, condamné ce soulèvement, participé à la répression à Guelma et demandé le châtiment exemplaire des insurgés qualifiés de suppôts de l’hitlérisme demandant qu’ils soient passés par les armes, avant quelques temps plus tard de dénoncer la répression…

De la même façon, les communistes tentent d’accréditer qu’ils auraient été dès le 1er novembre 1954, des défenseurs de l’indépendance de l’Algérie, alors que le Bureau Politique a publié, le lendemain de la «Toussaint Rouge», un communiqué qui réclame une «solution démocratique» respectant «les intérêts de tous les habitants de l’Algérie sans distinction de race ni de religion» et «qui tiendra compte des intérêts de la France». Affirmation qui suffit, dit Monneret, à montrer la distance séparant les vœux du FLN et ceux des communistes algériens. Et l’auteur n’hésite pas à souligner (p. 72) que la vérité est claire : le Parti Communiste fut plus que réservé envers le FLN à ses débuts, et même longtemps après. Les dirigeants algériens le lui ont bien rendu, en l’interdisant dès 1964.

Un autre point important est souligné par l’auteur : la guerre d’Indochine s’est terminée trois ans avant «l’affaire Audin» et les officiers qui servent en Algérie en sont revenus particulièrement «anti-communistes». Ils ont vu, en Indochine, des communistes très organisés, soumis à une discipline de fer, d’une implacable cruauté avec leurs opposants, bénéficiant de soutiens internationaux puissants (URSS, Chine).

 

guerre subversive internationale
source

Dès lors ils vont surestimer la puissance du PCA et celle des Combattants de la Libération (CDL) organisme qui a tenté de mettre en place des «maquis rouges» pour montrer sa différence avec l’ALN. Et enfin, Monneret rappelle que la bataille d’Alger est survenue quelques mois après l’écrasement par les chars russes de l’insurrection de Budapest qui ne pouvait que renforcer l’anticommunisme de l’Armée. Pour elle, lutter contre le FLN, c’est également lutter contre le communisme, d’autant que les pays de l’Est ne cachaient pas leur sympathie pour les indépendantistes.

Les deux derniers chapitres sont consacrés à l’affaire Audin pour laquelle Monneret tente de démêler les témoignages, les écrits plus ou moins engagés et les exploitations politiques qui ont été faites. Il constate que beaucoup a été entrepris pour cet homme disparu et il déplore que l’hommage de François Hollande à Audin en novembre 2012 à Alger ne soit pas allé également à toutes les victimes du conflit mais uniquement à celles causées – dans un seul camp - par les activités de l’Armée française.

Enfin les quatre annexes méritent d’être lues : une rencontre avec le général Aussaresses, l’antagonisme parachutistes-communistes, François Hollande et l’affaire Audin, qui précèdent l’analyse du livre du journaliste Jean-Charles Deniau sur cette affaire.

Roger Vétillard

 

Jean Monneret, Histoire cachée du Parti Communiste Algérien, de L’Étoile nord-africaine à la bataille d’Alger – Via Romana éd., Versailles 2016. 18€

 

 

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25 février 2017

Un regard sur la guerre d'Algérie, un livre de Roger Vétillard

Vétillard 2016 couv

 

 

Un regard sur la guerre d'Algérie,

un livre de  Roger Vétillard

 

Un livre qui a certains égards pourra paraître polémique, mais qui offre l'inestimable avantage d'aller au-delà des idées reçues et des dogmes établis.

Partant du double constat exprimé par Kader Benamara dans sa préface ("Les deux communautés qui vivaient en Algérie aimaient passionnément cette terre", mais aussi que "la cohabitation n'a jamais été chose aidée en Algérie"), Roger Vétillard ne nous propose pas un simple récit chronologique de la guerre dans son ensemble, mais un certain nombre de coups de projecteur sur des événements particuliers replacés dans leur contexte (avec de nombreuses références à des témoignages des acteurs), mais aussi avec un regard personnel qu'il reconnaît et revendique.

Des événements de mai 1945 à Sétif et Guelma aux derniers "incidents" en 1962, l'auteur aborde les questions de la "Toussaint rouge", des embuscades (celle de Palestro mais aussi bien d'autres, avec la question de la mutilation des corps au sujet de laquelle il remet en cause les analyses de Raphaëlle Branche), la bataille d'Alger avec la torture ("Elle a été autorisée et employée. Mais beaucoup de renseignements importants sont obtenus sans aucune violence. Lancer une campagne contre les tortures, c'est de bonne guerre de la part des amis du FLN, mais ces derniers ne se sont jamais émus du sort réservé par le FLN aux Français d'Algérie et aux Algériens eux-mêmes qui ne suivaient pas ses consignes"), etc.

 

photo-datee-de-1956-de-militaires-inspectant-les-decombres-d-une-briqueterie-incendiee-par-des-independantistes-algeriens-pendant-la-guerre-d-algerie-debutee-en-octobre-1954-la-guerre-d-algerie-s-achevera-quelques-mois-

 

Au fil des chapitres, nous retrouvons ainsi la bataille des frontières, le coup du 13 mai 1958 (avec cette question a priori étonnante - et peu convaincante - sur un éventuel "complot gaulliste" et surtout la position de Debré qui écrit alors : "Le combat pour l'Algérie française est le combat légal, l'insurrection pour l'Algérie française est l'insurrection légitime"...), les opérations et l'efficacité du plan Challe dans ses différentes facettes ("Il faut convenir que cette stratégie est essentiellement militaire et ne tient pas assez compte du côté humain en déracinant des populations entières"), la longue et lancinante question de l'OAS, aussi bien sur le territoire qu'en métropole, dans le domaine de l'action violente comme dans les efforts (finalement infructueux) en matière de communication et de propagande.

Les événements souvent dramatiques qui précèdent, accompagnent et suivent les Accords d'Évian (non respectés on le sait), sont au coeur des derniers chapitres, jusqu'à la "Naissance difficile du nouvel État" marqué par le drame du 5 juillet 1962 à Oran.

 

france-2-film-le-bomin_906065

 

On apprécie la chronologie assez complète qui ouvre le volume et on en vient à espérer qu'effectivement il est désormais possible de travailler sur la guerre d'Algérie sans oeillères ni a priori idéologiques. Un volume très intéressant, par les précisions qu'il apporte et l'effort de prise en compte de tous les paramètres (même si cela reste difficile) dont il témoigne. Une publication qui fera indiscutablement date pour l'histoire de la guerre d'Algérie.

Rémy Porte
source : mensuel Guerres et conflits
12 novembre 2016

 

Riveneuve éditions, Paris, 2016, 324 pages, 22 euros

 

 

Vétillard 2016 couv

 

 

 

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24 février 2017

Colonisation : "crime contre l'humanité" ?

Marianne 1

 

 

Colonisation : crime contre l'humanité ?

Michel RENARD

 

Emmanuel Macron ignore sans scrupule tout le savoir historique, pourtant l'oeuvre d'auteurs majoritairement de gauche.

Le candidat à l'élection présidentielle avait déclaré dans une interview au magazine Le Point le 23 novembre 2016, qu’il y avait eu à la fois "des éléments de civilisation et des éléments de barbarie" (...) "Alors oui… en Algérie il y a eu la torture mais aussi l’émergence d’un État, de richesses, de classes moyennes, c’est la réalité de la colonisation".

Mais à Alger, dans une interview à la chaîne privée algérienne Echourouk News (islamiste), le 15 février 2017, il a qualifié la colonisation de "crime contre l'humanité".

article publié dans Marianne du 24 février 2017

 

Marianne 1

Marianne 2

Marianne 3

Marianne 4

 

 

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7 janvier 2017

photos retrouvées, années 1930

 img304cc

 

 

photos retrouvées

 

Ces photos nous ont été confiées par Enric Pareto i Valls et appartiennent à sa collection "Images abandonnées". Enric a trouvé des négatifs sur verre de 6x9 au "marché aux puces" de Barcelone (Les Encantes) et en a effectué des tirages. Elles ne sont accompagnées d'aucune information relative aux noms des personnes, aux dates ni aux lieux.

Après recherche de notre côté, on identifie le port de Rouen, la ville de Tunis. Les vues d'avions Potez 25 TOE (théâtre d'opérations extérieures) sont très probablement prises à Madagascar, peut-être à Tsihombe (sud de l'île). L'escadrille à laquelle ils appartenaient était basée à Ivato, à proximité de la capitale Tananarive, comme l'établit un article de La Revue diplomatique du 31 octobre 1934 (voir en bas de page).

Il est possible que les images de groupes proviennent également de Madagascar. À confirmer.

Michel Renard

 

 

img302cc
un Potez 25 TOE (théâtre des opérations extérieures) à Madagascar

 

img328c
trois Potez 25 TOE (théâtre des opérations extérieures) à Madagascar

 

La localisation de ces avions à Madagascar est établie sur la base d'indices assez forts. On retrouve les mêmes avions, par exemple le Potez 25 n° 2375 sur plusieurs clichés, tel celui ci-dessous, en 1934 (source). Ou encore, à Ivato en 1937 (source).

 

Tsihombe 1935 Potez
région de Tsihombe, 1934 (source)

 

carte sud île Madagascar
le sud de Madagascar, avec Tsihombe

 

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img350C
pont transbordeur du port de Rouen

 

famille sur le quai
quai du port de Rouen (?)

 

img304cc
moto Terrot 350 cc, modèle année 1927

 

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De Dion Bouton, type IS, 1923 (?)

 

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femmes Soalala, ouest de Madagascar (?)

 

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img320c
au milieu, une boite sur laquelle on peut lire Cocos...

 

img321C

 

img343C
relais hertzien (Madagascar ?)

 

img345C
grande mosquée de Tunis

 

img346C
minaret de Sidi ben Arous à Tunis

 

img352C
Tunis, imprimerie générale J. Picard et Cie,
son siège principal était rue Al-Jazira

 

légende des photos :
Michel Renard

 

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La Revue diplomatique 31 octobre 1934

 

La Revue diplomatique, 31 octobre 1934

 

 

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26 décembre 2016

un opuscule du cadi Ahmed Skiredj (1878-1944)

Ahmed Skiredj (1)
le cadi Ahmed Skiredj (1878-1944)

 

 

l’histoire des idées à Oujda sous

la période coloniale :

le paradigme d’un opuscule en histoire des sciences

Badr MAQRI

 

La formation discursive concerne une nouvelle archéologie de l’histoire des sciences au Maroc sous protectorat français, à travers un opuscule du Cadi de la ville d’Oujda, Ahmed Skiredj (1878-1944), sur l’algèbre, la cryptographie et le partage des successions (Librairie Taleb, Oujda,2012, 192 pages).

Le livre de Badr Maqri, se compose de deux chapitres : l’un est consacré à la traduction d’Eugène Viala, de l’opuscule de Skiredj, réalisée en 1917. Quant au deuxième chapitre, il est consacré à la lecture critique du commentaire de Georges Colin (1893-1977) sur l’opuscule de Skiredj.

 

Badr Maqri 2012 couv

Badr Maqri se réfère à Auguste Comte (1798-1857), pour signaler qu’on ne connaît pas complètement une science, tant qu’on n’en sait pas son histoire.

L’auteur se rapporte dans son livre, à deux grands objectifs :

1 - démontrer quelques paradigmes de l’histoire des idées, chez les «indigènes», pendant la période coloniale.

2 - dévoiler l’intersection entre ; l’algèbre, la cryptographie, et le partage des successions chez les musulmans.

Et c’est ainsi qu’on pourra déduire deux structures épistémologiques, liées au contexte colonial du Maroc moderne. La première est, l’histoire des sciences chez les «indigènes» marocains. La deuxième est, l’histoire des idées, dans une société colonisée.

 

Ahmed Skiredj (2)

 

Ahmed Skiredj (1878-1944), qui exerça la profession de Cadi à Oujda, entre 1916 et 1922, scruta dans son opuscule, la profondeur du système fractionnaire employé par les juristes marocains de l’époque, pour la détermination des parts héréditaires, sous l’égide des Régions Civiles et Militaires du Protectorat Français au Maroc, entre 1912 et 1956.

Ce livre s’oriente sur d’autres phases de l’histoire coloniale du Maroc et de la ville d’Oujda, après le livre consacré à l’organisation territoriale d’Oujda en 1952, paru en 2010.

 

 

Badr Maqri 2012 couv

 

 

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