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études-coloniales
24 juin 2017

Maroc 1908, quatre photos légendées par un aide-major de Sidi-Mohammed-ou-Berkan

l'aide-major
l'aide-major

 

 

Maroc 1908, quatre photos

légendées par un aide-major de

l'infirmerie-ambulance de Sidi-Mohammed-ou-Berkan

 

Ces quatre photos nous ont été confiées par Philippe Velin (Guainville, Eure-et-Loir). Nous les publions puis confions les originaux au Centre des Archives d'Outre-Mer à Aix-en-Provence.

Elles présentent l'intérêt d'être légendées au verso par un médecin aide-major, présent sur trois photos mais dont nous ignorons le nom.

Les lieux représentés sont situés à la frontière algéro-marocaine, dans la région de Berkane et de Tafoughalt (orthographié Tafouralt à l'époque). Le poste militaire portait le nom de Sidi-Mohammed-ou-Berkane.

Les dates mentionnées (janvier et février 1908) s'inscrivent dans la période des "événements de la frontière algéro-marocaine" qui ont débuté à l'automne 1907.

 

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Maroc 1908 (1)
entre Aïn Taforalt (Tafoughalt) et la zaouïa d'Aounout, janvier 1908

 

Maroc 1908 (5)
verso de la photo ci-dessus


Un coin du chemin qui conduit d'Aïn-Taforalt à la zouïa d'Aounout. Est-ce vert et frais ?

Dans le creux du chemin, un sous-lieutenant du Tirailleurs indigènes et un Tirailleur infirmier.

La photo a été prise vers le 20 janvier 1908.

 

commentaire : la légende inscrite au verso identifie les deux personnages au premier plan ; elle ne dit rien du militaire au-dessus.

 

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Maroc 1908 (2)
oued Berkou, 10 février 1908

 

Maroc 1908 (6)
verso de la photo ci-dessus

 

Au bain dans l'oued ou Berkan le 10 février 1908.

Monestier, l'officier d'administration gestionnaire de l'ambulance de la colonne Branlière (rentré à Marnia depuis).

Duval, aide-major de 1ère classe à la Légion, et votre serviteur.

N'avons-nous pas l'air de gras et bons bourgeois ?

 

 

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Maroc 1908 (3)
personnel de l'infirmerie-ambulance de Sidi-Mohammed-ou-Berkan, février 1908

 

Maroc 1908 (7)
verso de la photo ci-dessus

 

Le personnel de l'infirmerie-ambulance de Sidi-Mohammed-ou-Berkan (Maroc).

Au milieu, décoré, M. Villary, médecin-major de 1ère classe, ancien médecin-chef de l'ambulance de campagne de la colonne Branlière.

Puis M. Mellot, médecin-major de 2e classe, mon médecin-chef actuel (infirmerie, ambulance du camp).

Puis le sergent Asseu.

Puis l'aide-major Duval de la Légion.

Assis, un aide-major barbu que vous connaissez. [c'est-à-dire l'auteur de ces lignes]

Sur la gauche, debout le caporal Rüdiger qui vient d'être nommé sergent et, à côté de lui, raide comme un piquet, le fidèle El Houaed, mon ordonnance, "soldat de première classe au premier régiment de Tirailleurs".

Février 1908.

 

 

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Maroc 1908 (4)
la source Aïn Aoulout, à quatre kilomètres du camp de Sidi-Mohammed-ou-Berkan

 

Maroc 1908 (8)
verso de la photo ci-dessus

 

La source S. Aoulout. Ce qui manque, c'est la couleur. Une eau profonde, limpide et bleue, la terre rouge et la verdure ! Puis le reflet d'un gros barbeau "marabout" (les poissons de cette source sont sucrés).

Au premier plan, le cheval de l'opérateur, mon médecin-chef.

Plus loin le mien, celui que je liquide [?] en ce moment. Je cause avec un sergent de Tirailleurs.

Cette source est à 4 kilomètres de Sidi-Mohammed-ou-Berkan.

 

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images complémentaires

 

zaouïa Aounond
zaouïa d'Aounoud (ou Aounout)

 

zaouïa Aounout
zaouïa d'Aounoud (ou Aounout)

 

cpa Taforalt (2)
carte postale du camp d'Aïn-Taforalt, envoyée par un militaire
du camp de Sidi-Mohammed-ou-Berkan en juin 1908


cpa Taforalt (1)
carte postale du camp d'Aïn-Taforalt, envoyée par un militaire
du camp de Sidi-Mohammed-ou-Berkan en juillet 1908

 

SI-Mohamed-ou-Berkane
Sidi-Mohamed-ou-Berkane

 

source Aïn-Aoulout
la source d'Aïn-Aoulout

 

frontière algéro-marocaine maps
frontière algéro-marocaine nord-est

 

Aounout et Tafoughalt carte
Aounout et Tafoughalt

 

transcription, enquête,
recherche iconographique
Michel Renard

 

* voir aussi : Maroc 1908, photos et cartes postales écrites par le médecin-major Blanc

 

 

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26 mai 2017

Algérie, l'histoire à l'endroit, de Bernard Lugan (Roger Vétillard)

Algérie Lugan couv

 

 

une histoire de l'Algérie sans légendes

un livre de Bernard Lugan

 

L’africaniste Bernard Lugan s’intéresse ici à l’histoire officielle de l’Algérie. Il y décèle beaucoup de légendes et d’inexactitudes. Il en fait un inventaire très argumenté et précis. Tout au long des dix études qu’il mène en autant de chapitres, il explique clairement les raisons qui l’ont fait exposer ses analyses.

Au fil des pages, on se souvient que le peuple algérien, en dépit des affirmations de ses responsables, est avant tout berbère. Génétiquement, démographiquement l’imprégnation arabe est très marginale. Pourtant les revendications «berbérisques» furent toujours présentées en Algérie comme une conspiration séparatiste dirigée contre l’Islam et la langue arabe.

 

islamisation

En fait, à travers la religion musulmane, l’identification aux peuples issus de la péninsule moyen-orientale a été imposée et a finalement été plus ou moins acceptée. Et l’islamisation succéda à la christianisation qui était pourtant jusqu’au VIe siècle un fait important dans ces régions où il existait, dans l’actuel Maghreb, plus de 900 diocèses, dont près de la moitié avaient une référence donatiste.

Si l’islam a ainsi pu s’imposer en moins de deux siècles à la Chrétienté, c’est en partie à cause des querelles religieuses et sociales du monde berbéro-romano-chrétien et à la conversion imposée par les nouveaux colons arrivés du Moyen-Orient.

Et puis, l’Algérie n’a pas été créée avant que la France décide d’en faire un pays. Les «principautés» de Bougie et de Tlemcen n’eurent d’existences qu’éphémères, elles furent souvent plus ou moins soumises à l’influence du Maroc ou de Tunis, puis à l’administration ottomane. Les différentes révoltes au moment de la présence turque ne peuvent, pour Lugan, être considérées comme des mouvements pré-nationaux.

À aucun moment, elles ne menacèrent le pouvoir ottoman. En fait, les menaces européennes, voire marocaines et tunisiennes entrainèrent une mainmise ferme des Turcs sur la Régence d’Alger, notamment parce que cette dernière affirmait protéger le caractère musulman de ces contrées. La tempête qui décima en 1541 la flotte de Charles Quint en rade d’Alger fut considérée comme une intervention divine et conforta cette assertion.

 

la résistance d’Abd el-Kader

Ailleurs, l’auteur montre que la résistance d’Abd el-Kader n’a concerné qu’une partie de l’actuelle Algérie, tout comme celle de Mokrani en 1871 ne fut qu’un soulèvement des zones berbérophones. Il met à mal les légendes et contre-vérités qui s’attachent en Algérie, et même en France, au soulèvement de Mai 1945 dans l’Est algérien, à Guelma et Sétif. Il s’oppose à celles qui présentent le soulèvement de novembre 1954 comme celui de tout un peuple uni dans la lutte contre la puissance coloniale. Il confirme que l’armée française n’a pas été vaincue par le FLN, mais que c’est la volonté politique des gouvernants de la France qui a permis l’indépendance de l’Algérie.

Quant au 17 octobre 1961 à Paris, là où des gens comme Jean-Luc Einaudi et les auteurs britanniques Jim House et Neil Master évoquent plus de 100 morts parmi les manifestants sollicités par le FLN, il établit en s’appuyant sur les enquêtes rigoureuses d’historiens come Jean-Paul Brunet ou celles des rapports diligentés par le gouvernement de Lionel Jospin (Rapports Mandelkern et Géronimi) que le nombre de morts de cette journée est faible voire quasiment inexistant.

Et enfin, comme l’a démontré Daniel Lefeuvre, et confirmé Jacques Marseille, «la France a plutôt secouru l’Algérie qu’elle ne l’a exploitée».

En 132 années de présence, elle a créé ce pays, l’a unifié, lui a offert un Sahara qu’elle n’avait jamais possédé, a drainé ses marécages, bonifié ses terres, soigné sa population qui a ainsi pu se multiplier.

C’est un travail de synthèse remarquable, auquel on peut reprocher certains manques concernant par exemple le poids des préceptes musulmans dans la guerre d’Algérie et dans la société d’aujourd’hui, mais qui permet à chaque lecteur intéressé par l’histoire de ce pays, de trouver des arguments pas souvent convoqués pour éclairer ou contredire certains moments et certaines affirmations présentées comme des consensus qui ne concernent pas les historiens rigoureux. Ce livre devrait permettre de revenir aux débats, mais beaucoup ne le souhaiteront peut-être pas.

Roger Vétillard

 

Bernard Lugan, Algérie, l’histoire à l’endroit, éd., Panissières, 243p, 2017, 25 €.
ISBN 2-916393-83-8

 

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Algérie Lugan couv

 

Présentation par l'éditeur

Depuis 1962, l’écriture officielle de l’histoire algérienne s’est appuyée sur un triple postulat :

- celui de l’arabité du pays nie sa composante berbère ou la relègue à un rang subalterne, coupant de ce fait, l’arbre algérien de ses racines. 

- celui d’une Algérie préexistant à sa création par la France à travers les royaumes de Tlemcen et de Bougie présentés comme des noyaux pré-nationaux.

- celui de l’unité d’un peuple prétendument levé en bloc contre le colonisateur alors qu’entre 1954 et 1962, les Algériens qui combattirent dans les rangs de l’armée française avaient été plus nombreux que les indépendantistes.

En Algérie, ces postulats biaisés constituent le fonds de commerce des rentiers de l’indépendance. En France, ils sont entretenus par une université morte du refus de la disputatio et accommodante envers les falsifications, pourvu qu’elles servent ses intérêts idéologiques. Dans les deux pays, ces postulats ont fini par rendre le récit historique officiel algérien aussi faux qu’incompréhensible.

Cinquante ans après l’indépendance, l’heure est donc venue de mettre à jour une histoire qui doit, comme l’écrit l’historien Mohamed Harbi, cesser d’être tout à la fois «l’enfer et le paradis des Algériens».

Ce livre répond donc aux interrogations fondamentales suivantes : l’essence de l’Algérie est-elle Berbère ou Arabe ? Avant la conquête française, ce pays fut-il autre chose qu’une province de l’Empire ottoman ? Les résistances d’Abd el-Kader et de Mokrani furent-elles des mouvements pré-nationaux ?

Que s’est-il véritablement passé à Sétif et à Guelma en mai 1945 ? La France a-t-elle militairement perdu la guerre d’Algérie ? Quelle est la vérité sur le «massacre» du 17 octobre 1961 à Paris ? Enfin, peut-on raisonnablement affirmer que la France ait «pillé» l’Algérie comme le prétendent certains ?

 

 

Algérie Lugan couv

 

 

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27 février 2017

Jean Monneret, Histoire cachée du Parti Communiste Algérien, compte rendu par Roger Vétillard

Monneret PCA couv

 

 

Jean Monneret,

Histoire cachée du Parti Communiste Algérien

compte rendu par Roger Vétillard

 

Jean Monneret est un historien spécialiste de la guerre d’Algérie, de ses causes et de ses conséquences. Il publie une nouvelle étude sur un sujet peu abordé par ses confrères, sinon par Henri Alleg qui fut un des dirigeants du PCA, Emmanuel Sivan et l’historienne britannique Drew Allison : le Parti communiste Algérien, qui n’était en fait, qu’une succursale du PCF.

En fait, le projet initial de Monneret était de tenter d’éclaircir ce qu’il est convenu d’appeler «l’affaire Audin» du nom de ce doctorant communiste algérois qui a disparu pendant la Bataille d’Alger en juin 1957 après son arrestation par l’armée française. Et en historien rigoureux, il va replacer cet épisode dans le contexte historique de l’époque, celui de la guerre d’Algérie.

Le Parti Communiste Algérien, comme son grand-frère français a défendu des positions successivement contradictoires dictées par la stratégie imposée par les dirigeants soviétiques. Ainsi, sans revenir sur la position ambiguë de ses délégués lors des travaux de la commission des réformes de 1944 qui a siégé à Constantine, il n’est pas souvent rappelé qu’il a en 1945, après l’insurrection de Mai 1945 qui a commencé à Sétif, condamné ce soulèvement, participé à la répression à Guelma et demandé le châtiment exemplaire des insurgés qualifiés de suppôts de l’hitlérisme demandant qu’ils soient passés par les armes, avant quelques temps plus tard de dénoncer la répression…

De la même façon, les communistes tentent d’accréditer qu’ils auraient été dès le 1er novembre 1954, des défenseurs de l’indépendance de l’Algérie, alors que le Bureau Politique a publié, le lendemain de la «Toussaint Rouge», un communiqué qui réclame une «solution démocratique» respectant «les intérêts de tous les habitants de l’Algérie sans distinction de race ni de religion» et «qui tiendra compte des intérêts de la France». Affirmation qui suffit, dit Monneret, à montrer la distance séparant les vœux du FLN et ceux des communistes algériens. Et l’auteur n’hésite pas à souligner (p. 72) que la vérité est claire : le Parti Communiste fut plus que réservé envers le FLN à ses débuts, et même longtemps après. Les dirigeants algériens le lui ont bien rendu, en l’interdisant dès 1964.

Un autre point important est souligné par l’auteur : la guerre d’Indochine s’est terminée trois ans avant «l’affaire Audin» et les officiers qui servent en Algérie en sont revenus particulièrement «anti-communistes». Ils ont vu, en Indochine, des communistes très organisés, soumis à une discipline de fer, d’une implacable cruauté avec leurs opposants, bénéficiant de soutiens internationaux puissants (URSS, Chine).

 

guerre subversive internationale
source

Dès lors ils vont surestimer la puissance du PCA et celle des Combattants de la Libération (CDL) organisme qui a tenté de mettre en place des «maquis rouges» pour montrer sa différence avec l’ALN. Et enfin, Monneret rappelle que la bataille d’Alger est survenue quelques mois après l’écrasement par les chars russes de l’insurrection de Budapest qui ne pouvait que renforcer l’anticommunisme de l’Armée. Pour elle, lutter contre le FLN, c’est également lutter contre le communisme, d’autant que les pays de l’Est ne cachaient pas leur sympathie pour les indépendantistes.

Les deux derniers chapitres sont consacrés à l’affaire Audin pour laquelle Monneret tente de démêler les témoignages, les écrits plus ou moins engagés et les exploitations politiques qui ont été faites. Il constate que beaucoup a été entrepris pour cet homme disparu et il déplore que l’hommage de François Hollande à Audin en novembre 2012 à Alger ne soit pas allé également à toutes les victimes du conflit mais uniquement à celles causées – dans un seul camp - par les activités de l’Armée française.

Enfin les quatre annexes méritent d’être lues : une rencontre avec le général Aussaresses, l’antagonisme parachutistes-communistes, François Hollande et l’affaire Audin, qui précèdent l’analyse du livre du journaliste Jean-Charles Deniau sur cette affaire.

Roger Vétillard

 

Jean Monneret, Histoire cachée du Parti Communiste Algérien, de L’Étoile nord-africaine à la bataille d’Alger – Via Romana éd., Versailles 2016. 18€

 

 

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25 février 2017

Un regard sur la guerre d'Algérie, un livre de Roger Vétillard

Vétillard 2016 couv

 

 

Un regard sur la guerre d'Algérie,

un livre de  Roger Vétillard

 

Un livre qui a certains égards pourra paraître polémique, mais qui offre l'inestimable avantage d'aller au-delà des idées reçues et des dogmes établis.

Partant du double constat exprimé par Kader Benamara dans sa préface ("Les deux communautés qui vivaient en Algérie aimaient passionnément cette terre", mais aussi que "la cohabitation n'a jamais été chose aidée en Algérie"), Roger Vétillard ne nous propose pas un simple récit chronologique de la guerre dans son ensemble, mais un certain nombre de coups de projecteur sur des événements particuliers replacés dans leur contexte (avec de nombreuses références à des témoignages des acteurs), mais aussi avec un regard personnel qu'il reconnaît et revendique.

Des événements de mai 1945 à Sétif et Guelma aux derniers "incidents" en 1962, l'auteur aborde les questions de la "Toussaint rouge", des embuscades (celle de Palestro mais aussi bien d'autres, avec la question de la mutilation des corps au sujet de laquelle il remet en cause les analyses de Raphaëlle Branche), la bataille d'Alger avec la torture ("Elle a été autorisée et employée. Mais beaucoup de renseignements importants sont obtenus sans aucune violence. Lancer une campagne contre les tortures, c'est de bonne guerre de la part des amis du FLN, mais ces derniers ne se sont jamais émus du sort réservé par le FLN aux Français d'Algérie et aux Algériens eux-mêmes qui ne suivaient pas ses consignes"), etc.

 

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Au fil des chapitres, nous retrouvons ainsi la bataille des frontières, le coup du 13 mai 1958 (avec cette question a priori étonnante - et peu convaincante - sur un éventuel "complot gaulliste" et surtout la position de Debré qui écrit alors : "Le combat pour l'Algérie française est le combat légal, l'insurrection pour l'Algérie française est l'insurrection légitime"...), les opérations et l'efficacité du plan Challe dans ses différentes facettes ("Il faut convenir que cette stratégie est essentiellement militaire et ne tient pas assez compte du côté humain en déracinant des populations entières"), la longue et lancinante question de l'OAS, aussi bien sur le territoire qu'en métropole, dans le domaine de l'action violente comme dans les efforts (finalement infructueux) en matière de communication et de propagande.

Les événements souvent dramatiques qui précèdent, accompagnent et suivent les Accords d'Évian (non respectés on le sait), sont au coeur des derniers chapitres, jusqu'à la "Naissance difficile du nouvel État" marqué par le drame du 5 juillet 1962 à Oran.

 

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On apprécie la chronologie assez complète qui ouvre le volume et on en vient à espérer qu'effectivement il est désormais possible de travailler sur la guerre d'Algérie sans oeillères ni a priori idéologiques. Un volume très intéressant, par les précisions qu'il apporte et l'effort de prise en compte de tous les paramètres (même si cela reste difficile) dont il témoigne. Une publication qui fera indiscutablement date pour l'histoire de la guerre d'Algérie.

Rémy Porte
source : mensuel Guerres et conflits
12 novembre 2016

 

Riveneuve éditions, Paris, 2016, 324 pages, 22 euros

 

 

Vétillard 2016 couv

 

 

 

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26 décembre 2016

un opuscule du cadi Ahmed Skiredj (1878-1944)

Ahmed Skiredj (1)
le cadi Ahmed Skiredj (1878-1944)

 

 

l’histoire des idées à Oujda sous

la période coloniale :

le paradigme d’un opuscule en histoire des sciences

Badr MAQRI

 

La formation discursive concerne une nouvelle archéologie de l’histoire des sciences au Maroc sous protectorat français, à travers un opuscule du Cadi de la ville d’Oujda, Ahmed Skiredj (1878-1944), sur l’algèbre, la cryptographie et le partage des successions (Librairie Taleb, Oujda,2012, 192 pages).

Le livre de Badr Maqri, se compose de deux chapitres : l’un est consacré à la traduction d’Eugène Viala, de l’opuscule de Skiredj, réalisée en 1917. Quant au deuxième chapitre, il est consacré à la lecture critique du commentaire de Georges Colin (1893-1977) sur l’opuscule de Skiredj.

 

Badr Maqri 2012 couv

Badr Maqri se réfère à Auguste Comte (1798-1857), pour signaler qu’on ne connaît pas complètement une science, tant qu’on n’en sait pas son histoire.

L’auteur se rapporte dans son livre, à deux grands objectifs :

1 - démontrer quelques paradigmes de l’histoire des idées, chez les «indigènes», pendant la période coloniale.

2 - dévoiler l’intersection entre ; l’algèbre, la cryptographie, et le partage des successions chez les musulmans.

Et c’est ainsi qu’on pourra déduire deux structures épistémologiques, liées au contexte colonial du Maroc moderne. La première est, l’histoire des sciences chez les «indigènes» marocains. La deuxième est, l’histoire des idées, dans une société colonisée.

 

Ahmed Skiredj (2)

 

Ahmed Skiredj (1878-1944), qui exerça la profession de Cadi à Oujda, entre 1916 et 1922, scruta dans son opuscule, la profondeur du système fractionnaire employé par les juristes marocains de l’époque, pour la détermination des parts héréditaires, sous l’égide des Régions Civiles et Militaires du Protectorat Français au Maroc, entre 1912 et 1956.

Ce livre s’oriente sur d’autres phases de l’histoire coloniale du Maroc et de la ville d’Oujda, après le livre consacré à l’organisation territoriale d’Oujda en 1952, paru en 2010.

 

 

Badr Maqri 2012 couv

 

 

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5 décembre 2016

Guerre d'Algérie : les oublis de l'Histoire, 5 décembre 2016

émission 5 déc 2016 (1) - 1

 

 

Guerre d'Algérie : les oublis de l'Histoire

émission de TVL du 5 décembre 2016

 

 

 

 

Roger Saboureau 5 déc 2016
Roger Saboureau, "Secours de France", 5 décembre 2016

 

Jean-Marie Schmitz 5 déc 2016
Jean-Marie Schmitz, président de "Secours de France", 5 décembre 2016

 

général Fournier 5 déc 2016
général Henri-Jean Fournier, association "Soldis", 5 décembre 2016

 

Michel Deyglun 5 déc 2016
Michel Deyglun, ancien officier S.A.S. en Algérie, 5 décembre 2016

 

Olivier Dard 5 déc 2016
Olivier Dard, professeur à l'université Patis IV-Sorbonne

 

Hugues Kéraly 5 déc 2016
Hugues Kéraly, 5 décembre 2016

 

Messaoud Kerfi 5 déc 2016
témoignage de Messaoud Kerfi sur les harkis, 5 décembre 2016

 

émission 5 déc 2016 (2)

 

association "Secours de France"

 

émission 5 déc 2016 (3)

 

émission 5 déc 2016 (4)

 

 

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7 octobre 2016

Qui a laissé massacrer les harkis ? (Michel Renard)

 Harkis Marianne 7 oct 2016 (1)

 

 

Qui a laissé massacrer les harkis ?

Michel RENARD

 

Harkis Marianne 7 oct 2016 (1)

Harkis Marianne 7 oct 2016 (2)

Harkis Marianne 7 oct 2016 (3)

Harkis Marianne 7 oct 2016 (4)

 

Paru dans l'hebdomadaire Marianne, le 7 octobre 2016.

 

 

qui a laissé massacrer les harkis ?

Michel RENARD

 

L’armée française aurait-elle pu sauver les harkis ? Il est vrai que les dernières forces françaises n’ont évacué l’Algérie qu’en juin 1964. Cependant après le référendum du 1er juillet 1962 et la proclamation de l’indépendance, l’armée française ne pouvait sortir de ses casernes sans la demande de l’Exécutif provisoire algérien puis du gouvernement de Ben Bella.

La responsabilité du pouvoir gaulliste ne peut donc être directement alléguée. Sauf à lui faire grief de n’avoir pas dénoncé la violation, par la partie algérienne, des Accords d’Évian. Ces derniers garantissaient la sûreté de la population européenne, des anciens supplétifs de l’armée française, des messalistes.

Le réquisitoire contre la jeune Ve République fut énoncé, le 23 septembre 2001, par le président Jacques Chirac alors en pré-campagne électorale : «la France n'a pas su sauver ses enfants de la barbarie».

À ce titre, des documents officiels sont terriblement accusateurs sur le refus de transferts de harkis en métropole, comme en témoigne le télégramme «très secret» de Louis Joxe, ministre des Affaires algériennes, le 12 mai 1962 : «les supplétifs débarqués en métropole en dehors du plan général de rapatriement seront en principe renvoyés en Algérie (…) Je n’ignore pas que ce renvoi peut être interprété par les propagandistes de la sédition comme un refus d’assurer l’avenir de ceux qui nous sont demeurés fidèles. Il conviendra donc d’éviter de donner la moindre publicité à cette mesure». Massacre algériens. Abandon français.

Par le geste de François Hollande, «nous trouvons la paix des mémoires», a déclaré Mohamed Otsmani, membre du Comité de liaison national des harkis. Rien n’est moins sûr.

L’hypermnésie repentante qui a marqué les présidences Chirac, la corde pénitentielle des post-colonial studies et le grand silence algérien sur l’histoire entravent la nécessaire mise en perspective des engagements d’Algériens musulmans aux côtés de l’administration ou de l’armée française. Ceux-ci ne datent pas de 1955, année de création des premières unités musulmanes : Groupes mobiles de protection rurale (GMPR) puis moghaznis pour les Sections administratives spécialisées (SAS) de Soustelle ; ni de 1956 avec les premières harkas impliquées dans les combats.

 

harki interprète
harki interprète

 

 

L’histoire longue du contact colonial

Les décennies de présence française en Algérie ne peuvent se réduire aux affrontements sanglants ni à l’imposition d’un ordre injuste brimant tous les éléments des populations autochtones.

Quelque critique qu’on lui adressait, la domination coloniale a fini par paraître légitime à travers sa pérennité et la succession des générations. Jamais une contre-autorité n’a pu emporter l’adhésion massive des «indigènes» avant le ralliement forcé au FLN en 1962.

Du capitaine Yusuf (1830) à l’adjudant Ben Bella (1944) en passant par les tirailleurs de la Grande Guerre, des centaines de milliers de combattants ont participé aux opérations de l’armée française, dans le «cadre français» comme dans le «cadre indigène». L’espace à contrôler, leur accoutumance au milieu et leur coût d’entretien des trois quarts inférieurs à celui d’un militaire européen, favorisent leur embauche pendant la conquête.

L’effectif des forces indigènes passe de 2 500 hommes en 1841 à 7 000 en 1847, lors de la fin de l’affrontement avec Abd el-Kader, et jusqu’à 12 000 pendant la campagne de Kabylie en 1871. Ajoutons-y les guerriers non inscrits dans des formations régulières.

À l’appoint matériel s’ajoute l’apport moral : «Il n’est pas de tribu qui ne compte quelques-uns de ses enfants sous notre drapeau» reconnaît un Tableau de la Situation de 1849, ce qui constitue «une puissance considérable au service des idées que nous voulons propager dans la population arabe» (cité par Jacques Frémeaux, La France et l’Algérie en guerre, 2002, p. 107). Devenus anciens soldats, ils fournissent l’administration coloniale en petits cadres des postes, des douanes… Au-dessus, les caïds, aghas et bachaghas formaient une espèce d’aristocratie de commandement au prestige de laquelle les masses rurales restèrent longtemps sensibles.

Ce continuum humain, dans les fonctions administrative ou de sécurité, interdit de penser la réalité coloniale algérienne comme un face-à-face exclusif opposant les «indigènes» aux dominants européens. Il faudrait s’en souvenir pour replacer l’épisode harki dans une séquence plus longue du contact colonial, de «la colonisation ambiguë» (Pierre Brocheux) ou de la «colonisation positive» (Marc Michel). Ce serait une étape vers l’apaisement des mémoires. Mais pas la seule.

 

tirailleur algérien, 1915
tirailleur algérien, 1915, photographie de presse (source)

 

 

L’impensé algérien

Le terme infamant de «collabos» utilisé par le président Bouteflika en juin 2000 à Paris pour désigner les harkis, voulait tracer une comparaison avec les agents français de l’occupation nazie entre 1940 et 1944. Ce parallèle ne tient pas. Pour deux raisons.

D’abord la trame historique n’est pas de même durée ; il n’y a pas d’Algérie Libre ni de De Gaulle algérien installé à Constantinople pour délégitimer l’autorité française présente depuis 1830. Ensuite, et surtout, les motivations des collabos et des harkis ne furent pas identiques. Les premiers étaient mus par l’adhésion idéologique. Les seconds par une diversité de facteurs : patriotique (pour une minorité), alimentaire, sécuritaire. L’option consistait, le plus souvent, à accepter des formes de ralliement et de coopération à l’échelon local et non à consentir au sauvetage d’une Algérie française qui aurait été négatrice de leurs intérêts.

Les harkis furent souvent coincés. Comme l’explique, résigné, le personnage du prisonnier FLN Idir, ancien tirailleur algérien en 1944, à Saïd, également ancien de Monte Cassino, dans le film L’ennemi intime de Florent Siri : «Regarde cette cigarette [il l’a allumée aux deux extrémités]. C’est toi. D’un côté, c’est l’armée française. De l’autre, c’est le FLN. Quoi que tu fasses, tu as perdu d’avance. Tu ne sais plus qui tu es. Tu n’es déjà plus un algérien. Tu ne seras jamais un français».

En 2006, l’historien Mohammed Harbi, ancien dirigeant du FLN emprisonné par Boumediène en 1965, réfutait la vision d’un élan homogène : «L’idée d’un choix opéré de la part des harkis de se battre aux côtés de la France durant la guerre d’Algérie est loin de s’appliquer à la plupart d’entre eux. Les harkis sont devenus une communauté en France et non pas pendant la guerre d’Algérie».

Autre rectification. Les «indigènes» musulmans soldats de l’armée française entre 1954 et 1962, ne sont pas tous harkis. Il faut compter avec les anciens de la 1ère Armée française du général de Lattre de Tassigny et surtout avec les engagés et les appelés. En janvier 1961, l’armée de Terre en dénombrait 65 000, dont 40 000 appelés du contingent. Les harkis se chiffraient à la même date à 90 000 personnes.

L’historien Jacques Frémeaux, professeur à la Sorbonne, estime que le total des musulmans combattant du côté français atteint 180 000 hommes armés. Soit 25% environ de l’effectif militaire français, «bien plus élevé que durant la conquête (à peu près 10%)». Sur la base de recherches dans les archives militaires, le général Faivre parvient à un total de 250 000 musulmans algériens employés dans l’armée française.

À comparer avec le nombre des combattants de l’ALN dans les maquis (hors l’armée des frontières) durant tout le conflit, qui serait de 132 000 hommes selon les recensements du ministère des anciens Moujahidines (La France et l’Algérie en guerre, p. 140 et p. 127). Le dogme de l’unicité du «peuple algérien» luttant pour l’indépendance à partir du 1er Novembre 1954 en prend un coup. Mais le pouvoir à Alger n’est pas prêt de l’admettre, le savoir historien semble incompatible avec sa «vérité» officielle. Et les mémoires continueront à s’affronter.

 

harkis en manœuvre
harkis en maœuvre

 

Les massacres

La stratégie de la terreur déployée par le FLN, depuis août 1955, a été pourvoyeuse de ralliement dans les forces supplétives. Ce qu’affirme Mohammed Harbi, cité par le général Faivre : «les méthodes répressives et les injustices du FLN apparaissent comme les motifs principaux de l'engagement massif des harkis».

Ont-ils commis des exactions eux-mêmes ? Oui, certains. Mais, dès mars 1962, ils furent considérés comme un bloc collectivement responsable. Le soir même du 19 mars, les moghaznis de Jean-Pierre Chevènement à Saint-Denis-du-Sig en Oranie, sont massacrés. La question du nombre de victimes n’est pas réglée. L’amplitude des estimations suggère un chiffre allant de 10 000 à 70 000, le total de 150 000 n’étant plus retenu. La carence d’informations et d’archives du côté algérien est la première responsable de cette incertitude.

La préméditation est clairement établie. Le général Faivre cite plusieurs directives de chefs des wilayas dès 1961. Dans l’Oranie (wilaya 5) : «Envers les harkis, que le Peuple frappe de son mépris... user de tact et de souplesse afin de les gagner provisoirement. Leur jugement final aura lieu dans l'Algérie indépendante, devant Dieu et devant le Peuple qui sera alors seul responsable de leur sort».

L’été et l’automne 1962 ont vu se multiplier les atrocités contre les harkis, parallèlement aux enlèvements et disparitions d’Européens. Ce dernier point est passé des témoignages douloureux de la mémoire des Pieds-Noirs à l’investigation historienne avec l’ouvrage de Jean-Jacques Jordi, Un silence d’État. Les disparus civils européens de la guerre d’Algérie (2011).

Un historien comme Abderahmen Moumen a établi une chronologie de la violence à l’égard des supplétifs, en quatre phases principales : «des Accords d’Évian le 18 mars 1962 au scrutin d’indépendance le 3 juillet 1962 ; de juillet à septembre 1962, durant la vacance du pouvoir et la guerre civile marquée par l’éclatement du FLN et de l’ALN en deux coalitions rivales ; du mois d’octobre 1962 où s’installe le premier gouvernement algérien jusqu’au premier trimestre 1963 (phase marquée par une violente reprise des massacres) ; et enfin, jusqu’en 1964, une quatrième phase marquée par des massacres sporadiques et circonscrits» («Violences de fin de guerre. Les massacres des harkis après l’indépendance algérienne (1962-1965)», in Marie-Claude Marandet, Violence(s) de la Préhistoire à nos jours. Les sources et leur interprétation, 2011).

En France, une tendance récente tend à désenfler l’importance des sévices contre les supplétifs algériens : l’historienne Sylvie Thénault pose la question «Massacre des harkis ou massacres de harkis ?» (2008) et le journaliste Pierre Daum insiste sur le nombre de harkis restés en Algérie après l’indépendance (Harkis, le dernier tabou, 2015). Guy Pervillé, professeur à l’université de Toulouse, note à propos de ce livre : «Le point qui risque de susciter le plus de réactions indignées est la conviction de l’auteur que la plupart des "harkis" sont restés en Algérie sans y être tués».

Faute de libre accès aux archives algériennes, dont Mohammed Harbi a dit, en 2011, qu’elles étaient «terribles et explosives», on pourra retenir cet aveu du président Bouteflika en octobre 1999 sur les ondes de Beur FM à propos de la répression contre le GIA : «Nous ne faisons pas les mêmes erreurs qu'en 1962 où, pour un harki, on a éliminé des familles et parfois des villages entiers» (cité dans La Croix, 14 juin 2000).

Si une historienne française a pu rédiger sa thèse et publier un livre sur La torture et l’armée pendant la guerre d’Algérie (2001), on attend toujours le pendant dans l’autre camp. Quand les autorités algériennes autoriseront la publication d’une thèse intitulée Le FLN, la torture et les massacres pendant la guerre d’Algérie, les esprits commenceront à se rasséréner. D’ici-là, les déclarations mémorielles ne feront pas histoire. Et les enfants issus de l’immigration maghrébine continueront de clamer dans les classes de collège et lycée que les harkis sont des «traîtres».

Michel Renard

 

_________________

 

Nicolas Sarkozy, candidat à la présidentielle, avait déclaré à Nice le 30 mars 2007 : «Si je suis élu président de la République, je m’engage à reconnaître la responsabilité de la France dans l’abandon et le massacre des harkis en 1962, afin que l’oubli ne les assassine pas une deuxième fois ». Promesse non tenue.

Reprenant les mêmes termes le 25 septembre dernier [2016], François Hollande a officiellement engagé la France en reconnaissant la responsabilité de ses gouvernements dans «l’abandon des harkis», dans «les massacres de ceux restés en Algérie» et dans «les conditions d'accueil inhumaines de ceux transférés en France». Le demi-siècle qui sépare l’événement du tardif aveu de culpabilité aurait-il fait pencher la balance plus que de raison ?

On peut, en effet, s’étonner de l’égale portée de ces trois imputations. Si l’abandon et l’accueil inhumain des harkis en métropole relèvent sans conteste de la seule responsabilité française, les massacres n’ont pas été ordonnés par la France. Seules les autorités du FLN algérien ont pris cette décision, ou laissé faire les règlements de compte aux sombres motifs. Assumant ainsi devant l’histoire le reniement de la parole donnée lors des pourparlers secrets de Bâle (oct.-nov. 1961) au sujet du principe de «non représailles» à l’encontre des Algériens ayant «collaboré» avec la France.

M. R.

 

 

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2 septembre 2016

La conquête de l'Algérie - la dernière campagne d'Abd el-Kader, Jacques Frémeaux

 Frémeaux couv

 

La conquête de l'Algérie

la dernière campagne d'Abd el-Kader

Jacques Frémeaux

 

 

Septembre 1845. La conquête de l’Algérie paraît terminée après les cinq ans de guerre contre l’émir Abd el-Kader. L’armée française contrôle tout le pays, à l’exception du Sahara. Les immigrants européens n’ont jamais été si nombreux. À Paris, on songe à se débarrasser de l’encombrant maréchal Bugeaud, pour le remplacer par un gouverneur moins belliqueux et plus discipliné. Bugeaud lui-même annonce sa démission.

C’est alors qu’Abd el-Kader, réfugié au Maroc, reprend la lutte. Il anéantit une colonne française à Sidi-Brahim, prélude à une brillante campagne, dans laquelle il démontre ses qualités de stratège. Les plateaux d’Oranie, le massif du Dahra, la plaine du Chélif s’embrasent à l’appel des confréries. La France des notables, représentée par le Premier ministre François Guizot, s’obstine et envoie des renforts. Les généraux de l’armée d’Afrique recourent à des méthodes tristement éprouvées. L’insurrection est écrasée. L’armée triomphe, mais l’avenir de la colonisation demeure encore bien incertain.

Jacques Frémeaux signe le premier ouvrage de fond sur un épisode méconnu et pourtant essentiel de la «pacification» française en Algérie. Une page d’histoire passionnante qui éclaire sous un jour neuf les relations tumultueuses entre la métropole et sa colonie.

 

Frémeaux couv

 

 

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26 août 2016

l'oasis de Sidi Yahia d'Oujda, un livre de Badr Maqri

oasis Sidi Yahia cpa (1)

 

 

l'oasis de Sidi Yahia d'Oujda,

un livre de Badr Maqri

 

L'histoire de l'oasis de Sidi Yahia, dans les environs d'Oujda, dans le cadre de la mémoire collective judéo-chrétienne et musulmane, sous protectorat français (1912-1956), par Badr Maqri, universitaire marocain.

 

Badr Maqri couv (1)

Badr Maqri couv (2)

 

oasis Sidi Yahia cpa (2)

 

 

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29 août 2015

compte rendu du livre de Guy Pervillé, par Gregor Mathias

accords d'Évian 1962 (1)

 

le livre de Guy Pervillé sur les Accords d'Évian

par Gregor MATHIAS

 

Guy Pervillé, Les accords d’Évian (1962). Succès ou échec de la réconciliation franco-algérienne (1954-2012), A. Colin, collection U, 2012, 288 pages.

Guy Pervillé Évian couvGuy Pervillé

Les accords d’Évian ont souvent été vus comme scellant définitivement 132 ans de présence coloniale en Algérie et terminant huit années de guerre. Or, pour l’historien Guy Pervillé, les accords d’Évian ne sont pas uniquement un point d’arrivée, mais sont surtout le début d’un nouveau départ entre le nouvel État et la France. Les nouvelles relations franco-algériennes représentent d’ailleurs la partie la plus importante de l’ouvrage.

Après avoir évoqué la genèse de l’idée de nation algérienne, Guy Pervillé rappelle que les autorités françaises de la IVe République et le FLN n’ont jamais abandonné l’idée de négocier dès janvier 1956. Interrompues avec les événements de mai 1958 et l’arrivée au pouvoir du général de Gaulle, les négociations reprennent à partir de décembre 1959.

 

Les accords d’Évian, «un bien étrange document» (R. Buron)

Si la plupart des commentateurs se sont focalisés sur le non-respect des accords concernant le cessez-le-feu, le sort des supplétifs et les Européens d’Algérie, Guy Pervillé nous rappelle que les 93 pages des accords d’Évian, signés le 18 mars 1962, «[sont] «un bien étranger document» [expression de R. Buron, un des négociateurs français], qui combinaient un accord de cessez-le-feu entre deux forces armées, (…), un accord politique (…) prévoyant d’acheminer par étapes le territoire français d’Algérie au statut d’État indépendant, et enfin un projet de traité entre deux États».

Guy Pervillé évoque les divergences entre le GPRA et les représentants français : la trêve demandée par la France comme préalable aux négociations, la représentativité exclusive des Algériens par le GPRA, le statut des Européens incompatible en contradiction avec l’unité du peuple algérien, le problème du Sahara, territoire intégré ou non à l’Algérie et les bases militaires françaises à Mers-el-Kébir et au Sahara.

Les réactions de la presse aux accords d’Évian sont évoquées allant des éditoriaux de la presse de Nation française parlant «d’un cessez-le-feu qui aggrave la guerre» et la constitution «d’un dispositif guerrier où l’ennemi à battre, est constitué par un million d’Européen et deux millions de musulmans consciemment fidèles» à L’Humanité réclamant désormais «l’épuration des éléments fascistes de l’armée, de la police, de la justice et de la haute administration».

 

Des accords mal respectés par les deux parties

L’ouvrage consacre toute une partie à la difficile application des accords d’Évian. L’OAS sabota les accords en multipliant les attentats contre les Musulmans et les forces de l’ordre. Le FLN «contourne» les accords d’Évian : si l’armée française perd 58 soldats dans des combats avec l’OAS, 32 pertes sont dues aux combats avec l’ALN dans les deux premiers mois du cessez-le-feu. De plus, l’ALN enlève 93 militaires et plus de 1 000 civils entre le 19 mars et le 2 juillet sans compter les massacres d’Européens à Oran.

Les attentats du FLN ne cessent pas, puisque 380 attentats répondent aux attentats de l’OAS. Les anciens supplétifs et les élus sont victimes de représailles, contrairement aux déclarations de garanties des personnes. Le gouvernement français estime que l’exode des Français d’Algérie ne dépassera pas les 100 000 personnes par an pendant quatre ans. Cette estimation sera bien loin de la réalité, puisqu’en mai 1962, ce chiffre était déjà atteint…

La France, elle aussi, n’a pas respecté les accords d’Évian puisqu’elle ne veille pas à sa bonne application : l’armée reste cantonnée dans ses casernes ; les commissions mixtes fonctionnent mal ; les supplétifs et leurs familles menacés ne sont pas rapatriés massivement.

Les accords d’Évian mettent au grand jour les tensions qui traversent le GPRA. G. Pervillé rappelle la démission, le 27 juin, de cinq membres du FLN de l’Exécutif provisoire pour protester contre la non-application des accords d’Évian concernant les enlèvements et les exactions touchant les Européens et protester contre l’anarchie qui s’installait en Algérie.

Il publie des extraits du programme de Tripoli du GPRA du7 juin 1962 estimant que les programmes de coopération des accords d’Évian établissaient des liens de dépendance «néocoloniale» dans les domaines économiques et culturels avec la France et s’opposent à toute présence d’Européens en Algérie. Ainsi voit-on se dessiner, à la veille de l’indépendance en Algérie, au sein de la nouvelle élite algérienne une tendance marxisante francophobe à une tendance réaliste plus francophile souhaitant conserver des liens de coopération avec la France.

 

accords d'Évian 1962 (2)
la délégation algérienne aux accords d'Évian, mars 1962

 

Une coopération franco-algérienne tumultueuse

Après l’indépendance, la France continue à assurer le fonctionnement financier du Trésor algérien jusqu’au 29 décembre 1962 et accorde une assistance dans les domaines de l’énergie, de l’enseignement et du développement économique d’un montant de 2,3 milliards de francs de 1962 à 1969. Des accords sont signés pour réguler l’immigration algérienne qui passée l’euphorie de l’indépendance cherche à gagner la France pour des raisons économiques.

Les relations franco-algériennes après l’indépendance sont davantage influencées par des intérêts. Pour la France, il s’agit de préserver ses bases d’essais militaires chimiques et nucléaires et ses centres d’exploitation d’hydrocarbures au Sahara, ainsi que de maintenir son influence culturelle en Algérie. De son côté, l’Algérie souhaite conserver le plus longtemps possible l’aide financière française, assurer l’exportation de sa production viticole sur le marché français, permettre l’émigration de travail de ses compatriotes en France, s’approprier les biens vacants des Européens et nationaliser les hydrocarbures du Sahara, seule ressource financière importante de l’Algérie indépendante.

La France n’ayant plus d’intérêt au Sahara après la nationalisation des hydrocarbures, l’Algérie ne dispose plus de moyens de pressions sur elle, les relations que l’Algérie voudrait à nouveau privilégier ne le sont plus dans les années 1970.

L’arabisation de l’enseignement et l’islamisation de la société algérienne dans les années 70 par H. Boumedienne favorisent l’émergence d’une contestation sociale portée par un islam radical. Un premier maquis islamiste apparaît même en 1982 annonçant 10 ans à l’avance la guerre civile algérienne.

En 1991-1992, le régime Chadli impopulaire subit les contrecoups de la chute des prix du pétrole et l’échec électoral face au parti  islamiste du Front islamique du salut.

Guy Pervillé évoque les arguments faisant le parallèle ou non entre la décennie noire de la guerre civile algérienne appelée également «la deuxième guerre d’Algérie» (1990-2000) et la guerre d’indépendance (1954-1962). Il interprète ce retour à la violence comme un refus des autorités algériennes, pendant 30 ans, de faire un travail critique sur l’usage délibéré de la violence dans leurs luttes pour l’indépendance, reprenant ainsi l’autocritique de Mohammed Harbi, acteur de l’indépendance et historien du FLN, qui évoquait «l’échec d’une génération n’ayant pas su trouver les chemins de la liberté».

 

Un ouvrage pour favoriser une meilleure compréhension de notre histoire commune

Cette «génération finissante», selon les mots d’A. Bouteflika au pouvoir depuis 1999, laisse enfin la place à une nouvelle génération d’Algériens qui trouvera dans cet ouvrage les clefs de compréhension de son passé, histoire indispensable à connaître pour procéder à une nouvelle étape de la réconciliation franco-algérienne.

Cet ouvrage dense et passionnant donnera également des connaissances actualisées aux professeurs d’histoire-géographie de lycée préparant leurs élèves pour le programme de «Questions pour comprendre le vingtième siècle» de classe de Première ES/L/S sur l’histoire de la guerre d’Algérie ou le programme de Terminale ES/L/S sur «L’historien et les mémoires de la guerre d’Algérie».

Gregor Mathias

Gregor Mathias

 

 

 

 

 

 

accords d'Évian 1962 (3)

 

 

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