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études-coloniales
30 juin 2018

le monde colonial en métropole : liste des articles

Paris, mosquée arabe

 

le monde colonial en métropole

liste des articles

 

  • L'île Saint-Marguerite et l'histoire coloniale (Michel Renard) [lire]
  • La manifestation du 17 octobre 1961 (liste des articles) [lire]
  • La France n'a pas gagné la Première Guerre mondiale grâce à l'Afrique et aux Africains (Bernard Lugan) [lire]
  •  Le religieux musulman et l'armée française, 1914-1920 (Michel Renard) [lire]
  • Mosquée, 1916 ; kouba, 1918 ; Mosquée, 1920 : le sacrifice monumentalisé (Michel Renard) [lire]

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  • Le drame du barrage de Malpasset/Fréjus en 1959 : simple accident ou attentat du FLN ? [lire]
  • La Mosquée de Paris a-t-elle sauvé des juifs entre 1940 et 1944 ? Une enquête généreuse mais sans résultat. Un livre de Mohhamed Aïssaoui (Michel Renard) [lire]
  • Un militant sectaire et non un président. L'usage politique du 17 octobre 1961 (Bernard Lugan) [lire]
  • La vérité historienne sur le 17 octobre 1961 (Jean-Paul Brunet) [lire]
  • Eugène Bulard, 1895-1961 (Claude Ribbe) [lire]
  • Une histoire malmenée de l'islam en France ; critique du livre de Mohammed Telhine (Michel Renard) [lire]
  • L'historien et le Revizor : Delanoë veut contrôler les historiens de la colonisation et de la guerre d'Algérie(Alain-Gérard Slama) [lire]
  • Manipulation et délire : sur un prétendu symbole "illuminati" à la Mosquée de Paris (Michel Renard) [lire]
  • Combien d'Algériens en France dans les années 1950/1960 ? (Daniel Lefeuvre) [lire]

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  • Comment l'Europe fait face à son passé colonial ? (Olivier Dard) [lire]
  • Policiers et manifestants, années 1950/1960 (Jean-Marc Berlière) [lire]
  • Charonne 1962 : la CGT n'a rien appris de l'histoire (Michel Renard) - Charonne, "un crime pour mémoire" [2010] (Daniel Renard) [lire]
  • Alain Dewerpe, Charonne, 8 février 1962 : anthropologie historique d'un massacre d'État (Régis Meyran) [lire]
  • Les victimes du 17 octobre 1961, selon Jean-Luc Einaudi (Michel Renard) [lire]
  • Le combat d'une vie (Hocine Louanchi) [lire]
  • Un guide nuancé plus qu'un discours historique sur la mémoire : critique du livre de Robert Aldrich, Les traces coloniales dans le paysage français (Marc Michel) ; suivi de : quelques remarques sur la Mosquée de Paris (Michel Renard) [lire]
  • Nous n'avions jamais vu de Noirs. 300 tirailleurs africains en Centre-Bretagne, Trévé, 1944-1945 [lire]

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  • La Mosquée de Paris sous l'Occupation (Jean Laloum) [lire]
  • Le massacre du 17 octobre 1961 : information ou désinformation ? (Jean-Pierre Pister) [lire]
  • Philippe Bouvard à Si Kaddour ben Ghabrit : "merci d'avoir fait libérer mon père" [lire]
  • La bataille de Paris du 17 octobre 1961 (général Maurice Faivre) [lire]
  • "Commémorations" de la manifestation du 17 octobre 1961 (général Maurice Faivre) [lire]
  •  Résistance à la Mosquée de Paris : histoire ou fiction ? (Michel Renard) [lire]
  • La Résistance de la Mosquée de Paris (Mohammed Ferkane - Michel Renard) [lire]

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  • La kouba de Nogent reconstruite est inaugurée ce jeudi 28 avril 2011 (Daniel Lefeuvre - Michel Renard) [lire]
  • La kouba de Nogent (1919), reconstruite en 2010 et inaugurée en 2011 (Michel Renard) [lire]
  • 17 octobre 1961, téléfilm d'Alain Tasma et Patrick Rotman (général Maurice Faivre) [lire]
  • "Images et représentations des Maghrébins dans le cinéma en France" [lire]
  • Sur la méthodologie et la déontologie de l'historien : retour sur le 17 octobre 1961 (Jean-Paul Brunet) [lire]
  • 1931. Les étrangers au temps de l'Exposition coloniale (Jean-Pierre Renaud) [lire]
  • Monument aux morts en Indochine, Foix (Ariège) [lire]
  • "II faut savoir ce que l'on veut et où l'on va", dixit Lyautey (colonel Pierre Geoffroy) [lire]

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  • Mohammed Bedek, militant nationaliste algérien à Lyon dans les années 1930 [lire]
  • La colonie en province : diffusion et récption du fait colonial en Corrèze et en Haute-Vienne, vers 1830-vers 1930 (Reine-Claude Grondin) [lire]
  • Le Tata (1992), un film censuré par "la télé" ( Patric Robin et Évelyne Berruezo) [lire]
  • Le "parti colonial", réseaux politiques et milieux d'affaires : les cas d'Eugène Étienne et d'Auguste d'Arenberg (Julie d'Andurain) [lire]
  • Le Havre colonial au XIXe siècle, une identité oubliée (Claude Malon) [lire]
  • Hommage à un résistant bordelais : Mohamed Taleb (Daniel Lefeuvre) [lire]
  • Bordeaux colonial de 1850 à 1940 (Christelle Lozère) [lire]
  • L'Exposition coloniale de 1931. Mythe républicain ou mythe impérial ? (Charles-Robert Ageron) [lire]

 

Malo-les-Bains, marchand arabe
Malo-les-Bains (Dunkerque), "marchand arabe", avant 1914

 

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28 juin 2018

l’île Sainte-Marguerite et l’histoire coloniale (texte de 2014)

Vue du fort (en mer 1)
vue du fort de l'île Sainte-Marguerite, 22 décembre 2004

 

l'île Sainte-Marguerite

et l’histoire coloniale

Michel RENARD

 

L’île Sainte-Marguerite, aujourd’hui ? À quinze minutes de Cannes en bateau. Une végétation aux noms magiques : pins d’Alep, chênes verts, lentisques, eucalyptus, cyprès…

L’ancien Fort Royal, le sémaphore, le musée de la Mer. Quelques heures de randonnées pour touristes plus ou moins informés mais fascinés par cet écrin préservé, quelques stages de formation pour des adolescents qui doivent dormir sur le sol de pierre des bâtiments, vestiges d’une époque révolue…

 

Végétation île 1
île Sainte-Marguerite : une végétation protégée

 

Mais qui se souvient que, par-delà le Masque de Fer (1687-1698), les pasteurs protestants après la révocation de l’édit de Nantes (1685) et le général Bazaine quelques mois en 1873-1874, plusieurs centaines de détenus algériens ont désespéré dans les froides cellules du fort, arpenté les allées de cette île pendant des années sans espoir d’en échapper ?  Sans espoir ? Les archives livrent le cas d’une évasion. Le prisonnier Mohamed ben Guezouaou, arrivé le 3 octobre 1849, noté comme négociant de son état dans la province d’Alger, appartenant à la tribu des Aghouass.

Les Européens qui auraient pu témoigner des conditions d'internement de ces musulmans ont fréquenté l'île Sainte-Marguerite quand il n'y en avait pas : Mérimée (octobre 1834) et Victor Hugo (fin de l'été 1839) ont visité l'île avant la présence de prisonniers algériens ; Maupassant (1884) peu après. Ici, donc, le roman n'a pas produit d'aveux. Quant au séjour de Bazaine, il coïncide apparemment avec une absence de détenus arabes.

Il ne reste donc que l’ethnographie de terrain et les archives pour en savoir davantage : les archives conservées à Aix-en-Provence (ANOM) ou les fonds déposés aux Archives départementales à Nice.

Divers ouvrages ont aussi évoqué ces prisonniers arabes. Le plus récent, Cannes, l’amour azur, de Richard Chambon (2011) fournit quelques chiffres corrects mais incomplets. Le livre de Jean-Jacques Antier, Les grandes heures des îles de Lérins (1975), est honnête mais comporte des lacunes sur l’importance numérique des détenus. Par contre, le roman Aïcha de Benoît Ronsard (1995) avance un chiffre de «dix mille hommes, femmes et enfants arrêtés, presque par hasard, par le duc d'Aumale (…) déportés, oubliés, enterrés là»… Ce n’est pas exact.

 

des archives prolifiques

La population carcérale algérienne présente sur Saint-Marguerite fut la plus nombreuse sur une durée de plus quarante ans, avec des éclipses cependant. Et il y a une certaine injustice à ne pas le savoir suffisamment ni à en faire référence en ces temps inflationnistes de «mémoires».

Les archives ont été d’abord été exploitées par le savant et regretté Xavier Yacono dans son article «Les premiers prisonniers de l'île Sainte-Marguerite», Revue d'histoire maghrébine, 1974, p. 39-61. Les fonds qu’il a en partie consultés sont profus en informations.

Quand, après ce pionnier, je m’y suis plongé à mon tour, j’ai découvert des dizaines de cartons d’archives contenant des centaines de pièces diverses. On peut consulter des registres nominatifs de départs vers Sainte-Marguerite ou des états nominatifs des prisonniers arabes présents sur l’île, des état d‘effectifs faisant le point sur les arrivées, les décès, les élargissements. On lit avec une certaine émotion des indications telle que «enfant à la mamelle»…

On peut compulser différents rapports entre ministères, par exemple celui de la Guerre, des Colonies et du Gouvernement général d’Alger. On peut suivre les diagnostics et observations des médecins ayant séjourné sur l’île comme le docteur Warnier à l’été 1843 ou le docteur Bukojemski en 1845 qui y resta quatre mois et demi.

docteur Warnier, jeune
le docteur Warnier

les déportés Algériens

Pour les médecins, l’aspect principal est d’ordre psychologique. La rupture brutale avec l’Algérie, avec la famille et les traditions, l’isolement relationnel.

C’est ce que notait le docteur Bukojemski en 1845. Ce qui l’intéresse, c’est que ces Arabes «sont nés dans une autre partie du monde, leur religion, leurs mœurs, leurs habitudes, toute leur éducation physique et morale jusqu'à leur langue et leurs habits qui diffèrent essentiellement de ceux des Européens, et l'influence morale, de l'exil sur ces hommes».

Cette cassure géographique et cette désagrégation des prisonniers est délibérée. Elle entre dans les buts de guerre des conquérants français.

Le docteur Warnier, en 1843, est très lucide : «Les événements militaires accomplis depuis trois ans en Algérie, ont prouvé qu'il ne suffisait pas de vaincre les Indigènes, de brûler leurs moissons, d'anéantir leurs troupeaux par d'immenses razzias, pour soumettre des populations aussi nomades et leur faire accepter notre domination. (…) convaincu de cette vérité, [Bugeaud] comprit qu'un élément de conquête devait être ajouté à tous ceux qu'il a si habilement employés, et propose au gouvernement la déportation en masse comme moyen final, pour les tribus qui dans les provinces forment des centres politiques, qui soumises aujourd'hui, sont demain révoltées, et avec lesquelles il n'y aura de repos qu'après les avoir expulsées du pays soumis ou à soumettre».

 

combien de détenus sur cette île de Lérins ?

Il est difficile de parvenir à un total exact. Mais les archives livrent des données statistiques sur l’ampleur des déportations. Un rapport du Génie de Toulon révèle qu’une première installation avait eu lieu dès 1837 dans le fort qu’on avait entouré d’un «palissadement».

En 1843, le docteur Warnier note que : «Le fort de l'Île Sainte-Marguerite est depuis trois ans le lieu unique de dépôt de tous les prisonniers arabes déportés en France».

D’après les relevés de l’historien Yacono, en août 1841, on compte trois prisonniers, puis neuf autres. En 1842-1843, il y en 80. Mais quarante-trois sont libérés avant juin 1843.

D’après les archives que j’ai examinées, la smala d’Abd el-Kader, arrivée le 26 juin 1843, se chiffre à deux cent quatre-vingt-dix personnes. L’Émir n’y figure pas.

En septembre 1843, il y aurait un total de cinq cent trente détenus. On conçoit qu’à partir de ce moment, il est impossible de confiner tout le monde dans le fort. En août 1845, on redescend à deux cent quatre-vingt-huit. En septembre 1846, sept cent quarante-sept. En avril 1847, je crois que le maximum est atteint avec huit cent quarante-trois incarcérés… ! Ceux-ci ont accès à certains secteurs de l’île.

prisonniers devant cellules du fort, vers 1870
prisonniers arabes et leurs gardiens à Sainte-Marguerite, vers 1870

Entre 1859 et 1868, on note une absence d’Algériens sur l’île qui fait face à Cannes. Ce dépôt a été transféré à Corte en Corse. Mais en 1868, le ministère de l’Intérieur veut récupérer Corte pour y installer les convalescents des établissements agricoles de la Corse. Les Arabes retournent donc sur la plus grande île de Lérins.

L’histoire coloniale, entre-temps, se mêle alors au sort des entreprises militaires de Napoléon III. De nombreux convalescents de la guerre de Crimée sont installés dans un hôpital temporaire sur l’île en 1856. Trente y meurent et sont inhumés au cimetière d’Orient. Puis six cents prisonniers autrichiens sont internés au fort au cours des guerres d’Italie.

Les déportations d’Algériens recommencent en 1868 avec les condamnés de la révolte orientale de la Kabylie en 1864. Et parmi les mille condamnés de 1871, deux cent cinquante sont affectés à Sainte-Marguerite en octobre 1871. Les archives indiquent la présence de détenus jusqu’au début des années 1880. Peut-être des prisonniers Khroumirs après la campagne de Tunisie en 1881.

 

les conditions de vie des Arabes de Sainte-Marguerite

Reclus dans un premier temps dans les cellules froides de la forteresse, les réprouvés ayant dû traverser la Méditerranée pour y subir leurs peines purent se déplacer dans les allées de l’île et même se baigner – ce qui choqua une partie des Cannois qui voyaient, dit-on, leurs corps nus…

La nourriture était frugale. On leur dispensait du couscoussou – comme on disait. Les maladies ne les ont pas épargnés : fièvres, céphalines, affection pulmonaire, affection des viscères, «nostalgie» et hypocondrie, exostoses du système osseux. Mais encore des cas de gale, d’hémoptysie, de dysenterie, etc.

prisonniers kroumirs

 

Les décès étaient traités en observance des rites musulmans. L’intendant militaire Baron rapporte le 8 août 1845 que : «Les inhumations se font par les arabes et suivant leurs cérémonies : les 10 francs alloués sont employés à acheter le calicot qui sert d'enveloppe au corps. Ils recouvrent la fosse de morceaux de bois et de terre glaise, et y jettent quelquefois de l'essence de rose».

 

entrée principale et panneau
le cimetière musulman de l'île Sainte-Marguerite

 

Une question importante reste posée : la stèle érigée dans le cimetière musulman porte la dédicace «à nos frères musulmans morts pour la France». Elle est anonyme et non datée. Cette pierre fait violence à la vérité historique car les musulmans inhumés sur l’île Sainte-Marguerite ne sont pas morts «pour la France» mais comme contestataires de la conquête et de l’ordre colonial français. Il faut songer à la remplacer.

 

Stèle 2
"À nos frères musulmans morts pour la France"

 

 

Michel Renard, historien
publié dans
Un siècle de vie cannoise, 1850-1950
éd. Ville de Cannes, 2014, p. 118-123
photos de l'île : MR

 

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19 juin 2018

la dimension religieuse de la guerre d'Algérie, Roger Vétillard

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la dimension religieuse de la guerre d'Algérie

Roger Vétillard

 

 

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12 juin 2018

la manifestation du 17 octobre 1961 à Paris

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