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études-coloniales
30 juin 2013

le colonel Amirouche

58

 

 

Une vie, deux morts, un testament

un livre sur le colonel Amirouche

 

À l’occasion de la prochaine sortie du livre qui fait polémique de Saïd Sadi sur le colonel Amirouche, son fils, Noureddine Aït Hamouda, député RCD, se confie à El Watan Week-end. Pour lui, le colonel Amirouche a été donné par le MALG à l’armée française.

- Une vie, deux morts, un testament, c’est le livre qui va paraître ces jours-ci et il fait déjà polémique. L’auteur, Saïd Sadi, le patron du RCD, retrace la vie de votre père, le défunt colonel Amirouche, tombé sous les balles françaises le 28 mars 1959.

- D’abord, avez-vous participé à l’écriture de cette biographie ?

Non, l’écriture est l’œuvre exclusive de Saïd Sadi. Cela fait quarante ans que je connais Saïd Sadi et cela fait quarante ans que l’on parle de Amirouche. Ce livre a cogité dans sa tête au minimum 30 ans. Je l’ai aidé dans la mesure où je connais de nombreux détails sur Amirouche, j’ai pu avoir accès à certains documents, lui faire rencontrer des maquisards qui connaissaient bien mon père. Voilà ma contribution, c’est tout.

- Qu’apprend-on de nouveau dans ce livre sur le colonel Amirouche ?

Il ne faut pas se leurrer : il y a une quinzaine d’années, le pouvoir censurait le nom de Amirouche. Lors de la sortie du film L’Opium et le bâton, en 1971, Boumediène en personne est intervenu pour enlever le nom de Amirouche du scénario. Dans ce livre, Sadi retrace toute la vie de Amirouche, tout son combat est relaté (à Oued Fodda, à Oran, Relizane, à Paris, à la Wilaya III, à Tunis, etc.). Ce livre démontre et prouve une thèse fondamentale : Amirouche a été abattu lors d’une embuscade tendue par l’armée française, mais il a été donné, vendu aux Français par le MALG (ministère de l’Armement et des liaisons générales), c’est-à-dire par Boussouf et Boumediène en personne.

- Ces affirmations sont graves. Avez-vous des preuves de ce que vous énoncez ?

Oui, je l’affirme haut et fort ! L’équipe du MALG préparait l’après-Indépendance. Une dépêche de l’AFP du 30 mars 1959 annonce que «le colonel Amirouche a été éliminé par une grenade, reste maintenant à tuer la légende». La France l’a abattu, puis a caché son corps pour qu’il ne soit pas une légende. Le corps a été rendu aux Algériens en 1964, déterré d’une caserne près de Bou Saâda. Ensuite, le corps a été caché une seconde fois par Boumediène, cette fois au siège de l’état-major de la Gendarmerie nationale. C’est la même méthode que les Français : un système de vases communicants entre l’armée française et l’armée algérienne.

- Boumediène, c’est quand même un mythe de l’Algérie indépendante, un personnage aimé de beaucoup de nos compatriotes. Pour vous, il se réduit à un vulgaire assassin...

Vous savez, et vous l’apprendrez dans le livre, Boumediène a fait pire que cela. Amirouche devait être tué en 1957 (soit deux ans avant sa mort) au Maroc. Nous avons des preuves. Au moment où à l’intérieur du pays d’authentiques militants se battaient pour l’indépendance, ceux qui étaient planqués, particulièrement au Maroc, avaient pour objectif la prise du pouvoir après l’indépendance.
Il voulait donc éliminer tous les gens qui, après l’indépendance, pouvaient leur poser problème. C’est comme cela que Abane Ramdane a été éliminé, c’est comme cela que Amirouche devait être éliminé. A la dernière minute, il avait décidé de ne pas aller au Maroc, il échappait ainsi à la mort, pour deux ans seulement. Boumediène a fait pire, il a tué les fameux colonels de la Wilaya I avec l’aide de Bencherif !

- Pourquoi Boumediène aurait-il voulu cacher le corps de votre père et celui du héros des Aurès Si El Haouès ?

Un des survivants de cette histoire, c’est le colonel Bencherif, patron de la Gendarmerie nationale à l’époque et responsable de la mise au secret du corps de mon père à l’état-major de la gendarmerie de 1964 à 1982. Je constate qu’aucun journaliste ne lui a demandé pourquoi il avait fait cela, personne ne l’a inquiété, ni la justice ni personne. J’ai moi-même rencontré le colonel Benechrif, je lui ai demandé : «Pourquoi avez-vous fait cela à Amirouche ?» Il m’a répondu : «Je n’en sais rien, Boumediène m’a ramené les corps, il m’a demandé de les cacher, je les ai cachés.» J’ai rétorqué : «Mais alors, pourquoi après la mort de Boumediène, tu n’as pas parlé ?» «Le moment n’était pas encore arrivé...», m’a-t-il répondu.

- Finalement, ne serait-ce pas le procès de Boumediène que l’on fait dans ce livre ?

Non, ce livre n’a pas été fait pour régler des comptes. Il a été écrit pour rétablir une vérité historique que tout le monde a tenté de nier. Pourquoi n’aurait-on pas le droit de critiquer ce qu’a fait Boumediène ? Je ne vois pas pourquoi je n’aurais pas le droit de parler de l’armée. C’est une institution de la République. Il faut parler de Boumediène, mythe ou pas ! Pourquoi dans ce pays il y a des niches qu’on ne doit pas voir ? C’est insupportable à la fin ! Pourquoi Boumediène avait le droit de vie ou de mort sur les gens et moi pas la possibilité d’apporter ma critique ? Nous avons le droit de nous poser cette question : «Le bilan de Boumediène est-il positif ? Ou globalement négatif ?»

- Et votre bilan, est-il positif ou négatif ?

Depuis 1962, à ce jour où je vous parle, le bilan est globalement plus que négatif : il est catastrophique ! Jamais l’Etat algérien n’a été aussi riche qu’aujourd’hui avec un pétrole avoisinant les 85 dollars. Mais jamais les Algériens n’ont été aussi pauvres que maintenant. Nos amis marocains et tunisiens sont en train de construire leur pays avec un développement largement plus important que le nôtre.

- Les autorités algériennes préparent la riposte à ce livre sulfureux, des témoignages contredisant votre thèse et celle de Saïd Sadi. A l’heure où je vous parle, êtes-vous sûr de vos accusations ?

Vous savez, Khalida Toumi, une ancienne de notre formation politique devenue ministre de la Culture, a dit récemment : «Tant que je serai ministre, ce livre ne paraîtra jamais.» J’ai dû faire des pieds et des mains en haut lieu pour obtenir le numéro d’ISBN permettant sa publication. Et nous l’avons obtenu ! C’est déjà une victoire. Reste une interrogation sur mon père. Je peux essayer de comprendre qu’en temps de guerre, il y avait ce genre de liquidation d’hommes qui pouvaient faire de l’ombre, même si je ne les approuve pas. Des luttes intestines pour prendre le pouvoir existaient. Mais ce que je ne comprends pas — et c’est un mystère jusqu’à aujourd’hui pour moi — c’est qu’on cache le corps de mon père pour effacer une légende. Même mort, Amirouche leur faisait peur !



Bio express :

Noureddine Aït Hamouda est né le 15 juillet 1949 à Tassaft Ouguemoun, daïra d’Ath Yenni, Tizi Ouzou. Issu d’une famille modeste, son père est militant du mouvement national à l’ouest du pays puis en France dans les années 1950. Sa mère l’emmène chez ses grands-parents à Oued Fodda (Chlef).
À 27 ans, sa mère décède. Trois ans plus tard, son père, le colonel Amirouche, figure historique de la Révolution, est tué dans une embuscade tendue par l’armée française le 28 mars 1959.
Élevé par ses grands-parents maternels, le jeune Noureddine rencontre Saïd Sadi en 1978. Il s’engage dans le Mouvement culturel berbère (MCB) et fait face aux arrestations policières pour ses engagements politiques. Viennent les années de prison : 12 ans de prison entre Tizi Ouzou, Berrouaghia, Médéa et Blida.
Membre fondateur du RCD en février 1989, il est député de cette formation politique et, malgré la censure de l’ENTV, il ne cesse de perturber les séances publiques de l’APN.

 source

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4 juin 2013

Un silence d'État : les disparus de 1962

Disparus DVD

 

un DVD sur les Français disparus

en Algérie en 1962

un outil d’information indispensable

Jean MONNERET

 
Pendant longtemps, la tragédie des Français disparus, durant l’année 1962 fut l’immense non-dit de la Guerre d’Algérie. Après le 19 mars 1962, en effet, alors que les protagonistes du conflit, réunis à Evian, y avaient signé un accord de cessez-le-feu, les troubles persistèrent en Algérie.

À partir du 17 avril, les commandos du FLN, en Oranie  et dans l’Algérois, se mirent à enlever des civils européens. Ceci contribua à déclencher chez ces derniers une panique considérable. Elle accentua notamment leur exode massif et chaotique vers la métropole.

Après le 3 juillet 1962, jour où fut reconnue par la France l’indépendance de l’Algérie et alors qu’un nombre relativement important d’Européens continuait à résider dans les grandes villes de la côte, les exactions contre eux se poursuivirent. Par endroits, elles s’amplifièrent même. Le 5 juillet 1362, la ville d’Oran fut le théâtre de centaines d’enlèvements et de massacres de Pieds-Noirs perpétrés dans le centre et à la périphérie de la ville.

Quelques articles furent publiés à l’époque dans des organes de presse comme Le Parisien Libéré ou L’Aurore. Des interpellations eurent lieu au Parlement et des chiffres furent cités au Sénat par M. de Broglie, alors chargé des Affaires Algériennes. Au delà de 1964, un silence épais se mit à régner sur le sujet. Les familles touchées furent abandonnées à leur chagrin et à leurs difficultés.

Le caractère à la fois tabou et mystérieux de ce problème, le passage des années et l’indifférence tant de la grande presse que des milieux officiels reléguèrent le problème au milieu associatif des Français d’Algérie. Très actif mais pas toujours bien inspiré.

ouverture des archives

Le peu d’écho extérieur, le découragement qui gagnait les victimes, le vieillissement des gens concernés, la lente et inexorable extinction des témoins menèrent cet épisode à un quasi-oubli. Sur ce terrain presque déserté, toutes sortes de fantasmes et d’interprétations hasardeuses proliférèrent.

En 1992, l’ouverture des archives aux chercheurs permit de créer une situation nouvelle. Des ouvrages divers virent le jour dans les deux décennies qui suivirent. Plusieurs étaient de qualité et appuyés sur des données de plus en plus précises...

Les efforts du général Faivre, l’activité de Monseigneur Boz, l’intervention discrète mais efficace du sénateur Guerry permirent de faire sortir ce drame du confinement. Une recherche approfondie menée par l’historien Jean-Jacques Jordi permit également de mieux cerner le problème.

La consultation d’archives nombreuses, la publication de chiffres sérieux furent à l’origine d’un livre précieux Un silence d’État (éditions Sotéca). Le tout marqua une avancée significative sur le plan historique.

Aujourd’hui, nous voudrions attirer l’attention sur l’existence d’un DVD intitulé Histoire d’un silence d’État qui prolonge et approfondit la connaissance du problème. Il est réalisé par Claire Feinstein, une vidéaste qui avait participé, il y a quelques années, au film Pieds–Noirs. Histoire d’une blessure. Elle a réussi à analyser et à présenter avec beaucoup de précision et d’intelligence cette tragédie longtemps occultée.

Les historiens, les familles, toutes les personnes attachées à la vérité disposent désormais d’un document irremplaçable pour faire connaître cet épisode dramatique dont les conséquences furent gigantesques. C’est aussi une arme contre ceux qui ont entretenu le silence officiel et voudraient prolonger l’omertà.

 Jean Monneret

jean monneret 2

 

Les Disparus. Histoire d’un silence d’État par Claire Feinstein.

13productions. 1 rue Elie Pélas, 13016 Marseille. 

Tel : 04 91091423

contact@13productions.fr          www.13productions.fr

disparus

 

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