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études-coloniales
23 février 2012

Charonne (1962) et la CGT

Charonne CGT (3) 

 

la CGT n'a rien appris de l'histoire

Michel RENARD

 

L'Union régional Île-de-France de la CGT a publié, début 2012, une plaquette commémorative de la manifestation du 8 février 1962 restée sous le nom de "Charonne" (du nom d'une station de métro du 11e arrondissement de Paris) et des neuf morts assassinés par la police (dont huit membres du Parti communiste).

Historiquement, on ne peut y être insensible. Personnellement, je le suis encore moins puisque ma propre mère fut l'une de ces manifestantes. Lorsqu'elle décéda, beaucoup plus tard, et qu'on l'inhuma, le 28 février 2008 à Bezons, j'ai prononcé ces mots au sujet de cet événement : "Le 8 février 1962, à proximité du métro Charonne, avec d'autres, elle fut malmenée par la charge policière et ne dut qu'à la vigilance d'un anonyme compagnon de manifestation d'échapper au piège qui fut fatal à plusieurs."

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8 février 1962

J'ai longtemps cru qu'il s'agissait d'une vérité familiale et historique. Or, mon père vient de m'appendre que j'ai dû confondre avec la manifestation contre la venue du général américain Ridgway le 28 mai 1952. Ce jour-là, la répression fut terrible : on compta un mort parmi les manifestants et des dizaines de blessés. C'est à cette occasion que ma mère fut renversée. Un manifestant proche puis mon père (qui se souvient du prénom du premier) se portèrent à son secours, la dégagèrent et la mirent à l'abri du danger. Ma mère n'était pas à Charonne, sinon "nous serions rentrés ensemble" me fit remarquer mon père.

Entre parenthèses, ce souvenir écran atteste de la terrible vulnérabilité du témoignage de mémoire. Et des processus complexes de déplacement de souvenirs. Il me semblait pourtant en avoir plusieurs fois discuté avec mes parents. Ma mère était à Charonne, j'en étais persuadé. À tort.

Mon père, de son côté, fait depuis longtemps partie du "Comité Vérité et Justice Charonne" (lire son interview ci-dessous paru en 2010) Je ne livre pas ces confidences famliliales comme argument d'autorité pour valider ce que je vais dire. Seulement, pour signifier que "Charonne" est loin de m'être indifférent.

Mon ami Daniel Lefeuvre, lui, a participé au cortège des obsèques de ces décédés, le 12 février 1962, ce fut sa première manifestation, je crois. Il en garda le souvenir d'un impressionnant silence. "Charonne" est l'un des ferments de notre réceptivité à la période coloniale et anti-coloniale.

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12 février 1962

 

quelques critiques de la plaquette de la CGT

Ce qui me gêne dans la plaquette de la CGT n'est pas le rappel de ces tragiques événements. Il faut le dire et le redire. Mais ce sont plusieurs affirmations, cadres d'analyse ou même silences qu'il est impossible de continuer à répéter aujourd'hui. Par exemple :

1) la plaquette commence ainsi : le 18 mars 1962, les accords d'Évian mettaient fin à huit ans d'une guerre..." Faux. On sait très bien que la "guerre" continua pendant des mois, que la direction du FLN à Tripoli n'approuva pas les accords, que des centaines de morts tombèrent après mars 1962.

Charonne CGT

2) le texte se poursuit par un bilan : "Environ 400 000 Algériens sont morts, 90 000 harkis, 29 000 militaires français, 6000 civils «européens». Il y eut environ 65 000 blessés". D'abord, le chiffre de morts algériens est inférieur, environ 300 000 selon l'historien Yacono et probablement inférieur à 250 000 selon Charles-Robert Ageron (cf. Guy Pervillé, Pour une histoire de la guerre d'Algérie, éd. Picard, 2002, p. 239). Ensuite, on pourrait expliciter que les harkis ont été tués par les Algériens, que des Algériens messalistes (Messali Hadj) furent égorgés par des Algériens du FLN...

3) on utilise la formule : "l'ultra-colonisation de l'Algérie". Qu'est-ce cela veut dire ? D'où sort cette caractérisation ? Aucun historien ne l'a jamais employée, personne ne l'a jamais élucidée. Pourquoi cette emphase ? Le terme de colonisation suffit, même si la réalité a montré "des" colonisations différentes. Le terme "ultra" voudrait-il renvoyer aux "ultras" de la collaboration qui s'affichèrent avec les nazis entre 1940 et 1944 ?

4) d'autant que si "l'ultra-colonisation" voulait évoquer la colonisation de peuplement, les chiffres qui figurent dans la plaquette elle-même subviennent à prouver la marginalité de ce peuplement : la conquête du territoire se double de l'installation des colons. Quand le général Bugeaud quitte ses fonctions, 11 000 européens (notamment espagnols) et 47 000 Français colonisent l'Algérie"...! Et puis quoi encore ! Cinq dizaines de milliers de personnes colonisent l'Algérie. Ce n'est pas sérieux. Par ailleurs, la plupart étaient à Alger et dans ses alentours immédiats.
Comme le note Jacques Frémeaux : "La véritable prospérité de la colonie ne commence réellement qu'à partir des années 1880, poussée par le développement du vignoble" (La France et l'Algérie en guerre, 1830-1870, 1954-1962, éd. Economica, 2002, p. 52).

5) l'évocation de la conquête militaire est très lapidaire : "le général Bugeaud conduit une guerre d'une sauvagerie extraordinaire. Il organise la torture contre les populations locales en pratiquant par exemple l'enfumage des populations"? La guerre de conquête a été violente. Le mot "torture" contre des populations locales est-il approprié ? Le défaut du raisonnement tient dans sa généralisation.


a) L'affrontement avec les tribus passait par le contrôle des territoires où elles trouvaient refuge, ce qui conduisit aux "razzias" avec destruction des douars, confiscation des récoltes, déplacement des populations... Ces méthodes terribles n'étaient pas spécifiquement françaises ni nouvelles.
L'historien Jacques Frémeaux précise : "Bugeaud n'est pas, à vrai dire, l'inventeur de la razzia. Celle-ci est largement inspirée de celle des anciens dominateurs turcs, qui eux-mêmes n'avaient sans doute qu'emprunté à leurs prédécesseurs une technique de domination employée depuis des temps anciens par les États du Maghreb. Faute de pouvoir occuper et administrer de manière permanente les pays relevant de leur souveraineté, ils y envoyaient régulièrement des colonnes armées, dites mehalla, chargées de lever les impôts. En cas de résistance, celles-ci opéraient des ravages qui ne cessaient qu'au moment où les notables venaient faire leur soumission. Il semble que parmi les premiers Français à avoir recours de manière systématique à ces méthodes figure le genéral Lamoricière, jeune rival de Bugeaud, mais un des plus anciens «Africains» de l'armée. Elles deviennent en tout cas une constante des campagnes françaises en Afrique du Nord (La France et l'Algérie en guerre, 1830-1870, 1954-1962, éd. Economica, 2002, p. 197).

Mais ci, le terme de "torture" est inapproprié.

b) les autorités militaires coloniales considéraient les insurgés comme des rebelles à l'ordre colonial mais pas comme des Français coupables de rébellion à l'autorité de l'État. Jacques Frémeaux, encore, note : "les commandants des colonnes qui recueillent les redditions ont pour coutume d'imposer aux survivants de rendre leurs armes, et de les frapper de peines collectives, notamment sous forme d'amendes, et non de les condamner à mort ou à des peines de travaux forcés" (id, p. 88). Alors que les insurgés vaincus et prisonniers de 1848 ou ceux de 1871, en métropole furent fusillés. Là encore, on ne peut qualifier cela de "torture".

c) par contre l'affaire des enfumades des grottes du Dahra (19 juin 1845) manifeste un degré de cruauté qu'il faut cependant tempérer par les réactions des militaires qui ont eu à la mener ou à la commenter. Talonnée par les troupes de Pélissier, une partie des populations de la tribu des Ouled Riah se réfugie dans un massif montagneux à l'est de la ville de Chlef, les grottes du Dahra. Des négociations s'engagent entre les "insurgés" et les militaires français après les ripostes armées des "encavernés" qui tirent. L'accord ne se conclue pas. Pélisssier décide de faire sortir les barricadés en enfumant l'entrée des grottes et fait tirer sur ceux qui tentent de s'extraire du piège. Plus de cinq cents personnes y laissèrent la vie, hommes, femmes enfants, dit-on. Horrible épisode de guerre.
Pélissier rend compte à Bugeaud : "Ce sont des opérations, Monsieur le maréchal, que l'on entreprend quand on y est forcé, mais que l'on prie Dieu de n'avoir à recommencer jamais" (cf Jean-Pierre Bois, Bugeaud Fayard, 1997, p. 455). Ce qui prime dans ce face à face est l'aspect militaire. Il n'y a pas de caractérisation ethnico-péjorative de l'adversaire. Ni "torture", mais logique de choc militaire sans concessions. Comme l'avaient été toutes les guerres jusqu'alors.

5) La référence au "facisme" du régime gaulliste. C'est un contre-sens historique bien connu. On peut discuter des conditions du retour au pouvoir du général De Gaulle en mai-juin 1958. Mais cela n'a jamais approché le fascisme. Répéter en 2012, les slogans alarmistes et anachroniques lancés en 1958, c'est ne rien avoir appris de l'histoire.

Alors, oui, en tant que citoyen, il faut condamner la violence politique et policière de 1962. Oui, il faut honorer la mémoire des sacrifiés. Mais en tant qu'historien, on ne peut réitérer les catégories d'appréhension du passé relevant d'une idéologie et non de la rigueur d'analyse.

Michel Renard

Charonne CGT (2) 

 

____________________________

 

metro-charonne 

 

Charonne : «Un crime pour mémoire»

Daniel RENARD (2010)

21218138Quarante-huit ans après, l’État n’a toujours pas reconnu sa responsabilité dans le crime du métro Charonne. Entretien avec Daniel Renard, président du Comité Charonne pour la vérité et la justice.

Jean-Pierre Bernard, Fanny Dewerpe, Daniel Fery, Anne-Claude Godeau, Édouard Lemarchand, Suzanne Martorelle, Hippolyte Pina, Maurice Pochard, Raymond Wintgens. Il y a quarante-huit ans, le 8 février 1962, ces neuf syndicalistes de la CGT, dont huit étaient militants du Parti communiste, étaient assassinés, à la station de métro Charonne, par les brigades spéciales dirigées par Maurice Papon, à l’époque préfet de police de Paris. Ils venaient de participer à une manifestation contre l’OAS (1) et pour la paix en Algérie.
Daniel Renard, aujourd’hui président du "Comité Charonne pour la vérité et la justice", faisait partie des organisateurs de cette manifestation. Il témoigne.

Pourquoi un comité Charonne et pourquoi ce nom : vérité et justice ?

Daniel Renard - Parce que nous voulons que l’État reconnaisse enfin sa responsabilité dans le crime du 8 février 1962 et que justice soit rendue aux familles des victimes. Nous voulons aussi faire connaître ce qui s’est passé. Beaucoup, surtout parmi les jeunes, ignorent tout de Charonne. On ne leur en parle pas à l’école.

Quel était l’objectif de cette manifestation du 8 février ?

Daniel Renard - Elle avait deux objectifs : la riposte aux attentats de l’OAS et la paix en Algérie. Le 7 février, une charge de plastic au domicile du ministre André Malraux avait défiguré la petite Delphine Renard. D’autres attentats avaient visé notamment le député communiste Raymond Guyau et l’écrivain Vladimir Pozner qui avait été sérieusement blessé.
Le soir même, les unions départementales CGT de la Seine et de la Seine-et-Oise provoquaient donc une réunion des organisations syndicales et politiques pour riposter. Et, le matin du 8 février, un tract appelait à manifester à 18 h 30 à la Bastille. Il était signé par les syndicats CGT de Seine et de Seine-et-Oise, les organisations parisiennes de la CFTC, de l’Unef, du SGEN, les sections de Seine-et-Oise de la Fédération de l’éducation nationale (FEN) et du Syndicat des instituteurs. Les fédérations de Seine et de Seine-et-Oise du Parti communiste et du PSU, les Jeunesses communistes, les Jeunesses socialistes unifiées, le Mouvement de la paix de Seine et de Seine-et-Oise s‘associaient à l’appel.



charonne

 

Comment les événements se sontils déroulés ? Vous étiez parmi les organisateurs…

Daniel Renard - J’étais secrétaire général de la FEN de Seine-et-Oise. Lorsque nous avons su que le gouvernement interdisait la manifestation, nous avons tenté en vain d’avoir un rendez- vous à la préfecture de police. Il faut rappeler que le préfet de police, Maurice Papon, venait de s’illustrer dans le massacre des Algériens lors de la manifestation du 17 octobre 1961 à l’appel du FLN – on connaît aussi son rôle, en Gironde, pendant l’Occupation. La Bastille n’étant pas accessible, nous avons constitué cinq cortèges différents. En tête de chacun il y avait des responsables des organisations qui appelaient.
On a évalué à 60 000 le nombre total de manifestants. Je me trouvais dans le cortège qui, parti du boulevard Beaumarchais, est arrivé à l’angle de la rue des Écoles et du boulevard Saint-Michel où la dislocation s’est effectuée dans le calme.
Je suis alors rentré chez moi, à Bezons. C’est dans la nuit que j’ai été informé de ce qui s’était passé au métro Charonne. Alors que des responsables de la CGT et de la CFTC venaient de s’adresser aux manifestants et avaient appelé à la dispersion, la police a chargé avec une violence inouïe. Il y a eu huit morts sur le champ, un neuvième est décédé huit semaines plus tard. Parmi les nombreux blessés, certains l’étaient très sérieusement. Selon la thèse que Papon et le gouvernement ont tenté d’accréditer, les manifestants se seraient rués dans l’escalier du métro dont les grilles étaient fermées et se seraient écrasés les uns sur les autres. Mais c’est faux, les grilles n’étaient pas fermées.

Comment expliquez-vous une telle violence ?

Daniel Renard - Papon et le gouvernement cherchaient à en découdre. Les unités de police avaient été particulièrement choisies et comportaient des éléments qui revenaient d’Algérie. Or la volonté d’écraser la lutte du peuple algérien avait été mise à mal. Avec une certaine mauvaise volonté, le gouvernement français avait dû engager, le 20 mai 1961 à Évian, des pourparlers avec le gouvernement provisoire de la République algérienne. L’OAS, qui voulait y faire échec, multipliait les attentats.
Mais la mobilisation contre la guerre s’élargissait. Le 16 janvier 1962, un appel à «agir au grand jour contre les factieux de l’OAS» avait été signé par cent anciens résistants, parmi lesquels des gaullistes comme le général Billotte. Évidemment, les militants communistes qui luttaient depuis des années contre la guerre d’Algérie étaient particulièrement motivés. Le 8 février ils constituaient le gros des cortèges, ce qui fait que sur les neuf victimes, huit étaient communistes.

Quel a été l’impact de Charonne ?

Daniel Renard - Cela a déclenché un mouvement auquel le pouvoir ne s’attendait pas. Le lendemain, l’appel à un arrêt de travail d’une heure a été massivement suivi dans tout le pays. Les obsèques ont eu lieu le 13 février à l’appel de toute la gauche, de toutes les organisations syndicales. La foule était immense – on a parlé de 1 million de personnes. La pression pour que les négociations avec le FLN progressent est devenue telle que le 19 mars 1962 les accords d’Évian étaient signés.

Quel enjeu représente aujourd’hui la reconnaissance de ce crime ?

Daniel Renard - Cette reconnaissance est très importante pour agir contre toutes les survivances du colonialisme. Nous associons le 8 février 1962 et le 17 octobre 1961 qui était aussi une manifestation pacifique. Faire reconnaître ces crimes par l’État français est aussi une façon de travailler à l’amitié franco-algérienne. Ces dates marquent l’histoire de France et font partie de l’identité populaire.

entretien réalisé par Jacqueline Sellem, L'Humanité, 10 février 2010


(1) Organisation de l’armée secrète dirigée par les généraux Jouhaud et Salan qui avaient participé au putsch d’Alger du 13 mai 1958. Ils seront amnistiés en juillet 1968.

 

 Capture11-copie-2
les neuf morts du métro Charonne, le 8 février 1962

 

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Commentaires
R
Trop facile Ayam pourquoi se limiter a 1830<br /> <br /> a ce petit jeu on peut commencer avant comme je l ai deja dit sur ce blog !et a toutes les exactions precedentes ,reciproques et historiques<br /> <br /> Que faisaient les Arabes en Espagne pendant prés de 800 ans ? En Algérie Romaine et chrétienne avant l'an 700; Les bateaux barbaresques autours de la Méditérranée couvertes de tours de guets encore visibles L'Algérie nom donné par les Francais à une région occupée par les Turcs avec a peine 2 Millions d'habitants et 1Million d'hectares cultivés le reste en friche en avait 9 millions en 62 dont 6 à des musulmans certes pas les mieux cultivées Et puis lorsquon nait dans un pays ce n'est pas de sa faute comme d'autres naissent aujourd'hui en France et sont attachés à leur site de naissance ! Je pense que tout le monde à colonisé tout le monde c'etait l'histoire les Américains avec les Indiens qui eurent moins de chance Les Espagnols Portuguais etc qui imposérent leur religion comme certains musulmans aux bérbéres Je pense que sur ce site on étudie ce phénoméne de maniére scientifique et non passionnelle Alors revenez au sujet .<br /> <br /> la Manifestation du Metro Charonne<br /> <br /> NB quand aux accords d Evian vous etez bien mal renseigne, reprenez les archives du FLN de M Harbi et d Autres temoins Le FLN etait deja divise entre Krim Belkacem signataire (assassine plus tard)<br /> <br /> et l EMG de Boumedienne Cependant ces accords furent <br /> <br /> avalise par le peuple Algerien le 1 er juillet
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O
J'aimerais poser la question au peuple algérien et à leur représentant actuel: Pourquoi ne donneriez vous pas le nom d'une rue, d'un square ou d'un autre endroit en hommage aux communistes qui sont morts pour protester contre la guerre d'Algérie, au métro Charonne, le 8 février 1962 ? En effet, cette manifestation qui se voulait pacifique s'est terminée comme on le sait. J'ai déjà expliqué,il y a quelque temps la raison pour laquelle, mon père, communiste, avait refusé de voir partir ses enfants faire une guerre dont il ne voyait aucun intérêt, sinon de féfendre de gros colons profitant des employés autochtones en esclaves. Mon père avait aussi refusé à l'administration d'aller en Indochine, après la deuxième guerre mondiale, laquelle l'avait laissé avec des séquelles graves et une pension d'invalidité de 90%. Il ne comprenait pas que la France puisse vouloir conserver coûte que coûte, l'Indochine et, ensuite, l'Algérie, alors qu'elle s'était enfin débarrassée du joug Nazi. Il pensait que ces deux pays auraient pu travailler ensemble en ayant chacun son autonomie, mais les lois de l'argent, de la situation géopolitique, de l'or noir et de son propre intétêt bien compris, faisaient cette sitation espérée caduque pour ces peuples méprisés. Il m'avait dit, avant de nous quitter en 2003, "vous devriez écrire un livre sur ce que vous savez". Ma femme et moi avons écrit "Le rêve de Jeanne, alias Thi Tam, une guerre en moins et 50 millions de vies épargnées". Jeannette et Serge ULMANN<br /> <br /> Etant de petits retraités, nous n'avons pas pu faire éditer ce livre qui ouvrirait les yeux à beaucoup de monde et nous espérons un sponsor qui nous aide pour l'éditer.<br /> <br /> Mais,pour revenir à ma question, il serait intéressant qu'elle ait une réponse. Le maire de Paris a bien nommé une rue pour l'homme qui s'est immolé à Tunis pour que les choses changent dans son pays. Les hommes pourraient par ces biais, éviter bien des problèmes entre eux et leurs nations.
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A
Vous devriez faire l'effort de plus d'objectivité quand vous écrivez l'Histoire M. Renard (M). Vous devriez élargir le champs de vos investigations avant de parler d'une guerre dont vous semblez tout ignorer, mieux interroger les faits. Vous devriez vous enquérir du point de vue de toutes les parties, celui notamment des colonisés que MM Bugeaud et Ferry (la France en fait) avaient exclus du genre humain dans le but de les "civiliser..." Vous auriez pu lire ce que les Soldats français présents lors des massacres des Zaat-chiens (c'est ainsi que les habitants de Zaatchas étaient appelés par les soldats civilisateurs) avaient écrit. Un témoin soldat, Charles Rocher, avait écrit à propos de ces algériens qui défendaient leur terre et de ceux dont vous défendez la mémoire :<br /> <br /> "Les Zaat-chiens repoussèrent avec dédain les propositions que le général Herbillon crut devoir leur faire au dernier moment, suivant les lois de la guerre. Bou-Zian… ce guerrier, implacable dans sa haine contre nous… a vu sa femme et sa fille mises à mort, victimes de la fureur des zouaves, qui s’étaient introduits dans toutes les pièces et en avaient passé les habitants au fil de l’épée. La fille de Bou-Zian, que sa beauté aurait dû faire épargner, ne put donc être sauvée, pas plus que les autres femmes qui, mêlées aux défenseurs, devaient subir, comme eux, le sort des armes. C’est la nécessité, cette loi inexorable de la guerre, qui justifie de telles fureurs, et toute ville qui est prise d’assaut, après avoir refusé de se rendre, y est condamnée. M. de Lavarande avait envoyé prévenir le général Herbillon que Bou-Zian était entre ses mains. « Faites le tuer », telle fut la réponse. Un second message rapporte le même ordre. Le commandant fit appeler quatre zouaves et leur ordonna à un signal donné de viser au cœur. Se tournant ensuite vers Bou-Zian, il lui demanda ce qu’il désirait et ce qu’il avait à dire. "Vous avez été les plus forts, Dieu seul est grand, que sa volonté soit faite !" Ce fût la réponse du chef arabe… Le soldat français, avide de vengeance, fouillait tous les coins des maisons, pénétrait par toutes les issues, ne laissait échapper aucune victime. Les Arabes avaient été enfermés dans un cercle de feu, et du côté de nos travaux d’attaque si bien gardés, et du côté de la campagne, que le général Herbillon avait fait cerner, pas un ne put échapper à l’extermination… À la tombée de la nuit, on fit sauter les deux mosquées, celle de la zaouia et celle de Zaatcha. Il fallait prouver aux Arabes que leur dieu, qu’ils invoquaient contre nous, ne pouvait désormais les protéger dans leur révolte.… La ville détruite de fond en comble, les mosquées renversées, les habitants massacrés, les têtes de Bou-Zian, de son jeune fils et de Si-Moussa plantées au milieu du camp, les tribus nomades dispersées et dépouillées, les frais de la guerre imposés aux vaincus, tout leur disait assez à quels maîtres auraient affaire désormais les révoltés."<br /> <br /> Alfred Nettement pour sa part, écrivait à propos des mêmes actions civilisatrices : "Notre victoire fut déshonorée par les excès et les crimes… Rien ne fut sacré, ni le sexe ni l’âge. Le sang, la poudre, la fureur du combat avaient produit cette terrible et homicide ivresse devant laquelle les droits sacrés de l’humanité, la sainte pitié et les notions de la morale n’existaient plus. Il y eut des enfants dont la tête fut broyée contre la muraille devant leurs mères ; des femmes qui subirent tous les outrages avant d’obtenir la mort qu’elles demandaient à grands cris comme une grâce. Les bulletins militaires insistèrent sur l’effet que produisit, dans toutes les oasis du désert, la nouvelle de la destruction de Zaatcha, bientôt répandue de proche en proche avec toute l’horreur de ces détails…"<br /> <br /> Je termine en vous disant que la Direction du FLN qui a négocié, accepté et signé les Accords d'Evian ne pouvait pas les avoir rejetés à Tripoli comme vous dites. Ceux qui les avaient rejetés n'avaient aucune légitimité, ce sont ceux-là qui trahirent le peuple algérien en 1962 et avec lesquels le France continuent de traiter à ce ce jour contre la volonté des algériens. Ils sont aujourd'hui considérés par l'écrasante majorité des algériens comme des traitres et des assassins.
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M
pour faire suite à Roger en effet il est difficile de comprendre la position du PCF, d'autant je crois que le PcF était en désaccord avec le PCA ; mais alors qu'elles auraient été les intérêts du PCF ds cette affaire ?
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R
POUR MEMOIRE<br /> <br /> <br /> <br /> Le 15 février 1958, la Fédération de France du FLN publiait un document intitulé Le PCF et la Révolution algérienne. On y trouvait une très violente dénonciation de la <br /> <br /> politique algérienne du Parti communiste français, accusé de n’avoir pas eu le comportement conforme aux principes dont il se réclame : internationalisme et soutien <br /> <br /> inconditionnel de la lutte anti-impérialiste des peuples coloniaux. Citant les textes officiels du Parti, la Fédération de France du FLN faisait observer qu’en 1956 encore - c’est-<br /> <br /> à-dire deux ans après le déclenchement de l’insurrection nationale en Algérie - le PC continuait à demander le maintien de l’Algérie dans l’Union française et se prononçait <br /> <br /> contre l’union de l’Algérie avec la Tunisie et le Maroc indépendants au sein d’un Maghreb arabe [1]. Le PC prenait ainsi, dans les faits, position contre le mot d’ordre au nom <br /> <br /> duquel le mouvement national algérien avait engagé la lutte armée contre le système colonial français : l’indépendance.
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