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études-coloniales
18 octobre 2011

l'indigence journalistique sur le 17 octobre 1961

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Le massacre du 17 octobre 1961 : information

ou désinformation ?

Jean-Pierre PISTER

 

L'article du Républicain Lorrain de ce jour (17 octobre) consacré «au massacre des Algériens étouffé depuis 50 ans» (page 4,  Informations générales) suscite, légitimement, l'attention sur un épisode tragique qui s’est déroulé à quelques mois de la fin de la guerre d'Algérie. Cependant il appelle, de la part du lecteur épris d'un minimum de rigueur historique, un certain nombre d'observations.

Il est faux de dire que ce massacre a été totalement étouffé. Le livre d'Einaudi est paru au début des années 1990 et a fait un certain bruit. En octobre 2001, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a procédé à l'inauguration d'une plaque commémorative. Comme il est indiqué dans l'article, les études sur la question se sont multipliées ; mais souvent sans grand sérieux de la part d'auteurs très marqués idéologiquement et qui n'ont, la plupart du temps, aucune formation sérieuse d'historiens universitaires.

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À cet égard, il faut regretter que ne soit pas cité un des rares ouvrages crédibles sur cet évènement, celui de Jean-Paul Brunet qui se montre très prudent quant à l'estimation du nombre des victimes. Jongler avec des chiffres de plusieurs centaines de victimes relève d'une démagogie plus qu’indécente. Benjamin Stora, lui-même, s'est montré particulièrement nuancé sur cette douloureuse question du nombre de morts, hier matin, sur l'antenne d'Europe 1.

Faut-il rappeler qu'en octobre 1961, nous étions encore en guerre contre le FLN et qu’un nombre non négligeable de policiers l'ont payé de leur vie, en région parisienne, en particulier. La reprise de contacts secrets avec le GPRA était en cours et la fédération de France du FLN ne pouvait pas l'ignorer. L'initiative de cette manifestation relevait donc d’une stratégie de provocation évidente.

Si cette tragédie a été, du moins en partie, occultée en France, elle le fut encore plus dans l'Algérie indépendante, la fédération de France du FLN n’a pas tardé à être en opposition totale avec le nouveau pouvoir algérien.

Le métier d'historien ne s'improvise pas, la fin plus que douloureuse de la guerre d'Algérie en est une preuve évidente, dans le choix des objets d’étude, en particulier. Le 17 octobre 1961 ne fut pas le seul épisode occulté. Peut-on caresser l'espoir que les médias montreront, dans quelques mois, le même intérêt pour d'autres moments particulièrement tragiques ?

On pense, naturellement, à la fusillade de la rue d’Isly à Alger, le 26 mars 1962. Mais une autre date, celle du 5 juillet 1962, présente une symétrie exemplaire avec celle du 17 octobre. Ce jour là, à Oran, plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de Français d'Algérie ont été massacrés ou enlevés dans l'indifférence totale des autorités françaises. La presse, à l'époque, en a peu parlé et ce nouvel Oradour est aujourd'hui totalement ignoré.

L’année 2012, cinquantième anniversaire de la fin de la Guerre d’Algérie, marquera, n’en doutons pas, l’heure de vérité dans l’opinion publique, les media et chez nos responsables politiques : nous verrons, alors, si le travail mémoriel doit toujours s’exercer à sens unique.

Jean-Pierre PISTER
Agrégé de l’Université
Professeur de Chaire supérieure honoraire
ayant enseigné l’Histoire en khâgne pendant 27 années.

 

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Le Républicain Lorrain
(cliquer sur l'image pour l'agrandir et lire le texte)

 

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Commentaires
J
Une seule remarque sur cet excelent article du professeur PISTER pas tout a fait d accord avec lui lorsqu·ilo dit je cite "Mais une autre date celle du 5 Juillet 62 presente uns symetrie exemplaire avec celle du 17 Octobre" comme il le remarque precedemment en 1961 nous etions "en guerre " et la manifestation provoquee par le FLN a Paris etait au profit de l"ennemi affirme,Toutes autres etaient les conditions des massacres d"Oran du 5 Juillet 62,<br /> La Guerre etait terminee ,les francais d Oran ne manifestaient pàs contre le nouveau pouvoir ils avaient meme participe au referendum du 1 er juillet <br /> qui enterinait les "accords d Evian" qui prevoyaient une amnistie reciproque et la securite des biens et des personnes ,comme exemple peut on immaginer le bombardement de Dresde apres la fin des hostilites <br /> ou Hirochima apres la reddition du Japon !<br /> Donc a notre avis pas de "symetrie" du tout avec une repression en temposcde guerre dsont les modalites peuvent certes etre discutees mais peuvent etre legitimes sauf que le pouvoir gaulliste etait en train de capituler Mais oui dans les deux cas la responsabilite de ce pouvoir etait engagee .<br /> EXCUSER MAUVAISE FRAPPE SUR CLAVIER ESPAGNOL
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