documents d'archives sur le drame de Malpasset, 1959 (fatalité ou FLN ?)
Le drame du barrage
de Malpasset/Fréjus en 1959 :
simple accident ou attentat du FLN ?
éditions Atlantis : documents et traduction
Voici quelques documents autour du reportage : Le long chemin de l’amitié – Der steinige Weg zur Freundschaft1, diffusé sur ARTE, le 22 et le 26 janvier 2013
Auteurs : Michael Müller, Peter F. Müller.
© Textes et Documents: Erich Schmidt-Eenboom/EditionAtlantiS © Traduction : Wolf ALBES, Friedberg (Bavière) www.editionatlantis.de
Voici quatre documents que M. Erich Schmidt-Eenboom, directeur du Forschungsinstitut für Friedenspolitik à Weilheim (Bavière) et un des principaux acteurs dans le documentaire en question a mis à notre disposition et que nous vous proposons donc en version allemande et en traduction française.
Ces documents émanent
- des renseignements généraux est-allemands, la Stasi (Staatsministerium für Innere Sicherheit) et
- du tapuscrit des Mémoires de l’agent des services secrets ouest-allemands, le BND (Bundesnachrichtendienst), Richard CHRISTMANN (nom d’emprunt "Markus"). Selon M. Schmidt-Eenboom, ce tapuscrit inédit aurait été rédigé au début des années 1970.
À vous de juger...
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Ging der Bruch des Staudamms Malpasset bei Fréjus im Dezember 1959 tatsächlich auf ein Attentat der algerischen FLN zurück, so wie es der Leiter des Forschungsinstituts für Frie- denspolitik in Weilheim, Erich Schmidt-Eenboom in dem Dokumentarfilm Der steinige Weg der Freundschaft (ARTE, 22. und 26. Januar 2013) behauptet ?
Herr Schmidt-Eenboom hat uns vier Dokumente zur Verfügung gestellt, die wir im deutschen Original sowie in französischer Übersetzung anbieten. Es handelt sich um ein Dokument der Stasi und Auszüge aus dem Typoskript der unveröffentlichten Memoiren des BND-Agenten Richard CHRISTMANN (Deckname "Markus"), das Anfang der 70er Jahre entstand.
Urteilen Sie selbst...
1 Nota bene : la traduction correcte du titre allemand est bien Le chemin cahoteux de l‘amitié. Pourquoi avoir choisi "long" au lieu de "cahoteux" ?
restes du barrage de Malpasset
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Document n° 1
Il s’agit d’un rapport officiel de la Stasi ("Blatt 2 zu Formblatt 37018"), non daté et signé par un collaborateur de la section XI, dans lequel plusieurs noms de personnes encore vivantes ont été supprimés (=) pour ne pas les compromettre. Ce document (BStU 000023) est également disponible auprès de la BStU (= Behörde des Bundesbeauftragten für die Stasi-Unterlagen) à Berlin.
[...]
signale que Christmann de Tunis lui a rendu visite à Brême. Il n’y a plus aucun doute sur le fait que Christmann est à la recherche de formateurs experts en explosifs allemands pour l’Armée de Libération en Algérie. Il a avoué ce fait sans ambages à et a réitéré sa demande de l’aider à trouver de tels experts.
Document n° 2
Il s’agit d’un rapport de Richard Christmann signé par "ton vieux Markus" [= Christmann] 206, 25/08/58, le soir
Lb. H. – Vu les conclusions d’hier et d’aujourd’hui, ma proposition 182.L. du 20 juin est d’actualité.
B.) – Dès qu’une certaine accalmie interviendra, on s’attaquera aux projets "centrale hydroélectrique" et "barrage". Par ailleurs, le niveau de l’eau sera plus favorable dans quelques mois.
[...].
Document n° 3
Extraits du tapuscrit des Mémoires de Richard Christmann :
Programme des actions de sabotage de l’ALN/du FLN (1959/61)
[...].
3. Dynamitage de barrages moyennant des charges explosives déclenchées à air comprimé, éventuellement aussi de manière téléguidée. (2)
[...]
Toutes les mesures citées ci-dessus (et bien d’autres aussi) devraient servir à terroriser la population. On ne s’attendait pas à en tirer un avantage sur le plan militaire.
[...]
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(2) M. Schmidt-Eenboom nous a signalé que lors d’une de ses conférences, un auditeur lui aurait expliqué que cette méthode avait été utilisée pour laisser moins de traces tout en précisant que les membres du FLN avaient été formés par de véritables spécialistes en la matière.
[Précisions n° 3 :] Après qu’un attentat contre un petit barrage dans le sud de la France n’avait rencontré qu’un succès partiel, bien qu’il ait provoqué la mort de beaucoup de personnes, toutes les autres actions terroristes furent stoppées sur ordre du groupe autour de Ben Bella qui, à l’époque, était encore incarcéré. Cet ordre de stopper les actions fut transmis par l’avocat parisien de Ben Bella, le nom, l’adresse etc. sont connus du BND. – Le groupe radical de l’ALN/FLN autour de Boumedienne, Chabou (3) et Hofmann n’était pas d’accord avec la cessation de ces sabotages. (4)
Document n° 4
Extraits du tapuscrit des Mémoires de Richard Christmann :
Les Algériens formés à l’époque par le BKA5 ont été engagés par la suite dans la lutte et l’infiltration de groupes favorables à Ben Bella dans le pays. Moi-même, j’ai été enlevé dans des conditions dramatiques par le gouvernement de Boumedienne et extradé par la suite. Cependant mes rapports avec le groupe de Ben Bella en Algérie n’ont pas été interrompus.
[...].
Il y a environ 3 semaines, j’ai reçu un message via Paris selon lequel début septembre, au moins deux fonctionnaires algériens appartenant au groupe des personnes formées à l’époque par le BKA et pourvus de passeports officiels (des passeports diplomatiques ???) se seraient rendus en Europe pour nouer des contacts avec "la résis- tance allemande" (je suppose qu’il s’agit de la RAF6). – Il s’agirait de spécialistes du contre-sabotage (donc aussi pour des "actes de sabotage" !!!). Auparavant, ces personnes auraient formé à leur tour des bédouins algériens, camouflés en "Polisario", dans le territoire de l’ERG IGUIDI, près de la frontière mauritanienne.
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(3) - Christmann signale en bas du document n° 4 que le colonel Chabou, proche collaborateur de Boumedienne et mort lors d'un acte de sabotage, était marié à une communiste allemande, Johanna Schramm, originaire de Tübingen et bien connue des services secrets allemands (ALA 38 ou JOTA). Elle aurait haï le gouvernement allemand parce qu’on l’aurait traitée de "gonzesse arabe" ("Araberweib").
(4) - Dans le document n° 3, Christmann signale également que les services secrets allemands furent toujours informés des plans et des préparatifs du FLN concernant les actes de sabo- tage contre des raffineries et des dépôts de munitions en France au préalable ("B.N.D. wurde über die Vorbereitungen, Pläne usw. stets vorab unterrichtet"). Mais ceci est une autre question...
(5) BKA = Bundekriminalamt ; service allemand chargé d’enquêter sur les crimes au niveau fédéral (comme le FBI aux États-Unis).
(6) RAF : Rote Armee Fraktion = Fraction Armée Rouge, la "Bande à Baader"
restes du barrage de Malpasset
Dokument Nr.1
Stasi-Bericht, in dem die Namen noch lebender Personen unkenntlich gemacht wurden (= )
[...] teilt mit, daß Christmann aus Tunis ihn in Bremen besucht hat. Es besteht kein Zweifel mehr, daß Christmann für die Freiheitsarmee in Algerien deutsche Sprengstoffausbilder sucht. Er hat dies offen (…) gegenüber zugegeben und ihn erneut gebeten, bei der Suche nach derartigen Fachleuten behilflich zu sein.
Dokument Nr. 2
Es handelt sich um einen Bericht von Richard Christmann, der mit "stets Dein alter Markus" gezeichnet ist [Markus = Christmann]:
Dokument Nr. 3 Auszüge aus dem Typoskript der Memoiren von Richard Christmann alias "Markus" :
BStU 000023
Dokument Nr. 4 Auszüge aus dem Typoskript der Memoiren von Richard Christmann alias „Markus“:
© Textes et Documents: Erich Schmidt-Eenboom/EditionAtlantiS © Traduction : Wolf ALBES, Friedberg (Bavière)
restes du barrage de Malpasset
source : www.editionatlantis.de
Voir aussi les site du Point et de France 3 : http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/emmanuel-berretta/catastrophe-de-frejus-arte-sur-la-these-de-l-attentat-fln-24-01-2013-1619610_52.php
restes du barrage de Malpasset
discussion sur Facebook
http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2013/01/27/26265080.html - documents d'archives sur le drame de Malpasset, 1959 (fatalité ou FLN ?) - études-coloniales
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Michel Renard - encore difficile à valider comme certitude historique... Mais, j'ai sous le coude d'autres sources (trouvées par Daniel Lefeuvre) qui établissent que le FLN ou le MNA, dès 1956 puis rendus exangues par les offensives Challe en Algérie en 1959, ont voulu alimenter les maquis algériens en faisant déserter des chantiers métropolitains et des usines les militants nationalistes qui y étaient embauchés (par ex. le barrage de Serre-Ponçon...). La synthèse de renseignement (ministère de l'Intérieur, SINA, n° 289) du 24 octobre 1956 fait état d'un "important départ de Nord-Africains depuis quelques temps dans le secteur de Fréjus". Une piste ? L'origine d'une rumeur...?
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James Nataf - Réponse croisée avec la question ...
Mais pourquoi aujourd'hui ?? -
Lionel Gendron - http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/emmanuel-berretta/catastrophe-de-frejus-arte-sur-la-these-de-l-attentat-fln-24-01-2013-1619610_52.php
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Michel Renard - l'historien allemand Erich Schmidt-Eenboom a publié son livre en 2011... le temps qu'il traverse le Rhin...
http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2013/01/22/26229802.html -
Lionel Gendron - http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2013/01/24/leffet-dune-bombe-selon-arte-la-catastrophe-de-frejus-serait-un-attentat-du-fln/