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études-coloniales
27 octobre 2018

Le Pr. Badr Maqri retrace l’histoire coloniale de la ville d’Oujda (Maroc)

Badr Maqri, couv 2018

 

 

le Pr. Badr Maqri retrace l’histoire coloniale

de la ville d’Oujda (Maroc)

 

L'auteur s’est basé sur le vecteur de l’organisation territoriale, en tant qu'organisation institutionnelle et administrative d'une zone géographique. Et pour que cette organisation soit pertinente et optimale, il a ciblé, deux mesures :

- la distribution  et la clarification des responsabilités entre les différents niveaux de structures territoriales.

- la rationalisation des collectivités territoriales.

Le livre de Badr Maqri, propose une brève présentation postcoloniale, de l'un des aspects de l'histoire du Maroc colonisé.

Il expose l'application de l'organisation territoriale et administrative de la zone française au Maroc, par arrêté résidentiel du 15 février 1949, modifiant l'arrêté résidentiel du 19 septembre 1940. C'est par cette modification; que la zone française, fut divisée à dater du 1er mars 1949 en sept régions : Rabat, Oujda, Meknès, Marrakech, Fès, Casablanca et Agadir.

L'organisation territoriale dans son contexte colonial (protectorat), n'est pas une simple création. Elle est en premier lieu une interprétation du temps et de l'espace, ce qui recouvre l’historique, le social, l’économique, le politique, et même l’ethnique.

La phase «indigène» de l'organisation territoriale, résume tout un ensemble d'assertions politiques, idéologiques et sociales sur la société autochtone.

Les organisations institutionnelle, administrative et professionnelle d'Oujda en 1952, scrutées dans ce livre, ne voilent pas l'existence d'un groupe colonisé et à la fois conquis et dominé.

L'organisation territoriale, selon Badr Maqri, fait partie de ce que Lyautey avait appelé, l'organisation en marche, c'est-à-dire que, les moyens militaires devaient être doublés d'une organisation politique et économique, que l'occupation de quelques points bien choisis, centres d'attraction naturels, était autrement efficace que tous les raids et toutes les colonnes du monde et que le développement des voies ferrées, des marchés, la reprise des transactions, l'appel aux intérêts matériels, la création de soins médicaux, constituaient les meilleurs modes d'action.

 

Oijda, place Clemenceau
Oujda, la place Clemenceau

 

Organiser le territoire d'Oujda en 1952 dans un cadre institutionnel et administratif précis, se réfère, d’après l’auteur, à toute une représentation que le protectorat se fait du Maroc colonisé. C'est une forme de perception de la «pacification» du Maréchal Lyautey.

Selon la déclaration de Lyautey, le 4 février 1897, il n'y aura pas de cliché d'organisation mais une méthode qui a nom souplesse, élasticité, conformité aux lieux, aux temps, et aux circonstances. (p. 8).

Il expliqua sa stratégie le 28 octobre 1903, en affirmant que «toutes les conséquences politiques et économiques de l'occupation d'un pays découlent, forcément, de la manière dont il est procédé à cette occupation, en unissant, dès le début, de la manière la plus étroite, la préparation et l'action politique à l'occupation militaire et en ne perdant jamais de vue le but politique et économique du lendemain. C'est la doctrine Gallieni».

Et parmi ses instructions adressées à Oujda en 1910, aux commandants de secteur des Béni-Snassen (nord d’Oujda) : «l'objectif est de réaliser la pacification matérielle et morale, en habituant les indigènes à notre contact, en leur en faisant apprécier le bénéfice (achat de denrées, protection, arbitrage, assistance médicale) aucune vexation, aucun abus d'autorité, aucune rapine, aucune violence » (p. 14).

Or, l'organisation territoriale d'Oujda en 1952, traduit axiomatiquement, selon Badr Maqri, la manière dont il est procédé à l'occupation de cette ville le vendredi 29 mars 1907.

Autrement dit, l'organisation territoriale du Maroc sous le protectorat français, qu'elle soit urbaine ou rurale, est l'expression sensible de la relation de l’action politique à l'action militaire de l'occupation entre 1912 et 1956.

Kamil Kadiri

 

  •  Bdr Maqri est professeur à l’université Mohammed Ier d’Oujda

 

13a

 

Oujda, nouveau quartier européen (1)
Oujda, le nouveau quartier européen, époque du Protectorat

 

Oujda, bazar Maroc France
Oujda, bazar Maroc France, époque du Protectorat

 

Oujda, le marché
Oujda, le marché, époque du Protectorat

 

Oijda, place
Oujda, place, époque du Protectorat

 

Oijda, Maroc hôtel restaurant
Oujda, Maroc-Hôtel-Restaurant, époque du Protectorat

 

cpa légendée (1)
Oujda, le nouveau quartier européen, carte postale légendée, époque du Protectorat

 

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Oujda, le nouveau quartier européen, carte postale légendée, époque du Protectorat

 

 

 

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18 octobre 2018

Jean Sévillia, Les vérités cachés de la guerre d'Algérie

Sévilla, 2018, couv

 

 

Jean Sévillia

Les vérités cachées de la guerre d'Algérie

Fayard, 24 octobre 2018

 

 

Se_villa__Ve_rite_s_cache_es_guerre_d_Alge_rie__annonce

 

 

 

 

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8 octobre 2018

le rapport du préfet Ceaux sur les harkis, relevé de quelques erreurs, par le général Maurice Faivre

préfet Ceaux, Saint-Maurice-l'Ardoise (1)
le préfet Ceaux à Saint-Maurice-l'Ardoise (midilibre.fr, 28 avril 2018)

 

 

le rapport du préfet Ceaux sur les harkis :

relevé de quelques erreurs

général Maurice FAIVRE

 

Cet important rapport (200 pages) a été établi par le préfet Ceaux et le Conseiller d’État Chassard, à la demande de la secrétaire d’État aux Anciens combattants.

Je suis sensible au fait qu'il reprend les effectifs historiques que j’ai publiés dans plusieurs ouvrages (1). Sans prendre parti sur les 56 propositions formulées, qui sont de nature politique, j’ai noté un certain nombre d’erreurs historiques :

p. 6. Les directives prescrivaient de laisser les armes enchaînées dans les unités supplétives et régulières. Mais cette mesure n’était pas toujours appliquée. Dans la harka de l’Oued Berd, les harkis allaient en permission avec leur fusil.

p. 9. les effectifs cités par l’historien Charles-Robert Ageron sont souvent faux. Contrairement à son affirmation, les statistiques n’étaient pas trafiquées par le 1er Bureau.

p. 12. Les statuts des différentes catégories de supplétifs sont unifiés en janvier 1959. Le décret du 6 novembre 1961 remplace le recrutement individuel et journalier par des contrats d’engagement renouvelables de 1 à 6 mois.

p. 13. Les fusils de chasse et les lebels ont été transférés des harkas aux Groupes d’autodéfense en septembre 1958. En mars, les harkas sont dotées de fusils-mitrailleur et de fusils de guerre.

Les harkis dites amalgamées ont le même armement que les unités françaises. En 1959, les commandos de chasse reçoivent des fusils automatiques.

p. 17. Challe n’a pas promis de ne pas engager les harkis contre leurs frères musulmans. Il dit l’inverse devant de Gaulle au PC de l’opération Jumelle. Mohamed Harbi, historien du FLN, estime que «les méthodes répressives et les injustice du FLN apparaissent comme les motifs principaux de l’engagement massif des harkis».

 

préfet Ceaux, Saint-Maurice-l'Ardoise (2)
le préfet Ceaux à Saint-Maurice-l'Ardoise (midilibre.fr, 28 avril 2018)

 

p. 19. Les harkis, en majorité non francophones, ont rarement été engagés dans les DOP.

p. 24. Krim Belkacem n’a pas dirigé la wilaya 3 qui n’existait pas avant le Congrès de la Soummam. Le premier chef a été Mohamedi Said, suivi de Yazourene, d’Amirouche et Mohand Ou el Hadj.

p. 25. Le général Fourquet n’était pas opposé aux mesures de recherche des harkis. En revanche le général de Gaulle a recommandé d’en finir avec les auxiliaires, ce magma qui n’a servi à rien (Comité des Affaires algériennes le 3 avril 1962)

p. 26. Les conclusions de la Commission Massenet ont été refusées par le gouvernement (Joxe) le 19 avril 1962.

p. 29. Tous les camps de transit n’ont pas été créés en juin 1962. Larzac est créé le 26 mai, Bourg-Lastic le 19 juin, Rivesaltes et St Maurice en septembre 1962, Bias en janvier 1963.

p. 36. Les moniteurs des camps de transit et hameaux forestiers n’étaitent pas hostiles à la population des camps. La plupart étaient d’un grand dévouement. Voir thèses de Anne Einis, Hamoumou et J. Servier, rapports Leveau-Meliani, Rossignol, Yvan Duran, témoignages des EMSI, Denise Bourgois, André Wormser, Père Merlet.

p. 39. Les centres de transit n’étaient ni des prisons ni des camps Med. Le confort était sans doute insuffisant, mais la formation professionnelle, ménagère et scolaire était pratiquée, y compris à Bias (voir photos).

p. 44. L’accès à la propriété a été favorisée par les préfets et les assistantes sociales.

p. 45. La population rapatriée de 1ère génération comptait 66.000 personnes, dont 21.000 hommes.

général Maurice Faivre

maurice-faivre

 

Maurice Faivre, atelier mécanique
Rivesaltes, photo : général Maurice Faivre

 

Maurice Faivre, Bias
Bias, photo : général Maurice Faivre

 

1 - Il ignore cependant les précisions apportées par Les archives inédites de la politique algérienne, 1958-1962 (Maurice Faivre, L'Harmattan, 2000), L’action sociale de l’armée en faveur des musulmans (Maurice Faivre, L'Harmattan, 2007), La croix Rouge en guerre d’Algérie (Maurice Faivre, Lavauzelle, 2007), les articles de Hamoumou et de Jean-Jacques Jordi sur l’intégration.
Certains historiens cités développent une idéologie antimilitariste ou anticolonialiste (Manceron, Vittori, D. Kerchouche, Boussad Azni). Charles-Robert Ageron dévalorise le combat des harkis et estime que de Gaulle a tout fait pour les rapatrier.

 

Maurice Faivre, couv

 

rapport harkis, préfet Ceaux, juillet 2018

 

 

Voici un extrait de l’histoire des harkis (Maurice Faivre, 2001)

Alors que GMS et Moghaznis étaient engagés sous contrat de 6 mois, les harkis avaient jusqu'en 1961 un statut de journaliers, bien qu'ils restent en service plusieurs mois, et qu'ils soient  payés mensuellement (22.500 AF). Environ 3.000 d'entre eux étaient des rebelles ralliés. Les harkas amalgamées avaient le même armement que les unités régulières. Quant aux autodéfenses, elles étaient armées à 50% de fusils de chasse et de 8 mm, et en principe n'étaient pas rémunérées (MAA 340, 1H 2028, 2029).

S'étant engagés davantage pour la défense de leurs familles que pour la solde, les supplétifs étaient opposés à la conception totalitaire du parti unique du FLN. Ils faisaient confiance à l'armée pour faire évoluer l'Algérie dans un sens démocratique et égalitaire. Le rappel de Challe en mars 1960 ne permet pas de mener à bien son projet de Fédération des UT et des autodéfenses, qui aurait constitué un parti français  opposé au FLN (7T 249).

Crépin, le successeur de Challe, avait promis en janvier 1961 que les harkis, considérés comme vainqueurs, auraient la première place dans l'Algérie future, et qu'ils resteraient groupés et armés pendant un an après le cessez-le-feu (1H 1096/1). Mais dès l'été 1961, le gouvernement décide d'amorcer la réduction des effectifs des harkas et des autodéfenses, et de «civiliser» les SAS, ce qui reviendrait à supprimer les maghzens, alors que Challe leur avait confié la responsabilité opérationnelle des Quartiers de pacification (1H 1304, 2027, 2028, 2556).

Extrait de "L'histoire des harkis",
revue Guerres mondiales et conflits contemporains, 2001,
n° 202-203, p. 55-63.

 

Maurice Faivre, combattants musulmans, couv

 

 

72747345
général Maurice Faivre

 

 

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