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études-coloniales
21 mai 2006

Soutien à Benjamin Stora

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soutien à Benjamin Stora

 

Communiqué

Les membres du comité scientifique et du comité d’organisation du colloque d’histoire franco-algérienne de Lyon (École normale supérieure, 20, 21, 22 juin 2006, site web : http://ens-web3.ens-lsh.fr/colloque...), informés des attaques dont sont l’objet de divers côtés plusieurs historiens de l’Algérie devant participer au colloque, tiennent à exprimer leur consternation et leur condamnation de telles attaques.

Il n’est, en particulier, pas admissible qu’un historien comme Benjamin Stora,benjaminstora qui œuvre sans relâche depuis plus de deux décennies pour une meilleure connaissance de l’histoire de l’Algérie contemporaine, soit, ici, traité ignominieusement de différent noms, ou encore, là, de compagnon de route du FLN, voire, ailleurs encore, être la cible de méprisables attaques antisémites.

C’est pour avoir refusé de se plier au manichéisme que des historiens comme Benjamin Stora sont cloués au pilori.

Tous les historiens visés, Benjamin Stora notamment, peuvent être assurés de notre total soutien.

Signataires :

  • Frédéric ABECASSIS, Maître de conférence, École Normale Supérieure LSH Lyon
  • Linda AMIRI, Doctorante en Histoire, IEP de Paris
  • Nicolas BANCEL, Professeur, Université de Strasbourg II-Marc Bloch, directeur du laboratoire EASS
  • Gilles BOYER, Enseignant, IUFM Lyon
  • Omar CARLIER, Professeur, université Paris VII
  • Luc DEWEHELS, Directeur du département d’arabe à l’INALCO.
  • Bruno ETIENNE, membre de l’Institut universitaire de France, directeur de l’Observatoire du religieux à l’IEP d’Aix-en-Provence
  • Benoît FALAIZE, Chargé d’Études, Institut National de la Recherche Pédagogique
  • Olivier FARON, Directeur École Normale Supérieure LSH Lyon
  • Marc FERRO, Directeur d’études à l’EHESS, co-directeur des Annales
  • Jacques FRÉMEAUX, Professeur, Sorbonne-université Paris IV
  • Fatima Zohra GUECHI, Professeur, Université de Constantine (Algérie)
  • Mohammed HARBI, Professeur émérite université Paris VIII
  • Ugo IANNUCCI, ancien Bâtonnier, Président Chaire lyonnaise des Droits de l’Homme
  • Jean-Charles JAUFFRET, Professeur Institut d’Études politiques Aix en Provence et Uni-versité Montpellier III
  • Olivier LE COUR GRANDMAISON, Université d’Evry-Val-d’Essonne
  • Claude LIAUZU, Professeur émérite université Paris VII
  • Gilbert MEYNIER, Professeur émérite université Nancy II
  • Radia MOUSLI, Cadre, membre de CARA (Cercle des Algériens en Rhône-Alpes)
  • André NOUSCHI, Professeur émérite université de Nice
  • Zohra PERRET MADANI, Psychanalyste, présidente de France-Algérie Rhône-Alpes
  • Nadine PICAUDOU, Professeur d’Histoire à l’INALCO.
  • Annie REY-GOLDZEIGUER, Professeur émérite université de Reims
  • Daniel RIVET, Paris 1 et IISMM-EHESS
  • Fouad SOUFI, Archiviste, Archives nationales d’Algérie
  • Véronique STACCHETTI, Professeur de lycée/Institut Nal de la Recherche  Pédagogique
  • Mohamed TAYEBI, Cadre, président de CARA (Cercle des Algériens en Rhône-Alpes)
  • Pierre VIDAL-NAQUET, Directeur de recherche émérite, École des Hautes Études en Sciences Sociales
  • Michel WILSON , Conseiller technique au Cabinet du Président, région Rhône-Alpes
  •   Afifa ZENATI, Ingénieur d’Études, École Normale Supérieure LSH Lyon

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15 mai 2006

Jean-Louis Planche à Paris VIII le mardi 30 mai 2006

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Jean-Louis Planche à Paris VIII

le mardi 30 mai

 

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Le mardi 30 mai 2006, de 9 h à midi, l'historien Jean-Louis Planche, auteur de Sétif, 1945 (Perrin, 2006), sera à l'université de Saint-Denis/Paris VIII, invité par Daniel Lefeuvre, professeur : salle D 003 (nouveau bâtiment Recherche). Entrée libre.

 

 

 

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            carte des environs de Sétif (Algérie) en 1956

 

Messali et Ferhat Abbas

- Les mythes autour du PPA sont plus anciens que le PPA. depuis longtemps, Périllier, préfet d'Alger, réclame le transfert de Messali en France. Augustin Berque, pour qui Messali est un facteur d'équilibre, s'y oppose. Transférer Messali en France serait lui ôter le contrôle sur les activistes de son parti. Mieux vaut lui laisser des libertés, l'autoriser à rencontrer des militants, garder la main. Il ne s'échappera pas. "La population musulmane saine" y veille.
Augustin Berque sait ce qu'il s'est dit lors de la visite que Fehart Abbas a rendu à Messali, le 23 décembre 1944. Un accord a été passé. Messali va donner l'ordre à ses militants d'entrer aux AML pour les transformer en un véritable parti politique, Ferhat Abbas convaincra les oulémas d'amener les foules en réduisant les réticences des notables.
Messali s'était préparé depuis un certain temps à ce rapprochement. À sa sortie du bagne de Lambèse en avril 1943, il s'était arrêté à Sétif chez Ferhat Abbas pour y passer la nuit. Celui-ci s'était étonné de le voir porter une longue barbe, d'être habillé d'une djellaba et coiffé d'un fez. Massali lui avait répondu : "Cela fait partie du programme".
Augustin Berque cède d'autant moins qu'il vient de neutraliser sans bruit un maquis PPA. (...)

extrait de Sétif, 1945, Jean-Louis Planche (Perrin, 2006), p. 94-95.

 

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- université Paris VIII/Saint-Denis - Métro : Saint-Denis Université

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14 mai 2006

Contre toutes les menaces sur la liberté de l’histoire de la colonisation

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l’indispensable travail de recherche

sur les enjeux du passé colonial

et des migrations

Les historiens à l’origine de la protestation contre la loi du 23 février 2005 sur le rôle positif de la colonisation attirent l’attention sur les menaces qui hypothèquent l’indispensable travail de recherche et de diffusion concernant les enjeux du passé colonial et des migrations, domaines sensibles de notre société et des relations scientifiques avec l’Afrique du Nord. Les tensions révélées par les mouvements des banlieues, le caractère structurel du racisme et de la xénophobie, la dérive des continents et la guerre des cultures appellent un regain des études et exigent leur liberté face aux instrumentalisations politiques. Chercheurs, enseignants  et journalistes, ainsi que tous les citoyens sont concernés. Notre seul moyen de défendre la liberté de l’histoire est l’information : merci de nous y aider en faisant connaître ce dossier le plus largement possible.

 

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Contre toutes les menaces

sur la liberté de l’histoire de la colonisation

 

Les historiens spécialistes du Maghreb contemporain sont actuellement soumis à d'inacceptables pressions mettant en cause la liberté de la recherche et de l'échange des idées.

- Le colloque «Pour une histoire critique et citoyenne. Le cas de l’histoire franco-algérienne» qui se tiendra à Lyon les 19-21 juin est accusé de «négationnisme» par une campagne de nostalgiques de l’Algérie française.

- Des manifestations d’antisémitisme ont entaché l’inauguration du fonds légué par Paul Sebag à l’université de Tunis et visent les études de certains collègues sous prétexte de leur «origine».

Professeurs des universités, signataires de l’appel des historiens contre la loi du 23 février 2005, nous dénonçons ces pratiques qui voudraient interdire tout débat historique et aboutiraient à la négation même de notre métier.

Jean-Charles Jauffret, Claude Liauzu, Gilbert Meynier,
Benjamin Stora, Lucette Valensi, Colette Zytnicki

 

 

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Contre des manifestations d’antisémitisme

dans les universités du Maghreb*

Le 10 mars, un hommage à la mémoire du sociologue Paul Sebag, qui a fait don d’une partie de sapaul_sebag_1955_561 bibliothèque à l’université de Tunis, a été troublé par des manifestations d’antisémitisme de la part d’étudiants. Le malaise de cette université ne peut expliquer ni permettre de «comprendre» cette obscénité, pas plus que l’exploitation qu’en tire une dictature contre ses opposants pour améliorer son image à l’étranger, ni le conflit israélo-palestinien.
Le nom de Paul Sebag est méconnu en France, en raison de sa modestie, en raison aussi du choix à la fois scientifique et existentiel qu’il a fait de consacrer son travail à la Tunisie. Ceux qui l’ont connu et ceux qui oeuvrent à une coopération scientifique avec l’Afrique du Nord savent le rôle pionnier qu’il a joué dans la naissance de la sociologie en Tunisie dans les années 1950, de la sociologie du travail et des milieux populaires en particulier. Il a été l’un des premiers à étudier les bidonvilles. C’était aussi un engagement dans la cité. Militant communiste arrêté et torturé sous Vichy, s’il est revenu de ses illusions sur les «lendemains qui chantent», il est resté fidèle à ce pays qui fut aussi le sien, celui de ses racines, et le militant s’est transformé en analyste de sa société, pour contribuer à son progrès. Cette œuvre s’appuyait sur une érudition qui n’avait et n’aura aucun équivalent, sur une passion dont témoigne aussi son livre sur la ville de Tunis. Dans ses études consacrées aux juifs, il était animé par la volonté de rendre compte de la richesse que représentait pour la Tunisie la pluralité culturelle. Sans ignorer la réalité d’un antijudaïsme et d’un antisémitisme profond, le statut inférieur des dhimmi («protégés», c’est-à-dire des croyants de la Bible, dont le culte était toléré). Bebel disait que l’antisémitisme est le socialisme des imbéciles, et  le roi du Maroc Moulay Hassan l’aphrodisiaque des Arabes. Triste vérité !

Chercheurs et historiens, certains d’entre nous engagés contre le colonialisme et pour les droits de l’homme au Maghreb, nous dénonçons cet antisémitisme et nous savons qu’il peut parfois s’affirmer dans des postures anticolonialistes.
Nous dénonçons aussi les campagnes cycliques de calomnies et d’insultes dont font l’objet certains d’entre nous sous prétexte de leur origine. Benjamin Stora en est une cible. Dernièrement, Le Courrier d’Algérie du 10 mars a mis en cause son travail sur cette base. Cela s’appelle racisme, et nous en dénoncerons désormais systématiquement, publiquement et collectivement les manifestations, comme nous le faisons à l’égard des tares de notre propre société.
Nous déplorons le silence, voire les complaisances, dont certains collègues français font preuve devant des attitudes antisémites au Maghreb. Cela a malheureusement été le cas lors du colloque consacré aux massacres de Sétif le 8 mai 1945, où les officiels algériens ont parlé mensongèrement de génocide, de fours comme à Auschwitz. De telles outrances de l’arsenal de légitimation de la bureaucratie algérienne sont cautionnées par Olivier Le Cour Grandmaison pour qui coloniser est exterminer et donc préparerait au nazisme.
Notre but est de contribuer à des passerelles entre des pays obsédés par le spectre des guerres de part et d’autre de la Méditerranée et non de cultiver les démons des sociétés du tiers monde comme de la nôtre.

Claude Liauzu professeur émérite, Paris 7. S’associent à ce texte :
Claude Martinez Gros, professeur, Paris VIII ; Gilbert Meynier, professeur Nancy II, Pierre Signoles professeur, Tours ; André Nouschi professeur honoraire, Nice ; Colette Zytnicki professeur Toulouse

*Texte paru dans Esprit mai 2006

 


 

 

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Paris, Exposition universelle, 1900 :  Trocadéro, palais de l'Algérie

 

Le colloque

«Pour une histoire critique et citoyenne.

Le cas de l’histoire franco-algérienne»

Il s’inscrit dans le mouvement des historiens contre la loi du 23 février 2005 et ses articles 4 qui imposait l’enseignement du «rôle positif» de la colonisation et 3 qui crée une Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie. Si l’article 4 a été abrogé, demeure la menace que fait peser la Fondation sur la liberté de la recherche historique. Le colloque a pour objectif de dresser et de faire connaître un état des savoirs sur des problèmes qui sont l ’enjeu de guerres de mémoires.

Pour marquer leur souci d’objectivité, les organisateurs se sont référés explicitement aux historiens de l’époque coloniale qui ont contribué à un progrès des recherches – qu’ils aient été anticolonialistes comme Charles-André Julien ou attachés à l’Algérie française comme Xavier Yacono. À l’encontre des histoires officielles et de la tyrannie des mémoires, ce colloque a l’ambition de contribuer à l’élaboration d’une histoire croisée entre Algériens et Français. Or, il devient la cible d’un lobby attardé de l’Algérie française qui agite la menace d’un procès en négationnisme, et, de manière plus inquiétante, de faire pression sur les institutions finançant ce colloque, voire de perturber le déroulement de débats scientifiques en empêchant le bon déroulement des travaux.
Les enjeux du colloque intéressent la discipline dans son ensemble.

 

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Bordj-Bou-Arreridj (Algérie), au temps de l'Algérie coloniale

 

 

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Marc Bloch (1886-1944)

 

La méthode historique et la vérité

 

Contre toute instrumentalisation de l'histoire, qu'elle provienne des clientélismes visant les rapatriés, des nostalgiques de l'ordre colonial ou qu'elle traverse les courants de la "repentance", de la dénonciation d'une "colonisation génocidaire" et/ou des "indigènes de la République", la méthode historique doit affirmer l'intangibilité de ses procédures de validation de la vérité. Il n'est pas inutile de se ressourcer dans la réflexion de Marc Bloch (1886-1944) :

- Tous les faits humains un peu complexes échappent à la possibilité d'une reproduction ou d'une orientation volontaire.

- Le passé est, par définition, un donné que rien ne modifiera plus.

- Quand le savant a observé et expliqué, sa tâche est finie.

- Longtemps, l'historien a passé pour une manière de juge des Enfers, chargé de distribuer aux héros morts l'éloge ou le blâme. Il faut croire que cette attitude répond à un instinct puissamment enraciné.

- Robespierristes, antirobespierristes, nous vous crions grâce, par pitié, dites-nous simplement quel fut Robespierre.

2200016948.01.lzzzzzzzMarc Bloch, Apologie pour l'histoire (1941)

Michel Renard




 

 

 

 

 

 

 

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3 mars 2006

Enseigner l’histoire des immigrations en France : 8 mars 2006 (Daniel Lefeuvre)

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Enseigner l’histoire des immigrations

en France : 8 mars 2006 ***

Daniel LEFEUVRE

 

 

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Département d’Histoire



Les immigrations, étrangères et coloniales, ont profondément marqué l’histoire démographique, économique, sociale, politique et culturelle de notre pays, en particulier à partir de la seconde moitié du XIXe siècle.

Objet d’étude depuis de nombreuses années pour les spécialistes des sciences sociales, cette histoire, qui a donné lieu à de très nombreuses publications, reste cependant, aujourd’hui encore, un domaine relativement ignoré des programmes d’enseignement scolaire. Pourtant, la demande sociale de connaissances et de compréhension sur ce sujet et sur ses implications présentes, est considérable.

C’est pourquoi, le département d’histoire de l’Université Paris VIII - Saint-Denis, organise le :

mercredi 8 mars 2006, de 9 h 30 à 17 h 30,

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une journée de formation destinée aux enseignants (toutes disciplines) sur le thème :

 

Enseigner l’histoire des immigrations

en France

 

Marie-Claude Blanc-Chaléard, maître de conférence en histoire contemporaine à l’Université Paris I Sorbonne :

Pourquoi enseigner l’histoire des immigrations ?

Michèle Tribalat, démographe, directrice de recherches à l’INED :

Combien d’immigrés ?
statistique publique et maîtrise quantitative de l'immigration en France,
et dans l’espace européen

Vincent Viet, historien, chercheur auprès de la Mission Recherche (MIRe) du Ministère de l’Emploi, du Travail et de la Cohésion sociale :

Les politiques de contrôle et d’intégration des immigrés

Daniel Lefeuvre, professeur d’histoire contemporaine à l’Université Paris - VIII Saint-Denis :

Les immigrés, la reconstruction et les Trente Glorieuses

 

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Madame, Monsieur, Cher(e) Collègue,


Je suis au regret de devoir reporter à une date ultérieure la journée "Enseigner l'histoire des immigrations" qui devait se tenir ce mercredi 8 mars.

Depuis ce matin, Paris VIII, comme de nombreuses autres universités, est bloquée par les étudiants qui protestent contre le projet de CPE. Tout accès aux amphithéâtres est actuellement impossible et je n'ai aucune certitude pour mercredi, une assemblée générale d'étudiants décidant, chaque jour, la reconduction du mouvement.
Il me reste donc à vous présenter mes excuses pour ce contretemps et vous assurer que, dès que possible et en fonction des possibilités des intervenants, je vous proposerai une nouvelle date.
Je vous remercie, d'autre part, de bien vouloir faire circuler cette information, je crains que certains collègues n'aient pas pris la précaution de s'inscrire et je suis donc dans l'impossibilité de les informer de ce report.
 
Dans l'attente d'un prochain rendez-vous, je vous prie de croire, Madame, Monsieur et cher(e) Collègue, en l'expression de mes plus cordiales salutations.

Daniel Lefeuvre
lundi 6 mars, 19 h 50

 

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1 mars 2006

Lettre ouverte à Arte (Gilbert Meynier)

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Lettre ouverte à Arte

au sujet des "Trois couleurs de l'empire"

Donner la parole à un médiaticien dans le vent,

quoiqu'il dise et sans aucune contrepartie, me surprend

Gilbert MEYNIER



Gilbert MEYNIER
Professeur émérite à l'université Nancy 2
Spécialiste de l'histoire de l'Algérie
Le 5 février 2006

ARTE G.E.I.E.
Service téléspectateurs
4, quai du chanoine Winterer
67080 STRASBOURG CEDEX

Monsieur,

J'ai essayé de vous envoyer cette lettre par internet mais je ne suis pas arrivé à faire fonctionner la procédure. Je vous écris donc de manière plus traditionnelle.

Professeur émérite d'histoire contemporaine à l'université Nancy 2 et spécialiste de l'histoire de l'Algérie, j'ai le regret de vous faire savoir que j'ai été déçu, voire irrité, par l'émission du 1er février, «les trois couleurs d'un empire», quelles qu'aient pu être les bonnes intentions dont elle était pavée. Comme cette émission a surtout eu pour sujet l'Algérie, je me sens quelque peu autorisé à vous faire tenir mon sentiment.

À côté de vrais savants comme Annie Rey-Goldzeiguer et Bruno Étienne, cette émission a longuement et complaisamment donné la parole à des gens qui sont, à mon sens, davantage des entrepreneurs d'idéologie fonctionnant à la médiatisation de «ce qui mousse» dans l'air du temps que des historiens à même de rendre compte de toute la complexité du divers historique, c'est-à-dire aussi éloignés de la complaisance que du manichéisme. J'y ai bien reconnu les thématiques des «Indigènes de la République», lesquels ont coutume de se bloquer sur les malheurs du passé pour rendre compte des duretés du présent.

Oser par exemple affirmer avec aplomb, et sans qu'aucune contradiction n'ait été prévue, par les concepteurs de l'émission, à cette affirmation, que les policiers d'aujourd'hui matent les «jeunes de banlieues» de la même manière que cela était fait à l'encontre des «indigènes» lors du processus de répression coloniale, c'est évidemment erroné, et ce n'est pas faire preuve de cette sérénité dont l'historien ne doit jamais se départir. Donner la parole à un médiaticien dans le vent, quoiqu'il dise et sans aucune contrepartie, me surprend et me déçoit de la part d'une chaîne comme Arte, d'un niveau généralement, et de loin, heureusement bien supérieur.

Au surplus, ne considérer les «indigènes» que sous l'angle de leur rapport à la domination coloniale, c'est ne pas voir le cheminement de leur existence propre en tant qu'êtres humains. L'histoire des Algériens avant 1962 avait heureusement, aussi d'autres facettes, et cette histoire ne s'est pas arrêtée en 1962. Les colonialistes fonciers ne sont donc pas uniquement, en l'occurrence, ceux qui sont visés par l'émission. J'ai peur qu'ils soient, aussi, ceux qui ont conçu ladite émission et ceux auxquels ils y ont de manière appuyée donné la parole.

J'ajouterai que, en temps de parole, deux Algériens seulement ont été interviewés : Hassan Remaoun quelques secondes, et Mohammed Harbi, le plus grand historien algérien légèrement plus longtemps. Au total, la quasi-totalité de l'émission a été occupée par des prises de parole françaises. Cela me paraît à l'évidence aller à l'encontre du parti-pris anticolonialiste ordinaire affiché par l'émission. Si vous me l'aviez demandé, j'aurais pu vous fournir une longue liste d'historiens algériens, notamment de jeunes chercheurs qui sont de vrais savants et pas des idéologues.

Avec mes regrets, je vous prie de croire, Monsieur, à mon meilleur compliment,

Gilbert Meynier

***

 

- à lire : un commentaire/analyse plutôt favorable à ce documentaire, sur le site du CNDP par Patrick Mougenet, professeur d'Histoire.

- les derniers ouvrages de Gilbert Meynier

 

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