date de naissance de Jean Dupuis, négociant, explorateur : 1828 et non 1829
date de naissance de Jean Dupuis,
négociant, explorateur
7 décembre 1828 et non 1829
Toutes les notices d'autorité, à commencer par celle de la BnF - qui sert souvent de référence aux autres (Viaf, Isni, IdRef...) - indiquent l'année 1829 comme naissance de l'explorateur Jean Dupuis. Seules, quelques publications consacrées au Vietnam mentionnent parfois l'année 1828.
Pourtant dans un compte rendu paru dans le Bulletin de l'École française d'Exrême-Orient (1910, p. 619), Charles B. Maybon rendait compte du livre de Jean Dupuis, Le Tonkin de 1872 à 1886, qui venait de paraître, et notait : «Il est né le 7 décembre 1828 : c'est la date qu'indique une correction manuscrite de l'exemplaire que M. Dupuis lui-même a offert à notre bibliothèque (...) Ses biographes le font naître généralement en 1829». [lire]
Pour notre part, nous sommes allés vérifier sur le registre numérisé de l'état civil de Saint-Just-la-Pendue (Loire). Il n'y a pas de confusion possible : Jean Dupuis est né le 7 décembre 1828 à trois heures du matin. [lire]
Son père s'appelle Étienne Dupuis selon la graphie retenue par l'officier d'état civil alors que lui-même signe Dupuy ; et sa mère Geneviève Labouré.
Il y a, bien sûr, d'autres Dupuis ou Dupuy dans la commune et notamment un Jean-Baptiste qui naît en juin 1829, mais il s'agit d'une autre famille.
acte de naissance de Jean Dupuis, 7 décembre 1828
En 1841, premier recensement conservé, la famille apparaît toujours habitant Saint-Just-la-Pendue : Jean a deux sœurs. [lire : année 1841, p. 22 du visualiseur]
recensement de 1841, Saint-Just-la-Pendue
statue de Jean Dupuis (1932) à Saint-Just-la-Pendue, en août 2004
statue de Jean Dupuis (1932) à Saint-Just-la-Pendue, en août 2004
tombe des familles Dupuis et Labouré,
cimetière de Saint-Just-la-Pendue, août 2004
Saint-Just-la-Pendue, août 2004
Michel Renard
la navigation sur le Mékong, découverte d'une chaloupe française en Thaïlande (Frédéric Pécout, Inrap)
la navigation sur le Mékong
découverte d'une chaloupe française en Thaïlande
Frédéric Pécout, Inrap
Plan
Introduction et méthodologie
1 - Localisation
2 - Les données de la découverte
3 - Historique de la navigation sur le fleuve Mékong
A – Le fleuve Mékong
B – La présence française, le commerce, la navigation
C – Sur le plan local (Mékong), que se passe-t-il ?
D – La navigation sur le Mékong au Laos et dans le secteur de la découverte
4 - Expertise de la chaloupe à vapeur
Conclusion
Discussion et critique
Bibliographie
Annexes
Études complémentaires
Listes des figures
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ajout iconographique par Études Coloniales
chaloupe française L'Agnès, à Haïphong (Tonkin)
chaloupe fluviale à Haïphong (Tonkin)
Auguste Pavie et les membres de la Commission franco-anglaise du Haut-Mékong, 1895
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Introduction et méthodologie
À la suite de la découverte de l’épave d’une chaloupe française à vapeur dans le fleuve Mékong en Thaïlande, la conservatrice du musée de Ban Chiang (Madame Le Chef du Musée National de Ban Chiang, Mme S. Yuanyaidee), nous a sollicités pour réaliser une expertise archéologique et historique. Cette étude permet de retracer l’histoire de la navigation et du commerce sur le Mékong, des différentes compagnies de navigation françaises présentent durant de très nombreuses années et d’apporter des indices pouvant identifier cette épave.
Une méthodologie d’analyse rigoureuse a été mise en place. Plusieurs déplacements ont été réalisés, à Paris aux Archives de la Bibliothèque de France, à Vincennes aux Archives du ministère de la Défense, à Nantes aux archives Marines du Bureau Véritas et aux archives Dubigeon (archives de la Maison des Hommes et des Techniques), à Fréjus, Nice et Aix-en-Provence afin d’étudier les Archives d’Outre-Mer.
Il est à noter qu’une bonne partie des archives de l’Indochine est restée au Vietnam. L’ensemble de la presse économique d’Indochine : Les Annales économiques d’Indochine, l’Essor économique de l’Indochine ont été étudiés (sur la plage historique de 1890 à 1950), l’Eveil économique de l’Indochine ainsi que les différents bulletins d’associations diverses : d’anciens combattants, les anciens de la Marine, collectionneurs de cartes postales du Laos…
Une analyse critique et de synthèse a ensuite été faite sur l’ensemble de cette documentation. Quatre mois ont été nécessaires à l’élaboration de cette expertise en collaboration avec les conservatrices du Musée National de Bang Chiang (Mme S. Yuanyaidee, Madame Le Chef du Musée National de Ban Chiang, Mme P. Teeravutchuvong, conservatrice).
1 - Localisation
L’épave de la chaloupe a été découverte dans le fleuve du Mékong dans la province de Bueng-Kan proche du village de Ban Tha kraï. Cette province est située au nord-est de la Thaïlande, elle est bordée au nord par le fleuve Mékong qui forme sa frontière avec le Laos (fig. 1).
2 - Les données de la découverte
Des témoignages locaux indiquent qu’une chaloupe à vapeur française a coulé en septembre 1947 proche du village de Ban Tha Kraï Province de Bueng-Kan. Bien connue des habitants du village, deux premières tentatives de renflouement échouent en 1948 et 1951. Il faut attendre le 28 février 2016 et certainement d’autres moyens plus importants pour que l’opération réussisse (fig. 2).
La coque est présente sur plus de 95%, la chaudière également mais toutes les structures supérieures ont disparu. Le Département des Beaux-Arts est chargé de l’inventaire et de l’étude (fig. 3). Les relevés de la chaloupe ont été réalisés par le bureau des fouilles sous- marines.
3 - Historique de la navigation sur le fleuve Mékong et de la présence française en Cochinchine.
A - Le fleuve Mékong.
Le fleuve Mékong prend sa source à Lasagongma à une altitude de 5.224 mètres, dans la province de Qinghai au Tibet. Le fleuve a une longueur estimée de 4 350 à 4 909 km. Sur la moitié de sa longueur le fleuve coule en Chine pour former ensuite la frontière entre la Birmanie et le Laos sur 200 km. Il rejoint ensuite son affluent le Ruak au triangle d’or. Ce point marque la séparation entre le haut et bas Mékong.
Le fleuve forme alors la frontière entre le Laos et la Thaïlande puis coule sur un secteur uniquement au Laos (rapides et gorges). Proche de Vientiane le fleuve redevient frontière avec la Thaïlande puis passe uniquement au Laos formant la région de Si Phan Don juste avant l’ensemble des chutes de Khône.
Le fleuve passe ensuite au Cambodge (rapides de Sambor) juste avant la capitale Phnom-Penh. Après la capitale, le Mékong se divise en deux : Le Bassac et le Mékong. Au Vietnam le Mékong se sépare en deux branches qui s’appellent le Tiên Giang - Mékong ou fleuve de l’avant et le Hâu Giang - Bassac ou fleuve à l’arrière. Ces deux branches rentrent en mer de Chine par neuf estuaires appelés Sông Curu Long – le fleuve des neufs dragons.
Dans certains secteurs le fleuve dépasse 3.000 mètres de largeur pour une profondeur variant de 1 à plusieurs dizaines de mètres de profondeur (fig. 4).
B - La présence française, le commerce, la navigation
Avant 1887, la Cochinchine, colonie française, le Cambodge, l’Annam et Tonkin, pays de protectorat, étaient administrés séparément, les deux premiers relevaient du ministère de la Marine et des Colonies, les deux derniers, du ministère des Affaires étrangères. Par décret d’octobre 1887, l’Union indochinoise fut placée sous l’autorité d’un gouverneur général relevant du ministère des Colonies (fig. 5).
À partir de 1905, l’Indochine représente l’ensemble des possessions et protectorats qui englobent les États actuels du Vietnam, du Laos, du Cambodge (conquis entre 1858 et 1896).
Avec l’invasion de l’Indochine durant la Seconde Guerre mondiale par le Japon, la position de la France est affaiblie et fait ressurgir des nationalismes indochinois dès la fin du conflit dont le résultat fut la guerre d’Indochine avec le Viet-Minh (Ho Chi Minh) de 1946 à 1954.
C - Sur le plan local (Mékong), que se passe-t-il ?
Après plusieurs expéditions (dont l’expédition d’Auguste Pavie), un traité est signé en juillet 1893 entre le Royaume de Siam et la France. Ce traité porte sur le renoncement du Royaume de Siam sur les territoires de la rive gauche du Mékong. Durant plusieurs mois deux canonnières fluviales La Grandière et Le Massie (fig. 6 Localisation Tha-Kêk) ont exploré sous l’intitulé «mission Hydrographique du Haut Mékong» les différents rapides et défilés du fleuve.
Ces différentes explorations ont mis en évidence la dangerosité de plusieurs rapides et chutes notamment aux défilés de Khône et envisager la construction d’un chemin de fer sur l’île principale de Khône. Les chaloupes sont démontées et acheminés par tronçon puis remontés après les rapides (fig. 7).
Caractéristiques des deux chaloupes construites aux ateliers Dubigeon de Nantes : 22 tonnes, 26 mètres de long et démontables en cinq tranches.
Les pirogues, par contre, peuvent passer les chutes par «basses eaux» comme par «hautes eaux» (fig. 8).
Fig. 8 : la chaloupe Le Garcerie transportée par voie ferrée pour le franchissement des rapides de Khône.
À partir de 1894 trois bateaux : Le Colombert, Le Trentinian et Le Garcerie assurent un service régulier. Un service postal est assuré par «Les Messageries Fluviales de Cochinchine». Cette compagnie française dès sa création (1881) a le quasi monopole du transport et du commerce sur le Mékong. Ces liens étroits avec le gouvernement lui permettent d’assurer à la fois des missions pour le gouvernement comme le service réguliers postales mais également le transport de denrées et de passagers.
À partir de cette période et jusqu’à l’indépendance de l’Indochine, le commerce fluvial est intense avec la création et le développement de la Compagnie des Messageries Fluviales de Cochinchine (1881-1927, dont la plupart des bateaux font partie et construits aux chantiers navals Dubigeon situés à Nantes en France).
Cette compagnie a le monopole du transport et du commerce sur le Mékong ainsi que le monopole du service du transport du courrier pour l’état comme nous l’avons déjà signalé (annexe 1 : Convention pour l’exploitation des services postaux, Gouvernement Général de l’Indochine et la Société des Messageries Fluviales).
Cette compagnie cède en 1927 sa branche transport au profit de la Compagnie Saïgonnaise de Navigation et de Transport (mais ce sont les mêmes propriétaires) qui elle-même fut rachetée en 1938 par la Société de Chalandage et Remorquage de l’Indochine.
La plupart des témoignages locaux (presses, populations, entreprises de plantations d’hévéa, de riz, bois précieux….) ne mentionne toujours que le nom des Messageries Fluviales de Cochinchine.
Pour développer le commerce et assurer un bon fonctionnement, la société fait donc appel dès 1890-95 aux Chantiers Naval Dubigeon, constructeur naval situé à Nantes pour réaliser et faire construire (en grande partie) toute une flotte de navires essentiellement des chaloupes à vapeur de différents tonnages composant plusieurs flottilles (annexe 2 liste de prix pour les voyageurs).
Dès 1923, on note déjà dans les archives la présence de la flottille du Laos composée de 8 chaloupes à vapeurs de dimensions différentes et assurant un trajet journalier entre les différentes escales (Annexes 1 et 2).
Cette flottille se composait :
- du Pavie construit vers 1909, vapeur à 2 hélices en acier, longueur 35 mètres pour une largeur de 5,5 mètres, construit aux ateliers Dubigeon pour les Messageries Fluviales (fig. 9).
Fig. 9 : plan du Pavie, archives de la Maison des Hommes et des techniques, Atelier Dubigeon, Nantes.
- du Massie, à l’origine chaloupe canonnière à vapeur de 26 mètres de longueur construite pour la Marine Nationale et rachetée par les Messageries Fluviales, daté de 1893 (fig. 10, 11 et 12).
Le Massie a participé à la «Mission hydrographique du Haut Mékong» du Lieutenant de vaisseau Georges Eugène Simon 1897 avec une chaloupe le Han Luong.
Fig. 10 : les Chaloupes Han Luong et Le Massie sur l’ïle de Khône
Fig. 11 : chaloupe canonnière Le Massie ?, 1893.
Fig. 12 : l'avant de la chaloupe Le Massie sur l’île de Khône.
- La Garcerie, vapeur de 50 mètres de longueur, construit pour les Messageries Fluviales en 1895 (fig. 13 et 14), ancien atelier naval Dubigeon à Nantes.
Fig. 13 : la chaloupe La Garcerie sur l’île de Khône.
Fig. 14 : chaloupe à vapeur La Garcerie, archives de la Maison des Hommes et des techniques, Atelier Dubigeon, Nantes.
- Le Gougeard, cette chaloupe est un vapeur à spardeck et équivalent aux chaloupes Colombert et Trentinian.
- Le Colombert, chaloupe à vapeur à spardeck (fig.15 et 16) de 50 mètres de longueurs.
Fig. 15 : le vapeur Le Colombert au bord du Mékong, Laos.
Fig. 16 : vapeur Le Colombert à l’escale, Laos.
- L’Albatros, aucune information sur cette chaloupe, seul indication dès 1923 comme faisant partie de la flottille de Laos pour la Compagnie des Messageries Fluviales.
- Le Trentinian chaloupe à vapeur à spardeck, équivalent du Colombert, fera naufrage dans le Mékong en 1928, présent dans la flottille du Laos dès 1914 (fig. 17, 18 et 19).
Fig. 17 : le Vapeur à spardeck Le Trentinian à l’appontement à Nong Seng.
Suite à une fuite d’essence le vapeur Trentinian explose à 5 kilomètre en amont de Thakhek le 4 février 1928 causant la mort de plusieurs personnes.
Fig. 18 : passage sur la voie ferrée de l’île de Khône.
Fig. 19 : borne du naufrage du Trentinian
- Le Vanneau, équivalent du Massie, présent dans la flottille du laos dès 1914.
Flottille du Laos MM. Bertron, capitaine du Pavie ; Angéli, chef-mécanicien du Pavie ; Bozec, capitaine du Garcerie ; Dursen, capitaine du Colombert : Paravissini, capitaine du Trentinian ; Boluix, patron du Vanneau ; Huu, patron du Massie ; Grangier, patron du Gougeard ; Lavopel, patron de L'Albatros ; Thomas, inspecteur-mécanicien ; Guillot, inspecteur-mécanicien.
Mais à la lecture des différentes archives notamment celles de la Bibliothèque Nationale en particulier le fond des archives de l’Indochine, on s’aperçoit rapidement que la Compagnie des Messageries Fluviales de Cochinchine a plutôt été un frein au développement économique du Laos et de sa région en s’opposant systématiquement au développement des routes et des voies ferrées (annexe 3). Malgré la présence de quelques chaloupes chinoises, la Compagnie des Messageries Fluviales de Cochinchine a continué à assurer des lignes régulières malgré plusieurs naufrages dont le Lagrandière en 1910 (fig. 20) et le Trentinian en 1928 (annexe 4).
Fig. 20 : le naufrage de la chaloupe Lagrandière juillet 1910.
D - La navigation sur le Mékong au Laos et dans le secteur de la découverte.
Plusieurs difficultés pour la navigation sont présentes dans le secteur de la découverte de la chaloupe à Bueng-Kan :
- Tout d’abord le fleuve n’est pas balisé avant 1923 rendant périlleux certains passages.
- Pendant la période des basses eaux, les petits fonds essentiellement dans ce secteur, composés de sable, de roches et de galets, interdisent de naviguer à tout bateau calant plus d’un mètre. Le tirant d’eau est donc très limité d’où la nécessité d’avoir un bateau à fond plat avec hélice sous voûte comme pour l’épave de la chaloupe ou comme la chaloupe le Massie.
- Un autre problème apparait également car dans ces conditions particulières l’utilisation de l’hélice est mauvaise réclamant une puissance de machine disproportionnée avec le tonnage du navire. Les bateaux le Massie, le Vientiane et l’épave découverte à Bueng-Kan ont un moteur à vapeur avec une chaudière importante ne laissant que peu de place pour le transport des marchandises ; la qualité du bois de chauffe (local) est également en cause.
- La vitesse doit être au minimum de 12 nœuds pour franchir les différents rapides les plus puissants. Le Massie qui n’a donné aux essais que 10 nœuds 5 possède une machine de 120 chevaux ; le bâtiment a toutes les difficultés à franchir les rapides.
- Le conflit avec le Viet-Minh dès 1946 installe un climat d’insécurité notamment par la présence de mines dans certains secteurs du fleuve (deux dragueurs de mines coulent en 1949, la Glycine et le Myosotis, fig. 21, 22).
Fig. 21 : naufrage du navire de guerre Le Glycine, 21 avril 1949.
Fig. 22 : rapport du naufrage du navire Le Myosotis le 20 juin 1949.
4 - Expertise de la chaloupe à vapeur
Renflouée le 28 février 2016 par deux équipes : l’armée thaïlandaise (bureau des ports et service d’archéologie sous marine), la chaloupe a fait l’objet d’un premier relevé par le Département des beaux Arts (fig. 23).
Fig. 23 : relevé de l’épave de la chaloupe. La partie centrale s’est affaissée.
Le bâtiment était échoué à environ 5 mètres de profondeur, le navire a coulé du côté de la Thaïlande. La proue était face au Laos d’après les informations des plongeurs et tout proche du rivage.
Le bâtiment est complet sur presque 95% de sa coque (fig. 23 et 24).
Fig. 24 : profils et coupes de l’épave (en mètre).
La coque est en tôles métalliques d’acier doux composée de plaques régulières rivetées, soudées et jointes par des poutrelles métalliques. L’hélice est en bronze à quatre ailes déployées de grand diamètre et la ligne d’arbre est présente. Ce type d’hélice, imposante, permet avec la forme particulière de l’arrière d’utiliser au mieux le travail transmis par le propulseur (fig. 25).
Fig. 25 : l’hélice en bronze de l’épave, Photo, Musée National de Ban Chiang, 2016.
L’exemple est le même pour les deux navires La Grandière et Le Massie de la Compagnie des messageries Fluviales et construit au chantier naval Dubigeon à Nantes à la fin des XIXème siècles.
La chaudière présente est plus récente que le navire, elle date de 1923 et correspond à une grande campagne de rénovation lancée cette même année (fig. 26) par Les Messageries Fluviales bien consciente de devoir moderniser une partie de sa flotte (et sous la pression du gouvernement d’Indochine et de la presse).
Un taquet (dispositif d’arrêt) de proue est aussi présent, permettant de fixer les cordages (fig. 23 et 37). Les deux taquets de la chaîne d’ancre sont également présents ainsi qu’une partie de la chaîne (fig. 23 et 37).
Fig. 26 : chaudière de la chaloupe, plaque du constructeur de la machine à vapeur,
photo Musée National de Ban Chiang, 2016.
Le constructeur correspond à une petite entreprise Nantaise (Société A. Des Brûlais et Reliquets associé à un autre constructeur Nantais Ch. Faivre, fig. 27) spécialisée dans la construction de machine à vapeur.
Fig. 27 : plaque des deux constructeurs Ch. Faivre et A. Des Brûlais & Reliquets,
photo Musée National de Ban Chiang, 2016.
La première machine à vapeur doit certainement correspondre au modèle affecté à ce type de bateau pour la compagnie, certainement «compound» à pilon et à condensateur par surface mais pas assez puissante (vitesse aux essais maximum de 10 nœuds).
La chaudière présente également une plaque de contrôle du bureau Véritas Marine (vraisemblablement le bureau de Saïgon) comme l’atteste les marques présentes : visites et contrôles les 26/06/1935, 02/07/1936, 17/07/1940, 07/071941 (fig. 28).
Fig. 28 : plaque du Bureau Véritas Marine, contrôle de l’état de la chaudière, photo Musée National de Ban Chiang, 2016.
Le bâtiment mesure dans son état actuel 20m50 de longueur pour une largeur maximum dans sa partie centrale de 4,5 mètres (fig. 23 et 24). Les infrastructures supérieures ont disparu, que ce soit le pont supérieur, la cuisine, les cabines et le poste de pilotage, seul demeure la coque et la chaudière. Ceci peut s’expliquer à la fois par le nombre d’années séjournées dans le fleuve (naufrage en 1947) qui, on le rappel, par un débit très fort avec plusieurs phases de crues annuelles, par les dégâts subits par les filets des pêcheurs et vraisemblablement par le pillage (fig. 29).
Fig. 29 : vue de l’intérieur de la chaloupe vers l’avant, photo Musée National de Ban Chiang, 2016.
D’après les témoignages des anciens, le navire aurait pris l’eau et coulé, le bateau transportait en dehors des marchandises habituelles du vin destiné à la ville de Vientiane au Laos (nord) et en provenance de Nakhon Phanom côté Thaïlande (sud).
L’ensemble du mobilier archéologique est homogène, composé de vaisselles, de bols en faïence, d’un bol de fabrication américaine de marque Cesco -1944-, provenant certainement de la dotation de vaisselle du capitaine du navire (fig. 30), de fragments de chaussures, épées, coupes-coupes, briquets, fragments de pneus Michelin modèle 130-140/50 superconfort, modèle produit dès 1934.
Fig. 30 : mobilier archéologique, bol de fabrication américaine de marque CESCO-1944,
photo Musée National de Ban Chiang, 2016.
Tout cet ensemble témoigne d’une vie importante à bord, les différents bateaux de la Compagnie ex-des Messageries Fluviales de Cochinchine assuraient des liaisons régulières entre les différentes escales (fig. 31 et 32).
Fig. 31 : mobilier archéologique, fragment de pneu Michelin vers 1934,
photo Musée National de Ban Chiang, 2016.
Fig. 32 : mobiliers archéologiques, photo Musée National de Ban Chiang, 2016.
L’étude des archives des ateliers Dubigeon (archives de La Maison des Hommes et des Techniques, Nantes) a permis de déterminer avec précision qu’un grand nombre de bateaux de la Compagnie des Messageries Fluviales de Cochinchine ont été réalisés dans ces ateliers avec plusieurs ébauches de navires de différents tonnages et de différentes propulsions (fig. 33, 34 et 35).
Ces demandes correspondent à des besoins bien particuliers comme des bateaux à faible tirant d’eau par exemple, pour les vapeurs constituant la flottille du Laos ou pour des navires plus importants à une grande capacité de stockage et affectés à la ligne Saïgon-Pnom-Penh (Annexe 2).
Fig. 33 : Histoire des Ateliers navals Nantais, Les Ateliers Dubigeon,
Archives de La Maison des Hommes et des Techniques, Nantes.
Fig. 34 : exemple d’étude pour les Messageries Fluviales, vapeur de 26,2 mètres,
archives de la Maison des Hommes et des techniques, Atelier Dubigeon, Nantes.
Fig. 35 : exemple d’étude pour les Messageries Fluviales,
petit vapeur destiné à la navigation du Haut Mékong,
archives de la Maison des Hommes et des techniques, Atelier Dubigeon, Nantes.
Conclusion
L’étude de l’épave de cette chaloupe à vapeur se fait l’écho d’une occupation et d’une vie intense (commerce…) sur et autour du fleuve Mékong. Le corpus du mobilier archéologique trouvé dans l’épave renvoie à un contexte de la fin du XIXe siècle et au milieu du XXe (fig. 30, 31 et 32). Il est bien sûr impossible d’effectuer une étude sur les horizons stratigraphiques, la chaloupe ayant été pillée deux fois (1948 et 1951) et les conditions de son renflouage en février 2016 ont été soignées mais aucun relevé n’a été fait en condition subaquatique.
Le mobilier archéologique renvoi à :
- du matériel de consommation (ustensiles culinaires, bols, couverts fragments de céramiques, faïences à décor (notamment la représentation de coqs…….) ;
- du mobilier de la vie courante (fragments de chaussures, briquets, armements…) ;
- du mobilier archéologie définissant une notion de commerce (fragments de pneus….), proche de sa mission première, le commerce et le transport de marchandises et de voyageurs sur le Mékong (fig. 30, 31 et 32).
Discussion et critique.
La figure 11 citée plus haut mentionne le nom de la chaloupe Le Massie mais cette identification est fausse. L’étude plus précise des photos, cartes postales, documents divers de la chaloupe Le Massie fig. 10 et 12, précise que nous avons affaire à un bâtiment très élancé, droit avec un poste de commande en partie basse, sans pont supérieur, mesurant 26 mètres de longueur.
Deux cabines ou deux compartiments distincts sont présents. Le document photographique (fig. 11) a, sur plusieurs autres documents, été mal identifié, entrainant par là beaucoup d’erreurs d’interprétations. Cette chaloupe possède un poste de commande (ou kiosque) en partie haute, de plus, l’avant du bateau s’élève légèrement et ne présente pas du tout le même profil que pour les fig. 10 et 12 qui elles, sont certifiées comme étant Le Massie sans conteste possible.
Cette chaloupe pourrait donc être Le Vanneau, autre chaloupe faisant partie de la flottille du Laos (Annexe 1). Elle pourrait correspondre au plan des Ateliers Dubigeon sous l’inventaire n°TN 2320 A044 (fig.36). On note aussi la présence sur l’avant de l’épave d’une partie de la chaîne d’ancre (fig. 37).
L’arbre de transmission est partiellement présent malgré les nombreuses années dans le Mékong.
Fig. 36 : plan type d’une chaloupe à vapeur de 20 mètres pouvant correspondre à la découverte,
archives de la Maison des Hommes et des techniques, Atelier Dubigeon, Nantes.
Une discussion très poussée a été entreprise notamment avec les archivistes des ateliers Nantais. Même si une grande partie des archives de l’Indochine est restée au Vietnam, l’analyse des photographies prises par les conservatrices du Musée National de Ban Chiang a permis d’apporter des informations précises sur la morphologie générale de la chaloupe. Cette chaloupe possède deux cales, une avant et une arrière, ainsi qu’un magasin en partie avant.
Fig. 37 : l’avant de l’épave, photo Musée National de Ban Chiang, 2016.
La morphologie général de cette chaloupe correspond plutôt à celle du Pavie mais avec des dimensions plus modestes. Pour rappel le Pavie mesure 35 mètres de longueur pour une largeur maximum de 5,5 mètres et posséde deux hélices (fig. 9). L’épave fait 20,5 mètres de longueur pour une largeur maximum de 4,5 mètres dans son état actuel, mais il faut rester prudent car une partie (très minime) de l’arrière a disparu.
Est-ce la cause du naufrage ? Vraisemblablement, car les témoignages des anciens rapportent une rentrée d’eau importante, peut être à la suite d’un choc avec des rochers.
Le bateau en tout cas, va dans un premier temps s’échouer côté Thaïlandais, à proximité du rivage.
Enfin, dans un second temps, une étude sur place (Thaïlande) plus précise portant sur l’ensemble du mobilier archéologique découvert dans l’épave, associée à une analyse plus approfondie sur l’épave elle-même, semble être indispensable.
Bibliographie
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- L. De Reinach, Le Laos Tome II, éditions A. Charles, Paris, 1901.
- R. Meyer, Le Laos, Imprimerie d’Extrème-Orient, Hanoï, 1930.
- Fonds des archives de la Bibliothèque Nationale de France série F 2242, Les Messageries Fluviales de Cochinchine, contrats pour le service postal, Imprimerie Kugelmann, 1895.
- Fonds des archives de la Bibliothèque Nationale de France, bulletin l’Eveil économique de l’Indochine de 1890 à 1937.
- Bulletin de l’ANAI, Association Nationale des Anciens et Amis de l’Indochine et du Souvenir Indochinois, Numéro 24, 2011.
- Les ports Autonomes de l’Indochine, catalogue d’expositions, section économique, Paris 1931.
- Fonds des archives de La Maison des Hommes et des techniques, Nantes.
- Bulletins de liaison des anciens combattants d’Indochine, n°24, 2014.
- Journal Of Irish, vol.3, n°1- Une entreprise de navigation à vapeur Pondicherienne en Indochine, J.B.P. More, 2008.
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- Archives de la SIPH (Société Internationale de Plantations d’Hévéas ex- Société Indochinoise de Plantations d’Hévéas), Paris.
- A. De Vogüé, Ainsi vint au monde La SIPH (1905-1939), Amicale des Anciens Planteurs d’Hévéas Edition Gourci, Vichères, 1993.
- Archives internet www.entreprise-coloniales.fr, Les Messageries Fluviales de Cochinchine (1181-1927), La Compagnie de Commerce et de Navigation d’Extrème-Orient, La Société Financière Française et Coloniales, La Compagnie Saïgonnaise de Navigation et de Transport, La société anonyme de Chalandage et Remorquage de l’Indo-Chine.
- L’Éveil économique de l’Indochine, journal, fonds des Archives (1890-1947).
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- J.M. Strobino, Peter Hauff (1873-1951), Les aventures d’un marchand norvégien en Indochine au début du XXème siècle, Hors série de l’AICTPL n°5, juin 2013.
- J.B. Girard, Traité pratique des chaudières marines, Edition Béranger, 1897.
- P. Angrand, Machines marines et moteurs, Edition A. Challamel, Paris, 1913.
- J. Delvert, «Quelques problèmes Indochinois en 1947», L’Information Géographique, 1948, N°2, PP.50-61.
- M. Bodin, Combattants français face à la guerre d’Indochine 1945-1954, édition L'Hamattan, 1998.
Annexes
Annexe 1 : Convention pour l’exploitation des services postaux, Gouvernement Général de l’Indochine et la Société des Messageries Fluviales.
Annexe 2 : Prix des passages en premières classe.
Annexes 3 : Article de presse dénonçant le monopole de La Compagnies ex des Messageries Fluviales de Cochinchine, de l’Eveil Economique de l’Indochine, 1928.
Annexe 4 : Le naufrage du Trentinian, article de l’Eveil Economique de l’Indochine, 1928.
Annexe 5 : Photos de renflouage de la chaloupe, février 2016.
Annexe 6 : Navigation sur le Mékong, les services de la compagnie des messageries Fluviales de Cochinchine, les différentes étapes, 1900.
Annexe 7 : L’Expédition d’Henri Mouhot 1854-1861.
Annexe 8 : Les Archives des Ateliers navals, Nantes, archives de La Maison des Hommes et des Techniques.
Annexe 9 : Archives du Bureau Véritas Marine, Nantes, novembre 2016.
Annexe 10 : Implantation de la Compagnie des Messageries Fluviales de Cochinchine à Saïgon.
Annexe 11 : différents projets de chaloupe mise à l’étude par les Ateliers Dubigeon de Nantes pour le compte des Messageries Fluviales de Cochinchine (de 1890 à 1927).
Annexe 1 : Convention pour l’exploitation des services postaux, Gouvernement Général de l’Indochine et la Société des Messageries Fluviales.
Annexe 2 : prix des passages en premières classe
Annexe 3 : article de presse dénonçant le monopole de La Compagnies ex des Messageries Fluviales de Cochinchine, de l’Éveil Economique de l’Indochine, 1928.
Annexe 4 : le naufrage du Trentinian,
article de l’Éveil Economique de l’Indochine, 1928.
Annexe 5 : photos du renflouage de la chaloupe, février 2016
photos du Musée National de Ban Chiang, septembre 2016.
Annexe 6 : navigation sur le Mékong, les services de la compagnie
des messageries Fluviales de Cochinchine, les différentes étapes, 1900.
Document très intéressant, indiquant de façon précise toutes les étapes
et les différentes liaisons, dont le lieu proche du naufrage Pak-Sane (Laos).
Annexe 7 : l’Expédition d’Henri Mouhot 1854-1861
Annexe 8 : les Archives des Ateliers navals, Nantes, archives de La Maison des Hommes et des Techniques,
M. Gérard Tripoteau responsable des archives, Novembre 2016.
Annexe 9 : archives du Bureau Véritas Marine, Nantes, novembre 2016.
Les registres consignent toutes les révisions d’une bonne partie des navires de tous tonnages depuis 1829 dans le monde.
Annexe 10 : Implantation de la Compagnie des Messageries Fluviales de Cochinchine à Saïgon.
Les bâtiments sont de différents tonnages avec plus ou moins d’aménagements en fonction des souhaits et demandes de la Compagnie des Messageries ici une gamme moyenne destinée à la navigation sur le Haut Mékong.
La Chaloupe de 19 mètres l’Hirondelle des Messageries Fluviales, présente dès 1922 comme faisant partie de la flotte du Mékong (Cambodge) construite en 1894.
Exemple de chaloupe équivalent à la chaloupe Le Massie ou le Han Luong.
Exemple de chaloupe de 1er Catégorie, plus de 67 mètres de longueur.
Chaloupe de 2ème catégorie Le Haïman de 50 mètres de longueur, 1898.
L’Argus, petite chaloupe des Messagerie Fluviales, vers 1890.
Annexe 11 : différents projets de chaloupe mise à l’étude par les Ateliers Dubigeon de Nantes
pour le compte des Messageries Fluviales de Cochinchine (de 1890 à 1927).
Études complémentaires
À la suite de nouvelles données (renflouage de la chaloupe) trouvées dans la presse locale de la province de Bueng-Kan, nous proposons une étude complémentaire portant sur les différents reportages photographiques du 28 février 2016 de la presse locale Thaïlandaise. Une préparation longue a été réalisée avec l’utilisation d’une barge et de deux pelles mécaniques (fig. 38 et 39).
Fig. 38 : le renflouage de la chaloupe, les moyens techniques, presse locale, 28 février 2016.
Fig. 39 : aménagement d’une rampe d’accès par les pelles mécaniques, presse locale.
L’arrière de la chaloupe est proche de la rive de la Thaïlande (fig.40).
Fig.40 : vue arrière de la chaloupe, presse locale, 28 février 2016.
Une grue se positionne sur la berge. Plus de 200 bidons d’essences ou d’huiles vides sont positionnés et attachés à la coque de la chaloupe pour faire bouées (fig. 41).
Fig. 41 : l’arrière de la chaloupe, presse locale, 28 février 2016.
Une partie de l’arrière de la chaloupe a été détruite lors du naufrage. Grâce à l’aménagement d’une rampe d’accès et avec l’utilisation d’une grue, l’épave est progressivement tirée hors de l’eau (fig. 42 et 43).
Fig. 42 : l’épave sur la rampe d’accès, presse locale, 28 février 2016.
Fig. 43 : l’épave est hors de l’eau, presse locale, 28 février 2016.
La chaudière est présente ainsi que l’ensemble de la machinerie. La propulsion à vapeur se compose de trois ensembles (fig. 44) :
- un appareil évaporatoire, la chaudière et ses accessoires A
- un appareil moteur, la machine et ses accessoires B
- un appareil propulseur, l’hélice C
Fig. 44 : la propulsion à vapeur, plan d’après P. Angrand, Machines Marines et Moteurs, 1913.
On retrouve tout cet ensemble sur notre chaloupe (fig.45).
A - L’appareil évaporatoire, la chaudière et ses accessoires
B – L’appareil moteur, la machine et ses accessoires
On observe la présence des conduits (tubes) à l’intérieur de la salle de chauffe, l’eau chaude circule et produit de la vapeur envoyée vers le moteur.
La puissance est ensuite transmise à l’appareil propulseur par la ligne d’arbre vers l’hélice (fig.46).
Fig. 46 : positionnement du propulseur C l’Hélice, la ligne d’arbre de transmission.
La chaloupe à donc une chaudière soit à tubes de fumée ou chaudière tubulaire. L’eau entoure les tubes servant au passage de la flamme (fig. 47),
Fig. 47 : localisation des tubes dans la chaudière.
soit à tubes d’eau aquatubulaires, dans ce cas l’eau est renfermée dans les tubes autour desquels circulent les gaz. Sur ce système la vapeur formée dans le générateur est amenée par un tuyau collecteur au moteur.
Enfin le témoigne des «anciens» souligne la présence d’un couple de «farang» (étranger –français) disparue dans le naufrage.
Sources
- Le journal régional Thaï rath 28 février 2016.
- Le reportage Télévisé, «Le naufrage du bateau, un couple de farang mort, les fantômes nous regardent ?» mars 2016, Workpoint TV, Télé 23.
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« …..le navire à vapeur transportant du vin .….coulé dans la rivière depuis 60 ans… »
On a également été trouvé selon les articles de presses «un stylo de marque de cognac français, 111 bouteilles de vin, un poing américain, un étui à cigarettes, 15 réservoirs de 40 litres d’huiles, deux bombes RPG, des grenades à main...».
Il est bien sur très difficile d’affiner plus l’étude à partir de photographies, un complément sur le terrain est indispensable notamment pour étudier l’ensemble du mobilier archéologique.
La déclaration de la découverte par le département des Beaux-Arts,
le lieu, date, les circonstances.
C’est le petit fils du Vice-amat tri Khunindnilanuraksa (Pilane Nilasamit) qui a sorti l’épave de la chaloupe du Mékong.
Né le 6 juin 1894 à Nong Khaï (maintenant Bueng-Kan), il semble avoir travaillé avec les Messageries Fluviales de Cochinchine, fonctionnaire du royaume de Siam et attaché au ministère des finances en 1913.
Fragments de céramique provenant de la chaloupe, «Charlionnais et Panassier» fabricant de porcelaine à Limoges et associé de 1921 à 1943 à Panassier propriétaire de magasins de vente à Lyon et Toulouse, vaisselle ordinaire. Photo Musée National de Ban Chiang, 2016.
Listes des figures
Fig. 1 : Cartes des provinces de la Thaïlande, localisation de la découverte, Province de Bueng-Kan.
Fig. 2 : Renflouage de l’épave de la chaloupe.
Fig. 3 : Renflouage de l’épave, état de la coque.
Fig. 4 : Carte du Mékong.
Fig. 5 : Carte de l’Indochine française.
Fig. 6 P: hotographie des deux canonnières La Grandière et Le Massie.
Fig. 7 : Carte des rapides de Khône.
Fig. 8 : La chaloupe Le Garcerie.
Fig. 9 : Plan de la chaloupe Le Pavie, Archives de la Maison des Hommes et des Techniques, Atelier Dubigeon, Nantes.
Fig. 10 : Les chaloupes Han Luong et Le Massie sur l’île de Khône.
Fig. 11 : La chaloupe canonnière Le Massie ? 1893.
Fig. 12 : Avant de la chaloupe Le Massie sur l’île de Khône.
Fig. 13 : La chaloupe La Garcerie sur l’île de Khône.
Fig. 14 : La chaloupe La Garcerie, Archives de la Maison des Hommes et des Techniques, Atelier Dubigeon, Nantes.
Fig. 15 : Le vapeur Le Colombert au bord du Mékong, Laos.
Fig. 16 : Le vapeur Le Colombert à l’escale, Laos.
Fig. 17 : Le vapeur à spardeck Le Trentinian à l’appontement à Nong Seng, Laos.
Fig. 18 : Passage sur la voie ferrée de l’île de Khône.
Fig. 19 : Borne du naufrage du Trentinian.
Fig. 20 : Le naufrage de la chaloupe Lagrandière, juillet 1910.
Fig. 21 : Le naufrage du navire de guerre Le Glycine, 21 avril 1949.
Fig. 22 : Rapport du naufrage du navire de guerre Le Myosotis, 20 juin 1949.
Fig. 23 : Relevé de l’épave de la chaloupe.
Fig. 24 Profils et coupes de l’épave.
Fig. 25 : L’hélice en bronze de l’épave, photo Musée National de Ban Chiang, 2016.
Fig. 26 : Chaudière de la chaloupe, plaque du constructeur de la machine à vapeur, photo Musée National de Ban Chiang, 2016.
Fig. 27 : Plaque des deux constructeurs Ch. Faivre et A. Des Brûlais et Reliquets, photo Musée National de Ban Chiang, 2016.
Fig. 28 : Plaque du Bureau Véritas Marine, contrôle de l’état de la chaudière, photo Musée National de Ban Chiang, 2016.
Fig. 29 : Vue de l’intérieur de la chaloupe vers l’avant, photo Musée National de Ban Chiang, 2016.
Fig. 30 : Mobilier archéologique, bol de fabrication américaine de marque CESCO-1944, photo Musée National de Ban Chiang, 2016.
Fig. 31 : Mobilier archéologique, fragment de pneu Michelin vers 1934, photo Musée National de Ban Chiang, 2016.
Fig. 32 Mobiliers archéologiques, photo Musée National de Ban Chiang, 2016.
Fig. 33 : Histoire des Ateliers navals Nantais, Les Ateliers Dubigeon, Archives de La Maison des Hommes et des Techniques, Nantes.
Fig. 34 : Exemple d’étude pour les Messageries Fluviales, vapeur de 26,2 mètres, archives de la Maison des Hommes et des techniques, Atelier Dubigeon, Nantes.
Fig. 35 : Exemple d’étude pour les Messageries Fluviales, petit vapeur destiné à la navigation du Haut Mékong, archives de la Maison des Hommes et des techniques, Atelier Dubigeon, Nantes.
Fig. 36 : Plan type d’une chaloupe à vapeur de 20 mètres pouvant correspondre à la découverte, archives de la Maison des Hommes et des techniques, Atelier Dubigeon, Nantes.
Fig. 37 : L’avant de l’épave, photo Musée National de Ban Chiang, 2016.
Fig. 38 : Le renflouage de la chaloupe, les moyens techniques, presse locale, 28 février 2016.
Fig. 39 : Aménagement d’une rampe d’accès par les pelles mécaniques, presse locale.
Fig. 40 : Vue arrière de la chaloupe, presse locale, 28 février 2016.
Fig. 41 : L’arrière de la chaloupe, presse locale, 28 février 2016.
Fig. 42 : l’épave sur la rampe d’accès, presse locale, 28 février 2016.
Fig. 43 : l’épave est hors de l’eau, presse locale, 28 février 2016.
Fig. 44 : La propulsion à vapeur, plan d’après P. Angrand, Machines Marines et Moteurs, 1913.
Fig. 45 : On retrouve tout cet ensemble sur notre chaloupe.
Fig. 46 : positionnement du propulseur C l’Hélice, la ligne d’arbre de transmission.
Fig. 47 : Localisation des tubes dans la chaudière.
Frédéric Pécout, Inrap
décès d'Henri Martin (1927-2015), par Pierre Brocheux
Salut à toi Henri Martin !
«Tu aurais, en tirant sur eux, assassiné
la République»
Pierre BROCHEUX
Henri Martin est décédé le 16 février 2015 à l’âge de 88 ans. Avec lui disparaît un militant communiste mais, le plus important pour moi, il est celui qui a milité pendant des années contre la guerre d’Indochine et contre le colonialisme.
Après avoir participé à la résistance française contre l’occupation allemande, il s’engage dans la Marine nationale pour libérer l’Indochine, alors française, de l’occupation japonaise. Mais lorsqu’il arrive en Indochine, les Japonais ont capitulé. Sur place, Henri Martin est plongé en pleine révolution vietnamienne : Ho Chi Minh a proclamé la République démocratique du Viet-Nam, État indépendant, le 2 septembre 1945.
En fait de soldats japonais Henri Martin combat les résistants vietnamiens qui s’opposent au retour «de la souveraineté française» et il est témoin de massacres de civils vietnamiens. Il fait partie des Français qui refusent d’assumer la contradiction entre l’idéal pour lequel ils ont combattu en France et la reconstruction de l’empire colonial français. Il fut une belle incarnation du citoyen-soldat opposé au prétorien.
Revenu en France, affecté à l’arsenal de Toulon, il lutte pour «la paix en Indochine» par la propagande . Il est arrêté sur la fausse accusation de sabotage, un deuxième tribunal militaire retire ce chef d’accusation mais le condamne à cinq années de détention pour activités antinationales (1950). De nombreux intellectuels de renom (comme J-P Sartre) menèrent une campagne nationale pour sa libération et Henri Martin devint une figure emblématique. Et pour nous, étudiants anticolonialistes, il fut un exemple de la vigueur et de la droiture de ses convictions.
En 1953, il fut libéré avant terme, et nous fûmes plusieurs étudiants à avoir eu la joie d’aller l’acclamer à sa sortie de geôle, lorsqu’il apparut à la fenêtre du journal L’Humanité en compagnie de Jacques Duclos.
Pierre Brocheux
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L'Humanité avec un dessin de Picasso
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HUỲNH KHƯƠNG AN dit LUISNE (1912-1942)
un hommage a été rendu à
HUỲNH KHƯƠNG AN dit LUISNE
7 avril 1912 - 22 octobre 1941
Huynh-Khuong An, dit Luisne est né en 1912 à Saïgon (Indochine française).
Ainsi que le précise Emmanuel Dang Tran, lors de l'hommage : "Il avait une spécificité, celle d’être Vietnamien, Indochinois comme on disait alors improprement, Annamite comme il est écrit, également improprement, sur cette plaque même. (...) Il avait été envoyé tôt poursuivre ses études en France, jeune mais déjà imprégné par sa famille du sentiment patriotique et anticolonialiste".
Secrétaire de l’Union des étudiants communistes (UEC) à Lyon en 1936, il devient professeur de Lettres à Paris et au lycée de Versailles. Il est un militant communiste très actif.
Selon Võ Thành Thọ JJR 68, Huyn-Khuon An "était le fils du directeur d’un établissement scolaire à Saïgon, le professeur Huỳnh Khương Ninh. An est venu à Lyon pour poursuivre ses études. Il y a connu Germaine Barjon qui est devenue sa compagne et avec laquelle il a eu un enfant. En 1938, il prépare l'agrégation et en 1940, il est nommé professeur stagiaire au lycée de Versailles".
Selon le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, dit le Maitron : "À la déclaration de guerre, il participa à la vie clandestine du Parti communiste. De son côté, pour les Amis de l'Union soviétique, Germaine Barjon [la compagne de Huyn] rétablit les liens entre Paris et la province. Huynh Khuong An qui écoutait Radio-Moscou fournissait à Germaine Barjon des éléments permettant la parution illégale de Russie d'aujourd'hui, l'organe des Amis de l'Union soviétique. En 1940 il obtint un poste de professeur stagiaire au lycée de Versailles".
Arrêté le 18 juin 1941 pour participation à la reconstitution du Parti Communiste dissout par le gouvernement français en 1939.
Arrêté par mesure de sûreté puis livré aux Allemands, il fut interné comme otage au camp Choisel à Châteaubriant (Loire-Atlantique)
Fusillé par les Allemands le 22 octobre 1941 ainsi que 26 de ses camarades communistes internés dont Guy Môquet au titre de représailles contre l’attentat du lieutenant colonel Karl Hotz abattu le 20 octobre 1941 par la Résistance. Il avait 29 ans.
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L'hommage a eu lieu le samedi 26 octobre 2013 à 14 h au cimetière du Père Lachaise, 97ème section, monument érigé à la mémoire des martyrs de Chateaubriand.
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témoignage de Pierre Brocheux
Le père de Huynh Khuong An, avait ouvert et dirigeait une école privée situé rue d'Ariès, baptisée Huynh Khuong Ninh après l'indépendance, dans le quartier de Dakao.
L'école était située à proximité du cimetière principal de Saïgon, rasée après 1980 pour faire place à un parc municipal accolé à une base de télécommunications.
Dans la même rue, habitait une famille où, en 1958, séjourna Lê Zuân, secrétaire général du parti communiste, venu clandestinement et brièvement se rendre compte de la situation au sud Vietnam, avant de relancer la lutte armée.
Mes grands-parents maternels puis mes parents étaient domiciliés dans cette rue jusqu'en 1970.
P-S : sans vouloir faire le pion, je fais remarquer que les mots indochinois et annamite sont les termes de l'époque ; ils étaient utilisés par les Vietnamiens eux mêmes, réformistes, communistes, indépendantistes confondus.
Lorsque l'empereur Gia Long réunifia la royaume du Dai Viêt en 1802, il l'appela Viêt Nam.
Pour des raisons politiques évidentes, les conquérants français tronçonnèrent le royaume en trois pays avec des régimes administratifs différents : Cochinchine, Annam, Tonkin.
Vietnam ne fut pas une appellation interdite (contrairement à ce qu'écrivent certains ignorants), mais il n'était pas d'usage surtout officiellement, Pendant la Seconde Guerre mondiale, il réapparut fréquemment d'autant que l'amiral-gouverneur général vichyste Jean Decoux donna son aval à l'usage du terme. (je me permets de vous renvoyer à mon dernier livre: "Viet Nam. la nation résiliente").
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le Saïgon qu'a peut-être connu Hyun An dans son enfance ;
cartes postales anciennes antérieures à la Premère Guerre mondiale
Obsèques de M. de Raymond, commissaire de la République au Cambodge, le 1er novembre 1951
Obsèques de M. de Raymond, commissaire de la République au Cambodge, le 1er novembre 1951,
en présence du roi du Cambodge, M. Norodom Sihanouk, et du général d'armée de Lattre de Tassigny,
haut-commissaire de France en Indochine et commandant en chef en Indochine.
- à la suite de la publication des deux artiicles suivants sur notre site :
- http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2008/06/09/9515231.html (9 juin 2008)
- http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2009/01/20/12158265.html (9 janvier 2009)
Nous éditons la mise au point suivante :
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Mise au point
Les propos de la rubrique «Commentaires sur Indépendance du Cambodge. Histoire officielle, histoire secrète» ci-dessus [cf. articles référencés], exigent une mise au point devant des insinuations infondées et indignes.
Le Gouverneur Jean L. de Raymond, Commissaire de la République au Cambodge depuis mars 1949, a été assassiné le 29 octobre 1951 à l’Hôtel du Commissariat de la République par un domestique vietnamien engagé depuis un mois en remplacement d’un agent qui avait demandé son affectation à Saïgon.
Ce nouveau domestique n’avait pas été soumis au contrôle de sécurité du Commissariat. Or il avait adhéré au Comité des démarches du Viet-Minh de Phnom Penh depuis février, avait reçu une formation politique en mars et était inscrit au Parti communiste depuis septembre.
Il s’associa un Chinois appartenant au même Parti, un autre Chinois et un boy vietnamien du Commissariat en vue d’effectuer l’attentat qui avait été décidé depuis plusieurs semaines par le chef de la Section de contrôle de ce Comité où il participa à une réunion le 28 octobre. Ce domestique vietnamien commit le crime le lendemain avec le Chinois pendant la sieste de Jean L. de Raymond et déroba des documents avant de rejoindre le Nord Vietnam.
Les meurtriers ont été condamnés à mort par contumace par le Tribunal militaire de Phnom Penh, et le complice vietnamien du Commissariat, à dix ans de travaux forcés et vingt ans d’interdiction de séjour. L’identité des terroristes, les interrogatoires de ceux qui furent arrêtés par la police, les messages du Viet-Minh interceptés et les documents saisis par les services de sécurité français sont conservés dans les fonds des Archives nationales.
Le Viet- Minh félicita «l’agent des cadres du Nambo» et donna l’instruction de ne pas divulguer l’information dans des zones dont les habitants «avaient quelque sympathie pour la politique khmérophile de M. de Raymond». Le meurtrier précisa qu’il n’avait pas agi par haine personnelle car «M. de Raymond avait été un très bon maître, mais bien pour l’intérêt général et pour celui de la résistance ». L’assassinat aurait été «désapprouvé» par le Comité des cadres du Cambodge dont le chef, qui l’avait commandé, a été limogé.
Le Commissaire de la République s’était attiré la sympathie des Cambodgiens et celle des Indochinois avec qui il avait eu depuis longtemps à coopérer et à négocier, comme l’attestent de multiples témoignages. Cet attentat provoqua une grande émotion et «l’indignation unanime de tout le Royaume» selon les termes du Président du Conseil, notamment à Phnom Penh où le Commissaire de la République était très estimé et où sa bonté était connue, au point que sa confiance a été trompée.
Le roi Norodom Sihanouk pleura ; il rappela les «qualités de courtoisie et le sens élevé de l’humanité» dont faisait preuve le gouverneur de Raymond qui était «un des rares Français ayant toujours su lui dire avec courtoisie, la vérité, ce qui a évité beaucoup de déboires au Cambodge», et il témoigna : «son nom est intimement lié à l’indépendance de mon Royaume dont il est un des artisans français». Le Souverain le cita à l’ordre du Cambodge. Il voulut même faire supprimer, en signe de deuil, les cérémonies traditionnelles du «Tang Tôc» et il fit annuler les réjouissances populaires organisées devant le Palais et au Phnom.
La vie et l’œuvre du gouverneur Jean L. de Raymond, Mort pour la France, seront mieux connues grâce à sa biographie complète en préparation, qui en précisera les réalisations et présentera les témoignages utiles à l’histoire.
Jean-François de Raymond
fils de Jean L. de Raymond,
docteur d’État ès-lettres et sciences humaines,
professeur d’université honoraire, ancien diplomate
(novembre 2012)
morts de la guerre d'Indochine
Morts de la guerre d'Indochine (1945-1954)
question
Je souhaiterais savoir le nombre de morts de la guerre d'Indochine, en militaires français, en civils français, en militaires vietnamiens et autres et civils autochtones ? Puisque l'on parle de morts des dernières guerres et que celle d'Indochine se situe avant : I946-1954, soit une même durée que celle d'Algérie. Je viens de relire un livre passionnant Les prétoriens [de Jean Lartéguy].
Auteur : ongtai47
Réponse
Dans son livre, Histoire de la guerre d'Indochine (Denoël, coll. "L'aventure coloniale de la France", 1992), le général Yves Gras affirme qu'on ne connaît pas "de façon exacte" les pertes humaines de ce conflit.
"On peut raisonnablement les évaluer à 500 000 personnes, dont 100 à 150 000 ont été assassinés par le Viet-minh. Sur ce total, le corps expéditionnaire comptait 59 745 tués et disparus, dont 2005 officiers français, et les forces armées vietnamiennes 58 877 tués et disparus" (p. 578-579).
Il précise à propos du corps expéditionnaire qu'il faut distinguer : "26 923 autochtones, 12 997 officiers et soldats français et 17 810 légionnaires et tirailleurs africains et nord-africains" (p. 579).
0n trouve, ailleurs, des évaluations différentes mais non sourcées (Denise Bouche, Histoire de la colonisation française, éd. Fayard, 1991, p. 451).
Je sais que Raymond Toinet fournit des chiffres précis, mais je n'ai pas son ouvrage à disposition : Une guerre de trente-cinq ans, Indochine, Vietnam, 1940-1975 (éd. Lavauzelle, 1998, p. 473-476).
Pour comparaison avec l'Algérie, il faut savoir que le Vietnam (Tonkin, Annam, Cochinchine) compte probablement plus de vingt millions d'habitants en 1947, c'est-à-dire deux fois plus que de "musulmans indigènes" dans la colonie nord-africaine. En 1954, d'après l'historien Hugues Tertrais, dans son livre La piastre et le fusil, le coût de la guerre d'Indochine, 1945-1954 (2002, éd. Comité pour l'histoire économique et financière de la France), Le Nord-Vietnam comptait 13 millions d'habitants et le Sud-Vietnam, 12 millions ; donc un total de 25 millions de personnes.
Michel Renard
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17 mars 2012 - grâce à l'extrême obligeance du professeur François Cochet (université de Metz), nous pouvons présenter les pages de l'ouvrage de Raymond Toinet relatives aux comptes des victimes de la guerre d'Indochine. Merci.
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famine au Tonkin en 1945, par Pierre Brocheux
victmes de la famine de 1944-45 au Tonkin (source)
La famine au Tonkin en 1945
Pierre BROCHEUX
La grande famine de 1945 fut à la fois une réalité et l'argument majeur de la propagande du Viet Minh pour mobiliser la population contre les Français et les Japonais.
Pour le Viet Minh cette catastrophe tombait à point nommé, façon de parler, en effet le 9 mars 1945, les Japonais mettaient fin au pouvoir des Français et ils étaient sur le point de capituler devant les Anglo-Américains : l’interrègne de six mois allait être mis à profit par l'organisation frontiste du Parti communiste indochinois pour prendre le pouvoir. Par conséquent, aujourd’hui on ne saurait écrire l’histoire de l'année qui fut décisive pour le Viet Nam en ignorant ce désastre.
troupes japonaises au Tonkin en 1941 (source)
bilan épouvantable mais incalculable
Le nombre des victimes provient de deux sources principales, le chiffre d’1 million est cité par l’amiral Decoux, dernier gouverneur général de l’Indochine française, dans ses mémoires À la barre de l’Indochine (1949). Hô Chi Minh, énonça le chiffre de 2 millions.
Depuis, ce chiffre est répété sans l’ombre d’un comptage statistique pour la simple raison que tous les acteurs et témoins, avaient d’autres «chats à fouetter». Par conséquent, pour se rendre compte de l’ampleur de la catastrophe on ne peut que s’appuyer sur les témoignages des survivants, tels qu’ils ont été recueillis par les historiens vietnamien et japonais, Văn Tạo et Furuta Moto, Nạn đói năm 1945 ở Việt Nam/ La famine de 1945 au Viet Nam (1995).
victmes de la famine de 1944-45 au Tonkin (source)
Ces récits sont forcément subjectifs et émotionnels, et ils ont été recueillis un demi-siècle après l’évènement. L’historien américain David Marr qui eut accès aux archives de l’année 1945 et notamment au recensement partiel effectué sur l’ordre du vice-roi du Tonkin en mai 1945 (puisque le pouvoir français avait été renversé par les Japonais le 9 mars et remplacé par le gouvernement royal de Trần Trọng Kim) estime que le chiffre de 1 million est très plausible, chiffre élevé puisqu’il représente 10% de la population des provinces touchées en l’espace de cinq mois.
qui est responsable de la famine ?
Cependant, le problème n’est pas là. À qui imputer la responsabilité de la famine ? À la nature et à la nature seule ? Aux hommes, et quels hommes ? Leurs actes furent ils intentionnels ou imposés par la «force des choses» autrement dit témoignent-ils d’une programmation ou d’une impuissance à maîtriser le cours des choses ?
Il importe de préciser que la famine (accompagné du typhus dans certaines localités) sévit dans cinq des principales provinces du Tonkin, dans deux du nord Annam, et pas ailleurs en Indochine. Le Tonkin, notamment le delta du Fleuve rouge, était surpeuplé (en moyenne 417 h/km2 mais à l’extrême, 1500) et soumis à des aléas climatiques parfois violents (typhons annuels, inondations ou au contraire sécheresses) qui aggravaient une situation alimentaire et sanitaire précaire.
après le passage d'un typhon au Tonkin en 1903
Les disettes fréquentes, chroniques pourrait-on dire, et dégénérant en famines, existaient bien avant la conquête française. La famine est due à l’inégale répartition des vivres plutôt qu’à l’insuffisance de la production selon l’économiste indien Amartya Sen : le Tonkin, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, illustrait ce propos, la ration optimale de riz par tête d’habitant et par an était fixée à 337 kilos, elle n’était que de 217 kg , et 233 kg en Annam ; de nombreux Tonkinois ou Annamites du Nghe Tinh ne faisaient qu’un repas tous les deux jours selon les rapports des agronomes français.
À la fin 1944 et en ce début de 1945, l’économie générale des pays indochinois était en train de s’effondrer. Certes, à la différence de la Chine, de la Birmanie, de Java et des Philippines, l’Indochine ne fut pas un champ de bataille où s’affrontèrent les armées mais ses ports, usines, voies de communications et moyens de transport furent bombardés intensivement. Une paix relative avait été préservée jusque là par le fait que le gouvernement de Vichy et celui de Tokyo avaient signé en 1940 des accords instaurant une cohabitation mais aussi (il faut le rappeler) une collaboration d’État.
l'amiral Decoux, gouverneur général de l'Indochine et des officiers japonais, 1941
Pour les Japonais, laisser en place le pouvoir des Français, assurait leurs arrières tandis que leurs armées progressaient vers l’Inde et dans le Pacifique. Les accords économiques étaient primordiaux : le gouvernement Decoux s’était engagé à livrer un contingent annuel de riz, de charbon et de caoutchouc aux Japonais. En outre, les Japonais avaient exigé la culture obligatoire du colza, de l’arachide, du coton et du jute ; celles-ci avaient-elles réduit la surface consacrée aux cultures vivrières ?
Les «anticolonialistes» l’affirment mais il n’est pas prouvé que ces cultures fussent pratiquées de façon obligatoire dans le delta rizicole et surpeuplé et qu’elles le fussent seulement dans la Moyenne région et sur des superficies en friche (selon les autorités françaises).
repiquage du riz au Tonkin, début du XXe siècle
Quoiqu’il en fut, le gouvernement général qui pratiquait une politique dirigiste prenait possession d’une partie des récoltes de riz pour les livraisons aux Japonais et pour constituer ses propres stocks. Ce qui restait pour alimenter la population était objet de spéculation des acheteurs en gros chinois et des marchandes vietnamiennes détaillantes (hàng xào). Ce n’était pas seulement la pénurie mais aussi les tensions à laquelle la politique dirigiste soumettait la production et les échanges qui entretenaient le marché noir.
désorganisation des voies de transport
En temps dit normal, les disettes qui intervenaient souvent, presque annuellement au Tonkin, au moment de la soudure entre la récolte de riz du 10e mois et celle du 5e mois, étaient compensées par l’arrivée du riz du «grenier à riz» cochinchinois (exportateur d’un million de tonnes à la veille de la Seconde Guerre mondiale).
Tonnage de riz expédié de Saigon à Hanoi entre 1941 et 1945 (voie ferrée et voie maritime confondues)
1940 :25 900 |
1941 :185 900 |
1942 :126 670 |
1943 : 29 700 |
1944 : 6 830 |
Or, dès 1944, le chemin de fer n’est plus opérationnel sur tout son parcours Hanoi-Saigon, parce que l’aviation américaine a détruit plusieurs tronçons du Transindochinois ; la navigation, sauf le cabotage, est pratiquement interrompue parce que les sous-marins américains ont coulé tous les navires à vapeur et même les jonques de haute mer.
Si bien qu’à partir de 1943 même les contingents de riz destinés au Japon ne partent plus : en septembre 1945, les Anglais découvrirent 69 000 tonnes dans les entrepôts de la société Mitsui à Cholon et 25 000 t. dans le delta du Mékong tandis que le Comité des céréales français détenait encore 60 000 tonnes dans ses entrepôts (enquête faite par les Britanniques lorsqu’ils débarquèrent à Saigon en septembre 1945 pour désarmer les troupes japonaises).
rizeries à Cholon, début du XXe siècle
À partir de la fin 1944, le nord de l’Indochine est frappé par trois typhons qui se succèdent et détruisent les récoltes. Leurs effets sont immédiats sur la répartition alimentaire qui est inégale de façon chronique. La désorganisation des pouvoirs publics à partir du 9 mars 1945 ne fait qu’aggraver la situation, dans un premier temps le résident supérieur japonais qui avait remplacé le français donna l’ordre de poursuivre les livraisons obligatoires puis il fit faire des distributions en leur donnant toute la publicité possible.
De son côté, le Viet Minh lança le mot d’ordre d’attaquer les dépôts japonais et français pour s’emparer des stocks de riz. Un mouvement de solidarité dans la population de l’Annam et de la Cochinchine organisa des convois à destination du nord.
causes naturelles et politique dirigiste
La famine de 1945 est née de la conjonction de causes naturelles et de la situation de guerre où les autorités d’un pays adoptèrent une politique dirigiste destinée à satisfaire en priorité les besoins stratégiques - politique dont souffrirent les populations civiles.
En ce sens on peut imputer la responsabilité de la tragédie aux hommes, en l’occurrence au gouvernement français et au commandement japonais mais aussi aux Américains dont l’aviation et la flotte sous-marine détruisirent le système de communication et de transport. Celui ci n’était pas indispensable seulement au ravitaillement du Japon et de l’armée japonaise mais aussi vital pour la population du nord de la péninsule.
Les hommes eurent donc une grande part de responsabilité dans le désastre de 1945 mais il ne faut pas exonérer la nature : depuis 1945, les aléas climatiques continuent de produire des ravages en Indochine et ailleurs dans l’Asie du Pacifique.
Pierre Brocheux
14 février 2012
soldats japonais en Indochine française
PS : Il est intéressant de rappeler la famine qui frappa le Bengale occidental en 1943, en pleine guerre, et fit 3 millions de morts tandis que les greniers de Calcutta n’étaient pas vides.
Là aussi, un typhon dévastateur était passé alors que les troupes japonaises avaient atteint la frontière de l’Inde, occupant la Birmanie (premier producteur mondial de riz avec la Thailande, alliée du Japon) qui, avant la guerre, pourvoyait à 20% des besoins en riz du Bengale (et de Ceylan). Les autorités anglo-indiennes accordaient la priorité du ravitaillement aux troupes qui se battaient contre les Japonais.
Mais, de même que certains Vietnamiens avaient accusé les Français d’avoir provoqué intentionnellement la famine comme solution au surpeuplement du Tonkin, des nationalistes indiens allèrent jusqu’à accuser nominalement Winston Churchill d’avoir organisé la famine du Bengale !
troupes japonaises en Indochine française
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- sources de certaines photographies sur les Japonais en Indochine : 1) un site ; 2) un autre site
- autre référence-témoignage : la famine de 1944-1945 au Tonkin, par Do Phong Châu
- analyse historique de la famine de 1945 au Tonkin, en langue anglaise par Geoffrey Gunn
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Vietnam de 1938 à 1955, par François Guillemot
Dai Viêt, indépendance et révolution
au Viêt-Nam
L’échec de la troisième voie (1938–1955)
Présentation de l’éditeur
En étudiant l’évolution du Parti National du Grand Viêt-Nam (Dai Viêt Quôc Dân Dàng) au sein du mouvement nationaliste vietnamien, ce livre permet de poser un regard neuf sur le processus de la révolution nationale et de la lutte pour l’indépendance dans le Viêt-Nam de la première moitié du XXe siècle.
Par le biais d’événements méconnus, d’acteurs négligés par l’historiographie d’État, le rôle politique, la logique et la dynamique du mouvement Dai Viêt sont restitués dans le contexte de la période 1945-1954 (guerre néo-coloniale, lutte contre le communisme et front chaud de la guerre froide). Concurrent du Viêt Minh pendant la période révolutionnaire, le Dai Viêt manqua sa révolution et fut l’une des cibles principales de la répression organisée par le Viet Minh de Hô Chi Minh contre l’opposition nationaliste révolutionnaire en 1946.
De son exil en Chine, il parvint à se reconstituer pour porter l’Empereur Bào Dai à la tête d’un État national en 1949. Cependant, sa conquête du pouvoir pour asseoir une «solution Dai Viêt» contre une «solution Bào Dai», jugée pro-française, fut brisée à la fois par le Chef de l’État vietnamien, par les autorités françaises et par le terrorisme communiste. À travers l’histoire de ce mouvement, la logique de la guerre civile dans laquelle se débattit le Viêt-Nam pendant plus de trente ans apparaît plus clairement.
Cette contribution majeure à l’histoire du nationalisme vietnamien au XXe siècle offre ainsi une nouvelle grille de lecture de la fameuse «Révolution d’août» de 1945 et du conflit franco-vietnamien.
- lien vers le site des Indes Savantes
- lien vers la page de François Guillemot
- François Guillemot, co-organisateur du colloque "les identités corporelles au Vietnam" (2007)
guerre d'Indochine, par le général Paul Ély
Général Ély, Les enseignements de la guerre d’Indochine. 1945–1954, Tome 1, SHD, 2011, 340 pages, 18 photos, 20 schémas, 5 documents. 26 €.
Haut-Commissaire et Commandant en chef en Extrême-Orient de juin 1954 à décembre 1955, le général Paul Ély a jugé nécessaire de faire une critique de nos échecs et de nos réussites dans ce conflit. Le général Robert, Chef du Service historique, présente ce rapport qui montre comment une armée moderne s’est adaptée à une guerre révolutionnaire.
La réédition a été confiée au capitaine Cadeau, qui en Introduction rappelle ce que fut cette guerre et quelle a été la genèse du rapport. Le manque de moyens, l’indifférence des Français et le financement américain caractérisent ce conflit mené par des soldats de métier, dans un milieu physique difficile, contre une guérilla généralisée qui s’est transformée en Corps de bataille de 125.000 hommes.
1 400 rapports d'officiers
Les épisodes principaux en sont le désastre de la RC4 en octobre 1950 (7 bataillons anéantis par 30 bataillons viets), les victoires sans lendemain du général de Lattre en 1951-52, et la défaite de Dien Bien Phu où 60.000 soldats vietminh ont submergé 15.000 combattants du camp français. Quelques succès locaux ont permis ensuite au général Ely d’établir un réseau de manoeuvre au Sud-Vietnam, en dépit de l’opposition à la France du président Diem.
Le rapport a fait la synthèse de 1.400 rapports d’officiers, de 60 rapports demandés aux généraux, des comptes-rendus du 3ème Bureau et des synthèses du 2ème Bureau. Il comprenait trois fascicules, dont le premier, critiquant la politique des gouvernements, n’a pas été diffusé. Est donc publié ici le fascicule 2, consacrés aux aspects opérationnels et tactiques. Le fascicule 3, consacré aux leçons à tirer des formes du combat sino-soviétique, sera diffusé plus tard en 2012.
La préface du général Ély est suivie d’un tableau des pertes de la guerre d’Indochine : une centaine d’officiers supérieurs, 341 capitaines, 1.140 lieutenants, 2.683 sous-officiers et 6.000 soldats français, sans compter 12.000 légionnaires et Africains et 14.000 autochtones MPF. Plus de 100.000 morts et 20.000 disparus au total.
En première partie est abordée «la guerre des idées», qui montre l’absence d’une idéologie positive à opposer au Vietminh, malgré quelques opérations de déception réussies.
une guerre sans front
La deuxième partie définit ce que fut cette guerre sans front, marquée par la qualité du renseignement opératif comparé au renseignement tactique, par l’efficacité des regroupements de population et des bases de manoeuvre, par la priorité du contrôle des axes routiers et fluviaux, par le rôle des fortifications combinant tours et points d’appui. Le contrôle en surface est assuré par les forces vietnamiennes, et les opérations de destruction par les groupements mobiles. Des actions humanitaires et civilo-militaires contribuent à la pacification.
La troisième partie passe en revue toutes les formes non orthodoxes du combat mené par les différentes armes et subdivisions d’armes. L’infanterie mène un combat fluide avec le concours des supplétifs, des maquis montagnards, qui inquiètent les Viets ; elle lance des contre-attaques à partir de môles aéro-terrestres.
La formation des Dinassauts, des groupements mobiles (18 GM constitués), des Commandos de choc, des groupements amphibies de l’arme blindée, et des bataillons légers vietnamiens sont des réussites. Lors de 150 opérations aéroportées, 14 bataillons, motivés par l’esprit para, mettent au point une doctrine d’emploi.
Le maintien en condition est assuré par les centres d’instruction créés en 1952, et par la récupération de deux tiers des blessés (9.640 évacuations par hélicoptère). 690 pièces d’artillerie (contre 135 vietminh) réalisent des appuis permanents, instantanés et précis. Le Génie, le Train et les Transmissions, malgré des moyens limités, s’efforcent de soutenir le combat ; la logistique repose sur le système D (60.000 véhicules à soutenir) jusqu’à ce qu’arrive le soutien américain.
raisons d'un échec
Les raisons de l’échec sont attribuées au manque de moyens :
- une infanterie en sous-effectif, incapable de contrôler un territoire qui comprend deux tiers de forêt, de brousse dense et de marécages
- des appuis aériens insuffisants, appliqués en priorité à l’appui direct et manquant d’autonomie pour soutenir Dien Bien Phu. Dans son journal de marche, le général Ély attribue la perte de l’Indochine à la politique des petits paquets. Il ne dit pas, mais c’est peut-être le sujet du fascicule 1 resté inédit : l’orientation initiale utopiste, la dualité du commandement entre d’Argenlieu et Leclerc, la division des gouvernements absorbés par la reconstruction et par la défense contre les menaces soviétiques sur l’Europe.
Maurice Faivre
le 29 janvier 2012.
le général Ély au chevet d'un blessé de Dien Bien Phu
Inde, religions, islam, culture
politique et religions en Asie du Sud
(livre à paraître)
Parution le 16 février 2012
Collection «Purushartha» n°30, 384 pages, 30 €
Les coordinateurs :
Christophe Jaffrelot : Politiste, directeur de recherche au CERI (Sciences Po/CNRS) qu’il a dirigé de 2000 à 2008, il enseigne à Sciences Po, Princeton, Yale et King's College (Londres). Ses recherches actuelles portent sur la relation des nationalistes hindous à la violence et sur l'évolution sociale et politique du Gujarat.
Aminah Mohammad-Arif : Anthropologue, chargée de recherche au CNRS et affiliée au CEIAS dont elle est directrice-adjointe, ses travaux portent sur les musulmans sud-asiatiques en situation diasporique et minoritaire. Après la ville de New York, c’est actuellement à Bangalore qu’elle effectue son terrain. Elle est co-éditrice de la revue électronique South Asia Multidisciplinary Academic Journal/SAMAJ (http://samaj.revues.org).
Le sujet de l'ouvrage : Ce numéro de «Purushartha» s’attache à comparer les relations qu’entretiennent politique et religion(s) en Asie du Sud . Le sujet, tel qu’ il est abordé, revêt un intérêt particulier pour trois raisons principales. Premièrement, il traite d’une région où le processus de sécularisation n’a pas eu la même ampleur qu’en Occident.
Deuxièmement, la zone abrite toutes les grandes religions du monde et permet donc de tester la part des variations revenant à la culture. L’islam domine dans trois pays (Pakistan, Bangladesh et Afghanistan), l’hindouisme dans deux autres (Inde et Népal) tandis que le bouddhisme joue un rôle prépondérant à Sri Lanka et important au Népal et en Inde. Quant à la minorité chrétienne, elle est présente presque partout.
Enfin, la diversité des trajectoires suivies par les régimes sud-asiatiques dans leur rapport à la religion offre une large palette à la comparaison.
- un portrait d'Aminah Mojammad-Arif (CNRS, 2004)
- un article d'Aminah Mohammad-Arif : "L'Inde et se puissance"
- Aminah Mohammad-Arif dans la revue Archives de sciences sociales des religions
- l'enseignement d'Aminah Mohammad-Arif à l'EHESS en 2011-2012