Vie d’une Harka en Algérie française
un livre de Jean-Claude Picolet
Jean-Claude Picolet, officier de réserve passé par l’EMI de Cherchell, en 1960, nommé sous-lieutenant, choisit d’être affecté au 1/22ème RI, unité qui avait le privilège d’être «le régiment le plus décoré à titre posthume». Il était stationné dans la région de Gouraya, à une centaine de km à l’ouest d’Alger, à moins de 10 km de la mer
Son livre est un livre de mémoires. Mais l’auteur a pris soin de confronter ses souvenirs à ceux de ses camarades, comme lui engagés dans la guerre d’Algérie, et il a tenu à chercher confirmations et informations dans les archives du SHD (Service historique de la Défense) et dans le JMO (Journal de marche et d’opérations) du bataillon.
Cet ouvrage est riche en anecdotes et informations. Il serait difficile d’en faire une liste exhaustive. Laissons au lecteur le plaisir de les découvrir. On retient de sa lecture l’extrême engagement des harkis dans la lutte contre les indépendantistes, motivé en grande partie par l’opposition séculaire entre les Berbères (les Kabyles) et ceux appelés «Arabes», leur discipline et le respect du chef s’il est juste.
On retient encore un certain amateurisme de l’armée française avec des erreurs stratégiques, une méconnaissance des populations et de leur psychologie et un manque manifeste de moyens. Et malgré cela, les harkas ont effectué un travail remarquable pour finir par être piteusement abandonnées par ceux qui les avaient engagées dans une guerre qu’elles ont aidé à gagner militairement.
Et puis, il y a des moments souriants telle l’histoire de la petite Zohra que sa maman voulait donner au sous-lieutenant pour qu’elle ait une meilleure vie en France, en vertu d’une tradition locale que le métropolitain n’a découverte que tardivement. Des moments surprenants où un prisonnier garde les armes des appelés partis se restaurer et des instants tristes où un harki est tué dans son sommeil par une balle qui ne lui était pas destinée.
Et puis il y a ce qu’on imagine plus aisément, les patrouilles, les accrochages, les missions, les opérations avec leur cortège de surprises, d’attentes et l’incomparable connaissance du terrain de Cherifi, le pisteur. Un livre très attachant qui se lit très facilement…
Roger Vétillard
Jean-Claude Picolet, Vie d’une Harka en Algérie française, Affecté au quartier du 1/22e RI, 1960-1961, éditions Dualpha, Paris, 2017, 255 p, 29€.
Aït Ahmed est kabyle de je ne sais quelle Kabyla de cette partie de l'Algérie que la France en son temps désigna par Grande Kabylie, et personne plus que lui mon pays n'a autant militer pour la Construction du Maghreb arabe.
Personnellement je suis berbère de la tribu des Béni Ider de Jijel (Ex Djidjelli) et je me considère comme arabe par bien des aspects de ma vie et de mon histoire. Permettez-moi à ce sujet de vous citer ce mot d'Onésime Reclus qui écrivait en page 677 de son livre "La France, l'Algérie et les colonies" : "Les 2477000 Indigènes se divisent en Berbères ou Kabyles ; en Arabes ; en Berbères arabisants, c'est-à-dire ayant adopté l'idiome arabe ; en Arabes berbérisants, c'est-à-dire ayant adopté l'idiome berbère ; en Maures en Koulouglis. On connaît fort mal la proportion des quatre premiers éléments (les deux derniers sont peu de chose) ; on sait seulement qu'il y a beaucoup plus de Berbères que d'Arabes, et bien plus de Berbères arabisants que d'Arabes berbérisants : peu à peu la langue du Coran, idiome de la religion, de la domination, des lettres, du commerce, supplante le langage dédaigné des Kabyles".
Je dois ajouter que Reclus parle de Kabylies au pluriel en les situant sur l'ensemble du territoire et non pas sur les deux espaces de la Petite et de la Grande Kabylies uniquement. Qui dans ces conditions, M. Vétillard, peut se dire de quelle ethnie il est originaire ? A quel signes peut-on les distinguer après des siècles d'alliances et de vie commune ? Et je termine en vous disant ceci que M. Ferhat M'Henni du MAK a fait l'unanimité pour être qualifier de déficient mental dans tout le pays. Ferhat Abbas que vous connaissez autant et peut être mieux que moi, se disait dans tous ses écrits : arabo-berbère.
Respectueusement, Allaoua Cherfi.