Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
études-coloniales
16 novembre 2011

l'armée des frontière, par Jean-François Paya

border_army 

 

l'armée des frontières, Algérie

SYNTHÈSE GROUPE RECHERCHE HISTORIQUE

Jean-François PAYA

 

L'armée des frontières, regroupée en Tunisie et au Maroc, fortement dotée d'un matériel moderne, structurée comme une armée régulière, avec sa hiérarchie d'officiers sortis des écoles militaires françaises ou égyptiennes, son  règlement intérieur, ses casernes, ses recrues, son chef tout-puissant,  Boumédiene, qui n'a jamais milité en Algérie et a passé toute la guerre à l'extérieur.

89738632abdelhafid-boussouf-jpg
Boussouf

Il fut nommé par Abdelhafid Boussouf chef d'état-major en 1960, non pour ses talents militaires, mais parce qu'il joua un rôle décisif dans la répression du «complot des colonels», vaste soulèvement de cadres et de soldats dirigé contre le G.P.R.A. qui refusait d'envoyer des armes à l'intérieur. Par des méthodes bureaucratiques et répressives, il sélectionna un appareil militaire qui finit par coiffer toute l'A.L.N. extérieure et garda son autonomie vis-à-vis du G.P.R.A....

Après la signature des accords d'Évian, la crise éclata ouvertement entre  l'A.L.N. des frontières et le G.P.R.A., qui chercha alors à s'appuyer sur les willayas de l'intérieur, tellement délaissées pendant la guerre. Mais les objectifs du  G.P.R.A. et ceux des willayas étaient contradictoires.

Le G.P.R.A. n'avait  d'autre ambition que de se faire valoir auprès de l'impérialisme français comme l'équipe la plus apte à faire respecter les accords d'Évian ; dans le phénomène du «willayisme» s'exprimait la volonté des combattants de ne pas se contenter d'une indépendance formelle, de bâtir leur propre pouvoir. Et le caractère social différent de l'armée des frontières s'est clairement exprimé dans la violence avec laquelle  elle a œuvré à écraser «les militants de l'intérieur»...

L'A.L.N. de Tunisie entre en Algérie et s'installe facilement en willaya I (Aurès) et en willaya VI (Sud algérois). L'A.L.N. du Maroc entre facilement en  willaya V (Oranie), très peu active. Elle exerce une répression féroce sur les cadres et  les militants de «l'Organisation politique et administrative», qualifiés de  harkis, et liquide toutes les structures du F.L.N.

attachment
au centre, Houari Boumédiene

Mais lorsqu'elle s'avança vers Alger,  l’A.L.N., illusionnée par la décomposition du G.P.R.A., se heurta en septembre à Boghari (1.300 morts) aux militants aguerris et résolus des willayas II, III  et IV, tandis que Yacef Saadi, encerclé par les forces de la «Zone autonome  d'Alger», capitulait dans la Casbah. Boumédiene, qui n'avait jamais utilisé son matériel lourd contre les Français, osa l'employer contre les djounouds.

Mais, après Boghari, un grand nombre de cadres et de soldats quitta l'armée des  frontières, soit en se faisant démobiliser, soit en emportant les armes. Les vides furent comblés par les débris de la force locale (harkis, mercenaires...).

Les cadres algériens demeurés au service de l'armée française vinrent, d'un commun accord entre l'état-major français et celui de «l’Armée nationale populaire», combler les vides laissés par les cadres révolutionnaires.

L'A.N.P. est devenue une armée régulière, pléthorique (100 000 hommes), avec  son budget énorme, son matériel lourd fourni par la France, l'Égypte ou les pays de l'Est, sa hiérarchie et ses cadres soigneusement épurés, provenant pour  l'essentiel de l'armée française des écoles égyptiennes ou des frontières, avec  des différences de soldes marquées entre les soldats, les sous-officiers et les  officiers (le soldat gagne 20 000 AF, pouvoir d'achat élevé en Algérie compte tenu de la misère générale, le sergent, 53 500 AF, l'adjudant 107 000 AF. Il ne nous a pas été possible de connaître les soldes des officiers).

L'A.N.P. possède sa presse intérieure et sa revue mensuelle, El Djeich«À côté de l'armée, la gendarmerie, la police et la sûreté générale sont devenues des annexes de l'A.N.P. depuis que Boumédiene est ministre de la Défense nationale et vice-président du Conseil.»  (idem, pp. 52-54.). Telle est la colonne vertébrale du pouvoir en Algérie.

 

POINT DE VUE : L ORIGINE DU POUVOIR EN ALGÉRIE

C’est un fait admis que le  complot s’est concocté à Oujda durant les années de braise, pendant que les wilayas de l’intérieur se faisaient étrillées par l’Armée française. «Quand  le diable assiste à nos réunions, il perd lui-même son latin», aurait  confié Chérif Belkacem, l’ex-ami de Bouteflika et l’un des piliers du Clan d'Oujda.

De leur Tkanbiss est sortie une idée géniale qu’il a fallu concrétiser avec l’aide de l’inévitable Messaoud Zeghar. Le Clan d’Oujda et leur ténor Boumédiene étant d’illustres inconnus dans la Révolution, il leur fallait un historique pour rentrer en Algérie en triomphateurs. Mais, pour  contacter les historiques qui se trouvaient en France dans une prison, la mission était apparemment impossible.

passeport diplomatique marocain pour Bouteflika

Et c’est là qu’est intervenue la CIA à  travers Zeghar, selon un avis très autorisé. Le Roi Hassan II qui détestait  au plus haut point les responsables du FLN/ALN qui se trouvaient sur son  territoire et qu’il connaissait bien par leurs agissements et les libertés  qu’ils se permettaient à la limite de la provocation, en particulier  Boussouf et Boumédiene, fut contraint de délivrer un passeport diplomatique  à un émissaire de l’État-major de l’ALN, Bouteflika en l’occurrence et ce, à  l’insu du GPRA dont dépendait l’ALN et avec lequel, il risquait de provoquer  une crise diplomatique.

presidentjeune11
Bouteflika

Et c’est grâce à ce passeport diplomatique marocain que Bouteflika put entrer dans la prison où se trouvaient les cinq historiques. Il est absolument évident que, sans l’intervention de la CIA, la mission secrète de Bouteflika, criminelle et lourde de conséquences pour  l’avenir du pays n’aurait jamais eu lieu, Hassan II n’ayant aucun intérêt à prendre position pour l’État-major de l’ALN dans son conflit avec le GPRA. Durant la Révolution, le travail fractionnel était durement réprimé et celui  de l’État-major de l’ALN était d’une extrême gravité puisqu’il ne visait ni plus, ni moins que la division du GPRA.

Malgré cela, Boumédiene en est sorti  indemne et le GPRA n’a élevé aucune protestation auprès de la monarchie marocaine au sujet de sa complicité avec l’État-major de l’ALN. Ces  questionnements appellent des éclaircissements de la part des responsables  encore en vie : qu’ils ne laissent pas les nouvelles générations sur leur  faim.

Jean-François Paya
SOURCES : Mohammed Harbi et certains ex-agents des services Algériens retraités
Synthèse GROUPE DE RECHERCHES HISTORIQUES par cercle ALG /POITOU Septembre 2011

 

- retour à l'accueil

Publicité
Publicité
Commentaires
K
en vous lisant, il me semble que vous voulait remettre en cause la révolution algérienne, mais permettez moi de vous dire que l'essentiel pour nous c'est l'indépendance de notre algérie, qui, aujourd'hui est une réalité, cette indépendance arrachée par la France avec ou sans boumedienne et ben bella, une indépendance arrachée par le sang des martyres et leurs bonnes volontés. c'est ça le plus important, que la révolution a eu lieu et ce n'est pas un jeu d'enfants "l’Algérie n'est pas l'algérie de boumedienne ou de ben bella ou autre c'est l'algérie des algériens, prêts à revivre l'histoire si jamais leur indépendance sera mise en jeu".
Répondre
E
Il faudrait que tous les algeriens comprennent se qui c'est passe , la majorite des algeriens pensent que boumedienne etait un grand bonhomme ,qu'il a combatu alors qu'il n'a fait que le charognard ,comment apeler cela autrement ,c''est la realite il suffit de relire l'histoire de la revolution algerienne pour voir que ceux qui avaient combattus vaillemments contre la france qui sont morts en grands nombres etaient en grandes parties des berberes aussi et quand je vois que tout a ete fait pour cacher cela j'ai honte pour l'histoire algerienne vraiment !!!
Répondre
A
c'est une revolution qui c'est terminé par un coup d'etat....
Répondre
R
je crois que rabah biattat n'etais pas dn l'avion piratée le 22 10 1956
Répondre
J
MALG "ministére armement liaisons générales"en réalité" service de renseignement et actions Algérien "sous l'autorité d 'A Boussouf "neutre" pour la prise de pouvoir en 62 on peut en douter<br /> de cette affirmation non étayée<br /> <br /> LE Role du MALG etait de proteger le GPRA de tout complot donc neutralité veut dire prise de position en faveur des comploteurs ! <br /> Voici ce qu en disait<br /> le commandant Azzedine, ex-responsable de la Zone autonome d'Alger,(conférence publique ) le<br /> Dimanche 3 juillet 2005 <br /> EXTRAITS<br /> Le GPRA a vécu une véritable crise notamment avec l'EMG. Pouvez-vous nous en <br /> dire plus. En quoi consistait cette crise et comment s'est-elle dénouée ? <br /> Le pouvoir est pathogène. Il produit sur les plus faibles des effets <br /> démoniaques. Sinon comment expliquer que des Algériens puissent faire feu <br /> sur d'autres Algériens. Celui qui, en juillet 1962, a glacé le youyou dans <br /> la gorge des femmes qui fêtaient l'indépendance recouvrée est-il moins <br /> coupable que celui qui, hier encore, a égorgé des enfants au nom de Dieu ? <br /> Le GPRA était, devant les nations, la nouvelle puissance administrante de l'Algérie. <br /> La seule autorité signataire des accords d'Evian, en dehors de toute autre. <br /> Que je sache, l'EMG était une structure qui, comme le MALG ou le CIG ou tout <br /> autre organisme, dépendait du GPRA. Son pouvoir, il le recevait du peuple <br /> souverain combattant, représenté par le CNRA. Ce dernier n'était certes pas <br /> élu au suffrage universel direct mais tous les Algériens, en dehors de ceux <br /> qui ont choisi de prendre les armes contre lui, se reconnaissaient en le FLN <br /> et son organe de direction était le CNRA. <br /> Ceux qui ont pris les armes pour empêcher le GPRA de mener jusqu'au bout sa <br /> mission l'ont fait contre la volonté du peuple. Quels que soient les <br /> oripeaux, prétendument historiques ou pseudo-révolutionnaires, desquels on <br /> habillera cette forfaiture, elle demeurera par-devers l'histoire le premier <br /> coup d'Etat de l'Algérie indépendante. Pour notre part, alors qu'une <br /> convocation au Congrès de Tripoli nous avait été adressée étant tous deux, <br /> Omar Oussedik et moi-même, membres du CNRA, nous leur avions suggéré que le <br /> congrès se tienne ici. Si nous avions tenu, alors que la guerre faisait <br /> rage, le Congrès de la Soummam au cour de l'Algérie, il nous aurait été, à <br /> plus forte raison, plus aisé de le faire alors que la paix se réinstallait <br /> dans tout le pays. Pourquoi faire chez le voisin ce que l'on peut faire chez <br /> soi ? <br /> Ce congrès général aurait bénéficié des apports de militants formés dans les <br /> djebels, ceux de la fédération de France, des connaissances des étudiants <br /> qui avaient été envoyés pendant la guerre pour se former et assurer le <br /> démarrage du pays, des femmes qui ont été si présentes durant le combat et <br /> si absentes dans les structures politiques. <br /> Ce congrès aurait dégagé une assemblée constituante où seraient représentées <br /> toutes les sensibilités politiques du pays. En occupant la place qui lui <br /> revient dans l'histoire, le FLN n'aurait pas été privatisé et serait <br /> redevenu propriété de tous les Algériens. <br /> Mais ils ont voulu le pouvoir, ils l'ont pris, ils ont fait couler le sang. <br /> Des Algériens sont morts. Dans quelle colonne comptable faut-il les inscrire <br /> ? Pertes et profit ? <br /> savez-vous que l'EMG = etat major general <br /> est constitué des soldats qui avaient infiltrés l'ALN en Tunisie ? <br /> et dont Boutef ainsi que Boumba sont membres du top ? <br /> Les tenants du pouvoir en algerie sont justement cet EMG et le MALG lui <br /> aussi vient des frontieres marocaines..... c'est pourquoi les algeriens <br /> disent que c'est l'armée des frontieres qui avait fait le PREMIER coup <br /> d'etat contre le GPRA et justement ils sont responsables du drame que vit <br /> actuellement l'Algerie."
Répondre
études-coloniales
  • Ce site édite une revue en ligne qui encourage les savoirs et les recherches consacrées à l’histoire coloniale et post-coloniale, à l'histoire des constructions mémorielles et des immigrations d’origines coloniales
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
469 abonnés
Publicité