l'armée des frontières, Algérie
SYNTHÈSE GROUPE RECHERCHE HISTORIQUE
Jean-François PAYA
L'armée des frontières, regroupée en Tunisie et au Maroc, fortement dotée d'un matériel moderne, structurée comme une armée régulière, avec sa hiérarchie d'officiers sortis des écoles militaires françaises ou égyptiennes, son règlement intérieur, ses casernes, ses recrues, son chef tout-puissant, Boumédiene, qui n'a jamais milité en Algérie et a passé toute la guerre à l'extérieur.
Il fut nommé par Abdelhafid Boussouf chef d'état-major en 1960, non pour ses talents militaires, mais parce qu'il joua un rôle décisif dans la répression du «complot des colonels», vaste soulèvement de cadres et de soldats dirigé contre le G.P.R.A. qui refusait d'envoyer des armes à l'intérieur. Par des méthodes bureaucratiques et répressives, il sélectionna un appareil militaire qui finit par coiffer toute l'A.L.N. extérieure et garda son autonomie vis-à-vis du G.P.R.A....
Après la signature des accords d'Évian, la crise éclata ouvertement entre l'A.L.N. des frontières et le G.P.R.A., qui chercha alors à s'appuyer sur les willayas de l'intérieur, tellement délaissées pendant la guerre. Mais les objectifs du G.P.R.A. et ceux des willayas étaient contradictoires.
Le G.P.R.A. n'avait d'autre ambition que de se faire valoir auprès de l'impérialisme français comme l'équipe la plus apte à faire respecter les accords d'Évian ; dans le phénomène du «willayisme» s'exprimait la volonté des combattants de ne pas se contenter d'une indépendance formelle, de bâtir leur propre pouvoir. Et le caractère social différent de l'armée des frontières s'est clairement exprimé dans la violence avec laquelle elle a œuvré à écraser «les militants de l'intérieur»...
L'A.L.N. de Tunisie entre en Algérie et s'installe facilement en willaya I (Aurès) et en willaya VI (Sud algérois). L'A.L.N. du Maroc entre facilement en willaya V (Oranie), très peu active. Elle exerce une répression féroce sur les cadres et les militants de «l'Organisation politique et administrative», qualifiés de harkis, et liquide toutes les structures du F.L.N.
Mais lorsqu'elle s'avança vers Alger, l’A.L.N., illusionnée par la décomposition du G.P.R.A., se heurta en septembre à Boghari (1.300 morts) aux militants aguerris et résolus des willayas II, III et IV, tandis que Yacef Saadi, encerclé par les forces de la «Zone autonome d'Alger», capitulait dans la Casbah. Boumédiene, qui n'avait jamais utilisé son matériel lourd contre les Français, osa l'employer contre les djounouds.
Mais, après Boghari, un grand nombre de cadres et de soldats quitta l'armée des frontières, soit en se faisant démobiliser, soit en emportant les armes. Les vides furent comblés par les débris de la force locale (harkis, mercenaires...).
Les cadres algériens demeurés au service de l'armée française vinrent, d'un commun accord entre l'état-major français et celui de «l’Armée nationale populaire», combler les vides laissés par les cadres révolutionnaires.
L'A.N.P. est devenue une armée régulière, pléthorique (100 000 hommes), avec son budget énorme, son matériel lourd fourni par la France, l'Égypte ou les pays de l'Est, sa hiérarchie et ses cadres soigneusement épurés, provenant pour l'essentiel de l'armée française des écoles égyptiennes ou des frontières, avec des différences de soldes marquées entre les soldats, les sous-officiers et les officiers (le soldat gagne 20 000 AF, pouvoir d'achat élevé en Algérie compte tenu de la misère générale, le sergent, 53 500 AF, l'adjudant 107 000 AF. Il ne nous a pas été possible de connaître les soldes des officiers).
L'A.N.P. possède sa presse intérieure et sa revue mensuelle, El Djeich. «À côté de l'armée, la gendarmerie, la police et la sûreté générale sont devenues des annexes de l'A.N.P. depuis que Boumédiene est ministre de la Défense nationale et vice-président du Conseil.» (idem, pp. 52-54.). Telle est la colonne vertébrale du pouvoir en Algérie.
POINT DE VUE : L ORIGINE DU POUVOIR EN ALGÉRIE
C’est un fait admis que le complot s’est concocté à Oujda durant les années de braise, pendant que les wilayas de l’intérieur se faisaient étrillées par l’Armée française. «Quand le diable assiste à nos réunions, il perd lui-même son latin», aurait confié Chérif Belkacem, l’ex-ami de Bouteflika et l’un des piliers du Clan d'Oujda.
De leur Tkanbiss est sortie une idée géniale qu’il a fallu concrétiser avec l’aide de l’inévitable Messaoud Zeghar. Le Clan d’Oujda et leur ténor Boumédiene étant d’illustres inconnus dans la Révolution, il leur fallait un historique pour rentrer en Algérie en triomphateurs. Mais, pour contacter les historiques qui se trouvaient en France dans une prison, la mission était apparemment impossible.
passeport diplomatique marocain pour Bouteflika
Et c’est là qu’est intervenue la CIA à travers Zeghar, selon un avis très autorisé. Le Roi Hassan II qui détestait au plus haut point les responsables du FLN/ALN qui se trouvaient sur son territoire et qu’il connaissait bien par leurs agissements et les libertés qu’ils se permettaient à la limite de la provocation, en particulier Boussouf et Boumédiene, fut contraint de délivrer un passeport diplomatique à un émissaire de l’État-major de l’ALN, Bouteflika en l’occurrence et ce, à l’insu du GPRA dont dépendait l’ALN et avec lequel, il risquait de provoquer une crise diplomatique.
Et c’est grâce à ce passeport diplomatique marocain que Bouteflika put entrer dans la prison où se trouvaient les cinq historiques. Il est absolument évident que, sans l’intervention de la CIA, la mission secrète de Bouteflika, criminelle et lourde de conséquences pour l’avenir du pays n’aurait jamais eu lieu, Hassan II n’ayant aucun intérêt à prendre position pour l’État-major de l’ALN dans son conflit avec le GPRA. Durant la Révolution, le travail fractionnel était durement réprimé et celui de l’État-major de l’ALN était d’une extrême gravité puisqu’il ne visait ni plus, ni moins que la division du GPRA.
Malgré cela, Boumédiene en est sorti indemne et le GPRA n’a élevé aucune protestation auprès de la monarchie marocaine au sujet de sa complicité avec l’État-major de l’ALN. Ces questionnements appellent des éclaircissements de la part des responsables encore en vie : qu’ils ne laissent pas les nouvelles générations sur leur faim.
Jean-François Paya
SOURCES : Mohammed Harbi et certains ex-agents des services Algériens retraités
Synthèse GROUPE DE RECHERCHES HISTORIQUES par cercle ALG /POITOU Septembre 2011
OUVERTURE D 'ARCHIVES EN 2012 DE 50 à 60 ANS
Transcrit dans "Etudes Coloniales " l'entretien complet de Mohammed Harbi qui admet que la population Algérienne
n'etait pas unanime derrière le FLN !(pas nouveau pour tous )
INFORMATIONS A VERIFIER DE CERTAINS journalites ALGERIENS
Le vrai nom de Ben Bella serait Ahmed Ben Mahjoub Ben Embarek…
Ça ne sonne pas algérien, ça !
c’est un Marocain. Je me demande ce que fait la fiche de ce Marocain dans
un dossier qui concerne pourtant l’Algérie… ils ont falsifié son
origine, ils ont dit qu’il était né en Algérie, à Maghnia. Qui sont ces «
ils » ?: Les services secrets français, et aussi des Algériens qui
collaborent avec Paris. C’est écrit que le général de Gaulle, lors de la
fameuse conférence de presse tenue le 11 avril 1961, évoque le «chef du FLN»
alors qu’aucune
question ne lui avait été posée à son sujet : «Quelqu’un m’avait posé une
question au sujet de Ben Bella, je crois, n’est-il pas vrai ? », déclenchant
un éclat de rire général des journalistes présents dans la salle, qui ont
apprécié la subtilité. Pensez vous que de Gaulle savait que Ben Bella
allait devenir président de l’Algérie indépendante !
: Pis encore, je crois même qu’il le préparait pour le devenir.
Bon, voir la suite : «Jean Méo, membre du cabinet de De Gaulle a révélé
que c’est bien de Gaulle
et le pouvoir colonial qui ont conditionné et préparé Ben Bella depuis bien
longtemps, et décidé qu’il serait le 1er président algérien.» Ce n’était
donc ni Nasser, ni Hassan II, ni Boussouf et encore moins Boumediène.
C’est donc une opération d’infiltration qui semble avoir réussi, ? Suit un
passage, très intéressant, c’est une note de la DST : «Les chefs
historiques de la Révolution, notamment les Six,
ainsi que Abane Ramdane, Dahleb et Ben Khedda savaient que Ahmed ben Mahjoub
ben Embarek le Marocain, alias Ben Bella, représentait un véritable danger
pour la bonne marche de la Révolution, et c’est ce qui explique sa mise à l’
écart afin de ne pas l’associer aux grandes décisions qui engageaient l’
avenir de la Révolution.» Je crois bien qu’ils le suspectaient déjà d’être
manipulé
Mais qu’a pu faire la France pour réussir à soigner l’image de ce Marocain
?
La réponse est dans cette page.: «Pour sauver la face,
les services secrets ont alors imaginé une opération de grande envergure
pour
remettre en selle Ben Bella. et marginaliser les autres
tout en les neutralisant le 22 octobre 1956, l’avion marocain d’Air
Atlas conduisant Ben Bella, Khider, Boudiaf et Aït Ahmed de Rabat à Tunis
est détourné et contraint de se poser à Alger. La presse titrera à la une
sur «le
détournement de l’AVION DE BEN BELLA
Pourtant, dans la hiérarchie de la Révolution, Ben Bella n’était rien à
côté de Boudiaf et Bitat, qui faisaient partie du groupe des Six. On peut
comprendre que cette opération n’avait qu’un seul but : réhabiliter Ben
Bella et le
mettre sur le devant de la scène Autre passage, il explique tout : «Sur le
bitume de l’aéroport, Mohamed Boudiaf tenait entre ses mains un porte-
documents. Un Agent Français s’est avancé vers lui, le lui a pris pour le
remettre à Ahmed Ben Bella. A ce moment-là, un flash a crépité pour
immortaliser l’instant.Pour faire croire que c’est Ben Bella le premier
dirigeant».
«Après la signature des accords d’Évian, en mars 1962, Ben Bella, libéré,
rentre en Algérie, se sépare de ses codétenus et provoque immédiatement le
démantèlement total du GPRA. C’est de la même façon qu’il avait auparavant
provoqué le démantèlement de l’Organisation Spéciale (OS). Ce sont désormais
les structures extérieures créées à Oujda et Ghardimaou (Armée
desfrontières,
MALG, fonctionnaires du Maroc) qui viendront gérer le pays
Maintenant on comprends ce que voulait dire Ferhat Abbas dans une
déclaration que j’ai
pu lire dans les archives . Si mes souvenirs sont bons,
il a dit cela : «Abane Ramdane me fit un portrait peu flatteur du futur
président de la
République en me disant : «C’est Ben Bella qui dénonça l’Organisation
Spéciale, l’OS. Le même avertissement me fut donné par Boudiaf. Sa renomméea
été
créée de toutes pièces par les Egyptiens et les Français. La vérité est que
Ben Bella a été le démolisseur de l’union nationale réalisée durant les
combats.
Suivent deux citations concernant Ben Bella :
Lakhdar Ben Tobbal, chef historique, a affirmé que «la seule contribution de
Ben Bella à la Révolution, est d’avoir «annoncé le début de l’insurrection
aux
autorités égyptiennes au lendemain du 1er Novembre.»
Mahfoud Benoune, anthropologue et historien : «L’autoproclamé Zaïm de la
Révolution algérienne n’y a finalement jamais joué un rôle déterminant, ni
dans son déclenchement, ni dans son déroulement, ni dans sa victoire
finale.»
( Notes Transcrites du Quotidien d Algérie)