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études-coloniales
15 novembre 2007

bilan chiffré des victimes de la colonisation en Afrique

Diapositive1

 

bilan chiffré des victimes

de la colonisation en Afrique ?

 

bilan ?
je recherche en vain sur internet un bilan chiffré des victimes de la colonisation en Afrique et notamment des répressions
comme il existe par exemple un bilan des guerres en Europe
ce renseignement existe-t-il?
merci de me répondre

Posté par LE HERISSE, jeudi 15 novembre 2007 à 08:59

 

 

réponse

Qu'appelle-t-on "victimes de la colonisation" ? S'il s'agit du bilan des résistances et répressions [ci-contre, Samory Touré], il n'existe pas d'estimations globales, à ma connaissance... Catherine Coquery-Vidrovitch avance dans Le livre noir du colonialisme (éd. "Pluriel" Hachette, 2004, p. 748-755) l'idée, partagée avec d'autres spécialistes,  que : "ce ne sont pas les guerres de conquête de la fin du XIXe siècle qui firent le plus de victimes. Ellessamory_toure_buste2 furent, sauf exception, courtes : la disproportion des moyens techniques mis en oeuvre fit que les pouvoirs africains résistèrent peu de temps."

Ainsi, dans son livre Le partage de l'Afrique, 1880-1914 (Denoël, 1996, p. 338-339), l'historien néerlandais Henri Wesseling évoque-t-il l'affrontement entre les mahdistes du Soudan et les troupes anglaises de Kitchener : celui ci "arriva à Omdourman, la banlieue occidentale de Khartoum. Le 2 septembre 1898, au lever du jour, la bataille s'engagea. À 11 heures 30, Kitchener rangea ses jumelles de campagne et constata que «l'ennemi avait pris une bonne raclée». Il ne se trompait pas. Dans le camp mahdiste, on dénombra 11 000 tués et 16 000 blessés. Quant à l'armée anglo-égyptienne, elle n'eut à déplorer que 48 morts et 382 blessés. Les fusils automatiques avaient une fois de plus prouvé leur utilité".

les effets induits de la colonisation

Si ce ne furent pas les guerres coloniales qui firent le plus de victimes, Catherine Coquery-Vidrovitch ajoute : "Mais il n'en alla pas de même des effets induits de la colonisation."

Il faudrait alors parler des pertes démographiques se rapportant à la période de conquête militaire et de domination coloniale, sans que les imputations causales soient évidentes à identifier.

La même auteure explique donc : "D'abord, la colonisation zanzibarite, puis la pénétration européenne massive du XIXe siècle et de la première phase coloniale firent des ravages, dus en majeure partie à l'expansion incontrôlable de grandes endémies : peste bovine introduite à la fin des années 1880, introduction probable et diffusion certaine des maladies vénériennes, expansion majeure de la maladie du sommeil, jusque'alors relativement circonscrite.(...)
Pour la fin du XIXe siècle, on a maintenant assez bien étudié le cycle infernal de la correspondance
cows_for_ibar sécheresse/famine/épizootie/épidémie qui s'attaqua à des populations fragiles, incapables de supporter un double choc, celui de la conquête en même temps qu'un cycle de sécheresses exceptionnelles à partir des années 1880-1890. En Afrique orientale, les périodes 1881-1896, puis 1899-1923 furent toutes deux caractérisées par des épidémies répétées et meutrières de choléra (dont le foyer de diffusion fut plutôt les grands rassemblements de pélerins à La Mecque). La peste bovine, sortie des steppes russes dans les années 1860, toucha d'abord l'Égypte, puis gagna le Soudan occidental en 1865. C'est surtout au début des années 1880 que du bétail infecté fut importé par les Européens en Érythrée à la fois de Russie et d'Inde. À partir de 1889, l'épizootie décima périodiquement le cheptel d'Afrique orientale et australe. En 1896, elle avait atteint la province du Cap en Afrique du Sud. (...)

D'autres maladies, comme la variole importée d'Inde et, localement, les maladies vénériennes, sans doute apportées par les Arabes, ont connu leur expnsion maximale avec le début de la pénétration coloniale : la variole, décelée au XVIIIe siècle, connut ses plus grands ravages en 1885, 1891, 1895, 1898 et 1900. Les maladies vénériennes se généralisèrent en Afrique francophone après la Première Guerre mondiale avec le retour des quelque 160 000 mobilisés. Elles furent de la même façon repérées à Nairobi à partir de 1914.

Certes, les phases de grande sécheresse climatique avaient toujours joué un rôle important, et le fléau acridien était aussi une donnée récurrente des crises de subsistance au Sahel. Mais, par son intrusion brutale, la colonisation eut une responsabilité indéniable en amont - dans la rupture de l'équilibre hommes/ressources ou bétail/ressources -, et en aval, par des incidences démographiques que l'on peut schématiser de la façon suivante : morbidité et mortalité accentuées dans la première moitié du siècle,DAFANCAOM01_30FI071N079_P paupérisation et migration vers les villes ensuite. (...)

L'essor démographique.
Celui-ci a été tardif et est, évidemment, redevable à la politique coloniale. Après la guerre, en effet, les équipements sanitaires furent largement améliorés et accompagnés d'investissements économiques (Fides, plan de Constantine) qui, aussi maladroits fussent-ils souvent, contribuèrent dans l'ensemble à améliorer le niveau de vie des populations. La politique sanitaire préventive, devenue la règle, fit brutalement baisser la mortalité infantile, jusqu'alors de plus de 250‰ à moins de 100‰, résultat quasi automatique des campagnes de vaccination. (...)
Il est donc hors de question d'accuser, après la Seconde Guerre mondiale, la colonisation de méfaits démographiques. Les efforts entrepris sont indéniables.
"

Au sujet des débuts de la période coloniale, le britannique, John IliffeIliffe, professeur d'histoire africaine à l'université de Cambridge [ci-contre], semble plus balancé dans ses considérations :
- "L'Afrique des débuts de la colonisation ne subit pas de catastrophe démographique globale d'une ampleur comparable à celles provoquées en Amérique latine et dans le Pacifique par la conquête et l'arrivée de maladies nouvelles. Les Africains s'étaient déjà adaptés à leur environnement, un de splus hostiles de la planète ; de surcroît, comme ils appartenaient aux populations de l'Ancien Monde, ils avaient déjà, à l'instar des Asiatiques, développé une certaine résistance aux maladies d'origine européenne. La variole, par exemple, fut sans doute plus destructrice en Afrique occidentale pendant la traite. Pourtant certaines régions avaient eu des contacts moindres, tandis que d'autres étaient particulièrement vulnérables en raison de la nature de leur environnement ou de l'invasion coloniale. Une telle diversité entraîna aux premiers temps de la colonisation une crise démographique, mais comme en sourdine : les peuples africains survécurent uneIliffe_couv fois de plus.

«Guerres, sécheresse, famine, épidémies, criquets, peste bovine ! Pourquoi tant de calamités successives ? Pourquoi ?» Le missionnaire François Coillard exprimait ainsi au Bulozi, en 1896, une angoisse très répandue. En elle-même, la conquête militaire ne fut sans doute pas la plus mortelle, mais elle eut, dans certaines régions, des effets dévastateurs.

Les vingt et un ans de guerre sintermittentes à l'issue desquelles les Italiens conquirent la Libye y tuèrent près d'un tiers de la population. En 1904, les Allemands réprimèrent une révolte de Herrero, dans l'Afrique du Sud-ouest, en les chassant dans le désert d'Omaheke ; un recensement de 1911 montre que seulement 15 130 d'entre eux (sur 80 000) avaient survécu. La répression, et la famine, qui vinrent à bout de la rébellion maji maji tuèrent non seulement près d'un tiers de la population dans la région, mais «réduisirent de plus de 25% la fécondité des femmes qui avaient survécu», selon une étude entreprise trente ans plus tard. En Afrique orientale, les combats entre Britanniques, Belges, Allemands et Portugais pendant la Première Guerre mondiale, eurent des effets tout aussi catastrophiques : le taux de mortalité fut effrayant chez les hommes de troupes africains - plus de 100 000 -, et le million de porteurs et de travailleurs, victimes de la maladie et de l'épuisement.

Ce furent des hécatombes exceptionnelles, mais elles montrent que la violence coloniale pouvait avoir des effets importants sur la démographie, bien que par ailleurs la conquête ait également mis un terme à de nombreuses violences locales. (...) À l'échelle du continent, la violence fut moins destructrice que la famine. Dans toute la savane tropicale, les pluies abondantes du milieu du XIXe siècle, diminuèrent durant les années 1880 : il s'ensuivit quarante ans de relative aridité avant qu'elles ne reprennent dans les années 1920. (...)

Les données démographiques fiables sont rares, mais la période qui suivit la conquête fut sans doute la plus destructrice en Afrique équatoriale, où violences, famines, variole, maladie du sommeil, maladies vénériennes et grippe survinrent en même temps. (...)

On ne sait trop si, des années 1880 aux années 1920,  la population totale de l'Afrique augmenta ou déclina : il ne fait aucun doute en tout cas que son évolution fut sans uniformité. Lui en donner une fut l'une des plus importantes conséquences de la domination coloniale" (John Iliffe, Les Africains, histoire d'un continent, éd. Champs-Flammarion, 2003, p. 295-300).

Le collectif d'auteurs qui a rédigé l'Histoire générale de l'Afrique publiée par l'Unesco en 1989, fait une large place aux résistances à la conquête coloniale. Mais à aucun moment on ne trouve de bilan chiffré des victimes de cette conquête. Au terme du volume VII, L'Afrique sous domination coloniale, 1880-1935, est formulée cette conclusion concernant l'héritage du colonialisme sur le plan social : "Le premier effet bénéfique important a été l'accroissement général de la population africaine au cours de la période coloniale. Caldwell a montré que cet accroissement s'était élevé à 37,5% environ, après un déclin initial de la population pendant les deux ou trois premières décennies de domination européenne" (p. 525).

Michel Renard

 

 

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Commentaires
C
Des données chiffrées se trouvent dans ce livre: Bouda Etemad, La possession du monde. Poids et mesures de la colonisation (XVIIIe-XXe siècles)<br /> <br /> <br /> <br /> Dans un résumé, il y est fait mention de ceci: "Au total, entre 25 et 60 millions d’Africains et d’Asiatiques disparurent du fait de la colonisation. Les conséquences démographiques de la période coloniale (travail forcé, mais aussi progrès spectaculaires du taux d’accroissement naturel) ne sont par contre pas prises en compte. Mais cela est logique, l’auteur centrant son étude sur la phase de conquête coloniale"<br /> <br /> <br /> <br /> La citation est extraite de ce lien: https://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2004-1-page-210.htm#
Répondre
M
monsieurs <br /> <br /> je vaudrais des renseignements sur nos enseitres tombées dans le champ de bataille au lieu dit <br /> icharidenne/situé departement de tizi- ouzou /algerie<br /> merci monsieur
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P
News<br /> World news<br /> Zimbabwe<br /> Zimbabwe on brink of collapse as outbreak of cholera spreads<br /> • Hundreds flee to South Africa seeking treatment<br /> • Crisis much worse than thought, Elders group says<br /> <br /> TIMES TUESDAY THE 25TH OF NOVEMBER 2008<br /> ON COMPTE DEJA 300MORTS SUR 6000 PERSONNES TOUCHÉES... SANS COMMENTAIRES ...<br /> Effacez,effacez donc comme vous dites l'empreinte noire du colonialisme
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A
notre Forum consiste à éffacer les empruntes laissées par la période noire du comonialisme par le monde occidental dont les pays du Sud étaient et sont encore victimes. nous avons besoin de spécialistes pour enrichir ce forum, mais aussi nous avons besoin de sponsors
Répondre
P
puisqu'il n'ya pas de bilan chiffré concernant les effets de la colonisation, pour un sujet tel que Samory en pays sénoufo quel bilan peut on émettre?
Répondre
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