le nombre de victimes de l'OAS
le nombre de victimes de l'OAS
Le nombre total de victimes de l’OAS en métropole s’élève, selon Arnaud Déroulède, à 71 morts [1] et 394 blessés. Le mois le plus meurtrier est celui de juin 1961, avec 24 morts et 132 blessés. (…)
Ces chiffres sont commune mesure, avec ceux que l’on peut avancer pour l’Algérie, en dépit de l’incertitude des sources. En effet, en croisant les statistiques de la Sûreté nationale avec celles du Préfet de police d’Alger, Charles-Robert Ageron se rallie à l’estimation faite de bonne heure par le journaliste américain Paul Hénissart, soit au moins 2200 morts au total ; pour la seule période qui va jusqu’à l’arrestation de Salan, le 20 avril 1962, ce serait 1622 morts, dont 232 Européens, et 5418 blessés, dont 1062 Européens, attribuables à une série de 12 299 explosions au plastic, 2546 attentats individuels et 510 attentats collectifs.
En se fondant sur des sources internes et tout en reconnaissant qu’aucune indication n’est vraiment fiable, Arnaud Déroulède propose une évaluation plus faible : 9000 à 12 000 plasticages, 1500 tués, 5000 blessés.
Sur ce point, les statistiques fournies par les Bulletins mensuels du 2e Bureau de l’état-major n’apportent pas la lumière souhaitée, d’abord parce que la série disponible contenant des indications chiffrées débute seulement au mois de juin 1961 et surtout parce que les relevés manquent de la rigueur attendue. Ainsi la mention «victimes» ne distingue-t-elle pas toujours entre blessés et tués, certains résultats cumulent-ils l’effet d’attentats de nature différente et surtout se trouve-t-on en présence d’un nombre élevé d’«attentats indéterminés» dont l’attribution reste donc impossible.
Avec le temps, ces Bulletins tentent d’accroître la précision de leurs indications, si bien qu’à partir de la fin 1961, il est souvent stipulé qu’«une partie importante» des cas d’indétermination est en fait à «imputer aux activistes orthodoxes ou non». Néanmoins, le flou reste encore trop grand pour que l’on puisse valablement établir un total de victimes à partir de ces données qui serviront à fonder d’autres analyses.
Anne-Marie Duranton-Crabol, Le temps de l’OAS, 1995, p. 144-145.
1 - Ce chiffre est à comparer à celui des victimes du FLN en métropole (1391 tués) : il n'en représente que 5%. Le FLN a tué en métropole beaucoup plus de personnes que l'OAS. Cf. l'article «attentats commis par le FLN en métropole». [note d'Études Coloniales]
Anne-Marie Duranton-Crabol, 1995
Anrnaud Déroulède, 1997 (thèse en 1993)
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