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études-coloniales
27 février 2017

Jean Monneret, Histoire cachée du Parti Communiste Algérien, compte rendu par Roger Vétillard

Monneret PCA couv

 

 

Jean Monneret,

Histoire cachée du Parti Communiste Algérien

compte rendu par Roger Vétillard

 

Jean Monneret est un historien spécialiste de la guerre d’Algérie, de ses causes et de ses conséquences. Il publie une nouvelle étude sur un sujet peu abordé par ses confrères, sinon par Henri Alleg qui fut un des dirigeants du PCA, Emmanuel Sivan et l’historienne britannique Drew Allison : le Parti communiste Algérien, qui n’était en fait, qu’une succursale du PCF.

En fait, le projet initial de Monneret était de tenter d’éclaircir ce qu’il est convenu d’appeler «l’affaire Audin» du nom de ce doctorant communiste algérois qui a disparu pendant la Bataille d’Alger en juin 1957 après son arrestation par l’armée française. Et en historien rigoureux, il va replacer cet épisode dans le contexte historique de l’époque, celui de la guerre d’Algérie.

Le Parti Communiste Algérien, comme son grand-frère français a défendu des positions successivement contradictoires dictées par la stratégie imposée par les dirigeants soviétiques. Ainsi, sans revenir sur la position ambiguë de ses délégués lors des travaux de la commission des réformes de 1944 qui a siégé à Constantine, il n’est pas souvent rappelé qu’il a en 1945, après l’insurrection de Mai 1945 qui a commencé à Sétif, condamné ce soulèvement, participé à la répression à Guelma et demandé le châtiment exemplaire des insurgés qualifiés de suppôts de l’hitlérisme demandant qu’ils soient passés par les armes, avant quelques temps plus tard de dénoncer la répression…

De la même façon, les communistes tentent d’accréditer qu’ils auraient été dès le 1er novembre 1954, des défenseurs de l’indépendance de l’Algérie, alors que le Bureau Politique a publié, le lendemain de la «Toussaint Rouge», un communiqué qui réclame une «solution démocratique» respectant «les intérêts de tous les habitants de l’Algérie sans distinction de race ni de religion» et «qui tiendra compte des intérêts de la France». Affirmation qui suffit, dit Monneret, à montrer la distance séparant les vœux du FLN et ceux des communistes algériens. Et l’auteur n’hésite pas à souligner (p. 72) que la vérité est claire : le Parti Communiste fut plus que réservé envers le FLN à ses débuts, et même longtemps après. Les dirigeants algériens le lui ont bien rendu, en l’interdisant dès 1964.

Un autre point important est souligné par l’auteur : la guerre d’Indochine s’est terminée trois ans avant «l’affaire Audin» et les officiers qui servent en Algérie en sont revenus particulièrement «anti-communistes». Ils ont vu, en Indochine, des communistes très organisés, soumis à une discipline de fer, d’une implacable cruauté avec leurs opposants, bénéficiant de soutiens internationaux puissants (URSS, Chine).

 

guerre subversive internationale
source

Dès lors ils vont surestimer la puissance du PCA et celle des Combattants de la Libération (CDL) organisme qui a tenté de mettre en place des «maquis rouges» pour montrer sa différence avec l’ALN. Et enfin, Monneret rappelle que la bataille d’Alger est survenue quelques mois après l’écrasement par les chars russes de l’insurrection de Budapest qui ne pouvait que renforcer l’anticommunisme de l’Armée. Pour elle, lutter contre le FLN, c’est également lutter contre le communisme, d’autant que les pays de l’Est ne cachaient pas leur sympathie pour les indépendantistes.

Les deux derniers chapitres sont consacrés à l’affaire Audin pour laquelle Monneret tente de démêler les témoignages, les écrits plus ou moins engagés et les exploitations politiques qui ont été faites. Il constate que beaucoup a été entrepris pour cet homme disparu et il déplore que l’hommage de François Hollande à Audin en novembre 2012 à Alger ne soit pas allé également à toutes les victimes du conflit mais uniquement à celles causées – dans un seul camp - par les activités de l’Armée française.

Enfin les quatre annexes méritent d’être lues : une rencontre avec le général Aussaresses, l’antagonisme parachutistes-communistes, François Hollande et l’affaire Audin, qui précèdent l’analyse du livre du journaliste Jean-Charles Deniau sur cette affaire.

Roger Vétillard

 

Jean Monneret, Histoire cachée du Parti Communiste Algérien, de L’Étoile nord-africaine à la bataille d’Alger – Via Romana éd., Versailles 2016. 18€

 

 

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Commentaires
E
"Pas de Yacef Saadi Oranais" mais aussi pas de Alleg ni Maillot ni Yvetton ,pourtant a Oran un PCA tres fort en 51 26,6% et 35000 voix aux legislatives avec un depute elu.au debut la rebellion FLN est prise avec circonspection<br /> <br /> Le 23 Janvier 55 le docteur Larribere responsble communiste a Oran declare au commite regional du Parti"La rebellion fait le jeu des imperialistes declenchee par un organisme irresponsable" ajoutant<br /> <br /> que"ni objectivement ni subjectivement les conditions d·une insurrection armee ne sont reunies en Algerie" Mais le 12 Juillet 55 le cte central du PCA decide de rejoindre cette rebellion sur directives exterieures malgre les reticences de la majorite de ses adherants beucoup d·origine Espagnole a Oran ont en memoire les exactions des troupes Maures de Franco pendant la guerre d·Espagne<br /> <br /> et de l·aide de ce dernier aux formations de lALN<br /> <br /> au Maroc Espagnol par ou transitent des armes les faisant douter d·une revolution "progressiste"<br /> <br /> Le 12 Sept 55 le PCA est interdit a Oran les elements communistes actifs sont connus "comme le nez au milieu de la figure" des services de police<br /> <br /> judiciaire·certains qui auraient pu continuer d etre<br /> <br /> surveilles se cantonne a travers le "secours populaire Algerien"a une aide logistique a la rebellion qui s·en mefie aussi et a l·edition symbolique d·une presse clandestine ils sont arretes<br /> <br /> par la PJ qui veut marquer des points Debut<br /> <br /> Septembre 56 apres le vote des pouvoirs speciaux<br /> <br /> precedents qui donnait des pouvoirs judiciaires aux militaires en Algerie!
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G
L' Oncle R... Les Communistes à Oran<br /> <br /> Souvent nous calquons notre existence sur celle de nos parents, nos engagements politiques et syndicaux se font par rapport à leurs vécus, ou, à leurs galères. Je ne sais pas si tel a était le cas pour l’oncle R.., je me souviens l’avoir entendu dire qu’il ne voulait pas pour lui, ni pour ses enfants, ni pour quiconque, la vie qu’avait eu son père. <br /> <br /> Je me souviens de celui-ci, il était jardinier de son métier, je revois un homme plié en deux bêchant un champ de pomme de terre qui se trouvait juste derrière chez moi, entre ma maison et celle de Monsieur Feran, curieux je le regardais faire, il me paraissait être petit, mais en réalité c’était parce qu’il était cassé en deux et ne pouvait pas se redresser. <br /> <br /> L’oncle R… était un fervent communiste qui vivait son engagement politique comme d’autres leur foi, il était marié à ma tante Yvonne l’une des sœurs de ma mère. <br /> <br /> Ils habitaient avec leurs quatre enfants (Olga,Emma,Gisèle,Pierrot) dans la maison de mes grands parents à Victor Hugo, où, habitait également une autre sœur de ma mère,ma tante Marie qui était veuve avec cinq enfants (Joséico, Guy, Huguette, Yves, Sonia), c’est dans cette maison, où, j’allais souvent jouer avec mes cousins et cousines que j’ai mes meilleurs souvenirs d’enfants. <br /> <br /> Face à la porte d’entrée il y avait une sorte de cheminée en marbre gris au dessus de laquelle un grand drapeau rouge avec la faucille et le marteau était tendu, sur le rebord il y avait un cadre avec le portrait de Staline. <br /> <br /> Mes oncles maternelles, François, Jules, Antoine, partageaient les mêmes convictions. <br /> <br /> Politiquement mon père était plutôt MRP, ce qui l’opposait parfois à ses beau-frères. <br /> <br /> Les communistes à Oran ont tenu une place importante, je crois même me souvenir d’une municipalité dans laquelle ils avaient des Maires adjoints. ??? <br /> <br /> Je me souviens d’un défilé du 1° Mai, où, ma mère m’avait emmené, parce que ma sœur Denise qui travaillait à l’usine de pâtes Podesta y participait. Les femmes scandaient : <br /> <br /> - On veut du pain, des pois chiches, des pois cassés. Cela, me paraissait ridicule,voir risible, mais avec le recul et l’expérience de la vie, je comprend tout ce que cela pouvait signifier, c’est à dire juste avoir l’essentiel pour survivre. <br /> <br /> Mon oncle R…a mené sa vie de militant communiste avec ses frères musulmans jusqu’au renoncement de sa liberté pour une cause qu’il croyait juste, celle de l’Algérie indépendante. <br /> <br /> <br /> <br /> Un pays libre, juste et fraternel, dans lequel tous les enfants de ce pays qu’ils soient musulmans, chrétiens, ou, juifs, auraient leurs places. <br /> <br /> Il a été arrêté pour subversion, et condamnait à cinq ans d’interdiction de séjour, cela ne l’a pas empêché de rester à Oran, où, il a été caché par la famille jusqu’à l’indépendance de l’Algérie. <br /> <br /> Après le 5 juillet 1962, Il est resté en Algérie avec sa fille aînée Olga, jusqu’à la prise de pouvoir par Boumediene. A ce moment là, ses propres camarades, ses frères musulmans, lui ont dit : <br /> <br /> - Maintenant, il faut que tu partes, tu n’as plus rien à faire ici. <br /> <br /> Lui qui espérait faire revenir au pays toute sa famille, nous y compris, a du être très déçu, mais je reste persuadé, que malgré cela, sa conviction, ses idéaux sont restés toujours intactes. <br /> <br /> <br /> <br /> Pouvoir et liberté rime rarement ensemble. <br /> <br /> Page d'accueil
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