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études-coloniales
2 août 2014

Mémoires du général-major Benmaalem

P140615-10

 

 

le général Benmaalem : un point de vue

assez objectif, sur plusieurs affaires du FLN

général Maurice FAIVRE

 

Benmaalem Hocine, Mémoires du général-major Benmaalem, tome I, La guerre de libération nationale, éditions Casbah 2014, 268 pages.

Originaire d'El Kalaa, la forteresse naturelle des Beni Abbès, Hocine Benmaalem s'est engagé en 1956 dans l'ALN, à 17 ans et demi ; il a été Commandant de Région et ministre, et a terminé sa carrière aux cotés du président Chadli en 1992. Il rapporte avec un grand souci d'objectivité les évènements qu'il a vécus pendant la guerre de libération. Les tomes suivants ne devraient pas manquer d'intérêt.

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l'auteur dédicace ses mémoires

Il revient sur l'histoire de son douar, attaché à son autonomie et à l'idéologie des oulemas, classé en zone interdite en 1959 ; l'auteur a été formé par un instituteur engagé, dans une école publique incendiée par le FLN, avant d'intégrer le lycée de Sétif où il souffre de l'inégalité sociale. À la suite de la grève étudiante de mai 1956, il rejoint le maquis et se trouve à Ifri au moment du Congrès de la Soummam.

Repéré par Amirouche, il devient son secrétaire et l'accompagne dans son enquête de septembre-octobre 1956 en Wilaya des Aurès, puis dans sa mission à Tunis en 1957 (date non précisée). De juin 1957 à avril 1959, il suit les cours des académies militaires de Syrie et du Caire. Sous-lieutenant dans l'ALN de Tunisie, il est brimé par le capitaine Chabou et le colonel Mohammedi ; exfiltré par Ahmed Bencherif, il sert dans un bataillon frontalier avant d'être affecté en 1960 à la Direction générale de l'instruction. En avril 1961, il suit un stage d'artillerie en Tchécoslovaquie. Après l'indépendance, il se rend à Sétif et est intégré dans la wilaya 1 par le colonel Zbiri.

La relation par l'auteur du Congrès de la Soummam confirme les décisions importantes prises pour l'organisation politique et militaire de la Révolution ; mais la primauté du politique et de l'intérieur sur l'extérieur sera rejetée par le CNRA d'août 1957. Le rapport de mission d'Amirouche dans l'Aurès est très intéressant, il décrit ses relations conflictuelles avec Omar Benboulaid et Adjoul. Le déplacement à Tunis, parfois menacé par les opérations françaises, permit à Amirouche de dialoguer avec Ouamrane, Bouglez, Mahsas, le Cdt Kaci, F. Fanon, de recueillir Noël Favrelière, et de s'opposer au CCE qui voulait l'envoyer au Maroc.

Benmaalem exprime son admiration de la personnalité du colonel Amirouche, qui n'était ni sanguinaire, ni anti-intellectuel, mais actif et infatigable (contrairement à Mohammedi Said) ; il est attentif au moral des combattants et de la population. Il est cependant responsable des arrestations lors de la bleuïte, dont les erreurs sont estimées à 10 % ; les manoeuvres du capitaine Léger sont relatées avec précision. L'ALN extérieure, l'organisation de l'instruction (DGI) et la formation des officiers au Moyen-Orient sont bien présentées, avec de légères différences avec l'évaluation du 2ème Bureau (25.000 hommes en Tunisie, manque deux bataillons).

L'auteur donne le point de vue du FLN, assez objectif, sur plusieurs affaires : Oiseau bleu, Melouza, complot de Boudaoui, dissidence de la base de l'Est, népotisme en petite Kabylie, assassinat d'Abane Ramdane, élimination de Lotfi par le colonel Jacquin, les 100 jours du conseil des wilayas.

Il est enfin un observateur impartial de la crise du FLN-ALN, depuis la réorganisation du commandement en janvier 1960, la création conjointe de l'EMG et du CIG, la démission refusée et la dégradation de Boumediene, le contrat de carence au CNRA de Tripoli, la constitution du Bureau politique, et les combats fratricides du 30-31 août 1962 (1.000 morts). Les responsabilités de la crise, qui a porté un coup sévère au prestige de la Révolution, sont partagées entre l'EMG, le GPRA et les Wilayas 3 et 4.

Il estime en conclusion que Krim Belkacem a été brillant à Evian, et que Boumediene a créé une armée efficace, reconvertie en Armée nationale populaire ; mais il a maintenu leurs grades à des officiers supérieurs incompétents. En définitive, il a manqué un chef incontesté à la tête de la Révolution. L'observateur extérieur peut se demander si les ambitions personnelles de plusieurs chefs n'ont pas compromis l'instauration d'un régime démocratique en Algérie, et entraîné l'échec de la Révolution.

Maurice Faivre, le 31 juillet 201

 

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Hocine Benmaalem

 

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Commentaires
M
ON SE CONGRATULE ENTRE GENERAUX !
Répondre
A
LU DANS UNE CERTAINE PRESSE ALGERIENNE<br /> <br /> Cette » sortie médiatique » en dépit du » devoir de réserve » est plus que suspecte. Pourquoi son silence par le passé ? Pour quel contexte présent ? Qui instrumentalise l’Affaire Amirouche-Haouès ? Peut-il vraiment s’éxprimer sans l’aval de la Sécurité de l’Armée (DRS) et le Commissariat politique de l’ANP ? Non ! Car le » devoi de réserve » est très encadré, meme dans les pays dits démocratiques,les Officiers généraux en retraite soumettent à l’Institution militaire leurs écrits avant leur publication…..<br /> <br /> Tout ce qu’on sait que l’Affaire Amirouche-Haouès est instrumentalisée par le Clan Mediène-Tartag-Djebbar (DRS / néo-MALG) contre son rival Clan Boutef-Kabila-Koudjetti (ex-MALG)….l’ex-MALG pour désigner le dite Police politique qui arrimait-amarrait-accrochait le Clan d’Oudjda, dont hérité / desend (en partie) l’actuel Clan Boutef ; Le général major dit pour Amirouche /<br /> <br /> "Je suis resté avec lui presque une année pendant laquelle je l’ai accompagné aux Aurès et en Tunisie jusqu’au jour où il m’ordoner d’aller faire des études au Moyen-Orient.J’ai reçu une formation d’officier à l’Académie militaire en Syrie, puis en Egypte. Au moment où j’ai rejoint de nouveau l’ALN en avril 1959, Si Amirouche venait juste de tomber au champ d’honneur. Cela a été un grand choc pour moi et une grande perte pour l’Algérie".Dans "le Soir Algérie" le profésseur A Mebroukine avait écrit<br /> <br /> "Que les conditions de vie dans les maquis de la Wilaya III où l’ex-général major n’a passé qu’une partie de sa période de mobilisation, aient été rudes, implacables, personne ne le nie. Que l’historien doive en tirer argument pour sous-estimer l’ampleur des purges ordonnées (quelque 3 000 moudjahidine en firent les frais) n’est pas acceptable. On peut, à la rigueur, mettre sur le compte de bavures, faute d’expérience et d’informations corroborées les premiers actes de violence commis à l’égard de recrues ayant rallié dans des conditions floues les maquis de la Wilaya III. Et encore se pose toujours la question de savoir de quel crime étaientils coupables. Mais lorsque l’épuration prend la forme d’une organisation bureaucratique, rationnelle et hiérarchisée destinée à décapiter le fleuron de la Wilaya III, sans se préoccuper ni de la présomption d’innocence ni de l’existence de preuves, voire de simples présomptions, on ne peut plus parler ni d’erreurs ni de fautes commises de bonne foi. C’est trop facile. Certes, il y avait à la décharge du colonel Amirouche la circonstance que les services secrets français avaient ciblé la Wilaya III, concentrant sur elle l’essentiel de leurs moyens psychologiques, afin de pouvoir déstabiliser son commandement et de garantir l’efficacité de la stratégie de guerre conçue par le général Challe qui avait succédé au général Salan, en 1958 et reçu mandat du général de Gaulle de réduire à néant toute résistance de l’ALN dans les maquis de l’intérieur. Le général major Hocine Benmâalem soutient que «pendant la guerre, on gagne des batailles, on en perd d’autres, l’important c’est de gagner la guerre et nous l’avons gagnée». Non, mon général. Les purges pratiquées dans la Wilaya III ne sont pas assimilables à une bataille livrée à l’ennemi. C’est une bataille que des Algériens peu éclairés et circonvenus par les services secrets français (dont personne, à l’époque, n’avait cherché à mettre au jour les ignobles procédés) ont menée contre d’autres Algériens, recourant, pour ce faire, à la torture, à toutes sortes de traitements humiliants et dégradants ainsi qu’aux exécutions extrajudiciaires. Il a dû exister des agents doubles en Wilaya III, comme il en a existé en Wilaya IV (il s’agissait des deux wilayas les plus redoutées par l’armée coloniale) et ce phénomène est caractéristique de toutes les guerres. Mais rien qui ne justifiât des purges sanglantes et indiscriminées. Quant au colonel Amirouche, plutôt que de verser des larmes de chagrin devant l’hécatombe humaine qu’il avait lui-même ordonnée, que n’avait-il mis un terme au massacre (personne ne pouvait discuter ni ses ordres ni ses contre-ordres). Que n’avait-il adopté des sanctions, au besoin draconiennes, à l’encontre des suspects qui leur eussent au moins préservé la vie. Que n’avait-il instruit les membres des funestes commissions d’examen des cas litigieux de procéder à des investigations séreuses, de confronter les accusés à leurs délateurs, de permettre l’exercice des droits de la défense, perverties complètement au demeurant par de sinistres parodies de procès dans lesquelles les avocats commis d’office recommandaient l’application de la peine capitale contre leurs clients. Tout cela, le colonel Amirouche pouvait l’empêcher. Hélas, le sang d’innocents a coulé en pure perte. Et même si l’on devait concéder au colonel Amirouche le bénéfice de la bonne foi, le seul fait qu’il ait donné un chèque en blanc à des hommes comme Ahcène Mahiouz, vient démonter, a contrario, qu’il n’était pas le grand chef militaire, que même l’historiographie officielle accrédite et que sa manière de défausse sur des commissions d’examen dans lesquelles siégeaient de véritables criminels de guerre ne constitue guère pour lui un titre de gloire. Lorsque l’on apprend, par ailleurs, que le colonel Amirouche avait exprimé sa stupéfaction aux autres chefs de wilayate qu’il n’y eût pas d’agents doubles chez eux et les avait exhortés à redoubler de vigilance pour démasquer les traitres, on peut se demander, si à un moment ou à un autre, le patron de la Wilaya III n’a pas été atteint d’une psychose de persécution lui faisant voir des ennemis de l’Algérie à chaque recoin d’un bosquet. Le général Benmâalem déclare que les fautes commises l’ont été pour servir la révolution. Curieuse façon de servir la révolution que de chercher à éliminer ses meilleurs enfants. Du reste, que cela plaise ou non, le général Challe avait pris toute la mesure de la vulnérabilité croissante de la Wilaya III à travers les purges dont elle était le siège. Ce sont ces purges qui ont affaibli la Wilaya III et rendu possible le succès de l’ensemble des opérations militaires menées par le général Challe, au point où celui-ci avait demandé à être reçu par le général de Gaulle, fin 1959, pour lui faire admettre l’idée, mais en vain, il est vrai, qu’il existait désormais une solution militaire à l’ensemble du problème algérien. Par conséquent, à rebours de la thèse du général Benmâalem, la Wilaya III n’a ni gagné la bataille contre les services de l’action psychologique du capitaine Léger, supervisée par le redoutable colonel Godard, ni la guerre contre le général Challe qui avait éradiqué, après le succès de l’opération Jumelles, toute la résistance des wilayate de l’intérieur. L’Algérie a arraché son indépendance sur le plan politique, paradoxalement au moment où militairement toutes les wilayas étaient défaites, cependant que l’armée des frontières dirigée par un homme d’exception se structurait et se renforçait dans la perspective de l’indépendance. Il y a excès d’honneur à soutenir que l’Algérie a remporté une victoire militaire sur la France, mais il n’y a nul excès d’indignité à rappeler simplement les faits et à restituer les événements tragiques de cette période de notre histoire dans une trame objective et sereine.<br /> <br /> UN AUTRE HISTORIEN G Meynier écrit à propos d "Amirouche <br /> <br /> "À l'inverse, en 1956, on est bien installé dans la guerre, et les événements sanglants se succèdent à une allure vertigineuse : c'est exactement un mois avant le 12 mai 1956 (donc le 12 avril) qu'est intervenu le massacre le plus lourd de la guerre : le massacre de la totalité des habitants de la dechra Tifraten, près d'Oued Amizour, dans la Kabylie de la Basse Soummam, qui a été ordonné, on le sait, par le lieutenant Fadel H’mimi, mais couvert par Amirouche, capitaine de la zone dont dépendait la Basse Soummam : le drame a fait l’objet d’une âpre altercation lors du congrès de la Soummam, le 20 août de la même année, entre partisans et détracteurs d’Amirouche. Des sources françaises, qui furent celles à avoir été portées à la connaissance des congressistes, parlent d’un bilan de 1 200 morts. Mohamed Benyahia, lui, avance le chiffre de 490 personnes égorgées, cela en une seule nuit, pour cela dénommée <br /> <br /> depuis, en Kabylie, «la nuit rouge». Peu importe le chiffre exact, et on ne le connaîtrasans doute jamais. Mais le massacre a été à coup sûr plus important que celui de Melouza, un peu plus d'un an plus tard, qui fut bien plus médiatisé, pour des raisons que j'expose dans mon Histoire intérieure du FLN."
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