Un silence d'État : les disparus de 1962
un DVD sur les Français disparus
en Algérie en 1962
un outil d’information indispensable
Jean MONNERET
Pendant longtemps, la tragédie des Français disparus, durant l’année 1962 fut l’immense non-dit de la Guerre d’Algérie. Après le 19 mars 1962, en effet, alors que les protagonistes du conflit, réunis à Evian, y avaient signé un accord de cessez-le-feu, les troubles persistèrent en Algérie.
À partir du 17 avril, les commandos du FLN, en Oranie et dans l’Algérois, se mirent à enlever des civils européens. Ceci contribua à déclencher chez ces derniers une panique considérable. Elle accentua notamment leur exode massif et chaotique vers la métropole.
Après le 3 juillet 1962, jour où fut reconnue par la France l’indépendance de l’Algérie et alors qu’un nombre relativement important d’Européens continuait à résider dans les grandes villes de la côte, les exactions contre eux se poursuivirent. Par endroits, elles s’amplifièrent même. Le 5 juillet 1362, la ville d’Oran fut le théâtre de centaines d’enlèvements et de massacres de Pieds-Noirs perpétrés dans le centre et à la périphérie de la ville.
Quelques articles furent publiés à l’époque dans des organes de presse comme Le Parisien Libéré ou L’Aurore. Des interpellations eurent lieu au Parlement et des chiffres furent cités au Sénat par M. de Broglie, alors chargé des Affaires Algériennes. Au delà de 1964, un silence épais se mit à régner sur le sujet. Les familles touchées furent abandonnées à leur chagrin et à leurs difficultés.
Le caractère à la fois tabou et mystérieux de ce problème, le passage des années et l’indifférence tant de la grande presse que des milieux officiels reléguèrent le problème au milieu associatif des Français d’Algérie. Très actif mais pas toujours bien inspiré.
ouverture des archives
Le peu d’écho extérieur, le découragement qui gagnait les victimes, le vieillissement des gens concernés, la lente et inexorable extinction des témoins menèrent cet épisode à un quasi-oubli. Sur ce terrain presque déserté, toutes sortes de fantasmes et d’interprétations hasardeuses proliférèrent.
En 1992, l’ouverture des archives aux chercheurs permit de créer une situation nouvelle. Des ouvrages divers virent le jour dans les deux décennies qui suivirent. Plusieurs étaient de qualité et appuyés sur des données de plus en plus précises...
Les efforts du général Faivre, l’activité de Monseigneur Boz, l’intervention discrète mais efficace du sénateur Guerry permirent de faire sortir ce drame du confinement. Une recherche approfondie menée par l’historien Jean-Jacques Jordi permit également de mieux cerner le problème.
La consultation d’archives nombreuses, la publication de chiffres sérieux furent à l’origine d’un livre précieux Un silence d’État (éditions Sotéca). Le tout marqua une avancée significative sur le plan historique.
Aujourd’hui, nous voudrions attirer l’attention sur l’existence d’un DVD intitulé Histoire d’un silence d’État qui prolonge et approfondit la connaissance du problème. Il est réalisé par Claire Feinstein, une vidéaste qui avait participé, il y a quelques années, au film Pieds–Noirs. Histoire d’une blessure. Elle a réussi à analyser et à présenter avec beaucoup de précision et d’intelligence cette tragédie longtemps occultée.
Les historiens, les familles, toutes les personnes attachées à la vérité disposent désormais d’un document irremplaçable pour faire connaître cet épisode dramatique dont les conséquences furent gigantesques. C’est aussi une arme contre ceux qui ont entretenu le silence officiel et voudraient prolonger l’omertà.
Jean Monneret
Les Disparus. Histoire d’un silence d’État par Claire Feinstein.
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