répertorier les victimes du 20 août 1955
première réponse à Michel Mathiot sur
les victimes du 20 août 1955
Roger VÉTILLARD
Merci à Michel Mathiot de cette recension qu'il m'a d'ailleurs fait parvenir il y a plusieurs semaines avec plus de détails encore. Merci à lui d'attirer mon attention sur des points précis que j'ai commencé à vérifier. Il n'est pas le seul à m'avoir fait part de ses commentaires. J'ai reçu également de nouveaux documents.
Tout cela me conduit avec l'accord de mon éditeur à préparer une seconde édition revue et corrigée. Car un ouvrage d'histoire n'est jamais définitif, et l'historien doit sans cesse réviser ses publications.
Pour le 20 août 1955, les questions importantes auxquelles il reste à répondre sont au nombre de 3 au moins :
- Zighoud Youcef a-t-il, comme je le pense, programmé les assassinats de civils européens comme beaucoup le pensent ou ces morts sont-ils le fruit d'incidents collatéraux ? Les éléments que j'apporte au débat me paraissent assez clairs et notamment le fait qu'il y a eu des victimes dans plusieurs dizaines de localités d'une part, les témoignages des anciens de l'ALN d'autre part qui sont autant d'arguments en faveur de la première hypothèse.
- L'armée française était-elle informée de cette action et dans ce cas pourquoi n'a-t-elle anticipé ? Je pense que les arguments que je donne en faveur d'une réponse positive sont convaincants, en tous cas ils m'ont convaincu.
- Pourquoi donc en 1955 n'a-t-on pas publié un bilan humain précis ? Seul le bilan du 2ème bureau d'octobre 1955 parait avoir été établi sérieusement mais il reste difficile d'accès.
Le nombre de morts dans la communauté européenne continue à faire débat. Je pense qu'il ne sera jamais clos. Jusqu'à celui que je publie, 2 chiffres étaient avancés : 71 et 171 victimes européennes. Les plus grandes difficultés se retrouvent à El Halia.
Pour ma part j'ai additionné 174 noms et depuis la publication de mon livre on m'a signalé 3 oublis. Mais l'un d'entre eux ne peut être retenu car survenu à Jemmapes en août 1956. Un autre pose problème car si la disparition est bien survenue le 20 août 1955, je dois vérifier qu'elle s'est produite dans le territoire de la zone 2.
Mais les difficultés auxquelles je me heurte sont multiples : des morts identifiés, retrouvés dans les archives et confirmées par des témoins dignes de foi, ne sont consignées dans aucun document officiel, des femmes peuvent être portées sous leur nom de naissance ou celui d'épouse, les patronymes étrangers peuvent être notablement modifiés, etc.…
Pour ma part j'ai retenu tous les noms qui figurent dans au moins un document officiel, sinon ceux qui sont cités par au moins 3 sources différentes (presse, témoins, avis de décès ou de remerciements explicites, documents professionnels, documents de l'ALN, etc.). J'aurai l'occasion de revenir sur ce point dans quelques temps.
Enfin Michel Mathiot critique le texte de mon préfacier. Je lui rappelle que Guy Pervillé n'est pas le seul à avoir émis un avis réservé sur l'ouvrage de Claire Mauss Copeaux : Maurice Faivre, Gilbert Meynier et Jean-Charles Jauffret ont également été plutôt dubitatifs sur ses conclusions.
Roger Vétiilard
- Mon commentaire "à chaud" manque de précision. J'ai effectivement retrouvé 174 noms dans les sources consultées (documents officiels, articles de presse, témoignages, rapports de magistrats, de gendarmerie, de police....). Je n'en ai retenu que 133 en conservant tous les noms qui figuraient dans les rapports officiels et en soumettant les autres à un examen et une enquête. D'où les 41 noms supprimés pour diverses raisons. Ceci dit je reprends mon enquête à d'autres sources et je publierai son résultat.
Roger Vétillard
21 août 2012, 18 h 48
- vidéo : Roger Vétiilard, le 20 août 1955 en Algérie