La France en Algérie, 1830-1954, par Guy Pervillé
la France avait-elle une politique algérienne ?
le nouveau livre de Guy Pervillé
En attendant une lecture attentive du dernier ouvrage de Guy Pervillé, La France en Algérie, 1830-1954 (Vendémiaire, mars 2012), nous voulons l'annoncer et attirer l'attention sur ce travail.
La France avait-elle une politique algérienne ? L'auteur écrit en introduction : "La réponse de l'histoire à cette première question ne saurait être unique : elle doit être fonction des moments et des situations. Il est clair qu'en lançant l'expédition d'Alger en 1830 la France n'avait aucune politique algérienne définie. Ses gouvernements successifs se laissèrent entraîner dans un engrenage de décisions partielles, dont l'enchaînement créa une somme des faits accomplis difficillement réversibles.
Cependant, la présence française n'aurait pu se maintenir si longtemps en Algérie sans donner un minimum de cohérence à son action. On peut donc juger vraisemblable l'élaboration d'une quasi-politique algérienne de la France. Il convient d'en montrer la logique, en analysant les décisions fondamentales qui l'ont constituée : celle de conquérir militairement toute l'Algérie, de l'annexer politiquement et juridiquement au territoire français, et d'en faire effectivement un prolongement de la métropole par une colonisation de peuplement européen, et par une «politique indigène» tendant vers l'assimilation progressive des vaincus.
Mais il convient aussi d'en montrer l'inadaptation croissante à l'évolution imprévue des réalités algériennes, qui devint flagrante à la fin de la IIIe République. Et plus encore pendant la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle, en février 1943, le Manifeste du Peuple algérien présenté par Ferhat Abbas et la plupart des élus indigènes condamna la politique française de colonisation et de pseudo-assimilation.
C'est alors que pour la première fois un gouvernement français, le CFLN, siégeant à Alger de 1943 à 1944, décida de réviser la politique algérienne de la France pour prendre de vitesse le nationalisme algérien en plein essor. En décembre 1943, il chargea une commission d'élaborer un ensemble cohérent de mesures politiques, économiques et sociales, tendant à réaliser en vingt ans l'assimilation totale de l'Algérie à la France. Les propositions de cette commission devaient être soumises pour décision au CFLN et à son successeur le GPRF, puis ratifiées par la future Assemblée nationale constituante de la France libérée.
Cette politique de réformes, lorsqu'elle n'est pas totalement oubliée, est le plus souvent identifiée à l'ordonnance du 7 mars 1944, qui avait tenté de satisfaire toutes les revendications de droits politiques soutenues par les musulmans algériens dans les dernières années de la IIIe République, afin de détourner les élites et les masses du Manifeste. Mais l'on a oublié que cette politique se voulait beaucoup plus large." (p.12-13)
Guy Pervillé
le général Catroux, commissaire d'État
chargé des affaires musulmanes