28 janvier 2012
"Les Pieds-noirs, cinquante ans après", selon FR 3
"Les Pieds-noirs, cinquante ans après"
René MAYER
Je vous avais signalé une émission sur "Les Pieds-noirs, cinquante ans après" qui devait passer sur FR3 mercredi 25 janvier à 23 heures. Seuls les téléspectateurs de la région PACA ont pu la voir sur leurs écrans de télévision. Mais mon neveu Alain Mayer en a trouvé le lien et a bien voulu me le communiquer. Pendant quelques jours, vous pourrez donc, si vous le souhaitez, visionner cette émission sur Internet. Voici ce lien:
Cette émission comporte quelques témoignages émouvants de ceux qu'on nomme ici "les Rapatriés" (une manière de nier leur problème) ou "les Pieds noirs" (une manière de prendre ses distances avec eux).
Mais FR3 qui, comme toute la télévision d'État, est fortement orientée et par conséquent très anti "Pied-noir", n'a pu s'empêcher de faire aussi appel :-1) comme journaliste, à Pierre DAUM, journaliste à Libération. P. Daum est l'auteur d'une "enquête" parue l'été dernier dans "Le Monde", enquête dans laquelle il prétendait, sur deux pleines pages, que les Pieds-noirs auraient parfaitement pu rester chez eux en Algérie. Personne ne les avait chassés etc... Autrement dit, il fallait comprendre que : "s'ils ont dû tout abandonner, ce fut par racisme anti-arabe".
Tous les MAYER de Penthièvre (département de Bône, en Algérie) apprécieront. Eux qui ont été directement atteints par l'assassinat, le 19 mars 1962, jour du prétendu "cessez-le-feu", de notre cousin Henri Vernède et de son gendre, et qui, quelques jours plus tard, ont reçu la visite d'un détachement armé de l'ALN venu leur dire : "Maintenant, il faut partir".
- 2) comme témoin, FR3 a fait appel au président d'une association de "pieds-noirs", une seule, mais que personne ne connaît - en tout cas, pas moi dont vous savez combien je suis pourtant investi dans le milieu "pied-noir". Cette association s'intitule clairement : "l'Association Nationale des Pieds Noirs progressistes et leurs amis" (ANPNPA). Cette association doit être assez confidentielle puisque je n'en connais pas un seul membre. Mais RF3 a du estimer qu'elle est représentative du petit peuple qui était le sujet de son émission.
les "Pieds-rouges"
- 3) Toujours fidèle à la même orientation, FR3 a consacré le dernier tiers de son émission aux "Pieds-rouges". Les Algériens ont désigné ainsi des Métropolitains sympathisants communistes ou gauchistes qui, tandis que les Harkis et les "Pieds-noirs" prenaient le bateau ou l'avion pour échapper aux massacres et aux enlèvements, empruntaient ces mêmes moyens de transport en sens inverse pour "venir en aide" (ou pour noyauter ?) le nouveau gouvernement FLN.
Tel, par exemple, qu'Hervé Bourges qui, conseiller technique au cabinet d'Edmond Michelet, ministre de la Justice - poste où il put prendre contact avec Ben Bella, qui était alors emprisonné en France - entra au cabinet de ce dernier quand il devint, à l'automne 1962, président de la nouvelle République algérienne. Hervé Bourges prit alors la nationalité algérienne.
Ce que l'émission de FR3 n'a pas dit, c'est que, trois ans plus tard, en 1965, Hervé Bourges et quelques uns de ses collègues "pieds-rouges" furent emprisonnés par le président Boumedienne quand celui-ci succéda, par un nouveau coup d'État, à Ahmed Ben Bella.
Libéré un peu plus tard sur l'intervention plus ou moins pressante de Paris, Hervé Bourges devint ensuite :
- 1970 : directeur de l'École supérieure de journalisme de Yaoundé (Cameroun),
- 1976 : directeur, puis président de l'École supérieure de journalisme de Lille,
- 1981 : directeur général de Radio France Internationale (RFI),
- 1983 : président de TF1 (jusqu'à sa privatisation en 1987),
- 1988 : président de Canal + Horizons,
- 1989 : directeur général de RMC, président de la Sofirad et de Radio Nostalgie,
- 1990 : président de A2/FR3, jusqu'en septembre 1992 où Antenne 2 et FR3 sont devenues France 2 et France 3, formant ainsi le Groupe France Télévision.
- 1995 : président du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (le CSA)
- En novembre 2011, Hervé Bourges a été élevé au grade de commandeur de la Légion d'honneur par le ministre Frédéric Mitterrand.
Au vu d'un tel curriculum vitae, on peut imaginer quels ont été, dans les différentes et importantes fonctions qu'il a occupées, les critères de sélection qu'a adoptés Hervé Bourges pour s'entourer. Il a certainement pu, tout à loisir et pendant une quarantaine d'années, façonner à son idée des secteurs entiers du milieu médiatique français - ce quatrième pouvoir, si crucial en démocratie !
On peut aussi comprendre pourquoi la période d'Histoire contemporaine durant laquelle Hervé Bourges, payant de sa personne, intervint si activement, n'est traitée par la télévision française qu'avec une objectivité... extrêmement prudente.
René Mayer
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