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études-coloniales
17 novembre 2011

images de la guerre d'Algérie

Bled journal 

 

Retour en images sur la guerre d’Algérie

général Maurice FAIVRE

Une étude en partenariat a été engagée en 2010-2011 entre l’ECPAD et le Département Médiation de l’Université Paris III Sorbonne-Nouvelle (Censier).
Les étudiants en Licence sur la production culturelleont eu accès aux archives audiovisuelles de l’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense, qui détient sur la guerre d’Algérie 145.000 clichés dans trois recueils : SCA  Algérie, Journal Bled et collection Flament.

Après avoir étudié l’histoire  des archives audiovisuelles, les étudiants ont effectué un parcours en images dont ils ont fait une approche historique et esthétique autour de trois thématiques : - de Gaulle homme médiatique – la pacification en Algérie, réalité complexe – l’engagement des harkis.

Le résultat de cette recherche a été présenté le 12 novembre 2011 à Ivry sous la forme d’une exposition de photos et d’une projection de films accompagnée d’un exposé historique  de Benjamin Stora, suivi d’un débat avec les spectateurs.

affiche_entiere1

Les films et les rush présentés sur de Gaulle, homme médiatique et rassembleur du peuple, ont été centrés sur ses déclarations politiques et sur ses voyages en Algérie. Les fraternisations de mai 1958 ont été en particulier mises en valeur de façon impressionnante.

Les films sur la pacification ont bien montré le rôle social de l’armée, le coté humanitaire de la pacification. L’aspect guerrier n’a été montré que sous forme d’arrestations de suspects et de cadavres exposés, sans combat réellement filmé.

Les films sur les harkis ont souligné l’engagement volontaire de ceux-ci, qui n’étaient ni des traîtres ni des collaborateurs, mais des citoyens attachés à la défense de leurs villages contre le terrorisme du FLN.

 186
Benjamin Stora

 

Critique de l'exposé de Benjamin Stora

L’exposé de Stora, brillant, portait sur la personnalité et la politique du général de Gaulle, homme providentiel qui donne le droit de vote aux musulmans et séduit une population avide de paix, ce qui expliquerait les fraternisations de mai 1958.

En 1959 il se rend compte que la solution militaire n’est pas viable et il observe que l’opinion française souhaite la fin du conflit. En 1960-61, il est confronté à l’évolution de l’opinion internationale, qui conduit nécessairement à l’indépendance, solution qui en revanche déchire les partisans militaires et civils de l’Algérie française.

Cette interprétation est habile, mais ne rend pas compte de la réalité historique. Les raisons invoquées ont amené la chef de l’État à changer trois fois de politique :

- en 1958, il est pour l’intégration, tous les Algériens sont des Français à part entière

- en 1959 de Gaulle prône l’association ; c’est d’ailleurs la solution des cadres militaires qui selon le général Ely, sont seuls à avoir le contact avec la population. C’était déjà la solution de la loi-cadre de Robert Lacoste, et le plan Challe comportait aussi un volet politique, à savoir l’auto-défense active des Quartiers de pacification, et la Fédération amicale des Unités territoriales et des autodéfenses, qui allaient dans le même sens.

- le  4 novembre 1960, de Gaulle annonce la République algérienne… qui existera un jour ; il ne reste plus qu’à lui abandonner le Sahara. Cela explique, sans les justifier, la révolte de certains militaires et la naissance de l’OAS. L’aboutissement de la guerre de libération des Algériens sera en fait la dictature militaire du colonel Boumédiene (voir l’histoire interne du FLN de Gilbert Meynier).

- un autre non-dit, c’est que la fraternisation a été proposée aux habitants de la casbah par les capitaines Léger et Sirvent le 16 mai, douze jours avant que le général de Gaulle n’accepte de former le gouvernement. Il n’est donc pas le promoteur de la fraternisation. Bien plus, il a cassé les Comités de Salut public qui, sous l’égide des militaires, poursuivaient la réconciliation des communautés.

-  dernière erreur, le président de Gaulle n’a pas donné aux Algériens un droit de vote qui existait depuis 1863, mais de façon inégalitaire ; c’est Robert Lacoste qui a institué le collège unique en novembre  1957.

 

limites informatives des images

Ce retour en images sur la guerre d’Algérie  pose deux séries de questions :

  1. Les photos et les films peuvent illustrer une situation particulière. Les manifestations de foule par exemple sont très parlantes. Mais les films ne montrent pas toute la réalité ; le combat en particulier ne peut être présenté que par des fictions (voir les films américains du Vietnam) ; les questions politiques, sociales, juridiques, morales, appellent l’analyse des journalistes et des historiens.

  2. Certains spectateurs ont souligné la partialité des images prises par des cinéastes militaires, et surtout des commentaires qui les accompagnaient. Il est vrai que l’action psychologique par tracts et haut-parleur ne suscitait pas l’adhésion du public, alors qu’elle se contentait de commenter le programme du gouvernement de l’époque.

D’autres moyens plus concrets étaient nécessaires pour gagner le cœur et l’esprit des auditeurs ; cela aussi était montré par les SAS, les médecins de l’AMG, les soldats instituteurs, les moniteurs sportifs et les foyers féminins.

On a pu noter que les spectateurs qui accusaient l’armée de faire de la propagande développaient de leur côté une contre-propagande favorable aux ennemis de la France.

Cette remarque relativise les accusations de partialité.

Maurice Faivre
historien militaire

 

 ga-13mai58-01
Alger, 13 mai 1958

 

- retour à l'accueil

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Commentaires
A
Le vrai débat, c'est ce que l'on fait par l'écriture ou par la parole en vue d'un rapprochement entre nous, c'est à dire entre les anciens de l'ALN et les anciens soldats de la guerre d'Algérie. Je le fais souvent avec la 4 ACG; nous organisons des rencontres en France et même en Algérie avec des anciens de l'ALN. Vous imaginez des anciens des deux côtés qui se retrouvent, se serrent la main, font des échanges de paroles amicales et essayent de regarder vers l'avenir. Nous avons organisé des conférences dans des lycées en France sur la guerre d'Algérie avec pour thème: "regard croisé sur la guerre d'Algérie", comme au lycée Jean Monnet à Montpellier, celui de Vaul En Vlain, Jean Moulin à Lyon..... Nous tissons ensemble les liens d'amitié et faisons des échanges aussi. Et ce n'est pas avec des écrits incendiaires que l'on peut envisager l'avenir entre nous. Ensuite, j'ai participé à la réalisation d'un DVD à l'ECPAD sur la guerre d'Algérie, en même temps que Jean Pierre Chevenement, Robert Badinter etc.. C'est par des actes courageux et objectifs que l'on oeuvre pour une amitié retrouvée entre Algériens et Français. Je vous conseille de consulter le site de la 4 ACG et vous aurez alors une idée sur ce qui se fait depuis quatre ans entre d'anciens appelés et nous mêmes.
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M
Il convient d’apprécier à sa juste valeur le commentaire de M. Djoudi ATTOUMI, car il permet, par ce biais, d’aborder l’Historiographie, c’est-à-dire la manière de faire l’Histoire, celle de l’Algérie en particulier. On peut critiquer ce qu’écrivent les autres, comme le fait certain auteur patenté de la revue. Ce n’est pas illégitime si c’est fait avec mesure. En effet, nous sommes tous critiquables car personne n’est parfait. Mais une surdose de critique n’est pas constructive. Ce ne peut être souvent qu’une question de forme : asséner d’autres vérités prétendues, en lieu et place de poser un débat d’idées, n’est-ce pas employer les moyens que l’on critique chez l’autre ? Mais il est vrai que si « la critique est aisée, l’art est difficile » et mieux vaudrait, me semble-t-il, en employant son énergie à produire soi-même de bons textes, regarder ce que ceux des autres apportent à l’Histoire car c’est cela qui la fait progresser. Dire que le droit de vote des Algériens existait depuis 1863 est un déni d’histoire et de justice.
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A
Je lis souvent vos articles fort intéressants d'études coloniales. L'Histoire coloniale française apporte des vérités. Mais je ne suis pas du tout d'accord avec le général Favre sur sa façon de commenter certains évènements survenus lors de la guerre d'Algérie. Je suis moi-même un ancien officier de l'ALN qui a combattu de 1956 à 1962 en Wilaya III aux côtés du colonel Amirouche, puis du colonel Akli Md Oulhadj. Je vis sereinement chez moi dans mon pays, fier d'avoir combattu pour la bonne cause qui a d'ailleurs triomphé. Je recommande au général Favre de lire mes ouvrages sur la guerre de libération pour prendre connaissance du vrai visage de la guerre d'Algérie du côté des maquis. J'ai publié 5 ouvrages et bientôt un 6ème qui sera édité à Paris. Cordialement
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