rétablir les vérités historiques
passé colonial français :
rétablir les vérités historiques
Daniel LEFEUVRE
Le samedi 11 octobre, 15 h, au logis de la Chabotterie, à Saint-Sulpice-le-Verdon, (Vendée) s'est tenue une conférence organisée par le Cercle algérianiste des Pays de Loire, en présence de Daniel Lefeuvre, professeur d'histoire contemporaine à l'université de Paris VIII.
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interview
- Quelles accusations certains historiens portent-ils sur le passé colonial français ?
Daniel Lefeuvre - L'accusation est triple. La conquête coloniale a d'abord été une oeuvre d'extermination. La colonisation a ensuite été une oeuvre de pillage des richesses. Enfin, les colons ont profité de ces richesses en exploitant les colonisés.
- La France a-t-elle pillé et profité de la richesse des colonies ?
La métropole a été plus utile aux colonies que l'inverse, surtout pendant la crise économique de 1929. Les produits algériens coûtaient 12% plus cher que les mêmes produits issus du marché mondial. Certes, l'Algérie a été le meilleur client de la France, mais c'était un client bien particulier qui achetait les produits français avec l'argent de son fournisseur... qui n'était autre que la France.
- Les soldats coloniaux étaient-ils de la chair à canon ?
Bien sûr que non. Contrairement à ce qu'a essayé de faire croire le film Indigènes de Rachid Bouchereb sorti en 2006, les soldats coloniaux n'ont pas été envoyés en première ligne pour épargner la vie des soldats français. En tant qu'historien économiste, je m'appuie essentiellement sur les chiffres. Pendant la Première Guerre mondiale, la mortalité des soldats métropolitains s'est élevée à 16% contre 15% pour les soldats musulmans algériens et 15% pour les Français d'Algérie. Et ce sont les Français d'Algérie qu'ont le plus souffert de la Seconde Guerre mondiale. Cela n'enlève rien à l'horreur de ces deux guerres.
- Pourquoi vouloir à tout prix se repentir de l'oeuvre coloniale française ?
L'enjeu est avant tout politique. Des mouvements cherchent à stigmatiser la colonisation pour mieux faire entendre leurs revendications. Pour eux, la colonisation est le péché originel de la République, une tare qui a violé nos principes institutionnels et a conduit aux nombreux actes racistes du vingtième siècle. C'est aussi un problème de méthodologie historique. Certains historiens ne font pas la différence entre le discours d'intention et la pratique. Ils généralisent quelques cas particuliers. Beaucoup font de l'anachronisme et jugent le passé par rapport aux critères moraux d'aujourd'hui. D'emblée, leur but est de condamner la colonisation.