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études-coloniales
22 janvier 2008

les aventuriers modernes de Zoé

Diapositive1

 

Questions sur le naufrage «colonial» des aventuriers

modernes de Zoé, ou

la bonne conscience des 4x4

Jean-Pierre Renaud

 

Observons tout d’abord que le choix du nom d’Arche de Zoé était emblématique puisque cette association plaçait son aventure, au choix, sous le signe d’une martyre ou sous celui d’une impératrice byzantine corrompue.
Ce naufrage soulève plusieurs questions que nous allons examiner :

La première est celle du manque de culture générale africaine de ces aventuriers modernes de l’humanitaire et de leur absence complète de morale du respect des mœurs, des coutumes, et des traditions des civilisations africaines. Mépris et ignorance qu’ont renvoyés, en des termes inacceptables, et en miroirTCHAD_ANNIVERSAIRE grossissant, déformant, caricatural, la plupart des avocats en défense de ces aventuriers modernes. Avocats rémunérés par qui ? Je vous le demande.

Deuxième question : quel a été le rôle de l’État au niveau de ses représentants au Tchad et au niveau gouvernemental ? Il est tout à fait surprenant que l’action de cette ONG ait pu se déployer au Tchad sans que les représentants de l’État dans ce pays, civils et militaires, n’aient pas tout fait pour stopper leur action. Le même type de question est à poser aux autorités centrales qui ont donné ou se sont abstenues de donner des instructions d’interdiction d’accorder toute aide à l’ONG en question. Comment imaginer que dans le contexte de crise que connaît cette région, avec les initiatives qu’a prises le gouvernement pour contribuer à son dénouement, il n’ait pas été exactement informé du déroulement de cette grosse opération ?

Troisième question, peut être incidente de la deuxième, s’agit-il toujours, dans le cas d’espèce, du «pré carré» de la Françafrique ? Est-ce que dans cette affaire stupide, l’État n’a pas été conduit à agir, comme il l’a fait trop souvent depuis l’indépendance des colonies, comme si rien n’avait changé ? À N’Djamena, la plupart des avocats de la défense ont illustré cette étrange conception du droit international, arrogante et insolente, comme si notre droit national opulent, peut être trop, était un modèle de vertu dans l’application de la justice et de la lutte contre la corruption politique.

Quatrième question, celle de la liberté d’action dont jouissent à l’étranger, les ONG, sous le statut de la loi d’association 1901. On sait qu’en France, cette loi, véritable «mobilier» de la République, autorise presque n’importe quoi, à partir du moment où les associations ne mettent pas en cause l’ordre public ou n’obtiennent pas le concours de fonds publics. Les initiés savent que les contrôles sont faibles, sinon inexistants.

_ric_Breteau
Éric Breteau, président de l'association l'Arche de Zoé

À l’étranger, cette liberté soulève un problème national, à partir du moment où n’importe quelle ONG, de statut associatif, peut, comme sur le territoire national, prendre n’importe quelle initiative, même si elle met en cause la politique étrangère de la France et son image. Et l’affaire de l’arche de Zoé a parfaitement illustré l’absence complète de règles du jeu de ces associations à l’étranger. Il n’y a pas si longtemps on a vu une petite ONG du Jura mener une bonne action en Afghanistan et obliger l’État à tout faire pour libérer des otages inconscients, pour ne pas dire innocents.

Il appartient donc au Parlement de se saisir de ce dossier et de fixer  le cadre juridique de l’action des ONG à l’étranger : déclaration ou agrément, droit d’opposition aux initiatives avec, en cas d’infraction, l’abandon des intervenants en cause à leurs éventuelles infortunes. Car, il est tout à fait anormal qu’une association envoie ses ressortissants à l’étranger dans n’importe quelles conditions de sécurité, quitte, après, et en cas de problème, à se retourner contre l’État pour un sauve qui peut aux frais du contribuable.

Alors que beaucoup d’ONG françaises mènent des actions utiles à l’étranger, sans donner dans le tout 4X4, il serait dommage que ce genre d’affaire compromette le service humanitaire. Il est donc nécessaire que l’État réagisse.

Peut-être le nom du Noé, salvateur, aurait-il évité le naufrage !

Jean-Pierre Renaud
(1er janvier 2008)

 

Tchad_colonies_fran_aises

 

 

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