Colonialisme : haro sur la repentance (Violaine de Montclos)
"...la gestion coloniale des quartiers..." (!)
revue de presse
Colonialisme : haro sur la repentance
Y a-t-il aujourd'hui, sur le territoire français, des descendants de victimes et des descendants de bourreaux qu'aucune loi républicaine ne pourrait réconcilier ? En échouant à intégrer les populations immigrées d'origine maghrébine, l'ancien peuple colonisateur que nous sommes poursuit-il, sur son sol, l'exploitation raciste dont il s'est rendu coupable par le passé ? Le livre de l'historien Daniel Lefeuvre est une réponse exaspérée à ces questions qui embarrassent notre conscience collective et paralysent le débat sur l'immigration. Il est une riposte musclée et documentée à ceux qu'il nomme les «repentants», ceux qui, à coups de livres, d'articles ou d'interventions télévisées, somment la France de reconnaître un génocide colonial et un racisme quasi endémique.
«Entre leurs mains, l'Histoire endosse une nouvelle mission : [...] elle doit juger plutôt qu'inviter à connaître et à comprendre», écrit Lefeuvre. Il ne s'agit pas, pour ce spécialiste de la colonisation en Algérie, de justifier le passé impérialiste de la France. Mais plutôt d'arracher la question coloniale du terrain glissant de la morale pour la replacer sur celui de l'Histoire. Tordant le cou aux chiffres manipulés, aux anachronismes, aux développements tronqués, le brûlot de Lefeuvre devrait susciter des réactions chez les quelques auteurs cités. Alors que le film «Indigènes» est sur les écrans, la France n'en finit pas de régler des comptes avec son passé.
Violaine de Montclos
Pour en finir avec la repentance coloniale, de Daniel Lefeuvre
(Flammarion, 230 pages, 18 E)
© Le Point 05/10/06 - N°1777 - page 118