Ne cédons pas à l'intimidation (commentaire des Échos)
le commentaire du journal Les Échos
(mardi 26 septembre 2006)
Ne cédons pas à l'intimidation
Non, la conquête coloniale n'est pas la répétition générale du nazisme ! Non, il n'y a eu ni volonté génocidaire ni pillage systématique des colonies ! Non, les travailleurs immigrés n'ont pas été appelés par un patronat français suceur de sang ! Non, les Nord-Africains n'ont pas reconstruit à eux seuls la France !
Quel plaisir de tomber sur un livre décapant, argumenté, offensif, qui ne s'en laisse pas compter par les ci-devant «Indigènes de la République», jeunes Français le plus souvent, dont les parents sont originaires des ex-colonies et qui exigent que les Français de métropole expient pour leur passé colonial. «Pour en finir avec la repentance coloniale», de Daniel Lefeuvre, appartient à cette catégorie de livres à rebrousse-poil de la bien-pensance. Mais ce n'est pas un pamphlet gratuit, c'est un livre d'historien, argumenté, bourré de chiffres, qui s'appuie sur des sources (archives, thèses...).
Pour en finir... démonte les mensonges colportés par les «idiots utiles» des «Indigènes de la République», Olivier Le Cour Grandmaison ou Gilles Manceron entre autres, qui n'ont de cesse de faire des colons les précurseurs des nazis, de Jules Ferry le père spirituel de Goebbels, des «enfumades» des «pré-Oradour», des colonnes mobiles de Bugeaud la matrice de la division Das Reich... Les «Indigènes» - Daniel Lefeuvre préfère les appeler, eux et leurs compagnons de route, les «Repentants» - n'ont qu'un but : «prouver» que le colonialisme est un hitlérisme avant l'heure et que la France est consubstantiellement un pays raciste à l'origine de leurs «malheurs». Daniel Lefeuvre a écrit ce livre courageux et d'utilité publique par souci de la vérité. Et civisme, pourrait-on dire. Car il redoute de voir une partie des Français, «bien persuadés qu'ils seront à jamais les indigènes d'une République irrémédiablement marquée du sceau de l'infamie coloniale», rejeter nos institutions et son principe phare, l'égalité en droit des individus. Au bout de ce travail de sape, se dessine une France des «communautés», avec leurs règles et leurs droits propres. Une «France de l'Apartheid», selon Daniel Lefeuvre. À moins que ce ne soit une France de guerre civile.
Emmanuel HECHT
Pour en finir avec la repentance coloniale,
de Daniel Lefeuvre, Flammarion, 30 pages, 18 euros.