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études-coloniales
29 août 2006

Pour en finir avec la repentance coloniale

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Pour en finir avec la repentance coloniale

un livre de Daniel Lefeuvre

 

- 2012 : voir le dossier complet sur le livre et les critiques

- à paraître le 8 septembre 2006 aux éditions Flammarion

 

Daniel Lefeuvre est professeur d'histoire contemporaine à l'université Paris VIII/Saint-Denis. Il a déjà publié Chère Algérie. La France et sa colonie, 1930-1962 (Flammarion, 2005).

 

couv_Daniel_newBonnes pages du livre de Daniel Lefeuvre : Pour en finir avec la repentance coloniale

Or, le passé colonial construit par les Repentants entretient un rapport assez lointain, sinon totalement artificiel, avec la réalité des situations coloniales, telles que plusieurs générations d’historiens, progressivement, les établissent. Plutôt qu’un Livre noir, c’est un Roman noir du colonialisme qu’ils nous livrent. Car, contrairement à ce qu’ils veulent faire croire, leurs histoire n’est pas une histoire de la colonisation, mais un simple florilège de discours tenus sur la colonisation. Dans la plupart des cas, ce qui tient lieu d’argumentation se limite à la reproduction de fragments de textes ou d’images, dont la sélection jamais réellement explicitée, relève de l’arbitraire. On pourrait, et certains ne s’en privent d’ailleurs pas, écrire avec ce procédé, un Livre blanc de la colonisation, diamétralement opposé à celui des Repentants. Rien ne serait plus facile, en effet, que d’aligner autant de citations à la gloire de l’œuvre coloniale de la France, y compris tirées d’auteurs «indigènes», que les textes de condamnation qui font le miel de nos auteurs.

À l’occasion, le Repentant n’hésite pas à donner un coup de canif à sa vertu : lorsque sa démonstration l’exige, il l’appuie sur une citation tronquée, détournée de son sens. Cette méthode n’est pas sans rappeler celle des régimes totalitaires qui effaçaient des photographies officielles les personnalités tombées en disgrâce. Les mauvaises causes appellent toujours de mauvais procédés.

Contrairement à la méthode historique soumise à la «dictature de la chronologie», les citations utilisées sont présentées au mieux dans le cadre d’une chronologie floue, le plus souvent sans ordre chronologique du tout. Cette confusion repose sur l’idée que le temps et  colonial est un ensemble homogène, caractérisé par une continuité sans faille des principes et des pratiques, apparentant la domination coloniale à un système totalitaire. Empruntant une démarche téléologique qui ramène à Bossuet, il s’agit, pour les Repentants de révéler «la nature»  de l’Etat colonial et ses principes - extermination des populations autochtones, domination arbitraire fondée sur une violence sans contrôle, pillage des ressources des colonies et exploitation éhontée des indigènes - pas d’en écrire l’histoire.

Peu importe, d’ailleurs, que les propos mentionnés manifestent les opinions, les désirs, ou les rêves de leurs auteurs plutôt qu’ils ne témoignent des réalités, peu importe leur impact effectif  sur les événements. Les représentations sont substituées au réel, sont confondues avec lui, les mots deviennent la seule réalité. Or, les historiens le savent, s’en tenir aux textes n’éclaire en rien les politiques réelles mises en œuvre dans les territoires colonisés : «la pratique de l’histoire dans ce qu’elle possède d’aspects irréductiblement pragmatiques, ne permet pas de penser que l’histoire des idées puisse rendre compte de la totalité du cours des choses et oblige à comprendre comment les idéologies et les mentalités sont mises en œuvre par les individus et les groupes, au fil des engagements politiques et sociaux» (Jean-Clément Martin). Il ne suffit pas, on le sait bien, qu’une loi soit votée pour qu’elle soit appliquée et appliquée dans l’esprit du législateur. Il revient justement à l’historien de lever le voile, d’aller regarder, au-delà des mots, les réalités. 

Cette détestation du passé colonial de la France – à moins qu’il ne s’agisse tout simplement d’une détestation de la France elle-même - conduit nos Repentants à juger les hommes du passé à l’aune des critères moraux, voire judiciaires, actuels. Colbert, Gambetta et Jules Ferry, Bugeaud, Gallieni et Lyautey, bien d’autres encore, relèveraient ainsi d’un nouveau Nuremberg. On sombre là dans «le sacrilège de l’anachronisme», ce péché mortel des historiens, dénoncé naguère par Lucien Febvre.

Daniel Lefeuvre

 

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Pour en finir avec la repentance coloniale, Daniel Lefeuvre
Flammarion, 230 p, 18 euros.

 


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Chère Algérie. La France et sa colonie, 1930-1962

Daniel Lefeuvre, Flammarion, préface de Jacques Marseille            

            

Plus de deux cent mille morts, côté algérien, près de trente mille morts, côté français : telle fut l'issue sanglante de la guerre d'Algérie. Cette guerre meurtrière, qui a longtemps tu son nom, fut aussi extrêmement coûteuse: elle a représenté 20% du budget de l'État pour la seule année 1959. Fallait-il que les enjeux soient considérables pour que la France manifeste, si longtemps, un tel attachement! Or ce livre démontre qu'il n'en fut rien, mettant à mal, au passage, bien des idées reçues: dès le début des années trente, l'Algérie connaît une crise qui ira s'aggravant jusqu'à son indépendance, et représente un fardeau toujours plus lourd pour la métropole. Les ressources sont insuffisantes pour nourrir une population qui croît très vite, car l'Algérie n'est pas ce pays richement doté par la nature qu'on s'est longtemps plu à imaginer ; la misère s'étend, les Algériens sont, très tôt, contraints de s'expatrier pour nourrir leurs familles - et non parce que la France fait appel à eux pour se reconstruire après 1945. Cette crise, aucune mesure n'a pu la juguler, ni les tentatives pour industrialiser la colonie avant la guerre, ni le plan de Constantine décidé en 1958. Quant à la découverte des hydrocarbures du Sahara, elle fut loin de représenter la manne qui aurait avivé la cupidité de la puissance coloniale... Analysant les relations complexes et changeantes entre les acteurs de la colonisation - État, organismes patronaux, entreprises, citoyens -, Daniel Lefeuvre propose une histoire nuancée et critique de ce pan tragique de notre passé colonial, au risque de heurter les partisans de la commémoration nostalgique comme les tenants d'une «repentance» mal entendue.

En couverture: A. L. Mercier, Algérie, pays de la qualité, affiche. Office algérien d'action économique et touristique, Gouvernement général de l'Algérie, vers 1950 (MHC-BDIC).

ISBN : 2-08-210501-6
EAN : 9782082105019

Date de parution : 06.04.2005
Disponible
Prix : 24,00 €
Format : 16 x 24 cm / 512 pp.

            

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Chère Algérie. La France et sa colonie, 1930-1962, Daniel Lefeuvre
Flammarion, 512 p, 24 euros.

 

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Commentaires
C
Monsieur, <br /> <br /> <br /> <br /> Préparant actuellement le concours d'entrée à l'IEP de Grenoble, je recherche depuis quelques temps des éléments me permettant d'améliorer ma compréhension de ce débat sur la repentance coloniale.<br /> <br /> <br /> <br /> Le dossier qui vous avez construit est de loin la meilleure source d'information que j'ai trouvé. <br /> <br /> <br /> <br /> Je tiens par conséquent à vous remercier de la constitution dudit dossier. <br /> <br /> <br /> <br /> En bref, merci.<br /> <br /> <br /> <br /> Un candidat parmi tant d'autres.
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