À Monsieur le Président de la République française, Jean-Pierre Lledo, le débat avec l'Algérie
À Monsieur le Président de la République française
Jean-Pierre Lledo
À Monsieur Emmanuel Macron
Ayant la nationalité algérienne et française, ayant vécu en Algérie jusqu’en 1993, ayant du fuir vers la France le mal nommé "Séparatisme" islamiste, je me crois assez autorisé pour vous confier ce que j’ai pensé de l’information selon laquelle vous alliez, de concert avec les autorités algériennes, mettre sur pied une instance composée paritairement d’historiens algériens et français et dont le but serait de : "réconcilier les mémoires françaises et algériennes" et ce dans la perspective du prochain anniversaire de 2022 de la fin de la guerre d’Algérie.
Louable, et je dirais même grandiose, dessein qui concerne directement une centaine de millions de gens qui attendent cela depuis soixante ans ! Pourtant permettez–moi Monsieur le Président de vous dire mon extrême pessimisme : on ne peut combler en deux années, un si grand retard dans la recherche historique, et surmonter ce qui relève de la censure d’État.
Je parle en connaissance de cause.
les archives algériennes
Les Archives algériennes, et notamment celles de la guerre d’Algérie, et du FLN, sont toujours hermétiquement fermées, aux chercheurs algériens et étrangers. De ce fait, toute tentative d’une réécriture commune de l’histoire franco-algérienne, aussi noble qu’elle soit dans son projet, restera un vœu pieu, et à l’avance vouée à l’échec, avec toutes les conséquences psychologiques néfastes pour les individus directement traumatisés, et les groupes humains qui ont été victimes.
Seule la VÉRITE peut avoir des vertus thérapeutiques. Seule, elle, peut guérir les MÉMOIRES traumatisées
Or, pour vous donner mon exemple, quand j’ai crû devoir contribuer à cette vérité, en faisant mon film Algérie, histoires à ne pas dire, co-production franco-algérienne, ce film fut aussitôt interdit par les autorités algériennes (Juin 2007), mais aussi combattu dans la presse par des intellectuels algériens.
Interdit et combattu parce que dérogeant au récit national algérien de la guerre d’Algérie. Pourtant tous les témoins de ce film, passifs, ou actifs, étaient algériens, arabes et musulmans, se considérant comme de bons patriotes. Ils avaient donc eu le tort d’évoquer les massacres d’Aout 1955, le terrorisme urbain, l’assassinat du chanteur juif constantinois, Raymond Leyris, et les massacres du 5 Juillet 1962, dont on a déjà officiellement dénombré plus de 700 victimes (grâce a l’historien Jean-Jacques Jordi), violence toutes commises à l’encontre de civils non-musulmans, et à l’initiative des instances dirigeantes du FLN et de l’ALN.
Moi-même j’avais réalisé ce film avec l’idée que nous les jeunes générations algériennes, de diverses origines ethniques, étions capables d’écrire un nouveau chapitre de l’histoire algéro-française qui se distinguerait de l’écriture apologétique de nos pères.
Je me trompai, mon film fut interdit par la Ministre de la culture Khalida Messaoudi, et vilipendé par des intellectuels algériens. Et quand je tentai de leur répondre, la presse algérienne, aux ordres, très vite, censura mes réponses. Censuré et interdit de parole, on me signifiait d’une certaine manière mon exclusion de la citoyenneté algérienne.
Mais si la France, dont j’avais aussi la nationalité, avait programmé ce film dans les chaines de la Télévision nationale, si elle avait protesté par la voix de son Ministre de la culture contre cette censure, je ne doute pas qu’elle aurait déclenché, enfin, le véritable débat que tout le monde attend depuis 60 ans. Or, force est de constater, que sélectionné dans les plus grands Festivals (Toronto, Tribeca, etc….), et loué par la presse cinématographique de France (avec une 3ème de page dans le Monde en Fev 2008), CE FILM Y A AUSSI ETE CENSURE : ni acheté en 2008 (après sa sortie dans toutes les salles de France), ni en 2012, alors que des centaines d’émissions et de films, dans les radios et les TV d’Etat ou privés, furent préparés puis programmés par à l’occasion du cinquantenaire de la fin de la guerre d’Algérie.
conditions d'un réel débat historiografique
De par mon expérience, je me permettrai Monsieur le Président, de vous dire que votre noble dessein ne pourra être couronné de succès qu’aux conditions minima que je vais énumérer :
- BANNIR LA CENSURE en Algérie, comme en France : c’est-à-dire libérer toutes les œuvres qui ont été réalisées sur cette période de la guerre d’Algérie, ou de la colonisation.
- OUVRIR TOUTES LES ARCHIVES, notamment celles de l’Algérie, et du FLN.
- VEILLER AU PLURALISME D’OPINION dans le choix des historiens algériens et français qui feront partie de cette "Commission". Il ne faut pas être naïfs : malgré toutes les précautions, l’histoire n’est pas "objective, et les historiens non plus.
- Évoquer et condamner les violences, oui. Mais DES DEUX CÔTÉS. Rien ne serait plus traumatisant que l’on évoque les violences de la France et que l’on taise celle du FLN.
- CESSER D’ENVISAGER L’HISTOIRE COMME UN EXERCICE DE REPENTANCE. L’histoire ne devrait tendre que vers un seul but : la VÉRITÉ.
Le Président Bouteflika avait bien commencé son règne, lorsqu’en 1999, il déclara que "la colonisation avait introduit la modernité en Algérie…. par effraction. Rien ne serait plus catastrophique, pour les jeunes Algériens comme pour les jeunes Français, de laisser l’IDÉOLOGIE abuser de l’HISTOIRE.
Si l’on veut objectivement apprécier ce que fut la colonisation française, et en faire son bilan, ne faudrait-il pas décrire l’état de ce qui ne s’appelait pas encore l’Algérie, avant la colonisation ? Mieux encore, ne faudrait-il pas, faire le bilan de la colonisation ottomane durant les quaree siècles qui précédèrent l’arrivée de la France ?
Monsieur le Président de la République française, vous détenez une grande part de RESPONSABILITÉ, comme tous les Présidents des pays qui se veulent "démocratique".
Vous pouvez beaucoup de ce fait pour créer, du moins en France, les conditions de liberté et de sérénité, d’un débat sur l’histoire franco-algérienne. Si cet exercice, le seul salutaire, venait pour des considérations bassement politiques, à être remplacé par un exercice de repentance unilatérale, alors vous prépareriez à la France des décennies d’une nouvelle violence qui déjà pointe son nez, sous le ridicule vocable de "décolonialisme" de la part de soi-disant intellectuels qui plutôt que de lutter pour la démocratie dans leur pays, se croit le droit de culpabiliser le peuple ‘’blanc’’ de France.
Avec l’expression de ma haute considération.
Jean-Pierre Lledo
cinéaste
Paris le 17 novembre 2020
lledo47jeanpierre@gmail.com
les mensonges du Canard Enchaîné sur le Rwanda
les mensonges du Canard Enchaîné
sur le Rwanda
à propos de Julie d'Andurain
Sous la main l’article du Canard Enchaîné du 18 novembre 2020, intitulé «Commission impossible sur le Rwada (suite)», signé» par un mystérieux D.F (David Fontaine semble-t-il).
Il fait référence à une notice «L’opération Turquoise» publiée dans le Dictionnaire des opérations extérieures françaises de 1963 à nos jours, Nouveau monde Editions, Ministère des Armées, 2018, p. 270-275. Je me demande si le journaliste a lu le même texte que moi...
En réalité, l’article du Canard Enchaîné est une attaque en règle contre l’historienne Julie d’Andarain (université de Metz) : «cette historienne fana-mili y ravalait et le génocide des Tutsis au rang de massacres et de tueries ; sans compter de multiples erreurs factuelles.»
Et encore : … «d’éminents historiens spécialistes des génocides dénonçant fond de l’article de Julie d’Andurain». Annette Becker a ainsi répliqué à ses collègues le 6 novembre «Vous n’avez pas fait ce que nous enseignons à étudiants de première année : se référer au texte incriminé»
Or, j’ai sous les yeux le texte de la notice signée Julie d’Andurain dont elle dit elle-même qu’elle le réécrirait autrement. MAIS on ne peut dire qu'elle ne mentionne pas le génocide des Tutsis. Le terme figure au moins onze fois dans sa notice.
Michel Renard
un point de vue sur le Rwanda
un point de vue sur le Rwanda
Lu ce jour sous la plume d’un congolais :
Rwanda. L’éloge du sang est un livre passionnant à lire et à relire. En le fermant, plusieurs questions se posent : «Pourquoi cette jeune dame a-t-elle pris tant de risques pour l’écrire ? Pourquoi a-t-elle accepté d’affronter la maladie, la souffrance, la mort, l’instabilité familiale, les menaces proférées à l’endroit de ses filles, le divorce, etc., pour écrire ce qui s’est passé trop loin de son pays ?»
Une première réponse me semble être «la passion pour la vérité» ! L’humain en Judi Rever a parlé plus fort que toute idéologie partisane ou racialiste. Elle a voulu, contre vents et marées, être «la voix des sans-voix». La voie de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants, de ces vieillards soumis au silence et auxquels quelques «monstres» de l’APR/FRP ont voulu arracher la vie et le sens de l’humain. De ces hommes et femmes qui, ayant résisté à rendre « leur conscience vicieuse», ont accepté de partager leurs histoires et leurs mémoires avec »une sœur en humanité ».
Ne pas parler, ne pas donner des conférences, ne pas écrire aurait été une façon de trahir ses frères et sœurs en humanité et de trahir l’humain en elle. Aller jusqu’au bout de ce qu’elle avait entrepris fut son leitmotiv. Son mari, bien qu’en ayant beaucoup souffert, a fini par la pousser dans ce sens.
Au fur et à mesure de ses recherches, de ses rencontres -au risque de sa vie et de celle de sa famille-, Judi Rever a compris que rien ne peut tuer la vérité. La passion pour la vérité l’a boostée.
…/…
Cela étant, en publiant son livre, Judi Rever partage sa passion pour la vérité et sa lutte contre la peur avec ses frères et sœurs du monde, du Rwanda, de l’Ouganda, du Congo-Kinshasa et de toute l’Afrique. Elle apporte sa pierre à l’édification d’une humanité renouvelée au cœur de l’Afrique.
Bababya Lumumba
Génération Lumumba 1961
http://kasaidirect.net/wordpress/?p=14919
au sujet du dernier livre de Raphaëlle Branche
Complice des fellaghas nazislamistes
et la torture
à propos du dernier livre de Raphaëlle Branche, par Manuel Gomez
La radio Rance Culture, dont l’idéologie est bien connue depuis des années, ne pouvait que faire l’éloge d’un récent livre écrit par Raphaëlle Branche, née en 1972 à Paris, mais "spécialiste des violences en situation coloniale" et dont le titre de gloire est sa thèse sur «L’armée et la torture pendant la guerre d’Algérie. Les soldats, leurs chefs et les violences illégales».
Selon elle : «un silence entoure depuis 60 ans la guerre d’Algérie»… serait-elle sourde à ce point ? Toujours selon elle : «Les «appelés» étaient les petits-fils des combattants de 14/18 ».
Et encore selon elle : «Ce ne sont pas les obus qui ont décimé les «appelés» en Algérie», mais ce qu’ils ont vu ou fait. Ce qui fut enseveli, mais non pas digéré mais ravalé, avec les lois d’amnistie.
Rappelons qu’il y a eu environ 1 200 000 «jeunes appelés» qui ont servi en Algérie et Raphaëlle Branche a obtenu, après avoir expédié 300 questionnaires, les témoignages de 39 familles et sur ces 39 familles interrogées, 14 ont fournis des documents. Je peux comprendre que ces 39 «petits-fils »des combattants de 14/18, dont elle a recueilli les témoignages, « soient revenus abîmés par leur expérience de la mort, de la torture et de la violence » - quid du terrorisme barbare des fellaghas islamistes ?- .
Mais Raphaëlle Branche n’a pas «construit» son livre qu’avec les seuls témoignages (heureusement !) mais elle s’est référée à ces chercheurs et chercheuses» qui se sont attaqués également à la puissance du déni qui a opéré pendant plusieurs décennies ». Par exemple : Benjamin Stora, Claire Mauss-Copeaux (également spécialiste de la torture !), Florence Dosse et surtout, mais surtout, Bernard W. Sigg, ce psychiatre, militant marxiste, déserteur de l’armée française en 1961.
Il aurait, selon lui, «pris le large» et déserté en 1961 quelques jours avant d’être affecté à un poste de médecin «car il avait compris, avant même d’y aller, que sa tâche aurait été de maintenir en vie, après des séances de tortures, des combattants de l’indépendance, nos ennemis mais pas les siens». En revanche, il n’a pas manqué de donner la parole aux appelés organisés et aux déserteurs militants qui risquaient la prison (et qui auraient été fusillés lors des deux premières guerres !).
L’un de ces 39 raconte le souvenir obsédant « d’un ruisseau devenu rouge (rouge du sang de qui ? de soldats français ? de Harkis ? de civils français ? de terroristes islamistes fellaghas ?). Certains lui ont dit «leur honte», certainement ce fils qui a envoyé une carte à ses parents, leur écrivant : «qu’avec son groupe ils avaient «étrillé» un village arabe et «pris toutes les femmes» mais que «sinon, ça va».
Qui pensez-vous convaincre, Raphaëlle Branche ? Vos amis (es), vos lecteurs habituels le sont depuis longtemps, ils partagent votre idéologie .Contrairement à vous « la société française, dans sa majorité, n’est pas sourde, et si elle est traumatisée, ce n’est certes pas par ce que vous écrivez et ce que vous déclarez, vous et les vôtres, les Stora, Moss-Copeaux, Dosse, et les autres, qui avez pris la suite des Sartre, Franz Fanon, Einaudi, Alleg et compagnie, mais parce qu’elle subit, aujourd’hui, les traumatismes que vous avez défendus.
Manuel Gomez, novembre 2020
le général Maurice Faivre est mort
la mort du général Maurice Faivre
Chers Amis,
Une très triste nouvelle Le général Maurice Faivre n'est plus. Sa vie peut se résumer en trois mots : Français, Soldat, Chrétien. Français il aimait sa Patrie de tout cœur. Encore adolescent, engagé dans le scoutisme, il fut aux côtés de son père dans la Résistance.
Soldat, il combattit pour la liberté en Algérie contre le terrorisme islamiste et ensuite face au totalitarisme soviétique au sein de nos Services de Renseignements. Il s'efforça aussi de sauver ses harkis et de faciliter leur venue en France. Il fut indéfectiblement fidèle à l'honneur militaire qui commande de ne pas abandonner ses compagnons d'armes à l'ennemi.
Plus tard, historien militaire, il combattit la politique de la Repentance par laquelle certains cherchent à culpabiliser le peuple de France et à abaisser notre pays. Chrétien, il puisait en sa foi catholique l'énergie et la mesure indispensables à l'action.
Ainsi fut-il dans son secteur en Algérie de ceux qui interdisaient la torture, comme d'ailleurs 90% des cadres de notre Armée. Il montra ainsi que, d'une situation complexe, on peut toujours tenter de sortir par le haut. Sans donner de leçons, sans condamner quiconque, sans tapage ou mises en cause spectaculaires, quotidiennement et fermement, il donna l'exemple.
Un grand Monsieur nous a quittés ; il nous manquera beaucoup.
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Merci Jean Pierre de ton hommage à Maurice Faivre. Merci d'évoquer ce rude débat à l'Hôtel de Ville de Paris où des l'entrée dans l'édifice nous étions "pistés et encadrés " comme des présumés agitateurs voulant troubler" la sérénité " du débat ! !
Ce jour là Maurice Faivre calmement, avec le " sang froid" du combattant qu'il était avait distribué à tous les participants un papier qu'il avait rédigé pour d'emblée, poser certaines questions concernant le thème du débat. J'étais admiratif de le voir progresser dans la salle , chaise par chaise, pour poser son document où le remettre en mains propres même devant des réactions les plus hostiles de certains participants qui froissaient ses écrits,les jetaient à terre sans même les lire.
Je crois que ses seuls cheveux blancs ce jour-là l'avaient épargné des violences physiques et insultes que des "invités pacifistes" voulaient lui exprimer.
Oui Maurice Faivre nous aura montré qu'il faut se battre, tenir jusqu'au jour où la vérité des faits, notre objective vérité ne pourra plus être contestée par les mystificateurs, les menteurs patentés, les prétendus historiens des 17 octobre 61 et autres évènements qui les ont nourris avecleurs livres de complaisance ! !
Ce qui avait fait partir B. Stora ce jour là c'était justement de révéler au public toute sa" vraie histoire" à Constantine personnelle et familiale. Il venait de dire plein d'aplomb que sa famille avait quitté cette ville "comme tous les pieds noirs en juin 1962 " ...... alors que la connaissant bien, je savais qu'il était des septembre 1960 inscrit dans un lycée parisien((il n'avait pas 10 ans) et qu'elle l'avait rejoint début 61, comme indiqué dans le compte-rendu.
C'est de l'avoir enfermé dans ses mensonges que nous avons tous mis en doute ses vérités d'historien. On a su par la suite tout son cheminement idéologique au lycée de Saint-Germain-en-Laye où deux professeurs d'origine constantinoise ont été témoins de l'infiltration et de la propagande trotskyste, lambertiste dans ce lycée.
Nous prions pour le repos de l'âme de Maurice Faivre, ce valeureux combattant.
Bien cordialement,
Jean-Paul Spina
mémoire France-Algérie (relais d'un texte de la FMGACMT)
mémoire France-Algérie
une déclaration de la Fondation pour la mémoire de la guerre d'Algérie (FMGACMT)
La France a remis à l’Algérie, le 3 juillet 2020, 24 crânes de combattants d’un passé lointain, celui de la conquête française. Il appartient aux historiens d’éclairer ce passé et rappeler la violence et la cruauté des affrontements ayant opposé tribus installées et forces françaises.
Il faut simplement rappeler que les conditions d’une guerre asymétrique alimentaient un cycle de représailles et contre-représailles où prévalait une sauvagerie largement distribuée dans les deux camps. Ces épisodes ont aussi une signification rétrospective : la France qui se glorifiait à juste titre d’avoir mis fin au système de la prédation esclavagiste installé à Alger, n’était pas acceptée si elle pensait s’installer en nouveau Régent d’une terre lointaine et rétive dont le seul ferment d’homogénéité était la religion musulmane.
La restitution du 3 juillet est bienvenue. Pas seulement pour des raisons historiques mais également humaines et religieuses. On se demande même pourquoi il a fallu attendre si longtemps ! Elle serait encore mieux accueillie si elle ouvrait une période nouvelle dans la clarification mémorielle entre la France et l’Algérie. Il est temps en effet de reprendre le fil d’un vrai dialogue dont les bases doivent être rappelées.
La première est que la mémoire n’est pas une prise de guerre. Elle se nourrit principalement de conflits fondateurs mais ne peut passer le cap de la sélection historique que si elle les met au service d’une construction positive. Ce n’est pas encore le cas avec l’Algérie qui, cinquante-huit ans après son indépendance, vit dans une ambivalence totale avec la France. Une ambivalence qui trouve son reflet de l’autre côté de la Méditerranée.
La relation est un jeu d’ombres dont les seules lumières sont des propos antagonistes violement assénés ou des retrouvailles circonstancielles sans lendemain véritable. Du moins dans la sphère étatique qui a connu plusieurs nouveaux départs aussi décevants qu’ils s‘avéraient prometteurs : 1962, 1978, 1981, 2000, 2003, d’autres encore. Dans cette pénombre chacun veille sur des intérêts précis parfaitement catalogués depuis 1962.
L’économie, l’immigration, quelques coopérations spécifiques qui peuvent varier et parfois même toucher des sujets sensibles. C’est un pacte tacite qui permet l’expression libre de tout le reste. Les avantages en sont évidents en particulier pour l’Algérie, celui du rappel permanent de la légitimité issue de la guerre d’indépendance, ce qui est normal, assorti de la désignation tout aussi permanente d’une France adverse et coupable, ce qui est destructeur.
La seconde est que le dialogue mémoriel entre nations libres ne se développe que dans le respect de l’esprit et de la lettre de leurs souverainetés respectives. Dans la relation mémorielle franco-algérienne, deux éléments sont préoccupants. D’abord la violence du langage algérien incompatible avec une relation apaisée, en tout cas le meilleur moyen d’en retarder l’émergence. D’autre part la gestion algérienne du curseur historique qui au fur et à mesure que les années passent remonte dans le temps.
Le paroxysme de 1954-1962, même celui de 1945-1962 si l’on débute par le 8 mai 1945 à Sétif, se décale peu à peu au profit d’une lecture qui incrimine 132 ans d’histoire et qui tend à ramener l’action de la France dans une veine génocidaire aussi infamante que fausse. Accessoirement à donner à un levier politique unilatéral le confort d’une condamnation morale et l’appui de nouvelles argumentations idéologiques. Dans cet esprit toute construction est condamnée d’avance, toute négociation même, avec un préalable pénitentiel d’une telle envergure.
Reste que la vie continue et que la période qui vient de s’ouvrir offre plusieurs opportunités.
D’abord un calendrier spécifique avec en ligne de mire 2022, date du soixantième anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie. C’est aussi la fin progressive d’un cycle générationnel où les mémoires qui s’estompent n’en deviennent que plus acharnées à conserver intact voire à sublimer un passé douloureux. Ces mémoires doivent être servies par des gestes concrets qui ont l’avantage de réduire l’intensité du conflit en multipliant les occasions d’exercer des choix de simple bon sens et de justice rétrospective. Les sujets ne manquent pas : réparations, essais nucléaires, disparus civils et militaires, archives, statut des personnes, symboles historiques. Un champ étendu et complexe.
Ensuite la mise en place d’une méthode de concertation équilibrée. La encore l’esprit dans lequel s’exercerait un dialogue mémoriel est déterminant. Les conclusions du rapport Stora en préparation apporteront ou non la démonstration d’un regard objectif et d’une procédure adéquate pour progresser. Les pétitions de principe ne suffiront plus face à des demandes reconventionnelles ou des préalables pénalisants. Il faut échapper au piège d’une relation condamnée à une sorte de discrétion obligatoire en raison du blocage mémoriel ou, pire encore, qui ne pourrait s’établir dans sa plénitude qu’après une pénitence française.
Sur ce moment spécifique pèse un enjeu puissant, celui de l’avenir de la relation de la France avec l’Afrique du Nord dans son ensemble, avec d’autres pays du Maghreb concernés au premier chef par cet avenir. La mémoire impacte le présent, notamment dans les jeunes générations issues de l’immigration, notamment sur la toile de fond de l’intégrisme et du terrorisme islamique qui y cherche des arguments supplémentaires pour accomplir sa sinistre besogne.
La Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie des combats du Maroc et de Tunisie conformément à la mission que lui a confié le législateur et fidèle à l’héritage d’Hamlaoui Mekachera garde en permanence la perspective de mémoires apaisées./.
La Fondation pour la Mémoire de la guerre d’Algérie, des combats du Maroc et de Tunisie
Le 26 octobre 2020 - source
un héros du 5 juillet 1962 à Oran : Ramdane BECHOUCHE, par Jean Monneret
un officier de la Force locale et ses soldats, 1962
un héros du 5 juillet 1962 à Oran :
Ramdane BECHOUCHE
par Jean Monneret
Fait inhabituel, j’ai connu Ramdane Bechouche par les archives militaires. Un colonel y signalait l’action positive d’un jeune lieutenant, dans les rues d’Oran en ce funeste 5 juillet 1962. (Dossier 1H 3206 consultable à Vincennes).
À différentes reprises, j’eus l’occasion de citer ce miltaire dans des livres ou des articles. Je citais aussi naturellement son ami, Rabah Khellif qui sauva héroïquement de nombreux pieds-noirs à l’ancienne Préfecture. Or, je constatais que ce dernier était connu de tous, ce qui n’était pas le cas de Ramdane Bechouche. Lequel avait pourtant, lui aussi, sauvé nombre de nos compatriotes. Je rappelais donc ses mérites en toute occasion.
J’eus il y a quelques années une surprise de taille. Un appel téléphonique tout simple me parvint un beau matin : «Je suis Ramdane Bechouche» entendis-je au bout du fil. Depuis, mon interlocuteur et moi sommes devenus d’excellents amis. Il m’a raconté en détail sa journée du 5 juillet 1962 à Oran.
Maître Ramdane Bechouche, aujourd’hui retraité, fut avocat à Paris durant de nombreuses années. En juillet 1962, il vivait une autre vie. Officier dans l’armée française, il fut versé dans une unité de la Force Locale, la 502e UFO (unité de la Force de l'Ordre locale, appelée communément Force localel. On l’envoya à Oran. Il y fut accueilli et installé avec ses hommes au Groupe Scolaire de Médioni par Rabah Khellif lui-même. (Lequel appartenait à la 430e UFO).
Le 5 juillet au matin, Ramdane Bechouche se trouvait avec plusieurs sections de sa compagnie à l’entrecroisement de la rue de Tlemçen et du boulevard de Mascara.
arrêter des voitures pour en libérer des Européens
À maintes reprises, il dut arrêter des voitures pour en libérer des Européens que leurs ravisseurs, souvent des ATO (auxilaires temporaires occasionnels), conduisaient en Ville Nouvelle où un sort peu amène les attendait. Le lieutenant abrita les Européens libérés dans des couloirs d’immeubles et sous des portes-cochères.
Toutefois, en début d’après-midi, un événement l’inquiéta. Une foule de Musulmans surexcités et armés de couteaux et de machettes se dirigeait droit sur lui et ses hommes. Leur intention était de prendre le Boulevard Joffre afin de gagner le Centre-Ville. Un second massacre eût alors succédé à celui du matin.
Ramdane Bechouche se demandait si sa troupe suffirait à contenir le flot qui avançait. Une main se posa alors sur son épaule : des gens du FLN, porteurs de treillis usagés et équipés de fusils et de mitraillettes se placèrent spontanément à ses côtés. Il leur procura un haut-parleur et les invita à se rapprocher de la foule menaçante pour les inciter à retourner en Ville Nouvelle. Faute de quoi, le lieutenant Bechouche n’avait pas caché qu’il ferait ouvrir le feu. La détermination de la Force Locale comme celle des gens qui l’assistaient dissuadèrent les manifestants d’avancer. Ils finirent par rebrousser chemin, ce qui évita très certainement une nouvelle tuerie.
Les pieds-noirs libérés furent protégés jusqu’au bout. Le courage et l’énergie de Ramdane Bechouche avaient permis d’éviter le pire. Rabah Khellif autre héros du 5 juillet n’est plus de ce monde mais Maître Bechouche est toujours parmi nous et il mérite, ô combien, notre reconnaissance.
Jean Monneret
compte rendu de lecture : Jean Monneret, "Dissidence – Dissonance", par Roger Vétillard
Jean Monneret, Dissidence – Dissonance,
Contre la désinformation sur la guerre d'Algérie
compte rendu par Roger Vétillard
Une fois n’est pas coutume, Jean Monneret historien bien connu, nous propose un véritable pamphlet. Certes, l’historien n’est pas loin derrière ses lignes, car le livre ne peut qu’avoir été écrit que par un spécialiste de la guerre d’Algérie. Monneret ne s’embarrasse pas de fioritures, ne dissimule pas son agacement devant des propos erronés, des fautes devant l’histoire ou des interprétations hasardeuses. C’est ainsi que de nombreuse affirmations incertaines de plusieurs historiens bien en cour, sont passées au moulin de la vérité.
Les démonstrations sont convaincantes et répondent fidèlement carnet de route exprimé dès les premières pages : "Durant les années 1990, la recherche historique concernant la guerre d'Algérie fut touchée par un mal insidieux et malheureusement profond. On vit monter au créneau une génération d'historiens jeunes et prétendument ''désinhibés'' mais n'ayant rien connu du conflit et n'ayant surtout qu'une idée très faible des passions et des déchirements qu'il causa. Encensés par les médias auxquels ils facilitèrent l'étrange travail de repentance qui a transformé notre pays et qui se poursuit de façon plus feutrée aujourd'hui, ils acquirent vite le monopole de la parole publique".
correction des historiens «désinhibés»
Ils sont ainsi plusieurs à être «corrigés» par Jean Monneret :
Benjamin Stora, le premier - pour sa préface au livre Ni valise, ni cercueil de Pierre Daum - à qui il reproche également «d’avoir le monopole des interventions télévisées sur le sujet. Aucun échange contradictoire n’est possible avec lui et tous nos présidents récents se sont crus obligés de le consulter». Et puis, Benjamin Stora heurte la sensibilité de Jean Monneret quand il déclare : «Je n’approuve pas la position de Camus sur le refus de la violence anticoloniale. Je crois malheureusement…que, pour les Algériens, il n’y avait pas d’autre issue.», dans la revue Philosophie Magazine n° 06296, page 61.
Raphaëlle Branche, à propos de l'embuscade de Palestro, sujet d’un de ses ouvrages, qui s’est «donc s’efforcé, tout au long du livre, de nous expliquer que ledit évènement se situe en un lieu historiquement particulier et que la violence des indigènes, membres de l’armée rebelle ou simples villageois, auxquels elle attribue, contrairement aux habitudes de l’époque, une nationalité algérienne putative (qu’ils n’avaient pas et dont sont déjà exclus les Européens et, accessoirement, les Juifs locaux) est, en somme, le produit d’une lourde histoire renvoyant à d’autres violences,
Sylvie Thénault à propos de l'OAS et des disparus ("On pouvait s'attendre à une analyse plus approfondie. Elle nous a paru sommaire, parcellaire").
Il s'intéresse ensuite au film Hors-la-loi de Rachid Bouchareb qui n’est qu’une "apologie de la rébellion dirigée par le FLN [...] Sur le plan strictement historique, le film en question est complètement caricatural et forme un tissu d'erreurs affligeantes".
Quelques mots sur Pierre Daum, dont le livre sur les pieds-noirs restés en Algérie, n’est que l’œuvre d’un journaliste engagé qui ignore dans ses développements partisans tous les faits qui le dérangent.
Le dernier chapitre est consacré à "l'affaire Maurice Audin", dont il remet en cause les témoignages en soulignant l'engagement idéologique des soutiens qui mettent finalement en porte-à-faux la parole présidentielle, donc celle de la France.
Au bilan, nous dit-il «Tout ceci n'a d'autre but que d'entretenir une culture de la repentance ... L'Université, que l'on pouvait espérer à l'abri des passions partisanes est largement dominée par l'anticolonialisme de principe... Nous sommes confrontés à une dictature intellectuelle qui ne prend pas la peine de se cacher.
C’est un livre engagé, les rappels à l’ordre sont sévères. L’auteur argumente et base ses démonstrations sur des chiffres, des documents ce que ne font pas toujours ses confrères. Ce livre permet de revenir, avec des arguments parfois décisifs, sur ce qui est souvent présenté comme des lieux communs et des vérités historiques qui seraient consensuels. À lire pour se faire une opinion !
Roger Vétillard
Jean Monneret, Dissidence – Dissonance. Contre la désinformation sur la guerre d'Algérie
Fauves éditions, Paris, 2020, 195 pages, 19 euros. ISBN : 979-10-302-0335-6.
une "apologie de la rébellion dirigée par le FLN
Quelques réflexions sur le terme : extrême-droite, par Jean Monneret
"l'extrême-droite" vue pr l'extrême gauche : un peu n'importe quoi...
Quelques réflexions sur le terme :
extrême-droite
par Jean Monneret
Un terme ou une expression peuvent être utilisés dans leur sens usuel, consacré par une longue histoire et répertorié dans les dictionnaires. Ils peuvent aussi être utilisés de façon artificieuse, fourbe, spécieuse. On est alors en face d’une opération de désinformation. Dans ce cas, un mot ou une expression d’apparence claire cachent, en fait, une réalité floue, obscure, équivoque. Ainsi en va-t-il du terme extrême-droite.
C’est sans doute une des expressions les plus usitées dans la vie politique française. Très péjorative, elle désigne des gens déplorables, indignes de toute considération morale. Ils sont ce qu’il y a de pire dans l’univers politico-médiatique : des êtres dangereux, immoraux, infréquentables. Ils sont les parias de la République, qui s’affirme démocratique, sans pouvoir se passer de boucs-émissaires.
L’utilisation de ce terme agit comme un répulsif. Gare au politicien, à l’écrivain ou au journaliste qui en est affublé. Il sera stigmatisé. Comme les lépreux du Moyen-Age, il devra éviter les contacts. Il n’est pas accidentel que M. Macron ait, un jour, dénoncé la lèpre du populisme (synonyme pour lui d’extrême-droite). Autre métaphore à succès l’extrême-droite est «nauséabonde». Elle tient d’ailleurs des propos conformes. Bref, elle est à fuir. On parlera même de dresser, contre elle, un cordon sanitaire.
Mais une question se pose d’emblée : qu’est-ce au juste que l’extrême-droite ? Là, que de complications ! Questionnez votre entourage. Pas une définition ne correspondra à une autre. Comme disent les Anglais : sous chaque bonnet une opinion différente.
Faut-il s’en étonner ? Non, car, ce que l’on désigne par extrême-droite est une nébuleuse : elle peut désigner des nazillons, des monarchistes, des cathos tradis, des conservateurs, des patriotes, des anti-immigrationnistes, des nostalgiques du gaullisme, des laïques anti-islamistes, des écolos attachés au terroir. La liste n’est pas exhaustive.
Essayons d’y voir clair. Jadis, droite et gauche correspondaient à une position dans l’hémicycle parlementaire. Ultérieurement, l’habitude s’est enracinée de considérer la gauche comme plus soucieuse de justice sociale et la droite comme plus portée au conservatisme. Avec, bien entendu, tout ce que ce clivage a d’irréel et de trompeur. Ajoutons qu’au fil du temps, sont apparues des gauches et des droites.
Or, s’il est admis que la gauche française est ramifiée et scindée en factions ; elle se félicite de sa diversité. Un Jospin a ainsi pu se dire «fier» d’avoir des communistes dans son gouvernement.
Plaignons ce malheureux !
En revanche, la droite officielle dite classique, républicaine ou modérée se veut ramassée et homogène. Elle a très peur d’être contaminée par «l’extrême-droite» Elle s’en méfie, s’en tient éloignée et, pour tout dire, ne recule devant aucune mesure prophylactique pour éviter la contagion.
La droite s’impose de n’être que légèrement teintée de conservatisme. Elle se doit d’être, ô oxymore, «fermement centriste» ou «modérée». Trop de traditionalisme ou de fierté patriotique sont mal vus de cette droite-là, car ils mènent à l’étiquette infâmante : «extrême-droite».
La droite officielle n’est ferme que sur un point : elle est attachée aux valeurs républicaines. Qu’est-ce au juste ? N’essayez pas de savoir : là encore, sous chaque bonnet un avis divergent. Néanmoins, il y a une grande césure : les valeurs républicaines, c’est le Bien emblématique, l’extrême-droite, c’est le mal absolu, l’antithèse même de ce qui est respectable. Cette considération, un peu floue, n’empêcha pas M. Gaudin de Marseille d’appeler à voter, localement, pour un communiste contre un « extrême-droite ».
Plaignons aussi ce malheureux.
Longtemps, le critère de l’appartenance à «l’extrême-droite» fut l’antisémitisme. Celui-ci a bien reculé en France, depuis la seconde guerre mondiale, jusqu’à une époque très récente où il a resurgi, porté cette fois par le djihadisme. Alors, patatras ! Il a fallu redistribuer les cartes, car, lier antisémitisme et djihadisme risquait de stigmatiser la communauté musulmane. Donc, l’on s’est contenté de lier antisémitisme et antisionisme. Le président de la République l’a fait officiellement.
L’extrême-droite a été, de ce fait, rejetée dans les phobies : homophobie, islamophobie, xénophobie, europhobie[1]. En somme, toujours le vocabulaire médical. Mais le racisme est difficile à définir. Certains le distinguent mal de la simple fierté nationale, et tendent à le dénoncer dans toute manifestation d’opposition à la politique (certains diront la non-politique) d’accueil des immigrés légaux ou illégaux. Bref, le critère permettant d’identifier cette déplorable extrême-droite est très flou.
Toutefois, l’accusation de racisme n’est pas toujours brandie à tout va. Souvent, les media dominants qui sont, certes, massivement favorables à l’immigration, se contentent d’euphémismes ou d’allusions. Vous êtes opposé à l’accueil des étrangers, alors vous n’êtes pas «ouvert à l’autre». Vous êtes pour le rétablissement des frontières, alors vous êtes pour une France «frileuse». Attention aux rhumes ! Courez à votre actifed !
Mais l’accusation de relever de l’extrême-droite est bien plus infâmante que ces petites accusations euphémiques pourraient le laisser croire. Quelles que soient vos convictions réelles, seriez-vous un simple écolo, un simple laïque, un simple disciple de De Gaulle, un brave français de base râleur ou une victime d’agression n’ayant jamais fait de mal à personne, vous serez immédiatement assimilé à ce que le sigle extrême-droite couvre de plus ignominieux : le nazisme. Vous serez vu, au moins par ceux qui brandissent le sigle à tout va, comme un national-socialiste. Et alors, ceci marchera, le réflexe pavlovien de méfiance s’installera, car, en France, cette manipulation fonctionne.
Quelques déclarations absurdes, intempestives, de quelques nazillons eux-mêmes manipulés, ou de quelques personnages égarés ou ineptes, parachèveront la manœuvre. Pour reprendre une expression amusante : vous serez «adolphisé».
Dans les milieux de gauche dits «progressistes», le réflexe pavlovien est bien en place. L’extrême-droite a beau être une nébuleuse touffue, trouble, le terme a beau être fumeux, filandreux, vaseux à souhait, ou précisément à cause de cela, il fonctionne. L’expression désigne un empilement de gens n’ayant rien en commun, chacun, justement, croit savoir de quoi l’on parle. On amalgame sans état d’âme. Cette désinformation est loin d’être inefficace. Portée par les media conformistes dominants, elle influence bien des milieux et bien au-delà de la gauche[2]. Surtout en période électorale, ça marche et ça fait marcher. Suivez mon regard.
En résumé, si vous n’êtes ni communiste, ni socialiste, ni républicain modéré, ni conservateur centriste patenté, prenez garde : vous risquez la flétrissure. Vous vous retrouverez lépreux, contagieux, nauséabond et de plus moralement indigne. Car, la morale, il faut s’en persuader est à gauche, et un tout petit peu au centre sans plus. Le reste appartient aux démons.
La désinformation est là. A qui profite-t-elle ?
Jean Monneret
[1] Attention ! L’Europhobie ne désigne pas l’aversion, teintée de racisme de certains envers les gens d’origine européenne. Elle désigne l’hostilité à la construction européenne concoctée par les Delors, Moscovici, Barnier et autres eurocrates.
[2] Voici une anecdote que tous devraient connaître. Avant la 2e Guerre mondiale, aux États-Unis, les cigarettiers désiraient stimuler leurs ventes. Ils se mirent en tête de faire fumer les femmes, lesquelles en ce temps-là, s’en abstenaient massivement. Publicitaires et désinformateurs organisèrent à New York une marche pour l’émancipation féminine. Les manifestantes furent invitées à fumer pour exprimer leur posture de femmes libérées. Ce soir-là, les cigarettes devinrent «les torches de la liberté».
Les newyorkaises marchèrent, les cigarettiers encaissèrent. Beaucoup de femmes ensuite se mirent à fumer. Présenter une dépendance comme une libération, c’est un tour de force. Gare aux manipulateurs !