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études-coloniales
4 juillet 2006

Algérie coloniale - tyrannie des mémoires

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après les déclarations du président algérien Bouteflika sur l'Algérie coloniale, l'historien Claude Liauzu évoque des "affirmations outrancières" dans une interview accordée au NouvelObs.com

 

"Une tyrannie des mémoires"

 

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par Claude Liauzu, historien
et l'un des animateurs
du mouvement pour l'abrogation
de l'article 3 de la loi de février 2005
sur le "rôle positif" de la colonisation

 

 

diapositive12 L'occupation de l'Algérie par la France a-t-elle réellement été "une des formes de colonisation les plus barbares de l'histoire", comme l'affirme le président Bouteflika ?


- Je vous répondrai par une anecdote: il y a quelques années Aït Ahmed, s'exprimant sur une question du même type, avait répondu, en substance: "oui la colonisation française a été épouvantable, mais nous avons largement préféré avoir à faire aux Français plutôt qu'aux Russes".
Bien entendu, la conquête a été épouvantable, une "guerre de ravageurs", comme a pu le dire le général Bugeaud, au cours de laquelle, entre 1830 et 1870, un tiers de la population a disparu en raison des massacres, des famines et de la paupérisation. La France a effectivement tendance à sous-estimer cet aspect et, plus on attend pour dire les choses, plus elles sont dures à dire.
Ce que, malheureusement, Bouteflika ne dit pas, c'est que la colonisation est une réalité également beaucoup plus ambiguë. Elle a bel et bien existé, apportant parfois le pire. Mais elle a également laissé des espaces de liberté, des ouvertures, comme la francophonie
Il faut rendre compte de la complexité du phénomène, tout en n'enlevant rien aux crimes qui ont été commis. L'esclavage et la colonisation sont bien des crimes contre l'humanité. Mais, une fois que l'on a dit cela, les historiens doivent faire leur travail et celui-ci s'apparente en grande partie à des poupées gigognes, les problèmes imbriqués les uns dans autres. Par exemple, le 5 juillet est la date de la fête de l'indépendance, mais c'est également le début du processus de prise du pouvoir par Boumediene.

diapositive12 Pourquoi le chef de l'Etat algérien a-t-il choisi de relancer aujourd'hui cette polémique alors que les relations avec la France semblaient s'apaiser avec l'abrogation de l'article contestée de la loi de février 2005 sur "le rôle positif" de la colonisation ?


- C'est là tout le mystère de cette déclaration! Bouteflika est avant tout un homme politique et je pense qu'il utilise le passé de manière politique afin d'influer sur ses relations avec la France d'aujourd'hui. Mais, pour pouvoir réellement peser les enjeux de ces propos, il faudrait être au courant de ce qu'il se passe dans les arcanes du pouvoir algérien.
Je pense que les propos du président algérien sont dans la même logique que ceux qu'il a tenus il y a peu sur la double nationalité à laquelle il s'oppose. Alors que l'une des conséquences de la colonisation est justement que des milliers de personnes se sentent un peu françaises et un peu algériennes.
Il y a également des enjeux de politique intérieure. Bouteflika s'est lancé dans une surenchère avec les nationalistes au point que, ce qui est assez amusant, même les islamistes l'ont trouvé trop dur sur le sujet. Il y a à Alger un parti anti-français assez fort qui tente de tirer sur le traité d'amitié franco-alégérien et Bouteflika ne veut pas se laissé déborder.
Effectivement, après le retrait de l'article 3 de la loi de février sur le "rôle positif" de la colonisation, il aurait dû y avoir une détente des relations. Mais nous faisons face à des réaction émotionnelles très fortes. Comme pour les pied-noirs en France, nous touchons là quelque chose de très profond, une plaie qui menace de se rouvrir dès qu'on la touche.

diapositive12 Que pourrait faire la France pour apaiser ses relations avec Alger ? Qu'attendent les Algériens de l'Etat français ?


- C'est difficile à dire vu qu'à ce niveau, on pourrait dire qu'il y a plusieurs Algérie. En ce qui concerne Bouteflika, il y a une surenchère inexplicable car il doit très bien savoir qu'un dirigeant français ne peut pas aller trop loin sur le problème de la colonisation, d'autant plus qu'il est actuellement sous pression sur cette question.
Je pense que nous sommes malheureusement entrés dans une logique de guerre des mémoires, je dirais même dans une tyrannie des mémoires, dans laquelle chaque geste provoque une réaction encore plus forte. La loi Taubira a ainsi provoqué une vive réaction chez les rapatriés qui ont exigé une loi sur les pieds-noirs et les harkis, dans laquelle était inséré le fameux article sur le "rôle positif" de la colonisation.
Et vu qu'il n'y a pas de limites à la victimisation, chacun n'a jamais l'impression d'avoir obtenu satisfaction. Cette situation inquiète fortement les historiens. Enormément d'énergie est dépensée dans ces polémiques, au détriment d'autres problèmes à régler comme l'immigration qui, selon moi, est un problème mille fois plus important que les affirmations outrancières de telle ou telle personne.
Les historiens se sont mobilisés et se sont focalisés sur les complaisances néocolonialistes en France, mais il ne faut pas pour autant se laisser enfumer par des propos, ou des silences, officiels. La seule solution est que nous puissions travailler correctement et étudier sereinement ce phénomène complexe qu'est la colonisation.

Propos recueillis par Jérôme Hourdeaux
le lundi 3 juillet 2006

NOUVELOBS.COM | 03.07.06 | 16:40

 

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Il faut rendre compte de la complexité du phénomène,
tout en n'enlevant rien aux crimes qui ont été commis

 

 

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16 mai 2006

La France perd la mémoire (un livre de Jean-Pierre Rioux)

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La France perd la mémoire

un livre de Jean-Pierre Rioux



Jean-Pierre Rioux vient de faire paraître : La France perd la mémoire (Perrin, 2006)

- Quatrième de couverture : 
Notre débâcle intime et collective, celle du souvenir et de l'art de vivre, est en cours. Nous assistons à l'exténuation du vieux rêve qui faisait de la France un héritage et un projet. Tout se passe comme si ce pays était sorti de l'histoire vive pour entrer en mémoire vaine, comme si la rumination avait remplacé l'ambition et qu'on expédie par pertes et profits Austerlitz, la laïcité ou un demi-siècle de paix en Europe. Hier, nous célébrions la nation républicanisée, l'histoire laïcisée et l'intérêt général ; aujourd'hui, nous valorisons les mémoires et les "devoirs" de mémoire, mais nous ne savons plus saisir l'âme de la France. Résultat : ce pays vit à l'heure du n'importe quoi mémoriel.

 

  - Description de l'éditeur :
Titre provocateur ? Peut-être. Mais qui dit bien ce que l'on veut dire dans cet essai : ce pays bousculé, angoissé, coincé entre un présent sans héritage et un avenir sans projet, renonce à toute gestion nationale du passé. Sous des apparences triomphales et dans le flot des commémorations à tout va, la mémoire nationale et collective a été dépecée depuis trente ans par les groupes de pression intéressés, les localismes hagards et les politiques inconséquents, à grand renfort d'idéologies informes qui exaltent à tout hasard les identités comme les différences, les uns comme les autres, sans jamais dire "nous". Bref, les2266097830.08.lzzzzzzz1 Français ne s'aiment plus aussi parce que leur mémoire gîte et sombre. Se souvenir de travers, refuser l'oubli, travestir la mémoire : tout cela contribue à répandre ce fatalisme collectif qui tétanise le pays.
Voilà ce qui apparaît à l'examen de trente années d'effervescence et de déliquescence de notre mémoire française, du succès du Cheval d'orgueil à la non-commémoration d'Austerlitz, de la vogue du maingraphicpatrimoine au refus du Dieu de nos pères et des racines chrétiennes, de l'Europe, de l'affirmation de la Shoah au gâchis du "devoir" de mémoire, du règne des témoins à celui des faussaires et des négateurs, de la classe d'histoire aux studios de la télé-réalité, de la mère Denis à Dieudonné.
Historien, Jean-Pierre Rioux a ouvert au CNRS dans les années 80, avec Gérard Namer, un des premiers séminaires de recherches sur la mémoire collective. Il n'a pas cessé depuis de piocher la question au titre d'une nouvelle histoire plus "culturelle", aujourd'hui en plein essor. Chemin faisant, son inquiétude civique est allée grandissant. Il l'expose ici sans détours, au nom d'un devoir d'intelligence et de vérité qui revient à l'histoire et non à la mémoire.

 

Jean-Pierre Rioux, inspecteur général de l'Éducation nationale, ancien directeur de recherche au CNRS, directeur de la revue d'histoire Vingtième rioux2 Siècle, chroniqueur à La Croix et à Sud-Ouest, est un spécialiste consacré d'histoire politique et culturelle de la France contemporaine. Il a récemment publié Au bonheur la France (prix Guizot de l'Académie française) et Jean Jaurès.

 

* commander : La France perd la mémoire  9782262024536

* l'itinéraire de Jean-Pierre Rioux : Le bonheur de regarder le passé pour comprendre le présent (juin 2004)

 


* rencontre avec Jean-Pierre Rioux à Pau (Pyrénées-Atlantiques)

La France perd la mémoire

Mercredi 17 mai à 19h - HOTEL CONTINENTAL - Entrée libre.imageservlet

2, rue du Maréchal Foch 64000 Pau

Rencontre débat avec Jean-Pierre Rioux présentée par Marc Bélit. Cet ouvrage est une étude sur les difficultés à faire vivre la mémoire collective.

 

 

 

 

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4 mars 2006

Ghettoïsation : un cran d'arrêt (Michel Wieviorka)

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Ghettoïsation : un cran d'arrêt

Le Conseil représentatif des associations noires mérite

les encouragements des démocrates

Michel WIEVIORKA, sociologue

 

Les violences urbaines de novembre ont mis à mal non pas l'idéal républicain, mais les discours incantatoires qui, depuis près d'un quart de siècle, l'ont transformé en «républicanisme». Pour les tenants de cette manière de voir, quiconque s'en écarte, intellectuellement ou pratiquement, est nécessairement un «casseur de la République», un communautariste dangereux s'il s'agit d'un penseur ou d'un chercheur, un délinquant s'il s'agit d'un acteur. Mais l'intégration à la française est en panne : sociale, puisque des pans entiers de la population sont durablement exclus ; institutionnelle, puisque les institutions de la République ne tiennent pas pour tous leur promesse de liberté, d'égalité et de fraternité ; politique, puisque le système des partis n'offre aucune perspective réaliste d'inflexion; et culturelle, puisque divers particularismes viennent contester le monopole de la nation dans sa capacité à absorber ou transcender les identités.

Une dimension cruciale de cette crise tient à la faiblesse des acteurs qui pourraient, de bas en haut, impulser des dynamiques de changement et réenchanter notre vie politique. C'est ainsi que dans les quartiers les plus démunis, le Parti communiste, principal animateur des «banlieues rouges» de l'époque, a décliné et le tissu associatif a dépéri.

Dans ce contexte qui serait encore plus désespérant si des élus locaux n'avaient pas maintenu une certaine présence municipale, ni les projets d'un Parti socialiste inaudible, ni les propositions cosmétiques d'un Premier ministre sans ressources, ni l'agitation médiatique d'un ministre de l'Intérieur au profil de plus en plus bonapartiste n'apportent de quoi mettre fin aux inquiétudes sur l'avenir.

Pourtant ces dernières semaines, un espoir est apparu, avec l'annonce de la création d'une fédération regroupant quelque cinquante associations «noires», le Cran (Conseil représentatif des associations noires). Cette naissance tombe à pic. Elle souligne le caractère réactionnaire jusqu'à l'absurde des parlementaires de droite, qui ne veulent pas revenir sur le texte de loi demandant que les manuels scolaires d'histoire soulignent les mérites de la colonisation. Elle marginalise Dieudonné, dont les dérives antisémites transformaient en haine et en irrationalité la cause des descendants de la traite, de l'esclavage et de la colonisation.
Elle annonce une plus grande capacité de lutte contre le racisme et les discriminations, tant il est vrai que dans l'espace public, ce type de combat est d'autant plus efficace qu'il est porté par ses victimes, qui cessent d'être dominées ou aliénées, de se taire, ou de tout attendre d'autres qu'eux-mêmes – aussi bien intentionnés qu'ils soient, démocrates, humanistes, religieux. Le nouveau mouvement noir n'a rien à voir avec la haine antisémite, est ouvert à la connaissance historique, à la raison, et d'ailleurs, il compte en son sein des historiens professionnels.

S'il parvient à s'installer dans la durée, il devrait apporter la démonstration qu'il est possible en France, sans mettre en cause le moins du monde l'idée républicaine, d'affirmer l'existence d'une identité particulière dans l'espace public, d'agir pour transformer la mémoire en histoire, et de combattre pour faire reculer le racisme. Cela vaut assurément mieux que les propos «républicanistes» qui vouent aux gémonies tout ce qui marque la présence d'une minorité dans ce même espace public. Après tout, si aujourd'hui, notre connaissance du régime de Vichy a pénétré jusqu'aux manuels scolaires, c'est bien parce qu'il y a eu une mobilisation dans laquelle des membres d'un groupe particulier, en l'occurrence juif, ont exercé une pression considérable. On est en droit d'attendre le même type de progrès du nouveau mouvement «noir».

Mais ne nous leurrons pas, des difficultés considérables attendent les nouveaux acteurs «noirs», et pas seulement parce qu'ils s'opposent aux nostalgies réactionnaires de ceux qui ne veulent considérer que des individus libres et égaux en droit, sans ancrage ni rivage particuliers, pas seulement non plus parce qu'ils ferment la voie au discours de la haine, qu'elle soit «antiblanche» ou autre. Les premières tiennent à l'adjectif «noir» qui est ainsi revendiqué. Car cet adjectif ramène les acteurs à leurs seules dimensions biologiques, à la couleur de peau, et donc à un attribut synonyme de violences subies, physiques comme symboliques. Etre «noir», c'est être avant tout victime, être défini par un passé fait de destructions, d'oppression, de domination, de rejet et de mépris. Pour se constituer durablement, tout en évitant de se raidir lui-même dans la violence, le mouvement «noir» devra se doter d'une identité positive, et pas seulement victimaire, il lui faudra montrer sa capacité à se définir par un apport à l'humanité, et à la société dans laquelle il se développe - une culture, des formes artistiques, une littérature, des langues, une mémoire qui ne soit pas seulement «lacrymale», selon le mot de l'historien juif Salo Baron. C'est ce qu'ont bien compris dès les années 70 certains militants de la cause noire aux Etats-Unis, surtout parmi les couches moyennes éduquées, qui, à l'instar de Jessie Jackson, ont commencé à imposer l'usage du qualificatif d'African-American et l'abandon de celui de Black. Car être African-American, c'est mettre en avant divers aspects positifs de l'identité, historiques, culturels, et pas seulement demander reconnaissance d'un passé et d'un présent fait de discriminations et de vexations – ce qui se voit, par exemple, dans la démultiplication des départements d'African-American Studies dans les universités américaines. Un premier enjeu, pour le mouvement naissant en France, sera de trouver les mots lui permettant d'adosser une identité positive, à une identité «négative», détruite, qu'il ne s'agit donc pas de sous-valoriser.

Un deuxième ensemble de difficultés tient à l'hétérogénéité de la population qu'il s'agit pour l'heure de fédérer. Le terme «noir», en effet, pourrait ne pas résister aux différences qui séparent, par exemple, ceux dont l'histoire résulte de la traite négrière et l'esclavage, notamment aux Antilles, de ceux qui ont plutôt été victimes de la colonisation française, en particulier en Afrique subsaharienne. Là encore, l'expérience des Etats-Unis devrait inciter à réfléchir : la distance revendiquée y est grande, par exemple, entre descendants des esclaves, African-Americans, et nouveaux migrants en provenance d'Afrique subsaharienne, et ni les uns, ni les autres ne se confondent avec ceux qui viennent des Caraïbes. La raison, l'acceptation du savoir historique, l'idée d'un combat diversifié, mais contre le même adversaire – le racisme, la négation historique – devront s'imposer à tous malgré des différences importantes, que le mouvement devra apprendre à gérer, et à ne pas laisser se transformer en conflits et en déchirements internes.

Mais dans le climat plutôt déprimant qui est le nôtre, nous devons saluer l'émergence d'un acteur qui devra, certes, surmonter bien des écueils, mais qui mérite les encouragements de tous ceux qui entendent conjuguer l'idée républicaine et la démocratie – et non pas les opposer.

© Libération, 19 décembre 2005

- Dernier ouvrage paru : La Tentation antisémite. Haine des juifs dans la France d'aujourd'hui, Robert Laffont.

 

 

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Pas d'accord...

Michel RENARD

 

Michel Wieviorka défend des thèses que je ne partage pas. Il s'est toujours montré partisan d'une affirmation et d'une visibilité des "identités particulières dans l'espace public". Je ne vois pas en quoi cela permettrait de dépasser les discriminations qui existent ni de dissoudre les "ghettos"... Une communautarisation de l'espace public, même "soft", alimente une dynamique de filières protégées, de clientèles et de ghettos. À propos des discriminations, il faudrait songer à incriminer la formation reçue à l'école qui, sous l'emprise du pédagogisme, a désarmé les enfants des milieux les plus défavorisés et gravement perturbé leurs possibilités d'acquérir de réels savoirs.

La prise en compte plus grande de l'histoire et des origines d'éléments de la population française provenant de l'ancien empire colonial, est évidemment souhaitable. Mais elle ne doit pas être inféodée aux groupes qui déforment la réalité historique et réduisent la période coloniale à un "système" dépersonnalisant, uniquement oppressif et exploiteur, tels que s'y emploient les leaders des "Indigènes de la République".

Michel Wieviorka développe une vision simpliste de la place prise par l'épisode de Vichy (1940-1944) et par la persécution des juifs dans l'histoire de France. Selon lui, elle serait due à une "mobilisation dans laquelle des membres d'un groupe particulier, en l'occurrence juif, ont exercé une pression considérable". Désolé, mais il s'agit d'un point de vue rétrospectivement "communautariste"... La réalité, ce sont bien sûr les initiatives des époux Klarsfeld, de Marcel Ophuls (le film Le chagrin et la pitié), de Claude Lanzmann ou de Bernard-Henry Lévy... qui sont intervenues dans un contexte particulier : affaire Darquier de Pellepoix qui niait les chambres à gaz en 1978. Initiatives dont la valeur en terme de connaissance n'est pas égale d'ailleurs... : le film Shoah survalorise le témoignage sans aucune critique historienne, et le livre de BHL, L'idéologie française, a été sévèrement étrillé par les historiens pour ses amalgames et raccourcis.

Mais la réalité, c'est aussi le travail d'historiens tels que Jean-Pierre Azéma, Serge Klarsfeld, justement, Pascal Ory, Fred Kupferman, Pierre Vidal-Naquet, et bien sûr les Américains Stanley Hoffmann, Robert Paxton (la traduction de la France de Vichy date de 1973) et Herbert Lottman, qui a permis un débat de connaissances sur le passé. Sur ce point, il faut lire l'ouvrage d'Henry Rousso, Le syndrome de Vichy (1987).

La république et la démocratie ne sont pas à opposer, ainsi que le souhaite avec raison Michel Wieviorka. Pour cela, laissons la concurrence des mémoires se développer dans l'espace démocratique (c'est inévitable), mais reconnaissons à l'institution républicaine et à ses composantes (école, université notamment...) le soin d'énoncer des savoirs historiques susceptibles de servir de références rigoureuses et, pour cela, admissibles par tous dans la vie de la nation. La République ne saurait être placée à la remorque de la démocratie dont l'un des inconvénients (mais c'est aussi, pour une part, une garantie des libertés) réside dans le déploiement confus des identités essentialisées et exaltées.

Michel Renard


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