Algérie : en finir avec les délires antisémites !
Lettre du cinéaste Jean-Pierre Lledo au journal algérien LIBERTÉ
Messieurs les Directeur et Rédacteur en chef de Liberté. Je viens de découvrir avec stupéfaction dans votre édition du 17 Mai dernier, un compte rendu du roman Derb Lihoud d’un certain Saïd Kessal, signé par votre collaborateur M. Laradj. Je vous saurai gré de bien vouloir publier mon indignation.
Salutations.
Jean-Pierre Lledo.
En finir avec tous les délires !
Jean-Pierre LLEDO
Messieurs les Directeurs et Rédacteurs en chef de Liberté, vous dirigez un quotidien national au nom prestigieux et vous vous revendiquez démocrates. Comment alors avez-vous pu publier un commentaire aussi complaisant du "roman historique" Derb Lihoud (Quartier juif) d'un certain Saïd Kessal, journaliste par ailleurs à Echourouk, ce quotidien national en langue arabe bien connu pour ses obsessions anti-juives ?
Comment ne vous-êtes vous pas aperçu, qu’il s’agissait d’une simple resucée de deux fantasmes anti-juifs parmi les plus connus : le crime rituel des enfants (avec le sang duquel les Juifs feraient leurs galettes de Pâques), et la domination mondiale par le complot et l’argent, thème central des Protocoles des Sages de Sion ?
Depuis le début de l’ère chrétienne, le premier a servi de prétexte à la persécution des Juifs. Quant au second, l’on sait depuis un siècle qu’il s’agit d’un plagiat d’un ouvrage de Maurice Joly dirigé contre Napoléon III, mais qui fut détourné par la police tsariste vers la fin du XIXe siècle, pour justifier les pogroms massifs de Russie. Les Protocoles racontent donc comment les "Sages de Sion", réunis secrètement, comptent s’y prendre pour dominer le monde !
Liberté devrait aussi savoir que cet ouvrage reste, avec Mein Kampf, un des titres essentiels de l’édition du monde arabe, ce qui a permis à "l’écrivain", d’y puiser la source de son inspiration.
"Sacrifiés sur l’autel du rite talmudique attribué aux sionistes" !!! Liberté ne pourrait-il pas lui expliquer que le Talmud n’est pas un "rite" ? !!! À l'ère du net comment peut-on écrire de pareilles inepties ?
Si l’on veut qu’un jour le monde arabe s’approche des rives de la démocratie, ne revient-il pas aux élites qui au moins s’en réclament, d’en finir avec tous les délires, notamment anti-juifs, générateurs de haine et surtout de crétinerie, sans quoi ses peuples seront maintenus dans une nuit sans fin ?
Espérant à l’avenir votre vigilance, mes salutations.
25 mai 2011
Jean-Pierre Lledo
exposition : l'Afrique du Nord dessinée
L'Afrique du Nord dessinée
du 24 mai au 19 juin 2001 à Versailles
adresse de l'exposition : 12, rue des États-Généraux à Versailles - du mardi au samedi, de 10 h à 19 h - dimanche, de 14 h à 19 h - Tél. 01 39 24 04 25
http://jeunepiednoir.pagesperso-orange.fr/jpn.wst/Expositions.htm#versailles11
Jacques Marseille, historien de l'économie
Hommage à Jacques Marseille
1945-2010
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les erreurs d'une "historienne"
un livre à éviter...
Maurice FAIVRE
Claire Mauss-Copeaux a publié en février 2011 un livre intitulé : Algérie 20 août 1955, Insurrection, Répression, Massacres, éd.Payot, 279 pages.
le 18 mai 2011
enfants assassinés par le FLN à El-Halia en 1955,
dans sa "glorieuse guerre d'indépendance"
déportés algériens en Nouvelle-Calédonie
liste des déportés algériens
en Nouvelle-Calédonie, 1867-1895
Melica OUENNOUGHI
Études Coloniales a publié, dès 2006, un article de Melica Ouennoughi, docteure en histoire et auteure d'un remarquable travail sur la déportation de condamnés maghrébins en Nouvelle-Calédonie, sur la reconstruction identitaire de cette communauté dans l'archipel océanien.
http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2006/10/12/2896840.html
L'importance et l'intérêt de ce travail ont été l'objet d'une attention permanente depuis. D'autant que Melica Ouennougi avait publié les listes généalogiques de déportés (1867-1895), les listes de mariages mixtes ainsi que les listes de concessionnaires à Bourail. Elle est l'inconstestable "découvreur scientifique" de tout ce matériau d'archives mettant à jour une somme considérable d'informations historiques.
De nombreuses demandes nous sont parvenues cherchant à identifier si telle ou telle personne figurait dans ces listes. Nous avons d'abord répondu au cas par cas puis avons renvoyé vers la consultation directe du travail de Melica Ouennoughi et de son ouvrage paru chez L'Harmattan en 2006.
Cette année, en avril, nous avons reçu de la part de l'Institut International d'histoire sociale (IISG) d'Amsterdam, des listes de déportés algériens, avec photos d'archives, provenant d'un registre entré en possession de cet organisme par voie de don ou d'acquisition :
http://www.iisg.nl/collections/new-caledonia/sources-fr.php
Nous l'avons édité sur le blog Études Coloniales :
http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2011/04/09/20854070.html
Ce registre est-il un double de celui que Melica Ouennoughi a trouvé, au prix d'investigations longues et rigoureuses ? Il n'en reste pas moins que l'antériorité scientifique revient à Melica Ouennoughi. Cest pourquoi, nous publions, avec son accord, ses propres listes telles qu'elles figurent dans son ouvrage.
Daniel Lefeuvre, Michel Renard
Établissement généalogique des premières listes des mouvements
de Maghrébins condamnés au bagne calédonien (1867-1895)
recherches de Melica Ouennoughi
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les mêmes documents en capture de format pdf
- le numéro de page figure en haut
Établissement généalogique des premières listes des mouvements
de Maghrébins condamnés au bagne calédonien (1867-1895)
recherches de Melica Ouennoughi
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Remerciements
Mes remerciements s'adressent aux personnes et institutions suivantes :
Monsieur Michel Renard et Monsieur Daniel Lefeuvre, Professeur d'Histoire à l'Université Pais VIII, pour la publication de mes données de recherches sur leur beau site "Etudes coloniales". Je remercie Monsieur Michel Renard, chercheur en histoire sur l'histoire de l'Islam en France, pour avoir publié mes découvertes scientifiques faisant état des investigations historiques dans les archives des armées de Terre et de la Marine durant les années 1998 à 2004, donnant lieu à soutenance de thèse et à publication à la demande du jury de thèse, chez l'éditeur l'Harmattan en décembre 2005, diffusion en janvier 2006.
Je suis tout à fait reconnaissante de ses travaux effectués sur l'histoire de l'Islam en France dont il est un spécialiste au plan de ses découvertes largement reprises par d'autres.
Je remercie en premier lieu Messieurs les professeurs :
- Pierre-Philippe Rey, Directeur de ma thèse de doctorat qui en a avertie les Universités et qui a rédigé la préface de mon ouvrage, sur la visibilité scientifique entre autres, des listes nominatives des déportés politiques et forçats Algériens en majorité et Maghrébins du ralliement des anciens clans et mouvements insurrectionnels (Atlas Marocain, et Sud Tunisien) ;
- ainsi que le professeur et regretté honorable historien, Monsieur Claude Liauzu pour avoir inscrit sur le beau site des "Études Coloniales" à la suite de mes travaux, pour reprendre sa formulation respectable à l'égard de mes travaux : "cette thèse permet désormais "d'intégrer" les déportés et forçats d'Algérie".
Mes remerciements s'adressent à la composante calédonienne d'origine algérienne qui m'a confié cette mission pour leur association de réaliser la fouille d'archives donnant matière à la science mais également à la construction de la stèle commémorative du cimetière de Nessadiou, Sidi Moulay où reposent les déportés Algériens décédés à Bourail.
Ce travail de fouilles d'archives et donnant lieu à un doctorat a reçu une collaboration financière de la part de la Mairie de Bourail, Messieurs Jean-Pierre Aïfa et Guy Moulin tous Calédoniens d'origine Algérienne ont suscité l'intérêt pour ce travail scientifique afin de rendre une visibilité officielle sur la traçabilité historique et l'histoire des déportés en Nouvelle-Calédonie.
Les fonds alloués durant le travail de thèse par la Mairie de Bourail, Monsieur Kader Bouffénèche, ancien Président de l'Association des Arabes et Amis des Arabes de Bourail, m'ont permis d'apporter un travail de concrétisation pour la réalisation de la stèle commémorative, s'ajoutant aux fonds du laboratoire d'anthropologie historique du Maghreb et de l'Afrique de l'Ouest de l'Université Paris VIII qui ont permis d'établir un passerelle de recherche entre la Mairie de Bourail et l'Université Paris VIII pour ce premier travail universitaire de doctorat.
Je remercie Monsieur Pierre-Philippe Rey d'avoir invité Monsieur le Maire, Jean-Pierre Taïeb Aïfa autour d'un déjeuner et lors de la venue du Maire à l'Université. Cette rencontre a permis d'établir des liens entre deux espaces du lien culturel du Maghreb et de la Nouvelle-Calédonie.
Enfin mes remerciements, pour ce travail réalisé en partie en France et en Nouvelle-Calédonie, s'adressent à la compétence des Archives Territoriales de Nouméa (M. B. Deladrière et Mme Picquet) auprès de Monsieur Deladrière j'ai acquis une dérogation pour ces premiers travaux), des Archives Militaires Historiques de Vincennes (M. P. Carré), des Archives Départementales des Charentes Maritimes (M. P.-A. Augié et Mme Chauffier), des Archives d’Aix-en-Provence (Mme E. Durand), des Archives Départementales du Finistère (Mme S. Tesson-Bennett), ainsi que Monsieur Ismet Kurkovitch Directeur des Archives de Nouvelle-Calédonie avec lequel entre 2007 et 2009 je poursuivais mes recherches qui ont permis la visibilité scientifique des états civils des déportés de Kabylie de 1871 et des Aurès 1876 emprisonnés dans les territoires politiques ïle des Pins et Presqu'ile Duclos.
Lors de la conférence au CNRS à l'occasion des recherches en Sciences Humaines et Sociales sur l'Océanie, Colloque LBSH Pacifique, du 10 au 12 mars 2010, ces données ont été apportées et mes remerciements s'adressent au Professeur Monsieur Maurice Godelier pour avoir abordé l'intérêt d'un marqueur culturel berbère de mes découvertes scientifiques de la Tajmâat de Bourail, élément culturel formateur des sociétés berbères et assemblées villageoises de l'ancien Maghreb (XIXe siècle) dont je rappelle des pratiques préservées longtemps dans l'espace kanak et calédonien.
Ces travaux se poursuivent dans la réalisation d'un ouvrage collectif et d'un ouvrage à paraître prochainement.
Je remercie Monsieur Kadri Aïssa, Professeur et Directeur de l’Institut Maghreb Europe de l'Université Paris VIII, pour m'avoir attribué des charges de cours et des séminaires pour la diffusion des mes travaux, afin de permettre aux étudiants de Master, de fournir les outils et les méthodes d'enquêtes appropriés aux longs terrains et les fouilles d'archives menées durant ces dix dernières années.
Mes remerciements à toute l'équipe et à Michel Renard, pour que votre beau site soit toujours aussi attractif, il rend une visibilité scientifique unique interactive en son genre aux besoins des lecteurs du multimédia d'aujourd'hui.
Mélica Ouennoughi
Docteur et enseignante chercheur sur l'Histoire des Algériens et Maghrébins
Université Paris VIII.
1864, 1871-1873,1876-1879,1881-1882,
Premiers répertoires et mouvements du bagne des Maghrébins vers la Nouvelle-Calédonie.
Propriété scientifique : Docteur Mme Ouennoughi Mélica, enseignante chercheur.
OUENNOUGHI, M., KAHN, F. 2005.
Le cimetière du saint patron sidi Moulay de Nessadiou, Bourail.
Les hommes de la déportation algérienne.
"Behind the date palm in New Caledonia", Palms n° 49 (2), 2005.
Travaux intégrés à l’Institut français d'études andines 75, Lima.
le terrorisme algérien (général Faivre)
le terrorisme en Algérie :
les faits historiques
général Maurice FAIVRE
Exposé le 4 mai 2011 à l'Université de Créteil
sommaire
FAITS HISTORIQUES
- Élimination des traîtres et des méchants
- Le terrorisme anti-européen
- L’anarchie de 1962 : deux terrorismes ennemis
- Le massacre des harkis
INTERPRÉTATIONS
- Colonel Trinquier
- Pierre Le Goyet
- Jean Daniel
- Jean-Pierre Lledo
- Mohammed Harbi
- Gilbert Meynier
- Albert Camus
- Gérard Chaliand
RÉPÉTITIONS DE L’HISTOIRE
LES FAITS HISTORIQUES
Élimination des traîtres et des méchants
C'est d'abord contre leurs propres corréligionnaires que les membres de l'organisation spéciale (OS) du PPA, qui donnera naissance au FLN, vont exercer leur action d'épuration. Un de leurs dirigeants, Hocine Aït Ahmed, estime en décembre 1948 que la tentation du terrorisme généralisé doit être rejetée, mais qu'il faut faire disparaître les traîtres et les méchants (1). "On ne s’allie pas aux traîtres, on les abat", confirme Mohammed Harbi.
Cette élimination a commencé à être mise en pratique depuis 1945 et s'est poursuivie de façon discrète jusqu'au déclenchement de la Révolution. Cependant la Révolution du Peuple par le Peuple, proclamée le 1er novembre 1954, était loin de faire l'unanimité parmi la population musulmane, aussi bien dans le bled que dans les villes. L'appel du FLN prévoyait même des résistances : "Se désintéresser de la lutte est un crime. Contrecarrer l'action est une trahison".
"Après la Toussaint de 1954, incapable de provoquer un soulèvement généralisé, écrit Jacques Julliard (Nouvel Observateur du 10 mai 2001), le FLN a eu recours à la terreur et aux atrocités". "Pressé de dénoncer la torture française, on oublie systématiquement l’extraordinaire sauvagerie de l’autre camp", affirme Jean-Claude Guillebaud (Sud-Ouest, 17 juin 2001).
L'indifférence et la passivité du peuple conduisirent l'ALN à lancer un nouvel appel le 1er avril 1955 : "Sortez de votre réserve et de votre silence". Abane Ramdane, principale tête politique du mouvement, proclame alors que la lutte continue et s'efforce de faire d'Alger la principale base de l'ALN. Pour ce faire, il prescrit à quelques groupes armés de nettoyer la ville des indicateurs de police qui se recrutent dans la pègre, des policiers et gardiens de prison trop zélés, des contre-terroristes et des messalistes. Pour mobiliser le peuple, il ordonne que chaque Algérien se prive de fumer, de jouer et de boire, prescription qui se traduit en des centaines de mutilations faciales (atteintes à la dignité).
Dans le Constantinois, la masse des musulmans ne croit pas à la Révolution, estime Zighout Youssef, et c'est pour entraîner les hésitants en provoquant des représailles aveugles qu'il lance l'attaque de 30 localités le 20 août 1955, au cours de laquelle 71 civils européens, 31 militaires et policiers, et 21 musulmans modérés (dont le neveu Allaoua de Ferhat Abbas, opposé à toute violence) seront sauvagement assassinés. Après vérification par R. Vétillard, ces chiffres sont portés à 135 européens, 45 militaires et policiers et 36 musulmans.
Bien qu'il considère ce massacre comme une entreprise de fanatiques, Abane Ramdane le justifie comme une réplique à la répression, et rédige en décembre un tract appelant chaque patriote à abattre son traître. Belkacem Krim adopte la même attitude en Kabylie. "Tout le monde, écrit Mouloud Feraoun dans son journal, a choisi de narguer le Français afin de ne pas mourir en traître". Le nombre des traîtres assassinés monte alors à 150 par mois. C'est le 12 décembre que Yacef Saadi, qui vient de recruter le truand Ali la Pointe, fait jeter deux bombes dans des cinémas arabes.
Au cours de l'été 1955, Amirouche a éliminé les maquis messalistes en Kabylie ; le maquisard Mohamed Benyahia (2)rapporte la vengeance de l'officier de l'ALN H'Mimi Fadel, qui le 21 avril 1956 fait égorger, autour de Feraoun en petite Kabylie, 490 habitants, coupables d'avoir voulu se rallier à la France. En mai 1957, les Kabyles de Melouza massacrent les Arabes de Beni Ilman.
Le FLN installe la terreur dans les villages et les quartiers. L'assassinat de musulmans va connaître en 1956 un point culminant avec une moyenne de 300 par mois, dont 488 en juillet. Dans ces chiffres, il est indéniable qu'il faut retrancher un certain nombre de victimes des "ratonnades" qui ont suivi certains attentats.
De 1955 à 1962, la guerre du FLN contre le MNA se déroule à la fois en Algérie et en métropole. Le bilan en est très lourd : 6.000 musulmans tués en Algérie et 4.000 en métropole.
Le terrorisme anti-européen
Les nationalistes de l'UDMA et du MTLD, avant 1954, considéraient généralement les Européens comme des Algériens, appartenant à une patrie commune. La proclamation du 1er novembre 1954 affirmait le respect de toutes les libertés, sans distinction de races et de confessions. Ce jour-là, il y eut peu de victimes européennes (intituteur Monnerot).
D'autres opinions cependant se faisaient jour. Lamine Debaghine déclarait en novembre 1942 : "Il faut créer un fossé irréversible entre les Européens et nous". En 1946, le slogan "la valise ou le cercueil" fit son apparition dans l'Est algérien, dont l'un des leaders, Ben Tobbal, exigeait le rejet des Européens, à l'exception des Juifs.
Cette tendance populiste l'emporta, à partir d'avril 1955, sous la forme de destructions et de sabotages. En un an, le colonel Schoen décompte 543 fermes, 237 écoles et 60 maisons forestières détruites ou brûlées, 19.128 têtes de bétail abattues, 57.387 arbres fruitiers et 228.865 ceps de vignes arrachés (3). Cinq à sept colons, et autant de militaires, sont enlevés chaque mois et ne sont pas retrouvés.
Dans le Constantinois, ces destructions furent accompagnées en mai d'attentats individuels à Philippeville, Bône et Constantine. Les attentats par explosifs précèdent largement la riposte des contre-terroristes (rue de Thèbes le 10 août 1956). Le 20 août, la tuerie décidée par Zighout Youssef, vise à rejeter à la mer tous les infidèles, avec le secours de Nasser. Ce massacre effraya le Gouverneur Soustelle, qui avait entrepris de négocier. "C'est la guerre, il faut la faire", dit-il.
Bien qu'il eût encouragé le projet de Trêve civile d'Albert Camus en janvier 1956, Abane Ramdane affirma dans un tract de février "sa conviction profonde que tous les Français, à de rares exceptions près, sont peu ou prou des colonialistes". Il annonce alors des représailles terribles sur la population européenne, si le gouvernement fait guillotiner les condamnés à mort. Peu après, le 26 février, 8 Français sont assassinés au col de Sakamody.
Le 3 mai à Ain Beida, trois écoliers sont attirés dans un guet-apens par un de leur camarade d'école ; martyrisés et lapidés, leurs corps seront retrouvés dans un puits deux mois plus tard. Après l'exécution capitale de deux condamnés, le 19 juin, un tract rédigé par Abane Ramdane et Ben M'hidi menace d'abattre cent Français pour chaque maquisard guillotiné. Les groupes armés reçoivent l'ordre de "descendre n'importe quel Européen de 18 à 54 ans. Pas de femmes, pas d'enfants, pas de vieux". La Zone autonome d'Alger (ZAA) perçoit ses premières bombes en juillet, alors que les Combattants de la Liberté du PCA sont intégrés dans l'ALN.
Il faut noter qu'en revanche Messali Hadj se prononce contre tout attentat raciste. Le PPA ne nourrit aucune haine ni arrière-pensée contre les Européens (4).
Le massacre et la mutilation de 21 soldats rappelés, dans les gorges de Palestro, le 18 mai 1956, a fortement choqué l'opinion. Le témoignage du lieutenant Poinsignon (encadré) en rappelle toute l'horreur.
En août 1956, le Congrès de la Soummam reconnaît que la nation algérienne est ouverte aux autres communautés, tout en préconisant l'isolement de l'ennemi colonialiste, et la neutralisation d'une fraction importante de la population européenne.
Mais de retour à Alger, le Comité de coordination et d'exécution (CCE) opte pour la stratégie du pire, et lance une offensive systématique contre les quartiers européens, en réponse aux attentats contre-terroristes. Il s'agit également de frapper l'opinion et de soulager les maquis.
Fin septembre, la ZAA de Yacef Saadi dépose ses premières bombes dans les lieux publics. Le mot d'ordre est "de tuer un Européen, n'importe quel Européen, pourvu que ce soit un Européen". On est rentré dans la logique de la revanche du colonisé, conforme à la thèse raciste de Franz Fanon. Cette série d'attentats ne prendra fin qu'en septembre 1957, faisant en 14 mois, selon le maire Jacques Chevallier, 314 morts et 917 blessés.
L'espoir d'Abane Ramdane, formulé en octobre, d'une insurrection générale contre le colonialisme français, échoue en 1957. Il sera lui-même assassiné par ses pairs, au Maroc, en décembre 1957. Bien que Yacef Saadi, de sa prison, cherche à relancer le terrorisme, la ZAA est éliminée jusqu'en 1961.
Après les manifestations de fraternisation en mai 1958, les statistiques montrent que les attentats, qui ne sont plus que des actes individuels, régressent jusqu'en juin 1961. La trêve, intitulée Interruption des opérations offensives, permet alors au FLN de relever la tête et de reprendre le contrôle des populations. Il en est de même à Oran, où les attentats qui s'étaient développés depuis 1956, avaient disparu en 1958.
Ces statistiques ne signifient pas que toute violence cesse sur le territoire algérien. Une des conséquences de la bataille d'Alger est l'infiltration des wilayas 3 et 4 par les bleus du capitaine Léger, qui conduisent Amirouche à suspecter des centaines de jeunes combattants, de préférence intellectuels, et à les livrer aux supplices de son adjoint Mayouz Ahcene, surnommé Mayouz la torture. Les purges qui s'ensuivent se traduisent par des milliers d'exécutions dans des conditions horribles.
Enfin, la guerre portée en métropole le 27 août 1958 se traduit par l’assassinat de 69 policiers et militaires, et de 150 civils Français.
L’anarchie de 1962 : deux terrorismes ennemis
On sait qu’au début de l’année 1961, des activistes de l’armée et de la population européenne se sont opposés à la politique d’abandon du général de Gaulle. Le putsch des quatre généraux a échoué, mais l’Organisation Armée secrète (OAS) poursuit la résistance et met en oeuvre à son tour un terrorisme pur et dur, qui s’attaque même à l’armée française, et qui est attribué par certains (J.-P. Lledo) à la situation de desperados des victimes de la purification ethnique
Un mois après le cessez-le-feu du 19 mars 1962, on assiste vers le 17 avril à une recrudescence des enlèvements de civils européens, qui monte de 150 à près de 600 par mois. Le FLN, estimant que l’effort de la France contre l’OAS est insuffisant, aurait ordonné d’éliminer les partisans de l’OAS. Cette explication n’est que partiellement exacte. Il est vrai que la majorité de la population française a espéré que la résistance de l’OAS conduirait le gouvernement français à maintenir le statu quo.
Mais à partir du 26 mars, date de la fusillade de la rue d’Isly contre des manifestants pacifiques, les Français de souche se détachent peu à peu de l’OAS. Le FLN poursuit cependant sa guerre, fidèle à son slogan "la valise ou le cercueil", mais pour ne pas porter atteinte aux accords d’Évian, il évite les attentats mortels ; les enlèvements sont ainsi une sorte de terrorisme silencieux. Le colonel Azzedine, responsable de la Zone autonome d’Alger (ZAA), reconnaît que "l’exode massif des Européens est dû aux enlèvements" (Et Alger ne brûla pas, p.217)
Environ un tiers des enlevés sont retrouvés, tous sont torturés dans des prisons clandestines et les deux tiers tués après interrogatoire ; certains sont vidés de leur sang. Cette campagne n'atteint pas les membres de l'OAS au centre des villes, mais elle touche les Français qui, sans distinction d'âge ou de sexe, résident dans les quartiers périphériques où les communautés cohabitent .
La psychose de terreur qui se répand est énorme et à cet égard, le but recherché est atteint. En faisant disparaître des Européens, on intimide la population pied-noire, on la pousse à l'exode. Les témoignages, les archives militaires et privées laissent penser que la population européenne fut indistinctement visée. Tout Européen passant dans les zones contrôlées par le FLN courrait le risque d’être enlevé. Du 17 avril au 1er juillet, le département d’Alger subit 404 enlèvements, celui d’Oran 237, l’ensemble des autres département 213. Selon Jean Monneret, témoin et historien, ce sont les attentats et les enlèvements qui ont facilité la purification ethnique.
Les rivalités internes au FLN produisent dans toute l'Algérie une situation anarchique dans laquelle quatre pouvoirs (le GPRA, le Bureau politique de Ben Bella, les Wilayas et l’Exécutif provisoire) se font concurrence. Cette anarchie facilite tous les excès, ceux des wilayas, ceux des marsiens qui se sont ralliés tardivement, ceux des truands qui profitent du désordre. Le prétexte invoqué est toujours celui de la lutte contre l'OAS, alors que les commandos Delta ont quitté l'Algérie à la fin juin.
Les massacres du 5 juillet 1962 à Oran amplifient le cycle des violences. À onze heures, après des coups de feu dont l’origine n’est pas établie, la foule qui descend des faubourgs enlève des centaines d’Européens. Bien qu’il dispose de 18.000 hommes, le général Katz impose la consigne à la garnison d’Oran, ce qui facilite les disparitions ; l'engagement tardif des gendarmes mobiles ne peut empêcher ces enlèvements. Certains musulmans protègent leurs amis, mais des centaines d’Oranais disparaissent à tout jamais (de 350 à 450).
Les enlèvements se poursuivent en août et septembre et diminuent ensuite. Mais les attentats contre les personnes se sont poursuivis après la prise de pouvoir de Ben Bella le 25 septembre 1962. 295 disparitions sont signalées de janvier à août 1963. Au total, 1823 Français ont été enlevés, dont 175 incertains. 72 corps seulement ont été retrouvés.
Le bilan des pertes met en tête les départements d’Alger et d’Oran, qui sont les plus peuplées d’Européens. Ordre est donné en août à l'armée française d'aller chercher les Français isolés, de les ramener sains et saufs à la côte et de les embarquer (JM. Jeanneney, op.cit., p.164).
Le massacre des harkis (5)
Dès l'été 1961, des directives du FLN font état du sort réservé aux supplétifs engagés dans l'armée française : "Ils seront égorgés... Nous garderons les moins mauvais. Non payés et soumis comme des cochons, ils travailleront à votre place". Contrairement à la promesse verbale, obtenue à Bâle en novembre 1961, selon laquelle il n'y aurait pas de représailles, les chefs des wilayas prescrivent de "se montrer conciliant avec les harkis, afin de ne pas provoquer leur départ en métropole, ce qui leur permettrait d'échapper à la justice de l'Algérie indépendante"(wilaya 2). "Envers les harkis, que le Peuple frappe de son mépris... user de tact et de souplesse afin de les gagner provisoirement. Leur jugement final aura lieu dans l'Algérie indépendante, devant Dieu et devant le Peuple qui sera alors seul responsable de leur sort "(wilaya 5).
C'est à partir de juillet, et jusqu'en novembre, que furent perpétrés des massacres massifs dans des conditions affreuses, rapportées par de nombreux témoins.
Le rapport le plus véridique est celui du sous-préfet d'Akbou, M. Robert, resté en place après l'indépendance. Il observe que jusqu'au 27 juillet 1962, "l'ALN fut d'une correction parfaite, rassurant les harkis et élus... leur disant que le passé était totalement oublié, qu'ils étaient tous frères, que la France était seule responsable de leur action, et que les promesses d'amnistie et les accords d'Évian seraient scrupuleusement respectés... Il était cependant précisé que quitter l'Algérie serait une trahison qui ne pourrait être admise.
La répression va s'abattre soudainement. Une cinquantaine d'ex-supplétifs ou de civils furent tués par l'ALN dans les villages les plus éloignés. Mais surtout 750 personnes furent arrêtées et regroupées dans trois centres d'interrogatoires... Dans ces centres où l'on entendait très loin à la ronde les cris des torturés, près de la moitié des détenus furent exécutés...
Un conseiller général dont le président du comité FLN m'avait dit qu'il avait toute l'estime de la population... a été arrêté le 1er août... puis il fut enterré vivant le 7 août, la tête dépassant et recouverte de miel... Son agonie, le visage mangé par les abeilles et les mouches, dura cinq heures".
Camille Brière, Président d'une Amicale de Rapatriés, a recueilli des témoignages de rescapés, dont il fait un horrible tableau :
"Certains furent crucifiés sur des portes, les yeux crevés, le nez et les oreilles coupés, la langue arrachée, systématiquement émasculés... Quant aux familles, voici ce qui les attendait. Des vieillards et des infirmes étaient égorgés, des femmes violées puis éventrées..."
Bien qu'aucun décompte n'aît pu en être effectué, on estime que le bilan se monte à des dizaines de milliers de supplétifs massacrés au cours de l'été 1962.
INTERPRÉTATIONS HISTORIQUES
L'arme terroriste
Le colonel Roger Trinquier, éminent chef de corps parachutiste et théoricien de la guerre moderne (6), considère que "la guerre révolutionnaire ou subversive dispose de deux armes essentielles : l'action psychologique et le terrorisme...Arme du temps de paix, l'action psychologique visait à obtenir l'adhésion des populations à une cause, et à les dresser contre le pouvoir établi par des moyens pacifiques. Le terrorisme brisera leur volonté de résistance et obtiendra leur soumission par l'emploi sans limite de la violence.
...Aujourd'hui, il a changé d'objectif. Il n'attaque plus l'État au sommet, mais à sa base pour qu'il perde tout contact avec ses administrés, et pour que ses rouages tournent à vide. Les petits cadres, tous les individus capables de faciliter l'exercice du pouvoir seront les premiers supprimés ou neutralisés.
La population, privée de ses petits cadres et de ses éléments actifs, ne résistera pas à une telle épreuve. Elle perdra confiance dans l'État, dont la mission première est d'assurer sa sécurité. Elle devra se soumettre à la volonté des terroristes, seuls, en définitive, capables de la ménager. Elle deviendra une masse confuse que les organisations subversives manipuleront à leur gré...
Ce qui caractérise le terroriste, et fait sa force essentielle, c'est qu'il tue, dans le cadre d'une législation qu'il connaît bien, des individus sans défense, souvent des femmes et des enfants, en évitant les risques que prend un criminel ordinaire, un soldat sur le champ de bataille ou même un guerillero... Il se bat sans uniforme et ne s'attaque qu'à des civils désarmés...
Pierre le Goyet, qui après avoir combattu en Indochine et en Algérie, fut chef de la section Études du Service historique de l'Armée de terre, partage cette analyse (7) et estime que "le véritable vainqueur de la guerre d'Algérie, c'est le terrorisme.
Battu sur le terrain militaire, c'est par le terrorisme que le FLN s'est imposé, qu'il a vaincu le MNA, c'est par le terrorisme qu'il a obligé la grande masse des indécis, des indifférents, des modérés, de ceux qui étaient favorables à la France, à se ranger définitivement sous sa bannière. Car le nationalisme algérien en 1954 était plutôt pressenti qu'exprimé... C'était encore un sentiment imprécis et dont l'évolution aurait sans doute demandé du temps, peut-être plusieurs générations, sans l'intervention du terrorisme, et elle n'aurait pas revêtu cette forme de violence fanatique.
Il a fallu ce terrorisme pour annihiler l'influence française, beaucoup plus enracinée qu'il est prétendu, car comment expliquer jusqu'aux derniers moments les effectifs des musulmans se battant pour la France ?
Le terrorisme est donc une véritable arme de guerre, destinée à briser la volonté de résistance d'un État ou d'une nation. S'il lui arrive d'attaquer au sommet, c'est surtout sur la base que se poursuit maintenant l'action ; elle agit d'une façon anomyme, pour que chacun ait l'impression d'être une cible, la police ne pouvant protéger tout le monde. Tous les habitants, chez eux, dans la rue, dans les moyens de transport, les stades, les autres lieux de réunion, risquent d'être abattus, et cela sans grand risque pour les agresseurs, qui se fondent dans la masse dès leur forfait accompli."
Terreur et répression
Jean Daniel, peu suspect de sympathie pour l’Algérie française, note que les premiers maquisards ont fait ce rêve insensé de livrer d’abord une guerre civile, pour transformer en traîtres tous ceux qui n’étaient pas pour l’indépendance ou qui n’y songeaient pas. Cela ne pouvait se faire que dans le sang, par la terreur, le sectarisme, l’intimidation religieuse… Il fallait inventer le concept de trahison et faire de tous les incertains , et de tous les tièdes, comme de tous les passifs, des renégats, des apostats et des collaborateurs (La blessure, Grasset, 1992, page 129).
Nous avons à entraîner le peuple algérien, ajoute Ahmed Boumendjel. Il faut que notre terreur soit supérieure à toutes les autres, celle de l’État français et celle des autres partis algériens. Pour être recruté par le FLN, il fallait faire ses preuves en tuant deux collaborateurs. Qui étaient-ils ? Le commandant Azzedine précise : n’importe qui, puisque tout le monde l’était (8).
Le cinéaste Jean-Pierre Lledo recueille le témoignage des terroristes de Philippeville et d’Alger, qui affirment qu’ils avaient l’ordre d’égorger les gour (non-musulmans), y compris leurs amis, leurs collègues de travail, des femmes et des enfants, pour les faire partir. Il est effrayant de constater qu’une propagande mensongère, fondée sur l’arrivée de Nasser et des Américains, et inspirée du djihad, transforme en assassins sadiques des foules villageoises de plus de 10.000 personnes, qui auparavant vivaient en bonne intelligence avec les colons (Algérie, Histoires à ne pas dire, Ed.Atlantis, 2011).
L’historien-militant du FLN Mohammed Harbi observe qu’en juin 1956, le leader politique Abane Ramdane opte pour une offensive systématique contre les quartiers européens, désavouant la politique modérée adoptée au Congrès de la Soummam. Il y voit la preuve que "la guerre n’était pas pensée du côté algérien" et qu’il fallait "l’examiner comme un enchaînement d’initiatives et de ripostes". En revanche, Khalfa Mameri, biographe de Ramdane, y voit une stratégie délibérée "d’accélération voulue de la répression". (réf. Guy Pervillé, op.cit. L’Histoire, octobre 1997)
Historien de l’intérieur du FLN, Gilbert Meynier souligne davantage la guerre sans merci menée par l’armée française que le massacre de civils innocents. Le CCE préconisa la reprise du terrorisme au printemps 1957, écrit-il. Une bombe causant la mort de dix personnes et en blessant cinquante autres équivaut sur le plan psychologique à la perte d’un bataillon français… Lors de l’anarchie (la fawda libertaire) de 1962, les résistants du 19 mars affluent dans les rangs de l’ALN pour se racheter, mais aussi parfois pour assouvir des vengeances ou partir à la chasse aux biens matériels… Sous-estimant le massacre des harkis, il estime que l’épuration sanglante fut très inégale selon les régions. (réf. Histoire intérieure du FLN, Fayard 2002, pages 325 et 643).
Rejet du terrorisme
Dans ses chroniques algériennes (Actuelles II, Gallimard 1965), Albert Camus condamne le terrorisme appliqué par le FLN. "Quelle que soit la cause qu’elle défend, elle sera toujours déshonorée par le massacre d’une foule innocente où le tueur sait d’avance qu’il atteindra la femme et l’enfant". On peut rapprocher de Camus le rejet de la Révolution par Chateaubriand : Jamais le meurtre ne sera à mes yeux un objet d’admiration et un sentiment de liberté ; je ne connais rien de plus servile, de plus méprisable, de plus lâche, de plus borné qu’un terroriste, les niveleurs, régénérateurs, égorgeurs, transformés en valets, espions, sycophantes…
Théoricien de la stratégie, Gérard Chaliand estime que si la guérilla est l’arme du faible, le terrorisme est l’arme du plus faible encore. Substitut à la guérilla, c’est la forme la plus violente de la guerre psychologique… Il observe que le FLN a eu recours abondamment au terrorisme, dans les buts de liquidation des agents du colonialisme, intimidation des populations pour asseoir son contrôle, liquidation des mouvements concurrents, terrorisme indiscriminé pour scinder les communautés selon des critères ethniques. (réf. Les guerres irrégulières, Gallimard 2008, page 799 et Terrorisme et guérillas, Flammarion 1985).
Le terrorisme a pour résultat d'obliger les services de sécurité à employer des procédés rigoureux de protection des populations et des institutions, sans toujours respecter la légalité du temps de paix. Les arrestations de suspects, perquisitions, contrôles inopinés, interrogatoires musclés, internements administratifs provoquent des oppositions, des campagnes de presse et des troubles dans l'opinion publique. La torture, selon Germaine Tillion et Pierre Messmer, est indissolublement liée au terrorisme. En même temps, les victimes du terrorisme sont tentées de recourir aux violences du contre-terrorisme, et à pratiquer des attentats et des exécutions sommaires.
Le FLN a parfaitement su exploiter cette situation en transmettant aux médias des dossiers de torture, et à la justice des plaintes qui n'étaient pas toujours fondées. C'est ainsi que la Fédération de France du FLN a donné l'ordre à ses membres de déclarer, quoi qu'il arrive, qu'ils avaient été torturés (9).
Le terroriste peut ainsi tirer un avantage politico-médiatique des actions violentes qu'il exécute contre des personnes innocentes, se présenter comme un martyr et un héros de la "résistance" et amener le pouvoir qu'il combat à infléchir sa politique. Cet effet pervers du terrorisme a joué un rôle certain dans le dénouement de l'affaire algérienne.
Ces directives ont conduit ses hommes de main à exercer les sévices les plus barbares, assimilables à des crimes contre l'humanité. La faculté de médecine d’Alger s’interroge sur la complexité du fait algérien, et relève les atrocités qui ont été perpétrées dans le passé.
RÉPÉTITIONS DE L'HISTOIRE
En dehors de la guerre de 1954-62, enlèvements et crimes de guerre ont été pratiqués à plusieurs occasions dans l’histoire "algérienne" (10):
- la traite saharienne, du VIIe au XIXe siècle, a touché des millions d’Africains noirs,
- les incursions sarrazines ont dévasté une partie de l’Europe du VIIIe au Xe siècle,
- la piraterie barbaresque, du XVIe au XIXe siècle, a enlevé un million d’Européens qui ont subi la cruauté des maîtres (Cervantès) ou la souffrance des galériens,
- les razzias intertribales et la journée du tri instituée par les Almoravides ont causé de lourdes pertes,
- la guerre civile des années 1990 s’est traduite par 200.000 morts et 7.000 disparus.
Souvent, ce sont les plus radicaux qui se sont imposés, profitant d’une crise sociale ou économique pour rallier la masse inculte des mécontents, des obscurantistes et des fanatiques religieux. C’est dans de telles circonstances que se font jour des risques de libanisation, lesquels, soulignés par la sociologue algérienne Malika Sorel-Sutter, appellent une fermeté de réaction. L’appel au djihad et à la charia sont en effet des anachronismes insupportables pour les Français.
Hélène L’Heuillet exprime la même mise en garde contre le terrorisme islamique (11).
Maurice Faivre
le 4 mai 2011
pièces documentaires
Le massacre de Melouza-Beni Ilmann,
28 mai 57
"Plus de 300 cadavres, la plupart ignominieusement mutilés, avec un sadisme proprement révoltant "
"Ce n'est plus, hélas! l'explosion spontanée d'instinct sadique plus ou moins comprimé en temps normal. cela fait partie d'un système consciencieusement élaboré et froidement appliqué"
" à coups de couteaux et de haches, les charcutant en une sanglante frénésie"
"des Algériens ont immolé d'autres Algériens... les Musulmans ont mené à la boucherie d'autres Musulmans " |
Tribune de Genève
Maurice Duverger
Time Magazine
Témoignage chrétien |
victimes algériennes du FLN à Melouza en 1957
"Oradours" algériens
La formule n'est pas outrée. Qu'il suffise de savoir qu'à Ain Abid, une petite fille de cinq jours, Bernadette Mello, fut tronçonnée sur le rebord de la baignoire, devant sa mère, dont on ouvrit ensuite le ventre pour y replacer le nouveau-né ! Que sous le même toit, le père, est assassiné dans son lit, amputé à la hache, des bras et des jambes. Que la tuerie n'épargne ni Marie-José Mello, une fillette de onze ans, ni la grand-mère de soixante-seize ans. Qu'à El Halia, sur 130 Européens, 32 sont abattus à coups de hache, de serpe, de gourdin, de couteau, les femmes violées, les tout petits enfants fracassés contre les murs.
Ces exemples peuvent aider à comprendre la réaction de ces Européens dont le frère, ou le fils, ou la femme, eurent à subir pareil sort.
La réaction de l'armée est vive, brutale... La répression frappe dès lors tous les musulmans... "l'escalade du sang" commence.
Cette relation de Marie Elbe dans Historia n°206 est contredite par le fils Mello, gendarme, et par R. Vétillard, historien.
La Commission de Sauvegarde du droit et des libertés constate "l'atrocité de la guerre de rébellion...le terrorisme frappe de préférence des innocents...les fellaghas tuent pour tuer, pillent, incendient, égorgent, violent, écrasent contre les murs les têtes des enfants, éventrent les femmes, émasculent les hommes.."
Rapport du préfet Haag, septembre 1957
Manquant de troupes, Zirout Youssef avait mis au point une technique qui consistait à rameuter des civils arabes, au préalables gavés de slogans et de fausses nouvelles, à les armer de tout ce qui se présentait, puis de les lancer, solidemment mais discrètement encadrés, contre des objectifs précis. Dès les premières réactions, les soldats du FLN se retiraient rapidement, laissant les masses musulmanes face à la répression.
Gérard Lemel, Paroles d'officiers, p.187.
Des atrocités que je ne veux ni oublier ni révéler
21 rappelés du 9ème RIC, dont 15 pères de famille, tombent dans une embuscade le 18 mai 1956 près de Palestro. Un horrible spectacle attend le lieutenant Poinsignon commandant la compagnie... Deux cadavres mutilés gisent dans les buissons. Les yeux sont crevés, les corps vidés de leurs entrailles et bourrés de cailloux. Les testicules ont été coupés et les pieds, dépouillés de leurs chaussures, sont zébrés de coups de couteau.
"Extermination au cours de la bataille, se demande le lieutenant ? Torture et massacre des survivants ? Macabre férocité sur des corps sans vie par la population du village voisin ou avec sa complicité ?
Sur certains des cadavres, on s'était acharné avec une effroyable sauvagerie... ce que nous avons vu était tel que j'ai demandé par écrit un examen médico-légal pour déterminer les causes de la mort et si les mutilations avaient précédé ou suivi celle-ci. Je n'en ai jamais connu les résultats...
La gravité de mes constatations comme la douleur des familles m'ont fait un devoir de ne pas faire état de ces atrocités ".
Pierre Poinsignon, Historia n° 23-216
Le Casino de la Corniche
9 juin 1957, jour de la Pentecôte
Il est 18h30. On danse au coude à coude et joue contre joue sur la piste cirée du Casino... Soudain, en quelques secondes, c'est le drame. Une terrible explosion secoue tout l'établissement... La salle s'emplit instantanément de fumée et de poussière. À travers ce nuage, on distingue des fantômes qui titubent avant de s'abattre dans un invraisemblable désordre... L'estrade a été pulvérisée...Des dizaines de corps sont allongés parmi les débris de tables, de chaises, de verre pilé... Les rescapés se portent au secours des blessés. Ils marchent sur des jambes, des bras, des mains arrachées.
Des hommes et des femmes fuyaient comme s'ils venaient de s'échapper de l'enfer. Les vêtements déchirés, les yeux remplis d'épouvante, ils fonçaient droit devant eux.
François Attard, Historia n° 35-228
Collaboration avec les barbouzes
Michele Chehbouni, Française pro-FLN, dénonce aux barbouzes un ingénieur de Berliet, Petitjean, qui serait membre de l'OAS. Elle participe à son arrestation et à son interrogatoire, rapportés par Azzedine :
Petitjean est attaché sur une chaise. Sur son front, de l'acide coule goutte à goutte d'une boite de conserve suspendue au-dessus de sa tête. Michèle reprend mot à mot la conversation surprise dans le bureau du directeur... Petitjean nie. L'acide coule, creusant d'atroces rigoles. Au bout de quelques heures, le point de limite de résistance est dépassé. Petitjean avoue...
Son corps découpé en morceaux sera découvert dans un sac, à quelques kilomètres d'Alger... Ponctuellement, l'opération est un succès.
Commandant Azzedine, Et Alger ne brûla pas, Stock, 1980, p.277
1 - Les références sur les directives du FLN sont empruntées aux articles de Guy Pervillé : "La guerre d'Algérie sans mythes ni tabous" (L'Histoire d'octobre 1986) et "Terrorisme et torture" (L’Histoire d'octobre 1997), et aux articles de Historia-Magazine consacrés au terrorisme.
2 - Mohamed Benyahia, L'imposture au pouvoir, L'Arcantère, 1988,p. 47.
3 - Bulletins mensuels du colonel Schoen (SLNA) en 1955-56.
4 - Déclaration à Rivarol le 30 juillet 1964 et témoignage de Jacques Simon.
5 - Référence Maurice Faivre, Les combattants musulmans de la guerre d'Algérie, L'Harmattan, 1995, p.152-66. AEZ Meliani, Le drame des harkis, Perrin, 1993, p. 68, 77, 79. C. Brière. Qui sont les harkis ? l'Atlanthrope. 1974.
6 - La guerre moderne, Table ronde, 1961, et "Terrorisme et torture" , in Historia Magazine n°33-226
7 - Le Goyet, La guerre d'Algérie (Perrin, 1989), p. 470-479
8 - La guerre d’Algérie. La fin de l’amnésie, Laffont 2004, p .496.
9 - Bulletin clandestin de la Fédération de France, du 17-9-1959, cité par Pierre le Goyet p. 471 de son livre, en se référant aux archives de Jean Lamy.
10 - Malek Chebel, L’esclavage en terre d’Islam, Fayard, 2007. Charles-Emmanuel Dufourq, La vie quotidienne dans l’Europe médiévale sous domination arabe, Hachette 197. Jacques Heers, Les Barbaresques, la course et la guerre en Méditerranée, Perrin, 2001. Habib Souaïdia, La sale guerre, Gallimard, 2001.
11 - Malika Sorel-Sutter, "La France fait trop de concessions", Valeurs actuelles du 21 avril 2011. Hélène L’Heuillet, Aux sources du terrorisme, Fayard, 2009.
abolir les "lois mémorielles"
Commémorations :
pour en finir avec les lois mémorielles,
Daniel Lefeuvre sur iTélé
http://www.itele.fr/emissions/magazine/arret-sur-info/video/9413
émission du lundi 9 mai 2011 sur iTélé
Pauvre Taubira...!
- intervention de Daniel Lefeuvre : "Commémorer l'abolition nous rassemble, dans la mesure où la date d'avril 1848, le décret Schoelcher, montre que la République a été capable d'abolir quelque chose d'absolument ignoble qui était l'esclavage après que l'abolition de la traite a été proclamée.
Mais ce que jaimerais entendre demain du Président de la République, c'est d'abord qu'il faut se battre contre tous les esclavages, y compris les esclavages contemporains qui perdurent aujourd'hui dans un certain nombre de pays.
D'autre part, si on fait de l'histoire, il faut faire de l'histoire jusqu'au bout. C'est-à-dire qu'on ne parle pas "la" traite dans l'Atlantique ou dans l'océan Indien, mais de l'ensemble des traites négrières qui ont précédé celle-ci. Je pense notamment aux traites internes à l'Afrique et à la traite arabo-musulmane qui ont donc précédé la traite transatlantique, c'est-à-dire la traite européenne, et qui se sont prolongées au-delà de l'abolition de la traite atlantique.
Et c'est tout le problème de cette date et de la loi de Mme Taubira. Parce que dans l'article 1er de la loi qui a été adoptée définitivement 2001, que dit-on ? On parle de la traite négrière transatlantique ainsi que de la traite dans l'océan Indien, et de l'esclavage perpétré à partir du XVe siècle aux Amériques et aux Caraïbes et dans l'océan Indien. Pratiquée par qui ? Uniquement par l'Europe.
Il y a donc une mise en cause extrêmement restrictive de ce qu'a été la traite. Et je crois, avec l'historien Pétré-Grenouilleau qu'il vaut mieux parler des traites. Je regrette donc que la loi ne mette en accusation que la traite européenne qui a été abolie en 1848 et que la France a combattue dans ses colonies au fur et à mesure de l'avancée de son empire colonial.
La deuxième chose regrettable dans cette loi, et j'espère que l'on ne va pas commémorer cet aspect-là, c'est évidemment l'anachronisme de la notion juridique de "crime contre l'humanité" puisque cette notion, juridique je le répète, est née au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Par conséquent, on reconstitue un passé pour servir les questions politiques du présent."
- interruption de François Durpaire : "Ce que vous êtes en train de nous dire, c'est qu'il ne fallait pas condamner les criminels nazis parce que le crime a été défini en 1945 ?"
- Daniel Lefeuvre : "La définition du crime contre l'humanité a été élaboré en 1945 à Nuremberg en présence des criminels nazis."
- François Durpaire : "C'est donc rétroactif. C'est une barbarie juridique." (1)
- Daniel Lefeuvre : "Ce n'est pas rétroactif. Les criminels nazis étaient présents lorsqu'on a défini la notion de crime contre l'humanité. Alors qu'aujourd'hui, il serait difficile de condamner les propriétaires d'esclaves grecs sous Périclès ou les propriétaires d'esclaves arabes ou noirs au XVIIe siècle ou encore les propriétaires français de la même époque.
Par conséquent, ce que je souhaite, c'est que le Président de la République dise également que l'État abandonne cette politique de lois mémorielles qui repose sur des enjeux politiques, sur l'anachronisme et qui corsète dangereusement le travail des historiens comme la tentative de procès contre Olivier Pétré-Grenouilleau en 2005 l'a montré."
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1) Oui, Nuremberg est une justice de vainqueurs. Mais il est faux de dire qu'elle est totalement rétroactive. C'est une formalisation de notions qui avaient été antérieurement définies. La déclaration d'une commission militaire internationale le 11 décembre 1868, à Saint-Petersbourg évoquait l'idée que : "l'emploi de pareilles armes serait contraire aux lois de l'humanité."
En 1899, la communauté internationale débat à La Haye de la "clause de Martens", relative aux "lois de l'humanité" et cette notion est présente dans le préambule de la convention de La Haye en 1907 sur les lois et coutumes de guerre : "les populations et les belligérants sont sous la sauvegarde et sous l’empire du droit des gens, tels qu’ils résultent des lois de l’Humanité."
En 1942, est créée la "Commission d'enquête des Nations unies sur les crimes de guerre" qui se réunit en octobre 1943. La Déclaration de Moscou d’octobre 1943, signée par Roosevelt, Churchill et Staline, stipule qu’à la fin de la guerre, les responsables de crimes de guerre seront extradés et jugés. Fin 1943, la conférence de Téhéran (États-Unis, G.-B. et URSS) annonce le jugement des criminels nazis. Nuremberg n'est donc pas tombé du ciel comme le prétend François Durpaire.
Michel Renard
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deux types d'esclaves ?
Pour la loi Taubira, il y a deux types d'esclaves : 1) les victimes de la traite européenne méritent la reconnaissance et la considération mémorielle ; 2) les victimes (mais sont-ce vraiment des victimes dans son esprit ?) des traites internes à l'Afrique et de la traite arabo-musulmane : ces esclaves-là, il vaut mieux les oublier car ils viennent perturber le simplisme du doublet esclave noir/maître blanc.
Michel Renard
la kouba de Nogent (1919) enfin reconstruite
la kouba reconstruite est inaugurée
ce jeudi 28 avril 2011
Michel RENARD - Daniel LEFEUVRE
La kouba de Nogent-sur-Marne, édifiée en 1919, effondrée en 1982, est reconstruite. Elle est inaugurée ce jeudi 28 avril 2011. N'ayant pu m'y rendre, pour des raisons personnelles, je me sens représenté par l'allocuation de Daniel Lefeuvre, mon ami.
Je le remercie pour tous les effots auxquels il a consenti pour faire faire aboutir ce projet que j'avais conçu en découvrant le dossier de la kouba aux Archives d'Outre-Mer à Aix-en-Provence et en retrouvant l'héritier du marbrier de 1919.
Je remercie tous ceux qui ont conjugué leurs efforts pour que cette résurrection voit le jour.
Des jeunes gens de vingt et quelques années sont venus mourir "pour la France" dans la boue des tranchées lors de la Première Guerre mondiale. Il s'est trouvé alors quelques esprits pour leur rendre hommage, en dehors de toute sollicitation officielle. Aujourd'hui, d'autres esprits généreux, ont additionné leur dévouement pour que l'édifice soit à nouveau debout. C'est une fidélité qui mérite le respect.
Nous avons fait un peu plus que les concepteurs de l'édifice premier. Nous avons pu ajouter les versets du Coran que le consul Émile Piat et les imams algériens présents alors à Nogent avaient imaginés sans avoir eu les moyens de les faire figurer au fronton de l'édifice.
Cette refondation de la kouba de Nogent-sur-Marne témoigne que la France n'est pas "islamophobe", que l'engagement aux côtés de ses principes n'a ni couleur ni religion, que seule compte l'adhésion à ses principes émancipateurs - ceux-là fussent-ils malmenés en certains temps et en certains lieux. Car nul idéal ne se déploie sans contradictions.
Michel Renard
professeur d'histoire
"découvreur" scientifique de la kouba de 1919
- Qu'est-ce que la kouba de Nogent ?
- témoignage de Marc Arazi, conseiller municipal (28 avril 2011)
allocuation de Daniel Lefeuvre, président de l'association Études Coloniales
Il y a bientôt cent ans, entre 1914 et 1918, près de 450 000 soldats – volontaires et conscrits -, venus de toutes les colonies de l’empire français, participèrent, aux côtés des Poilus métropolitains et des Alliés, aux combats meurtriers de la Première Guerre mondiale et contribuèrent par leur courage à la victoire finale.
Si ils n’ont pas servi de «chair à canon» pour l’armée française, contrairement à une légende tenace, leur sacrifice, à l’égal de celui des combattants français, a été particulièrement élevé : 70 800, soit 13 % des effectifs mobilisés, ont donné leur vie pour défendre la France.
À Nogent-sur-Marne, lors du conflit, a été implanté un hôpital colonial destiné à soigner ces soldats, blessés lors des combats ou gravement malades. Ceux qui n’ont pu être sauvés, malgré les soins attentifs du personnel médical, reposent ici, dans ce cimetière.
C’est pour leur rendre hommage, que trois personnalités nogentaises, M. BRISSON, le maire de la Ville, M. HERICOURT, entrepreneur de monuments funéraires et le consul général Emile PIAT, décidèrent d’édifier une kouba, monument qui, dans la tradition islamique, honore un pieux personnage.
Inauguré le 16 juillet 1919, mais peu entretenu les années suivantes, l’édifice dû être rasé en 1982.
Mais, grâce au travail d’un historien, mon collègue et ami Michel RENARD, ces traces ont été retrouvées, aux Archives d'Outre-mer à Aix-en-Provence, puis chez le descendant de M. Héricourt, M. Gilles Martin, qui en a conservé précieusement les témoignages.
Aussi, dès sa création, l’association Études coloniales, a-t-elle décidé d’entreprendre les démarches pour la reconstruction de la kouba. Cette entreprise n’aurait pu aboutir sans l’appui déterminé d’un certains nombre de personnalités et d’associations auxquelles je voudrais rendre hommage. En premier lieu,
- à l’actuel maire de Nogent, M. Jacques MARTIN qui a immédiatement apporté son soutien «enthousiaste» à cette initiative.
- à M. Sébastien Eychennes, maire-adjoint chargé de la Mémoire, qui a suivi avec une attention toute particulière ce dossier et qui a contribué avec obstination à son avancement.
- Je voudrais également remercier les successifs ministres de l’Immigration, de l’Intégration et de l’identité nationales, messieurs Brice HORTEFEUX et Eric BESSON qui ont appuyé le projet de toute leur autorité et qui ont pris en charge une part élevée de son financement.
- Le Souvenir français, son président général, le contrôleur général DELBAUFFE, son délégué départemental, le colonel Hamon et son Comité nogentais doivent également être remerciés pour leurs contributions importante.
- M. Gilles CARREZ, député. Grâce à son intervention une subvention importante du ministère de la Défense a été obtenue. Je tiens également à souligner l’appui apporté par Jacques TOUBON, président de la CNHI, par le Comité d’Entente des Anciens Combattants et Victimes de Guerre de Nogent-sur-Marne, par l’association des Amis de Raoul Salan, par l’Association Mémoire et Souvenirs de l’Armée d’Afrique ainsi que par l’Union nationale des Anciens combattants musulmans.
- Je n’aurais garde d’oublier M. Gilles MARTIN qui, fidèle à l’engagement de son aïeul a accepté d’entreprendre et d’achever les travaux de reconstruction, sans que le financement de l’opération n’ait été pleinement assuré.
Enfin, un certain nombre de contributeurs privés, que je ne peux tous citer aujourd’hui, se sont associés à ce projet. C’est grâce à cet effort commun, que la kouba est aujourd’hui reconstruite et qu’ainsi, la République assure, à travers le temps, son devoir de mémoire à l’égard de tous ceux qui ont sacrifié leur vie pour défendre ses idéaux.
Je vous remercie.
Daniel Lefeuvre
Professeur des Universités
Président d’Etudes coloniales
___________________________________________________________
texte du bulletin municipal de Nogent :
Le Conseil municipal, par délibération du 23 décembre 1917, avait décidé de l’érection d’un monument dans le cimetière communal, destiné à honorer les militaires musulmans morts pour la France au cours de la guerre 1914-1918 et inhumés à Nogent.
C'est principalement à Émile Piat, consul général, attaché au cabinet du ministre des Affaires étrangères et chargé de la surveillance des militaires musulmans dans les formations sanitaires de la région parisienne, que l'on doit la construction de la kouba de Nogent. Grâce à l’assistance de M. Brisson, maire, et à un généreux donateur, M. Héricourt, entrepreneur de monuments funéraires, ce monument est construit en 1919. Inauguré le 16 juillet, mais peu entretenu dans les années qui suivirent, il fut détruit en 1982.
La reconstruction de la kouba du cimetière de Nogent en 2011 a été réalisée par l’entreprise funéraire E.L. Martin. Ce projet décidé par Jacques J.P. Martin, maire de Nogent-sur-Marne, suivi dans sa mise en oeuvre par son adjoint Sébastien Eychenne et l’association Études Coloniales, marque comment la République assume, par-delà le temps, son devoir de mémoire à l'égard de tous ceux qui ont donné leur vie pour défendre ses idéaux.
Le monument reconstruit sera inauguré sous le haut patronage du ministre de la Défense et en présence de Jacques J.P. Martin, maire de Nogent-sur-Marne, Sébastien Eychenne, adjoint au maire délégué au devoir de mémoire, Daniel Lefeuvre, président de l’association Etudes coloniales et des associations d’anciens combattants.
Du 28 avril au 19 mai, une exposition se tiendra dans le hall de l’Hôtel de Ville.
Cimetière de Nogent
134, rue de la Paix - Le Perreux-sur-Marne
Jeudi 28 avril à 10 h - source
Millénaire de Hanoï
Hanoï, un quartier annamite - source
Hanoï, mille ans
En septembre 2009, était inaugurée à Hanoï l'exposition "Traits d'architecture, Hanoï à l'heure française (1875-1945". Cette manifestation était organisée dans le cadre de la coopération entre la Direction des Archives de France et la Direction d'État des Archives du Vietnam. Elle marquait le début des célébrations commémorant le millénaire de la capitale vietnamienne en octobre 2010.
Cette exposition fut l'occasion de voir réunies des reproductions de cartes, de photographies et de relevés d'architecture conservés aujourd'hui à Hanoï et à Aix-en-Provence.
Le Service des Archives et Bibliothèques de l'Indochine a été créé par Albert Sarraut en 1917. (lire la suite)
Hanoï, la gare d'autobus (1930/1950) - source
- ANOM : Archives Nationales d'Outre-mer à Aix-en-Provence
Algériens déportés en Nouvelle-Calédonie (avec listes nominatives)
La déportation vers la Nouvelle-Calédonie
Introduction
Après la défaite de la légendaire Commune de Paris (mai 1871), quelques milliers d'insurgés furent envoyés, comme mesure de punition, à l'autre bout du monde. La Nouvelle-Calédonie, un archipel du Pacifique Sud, était depuis une vingtaine d'années territoire français où, tout comme en Guyane, il avait été mis en place une colonie pénitentiaire.
Une centaine d'Algériens furent également déportés vers le Pacifique. Ils avaient, eux, en ce moment même, commencé une guerre d'indépendance audacieuse contre l'occupant français, et avaient finalement dû se rendre après de longs mois de combats.
Le sort des Communards bannis a été consigné nommément sur le site web les Déportés de la Commune et a été décrit en détail dans la littérature.
Ceci n'est pas le cas des Algériens déportés. Leurs noms apparaissent dans un document fascinant issu de la Nouvelle-Calédonie, dans lequel on trouve les noms, professions et autres informations sur des prisonniers, qui furent consignés dans un registre lors de chaque arrivée de bateau de transport. Ce registre officiel a mystérieusement échoué dans les archives d'un collectionneur et anarchiste et se trouve (donc) maintenant dans les collections de l'IISG [Institut international d'histoire sociale, à Amsterdam].
En lire d'avantage ...
• En Algérie
• Le transport
• En Nouvelle-Calédonie
• Intégration et retour
• Noms des déportés algériens
• Sources
Noms des déportés algériens
Les noms des déportés algériens entre 1874-1876 (archive Nettlau n° d'inv. 3155*)
NB Le noms ont été notés phonétiquement par le fonctionnaire du 'Commandant Territorial'. L'orthographe est donc incertaine
Voir une liste avec tous les noms (.pdf, 950Kb)
9me Convoi (arr. 16.08.1874) Loire, Déportation Simple
2745 Ahmed ben Amor, cultivateur (farmer, landbouwer)
2746 Ali ben Saad, cultivateur
2747 Ahmed ben Saïd, cultivateur
2748 Ali Amzian Ou Rezzouz, d[joua]d (= noble, nobleman, edelman)
2749 Ali Amzian Naït Ou Azzoug, djouad
2750 Bel Kassem ben Gassem, djouad
2751 El Arbi ben Laribi, djouad
2752 Haoussim ben Ali, mokrain (mokadem, inspecteur des impôts, inspector of taxes, belastinginspecteur(?))
2753 Lounès-ben-El-Hadj-Mohamed-ou-Allah, cultivateur
2754 Mady Mohamed ben Moussa, djouad
2755 Hasen El Achebeb, caïd (chef)
2756 Lakdar ben Doudou, caïd, France
2757 Mohamed ben Belkassem, cultivateur
2798 Mahmed ben Messaoud, djouad
2759 Mohamed ben Ahmed ou El Haoussin, djouad
2760 Mohamed ben El Hadj Ahmed ben Caleb, fs de Saron?
2761 Mohamed Ben Ali, cultivateur
2762 Mohamed ben Belkassem ou Hanouch, domestique
2763 Mohamed ben El Hadj Ahmed ben Dahmani, cultivateur
2764 Mohamed dit Ahmed ben El Hadj Ali ben Dahmani, djouad
2765 Mohamed Ben Saad, djouad
2766 Mohamed Ben Saïd, cultivateur
2767 Si Ahmed ben Saïd dit Al Beggare, khadji, Dumbéa (juge, judge, rechter)
2768 Mohamed ben Haz Allah, khadji
2769 Omar Hamided, caïd
2770 Rabah Naït Zerroug, cultivateur, 10 ans de détention
2771 Ramdan ben Mohamed, djouad
2772 Saïd ben Ahmed, cheik
2773 Si Raham ben Mohamed ou El Hadj, cultivateur
2774 Simain ben Omar, djouad
2775 Si Saadi ben Allel, propriétaire (land owner, grondbezitter)
2776 Tahar ben Akli, cultivateur, décédé, le 7 7me 1876
2777 Tahar ben Kerrich, djouad
11e Convoi Calvados (arr. 18.01.1875), Déportation Simple
2919 Ahmed Amar Amziam, cultivateur
2920 Ahmed ben ben cheik Messaoud, djouad
2921 Ahmed ben Naceur ben ali Chabbi, djouad
2922 Ahmed Boumezrag El hadj El Mokrani, djouad
2923 Ahmed ou Arab Naït ou Yahia, cultivateur
2924 Ahmed ou Lounès, caïd
2925 Aïssa ben Béchar, cultivateur
2926 Ali ben Galouz, kalif, mort le 18 9me 1875
2927 Ali ben Mohamed ou Kafsi, caïd (=chef)
2928 Ali ben Ostman, bachaga(?) (directeur, director, leider)
2929 Ali ben Telaache, caïd, mort le 18 Janvier 1875
2930 Ali ben Tahar, cultivateur
2931 Ali Boudjema, djouad
2932 Ali ou Ameur ou Boudjemah, caïd
2933 Ali ou Saïd, spahi (cavalier, horseman, ruitersoldaat)
2923 Amar ben el Ouennoughi, spahi
2935 Ameur ou Ahmed, cultivateur
2936 Ameur Naït Amara, djouad, mort en rade le 18 Janvier 1875
2937 Azzis ben Mohamed Amzian ben cheik El Haddad, caïd
2938 Bachier ben ali Bouguerrah, cultivateur
2939 Brahim ben Amar, spahi
2940 Cheikh Mohamed ou El Maoussin, spahi
2941 El Hadj ben Mohamed El Djadj, spahi
2942 Kaddour ben Kaddour ben Ali Embarredz (?), cultivateur
2943 Mohamed ben Mohamed Amziam ben cheikh El [H]addad, marabout (teachter, leraar)
2944 Messaoud ben El Kaïd, marabout
2945 Mohamed Amokrani ben Belkafsem ou Kafsi, propriétaire
2946 Mohamed Aresqui ben Amadouch, mokkadem (chef)
2947 Rabia ben Ali, amir (chef, commander, legeraanvoerder)
2948 Mohamed ben Ali, cultivateur
2949 Mohamed ben Lakdar, spahi
2950 Mustapha ben Naceur, cultivateur, P.D. [presqu’ile Ducos]
2951 Saïd Naït ou El Hadj, amir
2952 Salah ben Aiech ben Chitter, cheikh
2953 Si Saïd ben Ali, amir
2954 Taeb ben Embarreck ben Bonfils, cultivateur
2955 Si Saïd ben Ramdan, fertkath (?)
2956 Touzi ben Amara, cultivateur
2957 Yousef ben Amokrani, adel (?)
2958 M’ahmed ben Kaddeche, cultivateur
2959 Mohamed ou Ali ou Saanoum, mokkadem
2960 Hadj Ahmed ben Abed, cheikh
11e Convoi Calvados (arr. 18.01.1875), Enceinte fortifiée
838 Adallah ben ali Chabbi, cultivateur. D.S. [= Déportation simple]
839 Abdallah ben Amar, djouad. D.S.
840 Ahmed ben Brahim, djouad. N[ou?]
841 Ahmed ben Dahmani, djouad. D.S.
842 Ali ben Amor, djouad
843 Ali El Srir ben Yalaoui (?), cheik
844 Amar ben Adallah El Yalaoui, cultivateur. D.S.
845 Brahim ben Cherif, cheik. N
846 Hadj Ahmed ben Abed, djouad. Commué D.S.
847 Khaled ben Dahmani, cultivateur
848 Lakdar ben Ali Chabbi, djouad. D.S.
849 M’ahmed ben Kaddèche, djouad. D.S.
850 M’ahmed Naït Amar. D.S.
851 Mohamed ou Ali ou Gaumoun (?) mokadem. Commué D.S.
852 Mohamed ou Ameur, cultivateur
853 Mohamed ben El Hadj ben Ganah, cheik. Commué D.S.
854 Salah ben Abassi, djouad. Décédé le 13 Avril 1877
855 Salah ben Ali Bouguerrah, Krammes (?). D.S.
856 Salah ben Dahmani, cheik
857 Tahar ben Ahmed Salah, cultivateur. N
12me Convoi Garonne (arr. 12 mars 1875) ; Commués
2968 Mohamed-ben-El-hadj-ben-Ganah, cheikh
15e Convoi Rhin (arr. 30 janvier 1876) Déportation Simple
3101 Abdallah-ben-Amar
3102 Amar ben Abdallah ben Yalaoui
3115 Si-Mohammed Naït Braham
3128 Ahmed-ben-Dalmani
3129 Addallah ben Ali Chabbi
3130 Salah ben Ali Bouguerrah
3131 Lakdar ben ali Chabli
3237 El Hadj ali ben Reghris
3242 Sadock ben el Moulock
3351 Salah ben Dalmani
3352 Ali et Amir ben Malahoui
3353 Tohab ben Ahmed Jallah
15e Convoi Rhin (arr 30 janvier 1876) Enceinte fortifiée
887 Boudjenah ben Cheik. Décédé le 11 juin 1877
897 Ahmed ben Aiech. "Eclaireur" (= corps d’armée, armed forces, legermacht, 1878)
898 Amar ben Salem
899 Chelehi-ben-Dou
900 El Mebrouk ben Saïd "Eclaireur"
902 Mohamed ben Salem "Eclaireur"