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études-coloniales

22 juin 2011

biographie de Robert Lacoste

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une biographie non partisane de Robert Lacoste

Maurice FAIVRE

 

- Pierre Brana et Joëlle Dusseau, Robert Lacoste (1898-1989). De la Dordogne à l’Algérie. Un socialiste devant l’histoire, L’Harmattan, 2010, 317 pages dont 15 de photos, 25 €.

Dans le cadre de la Fondation Jean Jaurès et de l’Office universitaire de recherche socialiste, ces deux auteurs retracent le parcours de Robert Lacoste, antimunichois et antifasciste, permanent syndical en Dordogne avant de s’engager dans la Résistance politique, et de faire partie du Comité des experts de Jean Moulin, devenu le Comité général d’études.

Son père est fusillé par les Allemands en mars 1944. Limogé de l’administration en juillet 1942, Lacoste devient en mai 1944 Délégué provisoire puis Ministre de la production industrielle ; il applique à reculons les nationalisations des ressources énergétiques. Remplacé en novembre 1945 par Marcel Paul, il est élu député et préside la Commission des Finances de l’Assemblée et le Conseil général de Dordogne ; inscrit à la SFIO, il s’oppose aux communistes et aux gaullistes ; il se prononce pour la réduction  des crédits militaires.

politique de fermeté

Après son échec lors de la journée des tomates d’Alger, Guy Mollet le nomme le 9 février 1956 ministre résidant en Algérie. Décidé à combattre les colons («je les aurai»), il est cependant fasciné par son compatriote Bugeaud et reconnaît «tout ce que la France a fait en Algérie». Il veut faire de l’Algérie un État démocratique multiracial ; ferme dans la répression des nationalistes et des communistes, il décide l’exécution des terroristes, et crée les centres d’assignation à résidence ; il approuve les zones de pacification et d’opérations du général Beaufre, qui justifient les regroupements de population . En même temps, il appuie les «perspectives décennales de développement économique», bases du futur plan de Constantine, proposées par des planificateurs compétents (Maspetiol, Bouakouir, Tixier) et  récupère 100.000 hectares pour la réforme agraire de la CAPER.

Cette politique de fermeté, favorisée par les pouvoirs spéciaux, suscite l’opposition des intellectuels, y compris au sein  de la SFIO. Se basant sur des rapports du CICR, du Commissaire Mairey, de Beuve-Méry, et sur un rapport (mal interprété) de la Commission de Sauvegarde, les critiques lui reprochent de «couvrir l’armée» et estiment que Lacoste ne pouvait pas ignorer la pratique de la torture. À l’inverse la Commission Provo fait confiance à l’armée et le Comité international de David Rousset dément l’existence d’un régime concentrationnaire en Algérie.

Lacoste est un battant. Yves Guéna le voit en patriote, quelque peu colonialiste, la tête à gauche et le cœur à droite. Il riposte aux critiques en révèlant les «aspects véritables de la rébellion». Pour lui, il faut faire la guerre de 1957 ; une révolution se combat par une autre révolution, par la fondation d’une Algérie nouvelle, sans purification ethnique. La Loi-cadre votée au deuxième tour en novembre 1957 établit le collège unique, favorise la promotion des musulmans, crée 1100 communes de plein exercice et prépare le passage à l’indépendance.

Lacoste quitte Alger trois jours avant le 13 mai 1958 en exprimant la crainte d’un Dien Bien Phu diplomatique ; il observe le noyautage des cadres pratiqué par les gaullistes Delbecque et Neuwirth ; il prend contact avec le Comité de Vincennes sans y adhérer, signe en novembre 1960 un manifeste pour le maintien de l’Algérie, et témoigne en 1962 au procès du général Salan. Le gaulliste de 1940 déclare en 1980 : «j’ai compris que de Gaulle se servait trop du mensonge pour monter ses coups».

Réélu député, conseiller général puis sénateur, Robert Lacoste reste le maître de la Dordogne jusqu’à sa mort. Ses obsèques religieux attirent peu de responsables politiques. Cette biographie détaillée, honnête et non partisane, s’appuie sur les débats internes au parti socialiste, sur la presse et sur une bibliographie sélective. Elle reproduit cependant quelques interprétations partiales et de rares données inexactes.

Maurice Faivre
25 mai 2011

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Observations critiques.

- p. 216. les DOP ne sont pas mis en place par Salan, mais par Ely en août 1956,

- p. 222.  il n’y a pas eu 100 morts au Khroubs le 22 mars 1956 (confusion probable avec le 20 août – Réf. "Mémoires d’un appelé" de Pierre Brana).

- p. 250. les 3.000 disparus de Teitgen sont mis en doute par G.Pervillé, et réfutés par Godard.

- p. 253. l’analyse des 400 rapports du CICR contredisent la généralisation de la torture ; la Commission de Sauvegarde Béteille conclut qu’on se trouve en présence d’actes perpétrés sporadiquement par des individus, en dépit des consignes qui les interdisaient, et que des sanctions ont été prises.

- p. 251 et 254. la loi-cadre de novembre  1957 aurait mérité une analyse approfondie ; un manuscrit inédit du colonel Schoen l’interprète comme une politique d’association avec une Algérie autonome ; Salan, qui l’avait approuvée, semble l’avoir oubliée ; elle aurait mérité d’être reprise par le projet gaulliste d’association.

- p. 256. les 69 morts dont 21 enfants de Sakiet Sidi Youssef sont déclarés par Bourguiba, mais démentis par le 2ème Bureau.

- p. 256. en janvier 1958, le général Ely approuve le principe d’une riposte automatique en Tunisie (dans les 3 heures suivant l’incident). Il est douteux qu’il n’ait pas l’accord du gouvernement (Réf. Fonds privé 1K 233).

- fautes de frappe : p. 204, divisions parachutistes, p. 255 : rébellion et non répression.


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17 juin 2011

la Mosquée de Paris a-t-elle résisté sous l'Occupation ?

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la résistance de la Mosquée de Paris ?

 

Un court-métrage a été diffusé à Cannes dans le cadre d'une sélection "Banlieuz'art", financée par le Conseil régional d'Île-de-France (implication de Julien Dray). Une production a ému de nombreux spectateurs. Elle s'intitule "Ensemble", son réalisateur est Mohamed Fekrane. Présentation : "Paris 1942, un enfant juif Isaac échappe à une rafle organisée par les SS. Il se réfugie alors dans une mosquée.."

http://www.dailymotion.com/video/xhcg0p_court-metrage-ensemble-de-mohamed-fekrane_shortfilms

Dans une interview, Mohamed Fekrane, déclare : «1500 enfants juifs sauvés de la déportation» par la Mosquée de Paris pendant l’Occupation ? «Une histoire vraie»… Mais d’où sort-il cela…? Il aurait un ou deux témoignages venus du Maroc… La Mosquée lui «a dit sans lui dire»… N’importe quoi…! «La torture»…? Mais qui a été torturé…? Pas Si Kaddour ben Ghabrit ni aucun imam de la Mosquée de Paris. «Je n’ai fait que relater la vérité» dit Mohamed Fekrane… mais quelle vérité ? Il n’y a strictement aucun témoignage. C'est un récit sympathique mais ce n'est pas une vérité historique.

 

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Une fois ces questions adressées à diiférents sites internets, j'ai reçu du réalisateur le message suivant :

Film Ensemble à l'intention de Michel Renard
Bonjour Michel,

je vous contact par rapport au court métrage Ensemble qui est une fiction au sujet de Si kaddour ben ghabrit, je ne suis pas historien et avant de me lancer dans cette aventure j'ai lancer un appel à personne pour m'aider à développer ce sujet (il y a 3 ans mais aucune réponse), et avec les très peu de fragments de cette histoire, j'en ai voulu faire un court-métrage et bien sure une fiction, une dramaturgie...il était effectivement recteur de la mosquée de paris (j'en ai fait un imam) il ne meurt pas dans le court métrage puisqu'il décède en 1953 et enterré à la mosquée de Paris, et les passages de tortures ne sont que pure fiction, vu que personne n'a réellement confirmation, par contre vu que vous connaissait mieux que moi cette période et ces faits, je ne serais pas contre une aide historique de votre part si bien entendu vous êtes d'accord.

Cordialement,
Mohamed Fekrane.

J'ai répondu :

Bonjour Mohamed,

Les qualités filmiques de "Ensemble" sont remarquables. J'ai eu plaisir à le voir et revoir plusieurs fois. Il n'y a pas que l'émotion, il y les plans, les angles, la bande-son, le rythme…

Mais je ne peux qu'être surpris par ce qui est présentée comme une "histoire vraie"… Si trois ans de recherches de témoins n'ont rien donné, c'est peut-être un signe, non…?

En fait tout part du documentaire de Derri Berkani "Une résistance oubliée, la Mosquée de Paris", avec la recherche de Baya Azzi (1990).

Le témoignage du Dr Assouline n'est guère probant. On ne sait pas d'où il tire ce chiffre de 1742 (cartes de ravitaillement, personnes hébergées…?). Et qui aurait fourni ces cartes ? La Mosquée recevait des titres de ravitaillement de la part du Secours National et des denrées du Service du Ravitaillement. Et elle est venue au secours de nombreuses personnes.

Le Dr Somia est plus précis dans le récit du sauvetage d'un enfant. Puis il évoque le réseau auquel il participait et qui pouvait solliciter la Mosquée pour des prisonniers et des déportés évadés, semble-t-il. Il ne fournit cependant aucun chiffre.

Mais tout cela ne constitue pas les preuves de l'existence d'une organisation de sauvetage d'enfants juifs par la Mosquée de Paris en liaison avec un réseau FTP.

Je sais par ailleurs que le témoignage du Dr Assouline est à prendre avec des pincettes (il dit des choses fausses, j'en ai la preuve) ; on ne comprend pas ce qu'il faisait à la Mosquée : y est-il resté deux ou trois nuits ? ou a-t-il fait partie d'un réseau qui, ensuite, a agi avec la Mosquée…? Tout cela est confus.

Derri Berkani a déclaré à la presse algérienne avoir eu entre les mains en 1974 un livre (registre ?) à la Mosquée de Paris mentionnant des listes d'enfants juifs qu'on faisait passer pour des enfants algériens. Pourquoi ce livre n'est-il pas rendu public…? Pourquoi ne l'a-t-il pas photographié ?

Je dispose de plusieurs documents d'archives que je rendrai publics dans mon livre sur l'histoire de la Mosquée de Paris (Flammarion éditeur, à paraître) qui montrent une histoire complexe… mais qui ne valide pas la "belle histoire" du film "Ensemble", malheureusement.

Mais je ne vois pas de quoi en faire un film à thèse simple.

Wa salam

Michel Renard

 

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Je publierai bientôt, un ouvrage couvrant toute l'histoire de la Mosquée de Paris (enfin, ce que j'en sais, d'après les archives et mes propres investigations...). La question du comportement de la Mosquée de Paris entre 1940 et 1944 ne correspond à aucune légende dorée ni à aucune légende noire. Mais les quelques "témoignages" produits jusqu'à présents sont à recevoir avec la plus grande prudence.

On ne peut peut faire du cinéma comme Tarantino, Inglorious Basterds, et inverser la réalité historique... Moi, cela ne m'a jamais satisfait. Depuis Thucydide, le rapport de l'esprit à l'histoire est une exigence de vérité.

Michel Renard

 

- retour à l'acueil

16 juin 2011

Paul Ramalalo, tiatilleur malgache

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Tirailleurs malgaches

J'ai connu un soldat malgache dans les circonstances suivantes : "Nous avions reçu, vers 1945-46, un Malgache que ma soeur avait adopté comme filleul de guerre, c'était alors la mode. Paul Ramalalo était un grand paysan du sud qui avait dû être robuste. Kidnappé par notre glorieuse armée afin de grossir ses rangs, il vint bravement en France défendre la Liberté et la Civilisation, fut fait prisonnier en 1940 et passa avec ses compatriotes cinq années épouvantables dans un stalag réservé aux troupes coloniales.

Obligés de les relâcher au moment de leur débâcle, les Allemands alignèrent ces sous-hommes et les mitraillèrent. Laissé pour mort, Paul eut pourtant la vie sauve : deux balles lui avaient traversé l'épaule.
Nous allions le dimanche, vers onze heures, le chercher à l'hôpital Saint-Joseph ; il enveloppait avec une lenteur infinie ses longues jambes dans les bandes molletières réglementaires et venait passer l'après-midi chez nous. Il nous parlait de ses buffles qu'il avait hâte de revoir, et des redoutables «Zoulas» ou «Djoulas» (Dioulas ?) les bandits cachés dans la forêt.
Après son départ, nous avons perdu tout contact : comme il n'avait pas répondu à une lettre, nos parents demandèrent à un jeune couple de nos clients, qui avaient des relations dans la Grande Île, de retrouver sa trace ; après enquête, ils leur expliquèrent qu'il était inutile de chercher à le joindre. En fait, il arriva dans l'Île Rouge pendant la sanglante répression coloniale qui fit 100.000 morts (on s'en prenait tout particulièrement aux anciens soldats, réputés dangereux) de mars 1947 à 1948." (Extrait du site temoingaulois.fr)
Pensez-vous que je pourrais retrouver sa trace ?
Merci pour votre blog.

René Collinot

 

- retour à l'accueil

14 juin 2011

Adhémar Leclère au Cambodge

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l'oeuvre ethnographique d'Adhémar Leclère

sur le Cambodge

 

Grégory Mikaelian, Un partageux au Cambodge: biographie d’Adhémard Leclère suivie de l’inventaire du Fonds Adhémard Leclère, Paris, Association Péninsule, Les Cahiers de Péninsule n°12, 2011, 474 p. ISBN: 978-2-7466-2985-1, 18 €

Auteur prolixe natif d’Alençon, Adhémard Leclère (1853-1917) est surtout connu pour sa contribution à la connaissance de la société khmère, qu’il côtoya pendant plus d’une vingtaine d’années de 1886 à 1910, comme administrateur colonial.

Si son œuvre ethnographique est encore aujourd’hui nécessaire aux spécialistes du Cambodge, c’est, certes, parce qu’elle est fondée sur une masse documentaire de première main aujourd’hui conservée à la Médiathèque d’Alençon (circa 17.000 feuillets), mais aussi parce que ce Normand trempa sa plume dans une encre singulière : formé par l’aristocratie ouvrière de la typographie parisienne, il fut un des journalistes porte-plumes de la tendance possibiliste du socialisme français avant de passer au radicalisme de Clemenceau qui le fit nommer résident provincial dans le Protectorat du Cambodge en 1886.

Habité par le messianisme républicain, il crut dans l’avènement de progrès sociaux qu’une description pointilliste des realia devait contribuer à faire advenir en identifiant les archaïsmes de la tradition khmère, pour mieux les éradiquer. Graphomane impénitent, il fit paradoxalement œuvre conservatoire en décrivant par le menu les mœurs et coutumes des Cambodgiens du temps jadis, aujourd’hui moribondes.

À la fois livre d’histoire et outil de travail, le volume s’ouvre en première partie sur un essai de reconstitution biographique de cet ancien héraut du collectivisme, vite et mal embourgeoisé ; suit en seconde partie l’inventaire détaillé du fonds qu’il a constitué, lequel comprend aussi bien des documents cambodgiens anciens (XVII-XIXe s.), des documents administratifs coloniaux, que ses propres papiers. À ces titres, il intéresse les praticiens des études khmères, l’histoire coloniale de l’Indochine, ainsi que l’histoire sociale du XIXe siècle français.

Chargé de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique, Grégory Mikaelian est membre du Centre Asie du Sud-Est (UMR 8170, CNRS / EHESS) où il est spécialiste d’histoire moderne de la péninsule indochinoise.

 

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- retour à l'accueil

28 mai 2011

les chercheurs formés en Algérie n’ont pas une bonne culture historique.

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Mohammed Harbi :

«Les archives de la guerre de Libération

sont explosives»

L’historien Mohammed Harbi décortique des épisodes-clés du mouvement national et livre ses vérités.

journal algérien El Watan, 26 mai 2011

L’éminent historien Mohammed Harbi revient, dans cet entretien, sur les récentes controverses suscitées par les déclarations polémiques d’acteurs du mouvement national et livre quelques vérités cinglantes. D’après lui, l’attaque de la poste d’Oran est l’œuvre d’Aït Ahmed, Boudiaf a réussi l’organisation du 1er Novembre, et l’attitude de Yacef Saâdi à l’égard de Louisette Ighilahriz «n’est ni sérieuse ni noble.» Harbi affirme que Boussouf n’endosse pas seul l’assassinat de Abane Ramdane, et qu’on a exagéré son rôle ainsi que celui du MALG.
Il révèle, par ailleurs, que «Krim a projeté d’assassiner Bentobal» en prévenant que les archives de 2012 «sont terribles et explosives.» lAlors qu’il évalue les harkis et goumiers à environ 100 000 hommes, l’historien estime à quelque 50 000, les victimes algériennes des bavures du FLN/ALN, dont nombre de militants nationalistes authentiques. Pour Mohamed Harbi, «la société algérienne est une société de surveillance mutuelle».
Il considère que les tabous, liés aux juifs d’Algérie, aux harkis et aux pieds-noirs, en se gardant de les traiter, ont fait le lit de l’islamisme. Préconisant une déconstruction de la pensée nationaliste, il estime que la question identitaire et celle de l’autoritarisme sont deux problèmes majeurs qu’il est impératif de dépasser pour aller vers une Algérie nouvelle et apaisée.

________________________________________

- Si vous le permettez, M. Harbi, nous aimerions articuler cette interview autour de quelques «noms-clés» en rapport avec l’histoire du Mouvement national. Et le premier qui nous vient à l’esprit, en l’occurrence, est Ahmed Ben Bella qui a défrayé la chronique ces derniers jours suite à ses récentes déclarations à Jeune Afrique. D’abord, comment l’avez-vous rencontré ?

- Je l’ai rencontré pour la première fois au moment de la discussion du programme de Tripoli. À ce moment-là, j’ai pu, plus ou moins, voir ce qu’était l’homme dans ses idées. Il faut noter qu’avant cela, il était en prison depuis 1956. Et dans ses idées, il y avait incontestablement chez lui un véritable amour du monde rural. En même temps, il y avait chez lui un aspect qui relève de l’éducation politique de toute une génération, à savoir l’attachement à un nationalisme de type autoritaire.

- Pour en venir à des faits précis comme l’attaque de la poste d’Oran en avril 1949, Ben Bella affirme qu’il était l’artisan de cette attaque. Selon vous, qui d’Aït Ahmed, qui était le successeur de Belouizdad à la tête de l’OS, ou de Ben Bella qui, comme vous le précisez dans vos livres, a pris en main cette organisation à partir de janvier 1949, est le véritable instigateur de cette opération fondatrice ?

- Personnellement, je pense que les éléments concrets ressortaient de l’organisation locale. Mais les projets (la planification des opérations, ndlr) étaient incontestablement du ressort de la direction centrale, donc d’Aït Ahmed. Je pense que compte tenu du fonctionnement de l’Organisation, le rôle d’Aït Ahmed a été très important.

- Et quand il dit de Boudiaf qu’il était «zéro sur le plan militaire», vous pensez que c’est une vérité ou bien une méchanceté ?

- «Zéro sur le plan militaire» ? il n’y a pas eu d’expérience de type militaire qui permet d’en juger… Boudiaf était le responsable de l’OS dans le Constantinois. C’est un membre de l’Organisation qui était assez conséquent, on l’a bien vu. Même si le 1er Novembre a été organisé dans la précipitation et l’improvisation, il l’a organisé.

- Quand des acteurs de l’histoire comme dans ce cas précis nous font des révélations de cette nature, vous, en tant qu’historien, comment les prenez-nous : pour argent comptant ? Avec des pincettes ?

- Je ne peux pas prendre pour argent comptant le témoignage d’un acteur. On est obligé de se pencher sur les archives quand on en trouve, ce qui est rare pour une organisation qui a été clandestine. Sinon, on procède à des recoupements des témoignages des acteurs.
Indépendamment de cela, vous avez des interrogations propres à partir de ces témoignages et aussi de la connaissance des acteurs. Il faut dire que ces affaires sont remontées à la surface dans des moments de crise où chacun cherchait à imposer son image propre. Et je crois qu’en Algérie, beaucoup de choses se passent comme ça. Les gens sont plus préoccupés de soigner leur image que par le souci de la vérité.

- Un autre nom nous vient à l’esprit, celui d’une grande moudjahida : Louisette Ighilahriz, qui a eu à affronter seule ses tortionnaires lors des procès qui l’ont opposée au général Schmitt et consorts, sans le moindre soutien de l’Etat algérien. C’est une femme extrêmement courageuse qui a été profondément blessée par des allégations prêtées à Yacef Saâdi qui aurait mis en doute son combat. Que pouvez-vous nous dire sur cette immense résistante ?

- Louisette Ighilahriz est une combattante, il n’y a aucun doute là-dessus, et Yacef Saâdi ne pouvait pas ignorer son rôle puisqu’il était un allié de la famille Ighilahriz. Je suppose qu’il y a autre chose qui l’a guidé. De toute manière, ce n’est ni sérieux ni noble.

- Du point de vue de l’écriture de l’histoire de la guerre de Libération nationale, pensez-vous que la participation des femmes est suffisamment mise en valeur ?

- Non, ce n’est pas le cas. Il y a une chose fondamentale qu’il convient de souligner à ce propos, c’est que les femmes sont venues à la rencontre du FLN, mais quand le FLN est allé à leur rencontre, il ne les voyait que comme infrastructure dans l’organisation. Il ne les voyait pas dans des rôles politiques et des directions politiques. Alors que le premier bulletin du FLN s’appelait Résistance, on l’a enlevé pour mettre El Moudjahid. Ça veut tout dire. Le souci du FLN, c’était d’avoir des troupes. Or, la sensibilité des troupes était incontestablement machiste et patriarcale.

- Selon vous, ces controverses soulevées par des déclarations polémiques qui sont le fait d’acteurs de la Révolution font-elles avancer l’historiographie de la guerre de Libération nationale ? Est-ce quelque chose de productif ou de contre-productif pour l’historien ?

C’est de la lave en fusion. Et à mon avis, c’est quelque chose qui ajoute au désarroi et au manque de repères de la population dans son ensemble. Qui plus est, cela discrédite la politique, surtout que cela intervient dans une atmosphère d’impasse et d’échec, et donc on a tendance à dévaloriser la révolution.

- M. Harbi, en 2012, on annonce l’ouverture d’une partie des archives françaises liées à la guerre de Libération nationale. D’aucuns y voient une opportunité pour apporter un éclairage décisif sur certaines zones d’ombre de la guerre d’indépendance. Comment appréhendez-vous ces archives ?

Il y a certainement des archives qui pourraient s’avérer fort pertinentes. Il y a par exemple le bulletin de renseignement et de documentation qu’établissait le MALG. Bien sûr, il glorifie le FLN mais il fournit une foule d’indications sur l’état d’esprit de la population, et ce bulletin ne laisse aucune impression d’unanimisme des Algériens.

- Quel genre de renseignements livraient ces bulletins ?

Par exemple des renseignements sur la conduite des populations, leur rapport au FLN, leur rapport à la France. Je dis bien c’est le bulletin du FLN, donc tout est à la gloire du FLN. Toujours est-il qu’à travers ces descriptions, si un historien s’empare de ces documents, il va donner une autre idée de l’opinion algérienne face au FLN. En tout cas, je pense que ces archives sont explosives. Moi, j’ai été au ministère des Forces armées comme conseiller de Krim Belkacem, et je peux vous dire que les dossiers sont terribles. Le rapport à la population n’est pas du tout ce qu’on dit. Ce sont des archives qui donnent une idée tout à fait différente de la révolution.

- Vous-même, en votre qualité d’historien, comptez-vous les exploiter ?

- Je ne sais pas. À 78 ans, je ne sais pas si j’aurai la force de continuer longtemps. Je pourrais travailler peut-être sur un ou deux sujets, mais je n’ai plus la même force.

- On vous souhaite beaucoup de santé et de vigueur M. Harbi pour mener à bien cette entreprise…

- Si je peux aider, pourquoi pas ? D’ailleurs, c’est ce que je fais maintenant. J’aide les jeunes chercheurs à travailler sur les archives, notamment en France.

- Quelles sont les précautions méthodologiques que vous préconisez à l’attention des jeunes chercheurs ?

- Le vrai problème, aujourd’hui, c’est que les gens s’intéressent beaucoup plus aux forces politiques indépendamment de la société. Or, si vous n’avez pas une connaissance précise de la société, vous ne pouvez pas étudier sérieusement les forces politiques en présence.
C’est quelque chose de capital. Le va-et-vient entre les deux est fondamental. Ça c’est la première chose. La deuxième, c’est que les chercheurs formés en Algérie, je le vois très bien, n’ont pas une bonne culture historique. Ils n’ont pas connaissance de tous les débats sur la méthode et tout ce qui à trait à l’analyse des documents, la capacité de maîtriser le matériau et d’en tirer la matière de l’histoire.

- Ne pensez-vous pas, justement, que c’est quelque chose, pour le moins paradoxale de voir d’un côté la grandeur et la complexité de notre Révolution, et de l’autre, l’indigence de l’appareil académique, universitaire, censé en assurer l’étude et la transmission ?

- Je vais vous dire franchement mon opinion : le pouvoir qui est là depuis 1962 n’a aucun intérêt à ce que l’histoire devienne la matrice d’une reconstruction du pays. Je me souviens quand j’étais à Révolution Africaine, j’avais publié un document sur la Fédération de France du FLN. Il y a eu tout de suite une réaction du ministre de la Défense (Boumediène, ndlr) et des pressions sur Ben Bella pour dire «cette histoire, on n’en parle plus.»

- Est-ce que vous avez foi dans les jeunes historiens formés en Algérie ?

Il y a quelques-uns qui sont remarquables, mais malheureusement, ils restent à l’étranger. Et ceux qui rentrent ici, je ne donnerai pas de noms, mais…il y en a un ou deux qui sont vraiment remarquables, qui sont capables de faire de grands historiens. Les autres, ils sont en train d’ahaner pour avoir des postes parce qu’il faut faire valider son diplôme universitaire acquis à l’étranger. C’est une manière d’avoir des historiens destinés à produire une histoire officielle.

- L’un des enjeux des relations algéro-françaises est l’écriture de l’histoire de la guerre d’Algérie. Or, nous avons l’impression que là-bas il y a une armée d’historiens, de chercheurs pour accomplir cette tâche, tandis que de ce côté-ci, il y a peu de gens de métier, comme vous le soulignez, qui font le poids. Comment parer à ce déséquilibre ?

- Ce qui est certain, c’est que nous ne pouvons pas envisager notre rapport avec les historiens français comme une compétition, mais comme un échange pour équilibrer des regards.

- Comment, lorsqu’on est soi-même acteur et témoin de l’histoire, peut-on en être également le fidèle rapporteur ?

- Je vais vous dire comment ils ont procédé en France. Tous les grands acteurs sont passés par des instituts pour livrer leurs témoignages devant des historiens qui ont étudié la période concernée. Et ces témoignages sont dûment emmagasinés dans des archives.

- Cela nous fait penser aux psychanalystes qui doivent se faire analyser par leurs pairs avant de pouvoir exercer…

- Tout à fait ! En France, tous les acteurs militaires ont donné leurs témoignages aux historiens. Chez nous, cela se passe autrement. J’ai chez moi plus de 123 ouvrages algériens de témoignages. Ce n’est pas satisfaisant, parce que les gens ne parlent pas de la réalité culturelle, de la réalité sociale, de la stratégie des acteurs. Ils parlent de faits, comme ça… Il faut dire que chez les acteurs de la révolution algérienne, la véritable culture était plutôt rare. Partant de là, ils ne peuvent revoir et vivre d’une autre manière leur expérience qu’à travers le regard de gens du métier. L’histoire, c’est aussi un métier.

- Les choses sont-elles claires dans votre esprit, entre le Harbi historien et le Harbi acteur de l’histoire ?

- Il y a nécessairement un aspect subjectif dans cette affaire. Mais cet aspect subjectif, ce n’est pas à moi de le découvrir. Cela incombe aux lecteurs mais aussi à mes collègues historiens. De toute manière, je travaille avec la méthode historique, et donc je soumets tout ce que je fais à la critique historique. Je peux affirmer que j’ai au moins un minimum de distance à l’égard de mon expérience propre. Seulement, je ne suis pas garant de tout. J’ai mes rapports personnels avec les hommes, j’ai des côtés subjectifs, mais je pense que ce côté subjectif n’a pas réussi à prendre le dessus dans mon travail. En tous les cas, les lecteurs aviseront.

- Je reviens à cet enjeu que certains appellent «guerre des mémoires» ou «guerre des récits», même si le mot guerre est très chargé. Peut-on imaginer une écriture de l’histoire qui soit apaisée, dépassionnée, froide, voire «à quatre mains» ?

- On ne peut pas appeler cela «guerre des mémoires». Aujourd’hui, le vrai problème, c’est l’histoire. Il y a guerre des mémoires parce qu’il y a des forces politiques des deux côtés qui instrumentalisent l’histoire pour perpétuer un combat. Du côté français, les vaincus de la guerre d’indépendance sont encore nombreux. Ils sont dans des partis, ils ont des comptes à régler. Et, effectivement, on peut parler à leur sujet plus de mémoire que d’histoire.
Du côté algérien, il y a des mouvements qui connaissent des phases sensibles d’essoufflement, il y a des gens qui n’ont plus rien à dire, et qui pensent que c’est un trésor inépuisable pour essayer de solidifier une nation, qu’ils n’arrivent pas à solidifier autrement.
Si des gens actuellement passent leur temps à ânonner sur le passé, c’est uniquement dans cette perspective. La mémoire et le présent, c’est un gros problème. Le présent n’est pas un présent d’affirmation du respect de l’individu, et la mémoire, elle, rappelle un passé de non-respect de l’individu. Alors, si on veut vraiment convoquer l’histoire pour créer un esprit civique, il faut commencer par respecter l’individu en faisant en sorte que la mémoire d’avant serve de catalyseur, sinon, ce n’est pas la peine.

- Lors du colloque organisé récemment en hommage à Claudine Chaulet, vous avez rapporté ce fait révélateur, à savoir que sous le PPA la notion d’individu n’existait pas, et qu’il était par exemple inimaginable de se représenter un Algérien boire une bière dans la conception identitaire du PPA…

- Publiquement non, comme dans toutes les sociétés musulmanes qui vivent sous le signe de la schizophrénie. Vous pouvez tout faire si on ne vous voit pas. Mais, officiellement, un militant nationaliste ne buvait pas, était censé ne pas boire, et les mœurs des gens étaient sous surveillance. Ce sont des choses qu’on ne veut pas voir de près. Nous sommes des sociétés de surveillance mutuelle. Avant, la surveillance était une institution, c’était la «hissba». Le problème, c’est qu’avec la colonisation cette institution a disparu. Du coup, la surveillance est devenue l’affaire de chacun, et elle est beaucoup plus pernicieuse que s’il y avait une institution comme telle.

- Vous avez souvent souligné la prépondérance du religieux comme référent identitaire dominant au détriment de la diversité raciale, religieuse et culturelle, qui caractérisait notre pays. Pensez-vous que cela constitue un facteur bloquant qui nous empêche d’aller vers la modernité culturelle et politique ?

- Tout à fait ! Si le FIS a été ce qu’il a été, il ne le doit pas à la capacité de ses chefs mais précisément à cet élément. Il faut s’avouer que nous sommes une société fermée. Nous avons un système éducatif de type conservateur et patriarcal. D’ailleurs, je suis effrayé par la haine que les gens ont pour les femmes. C’est incroyable !
Ce n’est pas simplement de la haine, c’est de la peur. Je vois pas mal de femmes, des chercheuses surtout, qui sont tout à fait exceptionnelles, et dès le mariage, elles ont des problèmes. Elles sont confrontées à un dilemme : soit, c’est le sacrifice du métier, soit c’est la rupture. Et si vous faites une recherche statistique, vous verrez que pas mal d’universitaires de haut niveau sont des femmes seules.

- À votre avis, un travail de déconstruction de la pensée nationaliste telle qu’elle a prévalu jusqu’à aujourd’hui est-il nécessaire pour ériger une Algérie nouvelle ?

- Actuellement, l’Algérie est confrontée à deux problèmes : d’abord, la déconstruction de cette pensée à partir de l’idée d’une société multiculturelle et multiethnique, parce que la question de l’ethnicité est un vrai problème. On a beau le cacher, c’est un vrai problème. La deuxième question, c’est le problème de l’autoritarisme. L’Algérie transpire l’autoritarisme par tous ses pores. On parle du pouvoir, mais si vous voyez la vie des partis, elle n’est pas fondamentalement différente. Il faut revenir aux fondements de l’autoritarisme, et quand vous analysez ces fondements, force est de constater la nature des rapports familiaux et le poids du patriarcat. Ce n’est pas un hasard si ce modèle-là, vous le retrouvez dans le système éducatif d’une façon très forte. C’est tout cela qui fait que notre société soit très conservatrice.

- Vous avez cité un mot-clé : «surveillance». Vous avez parlé de cette fiche mystérieuse du MALG qui épie la population, et tout cela me renvoie à un autre «nom-clé» : Abdelhafidh Boussouf. D’aucuns ont fini par le mystifier tellement il cultivait le mystère. On le dépeint généralement comme un personnage intrigant qui était derrière tous les coups tordus. Est-ce que vous l’avez connu personnellement ?

- Je le connaissais très bien puisqu’il était dans la daïra de Skikda. Mais il était originaire de Mila. C’était un cadre de qualité. Je dis d’ailleurs dans mes mémoires que c’est lui qui m’avait recommandé le Que faire ? de Lénine quand j’étais au lycée. C’était un bon organisateur. Mais il était très suspicieux, il était aussi répressif. Néanmoins, je pense qu’on a exagéré les choses à son sujet. Il faut savoir que tous les accords portant sur le renseignement, conclus avec d’autres pays, étaient traités par le GPRA. C’est le gouvernement qui décidait. Il avait une puissance au sein du gouvernement, certes, mais il ne faisait pas ce qu’il voulait.

- Quand on le présente comme «l’ancêtre de la police politique et du DRS», vous pensez que c’est exagéré ?

- Il se trouve que les instruments qu’il a forgés sont passés, par la suite, au ministère de la Défense. Mais, avant, ce n’étaient pas eux qui contrôlaient (les cadres du ministère des Forces armées, ndlr). Ils ne contrôlaient rien. C’était un peu comme dans le système français : les grands commis de l’Etat, on veut bien s’assurer qu’ils n’ont pas d’antenne avec l’étranger, des trucs comme ça, ce n’était pas plus.

- Pourtant, il y a ce fait gravissime qu’on lui impute, celui d’avoir assassiné Abane Ramdane à Tétouan et d’avoir pris tout seul la responsabilité de le liquider…

- Tout seul, je ne dirais pas cela. Qu’il ait une part de responsabilité dans cette affaire, c’est sûr.  Seulement, il y a un point d’interrogation sur cette question. Quand ils ont examiné le cas Abane, Ouamrane, Krim, Mahmoud Chérif et Boussouf étaient pour son exécution.

- Et Bentobal était contre…

- Bentobal était effectivement contre. Or, il fallait un consensus. Ils ont opté alors pour son emprisonnement, mais pas en Tunisie parce que là-bas, c’était dangereux. Donc, ils l’ont emmené au Maroc sous prétexte qu’il y avait des différends qu’il fallait régler avec le sultan Mohamed V. Abane était accompagné de Krim Belkacem et Mahmoud Chérif. Une fois au Maroc, il a été assassiné. Moi, je ne peux pas répondre aussi affirmativement à la question. Krim dit «ce n’est pas moi, c’est Boussouf.» Mahmoud Chérif dit «ce n’est pas moi, c’est Boussouf.» Moi, je ne peux pas le dire, je n’étais pas là, il n’y a pas de preuves.

- Dans le livre de Khalfa Mammeri, Abane Ramdane – le faux procès, l’auteur fait mention d’un procès-verbal (qui aurait été puisé dans les archives personnelles de Boussouf déposées en Suisse, ndlr), et où ce dernier aurait imposé aux autres membres du CCE d’endosser a posteriori l’assassinat de Abane pour faire croire à une décision collégiale…

- Sur ce document, point d’interrogation. Par contre, qu’il l’ait assassiné, ça ne fait pas de doute. Mais sur la responsabilité individuelle, je me pose des questions. Je n’ai pas de réponse.

- Avez-vous des éléments de réponse à propos de ce qu’on reprochait exactement à Abane Ramdane ? Est-ce qu’on était jaloux de lui parce qu’il était brillant ? Est-ce qu’il a payé le Congrès de la Soummam ? Etait-ce une affaire d’ego ?

- Il y avait beaucoup de cela. Pour tout dire, Abane ne pensait pas que cette catégorie d’hommes pouvait diriger l’Algérie. Il faut savoir que le premier incident est survenu le 5 juin au sujet d’une conférence de presse qui devait être donnée au Caire. Krim voulait la tenir alors que c’est Abane qui devait l’animer. Ce dernier s’est adressé à Krim en le traitant d’aghyoul (bourricot). Finalement, il a été dévolu à Saâd Dahlab qui était un personnage de second ordre de l’animer. Les deux membres les plus puissants du CCE étaient ainsi aux prises l’un avec l’autre. Et je pense que Krim avait des visées sur le pouvoir depuis toujours, surtout après la Bataille d’Alger.

- Donc, vous maintenez que ça n’a pas été une décision exclusive de Boussouf d’éliminer physiquement Abane ?

- Non, parce qu’ils étaient trois et ils imputent cela à Boussouf. Or, je sais, d’après Bentobal, que Krim avait projeté d’assassiner Bentobal après cet épisode. Donc, si tant est que le témoignage de Bentobal soit véridique, Krim voulait éliminer les gens qui se dressaient sur le chemin de son pouvoir. Pourquoi Bentobal ? Parce qu’il supposait qu’étant lui aussi de Mila, Bentobal était un appui pour Boussouf.

- D’après vous, l’assassinat de Abane a-t-il affaibli le CCE ?

- Du point de vue politique, c’est sûr.

- Quand on dit qu’il y a un avant et un après-Abane, est-ce une analyse que vous partagez ?

- La machine politique a continué à fonctionner. La machine politique, ce n’était pas seulement Abane. Il y avait des hommes de grande qualité comme Ferhat Abbas, comme Abdelhamid Mehri, comme Benyoucef Benkhedda…

- Toujours est-il que Boussouf, après l’assassinat de Abane, semble avoir pris un ascendant sur les autres, vous n’êtes pas de cet avis ? On assure même qu’il terrorisait tout le monde.

- Boussouf ne contrôlait que la base du Maroc. Or, la puissance du FLN était plus en Tunisie qu’au Maroc.

- Dans son livre sur le colonel Amirouche (Une vie, deux morts, un testament) Saïd Sadi affirme que c’est Boussouf qui a donné Amirouche aux Français…

- Quand je suis arrivé en Tunisie, j’ai entendu cette version. Moi, je suis arrivé au mois de mai 1959 (Amirouche est tombé au champ d’honneur le 29 mars 1959, ndlr) et il y avait cette version qui circulait. Elle a tenu le haut du pavé pendant toute la période de la réunion des colonels. Une opposition faisait rage entre Krim d’un côté, et Boussouf, Bentobal, et Boumediène de l’autre. C’était dans le cadre de ces luttes de pouvoir qu’est sortie cette version. Personnellement, je pense que Boussouf était sans doute quelqu’un de particulier,  mais pas à ce point.

- Après l’indépendance, il a eu une vie discrète. Certains récits affirment qu’il s’est converti en armateur ou vendeur de bateaux. Pourquoi Boussouf a-t-il disparu aussi subitement de la vie publique selon vous ? Il n’a pris aucune responsabilité après 1962 ?

- Il ne pouvait pas prendre de responsabilité, personne n’aurait voulu de lui. Même quand Boumediène était devenu le grand chef, Boussouf a fait une offre de service, mais il n’a même pas été reçu par Boumediène. Vous ne pouvez pas avoir avec vous votre ancien chef qui vous connaît bien. Après, il s’est lancé dans les affaires, il avait un nom et les Irakiens l’ont beaucoup aidé. Il a trouvé de l’aide partout dans le monde arabe.

- Est-ce qu’on a donné, selon vous, sa pleine valeur au Congrès de la Soummam qu’accable par exemple Ali Kafi ?

- Je pense que c’est une version contemporaine chez Al Kafi. Je ne lui ai pas connu cette opinion avant. En réalité, chez Ali Kafi, ce n’est pas le Congrès de la Soummam qui posait problème mais plutôt la personne de Abane. Il estime que Abane, ce n’était pas l’homme qu’il fallait. C’est un parti pris, c’est le point de vue d’un clan tout simplement.

- Même les attaques de Ben Bella contre le Congrès de la Soummam ?

- C’est la même chose, c’est le point de vue d’un clan. Avec cette différence que lui en a été exclu. A mon avis, cette histoire selon laquelle il ne pouvait pas venir n’est pas crédible. S’il avait participé au Congrès, peut-être que les choses auraient pris une autre tournure. Les clans n’auraient pas eu les mêmes contours. Il faut souligner que la majorité était derrière Krim beaucoup plus qu’elle ne l’était derrière Abane. C’est l’intelligentsia qui était derrière Abane, ainsi que l’ancienne classe politique qu’il a récupérée.

- On approche à grand pas du cinquantenaire de l’Indépendance qui coïncide, à quelque chose près, avec cet éveil des sociétés civiles arabes et maghrébines pour exiger le changement. La Révolution de 1954 n’a pas tenu toutes ses promesses, il y a une grande déception de la part des Algériens qui ont le sentiment que le combat libérateur est resté inachevé. Y a-t-il de la place, d’après vous, pour une nouvelle révolution afin de réaliser les promesses de l’Indépendance ?

- Ne parlons plus de révolution, elle est terminée. Les espérances des Algériens ne trouvent pas écho dans le système auquel a donné naissance la Révolution. Les gens qui pensent qu’il faut achever cette révolution devraient réfléchir autrement maintenant.
Il faut tout recommencer. C’est un autre peuple, c’est une autre société. Je ne pense pas que les sociétés puissent se construire durablement indépendamment d’un mouvement d’idées et d’un projet, et c’est ça le problème des Algériens.

- Quand on dit que c’est la même équipe qui gouverne depuis 1962 en termes de filiation en soulignant la structure fondamentalement militaire du pouvoir, Bouteflika qui est issu du groupe de Oujda, vous êtes d’accord avec cela ?

- Non, non, il y a eu des recompositions. Il me semble qu’au niveau des dirigeants, ils sont tous pour le changement, mais ils ne savent pas par où commencer parce que le point par lequel on commence décidera de qui va en profiter.

 

Bio express :

Mohammed Harbi est né en 1933 à El Harrouch, près de Constantine. Dès 1948, il adhère au PPA-MTLD. Il part en France en 1953 pour s’inscrire à des études d’histoire à la Sorbonne. En 1956, il intègre l’UGEMA puis le comité fédéral de la Fédération de France du FLN comme responsable de l’information.

En 1958, il rejoint le GPRA au Caire dès sa création. Il devient le conseiller de Krim Belkacem au ministère des Forces armées, puis au département des affaires étrangères du GPRA. Il est nommé ambassadeur en Guinée (1960-1961). Mohamed Harbi prend part aux premiers accords d’Evian.
Après l’indépendance, il est conseiller du président Ben Bella et participe à l’élaboration du Programme de Tripoli (1962). En 1965, il fait les frais du coup d’Etat de Boumediène et se voit emprisonné pendant cinq ans, puis placé en résidence surveillée.

En 1973, il réussit à s’évader. Harbi vivra en exil forcé jusqu’en 1991. Il se consacre dès lors à l’enseignement universitaire et à son métier d’historien.
Parmi ses nombreux ouvrages : Aux origines du FLN, Le populisme révolutionnaire en Algérie (1975), Le FLN, mirage et réalité (1980), 1954, la guerre commence en Algérie (1984), L’Algérie et son destin, croyants ou citoyens (1993), Une vie debout, Mémoires (2001), Le FLN, documents et histoire 1954-1962 (2004, avec Gilbert Meynier).

Glossaire :

- L’OS : L’Organisation spéciale. Bras armé du PPA-MTLD créée en 1947. Son premier chef était Mohamed Belouizdad, avant d’être remplacé par Hocine Aït Ahmed. Elle sera démantelée en 1950 suite à l’arrestation de Ben Bella.

- Le CCE : Comité de coordination et d’exécution, organe créé par le Congrès de la Soummam. C’est l’instance exécutive du CNRA, le Conseil national de la Révolution algérienne.

- Le MALG : Ministère de l’Armement et des Liaisons générales.
Premier appareil de renseignement militaire algérien, le MALG était le service de renseignement attitré de l’ALN. Il est couramment présenté comme l’ancêtre de la police politique en Algérie. Il était dirigé par Abdelhafidh Boussouf.

- Le MNA : Mouvement national algérien. Parti créé par Messali Hadj en 1954 avec pour objectif de faire échec au FLN. Des luttes fratricides feront rage entre les deux factions, notamment au sein de l’émigration.

- L’Affaire Mellouza : Elle fait référence au massacre, dans la nuit du 28 au 29 mai 1957, de plusieurs affidés du «général Bellounis», chef des troupes du MNA, par des commandos de l’ALN dans les hameaux de Mellouza, Béni Ilmane et Mechta-Casba, dans la wilaya de M’sila, réputés être des fiefs messalistes. On évoque le chiffre de 300 hommes tués.

- L’Affaire de la «Bleuite» : Par allusion aux «bleus de chauffe», des auxiliaires algériens retournés par l’armée coloniale contre le FLN dans La Casbah durant la Bataille d’Alger.
Elle renvoie à une purge perpétrée à partir de 1958 dans les rangs de l’ALN suite à une grosse opération d’intox et de guerre psychologique menée par les services secrets français visant à faire croire à l’existence de traîtres dans les maquis de la Wilaya III. Longtemps on a imputé ces purges au colonel Amirouche, une version que réfutent ses compagnons d’armes.

- Décret Crémieux : Il s’agit du décret promulgué le 24 octobre 1870 qui octroie d’office la nationalité française aux israélites indigènes d’Algérie.

Mustapha Benfodil

 

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25 mai 2011

Algérie : en finir avec les délires antisémites !

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Lettre du cinéaste Jean-Pierre Lledo au journal algérien LIBERTÉ

Messieurs les Directeur et Rédacteur en chef de Liberté. Je viens de découvrir avec stupéfaction dans votre édition du 17 Mai dernier,  un compte rendu du roman Derb Lihoud d’un certain Saïd Kessal, signé par votre collaborateur M. Laradj. Je vous saurai gré de bien vouloir publier mon indignation.
Salutations.
Jean-Pierre Lledo.

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En finir avec tous les délires !

Jean-Pierre LLEDO


Messieurs les Directeurs et Rédacteurs en chef de Liberté, vous dirigez un quotidien national au nom prestigieux et vous vous revendiquez démocrates. Comment alors avez-vous pu publier un commentaire aussi complaisant du "roman historique" Derb Lihoud (Quartier juif) d'un certain Saïd Kessal, journaliste par ailleurs à Echourouk, ce quotidien national en langue arabe bien connu pour ses obsessions anti-juives ?

Comment ne vous-êtes vous pas aperçu, qu’il s’agissait d’une simple resucée de deux fantasmes anti-juifs parmi les plus connus : le crime rituel des enfants (avec le sang duquel les Juifs feraient leurs galettes de Pâques), et la domination mondiale par le complot et l’argent, thème central des Protocoles des Sages de Sion ?

Depuis le début de l’ère chrétienne, le premier a servi de prétexte à la persécution des Juifs. Quant au second, l’on sait depuis un siècle qu’il s’agit d’un plagiat d’un ouvrage de Maurice Joly dirigé contre Napoléon III, mais qui fut détourné par la police tsariste vers la fin du XIXe siècle, pour justifier les pogroms massifs de Russie. Les Protocoles racontent donc comment les "Sages de Sion", réunis secrètement, comptent s’y prendre pour dominer le monde !

Liberté devrait aussi savoir que cet ouvrage reste, avec Mein Kampf, un des titres essentiels de l’édition du monde arabe,  ce qui a permis à "l’écrivain", d’y puiser la source de son inspiration.

"Sacrifiés sur l’autel du rite talmudique attribué aux sionistes" !!! Liberté ne pourrait-il pas lui expliquer que le Talmud n’est pas un "rite" ? !!! À l'ère du net comment peut-on écrire de pareilles inepties ?

Si l’on veut qu’un jour le monde arabe s’approche des rives de la démocratie, ne revient-il pas aux élites qui au moins s’en réclament, d’en finir avec tous les délires, notamment anti-juifs, générateurs de haine et surtout de crétinerie, sans quoi ses peuples seront maintenus dans une nuit sans fin ?

Espérant à l’avenir votre vigilance, mes salutations.

25 mai 2011

Jean-Pierre Lledo

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22 mai 2011

exposition : l'Afrique du Nord dessinée

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L'Afrique du Nord dessinée

du 24 mai au 19 juin 2001 à Versailles

 

adresse de l'exposition : 12, rue des États-Généraux à Versailles - du mardi au samedi, de 10 h à 19 h - dimanche, de 14 h à 19 h - Tél. 01 39 24 04 25

http://jeunepiednoir.pagesperso-orange.fr/jpn.wst/Expositions.htm#versailles11

 

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21 mai 2011

Jacques Marseille, historien de l'économie

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Hommage à Jacques Marseille

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19 mai 2011

les erreurs d'une "historienne"

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un livre à éviter...

Maurice FAIVRE

 

Claire Mauss-Copeaux a publié en février 2011 un livre intitulé : Algérie 20 août 1955, Insurrection, Répression, Massacres, éd.Payot, 279 pages.

Cet ouvrage contient de grossières erreurs concernant le massacre d'El Halia :
- il surestime la population européenne du village (250 au lieu de 180).
- Il présente une situation calme du Constantinois, alors que le terrorisme a commencé en mai (huit bombes à Constantine).
- Il se réfère à la version de Brahim Ayachi, selon lequel tous les habitants d'El Halia étaient armés et se sont défendus :
- or un seul assaillant a été tué ; 
- le dépôt d'explosifs n'a pas été visité, alors que le but était de récupérer de l'armement.
Ayachi, qui n'avait aucune responsabilité dans l'ALN de 1955, se réveille 50 ans après les faits.
- les ouvriers sétifiens de la mine n'étaient pas des rescapés de mai 1945, ils venaient de M'sila, localité qui n'avait pas connu de soulèvement en 1945.

D'autres erreurs concernent :
- les soi-disant vengeances familiales de la famille Mello à Ain Abid,
- l'ignorance des victimes du Khroubs,
- les cadavres écrasés par un half-track à Guelma,
- l'audition du général Faivre par Patrick Rotman (chronologie inexacte, faits incomplets, archives consultées, action sociale de l'armée ignorée).

Le livre à paraître de Roger Vétillard, préfacé par Guy Pervillé,  fait un point précis de l'insurrection du 20 août 1955. Il s'appuie sur des archives inconnues, et sur près de 80 témoignages de Français et d'Algériens.

Maurice Faivre
le 18 mai 2011

 

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enfants assassinés par le FLN à El-Halia en 1955,
dans sa "glorieuse guerre d'indépendance"

 

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14 mai 2011

déportés algériens en Nouvelle-Calédonie

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liste des déportés algériens

en Nouvelle-Calédonie, 1867-1895

Melica OUENNOUGHI

 

Études Coloniales a publié, dès 2006, un article de Melica Ouennoughi, docteure en histoire et auteure d'un remarquable travail sur la déportation de condamnés maghrébins en Nouvelle-Calédonie, sur la reconstruction identitaire de cette communauté dans l'archipel océanien.

http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2006/10/12/2896840.html

L'importance et l'intérêt de ce travail ont été l'objet d'une attention permanente depuis. D'autant que Melica Ouennougi avait publié les listes généalogiques de déportés (1867-1895), les listes de mariages mixtes ainsi que les listes de concessionnaires à Bourail. Elle est l'inconstestable "découvreur scientifique" de tout ce matériau d'archives mettant à jour une somme considérable d'informations historiques.

De nombreuses demandes nous sont parvenues cherchant à identifier si telle ou telle personne figurait dans ces listes. Nous avons d'abord répondu au cas par cas puis avons renvoyé vers la consultation directe du travail de Melica Ouennoughi et de son ouvrage paru chez L'Harmattan en 2006.

Cette année, en avril, nous avons reçu de la part de l'Institut International d'histoire sociale (IISG) d'Amsterdam, des listes de déportés algériens, avec photos d'archives, provenant d'un registre entré en possession de cet organisme par voie de don ou d'acquisition :

http://www.iisg.nl/collections/new-caledonia/sources-fr.php

Nous l'avons édité sur le blog Études Coloniales :

http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2011/04/09/20854070.html

Ce registre est-il un double de celui que Melica Ouennoughi a trouvé, au prix d'investigations longues et rigoureuses ? Il n'en reste pas moins que l'antériorité scientifique revient à Melica Ouennoughi. Cest pourquoi, nous publions, avec son accord, ses propres listes telles qu'elles figurent dans son ouvrage.

Daniel Lefeuvre, Michel Renard

 

Établissement généalogique des premières listes des mouvements

de Maghrébins
condamnés au bagne calédonien (1867-1895)

recherches de Melica Ouennoughi

 

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les mêmes documents en capture de format pdf

 - le numéro de page figure en haut

 

Établissement généalogique des premières listes des mouvements

de Maghrébins
condamnés au bagne calédonien (1867-1895)

recherches de Melica Ouennoughi

 

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Remerciements

Mes remerciements s'adressent aux personnes et institutions suivantes :

Monsieur Michel Renard et Monsieur Daniel Lefeuvre, Professeur d'Histoire à l'Université Pais VIII, pour la publication de mes données de recherches sur leur beau site "Etudes coloniales". Je remercie Monsieur Michel Renard, chercheur en histoire sur l'histoire de l'Islam en France, pour avoir publié mes découvertes scientifiques faisant état des investigations historiques dans les archives des armées de Terre et de la Marine durant les années 1998 à 2004, donnant lieu à soutenance de thèse et à publication à la demande du jury de thèse, chez l'éditeur l'Harmattan en décembre 2005, diffusion en janvier 2006.
Je suis tout à fait reconnaissante de ses travaux effectués sur l'histoire de l'Islam en France dont il est un spécialiste au plan de ses découvertes largement reprises par d'autres.

Je remercie en premier lieu Messieurs les professeurs :
- Pierre-Philippe Rey, Directeur de ma thèse de doctorat qui en a avertie les Universités et qui a rédigé la préface de mon ouvrage, sur la visibilité scientifique entre autres, des listes nominatives des déportés politiques et forçats Algériens en majorité et Maghrébins du ralliement des anciens clans et mouvements insurrectionnels (Atlas Marocain, et Sud Tunisien) ;
- ainsi que le professeur et regretté honorable historien, Monsieur Claude Liauzu pour avoir inscrit sur le beau site des "Études Coloniales" à la suite de mes travaux, pour reprendre sa formulation respectable à l'égard de mes travaux : "cette thèse permet désormais "d'intégrer" les déportés et forçats d'Algérie".

Mes remerciements s'adressent à la composante calédonienne d'origine algérienne qui m'a confié cette mission pour leur association de réaliser la fouille d'archives donnant matière à la science mais également à la construction de la stèle commémorative du cimetière de Nessadiou, Sidi Moulay où reposent les déportés Algériens décédés à Bourail.

Ce travail de fouilles d'archives et donnant lieu à un doctorat a reçu une collaboration financière de la part de la Mairie de Bourail, Messieurs Jean-Pierre Aïfa et Guy Moulin tous Calédoniens d'origine Algérienne ont suscité l'intérêt pour ce travail scientifique afin de rendre une visibilité officielle sur la traçabilité historique et l'histoire des déportés en Nouvelle-Calédonie.

Les fonds alloués durant le travail de thèse par la Mairie de Bourail, Monsieur Kader Bouffénèche, ancien Président de l'Association des Arabes et Amis des Arabes de Bourail, m'ont permis  d'apporter un travail de concrétisation pour la réalisation de la stèle commémorative, s'ajoutant aux fonds du laboratoire d'anthropologie historique du Maghreb et de l'Afrique de l'Ouest de l'Université Paris VIII qui ont permis d'établir un passerelle de recherche entre la Mairie de Bourail et l'Université Paris VIII pour ce premier travail universitaire de doctorat.

Je remercie Monsieur Pierre-Philippe Rey d'avoir invité Monsieur le Maire, Jean-Pierre Taïeb Aïfa autour d'un déjeuner et lors de la venue du Maire à l'Université.  Cette rencontre a permis d'établir des liens entre deux espaces du lien culturel du Maghreb et de la Nouvelle-Calédonie.

Enfin mes remerciements, pour ce travail réalisé en partie en France et en Nouvelle-Calédonie, s'adressent à la compétence des Archives Territoriales de Nouméa (M. B. Deladrière et Mme Picquet) auprès de Monsieur Deladrière j'ai acquis une dérogation pour ces premiers travaux), des Archives Militaires Historiques de Vincennes (M. P. Carré), des Archives Départementales des Charentes Maritimes (M. P.-A. Augié et Mme Chauffier), des Archives d’Aix-en-Provence (Mme E. Durand), des Archives Départementales du Finistère (Mme S. Tesson-Bennett), ainsi que Monsieur Ismet Kurkovitch Directeur des Archives de Nouvelle-Calédonie avec lequel entre 2007 et 2009 je poursuivais mes recherches qui ont permis la visibilité scientifique des états civils des déportés de Kabylie de 1871 et des Aurès 1876 emprisonnés dans les territoires politiques ïle des Pins et Presqu'ile Duclos.

Lors de la conférence au CNRS à l'occasion des recherches en Sciences Humaines et Sociales sur l'Océanie, Colloque LBSH Pacifique, du 10 au 12 mars 2010, ces données ont été apportées et mes remerciements s'adressent au Professeur Monsieur Maurice Godelier pour avoir abordé l'intérêt d'un marqueur culturel berbère de mes découvertes scientifiques de la Tajmâat de Bourail, élément culturel formateur des sociétés berbères et assemblées villageoises de l'ancien Maghreb (XIXe siècle) dont je rappelle des pratiques préservées longtemps dans l'espace kanak et calédonien. 

Ces travaux se poursuivent dans la réalisation d'un ouvrage collectif et d'un ouvrage à paraître prochainement.
Je remercie Monsieur Kadri Aïssa, Professeur et Directeur de l’Institut Maghreb Europe de l'Université Paris VIII, pour m'avoir attribué des charges de cours et des séminaires pour la diffusion des mes travaux, afin de permettre aux étudiants de Master, de fournir les outils et les méthodes d'enquêtes appropriés aux longs terrains et les fouilles d'archives menées durant ces dix dernières années.

Mes remerciements à toute l'équipe et à Michel Renard, pour que votre beau site soit toujours aussi attractif, il rend une visibilité scientifique unique interactive en son genre aux besoins des lecteurs du multimédia d'aujourd'hui.

Mélica Ouennoughi
Docteur et enseignante chercheur sur l'Histoire des Algériens et Maghrébins
Université Paris VIII.

Déportation des Algériens et Maghrébins de Nouvelle-Calédonie
1864, 1871-1873,1876-1879,1881-1882,
1883 à la fermeture du bagne 1896 (poursuite des travaux).

Premiers répertoires et mouvements du bagne des Maghrébins vers la Nouvelle-Calédonie.
Propriété scientifique : Docteur Mme Ouennoughi Mélica, enseignante chercheur.

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OUENNOUGHI, M., KAHN, F. 2005.
Le cimetière du saint patron sidi Moulay de Nessadiou, Bourail.
Les hommes de la déportation algérienne.

"Behind the date palm
in New Caledonia", Palms n° 49 (2), 2005.
Travaux intégrés à l’Institut français d'études andines 75, Lima.

 

 

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