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études-coloniales

16 novembre 2011

l'armée des frontière, par Jean-François Paya

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l'armée des frontières, Algérie

SYNTHÈSE GROUPE RECHERCHE HISTORIQUE

Jean-François PAYA

 

L'armée des frontières, regroupée en Tunisie et au Maroc, fortement dotée d'un matériel moderne, structurée comme une armée régulière, avec sa hiérarchie d'officiers sortis des écoles militaires françaises ou égyptiennes, son  règlement intérieur, ses casernes, ses recrues, son chef tout-puissant,  Boumédiene, qui n'a jamais milité en Algérie et a passé toute la guerre à l'extérieur.

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Boussouf

Il fut nommé par Abdelhafid Boussouf chef d'état-major en 1960, non pour ses talents militaires, mais parce qu'il joua un rôle décisif dans la répression du «complot des colonels», vaste soulèvement de cadres et de soldats dirigé contre le G.P.R.A. qui refusait d'envoyer des armes à l'intérieur. Par des méthodes bureaucratiques et répressives, il sélectionna un appareil militaire qui finit par coiffer toute l'A.L.N. extérieure et garda son autonomie vis-à-vis du G.P.R.A....

Après la signature des accords d'Évian, la crise éclata ouvertement entre  l'A.L.N. des frontières et le G.P.R.A., qui chercha alors à s'appuyer sur les willayas de l'intérieur, tellement délaissées pendant la guerre. Mais les objectifs du  G.P.R.A. et ceux des willayas étaient contradictoires.

Le G.P.R.A. n'avait  d'autre ambition que de se faire valoir auprès de l'impérialisme français comme l'équipe la plus apte à faire respecter les accords d'Évian ; dans le phénomène du «willayisme» s'exprimait la volonté des combattants de ne pas se contenter d'une indépendance formelle, de bâtir leur propre pouvoir. Et le caractère social différent de l'armée des frontières s'est clairement exprimé dans la violence avec laquelle  elle a œuvré à écraser «les militants de l'intérieur»...

L'A.L.N. de Tunisie entre en Algérie et s'installe facilement en willaya I (Aurès) et en willaya VI (Sud algérois). L'A.L.N. du Maroc entre facilement en  willaya V (Oranie), très peu active. Elle exerce une répression féroce sur les cadres et  les militants de «l'Organisation politique et administrative», qualifiés de  harkis, et liquide toutes les structures du F.L.N.

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au centre, Houari Boumédiene

Mais lorsqu'elle s'avança vers Alger,  l’A.L.N., illusionnée par la décomposition du G.P.R.A., se heurta en septembre à Boghari (1.300 morts) aux militants aguerris et résolus des willayas II, III  et IV, tandis que Yacef Saadi, encerclé par les forces de la «Zone autonome  d'Alger», capitulait dans la Casbah. Boumédiene, qui n'avait jamais utilisé son matériel lourd contre les Français, osa l'employer contre les djounouds.

Mais, après Boghari, un grand nombre de cadres et de soldats quitta l'armée des  frontières, soit en se faisant démobiliser, soit en emportant les armes. Les vides furent comblés par les débris de la force locale (harkis, mercenaires...).

Les cadres algériens demeurés au service de l'armée française vinrent, d'un commun accord entre l'état-major français et celui de «l’Armée nationale populaire», combler les vides laissés par les cadres révolutionnaires.

L'A.N.P. est devenue une armée régulière, pléthorique (100 000 hommes), avec  son budget énorme, son matériel lourd fourni par la France, l'Égypte ou les pays de l'Est, sa hiérarchie et ses cadres soigneusement épurés, provenant pour  l'essentiel de l'armée française des écoles égyptiennes ou des frontières, avec  des différences de soldes marquées entre les soldats, les sous-officiers et les  officiers (le soldat gagne 20 000 AF, pouvoir d'achat élevé en Algérie compte tenu de la misère générale, le sergent, 53 500 AF, l'adjudant 107 000 AF. Il ne nous a pas été possible de connaître les soldes des officiers).

L'A.N.P. possède sa presse intérieure et sa revue mensuelle, El Djeich«À côté de l'armée, la gendarmerie, la police et la sûreté générale sont devenues des annexes de l'A.N.P. depuis que Boumédiene est ministre de la Défense nationale et vice-président du Conseil.»  (idem, pp. 52-54.). Telle est la colonne vertébrale du pouvoir en Algérie.

 

POINT DE VUE : L ORIGINE DU POUVOIR EN ALGÉRIE

C’est un fait admis que le  complot s’est concocté à Oujda durant les années de braise, pendant que les wilayas de l’intérieur se faisaient étrillées par l’Armée française. «Quand  le diable assiste à nos réunions, il perd lui-même son latin», aurait  confié Chérif Belkacem, l’ex-ami de Bouteflika et l’un des piliers du Clan d'Oujda.

De leur Tkanbiss est sortie une idée géniale qu’il a fallu concrétiser avec l’aide de l’inévitable Messaoud Zeghar. Le Clan d’Oujda et leur ténor Boumédiene étant d’illustres inconnus dans la Révolution, il leur fallait un historique pour rentrer en Algérie en triomphateurs. Mais, pour  contacter les historiques qui se trouvaient en France dans une prison, la mission était apparemment impossible.

passeport diplomatique marocain pour Bouteflika

Et c’est là qu’est intervenue la CIA à  travers Zeghar, selon un avis très autorisé. Le Roi Hassan II qui détestait  au plus haut point les responsables du FLN/ALN qui se trouvaient sur son  territoire et qu’il connaissait bien par leurs agissements et les libertés  qu’ils se permettaient à la limite de la provocation, en particulier  Boussouf et Boumédiene, fut contraint de délivrer un passeport diplomatique  à un émissaire de l’État-major de l’ALN, Bouteflika en l’occurrence et ce, à  l’insu du GPRA dont dépendait l’ALN et avec lequel, il risquait de provoquer  une crise diplomatique.

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Bouteflika

Et c’est grâce à ce passeport diplomatique marocain que Bouteflika put entrer dans la prison où se trouvaient les cinq historiques. Il est absolument évident que, sans l’intervention de la CIA, la mission secrète de Bouteflika, criminelle et lourde de conséquences pour  l’avenir du pays n’aurait jamais eu lieu, Hassan II n’ayant aucun intérêt à prendre position pour l’État-major de l’ALN dans son conflit avec le GPRA. Durant la Révolution, le travail fractionnel était durement réprimé et celui  de l’État-major de l’ALN était d’une extrême gravité puisqu’il ne visait ni plus, ni moins que la division du GPRA.

Malgré cela, Boumédiene en est sorti  indemne et le GPRA n’a élevé aucune protestation auprès de la monarchie marocaine au sujet de sa complicité avec l’État-major de l’ALN. Ces  questionnements appellent des éclaircissements de la part des responsables  encore en vie : qu’ils ne laissent pas les nouvelles générations sur leur  faim.

Jean-François Paya
SOURCES : Mohammed Harbi et certains ex-agents des services Algériens retraités
Synthèse GROUPE DE RECHERCHES HISTORIQUES par cercle ALG /POITOU Septembre 2011

 

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15 novembre 2011

"La mosquée de Paris sous l'occupation", par Jean Laloum

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"La mosquée de Paris sous l'occupation"

 Jean LALOUM

 

Le film d'Ismaël Ferroukhi, Les Hommes libres, est un beau film plein d'humanité, mettant en scène – dans le Paris occupé –, un épisode de la Mosquée de Paris. Afin de pallier le petit nombre de documents traitant du sujet, le réalisateur a choisi de conjuguer fiction et sources historiques dans l'écriture du scénario. D'entrée de jeu, le spectateur est prévenu du mélange des genres, non de leur part respective.

Au cœur de l'intrigue, le "planquage" d'enfants juifs dans la mosquée-même et le subterfuge utilisé pour soustraire le chanteur juif natif d'Algérie, Simon – alias Salim – Halali aux desseins allemands et vichystes. La délivrance de faux papiers, l'inscription apocryphe du nom du père du chanteur bônois sur une pierre tombale du cimetière musulman de Bobigny, parviennent à contrecarrer le sort qui leur était réservé. Très tôt pourtant, les autorités allemandes suspectant le lieu de culte de collusion y enquêtent.

Dès septembre 1940, bien avant la création du Commissariat aux questions juives (CGQJ), Vichy est prévenu de ses possibles agissements : "Les autorités d'occupation, révèle une note interne au ministère des affaires étrangères, soupçonnent le personnel de la mosquée de Paris de délivrer frauduleusement à des individus de race juive des certificats attestant que les intéressés sont de confession musulmane. L'imam a été sommé, de façon comminatoire, d'avoir à avec toute pratique de ce genre. Il semble, en effet, que nombre d'israélites recourent à des manœuvres de toute espèce pour dissimuler leur identité."

Quelles institutions furent à l'initiative de la délivrance de faux certificats ? Quels furent les moyens de contrôle des services de Vichy en vue de déjouer ces pratiques ? Que penser de l'attitude prêtée au directeur de la Mosquée de Paris à partir d'un nombre réduit d'indices ? Son rôle, à la lumière d'autres archives, semble plus ambigu qu'il ne ressort du film.

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créé en mars 1941, le CGQJ était
installé place des Petits-Pères

Les attestations de complaisance circulent en nombre dans la France occupée. Au sein de l'imposante série AJ38 répertoriant les archives de l'ex-CGQJ (Commissariat général aux questions juives) conservées aux Archives nationales, les certificats de baptême, d'initiation ou d'ondoiement, de mariage ou d'inhumation adressés par les autorités religieuses à des familles présumés juives, y figurent très régulièrement.

Ceux-ci proviennent pour l'essentiel de la sphère chrétienne. S'ils sont adressés au CGQJ, c'est que celui-ci tient un rôle primordial dans la reconnaissance raciale des individus. C'est en effet l'une de ses directions – la direction du Statut des personnes – qui, par ses avis autorisés, entérine la décision. Un certificat de non-appartenance à la race juive (CNARJ) est alors délivré à la personne ayant fourni toutes les pièces justificatives de son aryanité.

 

l'identité raciale de l'individu

Une fois épuisées les possibilités de se procurer ces attestations religieuses, c'est en dernier recours le diagnostic du professeur George Montandon, expert "ethno-racial" à la solde des Allemands qui détermine, après examen, l'identité raciale de l'individu.

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Georges Montandon

Il se targue d'une connaissance quasi universelle sur les religions. Or, pour nombre de juifs d'origine nord-africaine justement, revêtir l'identité d'un Arabe de confession musulmane constitue un subterfuge courant. La langue arabe, longtemps langue vernaculaire de ce judaïsme d'outre-Méditerranée, est encore couramment pratiquée dans les familles installées en France. Du coup, c'est d'instinct que ceux-ci jouent sur l'ambiguïté, aussitôt qu'ils sont menacés. Très tôt cependant, le CGQJ s'avise de débusquer les fraudeurs.

La direction du Statut des personnes s'adjoint d'experts pour transcrire et authentifier les certificats en langues étrangères qui lui sont soumis. Elle fait également appel à la collaboration des différents représentants religieux pour évaluer, par des avis étayés, les déclarations des postulants se réclamant de la race aryenne, même si elle soupçonne ces religieux de se prêter à des conversions de complaisance. Ne pouvant se passer d'eux, elle les sollicite, quoiqu'avec la plus grande défiance.

Les autorités musulmanes constituées sont donc périodiquement consultées pour statuer sur les requérants se réclamant de la religion musulmane. L'onomastique, le lieu de naissance et la filiation sont les critères retenus par la direction du Statut des personnes pour déterminer la race, car la circoncision, pratiquée également par les musulmans, n'est pas un indice probant dans le cas des juifs nord-africains. Une note du CGQJ adressée le 14 septembre 1943 au directeur de l'Institut musulman – mosquée de Paris demande son avis "sur le patronyme de Amsellem Salomon, Yacouta née Ben Rhamin Bent Chemoun et enfin : Ben Aroch Messaoudah. […] Je vous demanderai également de bien vouloir me dire si ces noms vous semblent être ceux que portent les musulmans ou les arabes, et si, selon votre sens, les juifs d'Algérie peuvent porter ces mêmes noms. Une prompte réponse de votre part m'obligerait".

demandes d'expertise sur la judéité

Le 23 septembre suivant, une même demande concernant un individu natif de Guelma, Joseph Krief (ou Kriel) qui, s'étant déclaré juif par erreur alors qu'il serait musulman, souhaiterait revenir sur cette première déposition. De façon inattendue, la direction laisse la Mosquée de Paris libre d'invoquer l'incertitude, ce qui jouera au bénéfice de l'examiné. Le verdict, cinglant et circonstancié, tombe comme un couperet moins de deux semaines après : "L'Institut Musulman à qui j'avais soumis aux fins d'authentification le document que vous m'avez communiqué, vient de m'indiquer que votre nom était un nom juif algérien. Le nom de votre père, Vidal Kriel, confirme cette origine..."

Ces demandes d'expertise auprès de la Mosquée de Paris n'ont rien d'exceptionnel. Ces échanges sont répétés, sinon réguliers. Le 17 juin 1944 une nouvelle requête est adressée à Si Kaddour Ben Ghabrit au sujet de la position raciale de Germaine Roland, née Marzouk, originaire de Tunisie : "Vous avez eu l'amabilité, à diverses reprises, de me donner votre avis sur des cas d'espèce analogues à celui-ci, lui écrit-il. Puis-je vous demander à nouveau de me faire savoir si l'attestation dont il s'agit peut être tenue pour valable ou non et si les patronymes des ascendants de l'intéressée sont d'origine juive ou musulmane […]."

Le 12 juillet 1944, le CGQJ avise le mari de l'intéressée qu'en vertu des conclusions convergentes de la Mosquée de Paris et de l'"expert ethno-racial" George Montandon, Germaine Roland sera considérée comme juive au regard de la loi du 2 juin 1941. Transférée le 5 août 1944 du camp de Bassano à celui de Drancy, elle n'évite la déportation qu'en raison de la date tardive de son internement.

Jean Laloum, chercheur au CNRS
groupe Sociétés, religions, laïcités
Le Monde, 7 novembre 2011
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- articles sur le film Les hommes libres publiés sur le blog d'Études Coloniales

 

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9 novembre 2011

les disparus européens de la guerre d'Algérie

9782916385563FS 

 

les disparus civils européens en Algérie,

1954-1963

un scandale d'État ?

 Roger VÉTILLARD

 

Il s'agit d'un sujet très sensible. Les recherches sur les disparus européens de la guerre d'Algérie n'ont pas été rares. Mais elles ont toujours été approximatives faute de pouvoir recourir aux documents et archives mises à part celles de Jean Monneret qui a pu en utiliser quelques-unes.

La plupart de ces recherches n'ont utilisé que des témoignages parfois imprécis, parfois convergents mais critiquables car difficilement vérifiables. Et en la matière quand on ne sait pas tout, la tendance est à l'exagération ou à la récusation, selon le côté où l'on se situe.

Le travail de Jean-Jacques Jordi, historien universitaire spécialiste de l'Algérie, vient combler les incertitudes. Il a pu – enfin, avec un demi-siècle de retard – accéder aux archives du Comité International de la Croix Rouge, des ANOM, du CHAN–CARAN, du Ministère des Affaires Étrangères, du CAC de Fontainebleau, du SHD, du Cabinet Militaire de la délégation générale du gouvernement en Algérie et du Service Central des Rapatriés. La consultation de la quasi-totalité de ces archives reste soumise à autorisation dérogatoire. Il a ainsi pu consulter près de 12 000 dossiers.

des révélations impressionnantes

Ce qui est révélé dans ce livre est saisissant. Ce que beaucoup d'Européens d'Algérie affirmaient pour l'avoir vécu est ici confirmé par les archives, rapports, références précises et témoignages. L'enquête est très transparente. Rien n'est avancé sans que la source, toujours vérifiable, ne soit précisée. C'est un travail d'histoire scientifique qui ne peut être contesté. Mais peut-être sera-t-il occulté, ignoré et escamoté ?

Ainsi est-il affirmé, preuves à l'appui, qu'au moins 1583 personnes dont l'état-civil est précisé sont présumées décédées, que le sort de 171 autres personnes est incertain et que les corps de 123 autres personnes ont été retrouvés. Ainsi donc, il n'est plus possible de dire que moins de 1877 personnes sont concernées par ces disparitions.

Et qui dit disparition veut parler des personnes victimes d'un enlèvement, c'est-à-dire d'une mise au secret, d' une privation de liberté avec une dénégation complète des responsables de l'enlèvement et une dissimulation du sort réservé à la personne disparue. On ne parle pas ici des personnes dont le corps a été retrouvé ou qui ont été tuées sans être enlevées.

Et pourtant les archives confirment que les autorités françaises savaient que des Européens étaient disparus, que bien souvent elles connaissaient les ravisseurs, les lieux de détention et qu'elles ont toujours refusé d'intervenir en particulier après le 19 mars 1962 période où se situe la plupart des enlèvements et même quand il s'agissait encore d'un territoire où les forces de l'ordre françaises pouvaient intervenir sans difficultés.

Elles savaient que ces personnes enlevées subissaient des sévices corporels importants, qu'elles étaient parfois, donneurs de sang forcés, saignées à blanc jusqu'à ce que mort s'ensuive, qu'elles étaient torturées puis exécutées, que les femmes étaient violées et parfois enfermées dans des bordels. Dès lors les autorités militaires et civiles françaises peuvent être accusées de non assistance à personne en danger et on peut affirmer que ces exactions de l'ALN envers les Européens d'Algérie sont également des crimes contre l'humanité (Commission de droit international - 1995- vol. II -2ème partie). Et leurs auteurs parfois parfaitement identifiés (par exemple Attou à Oran) ne sont jamais inquiétés.

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une épuration ethnique

Il faut rappeler que sous couvert de lutte contre l'OAS, c'est en fait à une épuration ethnique que nous avons assisté en Algérie sur un mode "mineur" avant la signature des accords d'Evian (il s'agit de 320 personnes) , d'une façon méthodique après le 19 mars 1962 (cela concerne près de 3000 personnes) avec parfois le concours de l'administration française ou des "barbouzes" qui n'hésitaient pas à livrer des pieds-noirs au FLN, voire même à remettre à l'ALN des personnes qui avaient réussi à échapper à leurs agresseurs et qui croyaient naïvement que demander la protection de la gendarmerie française leur épargnerait d'être renvoyés vers leurs tortionnaires.

Les noms de ces Français coupables qui ont laissé faire ce massacre sont cités de Fouchet à Katz, de Lemarchand à Louis Joxe… Les archives du CICR et les autres sont éloquentes sur ce sujet. En effet à partir du cessez-le-feu l'ennemi en Algérie pour l'armée et la gendarmerie c'est l'OAS. Et comme les Européens sont réputés dans leur grande majorité être favorables à cette organisation clandestine, ils deviennent tous présumés coupables d'assistance à organisation terroriste. Et une justice immanente est dès lors légitimée.

 

faire fuir le Français d'Algérie par la terreur

Les exactions algériennes se sont poursuivies plusieurs mois après l'indépendance. On en recense 1128 entre le 19 mars et le 1er juillet 1962, 1849 au cours du second semestre de cette année 1962, 367 entre le 1er janvier le 30 septembre 1963. Il est désormais difficile de continuer à soutenir que la guerre d'Algérie a pris fin le 19 mars 1962 et il est impossible d'affirmer que le déchaînement de violence, fin 1961 - début 1962, venait essentiellement de l’OAS, comme le soutient Pierre Daum. Car la stratégie, des commandos du FLN est claire : faire fuir le Français d'Algérie par la terreur.

L'auteur s'attarde 34 pages durant sur les massacres survenus à Oran en juin et Juillet 1962. Ici les documents parlent. Il n'est nul besoin de les commenter ; ils accablent le général Katz en dépit des interventions de plusieurs officiers qui ont bravé les interdits de leur hiérarchie. Un général Katz à la mémoire défaillante dans le livre qu'il a publié en 1992 où il contredit ses propres rapports dans cet ouvrage qu'il a osé intituler L'Honneur d'un Général !

Il faut lire cet ouvrage de Jean-Jacques Jordi. Il qui se situe bien au-delà de ce que beaucoup imaginaient et il est écrit par un historien rigoureux et averti qui parait surpris par ce qu'il a découvert. Alors Silence d'État ou Scandales d'États ?

Il reste à écrire au moins trois autres études du même calibre concernant les militaires, les civils musulmans et les harkis disparus.

 Roger Vétillard
historien

Jean-Jacques Jordi, Un silence d'État – Les disparus européens de la guerre d'Algérie, SOTECA éd. St Cloud, 2011 – 200 p - ISBN 978 2 9163 8556 3

Disparus Marseille 5 juillet 2006 C Garcia 16060 JOURS

 

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5 novembre 2011

Les disparus civils européens de la guerre d’Algérie

 9782916385563FS

 

 

Jean-Jacques Jordi, attaché à la réalité des faits

Maurice Faivre

Jean-Jacques Jordi,  Un silence d’État. Les disparus civils européens de la guerre d’Algérie, Soteca 2011, 200 pages, 25 €.

La reconnaissance des disparitions d’Européens lors de la guerre d’Algérie est restée en France un secret d’État pendant plus de 40 ans ; elle fait toujours l’objet d’un déni de la part des Algériens. Une première recherche scientifique a été engagée en 2004 par une équipe constituée par la Mission interministérielle aux rapatriés (MIR), en coopération avec le Haut Conseil des Rapatriés et la Direction des archives diplomatiques. Le rapport de cette équipe, en novembre 2006, concluait à la disparition d’environ 2000 Français d’Algérie dont 320 avant le cessez-le-feu (1). Mais ce total comprenait 535 personnes au sort incertain.

L’auteur est donc parti de ce résultat et a conduit une recherche approfondie dans des fonds d’archives, autres que diplomatiques, qui n’avaient pas été consultés : les Centres des archives nationales, contemporaines, militaires, d’outremer, de la Croix-Rouge, et surtout du Service central des Rapatriés.

La consultation de 12.000 dossiers lui a permis de réduire les cas incertains à 170, et de publier les listes - des présumés décédés (1.583 dont 145 Musulmans) - des cas incertains - des personnes dont le corps a été retrouvé (123). En outre 349  faux disparus sont  rentrés en France et 84 militaires ont été inscrits au mémorial du quai Branly. La répartition des disparus est précisée par année, mois de 1962 et par département : 40% ont eu lieu à Alger et 35% à Oran (679 Oranais du 26 juin au 10 juillet 1962).

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Des charniers sont découverts près d’Alger,  et des lieux de détention connus ; des témoignages précis confirment la réalité des enlèvements de familles entières. Il apparaît enfin que 900 noms ont été gravés par erreur sur le mur des disparus édifié à Perpignan.

 

cofirmation de faits historiques seulement contestés

par les historiens manichéens

Ce travail considérable met en évidence et confirme des faits historiques qui sont contestés par des historiens inspirés par une vision manichéenne du bon et du mauvais combat. En voici quelques-uns :

- le terrorisme du FLN-ALN a été beaucoup plus meurtrier que celui de l’OAS ; dès 1955, il visait à l’extermination de tous les Français d’Algérie, préconisait la mutilation des corps et éliminait en masse les Français-Musulmans loyaux,

-  les disparitions forcées sont considérées par l’ONU comme des crimes contre l’humanité,

 or les auteurs d’enlèvement n’ont jamais été condamnés (cas de Attou à Oran),

- réagissant à la violence des nationalistes, les Français d’Algérie se sont repliés dans les villes, ont riposté aux attentats par des ratonnades et ont soutenu l’OAS ; le commandant Azzedine confirme que leur exode massif est la conséquence des enlèvements.

les accords d’Évian n’ont pas été respectés par le FLN, dont les dirigeants se déchirent pendant  tout l’été 1962, ce qui a facilité les exactions et les sévices,

- les directives de non-intervention militaire du Premier ministre confirment les décisions gaullistes au Comité des Affaires algériennes (20 décembre 1961, 27 février et 23 juin 1962) ; le général Katz prétend ne pas avoir de consignes, alors que les directives du général Fourquet (19 et 27 juin) sont très claires ; le 5 juillet à Oran, les interventions militaires ont été plus nombreuses qu’on le dit,

- la majorité des enlevés ont été torturés, et certains vidés de leurs sang (confirmation de Gregor Mathias).

 La recherche historique progresse ; il faut faire confiance aux historiens qui tels que Jordi, sont attachés à la réalité des faits.

Maurice Faivre
le 31 octobre 2011

1 - Les listes publiées par les Affaires étrangères de 2004 à 2007 indiquaient des données légèrement différentes.

Jean-Jacques-Jordi
Jean-Jacques Jordi


la face obscure des "héros de l'indépendance"

Arnaud FOLCH, Valeurs Actuelles

 

Dans son livre choc, “Un silence d’État” (Soteca-Belin), l’historien Jean-Jacques Jordi dévoile des centaines d’archives interdites d’accès. Cinquante ans après, celles-ci remettent en question la vision à sens unique propagée jusque-là sur la guerre d’Algérie.

C’est un historien réputé, plutôt classé à gauche, qui a eu la lourde tâche de “fouiller” les archives inédites de la guerre d’Al­gérie. Docteur en his­toire, enseignant, no­tamment à l’École des Hautes études en sciences sociales, auteur d’une dizaine d’ouvrages et de plusieurs documentaires télévisés consacrés à ce conflit (France 2, France 3, M6), Jean-Jacques Jordi, 56 ans, n’a rien d’un “extrémiste” – d’une cause ou d’une autre. «Mon travail est scientifique, dit-il. Je ne suis ni un juge qui décide “c’est juste ou injuste” ni un religieux qui décrète “c’est bon ou mauvais”.»

Raison pour laquelle Re­naud Bachy, président de la Mission in­terministérielle aux rapatriés, l’a ex­ceptionnellement autorisé il y a quatre ans, au nom du gouvernement, à plonger dans ces archives, normalement interdites d’accès pour une période allant de soixante à cent ans.
Centre historique des Archives nationales, Service historique de la Défense, Service central des rapatriés, Archives nationales d’outre-mer, Centre des archives contemporaines, Centre des archives diplomatiques, Comité international de la Croix-Rouge : en tout, ce sont près de 12 000 documents administratifs classés “très secret”, “secret” et “secret confidentiel” que Jean-Jacques Jordi a pu consulter et photographier.

 

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"Européens" d'Algérie arrêtés par le FN en 1962 après mars et les Accords d'Évian

 

«Jamais, je n’aurais imaginé découvrir de tels faits»

Ras­sem­blés (pour partie) dans son livre, Un si­lence d’État, dont Va­leurs ac­tuelles pu­blie des ex­traits en ex­clusivité, le résultat de son en­quête et les documents qu’il porte au­jourd’hui à la connaissance du public sont absolument stupéfiants. Pourtant spécialiste de la question, lui-même le reconnaît : «Jamais, confie-t-il, je n’aurais imaginé découvrir de tels faits.» Depuis près de cinquante ans, l’histoire de la guerre d’Algérie s’écrit en noir et blanc : d’un côté, les “gentils” (le FLN et les partisans de l’indépendance), de l’autre, les “méchants” (les pieds-noirs et les défenseurs de l’Algérie française).

Les travaux de Jean-Jacques Jordi remettent totalement en question ce manichéisme mémoriel. Non pour ré­habiliter une violence par rapport à une autre, mais pour rétablir une vérité autrement plus complexe que celle propagée de­puis 1962. Jusque-là, la thèse officielle était que l’OAS, refusant les accords d’Évian, avait plongé l’Algérie dans la terreur, légitimant la riposte du FLN, rap­pelle l’auteur. Cela n’est qu’en partie vrai. D’abord parce que le terrorisme FLN a précédé celui de l’OAS, mais aussi parce qu’il a été beaucoup plus meurtrier. Ensuite, sous pré­texte de lutte anti-OAS, le FLN et l’ALN (Armée de libération nationale) se sont essentiellement livrés à des exactions dirigées non contre les activistes, mais de manière aveugle contre l’ensemble de la population – l’instauration de ce climat de terreur ayant pour but avoué de précipiter le départ des Français, y com­pris après le 19 mars (cessez-le-feu) et le 5 juillet (indépendance).»

Documents parfois terribles à l’appui, Jean-Jacques Jordi révèle une “autre” guerre d’Algérie, où les “héros de l’indépendance” – tout du moins une par­tie d’entre eux – livrent la face obscure de leurs méthodes : enlèvements, viols, tortures, actes de barbarie…
Jusqu’à ces «quarante Européens séquestrés» jus­qu’à ce que mort s’ensuive pour servir de «donneurs de sang» aux combattants FLN !

 

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Charnier de l'Haouch Adda (Maison Carrée)
le 22 mai 1962
Collection Photos Général Rolet

source

Ces faits, démontre l’ouvrage, étaient connus, et même soutenus, par les dirigeants algériens de l’époque. Aussi incroyable que cela puisse paraître, écrit-il, «il n’y eut aucune poursuite judiciaire de la part de la justice algérienne contre ceux qui s’étaient rendus coupables d’exactions ou de meurtres».

 

complicité française

Mais les archives secrètes  n’épargnent pas non plus les autorités françaises et le rôle des “barbouzes” envoyés sur place : oui, des Français ont torturé d’autres Français ; oui, des listes de militants supposés de l’OAS ont été transmises aux insurgés ; oui, des ordres ont été donnés afin de ne pas intervenir, con­damnant à mort des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants… Au-delà de la passivité, une véritable complicité.

Comment qualifier autrement l’attitude – révélée par un rap­port – de ces gendarmes mobiles ren­dant à ses bourreaux FLN un ressortissant français «torturé à l’électricité et battu» qui était parvenu à s’enfuir et  à se réfugier dans leur cantonnement ?

«Que la raison d’État – des deux côtés de la Méditerranée – l’ait emporté sur quelques milliers de vie, cela n’est pas propre à la guerre d’Algérie, au moins faut-il le reconnaître», écrit Jean-Jacques Jordi. Pas plus que les événements ne le furent, la repentance ne peut pas, et ne doit pas, être à sens unique.

Cinquante ans après, le moment est sans doute venu pour l’Algérie, comme pour la France, de reconnaître ce que fut – aussi – ce conflit : le martyre des pieds-noirs et des harkis. Nicolas Sarkozy s’y était engagé en 2007 à Toulon lors de sa campagne électorale. Osera-t-il, à l’occasion des cérémonies du cinquantenaire, braver le “politiquement correct”, aujourd’hui clairement désavoué, et tenir sa promesse ?

Arnaud Folch
source

 

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31 octobre 2011

L'histoire coloniale n'a jamais été très importante en France...???

subrahmanyam 

 

les bévues de l'historien indien Soubrahmanyam

 

À l'occasion des Rendez-vous de l'histoire de Blois, l'historien indien a déclaré un peu légèrement : "L'histoire coloniale n'a jamais été très importante en France, ça commence maintenant. Cherchez un grand nom d'historien de l'Indochine en France, il n'y en a pas. Pour le Maghreb, c'est un peu mieux. Mais les "grands noms" de la recherche historique en France, de 1850 à nos jours, ce sont soit des gens qui travaillent sur la France, l'Europe occidentale, la Méditerranée, un peu le transatlantique, l'Amérique latine, quelques sinologues..."

http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/10/13/passer-de-l-histoire-comparee-aux-histoires-en-conversation_1587083_3232.html

Pour quelqu'un qui a longtemps fréquenté la France et ses institutions universitaires (EHESS), cette appréciation est surprenante et même scandaleuse. N'y a-t-il aucun grand historien de l'Indochine en France...? Et Pierre Brocheux alors ? qui a longtemps travaillé avec Daniel Hémery... Pierre Brocheux dont la bibliographie est impressionnante et qui vient de publier Une histoire du Vietnam contemporain. La nation résiliente (Fayard, 2011).

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Pierre Brocheux

- voir sa bio-bibliographie dans le Répertoire des historiens du temps colonial

- voir Indochina, An ambiguous colonization, 1858-1954

- voir Une histoire économique du Vietnam

- voir Une biographie de Hô Chi Minn par Pierre Brocheux

- voir À propos des souvenirs de Dang Van Viet, colonel Viet Minh

- voir À propos du quô ngu et d'agression culturelle

 

9782213661674 

 

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25 octobre 2011

séminaire Amaury Lorin et Christelle Taraud

 HCELorinTaraud20112012

 

Histoire des colonisations européennes

(XIXe-XXe siècles) :

sociétés, cultures, politiques

 séminaire Amaury Lorin / Christelle Taraud (Sciences-Po)

 

get-attachmentcliquer sur l'image pour l'agrandir


L’histoire coloniale a récemment été en France au cœur de vives polémiques, politiques aussi bien quescientifiques. Particulièrement autour d’une loi saluant le 23 février 2005 le «rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord» (article 4). Vivement contesté, notamment par la communauté historienne française, cet article (et seulement lui) a finalement été abrogé.

L’Italie a, quant à elle, présenté ses «excuses» officielles le 30 août 2008 à la Libye - son ancienne colonie de 1911 à 1943 -, repentance assortie d’un engagement à lui verser 5 milliards de dollars sur les vingt-cinq prochaines années au titre de dédommagements. Or, parallèlement à ces enjeux politiques, historiques et mémoriels, les chercheurs en sciences humaines ont multiplié des travaux ouvrant de nouveaux questionnements et des champs inédits, parmi lesquels les études comparatives semblent être les plus prometteuses.

Ce séminaire de recherche se propose d’être la caisse de résonance de ces nouvelles approches à travers un rendez-vous mensuel ouvert à tous les étudiants, doctorants, chercheurs et enseignants intéressés par les complexes phénomènes coloniaux.

Autour de l’actualité des thèses ; de la mise en perspective des nombreux colloques et chantiers historiographiques en cours ; et de la prise en compte de l’historiographie étrangère concernant l’histoire coloniale française comme de l’historiographie des autres empires européens (notamment britannique, allemand et hollandais), ce séminaire s’efforcera de pratiquer une histoire coloniale décloisonnée et délibérément élargie : structures politiques et sociales, expressions et manifestations culturelles, modalités juridiques et représentations artistiques des colonisations européennes croisées à l’œuvre en Afrique, en Asie et en Océanie aux XIXe et XXe siècles seront ainsi conjointement appréhendées.

 

Programme 2011-2012

26/10/2011 - 16:30 Séminaires
Séance introductive Ann Laura Stoler (New School for Social Research, New York) : "Beyond Sex: Bodily Exposures of the Colonial and Postcolonial The Colony: Genealogy of a Political...
30/11/2011 - 16:30 Séminaires
Julie Champrenault (Centre d'histoire de Sciences Po) : "Culture et colonie : une société théâtrale en situation coloniale (Algérie 1946-1962)"...
18/01/2012 - 16:30 Séminaires
Edward Berenson (Institut d'études françaises, Université de New York) : "Les héros de l'empire (1870-1914) : à propos de Heroes of Empire : Five...
29/02/2012 - 16:30 Séminaires
Paul Dietschy (Université de Franche-Comté/Centre d'histoire de Sciences Po) : "Le football africain, entre domination coloniale et émancipation" Eric T....
28/03/2012 - 16:30 Séminaires
Thomas Bouchet (Université de Bourgogne/Association d'études fouriéristes) : "Hordes et essaims : les ailleurs de Charles Fourier" Michel Levallois (Acad...
25/04/2012 - 16:30 Séminaires
Xavier Paulès (EHESS) : "Opium et colonisation en Asie : à propos de L'opium : une passion chinoise (1750-1950), Paris, Payot, 2011" Stéphanie Samson (Universit...
30/05/2012 - 16:30 Séminaires
Judith Surkis (Université d'Harvard) : "A propos de Scandalous Subjects : Intimacy and Indecency in France and French Algeria, 1830-1930, à paraître" Christelle...

27/06/2012 - 16:30 Séminaires

André Bendjebbar : "A propos de Les insurgés de Cayenne : le premier procès colonial à Nantes (La Lanterne-Cinquillo films, 2009)" Florence Renucci (CNRS/...

 

source : http://chsp.sciences-po.fr/groupe-de-recherche/histoire-des-colonisations-europeennes-xixe-xxe-siecles-societes-cultures-politi

 

surkis

Scandalous Subjects: Intimacy and Indecency in France and French Algeria, 1830-1930
Judith Surkis
Institute for Advanced Study
History
West Building Room 315
(609) 734-8365
surkis@ias.edu

 source : http://www.sss.ias.edu/people/current-scholars


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20 octobre 2011

programme du séminaire Claire Fedj / Alain Messaoudi

SPIP-116724 

 

 

Savants, artistes, médiateurs : approches

et connaissances du Maghreb

 séminaire Claire Fedj / Alain Messaoudi

 

Ci-joint le programme du séminaire 'Savants, artistes, médiateurs : approches et connaissances du Maghreb' pour 2011-2012 dont la 1re séance aura lieu mercredi 9 novembre. Mais nous nous retrouverons sans doute nombreux dès le 2 novembre, pour écouter la présentation de Raphaëlle Branche dans le cadre du séminaire «Pour une histoire sociale de l’Algérie colonisée» organisé par Emmanuel Blanchard et Sylvie Thénault au Centre d’Histoire Sociale du XXe siècle, Centre Malher, 9 rue Malher.

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1/ Programme du séminaire

Savants, artistes, médiateurs : approches et connaissances du Maghreb

 Mercredi de 17 h à 19 h (IISMM, salle de réunion, 1er étage, 96 bd Raspail 75006 Paris), du 9 novembre 2011 au 23 mai 2012
Quels savoirs et quelles représentations de l’Afrique du Nord se sont-ils constitués aux XIXe et XXe siècles ? Dans quelle mesure les perspectives coloniales les ont-ils modelés ? Leurs héritages restent-ils puissants aujourd’hui ? Pour répondre à ces questions très générales qui trouvent des échos dans l’actualité la plus brûlante – comment se représente-t-on les formes maghrébines du «printemps arabe» ? – on s’intéressera à l’élaboration et à la diffusion de savoirs et de discours qui peuvent être contradictoires, en examinant le statut de leurs producteurs (amateurs ou professionnels, militaires ou administrateurs, universitaires et journalistes), leur appartenance nationale (français intégrés dans l’appareil colonial, étrangers collaborateurs ou subversifs, «indigènes» à la parole à la fois reconnue et délégitimée, plus ou moins insérés dans le dispositif savant) et leurs engagements esthétiques et politiques.

1er semestre

Le programme de notre séminaire (17-19 h) s’articule avec celui du séminaire «Pour une histoire sociale de l’Algérie colonisée» organisé par Emmanuel Blanchard et Sylvie Thénault au Centre d’Histoire Sociale du XXe siècle,  9 rue Malher (75004, métro Saint-Paul, ligne 1), au 6e étage (de 17 h 30 à 19 h 30). Les séances de ce séminaire sont indiquées en retrait, ainsi que celles du séminaire coordonné par Amaury Lorin et Christelle Taraud en rapport avec le Maghreb (de 16 h 30-18 h 30).

5 octobre : René Gallissot, «Pour une histoire sociale de l’Algérie colonisée» (centre Malher, 6e étage, 17h30-19h30).

2 novembre : Raphaëlle Branche (U. Paris 1), «Esquisse pour penser les historicités dans l'Algérie coloniale» (centre Malher, 6e étage, 17h30-19h30).

 

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9 novembre : Introduction générale, présentation du programme.

16 novembre : A. Messaoudi, «Beaux-arts et arts de l'Islam dans la Tunisie sous protectorat français (vers 1880-vers 1920)».

23 novembre : Mustapha El Qaderi (Université de Rabat) : «La justice indigène dans le Maroc sous protectorat français. Pour une histoire sociale libérée des cadres coloniaux et nationaux».

30 novembre : séminaire Histoire culturelle des colonisations européennes coordonné par Amaury Lorin et Christelle Taraud (56 rue Jacob 75006 Paris, salle du Traité au 1er étage, 16 h 30-18 h 30). Y interviendront : Julie Champrenault (Centre d'histoire de Sciences Po) : «Culture et colonie : une société théâtrale en situation coloniale (Algérie 1946-1962)» ; Jann Pasler (Université de Californie à San Diego/EHESS) : «Race et musicologie dans la France des années 1890» (http://chsp.sciences-po.fr/groupe-de-recherche/histoire-des-colonisations-europeennes-xixe-xxe-siecles-societes-cultures-politi)].

7 décembre : Mimoun Aziza (Université de Meknès), «Le savoir colonial espagnol et français sur le Rif marocain : étude comparative».

14 décembre : Augustin Jomier (U. du Maine), «Réflexions des oulémas mozabites sur les rapports entre groupes colonisés (années 1920-années 1960)» (9 rue Malher, 17 h 30 à 19 h 30).

4 janvier : Clifford Rosenberg (City College of New York), «La politique internationale d'essais vaccinaux : le BCG à Alger, 1924-1954»  (9 rue Malher, 17 h 30 à 19 h 30).

11 janvier : Claire Fredj, «La médecine en Algérie au XIXe siècle : Résultats d’une enquête dans les archives outre Méditerranée».

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dépistage du trachome à Ouargla

 

18 janvier : Joshua Cole (University of Michigan), «'A chacun son public': Mahieddine Bachetarzi, Mohamed Bendjelloul et la représentation de la culture et de la politique en Algérie au temps du Front Populaire.»

25 janvier : Kmar Bendana (Université de Tunis-La Manouba), «Que sait-on de l’histoire tunisienne en France ? Quelles sont les effets de cette (mé)connaissance sur la perception et la restitution de l’actualité récente ?»

1er février : Julie Champrenault (IEP Paris),  «Une société théâtrale en situation coloniale, Algérie 1946-1962». (9 rue Malher, 17 h 30 à 19 h 30).

8 février : Ons Debbech (Université Paris-Sorbonne), «Voyageurs tunisiens en France au XIXe siècle».

15 février : «Presse, manuels scolaires et questions culturelles. Algérie/Tunisie, 1960-1990» (discussion des travaux de Chabha Bouslimani et Aroua Labidi).

 

carte Afr Nord 1930 couv

 

Second semestre

22 février : «L’Algérie au tournant des années 1990» (discussion des travaux de Chabha Bouslimani et Johanna Gautier).

29 février : Augustin Jomier (Université du Maine), «"Savoyards du désert", "kharijisme berbère"... : les ibadites du Mzab, entre savoirs universitaires et constructions de stéréotypes».

7 mars : Ali Guenoun (U. Paris 1), «La crise dite "berbériste" de 1949 dans les archives de la police coloniale, 1949-1962» (9 rue Malher, 17 h 30 à 19 h 30).

14 mars : Morgan Corriou (Université de Lorient), «Intermédiaires culturels et commerçants : les exploitants de cinéma en Tunisie au temps du Protectorat».

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Les nuits du Ramadan :
entrée d'un cinéma de Tunis 29 avril 1955

21 mars : François Vignale (CERHIO/Université du Maine), «La revue Fontaine à Alger : la construction d'une centralité littéraire (1938-1945)».

28 mars : Nicolas Krautberger (LARHRA, Lyon), «Les Services forestiers algériens et leurs experts (1840-1900)».

Jeudi 29 mars : Visiteurs d’empire.Enquêtes exceptionnelles et missions d’expertises en situation coloniale (XVIIIe-XXe), journée d’études organisée par Hélène Blais, Claire Fredj et Emmanuelle Sibeud, Université Paris 8 Saint-Denis].

4 avril : Julien Fromage (EHESS),  «Modèle(s) associatif(s) et politisation des rapports sociaux en Algérie (1880-1940)» (9 rue Malher, 17 h 30 à 19 h 30).

11 avril : Nicolas Schaub (Université de Quimper) : «Autour de l’exposition L’Algérie à l’ombre des armes 1830 – 1962. Avec Jacques Ferrandez, présentée aumusée de l’armée».

2 mai : Christine Mussard (U. de Provence), «La commune mixte, une utopie coloniale ?» (9 rue Malher, 17 h 30 à 19 h 30).

9 mai : Fanny Gillet (Centre Georges Pompidou/EHESS), «Pratique artistique en l'Algérie après l'indépendance : analyse des phénomènes de transmission symbolique».

16 mai : Aurélia Dusserre (U. de Provence), «Théophile-Jean Delaye, un géographe orientaliste au Maroc».

23 mai : Anne-Laure Dupont (U. Paris-Sorbonne), «La culture réformiste en Tunisie, de la chute du ministère Khayr al-Dîn aux Jeunes-Tunisiens (1877-1906)».

30 mai : Judith Surkis (Université d'Harvard) : "A propos de Scandalous Subjects : Intimacy and Indecency in France and French Algeria, 1830-1930, à paraître" et Christelle Taraud (Université de New York à Paris/Centre d'histoire du XIXe siècle) : "Virilité et homosexualité en situation coloniale (1830-1914) : à propos de Alain Corbin et al. (dir.), Histoire de la virilité, Paris, Le Seuil, 2011" (séminaire Histoire culturelle des colonisations européennes coordonné par Amaury Lorin et Christelle Taraud (56 rue Jacob 75006 Paris, salle du Traité au 1er étage, 16 h 30-18 h 30) .

6 juin : Karima Direche-Slimani (Centre Jacques Berque, Rabat), «Francisation, assimilation, évangélisation catholique dans l'Algérie coloniale : Quelles réalités ?» (9 rue Malher, 17 h 30 à 19 h 30).


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2/ Quelques autres informations...

* Le Maghreb des films (entre le 16 et le 25 octobre)

http://maghrebdesfilms.fr/Le-MdF-2011-a-Paris-la-grille

* Appel à candidature du Musée royal de l'Afrique centrale (Bruxelles) (résidence de 4 semaines pour des jeunes chercheurs travaillant sur le  Congo, le Rwanda, le Burundi et leur passé colonial). (cf. fichier joint)

* Publications :
Jocelyne Dakhlia , Bernard Vincent (dir.), Les musulmans dans l'histoire de l'Europe - Tome 1, Une intégration invisible, Paris, Albin Michel. 

9782226208934FS 

 

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19 octobre 2011

archives diplomatiques à La Courneuve

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Nous avons le plaisir de vous rappeler que vous êtes cordialement invités à une:


Découverte des Archives diplomatiques

Journée de l'étudiant

mercredi 19 octobre 2011 - 9h30-17h

La Courneuve

 

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Ouvert au public en 2009, le nouveau Centre des Archives diplomatiques, construit à la Courneuve, abrite des fonds et collections d'une richesse exceptionnelle, résultat des activités du ministère des Affaires étrangères, du XVe siècle à nos jours.

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Universitaires, généalogistes et chercheurs curieux d'histoire diplomatique, étudiants en quête d'ouvrages de référence à consulter dans les meilleures conditions, venez découvrir la richesse des fonds proposés à la consultation dans des salles de lecture vastes et confortables.

L'accès est libre et gratuit, sans condition de justification d'un niveau universitaire.

Contact - réservation souhaitée par téléphone : 01 43 17 42 46 / 01 43 17 42 53

Programme de la journée :

http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/ministere_817/archives-patrimoine_3512/index.html 

 

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18 octobre 2011

l'indigence journalistique sur le 17 octobre 1961

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Le massacre du 17 octobre 1961 : information

ou désinformation ?

Jean-Pierre PISTER

 

L'article du Républicain Lorrain de ce jour (17 octobre) consacré «au massacre des Algériens étouffé depuis 50 ans» (page 4,  Informations générales) suscite, légitimement, l'attention sur un épisode tragique qui s’est déroulé à quelques mois de la fin de la guerre d'Algérie. Cependant il appelle, de la part du lecteur épris d'un minimum de rigueur historique, un certain nombre d'observations.

Il est faux de dire que ce massacre a été totalement étouffé. Le livre d'Einaudi est paru au début des années 1990 et a fait un certain bruit. En octobre 2001, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a procédé à l'inauguration d'une plaque commémorative. Comme il est indiqué dans l'article, les études sur la question se sont multipliées ; mais souvent sans grand sérieux de la part d'auteurs très marqués idéologiquement et qui n'ont, la plupart du temps, aucune formation sérieuse d'historiens universitaires.

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À cet égard, il faut regretter que ne soit pas cité un des rares ouvrages crédibles sur cet évènement, celui de Jean-Paul Brunet qui se montre très prudent quant à l'estimation du nombre des victimes. Jongler avec des chiffres de plusieurs centaines de victimes relève d'une démagogie plus qu’indécente. Benjamin Stora, lui-même, s'est montré particulièrement nuancé sur cette douloureuse question du nombre de morts, hier matin, sur l'antenne d'Europe 1.

Faut-il rappeler qu'en octobre 1961, nous étions encore en guerre contre le FLN et qu’un nombre non négligeable de policiers l'ont payé de leur vie, en région parisienne, en particulier. La reprise de contacts secrets avec le GPRA était en cours et la fédération de France du FLN ne pouvait pas l'ignorer. L'initiative de cette manifestation relevait donc d’une stratégie de provocation évidente.

Si cette tragédie a été, du moins en partie, occultée en France, elle le fut encore plus dans l'Algérie indépendante, la fédération de France du FLN n’a pas tardé à être en opposition totale avec le nouveau pouvoir algérien.

Le métier d'historien ne s'improvise pas, la fin plus que douloureuse de la guerre d'Algérie en est une preuve évidente, dans le choix des objets d’étude, en particulier. Le 17 octobre 1961 ne fut pas le seul épisode occulté. Peut-on caresser l'espoir que les médias montreront, dans quelques mois, le même intérêt pour d'autres moments particulièrement tragiques ?

On pense, naturellement, à la fusillade de la rue d’Isly à Alger, le 26 mars 1962. Mais une autre date, celle du 5 juillet 1962, présente une symétrie exemplaire avec celle du 17 octobre. Ce jour là, à Oran, plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de Français d'Algérie ont été massacrés ou enlevés dans l'indifférence totale des autorités françaises. La presse, à l'époque, en a peu parlé et ce nouvel Oradour est aujourd'hui totalement ignoré.

L’année 2012, cinquantième anniversaire de la fin de la Guerre d’Algérie, marquera, n’en doutons pas, l’heure de vérité dans l’opinion publique, les media et chez nos responsables politiques : nous verrons, alors, si le travail mémoriel doit toujours s’exercer à sens unique.

Jean-Pierre PISTER
Agrégé de l’Université
Professeur de Chaire supérieure honoraire
ayant enseigné l’Histoire en khâgne pendant 27 années.

 

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Le Républicain Lorrain
(cliquer sur l'image pour l'agrandir et lire le texte)

 

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17 octobre 2011

le père de Philippe Bouvard sauvé par la Mosquée de Paris

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Philippe Bouvard à Si Kaddour ben Ghabrit :

"merci d'avoir fait libérer mon père"

 

À l’occasion de la sortie du film “les hommes libres”, le célèbre journaliste révèle que son père adoptif fut sauvé par le recteur de la mosquée de paris. Il ne l’a jamais oublié.

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«Enfant, j’ai bien connu ce Si Kaddour Ben Ghabrit que, dans “Les Hommes libres”, Michaël Lonsdale campe magistralement. Ce recteur de la mosquée de Paris avait fasciné ma mère par sa culture et son œcuménisme avant de réussir à faire libérer mon père adoptif, arrêté par les Allemands. Je n’ai jamais oublié la bonté rayonnante de ce saint homme, haut dignitaire religieux qui ne se souciait jamais de la religion de ceux qu’il secourait.»

En quelques lignes, bouclant son bloc-notes hebdomadaire, Philippe Bouvard a revivifié une page enfouie de son passé. Il se réfère au film d’Ismaël Ferroukhi, actuellement à l’affiche, retraçant le sauvetage de nombreux juifs par le recteur de la grande mosquée, à la barbe des nazis, sans distinction de race ou d’origine. Il s’est donc trouvé dans le Paris vert-de-gris des hommes courageux, musulmans à la hauteur des circonstances, prêts à prendre des risques, pour aider leurs “frères”. L’exhumation de cet exemple de vrai courage par le cinéma met du baume au cœur. Philippe Bouvard, bientôt 82 ans, a, par un de ces accidents de l’Histoire, été le témoin direct de cette aide décisive. Bouvard a connu l’exode. Bouvard n’est pas un ingrat. Il a de la mémoire. Il témoigne. «Cette histoire m’est revenue en tête grâce au film. Je n’y avais plus songé depuis des années. Mais elle perdurait en moi. Car ce nom n’est pas commun.

En fait, tous les deux mois, ma mère m’emmenait à la Mosquée de Paris pour prendre le thé à la menthe et dialoguer avec le recteur. J’avais 10, 11 ans. C’était mon premier vrai dépaysement. Parce que je découvrais un chef-d’œuvre de l’architecture arabe, intérieur et extérieur. Tout respirait le calme et l’exotisme. Et puis sa façon de s’habiller m’impressionnait. Il portait une djellaba et sa tête était couverte, je n’en voyais qu’une petite partie.» «J’avais le sentiment d’avoir rencontré le Bon Dieu».

Le Bouvard enfant n’en croit pas ses yeux. Il regarde, absorbe la scène devenue indélébile. Et garde du saint homme une image précise. «Il était en parfait équilibre sur les deux cultures, grand connaisseur du Coran et de la littérature française du XIXe siècle. Il était d’une courtoisie extrême. Je ne savais pas que, 70 ans plus tard, le cinéma lui rendrait justice. Et pour ma part, au sortir de ces visites régulières, j’avais le sentiment d’avoir rencontré le bon Dieu !»

Le père adoptif de Philippe Bouvard est tailleur pour hommes en appartement, faubourg Montmartre. Résistant de la première heure, il a monté une filière pour rhabiller en civil les déserteurs allemands. «Un jour, il est arrêté, non pas comme juif, mais comme résistant, reprend Bouvard. Ma mère, qui ne connaissait personne, s’adresse alors au recteur, le seul homme influent de son entourage. Elle lui a demandé son aide et il la lui a accordée pleinement. Il a joué un peu le même rôle que ces consuls et diplomates qui firent libérer des juifs dans leur pays. Normal, à l’époque, on ne discernait aucune hostilité entre juifs et arabes.»

Son père adoptif fut libéré et se fit oublier jusqu’à la fin de la guerre. Il vécut encore 25 ans et reçut la médaille de la Résistance. «On en parlait en famille», se souvient Bouvard. Quant au vrai père biologique de Bouvard, catholique français, il brilla par son absence : «Il a disparu le jour de l’accouchement de votre serviteur, avec argent et bijoux. Je l’ai revu 23 ans plus tard. J’étais au “Figaro”. On m’appelle : – Monsieur Bouvard, quelqu’un veut vous voir pour affaire de famille. «Faites monter.» – Bonjour, je suis votre père. «Vous y avez mis le temps», ai-je répondu. «En fait, imprimeur au Maroc, il pensait vendre du papier au journal qui m’employait. On en est restés là. Je ne l’ai jamais revu. Mon vrai père est mon père adoptif, celui qui m’a élevé.»

La famille Bouvard suivit la route de l’exode en 1940 comme ces milliers de Français transbahutés dans un pays en déroute. Elle ne remonta à Paris qu’en 1945. «J’ai connu dix, douze résidences, La Baule, Limoges, Le Loiret, le Midi. On était comme des oiseaux sur la branche.» Que conserve-t-il de cette période ? L’esprit clair, il chronique ses propres sentiments : «Comme la plupart des gens de cette génération qui ont connu la guerre, à savoir la peur de manquer, une colère non apaisée contre les responsables de la Shoah, qui fait que je ne me sens pas très Européen.»

Dimanche 16 Octobre 2011, 11h29 - par MEEUS, BERNARD
source
article signalé par Benjamin Stora. Merci.

 

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