histoire de l'Algérie cette semaine
activités relatives à l'Algérie et son histoire
Jean MONNERET
Chers Amis,
Cette semaine sera celle de beaucoup d'activités relatives à l'Algérie et aux publications sur l'Algérie.
Je vous recommande d'écouter l'émission du mardi 19 juin sur Radio Courtoisie à partir de 18 heures. "Le Journal des Historiens" dirigé par Philippe Conrad présentera le Hors Série N°4 de la Nouvelle Revue d'Histoire consacré à la guerre d'Algérie et à l'histoire de ce pays. Parmi les participants il y aura outre Dominique Venner et votre serviteur, le général Faivre et Roger Vétillard.
Le samedi 23 à partir de 15 heures, nous nous retrouverons pour une vente-signature à la librairie Notre-Dame de France, 21 rue Monge, Paris 5e. Ces rencontres sont l'occasion de revoir des amis nouveaux et anciens, d'échanger souvenirs et informations dans une atmosphère conviviale. L'achat de livres, s'il est bienvenu, n'est nullement obligatoire. La priorité c'est l'amitié.
C'est elle encore qui présidera, le lendemain 24 juin à l'Espace Champerret, la Fête Annuelle de Radio Courtoisie qui voit défiler chaque année des milliers de personnes pour y rencontrer de trés nombreux écrivains dont beaucoup sont réguliérement boycottés par les médias et le système.Pour ce qui nous concerne, sur le sujet Algérie, Radio Courtoisie a sauvé notre liberté de nous exprimer.
En souhaitant vous y voir nombreux,
Jean Monneret
L’échec de l’Algérie française date de 1870
éditorial de Bernard LUGAN à L'Afrique réelle, juin 2012
Dans ce numéro spécial de l’Afrique Réelle, est reproduit un document peu connu. Daté du 1er décembre 1870, au lendemain donc de la défaite française face à la Prusse, ce texte fut écrit de la main de Mgr Lavigerie à l’intention d’Adolphe Isaac Crémieux, alors en charge des affaires algériennes. Le prélat y livre ses intentions résolument jacobines au sujet de l’Algérie, faisant ainsi cause commune avec le farouche républicain qu’était Crémieux.
Lyautey au Maroc en 1915, avec le sultan Moulay Youssey
La vision de Lyautey présentait deux caractéristiques principales qui sont l’exact contre-pied de ce que voulaient Crémieux et Mgr Lavigerie :
1) Selon lui, la colonisation n’était pas éternelle car il avait bien vu que les colonies, départements d’Algérie compris, étaient à la France, mais n’étaient pas la France. Transposée aujourd’hui cette idée permettrait de parler d’islam en France et non d’islam de France, ce qui n’est pas la même chose.
2) C’était une forme d’«ethno-différentialisme» avant l’heure car elle n’impliquait ni assimilation, ni intégration, qui sont d’abord des pertes de substance vive pour les uns comme pour les autres. Elle ne débouchait ni sur l’acculturation républicaine, ni sur la christianisation des musulmans. Lyautey était pourtant plus que «bon» catholique, mais, tout comme Charles Maurras, il faisait la part entre le politique et le religieux. Homme de terrain, il avait tout simplement observé que les peuples du Maghreb sont «autres».
L’histoire a donné raison à Lyautey contre Lavigerie et Crémieux. Quant à De Gaulle, s’il voyait juste quand il déclara à Jacques Soustelle que l’intégration était «un danger pour les Blancs, une arnaque pour les autres», la manière dont il s’y prit pour «soulager» la France de ce qu’il nommait «le fardeau algérien» fut à la fois odieuse par son inhumanité, honteuse par sa mise en oeuvre et criminelle par ses conséquences. D’autant plus que la victoire militaire française étant totale dès 1959-1960, des solutions autres que celle de la remise du pouvoir à la clique du FLN étaient envisageables.
jeunesse des tirailleurs sénégalais
jeunesse des tirailleurs
Tata Sénégalais de Chasselay près de Lyon
Témoignage de Jean-Paul Chaudy
En janvier 2004, j’ai eu l’opportunité de visiter de nombreux villages de Casamance au Sénégal. Dans un village du bord du fleuve j’ai rencontré un vieil homme handicapé qui m’a demandé si je connaissais «Chasselay», c’est là qu’il avait été grièvement blessé en juin 1940. Il avait été récupéré et caché par une famille et se trouvait entre la vie et la mort quand tous ses camarades ont été arrêtés et exécutés non loin de là.
Cet homme avait pu être évacué vers le sud puis plus tard vers le Sénégal, mais trop grièvement blessé on avait du l’amputer d’une jambe. Il n’avait alors que 15 ans !
Il expliqua alors qu’il n’était pas le plus jeune, qu’en 1940 chaque village était sensé donner des enfants et qu’ils étaient choisi en fonction de leur taille et non de leur âge, hors beaucoup de jeunes casamançais mesurent déjà plus de 1.70m à l’âge de 13 ou 14 ans, si bien que ces régiments de tirailleurs sénégalais étaient constitués de très jeunes soldats.
Ces jeunes ne parlaient que la langue de leur ethnie et donc étaient regroupés par tribus. Ainsi le régiment qui défendait les Monts d’Or à Chasselay était constitué en majorité de Casamançais Diolas et Mankagnes. Ce vieil homme handicapé rencontré en 2004 faisait partie de régiment dont la plus part des survivants avaient été exécutés les 19 et 20 juin 1940.
Témoignage de Jean-Paul Chaudy
Commentaire : parmi toutes les questions liées à cette exécution de tirailleurs se pose la question du recrutement des soldats africains. Tandis qu’en France les jeunes recrues devaient avoir au moins 17 ans, en Afrique bien des «recruteurs» prenaient d’office ceux qu’ils jugeaient aptes à la tâche. Ainsi il a été décidé de ne pas inscrire leur âge sur leurs tombes bien que l’on ait connu leur identité !
Pour réagir à ce témoignage contactez Monsieur Chaudy à travers le comité de Chasselay.
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- à propos du Tata sénégalais de Chasselay, sur Études Coloniales
les archives du Sénégal
les archives du Sénégal
un riche patrimoine à la recherche
de nouveaux espaces
Jean PIRES
Le Soleil, journal sénégalais
Mme Fatoumata Cissé Diarra, nommée au mois de mars dernier à la direction des Archives nationales du Sénégal, a accepté de nous dévoiler un pan de cette institution précieuse. L’opportunité de cette visite guidée dans les arcanes des Archives du Sénégal est d’autant plus appréciable que la communauté internationale célèbre, aujourd’hui, 8 juin, la 6ème édition de la Journée internationale des archives, sur le thème «Archives, administration publique et transparence».
La Journée internationale des archives sera, aujourd’hui, célébrée à Dakar, par une manifestation à la Chambre de commerce, à partir de 9h30, sous la présidence de M. Seydou Gueye, secrétaire général du gouvernement. Le thème «Archives, administration publique et transparence» sera présenté par Monsieur Mbaye Thiam, Professeur d’archivistique à l’Ebad/Ucad.
Une certaine image renvoie, sur le sujet des archives, un décor vieillot, des documents poussiéreux, entassés sur des étagères, dans quelques réduits oubliés, relégués. Et pourtant, les archives, comme nous le rappelle Mme Fatoumata Cissé Diarra, permettent de connaître le passé. On a recours aux archives à de nombreuses occasions, pour des recherches historiques, la référence à des identités, trouver des sources au sujet d’une histoire nationale ou même individuelle.
Il va sans dire que les archives doivent être absolument bien classées, sous peine de les perdre et en même temps des repères importants, parfois vitaux pour la vie de toute une communauté. «Un document perdu, fait perdre du temps, il faut alors procéder à sa reconstitution, ce qui n’est pas toujours évident».
Les Archives du Sénégal, c’est le nom officiel de cette institution logée sur l’aile droite du building administratif à Dakar. Il s’agit d’un complexe documentaire regroupant, outre le service des archives sous l’appellation d’archives nationales, un service d’accueil, un service informatique, de communication et un grand service des appuis techniques (micrographie, iconographie, atelier de reliure et restauration).
Des milliers de documents jaunis par le temps
En visitant les locaux, particulièrement les bureaux qui se trouvent au rez de chaussée du building administratif, le visiteur est loin de se douter qu’un long souterrain court sous ses pieds, traversant pratiquement la longueur de ce grand bâtiment. A l’origine, en 1954, l’aménagement des archives était prévu pour accueillir «8 kilomètres linéaires», souligne la directrice, Mme Diarra.
C’est une sorte de cave aérée et éclairée où sont stockés sur des étagères, rangés dans des boites spéciales, des milliers de documents jaunis par le temps et le climat. Certains d’entre eux ont traversé deux à trois siècles. Le record de longévité dans ces archives est détenu par le récit d’un explorateur daté de 1672.
C’est un fonds très riche qui constitue le patrimoine national, outre la bibliothèque administrative, historique et juridique qui fait office de bibliothèque nationale (ndlr, c’est une institution qui n’est pas encore créée, elle n’existe que sur le papier), en appoint, un centre de documentation administrative et juridique fait face à la direction.
«Nous avons quatre fonds. À sa création en 1913, c’était le Service des archives du Sénégal, comme on en trouvait dans tous les chefs-lieux des colonies de l’Aof, et au sommet, un Service des archives de l’Aof», indique Mme Diarra.
«On a une chance, ici, au Sénégal. C’est une exception. Au moment de la décolonisation, les Européens, les français en particulier, sont partis avec les archives, mais celles de l’Aof sont restées, ici, à Dakar. C’est pourquoi nous les gérons». Une autre partie des archives de l’état civil de l’Aof est à Nantes et à Aix-en-Provence, en France.
Archives d'outre-mer à Aix-en-Provence
La directrice, Fatoumata Cissé Diarra, formée à l’Ebad (major de promotion en 1985) a, depuis l’année 2000, bouclé une formation en Conservateur des archives. Les archives, ce sont ces documents sécrétés dans le cadre des activités d’une personne physique ou morale. Elles forment un tout ; on ne peut pas les dissocier.
«C’est ainsi que les archives gardées à Nantes sécrétées dans le cadre de l’Aof, sont, à ce titre, des archives en partage entre les différents États, ex-colonies de l’Aof et la France elle-même».
À côté de ce fonds de l’Aof, il y a le fonds documentaire du Sénégal colonial. Il commence en 1816 et s’étend jusqu’en 1858. Lorsque les premiers explorateurs sont arrivés à Dakar en 1816, ils ont commencé à mettre en place une administration et à générer des documents qui sont devenus des archives précieuses au fil du temps.
En 1895, quand l’administration française a fédéré les colonies sous l’Aof, elle a produit un fonds documentaire qui a existé parallèlement au fonds du Sénégal colonial. L’Aof, de 1895 à 1959 avant l’indépendance, constitue un autre fonds où l’on répertorie l’éphémère Fédération du Mali. Un quatrième fonds concerne le Sénégal moderne, notamment les archives nationales (archives de l’État) et les archives régionales (services régionaux d’archives).
La responsabilité des structures administratives
La direction des archives du Sénégal est l’organe de l’État compétent pour toute question d’archives (Loi du 3 juin 2006). À ce titre, elle doit recevoir les documents et archives générés dans les différentes administrations sénégalaises. Selon la loi, il y a différents âges pour ces archives. Dans le premier âge, il y a les documents courants qui sont dans les bureaux et qui servent à l’instruction des dossiers. Ils doivent être à portée de main dans toutes les administrations.
Les archives intermédiaires rassemblent les documents qui ne sont plus d’utilisation courante et qui ont entre cinq et dix ans d’âges. Elles sont gérées en dépôt de «pré-archivages», sous la responsabilité des structures administratives de l’État. Elles peuvent ainsi servir à des références épisodiques.
«Actuellement, nous ne pouvons plus prendre des versements de documents vu la saturation de nos locaux depuis belle lurette. Ces locaux ont été aménagés en 1954 pour une capacité initiale de 8 kilomètres linéaires. Aujourd’hui, nous avoisinons les 18 kilomètres linéaires», déplore Mme Diarra. La saturation de l’archivage a même touché l’annexe des Archives du Sénégal, sur la rue Moussé Diop.
La solution, c’est vivement la construction d’une Maison des archives. «On aimerait vivement que les autorités prennent en charge la construction de la Maison des archives. Nous parlons souvent de dématérialisation, c’est bien ; mais si le document est numérisé et qu’on remette en place les documents qui manquent d’espace, cela ne résout rien», soutient la directrice des Archives du Sénégal.
La consultation des archives est généralement d’accès libre. Les visiteurs ne désemplissent pas d’ailleurs dans les locaux réservés à la lecture. Le silence est de rigueur entre les box. Au long de la journée, les élèves et étudiants, chercheurs, historiens, sociologues et scientifiques de tous bords viennent se documenter sur les planches de l’histoire.
Cependant, l’accès n’est pas ouvert à tous les documents.
La dernière Loi d’archives de 2006 a ramené, de trente à vingt-cinq ans, le délai autorisant la consultation publique des archives. Celles concernant la sécurité de l’État, ainsi que les documents nominatifs sur la vie privée, les dossiers d’instruction juridique, etc., ont un délai spécifique. Ils sont consultables, selon les cas, entre 30 et 50 ans après la date d’élaboration des documents, après le départ à la retraite (pour actes médicaux), après la clôture des dossiers d’instruction judiciaire, ou après la date de l’acte, en ce qui concerne les secrets industriels et commerciaux. Le grand souci de la direction demeure l’exigüité des locaux, ou leur inexistence, particulièrement pour les régions.
C’est ainsi que dans leurs grands projets, les Archives du Sénégal tiennent à la construction et à l’équipement des services régionaux d’archives. À l’heure actuelle, seuls existent les services régionaux de Dakar, Saint-Louis, Thiès, Kaolack et Fatick. Il est plus que temps, aujourd’hui, de prendre en compte ces archives régionales logées généralement au niveau des gouvernances des régions et des collectivités.
De nouvelles infrastructures, mais également un grand renouvellement du personnel, ce sont les objectifs que se fixe la direction des Archives du Sénégal. Celles-ci sont placées sous la tutelle de la Primature. En cette journée internationale, ces objectifs se signalent comme des priorités pour protéger le précieux patrimoine que l’histoire nous a légué.
Jean Pires
source
les bagnes coloniaux (Michel Pierre)
le siècle des bagnes coloniaux (1852-1953)
Michel PIERRE
1 - Après la suppression progressive des galères sous Louis XV s’ouvre le temps des bagnes portuaires (Toulon, Rochefort, Brest) désormais voués à l’exécution de la peine des Travaux Forcés. Mais quelques décennies plus tard, dans les années 1840, se répand l’idée que la concentration de milliers de forçats regroupés dans quelques arsenaux est dangereuse pour la population civile, contagieuse pour les ouvriers libres et coûteuse pour l’État.
Et à l’exemple des Anglais ayant déporté au XVIIIe siècle, des dizaines de milliers de Convicts vers leurs terres australiennes, Napoléon III décide, au début de son règne, de l’exil définitif de ceux (et de celles) qui bafouent gravement la loi. Après avoir hésité sur quelques horizons possibles, le choix se porte sur la Guyane que l’on espère développer grâce à l’afflux d’une main d’œuvre de réprouvés pouvant, de surcroît, trouver dans le travail, le rachat de leurs fautes.
2 - Dès 1852, des vaisseaux-prisons transfèrent aux îles du Salut puis à Cayenne les bagnards de Rochefort, de Brest puis ceux de Toulon. Deux ans plus tard, en 1854, la loi sur la Transportation (1854) organise la peine des Travaux Forcés à accomplir hors du territoire métropolitain et conçue pour ne jamais permettre le retour des condamnés dans la mère-patrie.
3 - Cette première époque du bagne est celle d’une hécatombe due aux épidémies, à une administration déficiente, à l’absence de soins et aux mauvais traitements. Le taux de mortalité (26% de l’effectif en 1856) est tel qu’en 1867, il est décidé de remplacer la Guyane par la Nouvelle-Calédonie comme nouvelle terre de punition à plusieurs mois de navigation des ports français. Et c’est vers ces rives lointaines de la France australe que seront dirigés en 1871 les Communards victimes des tribunaux versaillais.
4 - Au début des années 1880, la IIIe République, soucieuse d’ordre et de loi, juge la Nouvelle-Calédonie peu redoutée des criminels et préfère y attirer des colons libres, dignes de ses richesses. La Guyane, de réputation plus sinistre, redevient terre de bagne en 1887, conjointement à l’archipel calédonien pendant une décennie puis, à partir de 1897, comme seule destination des forçats. La colonie reçoit même, à côté des condamnés aux travaux forcés (peine le plus souvent prononcée par les Cours d’Assise), une nouvelle catégorie de condamnés relevant de la loi (1885) sur la relégation des multirécidivistes (peine pouvant être décidée par un simple tribunal correctionnel).
5 - À la fin du XIXe siècle, le système a trouvé sa logique et défini son fonctionnement. Une à deux fois par an, les navires Loire puis le La Martinière (entre les deux guerres mondiales) transfèrent, par effectif de 600 à 700 matricules, les condamnés rassemblés à Saint-Martin de Ré vers Saint-Laurent-du-Maroni devenu véritable capitale d’un univers pénitentiaire qui compte aussi les Iles du Salut, le camp de la relégation à Saint-Jean-du-Maroni, l’îlot Saint-Louis pour les lépreux, des camps forestiers à l’effrayante réputation, celui de Kourou moins meurtrier et Cayenne où se retrouvent plutôt les forçats libérés mais exilés à vie en Guyane.
6 - Vie terrible de communautés d’hommes soumis à des travaux dérisoires ou épuisants. Société violente où succombent les plus faibles. Individus marqués de l’habit rayé rouge et blanc, symbole d’une main d’œuvre quasi-servile, fragilisée par le climat, mal soignée et ne plaçant ses espoirs que dans l’évasion aux tentatives sévèrement punies.
7 - Il faudra des années de témoignages (tels ceux de condamnés anarchistes au début du XXe siècle), de reportages indignés (tels ceux d’Albert Londres en 1923) et de campagnes de dénonciation (telle celle menée par la Ligue des Droits de l’Homme et du Citoyen) pour que la loi sur la Transportation disparaisse du Code Pénal français par décret-loi du Front Populaire en 1938.
C’était la fin des convois pour la Guyane mais le rapatriement des condamnés en cours de peine n’était nullement prévu et ce sont eux qui vont subir, sous le régime de Vichy, une nouvelle hécatombe provoquée par les rigueurs d’une administration impitoyable et par une mauvaise alimentation due aux difficultés de ravitaillement (le taux de mortalité atteint 20 % de l’effectif en 1942). Les survivants, très souvent amnistiés, sont rapatriés en France (ou en Afrique du Nord) de 1946 à 1953, réinsérés dans la société pour une partie d’entre eux grâce à l’action de l’Armée du Salut ou incarcérés dans des prisons centrales pour les plus lourdement condamnés.
8 - Ces derniers bagnards de retour vers les ports français témoignaient d’une histoire séculaire qui avait concerné près de 100 000 condamnés (dont quelques centaines de femmes de 1859 à 1906). Sur cette population pénale, une grande majorité avait été dirigée vers la Guyane (75 000), composée essentiellement de Transportés (80 % du total des effectifs).
Pierre Michel
Pour citer cet article
- référence électronique :
Michel Pierre, «Le siècle des bagnes coloniaux (1852 - 1953)», Criminocorpus, revue hypermédia [En ligne], Les bagnes coloniaux, Articles, mis en ligne le 01 janvier 2006, consulté le 10 juin 2012. URL : http://criminocorpus.revues.org/174
Michel Pierre, licencié d’histoire de l’art et d’archéologie, agrégé d’histoire, maître de conférences à l’IEP de Paris pendant de nombreuses années avant d’effectuer plusieurs missions pour le compte du ministère français des Affaires étrangères (directeur de l’Institut français de Florence, Conseiller de coopération près l’Ambassade de France à Alger...). Il a assuré, toujours dans ce même ministère, la responsabilité de la sous-direction «Archéologie et recherche en sciences sociales». Depuis septembre 2007, Michel Pierre est directeur de la Saline royale d’Arc-et-Senans (Doubs).
Spécialiste d’histoire coloniale et d’histoire pénale, il a publié plusieurs ouvrages et articles sur les bagnes de Guyane.
articles du même auteur
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Adieu Cayenne ou l’imaginaire du bagne [Texte intégral]Paru dans Criminocorpus, revue hypermédia, Les bagnes coloniaux, Articles
édition mise à jour et augmentée du livre de Jean Monneret sur Oran le 5 juillet 1962
La tragédie dissimulée
Oran, 5 juillet 1962 (éd. Michalon)
Édition mise à jour et augmentée
Jean MONNERET
«Bientôt les indigènes armés qui sont là vont se jeter sur tous les Européens qu’ils rencontreront dans un mouvement de folie et de meurtre collectif. On se venge sur l’autre, le différent… C’est un règlement de compte ethnique qui se déroule. »Ainsi l’auteur décrit-il cette fatale journée.
À Oran, le 5 juillet 1962, jour choisi pour célébrer dans la liesse l’indépendance de l’Algérie, des centaines d’Européens furent enlevés et tués. Et les troupes françaises, encore présentes dans la ville, sont restées l’arme au pied. Comme le leur avait ordonné le président De Gaulle. Cette journée poussera à l’exil des milliers de gens. Pourtant, pendant des décennies, cet évènement sera occulté soigneusement des deux côtés de la Méditerranée.
S’appuyant sur des archives militaires inédites, des documents internes de la Croix-Rouge et de nombreux récits de survivants, Jean Monneret révèle tous les tenants et les aboutissants de cette tragédie dissimulée.
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ainsi que votre règlement exclusivement par chèque
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Jean Monneret, La tragédie dissimulée – Oran, 5 juillet 1962 (édition mise à jour et augmentée)
Prix unitaire TTC : 18 € - Frais de port inclus.
un livre de Gregor Mathias sur David Galula
la politique de la tache d'huile
du capitaine Galula
général Maurice FAIVRE
Gregor Mathias, David Galula, combattant, espion, maître à penser de la guerre contre-révolutionnaire, Economica, 2012, collection Guerres et guerriers, 190 pages, 29E.
Après plusieurs travaux sur les SAS en Algérie, Gregor Mathias se livre à une recherche approfondie sur le Lt-colonel Galula, considéré par le général US Petraeus comme le «Clausewitz de la contre-guérilla». L'auteur a eu accès aux archives de la Division Information de l'Etat-Major Ely, au JMO du 45°BIC, aux archives des SAS , au fond Belorgey et aux articles de la revue Contacts.
Nous découvrons ainsi qu'avant d'écrire son ouvrage théorique, Galula a eu des activités qui ont nourri sa réflexion sur les révolutions. St Cyrien de 1939, rayé des cadres en septembre 1941, il joue un rôle d'espion à Tanger avant de réintégrer l'armée pour les campagnes de l'ile d'Elbe, de France et d'Allemagne.
De 1945 à 1948, il est attaché militaire à Pékin ; en 1949-50 il est observateur des Nations -Unies en Grèce, puis Attaché militaire à Hong-Kong de 1951 à 1956. Il commande en 1956-57 la 3ème compagnie du 45°BIC au djebel Aissa Mimoun en Kabylie et de 1958 à 1962, sert à la Division Information du général Ely. Un stage à l'École d'état-major de Norfolk, et sa participation à un Séminaire de la Rand l'incitent à donner sa démission et à publier ses ouvrages aux États-Unis : Pacification in Algeria et Contre-insurrection, théorie et pratique.
La biographie montre comment le capitaine Galula a appliqué en Kabylie une manœuvre en 8 étapes correspondant à sa doctrine de 1964. Il pratique en particulier la politique de la tache d'huile en occupant plusieurs hameaux, en désignant des délégués locaux et en créant des écoles, une harka et des autodéfenses. Coopérant étroitement avec l'officier SAS, il parvient à rassurer la population et à détruire quelques OPA.
Mais il est muté au bout de 14 mois ; le succès n'est que passager, les harkis, autodéfenses et délégués ne sont pas tous fiables. Une lente détérioration se produit. Il apparaît en outre que ses connaissances de la situation sont parfois incomplètes, en particulier en ce qui concerne l'affaire Oiseau bleu et les résultats des opérations Jumelles (les 20 rebelles de 1956 sont toujours en place en 1960 !). Il devra d'autre part se défendre contre des articles défaitistes du journaliste Belorgey, qui décrit son parcours comme allant «de l'utopie au totalitarisme».
Les activités de Galula à l'EMGFA l'amènent à s'intéresser à la guerre des ondes. Il participe au Comité d'organisation de la radio, qui propose de détruire ou de brouiller tel ou tel poste subversif. Ayant fait la connaissance du colonel Lacheroy, il ne semble pas apprécier l'idéologie de la guerre révolutionnaire, et n'observe pas que les succès de la pacification sont compromis par la politique de l'État.
Cet ouvrage très documenté conduit à s'interroger sur la pertinence de la théorie de Galula et sur ses applications. A-t-elle-été prise en compte en Indochine, et en Irak ? En Afghanistan, la limitation des effectifs militaires ne permet pas de réaliser l'étape n°1 de supériorité des forces, et la pratique des Bases opérationneles avancées (FOB) contredit les étapes 2 et 3 de contrôle des villages par le procédé de la tache d'huile. La leçon reste théorique et demande à être adaptée à chaque situation.
Maurice Faivre
le 30 mai 2012
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Résumé
Totalement inconnu en France, cet officier français a pourtant inspiré les méthodes de contre-insurrection de l’armée américaine et de l’OTAN en Irak et en Afghanistan.
Cet ouvrage retrace l’itinéraire de Galula qui a connu les soubresauts de la deuxième moitié du XXe siècle. Jeune officier, renvoyé de l’Armée à la suite des lois antisémites de Vichy, Galula devient espion et combat les forces de l’Axe en Afrique du Nord. Il participe à la libération de l’Europe du joug nazi. Officier de renseignements en Chine, il assiste à la prise de pouvoir de Mao, puis étudie comme observateur de l’ONU la guerre civile en Grèce.
Pendant la guerre d’Algérie, il expérimente une méthode novatrice de guerre contre-révolutionnaire dans son secteur. Cet ouvrage reprend les huit étapes de sa méthode de contre-insurrection expérimentée par le capitaine Galula dans son secteur militaire du Djebel Aïssa Mimoun en Kabylie et confronte ses écrits stratégiques et tactiques aux archives administratives et militaires. Il s’agit de la première étude historique qui fait un bilan objectif du résultat de la méthode de contre-insurrection mise en place par D. Galula.
Repéré pour son dynamisme et son originalité, D. Galula devient un «homme de l’ombre» et travaille pour les services du Premier ministre spécialisés dans le domaine de l’information. Il est un des acteurs du contrôle de l’information radiophonique en Algérie, mais aussi à l’échelle de l’Afrique francophone. Au début des années 60, il part aux États-Unis, où il expose ses réflexions sur la contre-insurrection (D. Galula, Contre-insurrection, théorie et pratique, Praeger, 1964, Economica, 2008). Ses enseignements sont repris par les autorités militaires américaines pour lutter contre la guérilla au Vietnam.
L’auteur
Professeur certifié d’histoire-géographie en Alsace, Gregor Mathias est l’auteur des Sections administratives spécialisées (SAS) en Algérie entre idéal et réalité, L’Harmattan, 1998. Spécialiste de la guerre d’Algérie, il a enseigné les relations internationales à l’ENSOA (Ecole nationale des sous-officiers d’active) et a été chercheur associé au SHD (Service historique de la Défense). Il est également enseignant associé aux écoles de Saint-Cyr Coëtquidan.
l'histoire n'est pas une monnaie d'échange entre États
François Hollande
et les "crimes coloniaux en Algérie"
Le nouveau président français François Hollande compte marquer le 50e anniversaire de l’indépendance algérienne et de la fin de la guerre d’Algérie par une décision sans précédent : reconnaître les crimes coloniaux en Algérie. "Il faut que la vérité soit dite. Reconnaître ce qui s’est produit.", écrit M. Hollande, alors candidat aux élections présidentielles françaises, dans une lettre datée du 26 mars 2012 et dont le Matindz [journal algérien] obtenu copie. Il y reconnaît implicitement les massacres perpétrés lors des manifestations du 8 mai 45 à Sétif, qu’il qualifie de "répressions sanglantes en réponse aux émeutes survenues dans le département de Constantine", ainsi que la tuerie du 17 octobre 1961 qui a frappé notre émigration.
À propos de ce dernier événement, le nouveau président français rappelle : "Vous vous souvenez peut-être qu’en hommage aux Algériens morts lors de la manifestation du 17 octobre 1961, j’ai déposé une gerbe, le 17 octobre 2011, au pont de Clichy, où des Algériens furent jetés à la Seine, il y a cinquante ans, par des policiers, placés sous les ordres de Maurice Papon, préfet de police. Au cours de cette commémoration, j’ai tenu à témoigner ma solidarité aux enfants et petits-enfants des familles endeuillées par ce drame." "Il faut que la vérité soit dite. Reconnaître ce qui s’est produit. Ce jour-là, j’ai agi en tant que socialiste. À l’avenir, ce sera sans doute à la République de le faire.”
il faut que TOUTE la vérité soit dite...
Michel RENARD
Avant de reconnaître, peut-être faudrait-il connaître ? "Mon souhait, si je suis élu, est d'apaiser et de normaliser les relations entre la France et l’Algérie" proclame François Hollande. Bien. Mais il ne s'agit que de diplomatie, de relations politiques et commerciales.
Que vient faire l'histoire là-dedans ? Le passé, ce sont les autorités algériennes qui en ont fait un boomerang politique sans cesse lancé contre "la France". Pour quelles raisons ?
légitimité fictive du pouvoir algérien
Parce que le bilan de l'Algérie indépendante est désastreux. Économie, société, patrimoine, culture…, c'est la faillite. Corruption, prévarication, détournements des fonds du pétrole et du gaz. Le pouvoir est confisqué par une machinerie à structure militaire depuis cinquante ans. Jamais il n'a eu de compte à rendre. Les révoltes, contestations, remises en cause ont toujours été jugulées par la force. Pas par la démocratie. Sa seule "légitimité" est une fiction historique : avoir été les héritiers de ceux qui de tout temps ont victorieusement résisté à l'envahisseur français. Il faut sans cesse en rajouter plus le temps passe.
Alors, on parle de déculturation, de crimes, de massacres, de génocide… Oui, la violence fit partie du rapport colonial mais on ne peut le réduire à cela. Jacques Marseille et Daniel Lefeuvre ont montré qu'il n'y avait pas eu "pillage" colonial et que le bilan de la présence française n'était vraiment pas un argument pour expliquer la déliquescence actuelle. Je vais retrouver la source de cette remarque d'un ministre syrien en visite à Alger en 1963 et qui, lucidement, lança aux dirigeants de l'Algérie indépendante : "encore un an ou deux et la France faisait de vous un pays développé"…
pas de génocide
Benjamin Stora a nié toute référence à un génocide : "Il n'y a pas trace dans les archives d'une planification, d'une anticipation de la destruction de la population indigène. Le système colonial est fondé sur la conquête, la dépossession foncière, mais pas sur l'extermination des populations" (http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2008/05/27/9337858.html)
Comme le dit Mohammed Harbi : "La colonisation a été ambivalente dans ses effets. D'un côté, elle a détruit le vieux monde, au détriment de l'équilibre social et culturel et de la dignité des populations. D'un autre coté, elle a été à l'origine des acquis qui ont créé la modernité algérienne. (...) On peut même dire, sans risque de se tromper, que la colonisation a été le cadre d'une initiation à ce qui est une société civile, même si cet apprentissage s'est fait malgré elle et s'est heurté à une culture coloniale, d'essence raciste" (L'Algérie et son destin. Croyants ou citoyens, Arcantère, 1992, p. 26-27).
Si nous ne partageons pas, dans sa généralité, l'expression "culture coloniale d'essence raciste", il faut reconnaître les modalités contradictoires de la présence coloniale. Et ne pas la réduire aux "crimes coloniaux".
la vérité historique... au-delà des idéologies
Ces derniers temps, des investigations historiennes scrupuleuses, jamais démenties, ont montré que le leitmotiv anti-colonial, qu'il provienne des autorités algériennes, de la sphère médiatique française ou des lobbies "anti-racistes", n'avait que peu de rapport avec la vérité historique.
Il faut lire les ouvrages solidement référencés de Roger Vétillard, Sétif, Guelma, mai 1945, massacres en Algérie, ou encore le tout récent 20 août 1955 dans le nord-constantinois. Un tournant dans la guerre d'Algérie ? pour comprendre qu'il n'y a pas d'un côté les victimes et de l'autre les bourreaux dans un dualisme du Bien et du Mal.
Il faut lire le livre le livre de Jean-Jacques Jordi, Un silence d'État. Les disparus civils européens de la guerre d'Algérie, pour découvrir qu'il y eut une "barbarie" algérienne jusqu'au dernier moment. Il faut lire les enquêtes de Jean-Pierre Lledo, Algérie, histoires à ne pas dire…, pour reconnaître que la "guerre de libération" fut également une guerre d'épuration.
Il faut lire le livre de Jean-Paul Brunet pour se rendre compte que le 17 octobre 1961 ne fut pas le massacre proclamé (ce que j'ai longtemps cru moi-même…), Police contre FLN. Le drame d'octobre 1961, Flammarion, Paris, 1999. Et d'autres encore… Gilbert Meynier, Guy Pervillé, le général Maurice Faivre, Diane Sambron, des thèses universitaires passées sous silence parce qu'elles n'avalisent pas le catéchisme "anti-colonial"…
il n'appartient pas aux politiques de jouer avec la vérité historique
Le nouveau président de la République n'a pas à "reconnaître" les "crimes coloniaux", sauf à passer sous les fourches caudines de Brennus qui humilia ses vaincus dans l'histoire ancienne de Rome. Qu'il laisse les historiens travailler. Qu'il demande aux autorités algériennes la liberté historienne à Alger. Liberté de travailler, de s'informer (il n'y a plus de crédit d'achat dans les bibliothèques universitaires…) et de publier.
La France en Algérie n'a pas commis que des "crimes". Les Algériens, certes infériorisés politiquement durant la période coloniale, n'ont pas été que des dominés dignes de repentance. Ils furent, pour une partie d'entre eux, des massacreurs.
Comment qualifier les massacres d'El-Halia (août 1955) qui virent les tueurs du FLN lapider des civils, femmes et enfants y compris ? Comment qualifier le massacre de Melouza (1957) qui vit les lames du FLN égorger des centaines de messalistes sans défense ? Comment qualifier les assassinats d'Européens après mars 1962 jusqu'à l'apogée d'Oran le 5 juillet 1962 ? Comment qualifier les décimations de harkis à l'été 1962 ? Sont-ce des crimes contre-coloniaux ?
C'est le temps plus ou moins long de l'histoire et de la mémoire qui mettra à jour toutes les blessures et leur compréhension (?). Mais on doit leur refuser le statut de monnaie d'échange unilatérale dans les rapports entre États. Il faut que TOUTE la vérité historique soit dite. Et il n'appartient pas aux politiques d'en jouer.
Michel Renard
Études coloniales
- voir aussi : une certaine rhétorique algérienne "anticoloniale" (Michel Renard)
Françoise Vergès
le 22 mai 2012
Quand les ascendants de Françoise Vergès
possédaient 121 esclaves
Sur France-Inter, cette intervention faisait suite à celle de la Gouverneure Générale du Canada, de passage en France pour les célébrations du 8 mai, mais qui profitait de la circonstance pour intervenir, en tant que «descendante d’esclave», puisqu’elle est noire et issue d’une famille haïtienne installée au Canada. La journaliste ; dans son émotion, la présenta en affirmant que son grand-père était esclave, ce qui, dans le cas d’Haïti où l’esclavage a cessé en 1804, me paraît chronologiquement très hardi pour ne pas dire discutable !.
J’ai été plus amusé encore de l’intervention de Françoise Vergès ; elle se présente souvent en tant que spécialiste de l’histoire de l’esclavage (spécialisation récente et qui ne date guère que de l’intérêt médiatique pour ces questions et non sans quelques errances initiales, en particulier dans l’affaire Pétré-Grenouilleau, qui, lui, est un authentique historien de l’esclavage).
Dans les titres multiples dont fait état Françoise Vergès pour justifier ses interventions, tous ne me paraissent pas très solidement établis (comme, par exemple, celui de «professeur d’Histoire à l’Université de Londres»), à la différence d’autres qui, hélas, ne garantissent guère des compétences scientifiques réelles (comme celui de «Vice-présidente du Comité pour la Mémoire de l’Esclavage»; je crois qu'elle est même depuis devenue présidente, ce qui la suite encore plus drôle).
Elle a, pourtant, pour parler de l’esclavage un titre, dont par modestie sans doute, elle ne fait état nulle part. Loin d’être une descendante, fût-ce lointaine, d’esclaves réunionnais, ce que peut donner à penser sa physionomie quelque peu orientale, la seule véritable ascendance réunionnaise, dont elle puisse se flatter, n’est nullement du côté des esclaves, mais, bien au contraire, des profiteurs métropolitains ou, bien pire encore, des esclavagistes de la Réunion.
En effet, si sa grand-mère était indochinoise (son père est né au Siam en 1925), sa mère est une bonne métropolitaine et surtout son grand-père, Raymond Vergès, né à Saint Denis de la Réunion en 1882 et fondateur de la dynastie politique réunionnaise, avait été élevé surtout par sa grand-mère Marie Hermelinde Million des Marquets, née en 1832 et qui avait épousé, en 1855, un modeste commis de marine métropolitain, Adolphe Vergès.
Ces Million des Marquets possédaient une plantation d’une vingtaine d’hectares, à la Ravine Saint-Jean, à Saint-André, «quartier» où elle résidait par ailleurs. Cette famille de planteurs était dans l’île depuis 1767 et elle se situait plutôt, on le devine déjà, du côté des esclavagistes que des esclaves.
Nous sommes naturellement parfaitement renseignés sur tout cela, en particulier, par les actes établis lors de l’abolition de l’esclavage en 1848 ; s’il avait été moins ignorant, le Parti Communiste Réunionnais de son papa aurait tout à fait pu, sans grand mal, faire disparaître ces papiers des archives locales.

Le trisaïeul de Madame la Vice-Présidente du Comité pour la Mémoire de l’Esclavage, «experte tranversale» pour les Etats Généraux des DOM, était un propriétaire d’esclaves ; elle se trouve donc être une descendante directe de «békés» réunionnais (même si ce terme est spéfiquement antillais) et même de colons esclavagistes. Elle n’y est naturellement pour rien, mais, dans sa position et vu ses propos, c’est un peu comique !
Ses ancêtres Million des Marquets, pour en finir avec eux, possédaient, selon l’acte établi à Saint-André, en février 1848, «121 esclaves dont 66 créoles, 12 malgaches, 39 mozambiques et 4 indiens ou malais».
Voilà donc une femme que tout désigne pour parler, avec émotion et compétence, des horreurs et des séquelles de l’esclavage et de la colonisation et plus encore pour jouezr les "experts transversaux" dans les Etats généraux des DOM!
De l’avantage pour qui se dit historienne, de ne pas connaître sa propre histoire !
usbek
samedi 9 Mai 2009
Yves Courrière
le décès d'Yves Courrière
journaliste-historien de la guerre d'Algérie
dans les années 1960-1970
Yves Courrière, journaliste, biographe, notamment de Joseph Kessel et Jacques Prévert, écrivain et grand spécialiste de la Guerre d'Algérie est décédé mardi à Paris à l'âge de 76 ans, a annoncé à l'AFP sa fille Caroline.
Grand reporter à la radio à la fin des années 1950, il a notamment travaillé pour Radio Luxembourg, devenue RTL, et animé la première édition des Dossiers de l'Ecran à la télévision.
Yves Courrière, de son nom de naissance, Gérard Bon, avait vu le jour à Paris le 12 octobre 1935.
Au début de sa carrière, il a suivi de nombreux voyages du général de Gaulle en Afrique et couvert des conflits au Moyen-Orient et en Algérie. Ses reportages en Amérique Latine furent récompensés par le Prix Albert-Londres, en 1966.
Il publia La Guerre d'Algérie, quatre tomes édités entre 1968 et 1971, qui firent référence sur ce conflit meurtrier. Il réalise avec Philippe Monnier en 1972 le tout premier documentaire consacré à la guerre d'Algérie.
"Il a donné toute sa vie à l'information, c'était sa ligne de vie", a confié à l'AFP sa fille Caroline.
Plus tôt, couvrant le procès Eichmann à Jerusalem en 1961, Yves Courrière y rencontre Joseph Kessel, qui deviendra son maître à penser en journalisme, selon sa fille unique.
Il en écrivit une épaisse biographie, Sur la piste du lion. Il arrête le journalisme en 1968 pour se consacrer à l'écriture et sortira plusieurs romans et biographies sur des personnalités comme Jacques Prévert, Roger Vailland ou Pierre Lazareff.
Sous le titre Éclats de vie, il avait publié ses mémoires chez Fayard en 2003.
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- les quatre tomes de La guerre d'Algérie d'Yves Courrière
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du prétendu "oubli" de la guerre d'Algérie
Très intéressante nécrologie d'Yves Courrière écrite par l'inévitable Benjamin Stora dans le Monde d'hier 16 mai 2012). Intéressante par ce qu'elle révèle des contradictions de l'idéologie dominante - dont Stora est une incarnation parfaite - relative à l'oubli dont la société française aurait fait preuve à l'égard de son passé colonial et de la la guerre d'Algérie notamment. De ce prétendu oubli, de cette scotomisation (dirait Lacan), fondés sur le refus d'affronter la pourriture coloniale (Birnbaum), Stora et quelques autres ont fait un élément essentiel de leur "oeuvre" afin, bien sûr, de pouvoir se présenter avantageusement en parangons de la mémoire et de l'histoire outragées.
Or que nous dit Stora dans son article ? Eh bien que les quatre volumes sur la guerre d'Algérie, publiés par Courrière à partir de la fin des années soixante (1968 si mes souvenirs de l'article sont bons), ont rencontré un succès éditorial massif à l'époque et que l'enquête du grand reporter, fondée notamment sur des entretiens avec les principaux protagonistes de cette guerre a ouvert la voie aux historiens et qu'en outre en n'occultant rien des turpitudes des uns et des autres, le pauvre Courrière s'était mis à dos à la fois les soldats perdus de l'OAS, dont certains l'avaient menacé de mort, et les nouvelles autorités algériennes, lesquellles lui avaient interdit tout séjour sur leur sol.
Six ans seulement après la fin de la guerre commencait donc à paraître une enquête monumentale en quatre volumes, vendues à des dizaines de milliers d'exemplaires, ce qui paraît contradictoire avec cette thèse sans cesse rabachée de l'oubli et de la dénégation.
Si je fais appel à mes souvenirs d'enfant, il se trouve que je me rappelle très bien des livres de Courrière - je suppose que certains des titres des volumes m'impressionnaient beaucoup tels Le Temps des léopards ou Les Fils de la Toussaint - parce que mes parents et mes grand-parents paternels (pourtant très "Algérie française") les lisaient. Alors ?
Quel oubli, quelle gangrène ? Je me rappelle aussi qu'à la bibliothèque municipale, on pouvait trouver aussi à la même époque les récits de Massu et Bigeard sur la Bataille d'Alger. Je ne l'ai pas oublié non plus parce que, dans ces livres, certaines photographies de massacres et de supplices infligés (égorgements, amputations du nez) aux musulmans par le FLN m'avaient marqué.
J'ai donc l'impression que contrairement à ce que disent la quasi-totalité des historiens bien pensants, les années 1970 ne furent pas, en France, des années d'oubli mais bien au contraire au contraire un temps béni où un débat contradictoire sur la guerre était encore possible et que c'est bel et bien notre époque qui, du fait d'une histoire inféodée au politiquement correct, organise systématiquement l'oubli et le déni (des abominations du FLN notamment).
Récemment, chez un bouquiniste parisien, j'ai trouvé par hasard le témoignage passionnant du Bachaga Boualem (céki ce mec ?), ancien vice-président de l'Assemblée nationale, et partisan de l'Algérie française, publié aux éditions France-Empire à la fin des années 1960.
J'ai commencé à le lire et l'on y trouve une relation honnête des turpitudes coloniales de la France. Mais ce qui est insupportable pour les idéologues de notre temps, et c'est pourquoi ce livre ne sera jamais réédité, c'est que ces mémoires rendent grâce aussi aux aspects positifs de la colonisation et témoignent d'un attachement inféfectible à la France (je crois même qu' un des fils du Bachaga a épousé la fille d'un des chefs de l'OAS). Tout cela aujourd'hui est oublié, tû, par ceux-la même qui ne cessent de gémir sur le prétendu déni français.
Eh bien non Messieurs, les années 1970 furent un âge d'or en ceci qu'elle permettaient encore une libre expression des différents récits (songeons au débat télévisé incroyable, à l'aune de l'hystérie post-coloniale qui règne aujourd'hui, entre le colonel Trinquier et Saadi à une heure de grande écoute). Rendez-nous France Empire !
Le site du parti de l'In-nocence
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