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études-coloniales

14 juillet 2012

la pacification de l'Algérie, général Faivre

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De la colonisation à la pacification de l’Algérie

réflexions historiques

général Maurice FAIVRE, Académie des Sciences d'Outre-mer

 

Idées reçues

Les médias mettent l'accent sur les méfaits du colonialisme : une conquête injuste, un crime contre l'humanité, un viol (Azouz Begag), une extermination (Le Cour Grandmaison), un génocide culturel (Assia Djebar), un exemple de traite des esclaves (Taubira). Les repentants triomphent à la télévision.

Les mêmes journalistes et certains historiens présentent la pacification de l’Algérie comme l’application fumeuse des principes de la contre-révolution (JC. Jauffret), une politique sans finalité, vague et hésitante (Ph. Simon).

Pour les avocats du FLN, la pacification vise à camoufler des crimes de guerre qui sont le vrai visage de cette politique. L’armée terrorise la population (Raphëlle Branche), elle s’empare du pouvoir et multiplie exactions et sévices (Sylvie Thénault). Les accusateurs de la loi de criminalisation condamnent l’armée française qui a conduit une guerre contre l’humanité.

Or ces accusations ne sont pas partagées par les principaux acteurs politiques et militaires, ni par les historiens qui font autorité.

 

La réalité coloniale

À l'époque moderne, Henri Brunschwig note que le terme de colonialisme a été inventé au XXe siècle. On parlait auparavant de colonisation, laquelle s'inscrit dans le vaste mouvement d'occidentalisation du globe qui depuis le XVe siècle pousse les peuples européens, maîtres de techniques de plus en plus perfectionnées, à modeler le monde à leur image. La colonisation est donc un phénomène mondial, qui relève du mouvement des peuples dynamiques, à l'exemple des empires romain, ottoman et soviétique. Comme toute entreprise humaine, elle a ses bons et ses mauvais côtés, que l'historien sérieux s'efforce de prendre en considération sans prononcer de jugement de valeur.

Quant à la colonisation française du XIXe siècle, elle relevait de l'idéologie des Lumières, illustrée par Victor Hugo («C’est un peuple éclairé qui va trouver un peuple dans la nuit. Nous sommes les Grecs du monde, c'est à nous d'illuminer le monde») et revendiquée par Jules Ferry, Léon Blum et Pierre Messmer.

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Inexpiable, écrit l'historien Daniel Rivet, la guerre l'est immédiatement... La sauvagerie des indigènes rejaillit sur l'occupant par effet de contagion mimétique. Des excès sont donc commis par les deux camps. Historien du FLN, Mohammed Harbi contredit l'idée d'une idéologie visant à l'extinction totale d'un peuple. Selon Stéphane Courtois, aucun colonialisme n'a coûté autant de morts que le communisme.

Xavier Yacono et Jacques Frémeaux ont évalué les pertes importantes de la population musulmane au XIXe siècle, attribuées en partie à la guerre, mais amplifiées par les épidémies et les famines des années 1860. Le Service de Santé militaire vient alors en aide à la population, ses chercheurs éradiquent les épidémies de paludisme, de fièvre récurrente et de typhus, et permettent l'extraordinaire croissance de la démographie.

Dans une lettre de 1848, l'émir Abd el-Kader écrit : j'ai résisté aux Français...Mais quand j'ai reconnu que Dieu les avait rendus forts et qu'il leur avait donné l'empire, je leur ai abandonné le pays pour toujours

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Les objectifs de la guerre d'Algérie

Après la Toussaint 1954, incapable de provoquer un soulèvement généralisé, le FLN a eu recours à la terreur et aux atrocités (Julliard). Cette terreur s'exerce à la fois contre les musulmans qu'il faut convaincre, et contre les Européens, conformément à la doctrine de Franz Fanon, approuvée par Sartre : il faut tuer : abattre un Européen, c'est faire d'une pierre deux coups...

En revanche, Albert Camus et Robert Badinter condamnent le terrorisme : aucune cause ne saurait justifier le massacre aveugle de civils innocents par des terroristes.

Mohammed Harbi a démenti le mythe du peuple algérien unanime dans la lutte pour l'indépendance : le nationalisme, qui n'a trouvé son unité qu'en 1962, s'est imposé par la guerre civile, écrit-il. En raison des dissensions internes, il n'y a pas eu de direction stratégique, mais la naissance d'une bureaucratie qui s'est transformée en État policier.

Le but poursuivi par les responsables militaires français mérite également une analyse approfondie. Le maintien de l'Algérie française, en effet, ne signifie pas le maintien de l'Algérie de papa.

Dès juin 1956, le général Ely envisage une solution libérale. Le général Salan adhère à la loi-cadre de Robert Lacoste, qui n'exclut pas l'indépendance. Le général Challe était partisan de la même loi-cadre et ne pensait pas que l'intégration totale de l'Algérie à la métropole fut souhaitable. Proche des officiers parachutistes, Claude Paillat les décrit comme des enfants de la Révolution française : on apporte la liberté... on va refaire une autre société que ces colonies un peu pourrie. Hélie de Saint-Marc confirme que n'étant pas fanatique de l'Algérie française, notre obsession n'était pas d'empêcher l'indépendance de l'Algérie...

 

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La stratégie anti-guérilla et anti-terroriste

La plupart des observateurs reconnaissent que l’armée française a peu à peu mis au point une stratégie anti-guérilla efficace, utilisant des techniques innovantes (hélicoptères, écoutes radio, radars-canons, commandos de chasse) et couvrant tous les domaines militaires :

- protection des populations par le quadrillage et les supplétifs ;

- destruction des bandes rebelles par les unités de réserve générale ;

- contrôle des frontières par les barrages frontaliers et la surveillance maritime et aérienne ;

- intoxication des wilayas ;

- élimination des trafics d'armes ;

- commandos infiltrés en Tunisie et au Maroc.

 Cependant le plan Challe n'a pas été mené à son terme, l'ALN extérieur n'a pas été attaqué, la victoire militaire est inachevée.

L'élimination du terrorisme urbain a eu recours à des procédés moralement condamnables. Le général Gillis l'a rappelé dans un manifeste qui a été approuvé par 524 officiers généraux :

«Certains, pendant la bataille d'Alger en particulier, ont été confrontés à un dilemme : se salir les mains en interrogeant durement de vrais coupables, ou accepter la mort certaine d'innocents. S'il y eut des dérives, elles furent marginales».

Il faut donc rappeler que cette pratique n'a pas été généralisée, et qu'à l'été 1957, le renseignement sur le terrorisme a été obtenu par pénétration des réseaux adverses. C'est ce qu'a reconnu Zohra Driff : «ces méthodes n'avaient plus cours quand j'ai été prise».

 

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La pacification

Parallèlement, l’armée a engagé en Algérie une politique de conquête des esprits et des cœurs (Soustelle cité par Frémeaux), qui n’étaient pas des opérations militaires, mais qui confortaient les objectifs du pouvoir.

L’ampleur de l’action politico-militaire mise en œuvre par l’armée est ignorée des médias. Or elle bénéficiait de l’expérience des Bureaux arabes au XXe siècle, des principes de pacification de Galliéni, imité par Lyautey. Enrichie par les structures parallèles de Lacheroy, cette action fut engagée par Salan et Massu, elle était soutenue par Ely et Debré. Sa doctrine a été conceptualisée par Beaufre, Trinquier et Galula.

Voici quelles en sont les lignes directrices :

- en mai 1957, le Chef d’Etat-major général Ely propose de mettre en place un organisme chargé d’assurer la conduite de la guerre psychologique... qui s’impose jusqu’au commandant de compagnie qui nomadise en Kabylie. En mars 1960, il souligne au général de Gaulle que le contact est nécessaire et que seule l'armée en a la maîtrise. De Gaulle reconnaît le 4 novembre ce magnifique effort de pacification.

- Challe dans sa directive du 22 décembre 1958 écrit que : Nous ne pacifierons pas l’Algérie sans les Algériens. Détruire les bandes n’est pas suffisant.

- en juillet 1961, le Chef d’Etat-major général Olié justifie la politisation de l’armée... Les gouvernements ont accepté que les militaires exécutent des tâches non militaires… On ne peut reprocher aux exécutants d’avoir fait cette guerre politique et d’avoir voulu la gagner.

Des observateurs non militaires observent les réalisations de cette pacification :

- en 1958, Jean Lacouture estime que l’action menée par quelques officiers et leurs hommes m’a paru en tout état de cause positive et fructueuse… ce que l’armée est en train de faire ressemble à un travail révolutionnaire,

- le préfet Benmebarek confirme que dans les équipes constituées... par quelques généraux convaincus, et par des officiers de terrain, il y eut dans le domaine de la promotion sociale, un réel esprit «mai 1958».

 

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La pacification couvre ainsi de nombreux domaines :

- l’action politique, grâce aux élections libres, qui rencontrent un grand succès auprès des femmes en octobre 1958 ;

- la fraternisation de mai 1958, et des Comités de Salut public, instruments de réconciliation malencontreusement dissous ;

- l’autodéfense active des quartiers de pacification (plan Victor) approuvée par Ely et Debré ;

- la Fédération amicale des U.T. et des autodéfenses, qui selon Challe doit devenir le grand parti européen-musulman ;

- l’ordonnance de février 1959 sur la condition féminine ;

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- l’action éducative : tardivement relancée, la scolarisation est portée à 66% en 1961 ; l'ensemble de la jeunesse est suivie par le Service de formation (SFJA), créé à l'initiative du colonel Lacheroy ; il forme à Issoire et Nantes des moniteurs qui animent Foyers de Jeunes et Foyers sportifs ; libérer la femme musulmane, déclare le général de Segonzac aux monitrices de Nantes, voilà la mission exaltante qui vous est proposée ;

- la promotion militaire vise aussi à la formation d'une élite musulmane

- 700 Sections administratives spécialisées (SAS) et 30 Sections urbaines constituent les instruments de cette politique ; créées par Soustelle en 1956 ; elles rétablissent le contact avec la population, gèrent les nouvelles communes et conduisent une action de développement agricole et artisanal ; 1400 officiers, 650 sous-officiers et 3.700 employés civils y participent. Les képis bleus, écrit Alistair Horne, formaient un corps d'hommes dévoués et courageux qui partout savaient se faire aimer de la population ;

- 350 Equipes médico-sociales itinérantes (EMSI) contribuent à l'action humanitaire auprès des femmes et des enfants. Dans le bled, écrit leur présidente, les femmes étaient avides d'apprendre et aspiraient à une vie meilleure, à l'européenne, disaient-elles... Pour la pacification, selon un commandant de Quartier, une EMSI vaut un bataillon.

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Cette action auprès des femmes fut aussi conduite par le Mouvement de Solidarité féminine créé par Suzanne Massu, qui en janvier 1960 comptait 300 Cercles et 60.000 femmes. Cette activité allait de pair avec l'Association Jeunesse chargée de recueillir les yaouleds [enfants] abandonnés dans les rues d'Alger, et qui sera transférée dans le Béarn en 1963.

- l'Assistance médicale gratuite est sans doute l'action sociale la plus connue. 1.600 médecins assurent leur mission de soutien et d'AMG (16 millions de consultation en 1960).

- moins connue est l'action judiciaire : le plan Gerthoffer décentralise la justice afin de la rendre plus rapide et plus humaine ; 12 Tribunaux permanents des Forces armées, et 75 Procureurs militaires sont mis en place en 1960,

- la Commission de Sauvegarde du Droit et des libertés s'efforce de moraliser le traitement des prisonniers; son président Maurice Patin constate que la nature du conflit rend très difficile le maintien scrupuleux de la légalité,

- les Centres militaires d'internement créés par Salan en 1958 pour se conformer aux Conventions de Genève, permettent de soustraire à la justice les djounoud pris les armes à la main (PAM) ;

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centre de regroupement, 1961

- le regroupement des populations constitue l'une des actions les plus critiquées de l'armée en Algérie ; elle vise à soustraire la population du bled aux pressions du FLN, et à créer des zones interdites où les rebelles seront pourchassés sans danger collatéral. Militairement, elles diminuent le nombre des attentats. Le commandant de la wilaya 4 déplore : «nous sommes coupés de tout, la population ne nous suit pas».

Il est vrai que certaines installations trop hâtives ont été mal choisies. Le FLN exploite cette situation en dénonçant des camps de concentration. Le Délégué général Delouvrier constate que le taux de mortalité dans les regroupements est inférieur à celui que l'on enregistrait dans les mechtas. Les centres provisoires sont alors remplacés par 1.000 villages qui seront de véritables centres ruraux.

Le général Parlange note en août 1960 que la population, lasse des exactions et des crimes des fellaghas, vient se réfugier dans les nouveaux villages, créés avec sa totale approbation. Lorsqu'en 1961 on offre aux regroupés de regagner leurs anciennes mechtas, 90 % préfèrent rester dans les nouveaux villages.

**

La pacification était ainsi une politique globale, humaine et légale, qui a obtenu sur le terrain de remarquables résultats. Reposant sur l’unité d’action entre militaires et politiques, elle aurait dû conduire à une solution associative, prônée à la fois par Lacoste et de Gaulle. Les causes de son abandon sont donc politiques, elles résultent de la mésentente entre les responsables militaires et le gouvernement.

Maurice Faivre

 

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affiche du 5e Bureau (source)

 

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12 juillet 2012

images Algérie 1958 et 1962

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deux photos inédites : Oran, 1958 et 1962

Jean-François PAYA

 

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De Gaulle, voyage à Oran (4-7 juin 1958)

 

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Ben Bella à Oran à l'été 1962

 

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décoration de Jean-François Paya :
médaille d'Or de la Marine Nationale, pour services rendus

 

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10 juillet 2012

les dérives du régime de Biya au Cameroun

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lente dégradation de l’État et de la société

au Cameroun

à propos du livre de Fanny Pigeaud

Marc MICHEL

 

Fanny PIGEAUD, Au Cameroun de Paul Biya, Paris, Karthala, coll. «Les terrains du siècle », 2012, 266  pages.

Voilà un livre passionnant, documenté et… désespérant. L’auteure a longtemps été correspondante de l’Agence France Presse au Cameroun, nous offre un livre «d’histoire immédiate» magistrale.

Après les travaux de Jean-François Bayart, voici un livre courageux. Certes, l’historien aurait souhaité que l’appareil documentaire soit plus référencé, que les faits dénoncés soient étayés de preuves écrites ou orales avérées ; mais on comprendra que le métier de journaliste d’investigation comporte une part de risque (et il est clair que Fanny Pigeaux ne saurait revenir au Cameroun de Paul Biya sans risque comme jadis Thierry Michel dans le Zaïre de Mobutu…) et qu’il suppose une part de discrétion sur les sources utilisées. Ces faits sont effectivement accablants. Malheureusement, la plupart d’entre eux sont avérés et de notoriété publique.

 

l’espérance trahie qui suivit le départ d’Ahidjo

On admirera d’abord l’intelligence de la mise en ordre de cette histoire immédiate. Elle s’ouvre par deux chapitres retraçant l’histoire de la période allant de l’indépendance en 1960 aux années 2010.

On peut ne pas partager certains jugements idées reçues sur la politique de la France avant 1960 qui nous paraissent relever des idées reçues, même parfois d’erreurs. On ne saurait s’y attacher cependant car l’objectif de l’auteur n’est pas de retracer la décolonisation dramatique du pays, mais de décrire l’évolution du pouvoir au Cameroun depuis 1983, date retour manqué au pouvoir d’Ahmadou Ahidjo.

On doit reconnaître également que le fort ressentiment de beaucoup de Camerounais à l’égard de la France s’enracine dans une décolonisation dramatique marquée par la répression de l’UPC puis la guerre civile.

Le récit de l’espérance trahie qui suivit le départ d’Ahidjo est convaincant, voire mesuré ; l’ancien président est même crédité d’avoir «permis de bâtir en partie le pays» et, il est vrai, que la tâche était colossale dans un pays encore en proie à la guerre civile, à des compétitions de personnes et de clans, aux haines d’ethnies et aux surenchères révolutionnaires.

Mais ce qui intéresse, et ce que veut dénoncer, Fanny Pigeaud ce sont, bien les dérives du régime de Biya après 1983 : le parti-État (L’Etat RDPC), les manipulations (Intrigues, manipulations et sorcellerie), l’ethnicisation du pouvoir (L’État ethnique), les collusions d’intérêts (Détournements et criminalité) , leurs effets pernicieux dans les mentalités (La mise à l’écart de la pensée), la société (La société délitée) et dans la politique (Démobilisation, fuites et résistances, Complicités).

À lire ces têtes de chapitres, on pourrait croire à une charge outrancière et systématique, un simple catalogue polémique. Malheureusement, il n’en est rien. L’analyse est minutieuse et fondée sur des preuves précises et très abondantes.

 

privatisation du pouvoir au profit d’une oligarchie

Fanny Pigeaud décrit impitoyablement les mécanismes de privatisation du pouvoir au profit d’une oligarchie et de son chef. Un véritable «système» prédateur a été  mis en place dont les prémisses remontent à Ahmadou Ahidjo. Mais, comme elle le souligne à plusieurs reprises, même sous Ahidjo, le pouvoir n’avait pas été si loin dans la prédation et  l’autoritarisme (par exemple en ce qui concerne la mise au pas de l’Université).

Ses composantes essentielles, parti (bien qu’en principe il n’existe plus de parti unique), État, administration, affaires sont, dans la réalité, tellement intriquées entre elles que ce sont souvent les mêmes hommes qui en cumulent les bénéfices (non sans risques de déplaire brusquement au roi, inquiet ou sourcilleux).

Bien sûr, il n’y a pas vraiment d’originalité dans cette dérive qui fut celle du Zaïre de Mobutu, du Gabon de Bongo et de bien d’autres États africains vers une sorte d’État totalitaire «à l’Africaine».

Au Cameroun, la personnalisation du pouvoir ne revêt pas le caractère caricatural qu’elle a revêtu au Zaïre, par exemple ; elle parait plus discrète, d’autant plus que le chef de l’État s’isole de plus en plus n’apparaissant à son peuple qu’une fois par an et passant parfois de longs séjours à l’étranger, sans que, parfois, ses propres ministres le sachent ! «L’énigmatique Biya» titre l’auteur dans un de ses développements (p. 61).

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Paul Biya

C’est à une lente dégradation de l’État et de la société au Cameroun qu’on assisterait. Une certaine périodisation apparait ; une tentative de libéralisation avortée en 1983 ; le choix d’une politique sécuritaire aboutissant au raidissement très brutal du régime au début des années 1990, que les Camerounais qualifièrent «d’années de braise»), et, depuis un immobilisme aggravé par les crises consécutives aux injonctions de la Banque mondiale en 1993, la dévaluation du franc CFA en 1994, la paralysie économique.

La classe moyenne a disparu dans une paupérisation globale (p. 61) au bénéfice d’une haute hiérarchie du pouvoir dont les profits sont redistribués périodiquement par le chef, avec une nette préférence pour les membres de sa propre ethnie.

La division des opposants en multiples clans, l’obligation souvent de s’exprimer à l’extérieur, sert évidemment, la propension de beaucoup à se laisser «récupérer» sert évidemment le dictateur qui peut laisser ouvertes quelque soupapes de sécurité et s’exprimer plus ou moins ouvertement la parole de la rue ; mais ni aucun journaliste, ni aucun universitaire ne peut les utiliser sans risques.

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émeutes de février 2008

À tous les niveaux de la société, la peur annihile l’action. L’auteur montre bien, comment, dans ces conditions, le regain des pratiques occultes (magie noire, sacrifices) et l’adhésion aux sectes (Rose Croix, loges franc-maçonnes), constituent à la fois des moyens du pouvoir et des refuges pour les individus.

Tous les paramètres du pourrissement sont examinés ; peut-être l’auteure néglige-t-elle l’un d’entre eux cependant, l’importance de l’antagonisme francophones/anglophones dans ce pays en principe bilingue en réalité lourdement francophone, ce qui est une exception dans le monde à souligner, mais n’empêche nullement les ressentiments à l’égard de la France

Pigeaud a terminé son livre en 2011 ; à l’époque, elle prédisait que le président Biya allait se représenter aux élections d’octobre. Sur ce point elle ne trompait pas ; elle appelait à un changement.

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Par contre, sur cet espoir, elle s’est trompée ; le président a été réélu par pratiquement 80,2% des voix contre un peu moins de 11% à son adversaire «historique» John Fru Ndi. La participation a diminué (65,8%), mais l’essentiel de ce qui aurait été souhaitable pour que le Cameroun cesse de «s’enfoncer dans le chaos» eût été «un changement complet de son système de gouvernement et des mentalités» ; des mentalités, cela est sûr, tant la «bonne gouvernance», pour employer un de ces poncifs à la mode, dépend des mentalités.

Ces maux ne sont pas spécifiques du Cameroun, loin s’en faut. Ils ne doivent pas non plus être généralisés au point d’en faire des caractéristiques de l’État en Afrique. Croire que l’abolition des «complicités» occidentales suffirait à les éradiquer serait bien illusoire. Ils sont suffisamment graves et habituels qu’on ne peut que saluer l’intérêt du démontage de ce «cas-type». Il est fascinant et profondément inquiétant.

 Marc MICHEL

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Fanny Pigeaud

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supplément

Dans l’introduction du livre Au Cameroun de Paul Biya, Fanny Pigeaud annonce la couleur du triste tableau qu’elle dresse sur le pays. « “Quand j’essaie d’expliquer à mes collègues ce qui se passe au Cameroun, j’ai toujours l’impression qu’on croit que je raconte des histoires, que je mens”, confie un journaliste camerounais travaillant au siège régional d’une agence de presse internationale installée dans un autre État africain.

Pourtant, le Cameroun est bien un pays où il peut se passer deux ans sans que le président de la République préside un conseil des ministres ; où le patron de la police peut faire emprisonner des innocents pour couvrir les coupables d’un meurtre ; où lorsqu’un citoyen téléphone en urgence à la police pour signaler l’agression d’une femme dont il vient d’être le témoin et donner la description des fautifs, il s’entend répondre : «Mais laissez la femme se plaindre elle-même! De quoi vous mêlez-vous ? », avant de se faire raccrocher au nez ; où le chef de l’État paie en valises de cash le ravitaillement en kérosène de l’avion qui le transporte ; où l’on peut louer, pour une somme dérisoire, l’arme d’un policier ; où l’on met deux jours à retrouver la carcasse d’un Boeing 737-800 qui s’est écrasé, avec ses 114 occupants, trente secondes après son décollage ; où moins de trois mois avant une élection présidentielle, personne ne sait à quelle date le scrutin aura précisément lieu et aucune des deux grandes formations politiques, le parti présidentiel et le principal parti d’opposition, n’a de candidat déclaré...

Dans ce Cameroun, qui semble naviguer sans tête et sans but, les jeunes, soit la moitié de la population, ne parviennent plus à s’imaginer un avenir. »

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6 juillet 2012

Cayenne : quand l'injustice crée le droit

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le procès des insurgés de Cayenne, 1931

 

Programmé dans le cadre de l’exposition sur le procès des insurgés de Cayenne présentée aux Archives départementales de Loire-Atlantique du 9 février au 26 juin 2011, ce colloque prolongeait la réflexion sur la légitimité de la révolte face à l’injustice, avec l’intervention de spécialistes, parmi les meilleurs de la question coloniale et de l’histoire du droit. Les Archives départementales proposent l'accès en ligne aux actes du colloque.

Fallait-il condamner - et peut-être à la peine capitale - dans une ville et un département marqués par la traite négrière, des émeutiers qui se révoltèrent pour que soit appliqué le plein exercice de la citoyenneté en Guyane ? L’intérêt de la République n’était-il pas plutôt de jeter un voile sur les émeutes et d’ouvrir la voie à l’émancipation des populations soumises au régime d’exception en vigueur dans les colonies ?

Mais en légitimant la révolte face à l’injustice dans la plus pure tradition des principes déclarés en 1789, la décision d’acquittement de la cour allait-elle constituer un précédent générateur de droit ? Cette jurisprudence pouvait-elle influer la politique coloniale du gouvernement et améliorer la situation sur place dans les colonies ?

Autant de questions, parmi d’autres, auxquelles ce colloque a tenté d’apporter des réponses et, ainsi, montrer la portée historique du procès des insurgés de Cayenne à Nantes en 1931.

Les avis exprimés dans les communications relèvent de la responsabilité exclusive des auteurs.

© Tous droits réservés.

 

Introduction générale : retour sur le procès des insurgés de Cayenne à Nantes en 1931

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Parce qu’ils voulaient l’Égalité dans l’expression de leurs droits citoyens, quatorze Guyanais ont été, en 1928, privés de leur liberté. Mais, dans un élan de Fraternité, douze jurés de la cour d’assises de Loire-Inférieure les ont rendus à la Liberté. Puisant largement dans leurs fonds judiciaires, les Archives départementales ont raconté cette histoire oubliée au travers d'une grande exposition ; une histoire d’injustices et de droit, où la loi a été bafouée, où des vies ont été prises, où la parole des avocats a fait s’exprimer la solidarité républicaine entre métropole et Guyane, entre ville au passé négrier et colonie atlantique. Ce procès des insurgés de Cayenne est une leçon d’Histoire.

Télécharger le livret de l'exposition (pdf 4,49 Mo).

La question coloniale dans l’historiographie française : état des lieux

Guadeloupe, Guyane, Martinique en 1848-1898 : trois colonies françaises des Caraïbes sous l’optique de l’histoire et de l’historiographie

par Oruno D. LARA, directeur du Centre de recherches Caraïbes-Amériques (CERCAM). Télécharger le texte.

La politique coloniale française aux Caraïbes, fin XIXe siècle - années 1930 : repères historiographiques et débats, par Nelly SCHMIDT, directrice de recherche au CNRS - université Paris IV-Sorbonne, CERCAM. Télécharger le texte.

Les contrastes de l'historiographie coloniale française : de la gloire impériale à la redécouverte de l'esclavage, par Catherine COQUERY VIDROVITCH, professeure émérite d’histoire contemporaine, université Denis Diderot, Paris 7. Télécharger le texte.

Le pavillon de la Guyane à l'exposition coloniale de 1931 © ADLA

La France et ses colonies dans les années 1920 et 1930 : entre réalités économiques et fantasmes exotiques

Droit colonial et discours protestataire dans la France des années 1920 – 1930, par Alain RUSCIO, docteur ès Lettres, historien spécialiste de la colonisation française. Télécharger le texte.

Le pavillon de la Guyane à l'exposition coloniale de Paris, 1931, par Catherine HODEIR, enseignante à l'université d'Amiens, chercheuse, unité mixte de recherche Institutions et dynamiques historiques de l’économie (IDHE). Télécharger le texte.

Tous colonialistes ? Les géographes français et l’idéologie coloniale, par Pascal CLERC, maître de conférences en géographie, université Lyon 1, équipe épistémologie et histoire de la géographie (EHGO) Géographie-cités. Télécharger le texte.

Vue générale de Cayenne dans les années 1930 © ADLA

La Loire-Inférieure et la Guyane dans les années 1920 et 1930 : une époque et deux mondes

Portrait sociopolitique de la Loire-Inférieure au temps de l'affaire Galmot, par Marcel LAUNAY, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université de Nantes. Télécharger le texte.

La Guyane française au temps de l'affaire Galmot : entre pratiques coloniales et idéal républicain, par Serge MAM LAM FOUCK, professeur d’histoire contemporaine à l’université des Antilles et de la Guyane.

La figure de « Papa Galmot » et les représentations populaires liées à l'exploitation de l'or et du bois de rose en Guyane, par Marie José JOLIVET, anthropologue, directrice de recherche émérite à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Télécharger le texte.

Croquis de scène de crime, meutre de G. Bourgarel, mai 1929 © ADLA

Faire l’histoire d’un procès colonial : variété des sources, ambivalence du récit ?

Parcours d'historien entre les différentes institutions conservant des sources sur l'histoire du procès, par André BENDJEBBAR, agrégé de l’université, docteur en histoire.

Faire l’histoire du procès des insurgés de Cayenne à partir des fonds des Archives départementales de Loire-Atlantique. Constitution, langages et portée des fonds d’archives mobilisables sous le regard critique de l’archiviste, par Samuel BOCHE, attaché, Archives départementales de Loire-Atlantique. Télécharger le texte.

Le fonds Galmot aux Archives municipales de Bordeaux, par Agnès VATICAN, directrice des Archives municipales de Bordeaux.

Témoignage d'Henriette DORION-SEBELOUE, présidente de l'Union des Guyanais et Amis de la Guyane, petite fille d’Yves SERVAIS-EUSTACHE, victime des émeutes de Cayenne.

Témoignage de Pierre FOURNY, fils d’Alexandre FOURNY, un des avocats du procès des émeutiers.

Gaston Monnerville sur les marches du palais de justice de Nantes © Archives littéraires suisses

Quand les avocats entrent en scène : mécanismes et enjeux des plaidoiries

Alexandre Fourny : une exception nantaise, par Serge DEFOIS, docteur en histoire contemporaine, chargé de cours à l'Institut d'études judiciaires de l'université de Nantes.

Une heure magique : la plaidoirie de Gaston Monnerville au procès des insurgés de Cayenne, par Jean DANET, maitre de conférences à l’université de Nantes, avocat honoraire au barreau de Nantes. Télécharger le texte.

Départ des acquittés le 9 avril 1931 à Saint-Nazaire © ADLA

Le procès des insurgés de Cayenne à Nantes : épiphénomène ou moteur de l’histoire ?

Vécu colonial et « assimilation » professionnelle : des avocats-défenseurs circonspects, par Bernard DURAND, professeur émérite d’histoire du droit, université de Montpellier. Télécharger le texte.

Renvoyés – « Nom principe République honneur France ». Les causes et les effets de l’application des articles 542 et suivants du Code d’instruction criminelle dans l’affaire des « émeutiers » de Cayenne, à partir de 1928, par Eric de MARI, professeur d histoire du droit, responsable du groupe de recherche en histoire du droit colonial, université Montpellier 1. Télécharger le texte.

La question de la citoyenneté dans les colonies après le procès des insurgés de Cayenne, par Florence RENUCCI, chargée de recherche au CNRS, Centre d'histoire judiciaire, université Lille 2.

Palais de Justice de Nantes © ADLA

Conclusion et synthèse du colloque

Par Denis SALAS, enseignant et chercheur à l'École nationale de la magistrature, secrétaire général de l’Association française d'histoire de la justice.

Crédits

Organisation : Département de Loire-Atlantique.

Mise en œuvre : Archives départementales de Loire-Atlantique.

Partenariats : Université de Nantes (Faculté de droit et des sciences politiques et Centre de recherches en histoire internationale et Atlantique – CRHIA), Université des Antilles et de la Guyane, Association française d'histoire de la justice (AFHJ).

Conseil scientifique : André Bendjebbar (agrégé de l’université, docteur en histoire), Michel Catala, (professeur d'histoire contemporaine à l'université de Nantes, directeur du CRHIA), Jean Danet (avocat honoraire au barreau de Nantes, maitre de conférences à l’université de Nantes), Bernard Salvaing (professeur d'histoire contemporaine à l'université de Nantes et membre du CRHIA), pour les Archives départementales de Loire-Atlantique : Jean-François Caraës (directeur adjoint des Archives départementales), Philippe Charon (directeur des Archives départementales), Fabrice Cheignon (attaché de conservation du patrimoine).

Les avis exprimés dans les communications relèvent de la responsabilité exclusive des auteurs.

 source

 

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5 juillet 2012

C’était à Oran, il y a exactement 50 ans jour pour jour

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5 juillet 1962

cet anniversaire me met de mauvaise humeur

Pierre RUBIRA

 

 700, c'est juste un chiffre. Le prix d’un téléviseur, une date, l’altitude d’un village, le nombre de mosquées qui ont appelé à voter Hollande, la distance km de Paris à Toulouse ou de Marseille à Alger. 700, ce n’est rien.

Si l’on couche 700 personnes côte à côte, ça fait grosso modo une bande de 700 mètres, une bonne partie des Champs Elysées, de la Canebière… à chacun d’imaginer chez soi la distance que cela fait.

Il y a 50 ans, jour pour jour, et en quelques heures, 700 Français, des civils, des femmes, des enfants, des vieux, étaient assassinés courageusement, égorgés, éventrés, saignés devant une armée qui avait gagné sa dernière guerre mais qui avait reçu l’ordre de ne pas bouger et qui avait obéi.

Ce n’est rien, 700, à peine un chiffre officiel, reconnu par les historiens et qui n’englobe que les victimes officielles et recensées, pas les disparus, pas les pas français, les Champs Elysées et la Canebière n’y suffiraient plus, et de loin. Il est vrai aussi que certains des survivants sont venus se réfugier dans notre beau pays mais ils devaient être fort antipathiques puisqu’on leur a craché à la gueule et que de nombreuses villes ont voulu s’en débarrasser ou les rejeter à la mer (n’est-ce pas, Marseille ?).

C’est marrant, la manifestation des algériens du 17 octobre 1961 qui avait “dégénéré” et où la Seine était littéralement recouverte et saturée par les innombrables cadavres (entre 7 et 30 suivant qu’on est un Historien ou un enculé), ce véritable génocide est rappelé sans cesse dans nos écoles, nos politiques s’y recueillent, on inaugure de belles plaques, surtout ne pas oublier de quel cloaque putride nous sommes issus (on me souffle dans l’oreillette, pas nous, les autres).

C’est marrant, les responsables des 700 cités plus haut, une fois leurs couteaux rengainés, sont venus s’installer dans ce pays probablement dans le seul but de nous permettre d’avoir une belle industrie et une économie prospère, ou bien ils nous ont envoyé leurs gosses ou leurs descendants, avec leurs mêmes mosquées, leur même mentalité, leurs mêmes couteaux.

Vous les avez accueillis, nourris, soignés, vous les avez élus et pour bon nombre d’entre eux, ils vous haïssent et vous méprisent.

Avant de penser que, écrivant cela, je ne suis qu’un nostalgique, facho nazi raciste nauséabond et ranci, déterminez d’abord ce que j’ai écrit de faux : c’est vrai, quoi, ne me laissez pas me noyer dans l’erreur.

Alors 700, et morts en plus, qu’est-ce que c’est, comparé à une paire de baffes, un innocent vol de téléphone, une gentille tournante, la rafale de kalashnikov d’un incompris, la saine réaction d’un sympathique jeune qui abat des enfants etc... Ce n’est rien.

C’était à Oran, il y a exactement 50 ans jour pour jour. J’y étais et, je ne sais pas pourquoi, cet anniversaire me met de mauvaise humeur : 700 !

Pierre Rubira
professeur de Lettres

PS - Pour mémoire :
Oradour-sur-Glane, "plus grand massacre commis par les armées allemandes" (Wikipédia) : 642 victimes.

 

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28 juin 2012

l'exposition "Algérie 1830-1962" au Musée de l'Armée

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 intérêts et failles d'une exposition sur

l'Algérie de 1830 à 1962

général Maurice FAIVRE

 

 
J'ai parcouru hier [c'était le 31 mai 2012] avec intérêt l'exposition "Algérie 1830-1962" . Je n'ai pas écouté toutes les vidéos, mon C.R. est donc incomplet.

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Éléments positifs
dans le désordre :
- chronologie  bien suivie et  présentation muséographique remarquable,
- les tableaux de bataille, les tenues et les armes intéressants,
- la maquette d'Alger en 1830, remarquable,
- la fascination des officiers pour l'Algérie,
- esclaves européens reconnus, ainsi que mutilations par le FLN,
- harkis recrutés et abandonnés, routes et écoles construites, plan de Constantine, ralliements,
- réformes du 16 mars 1956, Melouza reconnu par Dalila Ait Djoudi,
- le 13 mai n'est pas un putsch militaire, Massu accepte de présider le Comité de Salut public,
- tract allemand de propagande anti-française,
- exposé du professeur Vaïsse sur la politique de Gaulle,
- exposé du général Delmas sur les réactions des colonels avant la bataille d'Alger ; il aurait pu en dire beaucoup plus et contredire Raphaëlle Branche.
 
Éléments négatifs
 
1. Le choix d'historiens connus pour leur idéologie marxiste ou tiers-mondiste :
On aurait pu consulter J. Frémeaux, G. Pervillé, D. Lefeuvre et surtout citer les recherches récentes de Vétillard, Jordi et Benmebarek ;
pour la bataille d'Alger, le colonel Allaire et le général Schmitt ; sur les harkis, le général Meyer et moi-même ;
- selon R.Branche la torture est destinée à terroriser la population et non à obtenir des renseignements ;
- S.Thénault multiplie le nombre  des disparus (contredit par Godard et Pervillé) ;
- d'autres historiens sont connus pour leur partialité. J.Roy est partisan ;
- les photos de Charbonnier sur un torturé ne sont pas claires.

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2. Erreurs numériques :
- il n'y a pas un million de morts lors de la conquête et des famines de 1860 (voir Frémeaux et Lefeuvre) ;
- il n'y a pas 20.000 tués en mai 1945 (voir Vétillard et Benmabarek) ;
-  40.000 djoundis en 1957 ? Ils n'ont que 20.000 armes de guerre ;
- 21.500 supplétifs ont été rapatriés, 66.000 avec les familles, et non 90.000 ;
- Il n'y a  pas 3.000 civils disparus après le 19 mars 1962, mais environ 1.600;
- le 17 octobre 1961, une trentaine de morts selon Brunet, et non des centaines ;
- moins de 300.000 Algériens tués pendant la guerre d'Algérie selon Yacono et Ageron, y compris les morts de l'ALN-FLN et les harkis.
3. Remarques diverses
- Abd el Kader présenté en début d'exposition (il est inconnu en 1830), au lieu du général de Bourmont et du Dey d'Alger,
- la régence d'Alger autonome (à nuancer) de l'empire ottoman ;
- l'opération Couronne du plan Challe se situe autour d'Alger et non en Oranie, elle fait partie de Courroie ;
- le schéma du barrage tunisien est incomplet, manquent la bretelle de Challe, la partie sud de Tébessa, et le dispositif de l'ALN en Tunisie (voir CFHM) ;
- les atrocités FLN et l'action des SAS sont présentés comme de la propagande française ;
- les regroupements de population ne sont pas des camps d'internement ;
- à Sétif, la répression est terminée avant midi par les gendarmes et les tirailleurs ;  il n'y a pas de milice civile ;
- la comparaison de Rouillon-Bollardière est discutable ; Ely dit à Bollardière qu'il a "fait le jeu de l'ennemi" ;
- les fours à chaux ne sont pas des  fours crématoires ;
- les films de Chassagne à Ain Abid sont des montages réalisés pour la Fox Movietone ;
le gendarme tireur (Geier) a bénéficié d'un non-lieu (archives gendarmerie et livre Vétillard).

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4. Non-dits ( à vérifier)
- la connaissance scientifique de l'Algérie par les officiers (ouvrages de Carette en 1848, Rinn, Coppolani..., etc) ;
- l'armée d'Afrique reconstituée par Weygand, Juin, Giraud et non de Gaulle ;
- les enlèvements de pieds noirs dès avril 1962 ;
- les tueries d'El Halia, rue d'Isly et 5 juillet Oran, à peine évoquées.
N.B. Je n'ai pas examiné les BD de J. Ferrandez ;  ayant quitté Alger à 4 mois, on ne peut le considérer comme un pied noir. Certains le considèrent comme un apôtre de la repentance. Il considère le terrorisme FLN comme réplique à l'attentat rue de Thèbes, ce qui est inexact.
Maurice Faivre
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- lien officiel et : autre lien

 

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27 juin 2012

rien ne peut excuser l'abandon...

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Rien ne peut excuser l’abandon

de ceux qui avaient fait le choix de notre pays

Nicolas SARKOZY, à Perpignan le 14 avril 2012

 

En fondant l’Association Secours de France, voici 50 ans, en plein drame algérien, Clara Lanzi s’était donné pour but de porter assistance à "toutes les victimes de leur foi en la Patrie, au premier rang desquelles figuraient les Harkis... Devoir de charité et de solidarité actives pour les survivants du génocide, leurs familles et leurs descendants. Devoir de vérité aussi, sur la trahison de la parole que la France leur avait donnée... Deux combats que le Secours de France n’a jamais abandonnés, et qui ont fini par porter leurs fruits. Le discours prononcé à Perpignan par le Président de la République Française ne laisse place à cet égard à aucune ambiguïté :

______________________

 

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"L’Algérie était devenue indépendante au terme d’une guerre qui avait duré plus de huit ans. C’était le choix de l’Histoire, ce n’était pas le choix des Harkis. La France se devait de les protéger de l’Histoire.
Elle ne l’a pas fait.
Elle porte désormais cette responsabilité devant l’Histoire.
C’est cette responsabilité que je suis venu reconnaître, ici à Perpignan, au nom de la République Française. Une responsabilité historique qui, à quelques jours du cinquantenaire de la directive du 12 mai 1962 (1), devait être enfin officiellement reconnue.
La France doit, comme elle l’a toujours fait, regarder son Histoire en face et assumer les erreurs qu’elle a pu commettre.
En l’occurrence rien ne peut expliquer, ni encore moins excuser l’abandon de ceux qui avaient fait le choix de notre pays."

Un moment historique

"C’est un moment historique, commente Jeannette Bougrad, car aucun chef de l’État n’était jusque-là venu visiter ces camps de la honte. On a regroupé ces familles de soldats musulmans qui se sont battus pour la France et qu’elle a abandonnés en Algérie. Et quand ils sont arrivés en France, on a très mal accueillis ces frères d’armes qui se sont battus pour la France et qui ont tout perdu. Plusieurs dizaines de milliers de harkis ont été massacrés au lendemain
des Accords d’Évian...


Aujourd’hui encore,
les harkis ne peuvent
toujours pas revenir
ou être enterrés en Algérie. Alors que les
anciens combattants
du FLN qui ont com
battu ou commis des
attentats peuvent ve
nir en France et y faire
des conférences expliquant leur «combat pour la liberté».
Les harkis croient en un idéal républicain. Ils sont Français. Ils sont patriotes. Et la France les a trop longtemps ignorés."

Un homme d’honneur

À Perpignan, le Président de la République est venu aussi rendre justice à un homme d’honneur, François Meyer, lieutenant de Harka au 23e Régiment de Spahis en 1962, qui a risqué la dégradation en contrevenant aux consignes officielles pour sauver ses hommes et leurs familles d’un massacre assuré. Jamais notre ami François Meyer ne regrettera d’avoir passé outre. Jamais non plus il ne cessera de se démultiplier, en France, pour aider à leur insertion, faire connaître leur histoire et plaider leur cause face aux autorités.

Secours de France

 

(1) La directive secrète du 12 mai 1962 fut signée par Louis Joxe, ministre des Affaires algériennes et négociateur des “Accords d’Evian”. Elle disposait notamment : "Les supplétifs débarqués en métropole en dehors du plan général de rapatriement seront renvoyés en Algérie. [...] Il conviendra d’éviter de donner la moindre publicité à cette mesure. [...] Les promoteurs et les complices de rapatriements pré- maturés seront l’objet de sanctions appropriées."

Ce qu’ont vécu les anciens supplétifs et les anciens engagés, tous soldats de la France, ne doit pas être éternellement caché, écrivait François Meyer. Les revendications des fils et des filles de harkis sont d’abord des exigences de considération et de dignité. Il n’y aura pas pour eux de paix sociale tant que l’opinion publique restera dans l’ignorance de ce qui s’est passé."

Actualités du Secours de France - Avril 2012

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______________________

 

- article de Mohammed Aissaoui dans le Figaro du 14 mars 2012

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Mohammed Aissaoui

 

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26 juin 2012

à Perpignan, le 5 juillet 2012

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cliquer sur l'image pour l'agrandir

 

Oran, 5 juillet 1962 - Perpignan, 5 juillet 2012

une initiative du Cercle algérianiste des Pyrénes-Orientales

 

Le Cercle algérianiste, créé en 1973, a pour objectif de sauvegarder le patrimoine culturel né de la présence française en Algérie.
Il diffuse, par l'intermédiaire de ses Cercles locaux et de sa revue L'Algérianiste, les études, travaux, articles, textes littéraires permettant d'approfondir la connaissance de cette présence. Il rapporte les témoignages de ceux qui ont oeuvré en terre nord-africaine et met ainsi à la disposition de ceux qui s'intéressent au passé les éléments constitutifs de l'histoire de notre pays.

- Cercle algérianiste

 

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25 juin 2012

un témoignage inédit jusqu'alors sur la colonisation française au Congo en 1902-1904

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«Au Congo, les Blancs sont mes pires ennemis»,

lieutenant Clément (1902-1904)

Michel RENARD

 

D’abord, un beau livre. Comme on en éditait avant. Des pages à la reliure cousue et non seulement collée ainsi que la plupart des livres brochés qui au bout de quelques années se décollent… Une couverture cartonnée. Un cahier photo… Et le tout pour pour 19 euros seulement. Bravo à l’éditeur Pierre de Taillac. Ce livre m’enterrera... Ses acheteurs auront plaisir à le manipuler... et à le lire.

L’ouvrage Un marsouin au Congo, présenté par Bertrand Goy, est le témoignage d’un lieutenant des Troupes de Marine entre 1902 et 1904. Le destin de ce texte est étonnant. Il fut sauvé par Mme Monique Fayasson qui le recueillit, un jour de pluie, dans une vente "vide-greniers" dans les années 1980. Aujou'rd'hui, il est à la disposition de tous. Et c'est un incomparable document sur le "colonialisme"... ou plutôt la colonisation.

départ de caravanes 1891
Congo, départ de caravanes, 1891 (source Anom)

Ce que montrent les récits du lieutenant Clément, c'est que le colonialisme ne fut vraiment pas un système. Il ne cache rien des atrocités commises par les uns et par les autres. Il décrit un imbroglio de motivations et de décisions contradictoires. Les militaires s'en sortent plutôt bien. Les administrateurs et les concessionnaires commerciaux (une quarantaine) à qui l'État à confié des milliers de kilomètres carrés d'exploitation, s'en sortent plutôt mal.

De nombreux historiens ont démonté le mythe du "pillage colonial". Henri Brunschwig, dans Mythes et réalités de l'impérialisme colonial français, 1871-1914, en 1960, prenait des précautions vis-à-vis de satistiques, selon lui, insuffisantes, mais affirmait avec suffisament de données : "Les colonies n'ont pas été pour l'industrie française un monopole profitable. Elles n'auraient pas pu l'être parce que l'industrie n'était pas en mesure de les fournir. Force leur fut donc de s'adresser à l'étranger, en dépit des tarifs douaniers qui renchérissaient ses produits" (p. 101).

factorie inondée
factorie inondée au Congo français

Brunschwig décrit, en réalité, un autre mythe : celui de l'illusion coloniale, qu'on voit bien évoquée dans le récit du lieutenant Clément qui en a été un rouage honnête et souvent souffrant... Henri Brunschwig : "La politique d'expansion a sûrement coûté à la France plus qu'elle ne lui a rapporté. Est-ce à dire que ceux qui la prônaient auraient dû y renoncer ? Pas forcément, car ils pouvaient toujours espérer un bénéfice futur. C'est le propre de cette politique coloniale que de toujours miser sur l'avenir : on vote les crédits militaires parce qu'après la conquête viendra la mise en valeur ; on consent aux investissements parce que les chemins de fer et autres installations techniques permettront l'exploitation rationnelle ; on multiplie les hôpitaux et les écoles pour créer sur place une main d'oeuvre rentable ; on spécule sans cesse sur l'avenir et cette spéculation, en dernière analyse, conduit les colonisateurs à outiller les populations au lieu de les exploiter purement et simplement" (p. 101).

mission Dybowsky 1891
officiers en mission au Congo, mission Dymbovsy, 1891 (Source Anom)

La conscience de la réaction de "l'indigène" est très lucide chez le lieutenant Clément : "J'eus l'impression d'être en pays nouveau, inconnu, dont les habitants ne soupçonnaient pas encore que nous étions là pour les soumettre, les faire travailler à notre profit et lever l'impôt. Ils acceptaient le commerçant qui leur vendait des fusils et de la poudre, mais étaient tout prêts à s'en servir contre nous si on leur demandait autre chose qu'une toujours dangereuse hospitalité" (p. 66).

Mais ce dispositif n'est pas un "système". Les intérêts des militaires se heurtent aux ambitions financières des concessionaires : "Alors seulement je compris dans quel piège j'étais tombé. Je maudis ma sotte confiance. Je vis clairement le but de ces hommes qui avaient vu dans ma perte le moyen de relever leurs affaires en obtenant une indeminité du Gouverneur" (p. 85).

Ivoirel'achat d'ivoire au Congo français, avant 1904

Dans le même temps, les Européens (français) adoptent, mi-forcés mi contensentants, les usages des lieux : "Nous avions acheté à Nila deux femmes "Pandis" pour la modique somme d'un kilo de sel chacune" (p. 91). "J'avais engagé mes tirailleurs à en faire autant, mais les quelques mariages qui se décidèrent alors furent remis à plus tard lorsque les tirailleurs auraient envoyé la dot qui pour eux était plus élevée" (p. 91).

 

l'optique militaire n'est pas la pire

L'avantage de la lecture des mémoires du lieutenant Clément au Congo, c'est qu'elle pulvérise pas mal de clichés sur la colonisation. L'optique militaire n'est pas la pire, même si elle a aussi provoqué des massacres, mais dans une dialectique d'affrontements aux comportement parfois opposés : "Je m'attendais à être lancé à la poursuite des fugitifs ; il n'en fut rien. Dupont [administrateur, ce n'est pas un militaire] voulait agir seul, sachant trop bien combien j'étais doux avec les indigènes qui ne se battaient pas, juste avec ceux qui me faisaient le plaisir de se battre. Il commença par faire tuer à coups de revolver les deux petits malades. Ils étaient en train de manger les papayes que je venais de leur envoyer avec des morceaux de biscuits de troupes. Cette nouvelle me causa la plus terrible colère que j'aie jamais eue, mes jambes tremblaient : certainement, j'aurais tué Dupont s'il avait été près de moi" (p. 139-140).

Les concessionnaires, à qui l'État a confié des territoires immenses pour leurs activités productives et commerciales, ne s'en sortent pas toujours bien. Ils tentent, en cas d'échec, de se faire rembourser par la puissance publique en dénonçant les impérities de l'armée. Le lieutenant Clément l'apprit à ses dépends.

Congo case abri pour traitant
Congo français, case abri pour Européens dans un poste de traitant

Le lieutenant Clément a dû subir quelques avanies dans l'évolution de sa carrière. Protégé par Harry Hallis, fondateur du Comité de l'Afrique française en 1890, il dut sûrement d'échapper à des sanctions plus sévères à la suite de ses démêlés avec l'administrateur Dupont.

Le récit est très suggestif. Toutes ces souffrances avec la fameuse adénite ou inflammation infectieuse de ganglions dont Clément cherche à se guérir lui-même. Ces amitiés, ces morts violentes, ces confiances et ces trahisons. Le lieutenant Clément écrit : "Le seul conseil que me donna mon camarade fut de me méfier de tout le monde et il ajouta quelques paroles tant de fois vérifiées : «Les Blancs sont ici nos pires ennemis»" (p. 63).

Un livre à mettre en relation avec Passions africaines, d'Albert Nebout (éditions de Paris, 1995), dont l'action se situe vingt ans plus tôt.

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voyage en hamac

 

village indigène
village indigène au Congo français, avant 1906

 

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Albert Nebout dont je ne fournirai que cette citation : "(les indigènes africains de l'Oubangui) avouent leur anthropophagie sans gêne aucune, mais j'ai pu observer chez plusieurs de ces indigènes, de l'honnêteté, de la bonté et une certaine discrétion dans leurs rapports avec moi. L'anthropophagie n'en fait donc pas des bêtes féroces"... (p. 100).

Michel Renard

 

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24 juin 2012

20 août 1955, par Roger Vétillard

20aout

 

une étude historique minutieuse des massacres

du 20 août 1955 dans le Constantinois,

par Roger Vétillard

général Maurice FAIVRE

 

Originaire de Sétif, le docteur Vétillard, après avoir renouvelé l'histoire du 8 mai 1945, a fait une étude très approfondie sur les massacres du 20 août 1955, à partir de documents inédits de la ville de Philippeville, des archives de la gendarmerie et de l'armée, et des témoignages de 53 Français et 11 Algériens, dont 5 anciens de l'ALN.

Zighout Youssef, responsable FLN du Nord Constantinois, décide de lancer, le 20 août à midi, une attaque généralisée contre 40 localités, afin de venir en aide aux rebelles de l'Aurès qui sont aux prises avec les paras de Ducournau. Il dispose d'à peine 200 hommes armés qui devront soulever la population, laquelle ne s'engage pas dans la révolution.

12.000 musulmans sont mobilisés. Les objectifs de Zighout sont de récupérer de l'armement, d'éliminer les traîtres pro-français, et de provoquer des représailles irréparables. Ses propagandistes affirment que l'armée de Nasser et les Américains soutiennent ce soulèvement raciste. Dans la plupart des localités, les djounoud restent en retrait et poussent en avant les femmes et les enfants.

L'action la plus importante vise Philippeville, ville de 70.000 habitants, où des masses de civils, manifestement drogués, avancent dans les rues sans se soucier de lourdes pertes. L'armée et la police sont en effet alertées et bloquent brutalement les manifestants. En revanche, la mine d'El Halia et le village d'Ain Abid ne sont pas protégés, et les Européens y subissent d'horribles atrocités (1).

Le bilan, minutieusement vérifié, est de 133 Français d'Algérie (2), 53 militaires et policiers, et 36 Français-musulmans dont le neveu de Ferhat Abbas. La répression militaire aurait fait 700 morts le 20 août, et les vengeances de civils plus de 2.000 tués les jours suivants (et non les 12.000 revendiqués par le FLN).

Les conséquences de ce soulèvement sont tragiques :

- «C'est la guerre, il faut la faire», déclare le gouverneur Soustelle, qui abandonne l'idée d'une politique libérale (3) ;

- la fracture entre les communautés s'aggrave, elle donne naissance au contre-terrorisme de certains Européens (4) ;

- sans être exactement une répétition des massacres du 8 mai 1945, ces violences préfigurent celles de la guerre civile des années 1990.

Guy Pervillé met en lumière l'objectivité historique de l'auteur (5), qui met à mal les erreurs grossières de Claude Mauss-Copeaux, et la présentation tendancieuse des films de la Fox Moviétone. Cet ouvrage montre que des travaux rigoureux peuvent réviser des idées reçues.

Maurice Faivre
le 23 juin 2012

 

1 - On peut citer 21 enfants dont les têtes sont écrasées contre les murs, et le témoignage de ce rebelle, qui après avoir égorgé une femme, mange le poisson qu'elle avait préparé.

2 - Roger Vétillard publie les noms de 51 victimes européennes.

3 - Cette déclaration dément la légende de ceux qui prétendent qu'on a attendu la loi de 1999 pour reconnaître la réalité de la guerre d'Algérie. Un Comité de guerre interministériel s'est réuni à Constantine en juillet 1957.

4 - Le terrorisme FLN a précédé le contre-terrorisme. Il n'a pas attendu l'attentat de la rue de Thèbes en août 1956 pour utiliser les explosifs.

5 - dans Algérie, 20 août 1955 (Payot 2011) C. Mauss-Copeaux se référe à un faux témoin d'el Halia et attribue au général Faivre un curriculum fantaisiste. Les films de la Fox Movietone sont des montages que certains présentateurs situent en 1945, sans en montrer les incohérences.

 

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Roger Vétillard

 

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