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études-coloniales
29 septembre 2007

Il faut dépasser les mémoires pour arriver à l'histoire (Patrick Rotman)

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Il faut dépasser les mémoires

pour arriver à l'histoire

Patrick ROTMAN
co-scénariste du film L'Ennemi intime

 

Le Figaro Magazine, samedi 29 septembre 2007

Rotman_interviewLe Figaro Magazine - De quelle manière avez-vous utilisé votre travail documentaire pour écrire le scénario de L'Ennemi intime ?
Patrick Rotman - Il n'était pas question de faire un panorama de la guerre d'Algérie. Il me semblait plus intéressant de la montrer à travers la vie d'un microcosme, d'une petite section, en puisant dans mon vivier de témoignages, d'histoires et d'anecdotes. Le lieutenant Terrien, que joue Benoît Magimel, je l'ai rencontré. C'est un homme brisé, broyé par cette guerre. Quarante ans après, il pleure encore en racontant son histoire. J'avais son visage en tête quand j'écrivais. Ce qui m'a plu, c'est d'aller voir ce qui se cachait derrière les apparences, de montrer le côté profondément humain de ces hommes, leurs souffrances, le sentiment de défaite qu'ils intériorisaient.

Avez-vous songé à une seconde version du film, qui aurait montré cette histoire du point de vue algérien, comme Clint Eatswood avec a bataille d'Iwo Jima ?
Patrick Rotman - Il m'a fallu beaucoup de temps pour entrer dans la complexité de cette guerre, pour me glisser dans la tête d'un soldat français en Algérie et traduire tout cela en mots, en états d'âme, en18783369 situations. Je suis incapable de me mettre à la place d'un jeune Kabyle. À chaque peuple d'écrire son histoire.

Vous avez consacré trente ans de votre vie à la guerre d'Algérie. Pourquoi ce sujet vous passionne-t-il autant ?

Patrick Rotman - Je n'ai aucun lien personnel ou familial particulier avec l'Algérie. Mais cet événement m'a toujours fasciné. En lisant les livres d'Yves Courrière, j'ai senti que ce drame constituait une coupure essentielle dans notre Histoire. Il coïncide avec un changement de République et le retour de De Gaulle aux affaires. Et puis, comme toutes les périodes charnières, c'est un moment d'observation priviliégié pour un scénariste. Les passions sont à vif, les tempéraments se révèlent.

Votre regard sur cette période a-t-il changé ?
Patrick Rotman
 - Il y a trente ans, mon regard était influencé par le contexte idéologique assez simpliste de l'époque. Pour moi, le dernier joyau de l'Empire aspirait naturellement à son indépendance et les Algériens menaient une guerre de libération anticoloniale. Mais cette dimension, juste, est réductrice. en recueillant des centaines de témoignages et en délaissant les schémas idéologiques, je me suis davantage intéressé au rapport des hommes à l'Histoire qui les embarque, les domine. Cette guerre coloniale était aussi une guerre civile, et même une double guerre civile. Ce télescopage de conflits interdit de porter un regard univoque sur l'événement. Il y a tant de mémoires juxtaposées dans cette guerre : les harkis, les pieds-noirs, les Algériens, les combattants du FLN... chacun a sa perception, sa vision. Si on veut essayer de comprendre quelque chose, il faut assimiler, dépasser toutes ces mémoires pour arriver à l'Histoire. Le cinéma le permet.

18779787

 

Je ne comprends pas ce que signifie

la repentance

La manière dont cette guerre est présentée aujourd'hui en Algérie est-elle fidèle à la réalité ?
Patrick Rotman - Les événements historiques sont toujours instrumentalisés ou mythifiés. L'État algérien indépendant s'est construit sur l'idée d'un peuple tout entier dressé derrière le FLN libérateur. Cette mythologie-là a fonctionné et fonctionne toujours en Algérie. La vérité en est évidemment très éloignée. Les atrocités commises par le FLN sont un sujet tabou en Algérie.

Que pensez-vous de ceux qui, en France, utilisent cette tragédie pour réclamer un acte de repentance nationale ?
Patrick Rotman - La repentance relève du domaine religieux et je ne suis pas religieux. C'est commode de s'ériger, cinquante ans après, en grand tribunal de l'Histoire. En revanche, il faut comprendre le comportement des hommes, rechercher la vérité dans toutes ses dimensions. Le climat me semble plus propice aujourd'hui, nous sommes entrés dans le temps deRotman_interview l'Histoire et on peut raconter cette guerre sans déchaîner les passions. Bien sûr que la torture a existé en Algérie, et il faut le dire, tout en rappelant que les Renseignements étaient le nerf de cette guerre. Mais la repentance, je ne comprends pas bien ce que cela signifie.

propos recueillis par Sébastien Le Fol
Le Figaro Magazine, 29 septembre 2007

 

ennemi

 

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25 septembre 2007

Cérémonie d’hommage national aux Harkis

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Cérémonie d'hommage national

aux harkis

discours de François FILLON, Premier ministre,

Invalides, le 25 septembre 2007

 

 

Mesdames et messieurs,

Avec force, avec solennité et émotion, je veux réaffirmer aujourd’hui, au nom du Gouvernement français, la reconnaissance de la Nation envers les Harkis.

Musulmans d’Algérie, ils ont entendu l’appel de la République française, et ils ont pris les armes, aux côtés ou au sein des troupes régulières.

Par fidélité, par loyauté, avec abnégation, ils ont accepté de mener sur leur sol un combat cruel et incertain.

Dans cette guerre masquée, ils se sont déclarés soldats. Ils sont devenus harkis, tirailleurs, spahis, moghaznis [moraznis], assès.

Ils ont rejoint les Groupes mobiles de sécurité, les groupes d’autodéfense, les sections administratives spécialisées.

L’histoire les a dressés contre d’autres hommes qui, la veille, étaient leurs frères.

Dans ce conflit, la République a considéré leur vaillance, leur courage, le dévouement que le sens de l’honneur leur inspirait.

Mais elle a fermé les yeux sur leur jeunesse, leur vulnérabilité, la précarité extrême de leur situation personnelle et familiale, le fardeau d’incertitude que le règlement de la guerre déposait sur leurs épaules et sur celles de leurs descendants.

Trop longtemps, la France a baissé les bras devant l’obligation contractée à l’égard des Harkis. Parce que le sacrifice de leurs biens, de leurs terres, de leurs droits et de leur sécurité, parfois de leurs vies, dépassait toute mesure, elle n’a pas su le reconnaître.

De son impuissance, elle a fait un abandon. Au moment où les Harkis s’en remettaient à elle, elle les a conduits par les chemins de l’oubli vers les camps de transit de Lascours, de Rivesaltes, de Saint-Maurice-l’Ardoise, de La Rye, de Bias, de Bourg-Lastic, de Sainte-Livrade. Elle les a écartés dans une soixantaine de "hameaux forestiers", cantonnés dans les 42 "cités urbaines". Elle a prolongé leur angoisse, leur détresse, leur déchirement.

Depuis 2001, la Journée nationale des Harkis interdit cette démission de la mémoire. Elle célèbre leur fidélité et leur bravoure. Elle aide à honorer cette communauté large, à faire connaître et comprendre la dette que la France lui conserve.

Pour que la France rende aux Harkis ce premier et légitime hommage, pour que la loi du 11 juin 1994 soit votée à l’unanimité au Parlement, il a fallu plus de 30 ans.

Aujourd’hui, nous devons poursuivre sur cette voie. Nous avons besoin d’une réconciliation sincère des mémoires, d’un apaisement véritable des esprits et des coeurs. Une fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie sera créée à cet effet en 2008. Ces questions lui seront confiées. Des historiens indépendants effectueront ce travail.

À cet instant, dans tous les départements français, les Harkis reçoivent un juste hommage, et celui-ci doit rejaillir sur leurs enfants et petits-enfants. Ici, aux Invalides, où résonnent les cris de gloire et de douleur de l’histoire militaire française, c’est l’hommage du Gouvernement que je leur rends devant vous.

Vive la République, vive la France !

source

___________________________

 

harkis

 

Tentes2
tentes dans un camp de harkis en métropole après 1962 (source)

 

HH_Dreux_plaque_2001
Dreux (Eure-et-Loir), plaque d'hommage aux harkis (source)



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18 septembre 2007

Algérie (1954-1962) : Une guerre sans «non» ? (Tramor Quemeneur)

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Henri Maillot mort le 5 juin 1956, Jean Müller mort le 27 octobre 1956

 

soutenance de thèse

Une guerre sans «non» ?

Insoumissions, refus d’obéissance et

désertions de soldats français pendant

la guerre d’Algérie (1954-1962)

Tramor QUEMENEUR

 

16994655

 

 

 

 

 

 







Thèse préparée sous la direction de
Benjamin STORA, Professeur d’Histoire contemporaine
à l’INALCO.

La soutenance se déroulera le
lundi 15 octobre à 9 heures,
à l’Université de Paris 8 – Saint-Denis,

Salle des thèses- Bâtiment A - Salle 010

Le jury sera composé de :
- Jean-Charles JAUFFRET
Professeur d’Histoire contemporaine à l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence et à l’Université Paul-Valéry de Montpellier
- Daniel LEFEUVRE
Professeur d’Histoire contemporaine à l’Université Paris-VIII
- Abdelmajid MERDACI
Professeur de sociologie à l’Université Mentouri de Constantine
- Benjamin STORA
Professeur d’Histoire contemporaine à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales
- Danielle TARTAKOWSKY
Professeur d’Histoire contemporaine à l’Université Paris-VIII
- Michel WIEVIORKA
Directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales



Résumé succinct

Trois périodes de refus se dégagent de la quantification des désertions, des insoumissions et des refus d’obéissance de soldats français pendant la guerre d’Algérie. En 1955 et en 1956, les «manifestations de rappelés» posent la question de la désobéissance, qui se cantonne cependant à un niveau individuel. De 1957 à 1959, les réfractaires contestent dans le cadre militaire, s’organisent en exil pour les insoumis et les déserteurs, ou en prison pour les objecteurs de conscience et les «soldats du refus» communistes. Le débat public explose en 1960 avec la découverte de Jeune Résistance, composée de réfractaires. Des intellectuels les soutiennent en rédigeant la Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie dite «Manifeste des 121». Les réfractaires deviennent de plus en plus nombreux, contre la guerre d’Algérie ou en faveur de «l’Algérie française» avec l’Organisation armée secrète. Enfin, l’Action civique non-violente se mobilise en faveur des objecteurs de conscience.

Bellecour19611
place Bellecour à Lyon, source


Présentation détaillée

Qui sont les réfractaires français de la guerre d’Algérie (1954-1962) ? Le terme générique de réfractaire regroupe trois catégories juridiques d’illégalités – les désertions, les insoumissions et les refus d’obéissance – définies dans le Code de justice militaire. Les Français de métropole et d’Algérie, regroupés dans les archives militaires dans la catégorie «Français de souche européenne» (FSE), servent de population de référence.

Le nombre de réfractaires a fait l’objet de controverses dès la guerre d’Algérie, c’est pourquoi chacune des formes de désobéissance est quantifiée d’après les statistiques militaires, tant en nombres absolus que relatifs. Ainsi, les insoumissions et les refus d’obéissance sont analysés par rapport aux recrutements de l’armée française, et les désertions par rapport aux effectifs mensuels de l’armée française en Algérie. Cette étude permet d’appréhender l’évolution de chacune des formes de désobéissance au cours de la guerre. Les limites, tant en terme de définitions que de statistiques, sont ensuite présentées. Une géographie de chaque forme de refus est également dressée, pour la France métropolitaine et pour l’Algérie. Enfin, une brève étude comparative par rapport aux réfractaires algériens de l’armée française et aux légionnaires déserteurs est effectuée. Cette première partie permet de dégager l’existence de trois périodes de refus de participation à la guerre d’Algérie.

La première période concerne «le temps des rappelés». Deux phases marquent une contestation collective importante de la part des soldats. La première se déroule à la fin de l’année 1955. Différentes manifestations de soldats scandent cette période ; la question de la désobéissance surgit au même moment, dans les débats intellectuels et dans les publications militantes. Cette première phase de contestation de la guerre d’Algérie contribue à la chute du gouvernement à la fin de l’année 1955 et à la victoire du Front républicain en janvier 1956. Mais, au printemps 1956, de nouvelles mesures de maintien et de rappel sous les drapeaux entraînent une deuxième phase de contestation des rappelés encore plus importante que celle de 1955. L’évolution des manifestations de 1956 permet d’étudier dans quelle mesure il est question de la désobéissance au cours de ces manifestations et de remarquer que les violences augmentent au fur et à mesure que la contestation se prolonge et que les rappelés se sentent de plus en plus isolés. La fin de leur contestation collective au cours de l’été 1956 conduit à ce que les désobéissances se cantonnent à un niveau individuel. Les désobéissances qui sont alors étudiées constituent des « parcours précurseurs ». Trois d’entre eux (Henri Maillot, Noël Favrelière et Alban Liechti) ont été érigés au rang de figures emblématiques. En regard, des désobéissances beaucoup moins connues sinon anonymes, dites «ordinaires», peuvent aussi révéler des caractères originaux.

La deuxième période qui s’ouvre de 1957 à 1959 peut être qualifiée de «temps du témoignage et de l’organisation». Le «témoignage» passe d’abord par la réalisation de «micro-désobéissances», commises par des soldats qui restent dans le cadre militaire, sans quitter la légalité. Ces «micro-désobéissances» se caractérisent essentiellement par une volonté des soldats qui les commettent de rendre compte à des tiers de leur désaccord par rapport à la guerre d’Algérie. Parallèlement à ces «micro-désobéissances», des soldats désobéissent. Les insoumis et les déserteurs, au départ isolés, commencent à se regrouper. A cet égard, certains font figure de «structurateurs» ou d’«organisateurs». Ainsi, des réfractaires créent Jeune Résistance à la fin de l’année 1958 et commencent à tisser un réseau de soutiens à l’étranger. De leur côté, certains objecteurs témoignent de leur refus de participer à la guerre d’Algérie : ils font ainsi figure de «diffuseurs». Louis Lecoin tente aussi de structurer les objecteurs de conscience en menant une campagne en faveur d’un statut. Au même moment, des soldats communistes refusent de participer à la guerre en Algérie, ce qui amène leur parti à développer une campagne qui démarre en 1957, s’intensifie en 1958, avant de prendre fin en 1959.

La troisième période est marquée par «le temps du débat». La diffusion de l’information au cours de la période précédente et la structuration de réseaux entraînent un débat très important au début de l’année 1960. Des insoumis et des déserteurs sont en effet arrêtés et d’autres relatent leurs parcours dans des livres, ce qui amène la société française à s’interroger sur la désobéissance dans la guerre d’Algérie. Certains intellectuels français approuvent cette désobéissance, ce qui conduit à la publication du «Manifeste des 121» en septembre 1960, au moment où s’ouvre le procès du «réseau Jeanson», jugeant des Français soutenant le FLN. Ce débat important amène des jeunes de plus en plus nombreux à désobéir sans pour autant se regrouper. Au contraire, Jeune Résistance se délite, s’enfonçant dans une action de type révolutionnaire. En cela, elle s’oppose à l’Organisation armée secrète caractérisée par des désertions et des actions violentes. Parallèlement, des non-violents se regroupent dans l’Action civique non-violente, se mobilisant contre la torture, contre les camps de regroupement et enfin en faveur de réfractaires qui choisissent l’emprisonnement. Leurs actions non-violentes suscitent aussi un débat public, qui se poursuit en 1962 et qui aboutit à l’adoption du statut des objecteurs de conscience en décembre 1963.

Tramor Quemeneur

 

9782707317247

 

 

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16 septembre 2007

La «guerre d’Algérie», histoire et historiographie (Omar Carlier)

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La «guerre d’Algérie», histoire

et historiographie

séminaire Omar CARLIER (Paris VII)

 

Master 2.  Spécialité : Sociétés du Sud

M2   43 HI 5263 - La «guerre d’Algérie», histoire et historiographie
- semestre 1, septembre-décembre 2007.Tous les lundis de 9 h à 11h.
université Paris VII, Site de Tolbiac.
Métro Olympiades (ligne 14) Immeuble Montréal, R de C, salle 6
Omar Carlier

24 septembre   :  Approches, sources, méthodes, enjeux,   Omar Carlier  (Paris VII) 
Temps court et  événement : Le premier novembre 1954 à Alger (OC)

1er octobre :   Histoire et historiographie : nouvelles tendances historiographiques, Raphaëlle Branche (Paris I) 
   
8 octobre :  Nouvelles sources, nouveaux objets - 1. Images et iconographie : la photographie,  Marie Chominot, (Paris VIII). Le film, Mathilde Marx (Paris VII)    

15 octobre :  Les archives par les archivistes 
Les Archives Nationales : Christelle Noulet. Le ministère de la Justice : Louis Faivre d’Arcier

22 octobre :  Histoire et sciences sociales : la démographie historique et la guerre d’indépendance algérienne, Kamel Kateb  (INED) 

29 octobre : Nouvelles sources, nouveaux objets - 2. La littérature.
a Les sources : La BNF, France Frémeaux (BN) b -  La littérature : Zineb Benali (Paris VIII) (sous réserve), Mourad Yellès (Paris VIII) (sous réserve).

5 novembre :  La guerre et les minorités - 1. Minorités ethno-communautaires : les Juifs d’Algérie, Paul Siksik (Langues O)

12 novembre   : 2. Minorités «politiques» : les «Libéraux», Fanny Colonna (CNRS).
NB En contrepoint, les communistes (OC).

19 novembre :  Les «groupes sociaux» dans la guerre : le cas des instituteurs, Aïssa Kadri (Tours) 


26 novembre :  Violences de guerre : camps de regroupement, camps d’internement  (Sylvie Thénault (Paris I CNRS) 

3 décembre :  Souffrances de guerre : a) histoire et traumas, Stéphane Audoin-Rouzeau (EHESS) (sous-réserve), b) les femmes algériennes dans la guerre, Souriya Guiddir (Paris I)

10 décembre : Terrains. Acteurs. Echelles
1.  Territoires, régions et Wilayas. Les Aurès et la Wilaya I, Warda Tengour (CRASC)
2 . Les bases arrières de l’ALN : Maroc, Tunisie, Libye, Daho Djerbal (Alger) (sous réserve)

 

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1956

 

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10 juin 2007

Une thèse sur les maghrébins de Tunisie (Abdelkrim Mejri)

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une thèse sur les maghrébins de Tunisie

 

Ce blog particulièremet intéressant et prometteur pourrait servir à merveille la recherche historique fancophone, arabophone et maghrébo-française ; à ce titre, il serait très utile pour tous ceux qui s'intéressent aux thèses relatives au Maghreb d'en faire un écho dans études-coloniales ; la priorité sera accordée aux thèses manuscrites et qui ne sont pas encore publiées ; je commence donc par annoncer la soutenance d'une thèse de doctorat d'État en histoire contemporaine à l'université de Tunis.

Cette thèse est préparée par le chercheur M. MEJRI Abdelkrim, maitre-assistant à l'université de la Manouba (Tunisie), dirigée par l'historien et le professeur émérite M. Mohamed Hédi CHERIF, elle porte le titre suivant :

LES COLONIES MAGHRÉBINES EN TUNISIE (1830-1929)

elle sera soutenue le mardi 12 juin 2007 à la Faculté des Sciences Sociales et Humaines de l'Université de Tunis devant un jury composé de :

        - M. Khélifa CHATER, président
        - M. Mohamed Hédi CHERIF, encadreur
        - M. Mohieddine HADHRI, rapporteur
        - M. Lazhar GHARBI, rapporteur
        - M. Abdesslem BEN HAMIDA, membre

Posté par Ahmed, dimanche 10 juin 2007 à 10:52

correspondance : Ahmed JDEY

 

 

- Abdelkrim Mejri : biobiblio

- Les socialistes français et la question marocaine, 1903-1912, L'Harmattan, 2004.

 

2747574881r

 

 

présentation éditoriale

À l'égard de la colonisation du Maroc, plusieurs tendances se sont manifestées au sein du parti socialiste (Jaurès, les guesdistes et Gustave Hervé). Depuis la crise de Tanger de 1905, la position de ces trois tendances évolua en fonction des circonstances. Cet ouvrage fournit un éclairage d'un très grand intérêt sur les débats menés au sein du parti socialiste sur le Maroc et d'une manière plus large sur la question coloniale. Un demi-siècle plus tard, sous la IVème République, les mêmes divergences se manifestèrent au sein de la SFIO sur le Maroc, et avec plus d'acuité sur le problème algérien.

 

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7 juin 2007

Bidi Mohamed, né le 19 novembre 1933 à Guelma

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Bidi Mohamed, né le 19 novembre 1933

à Guelma en Algérie

 


demande de renseignement
[à propos du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - Maghreb]

Salut. Je voudrais savoir si le nom Bidi Mohamed qui figure dans la liste est celui de Bidi Mohamed né le 19 novembre 1933 à Guelma en Algérie.

Le demandeur est son fils

Merci de me répondre.

Posté par bidi, jeudi 7 juin 2007 à 11:10

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Bonjour,

La notice du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - Maghreb relative à BIDI Mohamed ne précise pas sa date de naissance. Voilà cette notice :

BIDI Mohamed

Né à Mila sans le Constantinois vers 1930, membre du MTLD, le pendant nationaliste à la CGT du Constantinois, de son camarade de classe, Lakhdar Kaïdi, communiste.

À l'école primaire entre ville ancienne et ville coloniale, Mohamed Bidi a pour camarade de classe Lakhdar Kaïdi [voir notice], plus jeune de deux ans, qui deviendra secrétaire général communiste de la CGT-UGSA, Maamar Dif qui sera lui aussi communiste comme son frère Mahfoudh Dif [voir notice] plus âgé. Ces trois garçons ont été exclus de l'école pour avoir écrit au tableau : "Vive l'Étoile nord-africaine" ; on était en 1934. Leur peine fut en réalité retardée pour (leur permettre) d'obtenir le certificat d'études et de poursuivre dans le secondaire. En ces années, suivaient aussi l'école à Mila, Abdelhamid Boussouf, dont la grande famille oscillait entre le Dr Benjelloul et Ferhat Abbas, et Lakhdar Bentobbal de famille locale plus modeste qui sera adepte du MTLD ; tous deux seront des figures majeures de la guerre de libération. L'autorité morale qui régnait sur Mila était celle du Cheikh M'Barek El Mili précisément, représentant les Oulémas.

Après la Deuxième Guerre mondiale, Mohamed Bidi est devenu employé de banque à Constantine ; il est syndiqué à la CGT. Après 947, il appartient au bureau de l'Union Départementale CGT du Constantinois. Il se tourne vers le MTLD tout en restant en amitié avec Lakhdar Kaïdi ; l'algérianisation des commissions, comités et bureaux de la CGT fait que les deux anciens camarades se retrouvent promus à la direction syndicale de l'Est. Communiste, Lakhdar Kaïdi devient ensuite secrétaire général de la CGT transformée en UGSA. Mohamed Bidi est, en second, la caution nationaliste. En 1952, il fait partie de la délégation de syndicalistes qui sont allés en République populaire de Chine à l'invitation des syndicats communistes chinois. Mohamed Bidi reste partisan de maintenir la participation syndicaliste algérienne dans la maison unitaire qu'est l'UGSA ; ce n'est qu'après sa création en 1956 qu'il ralliera l'UGTA.

sources : B. Bourouiba, Les syndicalistes algériens - N. Djabi, Kaïdi Lakhdar. Une histoire du syndicalisme algérien, entretiens, Chihab-éditions, Alger, 2005.

René Galissot
Dictionnaire biographie.
.., p. 139

- Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - Maghreb. Algérie : engagements sociaux et question nationale. De la colonisation à l'indépendance, 1830-1962, dir. René Galissot, éd. de l'Atelier, 2006.

guelma_blvd_principale
Guelma aujourd'hui (source)

 

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6 juin 2007

inspecteur de la Sûreté dans les années 1930 au Maroc

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inspecteur de la Sûreté

dans les années 1930 au Maroc


Bonjour,

J'ai des difficultés pour restituer le parcours de mon grand-père, né en Algérie et ayant occupé la fonction d'inspecteur de la Sûreté dans les années 1930 au Maroc. Qui peut m'indiquer où se trouvent les archives de ce personnel de l'administration française ?

Merci.
Azzedine Sedjal
sedjal@gmail.com

 

Police_alg_ro_marocaine
la police franco-marocaine à Oujda
carte postale ancienne ayant voyagée en 1908

 

Bonjour,

Merci de votre message.

Il faut s'adresser aux services des Archives dipomatiques françaises, et plus particulièrement au Centre des archives diplomatiques de Nantes (inventaires en ligne).

Mais, si ces services ne vous répondent pas précisément, il n'y a d'autre solution que d'y aller soi-même parce que la règle des recherches en archives est que la responsabilité de toute recherche revient à l'intéressé lui-même.

Bonne continuation.

Michel Renard
"Études Coloniales"

 

Police_Oujda
le poste de police à Oujda

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15 avril 2007

archives de l'armée française sur le Maroc

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archives de l'armée française

sur le Maroc

demande d'information, par "Cheaziz"

 

recherche

Je cherche les archives de l'armée française sur le Maroc pour la période de 1930-1935. Si vous pouvez me dire l'organisme et l'adresse pour y aller faire des recherches. Merci à vous

Posté par cheaziz, jeudi 12 avril 2007 à 14:54

 

campagne_du_Maroc__1_
carte postale ancienne : campagne du Maroc, 1914 - colonne de Taza,
le général Lyautey félicitant les blessés du combat du 13 mai

 

réponse

L'organisme principal détenant des archives sur l'armée française au Maroc est le Service historique de la Défense (SHD). Et d'abord les fonds de l'Armée de Terre. Au sein de ces fonds, c'est la sous-série 3 H qui vous intéressera. Voici la présentation de cette sous-série sur le site du SHD :

 

Ce fonds comprend :

A. Des archives en provenance du 2e bureau et de la section d’Afrique du ministère de la guerre depuis l’envoi de la première mission d’instruction en 1877 jusqu’à la fin  des opérations de pacification en 1934.
B. Des archives en provenance du Maroc parvenues en deux versements : l’un vers 1935, l’autre en 1956 après l’indépendance ; elles ont été classées et regroupées par organisme.

Les journaux des marches et opérations, quand ils existent, ont été classés en tête. Puis on trouve successivement les collections de minutiers du courrier expédié et de bulletins de renseignements périodiques, ainsi que les dossiers d’affaires de chaque bureau. Des dossiers traitant des mêmes affaires existent à chacun des niveaux de décision, mais Lyautey puis Noguès ayant cumulé les fonctions de résident général et de commandant en chef, les attributions du cabinet et de l’état-major se recoupent pendant leur commandement.
Les archives des bureaux des affaires indigènes sont classées à part et font l’objet d’un inventaire particulier en cours de rédaction. Elles sont très importantes en raison des attributions politiques accordées aux régions. De nombreuses et importantes études envoyées par ces services aux 2e et 3e bureaux des états-majors de Rabat ou des régions restent classées dans les dossiers de ceux-ci et peuvent être en déficit dans le bureau d’origine.

Instrument de recherche              

Le répertoire numérique détaillé est partiellement publié :
- Répertoire des archives du Maroc, série 3 H, 1877-1960 par le chef d’escadrons Arnaud de MENDITTE et Jean NICOT, Vincennes, fasc. 1, 1982 ; fasc. 2, dactylographié.
- Guide des sources de l’histoire du Maroc au Service historique de l’armée de Terre, par Thierry SARMANT et Michel ROUCAUD, Vincennes, 2000.

Plan de classement

La sous-série 3 H comprend quatorze subdivisions :

3 H 1-153 : Section d’Afrique, puis section d’études du 2e bureau de l’état-major de l’armée, 1877-1934 : ces dossiers traitent notamment des relations avec le Maroc avant le Protectorat
(3 H 1), des frontières et des relations avec le Maroc espagnol
3 H 154-313 : Cabinet militaire de la Résidence, 1910-1958
3 H 314-752 : Commandement supérieur des troupes du Maroc
3 H 314-331 : Journaux des marches et opérations, 1907-1960
3 H 332-339: Cabinet, 1933-1961
3 H 340-384: 1er bureau, 1912-1962
3 H 385-496 : 2e bureau, 1911-1960
3 H 497-732 : 3e bureau, 1907-1960
3 H 733-752 : 4e bureau, 1947-1961
3 H 753-802 : Commandements et directions des armes et des services
3 H 803-1175 : Régions et territoires de 1912 à 1935 : Fez, confins algéro-marocains, Meknès, Marrakech, Taza, Oujda ; s’y trouvent les archives des grandes unités formées pendant la campagne du Rif
3 H 1176-1362 : Divisions territoriales de 1935 à 1956 : Fez, Meknès, Casablanca, Agadir, confins
3 H 1363-1399 : Divisions d’infanterie de 1956 à 1958
3 H 1400-1410 : Journaux des marches et opérations des petites unités pour l’ensemble de la période

Lyautey_oued_Ifran
carte postale ancienne : campagne du Maroc, 1914 - colonne de Kenifra,
le général Lyautey passe ses troupes en revue à l'oued Ifran

 

incontournable

- Guide des sources de l'histoire du Maroc au Service histoire de l'Armée de Terre, de Thierry Sarmant et Michel Roucaud, 2000.

 

On peut aussi lancer une requête "Maroc" sur le moteur de recherche interne du site du SHD et on obtient des dizaines de résultats très divers.

L'enceinte du Château de Vincennes abrite les fonds d'archives du Département de l'Armée de Terre (anciennement S.H.A.T.). L'adresse est :

Château de Vincennes
Avenue de Paris
94300 Vincennes
Tél : 01 41 93 20 95
Télécopie : 01 41 93 20 03

Métro : Château de Vincennes

Diapositive1

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* Les archives du ministère des Affaires étrangères (MAE) comportent des fonds importants sur le protectorat français du Maroc puisque ce ministère exerçait la tutelle. L'état des fonds "Protectorat Maroc, 1912-1956" est disponible sous format pdf. Ces fonds sont consultables au centre de Nantes des archives du MAE.

réponse : Michel Renard

 

Lyautey_donnant_des_ordres
carte postale ancienne : le général Lyautey donnant des ordres

 

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11 avril 2007

Boukri Boualem (né en 1899) : recherche

Diapositive1

 

recherche de renseignements sur

Boukri Boualem né en 1889



renseignements

voila je cherche mon grand-père Boukri Boualem il été un goumier à la guerre 14/18 France /Allemagne ; il nous ont dit qu'il été tué (?) à Cayenne et transferé à l'hôpital à Arras : il est né en 1889.

Posté par boukri djemaa, dimanche 8 avril 2007 à 19:51

 

 

contact : Boukri Djemaa 


______________________________________________

 

L'interrogation de la base "Mémoire des hommes", Les morts pour la France de la guerre 1914−1918, ne fournit de renseignements que pour d'autres Boukri :

 

SrvImg_1



SrvImg_2



SrvImg

 

Il faut donc chercher ailleurs : Service historique de l'armée de Terre (SHAT, à Vincennes), Centre des Archices d'Outre Mer (Caom à Aix-en-Provence).

association "Études Coloniales"

 

goumier_marocain
goumier marocain

 

 

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25 mars 2007

la maternité maréchale Lyautey à Rabat

Diapositive1
Rabat, la maternité

 

la maternité maréchale Lyautey

de Rabat

réponse à une question posée par "rakkouch"

 

Sous forme de commentaire à un article de ce site, une question nous a été posée par "rakkouch", le vendredi 23 mars 2007 :

naissance

Marocaine d'origine, je suis née à Rabat entre 1958 et 1960 ??? Je vis dans la région toulousaine. Je voulais vous demander si à Rabat à cette époque là, a existé un hôpital Lyautey et quelle était sa fonction principale. Je vous remercie d'avance de votre réponse qui a beaucoup d'importance pour moi.

Nous remercions Marie-Claire Micouleau-Sicaut, auteur du livre Les médecins français au Maroc, combats en urgence (1912-1956) et d'un article récent ici-même, de bien vouloir répondre à cette question :

 

___________________________________________

 

Bonjour et merci de votre courrier.

Il n'existe pas à ma connaissance d'hôpital Lyautey à Rabat mais bien une MATERNITE MARECHALE LYAUTEY  que la maréchale avait créée dans les années 30 et à laquelle elle avait ajouté un orphelinat mixte (toutes confessions et origines)

L'oeuvre sociale de la Maréchale Lyautey n'est pas très connue et pourtant elle a fait beaucoup développer l'action sanitaire au Maroc, en coordination avec la Direction de la Santé Publique  du Maroc.

Le colonel Geoffroy, qui préside l'association Maréchal Lyautey, sise à Thorey-Lyautey a écrit un article biographique sur cette personnalité peu connue et il est en train d'ouvrir une salle Maréchale Lyautey au château de Thorey qui est devenu le musée Lyautey.

Je vous joins son article qui me parait très intéressant pour faire découvrir cette femme remarquable dont le souvenir est un peu oblitéré par celui de son illustre mari. Je vous joins aussi une photo.

Bien cordialement.

Marie-Claire Micouleau-Sicault

 

 

la_mar_chale_Lyautey
Madame la maréchale Lyautey

 

la Maréchale Lyautey

colonel Pierre GEOFFROY

 

Inès de Bourgoing est née à Paris, le 5 janvier 1862. Elle fut une grande dame et le recul du temps nous permet de mieux mesurer l'étendue de son action généreuse et humaine peu connue en raison de sa grande discrétion. Il est certain qu'elle a fait œuvre de pionnier et a ouvert la voie à bien des évolutions.

Veuve en 1900 du colonel Fortoul, elle a initié au début du siècle des actions qui, dans le domaine humanitaire et social, ont devancé des actions plus structurées du type "Infirmières sans frontières". Après son mariage, en 1909, avec le général Hubert Lyautey, son champ d'activités se trouve élargi. Épouse dévouée autant que femme d'action, elle a harmonieusement complété au Maroc l'œuvre du Résident Général, qui disait volontiers qu'elle était "son meilleur collaborateur".

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Présidente du Comité central des dames de la Croix Rouge Française, cette filleule de l'Impératrice Eugénie fut la première femme à être élevée au grade de Grand Officier de la Légion d'Honneur pour récompenser son œuvre sociale, ainsi qu'au grade de Grand Officier de l'Ordre du Ouissam Alaouite en reconnaissance de son œuvre au Maroc.

Son père, le baron Philippe de Bourgoing (1827-1882), d'une vieille famille du Nivernais, fut, comme officier, le grand écuyer de Napoléon III, avant de devenir Inspecteur du Service des Haras. Il fut élu cinq fois député de la Nièvre. Sa mère, Anne-Marie Dollfus (1837-1917), était d'une ancienne famille noble de la République de Mulhouse, rattachée à la France en 1798. Elle était la petite fille de Johannès Dollfus, dernier bourgmestre de cette ville libre. Dame d'honneur de l'Impératrice Eugénie, elle lui demanda à la naissance d'Inès, la faveur d'être la marraine de l'enfant, dont le frère aîné a été l'aide de camp du Maréchal Canrobert.

annadollfus1837
Anne-Marie Dollfus (1837-1917), la mère
d'Inès de Bourgoing

Inès, élevée aux Tuileries, reçut l'éducation très stricte des jeunes filles destinées aux cérémonies de la cour. Elle en garda le sens du devoir, celui qui fait passer au second plan les problèmes personnels et une faculté d'adaptation face aux situations les plus variées et les plus délicates.

En 1880, à l'âge de 18 ans, elle épouse le capitaine d'artillerie Joseph Fortoul, fils du ministre de l'Instruction publique et des Cultes de Napoléon III. Ce jeune officier, entré à l'École Polytechnique en 1867, avait combattu pendant la guerre de 1870, puis avait fait partie de la mission envoyée au Japon pour organiser la nouvelle armée du Mikado. Le temps de suivre à Paris les cours de l'École Supérieure de Guerre, d'épouser Inès de Bourgoing et il partait en Indochine d'où il revient grièvement blessé. À 53 ans, alors qu'il commande le 3ème Régiment d'Artillerie à Castres, il décède subitement, le 1er octobre 1900, d'un accident cardiaque.

Castres_rgt_Art
Castres, un régiment d'Artillerie (le 9e, pas le 3e...) au début du siècle

À 39 ans, Inès Fortoul se retrouve veuve avec deux fils déjà adultes. Antoine (1881-1963), aspirant de marine participe à la guerre des Boxers en Chine et Mathieu (1882-1969), sur le point d'entrer à l'École de Cavalerie de Saumur, sert au 3ème Dragons à Nantes. Leur petite soeur, Victoire, était décédée, en août 1888, à l'âge de 20 mois.

Portée vers le service des autres, elle va désormais leur consacrer tout son temps. Elle songe à aller soulager la misère dans les colonies, mais il lui faut une formation et une expérience. Aussi décide-t-elle de de suivre les cours d'infirmières. Son diplôme acquis en 1901, elle entre à la Société de Secours aux Blessés Militaires (S.S.B.M.), composée uniquement de bénévoles. Après quelques années de service à l'hôpital Beaujon, à Paris, un champ d'action répondant à son attente et à son besoin d'action va s'offrir à elle.
En août 1907, en effet, le détachement du Général Drude a débarqué au Maroc et se maintient difficilement à Casablanca. Dans le domaine sanitaire, tout est à faire. Madame Fortoul, devenue infirmière-major, part à la tête d'une équipe d'nfirmières volontaires expédiée en hâte par la S.S.B.M. Les conditions de vie et de travail sont précaires et le service est particulièrement dur.

SSBM_casablanca
infirmières de la Société de Secours aux Blessés Militaires à Casablanca, 1907-1908

Comme il est difficile de les soigner à Casablanca, les blessés et malades graves, sont évacués par la marine nationale et accompagnés par des infirmières jusqu'à Oran, où le général Lyautey commande la Division. Celui-ci, envoyé en mission au Maroc en octobre 1907, accepte de prendre à bord du torpilleur qui l'emmène trois de ces infirmières C'est au cours de la traversée qu'il va faire la connaissance d'Inès de Bourgoing qui allait devenir sa femme.
Inès, à peine rentrée en France, repart à la tête d'une équipe à Messine où, le 28 décembre 1908, un tremblement de terre a enseveli sous les décombres plus de 80.000 habitants. Leur dévouement et leur compétence font l'admiration du corps de santé italien et leur valent décorations et reconnaissance émue de la Reine et de la Duchesse d'Aoste (princesse Hélène d'Orléans).

Casablanca_Nancy
Ambulance de l'Hôpital de Casablanca. Le brigadier
de Spahis salue une infirmière du Comité de Nancy
qui l'a soigné à Casablanca, 1909

Aprés leur mariage célébré à Paris le 14 octobre 1909, Hubert Lyautey âgé de 55 ans et sa femme Inés, de neuf ans sa cadette, rejoignent l'Algérie où le Général commande toujours la Division d'Oran. Fin 1910, il est promu au commandement du Xème Corps d'Armée à Rennes. En mars 1912, le voici nommé Résident Général de France au Maroc. Tous deux, en parfaite harmonie, vont marquer l'évolution et le développement de ce pays d'une empreinte indélébile.

Au Maroc, le nom de Madame Lyautey demeurera indissolublement lié à la création et à l'organisation de la majorité des œuvres d'assistance à l'enfance : gouttes de lait, pouponnières, crèches, orphelinats, jardins de soleil. La "Maternité Maréchale Lautey", première maternité du Maroc comprend aussi pouponnnière, crèche, garderie, goutte de lait et consultation infantile, un modèle du genre qui a conquis d'éminents maîtres de la puériculture francais et étrangers. C'est à la maréchale Lyautey que l'on doit aussi les premiers dispensaires antituberculeux, les premières colonies de vacances du Maroc ainsi que les écoles d'infirmières.

Douée d'une prodigieuse et inlassable activité, voyant droit et juste, appréciant aussi rapidement les possibilités matérielles que la valeur des collaborations qui s'offrent à elle, la maréchale Lyautey manifeste au Maroc les qualités maîtresses des grandes réalisatrices. Son œuvre sociale ne se limite pas à l'enfance. Fille, femme et mère de militaires, c'est tout naturellement sur la troupe aussi que se penche sa sollicitude, singulièrement sur les merveilleux combattants que furent les Tirailleurs et Spahis marocains, et sur la Légion Étrangère. Avec l'aide de la Croix-Rouge elle fonde la Maison de convalescence de Salé, près de Rabat, aussi plaisante que confortable, destinée aux légionnaires et soldats convalescents privés de famille. En complément, elle leur crée, à la Balme-les-Grottes dans l'Isère, une maison de retraite Elle reçut le titre envié et peu courant de "1ère classe d'honneur de la Légion Étrangère".

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Maison de convalescence de Salé, fondée par la maréchale Lyautey

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Maison de convalescence de Salé, peinte par Tranchant de Lunel, 1913

Rentrée en France avec le Maréchal en octobre 1925, tous deux sont tantôt dans leur château à Thorey où ils ont fait contruire pour le village un dispensaire familial et une maison pour les jeunes, véritable MJC avant la lettre, tantôt à Paris. Elle déploie une inlassable activité et devient, en 1926, présidente du Comité Central des Dames de la Croix Rouge Française.

Après la mort du Maréchal, le 27 juillet 1934, partageant sa vie entre la France et le Maroc elle continue à faire preuve d'un légendaire dévouement. À Paris, la Maréchale, s'intéresse au sort des Marocains, étudiants en particulier, à la vie de l'lnstitut musulman de la Mosquée de Paris, aux malades de l'Hopital musulman de Bobigny. Au Maroc, elle prend part aux travaux de la C.R.F. présidant les Assemblées générales de tous les Comités aux œuvres, aux initiatives desquelles elle ne cesse de s'intéresser. En 1938, elle résilie ses lourdes fonctions à la tête de la Croix Rouge Française pour pouvoir se rendre plus souvent au Maroc.

porte
entrée de la Maison de l'Asnée (Villiers-les-Nancy)

En 1939 - elle allait sur ses 78 ans -  elle assume, dès la mobilisation, la direction du service de 300 lits pour les grands blessés de la tête et la moëlle à l'hopital militaire de l'Asnée à Nancy, où le professeur Fontaine, médecin-chef, devait dire : "Je considère comme un honneur tout particulier et comme une des plus grandes satisfactions de ma carrière chirurgicale d'avoir eu la joie de pouvoir compter sur une aussi précieuse collaboration »

Aprés l'armistice de juin 1940, elle n'oublie pas "ses chers Marocains", organisant des collectes pour que leurs prisonniers de guerre reçoivent des colis et réconfortant les familles au Maroc où elle se rend régulièrement.
Bloquée en France à partir de l'invasion de la zone libre par les troupes allemandes en novembre 1942, elle pense toujours aux combattants nord-africains et crée à Paris plusieurs ouvres destinées à leur venir en aide, en particulier des foyers où les blessés, les convalescents, les évadés de captivité sont assurés de trouver accueil, aide matérielle et caches pour échapper à l'occupant allemand. Au plus fort de l'hiver 1944, elle n'hésite pas à se rendre dans les Vosges pour apporter aux troupes marocaines qui livrent de rudes combats au sein de la lère Armée Française son réconfort et ses encouragements. La Libération de la France et la Victoire de mai 1945 lui permettent de retourner régulièrement passer plusieurs mois par an au Maroc où elle ne compte que des amis et elle continue malgré son grand âge, à se dévouer pour "servir".

Le 9 février 1953 à la suite d'un de ces accidents que l'âge ne permet guère de réparer la Maréchale Lyautey, qui venait d'avoir 91 ans, décède à Casablanca. Elle reposa à côté du Maréchal au mausolée de Rabat. Lorsque la dépouille du Maréchal fut transférée à Paris sous le Dôme des Invalides le 10 mai 1961, elle fut inhumée au cimetière du village de Thorey - devenu à la demande de ses habitants Thorey-Lyautey - pour conserver le souvenir du Maréchal Lyautey et de son épouse qui, chacun dans leur domaine, ont marqué le XXe siècle.

colonel Pierre Geoffroy

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colonel Pierre Geoffroy (à droite) en discussion avec Mostafa Basso,
ministre plénipotentiaire de l'ambassade du Maroc à Paris
photographie Jeune Pied-Noir ©

 

 

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