la France n'a pas de dette envers
ses ex-colonies, mais une histoire commune
Daniel LEFEUVRE (2006)
Entretien
Le Figaro Magazine - Pourquoi cette vague de repentance à propos de l'histoire coloniale de la France ?
Daniel Lefeuvre - Amplifié à l'extrême ces cinq ou six dernières années, le phénomène tient moins à des questions historiques qu'à des problèmes politiques. Il est lié aux difficultés rencontrées par certains jeunes des banlieues à se faire une place dans la société. Il est lié aussi au malaise qu'ont ressenti des intellectuels français engagés dans le soutien au tiers-monde quand ils ont dû constater l'échec politique, économique, social et même culturel des nations anciennement colonisées.
L'exemple de l'Algérie montre qu'une référence pervertie à l'héritage colonial permet aux dirigeants algériens de s'exonérer à bon compte de leurs responsabilités. En accusant la colonisation de tous les péchés du monde, on reporte sur le passé les difficultés du présent. En France, où les politiques d'intégration et de lutte contre le racisme montrent des limites, la stigmatisation du passé colonial est un exutoire facile, mais largement abusif.
Historiquement parlant, le projet colonial fut d'abord un projet républicain, avec un fort ancrage à gauche. Pourquoi l'avoir oublié ?
Parce que la gauche républicaine est passée d'un colonialisme pensé comme «devoir de civilisation» à un anticolonialisme imposé par le monde d'après 1945, sans examen de conscience des injustices que colportait le premier ni des naïvetés qui accompagnaient le second.
Au XIXe siècle, si Jules Ferry est le praticien de la colonisation, Léon Gambetta en est le théoricien. Ces deux hommes, en effet, se situent à gauche de l'échiquier politique. À cette époque, le projet impérial n'est pas très populaire. Il est dénoncé par une partie de la droite. Les plus critiques sont les nationalistes, qui estiment que le projet colonial détourne les Français de la revanche sur l'Allemagne, et les économistes libéraux dont la pensée se retrouvera, soixante-dix ans plus tard, chez Raymond Aron. Les radicaux ne se rallient à la politique coloniale qu'à l'extrême fin du siècle, alors que les socialistes glissent du rejet du colonialisme à une politique de réformisme colonial.
Le basculement s'opère avec la Grande Guerre. La France fait appel à des soldats coloniaux qui constituent une force d'appoint certes secondaire, mais dont la valeur symbolique est très forte. Au lendemain de la guerre, les troupes coloniales, avec la Légion, sont les plus applaudies lors des défilés du 14-Juillet : une histoire d'amour s'est ouverte entre les Français et les coloniaux.
La publicité de l'époque le sent bien, puisque la thématique coloniale y est très présente. Prenons l'exemple de Banania. Au départ, les boîtes s'ornent de l'effigie d'une Antillaise. En 1915, la marque lui préfère celle du célèbre tirailleur sénégalais. Pourquoi ? Parce que pour vendre du chocolat pour les enfants, il faut une image qui soit sympathique et rassurante.
On peut juger aujourd'hui que l'effigie du tirailleur est paternaliste, qu'elle ne correspond pas à nos critères moraux, mais c'est un anachronisme que de la définir uniquement comme l'expression même du racisme. Jamais une marque allemande, au même moment, n'aurait affiché un Noir.
Messali Hadj, le père fondateur du nationalisme algérien, témoigne dans ses Mémoires de l'accueil chaleureux et de la considération dont les travailleurs algériens ont été l'objet dans la France des années 1920. Cette page d'amour se prolonge jusqu'aux années 1950. Un nouveau basculement a lieu avec la guerre d'Algérie, opérant de fait une rupture entre Français et Algériens. Mais le problème ne se pose pas de la même façon pour la Tunisie ou pour le Maroc, ou pour l'Afrique noire, où les indépendances ont été moins conflictuelles.
La France a-t-elle une dette envers les pays qui furent jadis ses colonies ?
La notion de dette n'a pas de sens dans ce contexte. On ne parle pas de dette de la France envers les États-Unis à propos du plan Marshall : or la France a donné à ses territoires coloniaux trois fois et demie plus que le montant du plan Marshall. Au moment de l'indépendance du Maroc, le dirigeant nationaliste Ben Barka affirme que le pays n'est pas en voie de développement, mais qu'il est «sur la voie du développement». Et tous ses amis du Tiers-monde s'extasient devant lui sur le niveau d'infrastructure légué par la France.
buvard publicitaire, vers 1955, "Le plan Marshall, Plan de Paix et de Prospérité"
Il n'y a pas de dette, mais une histoire commune. La colonisation a permis l'entrée dans les relations économiques mondiales des États qui ont été colonisés. La colonisation est un moment de la mondialisation du XIXe siècle, et le mode d'intégration de ces territoires à cette économie mondialisée.
On dira que ce développement a été lacunaire, inégal, injuste. C'est vrai, mais il en a été de même en Occident : toute la France n'a pas basculé en même temps dans la modernité. La colonisation fut donc un moment de la mondialisation. Est-ce bien, est-ce mal, ce n'est pas le problème de l'historien.
Le Figaro, 29 septembre 2006
Daniel Lefeuvre (1951-2013) fut professeur d'histoire économique et sociale à l'université Paris VIII, spécialiste de l'Algérie coloniale, il a notamment publié un essai au titre choc : Pour en finir avec la repentance coloniale.
et quelques fois entrevu en de trop rares occasions aux réunions Algérianistes
mais je pense lui avoir soumis ce texte que je lui dédie volontiers suite à la lecture
de« Militantisme Algérien en Algérie coloniale »De René Gallissot
INTITULE SPECIFICITE ALGERIENNE
Peu importe les divergences idéologiques avec nombre de protagonistes présents dans ce dictionnaire que cela leur plaise ou non ils sont la ;grace a la présence d une certaine colonie de peuplement européenne inconnue et impossible a dresser dans des pays Arabos musulmans similaires et qui marque indélébilement la terre d Algérie en évoluant vers plus de réalisme devant la marche de l·histoire
En 1962 a l'Indépendance il y avait 12 Millions d·'Hectares cultivés dont 9 par des musulmans 3 par des Européens dont certaines grande compagnies Françaises et Etrangéres souvent les meilleures et les mieux cultivées sans doute le niveau de vie moyen des français d' Algérie était assez inférieur à celui des métropolitains et celui des musulmans encore plus bas à part les grosses fortunes y compris Musulmanes dans les MEMES PROPORTIONS que pays similaires SANS colonie de peuplement européen Alors voilà on ne peut refaire l·'histoire Mais qu'en était- il dans l'·EVOLUTION ET NIVEAU DE VIE DANS LES PAYS MUSULMANS SIMILAIRES ET INDEPENDANTS sans colonie de peuplement aux mêmes époques ? Pays pétroliers avec situation aggravante pour les misères ambiantes et endémiques,qu'en fut- il de la démocratie dans tous ces pays ? L' ALGERIE est encore là grâce à la colonisation passée LA MIEUX PLACEE pour en arriver à un meilleur développement économique ,social et démocratique l"·Avenir l le prouvera (et ce n' est pas une provocation ) La graine de l'·Esprit des lumières mieux qu'·ailleurs a été plantée et les liens avec la France sont indélébiles !"Le parti Français y est encore très fort" GRACE à ce petit peuple Européen qui avait aussi acquis comme d' ·autre ici en France "un Droit du sol" n'·en déplaise à CERTAINS surtout AUX esprits gauchistes français masos et chagrins PASSE AVENIR Indéniable le territoire central entre la Tunisie et le Maroc qui n'·était pas encore "l'Algérie" fut colonisé par la France (avec une belle frontière à l' ouest au détriment du Maroc!) au départ à cause ou au prétexte de la piraterie protégée par l·'occupation Ottomane (voir les tours de guets sur les côtes d·Europe) d·aucun parlent "de Marine Algérienne" elle n'·existait pas ,un Etat et une armée encore moins,donc "colonisable"comme la Gaule par les Romains c'·est un fait et non une justification à une certaine période tout le monde a colonisé tout le monde et les Arabos berbères sont montés jusqu' à Poitiers et restés 800 ans dans le sud de l·Espagne et surement pas avec des fleurs! Mais personne ne répond à ma question qu'en est- il dans les pays similaires à l 'Algérie sans colonie de peuplement ? pas de misère pas d·'injustice pas d'·esclavage et de traite des africains, pas de massacres? C est une drole de position à la limite raciste de ne pas condamner cela parce qu'"·entre soi", Et puis regardons les massacres qui ont continué après 1962,les répressions militaires ,policières et tortures dont se plaignent les oppositions algériennes tous les jours ET CE QUI SE PASSE AUJOURD' HUI DANS DES PAYS ARABO MUSULMANS
ET LES DESORDRES QUI Y REIGNENT
y compris après « les révolutions plus où moins avortées ,alors regardons le passé Historique et tout le passé avec lucidité et CONFIANCE EN LA PROVIDENCE