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études-coloniales
9 juillet 2014

70e anniversaire de la tragédie de Thiaroye

Tirailleurs sénégalais août 1944
tirailleurs sénégalais du 8e RTS partis de Tunis le 11 août 1944 (source ECPAD)

 

lettre ouverte au Président de la République

sur la tragédie de Thiaroye (1944)

 Julien FARGETTAS, historien

 

Julien Fargettas                                                                                                                     
Lucenay, le 4 juillet 2014

 

Monsieur le Président de la République
Palais de l'Élysée


Objet : 70ème anniversaire de la tragédie de Thiaroye

 

Monsieur le Président,

Lors de votre dernier discours prononcé à Dakar, vous avez évoqué la question de Thiaroye, ce mouvement de revendications de tirailleurs dits «sénégalais» sortant des camps de prisonniers de guerre allemands et tragiquement réprimé dans le sang au matin du 1er décembre 1944.

L'année 2014 marque le centenaire du déclenchement de la Grande Guerre mais également le soixante-dixième anniversaire de cette tragédie. Alors qu'une série d'initiatives à caractère historique et mémoriel est prochainement organisée par le Sénégal et la France, la question de Thiaroye sera immanquablement au cœur des discussions et ne manquera pas de susciter de nouvelles controverses.

Devenue un symbole en Afrique, la tragédie de Thiaroye est aujourd'hui encore sujette à polémiques et discussions. L'Histoire scientifique n'a pu que très sommairement s'emparer du sujet.

Ne serait-il pas temps qu'un véritable travail historique et scientifique sur le sujet puisse voir le jour ?

Vous avez été ainsi saisi en octobre 2012 du sujet des archives de l'événement par Madame Armelle Mabon. Depuis, de nouvelles pièces ont été retrouvées et mises à sa disposition, lui permettant de rédiger une «synthèse» de l'événement récemment remise à vos services. Si effectivement de nouveaux faits apparaissent, l'omission d'autres archives et témoignages, des conclusions hâtives et autres raccourcis incohérents, témoignent de la partialité de ce travail.

Docteur en Histoire et chercheur associé à l'unité de recherche CHERPA de l'Institut d’Études Politiques d'Aix-en-Provence, spécialiste reconnu internationalement de l'Histoire des soldats africains de l'armée française, je vous propose la constitution d'un comité d'historiens franco-africains chargé de travailler sur le sujet.

Ce comité devra faire le point sur les sources aujourd’hui existantes en France, en Afrique, aux États-Unis ou en Grande-Bretagne, les traiter, les analyser, les vulgariser, les rendre publiques. Ce comité devra rendre publics ses travaux, mais également ses questionnements, ses désaccords et les limites de ses conclusions. Car l’Histoire est ainsi faite, indispensable mais imparfaite, pleine de trous et source illimitée de réflexion.

L'annonce de la création d'un tel comité prouvera l'ouverture d'une France qui accepte de regarder et d'étudier son Histoire, y compris la plus douloureuse. Elle démontrera également sa volonté de s'affranchir des vaines controverses qui jusque-là n'ont pas permis à la connaissance de l'événement de s'établir.

Les bases scientifiques qui seront ainsi établies par ce comité pourront permettre la création d'instruments de vulgarisation et de connaissance accessibles au plus grand nombre, Français comme Africains.

Je suis aujourd'hui à votre entière disposition afin que cette initiative puisse voir le jour à brève échéance.

Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de mes sentiments les plus respectueux.

Julien Fargettas
julienfargettas@gmail.com

 

Copies :

  • Monsieur le Premier Ministre
  • Monsieur le Ministre de la Défense
  • Monsieur le Ministre des Affaires Étrangères
  • Monsieur le Président de l'Assemblée nationale
  • Monsieur le Président du Sénat
  • Madame la Présidente de la Commission de la Défense nationale et des forces armées
  • Monsieur le Président de la Commission des Affaires Étrangères et de la Défense et des Forces Armées du Sénat
  • Monsieur le Secrétaire Général de L'Organisation internationale de la francophonie
  • Monsieur le général commandant le Service Historique de la Défense

 

Pièces jointes :

  • «Synthèse» de Madame Mabon
  • Commentaires de la «Synthèse»
  • Article de la revue 20ème Siècle
  • C.V. Julien Fargettas

 

camp Thiaroye auj
camp de Thiaroye aujourd'hui (Google Maps)

 

- droit de réponse de Madame Armelle Mabon.

 

_________________

 

Fargettas couv

 

 

- retour à l'accueil

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Commentaires
R
Des mutins armés narguent l'armée française... Ca ne pouvait que mal finir. La plupart des sénégalais étaient loyalistes.
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P
La France doit être capable de regarder en face sa propre histoire. Le cas de Thiaroye est emblématique du manque de courage de la classe politique. Les archives du temps colonial, les témoignages d'époque, la mémoire des contemporains survivants (colonisés et colonisateurs) régurgitent ces scories du système colonial. La manière d'assurer aujourd'hui la politique internationale entre pays souverains et égaux entre eux conserve les carcans de cette époque. Il faudrait que la France considère enfin ses anciens territoires coloniaux et surtout leurs populations actuelles comme des égaux. Cela ferait beaucoup de bien à ceux qui y sont nés. Que les autres s'occupent de leurs affaires.
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  • Ce site édite une revue en ligne qui encourage les savoirs et les recherches consacrées à l’histoire coloniale et post-coloniale, à l'histoire des constructions mémorielles et des immigrations d’origines coloniales
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