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études-coloniales
30 décembre 2012

massacres du 20 août 1955 dans le Nord-Constantinois

 

vetillard

 

 

le bilan des Européens tués le 20 août 1955

dans le Nord-Constantinois

Roger VÉTILLARD

 

En août 2012, réagissant à un commentaire concernant la listes des tués européens du 20 août 1955 publiée dans mon dernier livre traitant de ces journées dans le nord-constantinois, j'indiquais que j'avais repris une enquête pour tenter d'approcher de plus près la réalité des victimes et corriger les erreurs éventuelles de ce premier bilan qui signalait 133 victimes.

Je termine cette enquête et comme promis j'informe Études Coloniales des résultats obtenus. J'ai bénéficié de plusieurs concours de circonstances favorables concernant Collo, Philippeville, El Halia, Jemmapes et Constantine : des correspondants m'ont transmis des enquêtes et recherches faites sur ces localités.

Ainsi, il m'a été communiqué par deux sources différentes, un bilan établi à l'époque par un prêtre, le père Norbert Poupeney qui a, m'a-t-on dit, pu consulter les archives du diocèse de Constantine où il a exercé son ministère (n'y figurent en effet pas de noms de victimes non catholiques). Plusieurs familles m'ont contacté pour me dire qu'un de leurs parents avait été mis par erreur sur la liste des tués et d'autres pour me signaler des noms qui ont été oubliés.

Et surtout, le Service d'état-civil du ministère des Affaires Étrangères a cette fois pu me communiquer les actes de décès survenus les 20, 21 et 22 août concernant  des victimes dont je leur ai transmis les noms prénoms et lieu de décès. Une demande identique faite en avril 2010 était restée sans réponse. J'ai reçu 92 actes de décès. Mais les registres de certaines communes (Jemmapes et Damrémont) ne sont pas disponibles et les blessés qui sont décédés après le 22 août et ceux qui ne sont pas décédés dans la commune où ils ont été blessés n'ont pas tous été recensés.

cimetiere_philippeville
enterrement des victimes "européennes" au cimetière de Philipeville

bilan

J'ai retenu 117 noms soit :

- 100 personnes pour lesquelles je possède toutes les preuves de leurs décès causés par les événements du 20 août 1955 (actes de décès pour 92 d'entre elles, accompagnant témoignages familiaux, rapports professionnels, rapports officiels, avis de décès dans la presse, etc.) ;

- 11 personnes pour lesquelles je ne possède pas tous les éléments précédents notamment pas les actes de décès, pas de témoignage familial,  mais où la quasi certitude de leur décès provient de sources incontestables. Ainsi par exemple, le nom d'Armand Paiou tué à El Halia est présent dans plusieurs rapports officiels, mais absent dans d'autres, on le retrouve dans le bilan effectué par le directeur de la mine le 2 septembre, il est cité lors des procès qui ont eu lieu en 1958 et le tribunal a ordonné l'exhumation de son corps aux fins d'un examen médico-légal.

Je n'ai pas non plus l'acte de décès de monsieur Reynaud, administrateur civil d'El Milia qui ne figure pas dans les bilans officiels mais j'ai obtenu la confirmation de son décès par sa fille Fanny et j'ai retrouvé l'avis de décès paru le 24 août 1955 dans La Dépêche de Constantine qui a consacré le lendemain un article à la cérémonie des obsèques. Deux personnes me sont signalées par Jean-Claude Rosso qui mène depuis plusieurs années une grosse enquête sur les disparus concernant plus de 2000 disparus.

- Pour 6 autres, le doute n'est pas entièrement levé. Notamment pour une famille de 3 personnes de Damrémont dont le décès est signalé par un rapport de gendarmerie et un article de L'Écho d'Alger. Dans La Dépêche de Constantine il ne s'agit plus que de 2 personnes et les noms ne sont pas orthographiés de la même façon. Un témoin – Urbain Cuny  - qui travaillait au domaine Ramonatxo non loin de ce village m'a assuré qu'il s'agissait de 3 membres de la famille Rosello.

À ce jour, sauf information nouvelle, j'entérine le chiffre de 117 victimes civiles européennes directes lors de l'insurrection du 20 août 1955 dans le nord-constantinois.

Roger VETILLARD

 

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Commentaires
J
Le plus important n 'est pas le nombre de personnes massacrées ;mais le fait qu'elles ne sont pas des victimes "collatèrales"d'un combat opérationnel mais de<br /> <br /> ne pas oublier que cette action "de guèrre" du FLN avait été commanditée volontairement pour susciter la répression et la haine ;méthode souvent employée <br /> <br /> pendant la guerre d Algérie ;devant une certaine apathie des populations envers le FLN ;voir archives des services MALG (ALN) qui vont sortir et qui signalent le phénoméne <br /> <br /> D autre part ne pas oublier que la déclaration du FLN du 1er Novembre 54 ne signalaient pas les populations civiles européennes comme adversaires et forces d occupation au contraires présumées faire partie de la population algérienne a préserver<br /> <br /> Double langage habituel de la rebéllion soit disant révolutionnaire qui faute de mieux c'est rabattu sur le djhiad islamique la plus rétrograde
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M
J’approuve votre tableau des tués d’El-Alia, que vous publiez dans votre deuxième édition. A une unité près. Vous l’avez ramené aux proportions voulues par la réalité historique. Vous vous conformez ainsi à Claire Mauss-Copeaux (2011). Votre préfacier Guy Pervillé, qui s’était égaré, a reconnu globalement et du bout des lèvres son imprudence dans son site. Votre présentateur M. Faivre n’a pas cru bon devoir corriger ses illusions. Quant à moi, puisque vous me remerciez dans votre deuxième introduction, je vous en sais gré, mais je n’ai fait que mon devoir d’histoire.
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G
Lecteur de la première édition de ce livre, j'ai rencontré l'auteur à Paris au Salon du livre. J'ai longuement devisé avec lui. J'y ai découvert la seconde édition.<br /> <br /> Très intéressé par ces événements (mon père, jeune appelé en Algérie les a vécus à Constantine et moi même enseignant d'histoire-géo dans le secondaire) je me suis livré à une lecture comparée des 2 éditions.<br /> <br /> La seconde édition est bien quelque chose de nouveau sur de nombreux points : le récit de cette journée est précisé dans toutes les localités, de nouvelles localités apparaissent, des nouveaux noms sont donnés (notamment des victimes algériennes). Il est évoqué le procès des personnes arrêtées à Ain Abid.Cette partie qui relate les faits est très enrichie.<br /> <br /> Le bilan des victimes européennes est établi avec des critères nouveaux, a priori irréfutables (les certains sont ceux qui apparaissent dans les bilans officiels et pour lesquels l'auteur a pu obtenir un certificat de décès - les hautement probables ceux qui n'ont pas de certificat de décès et les possibles ceux pour lesquels il persiste un doute).<br /> <br /> Enfin le partie qui analyse les causes et les conséquences de ces journées est enrichie de nouvelles réflexions. Je signale par exemple que l'auteur - j'avoue que c'est lui qui a attiré mon attention sur ce point - se demande si l'omerta qui pèse sur le déroulement des faits à El Alia n'est pas en rapport avec le fait que la lutte des classes chère aux marxistes et aux communistes s'est heurtée ce jour là dans cette mine à la réalité d'une guerre de libération.
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J
Réponse à Kamal "Memoire des Français" c est peut etre à vous du coté Algérien de faire uu peu ce boulot sans tomber dans l'idéologie et la propagande qui ont jusqu'a présent décribilisé vos chiffres Mais ne pas oublier que cette action "de guérre" du FLN avait étée coimmanditée volontairement pour succiter la répréssion ;méthode souvent employée pendant la guerre d Algérie ;devant une cetaine apathie des populations envers le FLN ;voir archives des services MALG qui vont sortire et qui signalent le phénoméne <br /> <br /> Il serait présomptueux de ma part de faire une présentation de cet ouvrage apres la préface avisée d’un historien comme le professeur Pervillé. Cependant j’aurais tendance à trouver Roger Vétillard modeste avec un point d’interrogation à la fin de son titre !Ceci suite à sa démonstration sur l’émergence de la thématique islamique et du terrorisme ethnique massif qui trouva son apogée le 5 Juillet 1962 à Oran.<br /> <br /> <br /> <br /> Mais ce qui me fascine, sans me surprendre, habitué "des coups tordus" dans ce conflit, ce sont les quelques pages que l’auteur consacre à la possibilité, argumentée, dont il semble convaincu, selon laquelle certains éléments de l’Armée et de l’Administration aient pu ne pas être surpris par ces événements dramatiques qui selon lui ont été a priori sous estimés dans leurs prévisions et leur ampleur.<br /> <br /> <br /> <br /> D’aucuns risquent, comme ce fut le cas pour les massacres du 5 Juillet à Oran, de prétendre, même devant une certaine évidence, à «l’invention de véritables romans policiers» (Nouvelle Revue d’Histoire, 4H p 33).<br /> <br /> <br /> <br /> Il est vrai que l’on disserte rarement «des trains qui arrivent à l’heure» et du non événement préalablement évité.voir les commentaires ci dessous sur la ville d ORAN<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2012/07/16/24723776.html
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K
les chiffres des morts européens sont toujours signales mais jamais on donnes des vrais chiffres des martyres algériens faute de quoi! c'est toujours la même mémoire des français comme il on fait autre fois après les massacres de 8 mai 1945.
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études-coloniales
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