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études-coloniales
14 juillet 2012

la pacification de l'Algérie, général Faivre

02---Pacification
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De la colonisation à la pacification de l’Algérie

réflexions historiques

général Maurice FAIVRE, Académie des Sciences d'Outre-mer

 

Idées reçues

Les médias mettent l'accent sur les méfaits du colonialisme : une conquête injuste, un crime contre l'humanité, un viol (Azouz Begag), une extermination (Le Cour Grandmaison), un génocide culturel (Assia Djebar), un exemple de traite des esclaves (Taubira). Les repentants triomphent à la télévision.

Les mêmes journalistes et certains historiens présentent la pacification de l’Algérie comme l’application fumeuse des principes de la contre-révolution (JC. Jauffret), une politique sans finalité, vague et hésitante (Ph. Simon).

Pour les avocats du FLN, la pacification vise à camoufler des crimes de guerre qui sont le vrai visage de cette politique. L’armée terrorise la population (Raphëlle Branche), elle s’empare du pouvoir et multiplie exactions et sévices (Sylvie Thénault). Les accusateurs de la loi de criminalisation condamnent l’armée française qui a conduit une guerre contre l’humanité.

Or ces accusations ne sont pas partagées par les principaux acteurs politiques et militaires, ni par les historiens qui font autorité.

 

La réalité coloniale

À l'époque moderne, Henri Brunschwig note que le terme de colonialisme a été inventé au XXe siècle. On parlait auparavant de colonisation, laquelle s'inscrit dans le vaste mouvement d'occidentalisation du globe qui depuis le XVe siècle pousse les peuples européens, maîtres de techniques de plus en plus perfectionnées, à modeler le monde à leur image. La colonisation est donc un phénomène mondial, qui relève du mouvement des peuples dynamiques, à l'exemple des empires romain, ottoman et soviétique. Comme toute entreprise humaine, elle a ses bons et ses mauvais côtés, que l'historien sérieux s'efforce de prendre en considération sans prononcer de jugement de valeur.

Quant à la colonisation française du XIXe siècle, elle relevait de l'idéologie des Lumières, illustrée par Victor Hugo («C’est un peuple éclairé qui va trouver un peuple dans la nuit. Nous sommes les Grecs du monde, c'est à nous d'illuminer le monde») et revendiquée par Jules Ferry, Léon Blum et Pierre Messmer.

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Inexpiable, écrit l'historien Daniel Rivet, la guerre l'est immédiatement... La sauvagerie des indigènes rejaillit sur l'occupant par effet de contagion mimétique. Des excès sont donc commis par les deux camps. Historien du FLN, Mohammed Harbi contredit l'idée d'une idéologie visant à l'extinction totale d'un peuple. Selon Stéphane Courtois, aucun colonialisme n'a coûté autant de morts que le communisme.

Xavier Yacono et Jacques Frémeaux ont évalué les pertes importantes de la population musulmane au XIXe siècle, attribuées en partie à la guerre, mais amplifiées par les épidémies et les famines des années 1860. Le Service de Santé militaire vient alors en aide à la population, ses chercheurs éradiquent les épidémies de paludisme, de fièvre récurrente et de typhus, et permettent l'extraordinaire croissance de la démographie.

Dans une lettre de 1848, l'émir Abd el-Kader écrit : j'ai résisté aux Français...Mais quand j'ai reconnu que Dieu les avait rendus forts et qu'il leur avait donné l'empire, je leur ai abandonné le pays pour toujours

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Les objectifs de la guerre d'Algérie

Après la Toussaint 1954, incapable de provoquer un soulèvement généralisé, le FLN a eu recours à la terreur et aux atrocités (Julliard). Cette terreur s'exerce à la fois contre les musulmans qu'il faut convaincre, et contre les Européens, conformément à la doctrine de Franz Fanon, approuvée par Sartre : il faut tuer : abattre un Européen, c'est faire d'une pierre deux coups...

En revanche, Albert Camus et Robert Badinter condamnent le terrorisme : aucune cause ne saurait justifier le massacre aveugle de civils innocents par des terroristes.

Mohammed Harbi a démenti le mythe du peuple algérien unanime dans la lutte pour l'indépendance : le nationalisme, qui n'a trouvé son unité qu'en 1962, s'est imposé par la guerre civile, écrit-il. En raison des dissensions internes, il n'y a pas eu de direction stratégique, mais la naissance d'une bureaucratie qui s'est transformée en État policier.

Le but poursuivi par les responsables militaires français mérite également une analyse approfondie. Le maintien de l'Algérie française, en effet, ne signifie pas le maintien de l'Algérie de papa.

Dès juin 1956, le général Ely envisage une solution libérale. Le général Salan adhère à la loi-cadre de Robert Lacoste, qui n'exclut pas l'indépendance. Le général Challe était partisan de la même loi-cadre et ne pensait pas que l'intégration totale de l'Algérie à la métropole fut souhaitable. Proche des officiers parachutistes, Claude Paillat les décrit comme des enfants de la Révolution française : on apporte la liberté... on va refaire une autre société que ces colonies un peu pourrie. Hélie de Saint-Marc confirme que n'étant pas fanatique de l'Algérie française, notre obsession n'était pas d'empêcher l'indépendance de l'Algérie...

 

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La stratégie anti-guérilla et anti-terroriste

La plupart des observateurs reconnaissent que l’armée française a peu à peu mis au point une stratégie anti-guérilla efficace, utilisant des techniques innovantes (hélicoptères, écoutes radio, radars-canons, commandos de chasse) et couvrant tous les domaines militaires :

- protection des populations par le quadrillage et les supplétifs ;

- destruction des bandes rebelles par les unités de réserve générale ;

- contrôle des frontières par les barrages frontaliers et la surveillance maritime et aérienne ;

- intoxication des wilayas ;

- élimination des trafics d'armes ;

- commandos infiltrés en Tunisie et au Maroc.

 Cependant le plan Challe n'a pas été mené à son terme, l'ALN extérieur n'a pas été attaqué, la victoire militaire est inachevée.

L'élimination du terrorisme urbain a eu recours à des procédés moralement condamnables. Le général Gillis l'a rappelé dans un manifeste qui a été approuvé par 524 officiers généraux :

«Certains, pendant la bataille d'Alger en particulier, ont été confrontés à un dilemme : se salir les mains en interrogeant durement de vrais coupables, ou accepter la mort certaine d'innocents. S'il y eut des dérives, elles furent marginales».

Il faut donc rappeler que cette pratique n'a pas été généralisée, et qu'à l'été 1957, le renseignement sur le terrorisme a été obtenu par pénétration des réseaux adverses. C'est ce qu'a reconnu Zohra Driff : «ces méthodes n'avaient plus cours quand j'ai été prise».

 

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La pacification

Parallèlement, l’armée a engagé en Algérie une politique de conquête des esprits et des cœurs (Soustelle cité par Frémeaux), qui n’étaient pas des opérations militaires, mais qui confortaient les objectifs du pouvoir.

L’ampleur de l’action politico-militaire mise en œuvre par l’armée est ignorée des médias. Or elle bénéficiait de l’expérience des Bureaux arabes au XXe siècle, des principes de pacification de Galliéni, imité par Lyautey. Enrichie par les structures parallèles de Lacheroy, cette action fut engagée par Salan et Massu, elle était soutenue par Ely et Debré. Sa doctrine a été conceptualisée par Beaufre, Trinquier et Galula.

Voici quelles en sont les lignes directrices :

- en mai 1957, le Chef d’Etat-major général Ely propose de mettre en place un organisme chargé d’assurer la conduite de la guerre psychologique... qui s’impose jusqu’au commandant de compagnie qui nomadise en Kabylie. En mars 1960, il souligne au général de Gaulle que le contact est nécessaire et que seule l'armée en a la maîtrise. De Gaulle reconnaît le 4 novembre ce magnifique effort de pacification.

- Challe dans sa directive du 22 décembre 1958 écrit que : Nous ne pacifierons pas l’Algérie sans les Algériens. Détruire les bandes n’est pas suffisant.

- en juillet 1961, le Chef d’Etat-major général Olié justifie la politisation de l’armée... Les gouvernements ont accepté que les militaires exécutent des tâches non militaires… On ne peut reprocher aux exécutants d’avoir fait cette guerre politique et d’avoir voulu la gagner.

Des observateurs non militaires observent les réalisations de cette pacification :

- en 1958, Jean Lacouture estime que l’action menée par quelques officiers et leurs hommes m’a paru en tout état de cause positive et fructueuse… ce que l’armée est en train de faire ressemble à un travail révolutionnaire,

- le préfet Benmebarek confirme que dans les équipes constituées... par quelques généraux convaincus, et par des officiers de terrain, il y eut dans le domaine de la promotion sociale, un réel esprit «mai 1958».

 

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La pacification couvre ainsi de nombreux domaines :

- l’action politique, grâce aux élections libres, qui rencontrent un grand succès auprès des femmes en octobre 1958 ;

- la fraternisation de mai 1958, et des Comités de Salut public, instruments de réconciliation malencontreusement dissous ;

- l’autodéfense active des quartiers de pacification (plan Victor) approuvée par Ely et Debré ;

- la Fédération amicale des U.T. et des autodéfenses, qui selon Challe doit devenir le grand parti européen-musulman ;

- l’ordonnance de février 1959 sur la condition féminine ;

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- l’action éducative : tardivement relancée, la scolarisation est portée à 66% en 1961 ; l'ensemble de la jeunesse est suivie par le Service de formation (SFJA), créé à l'initiative du colonel Lacheroy ; il forme à Issoire et Nantes des moniteurs qui animent Foyers de Jeunes et Foyers sportifs ; libérer la femme musulmane, déclare le général de Segonzac aux monitrices de Nantes, voilà la mission exaltante qui vous est proposée ;

- la promotion militaire vise aussi à la formation d'une élite musulmane

- 700 Sections administratives spécialisées (SAS) et 30 Sections urbaines constituent les instruments de cette politique ; créées par Soustelle en 1956 ; elles rétablissent le contact avec la population, gèrent les nouvelles communes et conduisent une action de développement agricole et artisanal ; 1400 officiers, 650 sous-officiers et 3.700 employés civils y participent. Les képis bleus, écrit Alistair Horne, formaient un corps d'hommes dévoués et courageux qui partout savaient se faire aimer de la population ;

- 350 Equipes médico-sociales itinérantes (EMSI) contribuent à l'action humanitaire auprès des femmes et des enfants. Dans le bled, écrit leur présidente, les femmes étaient avides d'apprendre et aspiraient à une vie meilleure, à l'européenne, disaient-elles... Pour la pacification, selon un commandant de Quartier, une EMSI vaut un bataillon.

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Cette action auprès des femmes fut aussi conduite par le Mouvement de Solidarité féminine créé par Suzanne Massu, qui en janvier 1960 comptait 300 Cercles et 60.000 femmes. Cette activité allait de pair avec l'Association Jeunesse chargée de recueillir les yaouleds [enfants] abandonnés dans les rues d'Alger, et qui sera transférée dans le Béarn en 1963.

- l'Assistance médicale gratuite est sans doute l'action sociale la plus connue. 1.600 médecins assurent leur mission de soutien et d'AMG (16 millions de consultation en 1960).

- moins connue est l'action judiciaire : le plan Gerthoffer décentralise la justice afin de la rendre plus rapide et plus humaine ; 12 Tribunaux permanents des Forces armées, et 75 Procureurs militaires sont mis en place en 1960,

- la Commission de Sauvegarde du Droit et des libertés s'efforce de moraliser le traitement des prisonniers; son président Maurice Patin constate que la nature du conflit rend très difficile le maintien scrupuleux de la légalité,

- les Centres militaires d'internement créés par Salan en 1958 pour se conformer aux Conventions de Genève, permettent de soustraire à la justice les djounoud pris les armes à la main (PAM) ;

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centre de regroupement, 1961

- le regroupement des populations constitue l'une des actions les plus critiquées de l'armée en Algérie ; elle vise à soustraire la population du bled aux pressions du FLN, et à créer des zones interdites où les rebelles seront pourchassés sans danger collatéral. Militairement, elles diminuent le nombre des attentats. Le commandant de la wilaya 4 déplore : «nous sommes coupés de tout, la population ne nous suit pas».

Il est vrai que certaines installations trop hâtives ont été mal choisies. Le FLN exploite cette situation en dénonçant des camps de concentration. Le Délégué général Delouvrier constate que le taux de mortalité dans les regroupements est inférieur à celui que l'on enregistrait dans les mechtas. Les centres provisoires sont alors remplacés par 1.000 villages qui seront de véritables centres ruraux.

Le général Parlange note en août 1960 que la population, lasse des exactions et des crimes des fellaghas, vient se réfugier dans les nouveaux villages, créés avec sa totale approbation. Lorsqu'en 1961 on offre aux regroupés de regagner leurs anciennes mechtas, 90 % préfèrent rester dans les nouveaux villages.

**

La pacification était ainsi une politique globale, humaine et légale, qui a obtenu sur le terrain de remarquables résultats. Reposant sur l’unité d’action entre militaires et politiques, elle aurait dû conduire à une solution associative, prônée à la fois par Lacoste et de Gaulle. Les causes de son abandon sont donc politiques, elles résultent de la mésentente entre les responsables militaires et le gouvernement.

Maurice Faivre

 

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affiche du 5e Bureau (source)

 

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Commentaires
J
Pourquoi terminer votre analyse par des noms d'oiseaux? Mais vous avez raison ce fut "de l"action psychologique "donc de la propagande<br /> <br /> comme dans tous les bords!(Castro et Polpot)<br /> <br /> le role principal d'une armée en guerre c'est si possible de la gagner;de neutraliser l'adversaire<br /> <br /> et pas à priori de suppléer à la trouille légitime<br /> <br /> des instituteurs civils qui se faisaient zigouiller par la rébéllion;la scolarisation des masses n'en etant qu'à ses débuts dans cette province où colonie particuliére comme il vous plairas ; Son role essentiel aussi était de protéger en priorité ses ressortissants civils et ses supplétifs <br /> <br /> que le pouvoir civil aurait du lui demander d'assurer lorsqu'il a décidé de larguer (à tort où à raison) ce n'est pas le probléme et c'est ce pouvoir qui s'est déshonnoré avec ses soutiens béllants en ne le faisant pas !<br /> <br /> Ci joint les propos d'un "négationniste" à étudier<br /> <br /> prochainement<br /> <br /> M. Harbi, en 2012, on annonce l’ouverture d’une partie des archives françaises liées à la guerre de Libération nationale. D’aucuns y voient une opportunité pour apporter un éclairage décisif sur certaines zones d’ombre de la guerre d’indépendance. Comment appréhendez-vous ces archives ?(MALG services secrets Algériens FLN)<br /> <br /> <br /> <br /> Il y a certainement des archives qui pourraient s’avérer fort pertinentes. Il y a par exemple le bulletin de renseignement et de documentation qu’établissait le MALG. Bien sûr, il glorifie le FLN mais il fournit une foule d’indications sur l’état d’esprit de la population, et ce bulletin ne laisse aucune impression d’unanimisme des Algériens.<br /> <br /> <br /> <br /> - Quel genre de renseignements livraient ces bulletins ?<br /> <br /> <br /> <br /> Par exemple des renseignements sur la conduite des populations, leur rapport au FLN, leur rapport à la France. Je dis bien c’est le bulletin du FLN, donc tout est à la gloire du FLN. Toujours est-il qu’à travers ces descriptions, si un historien s’empare de ces documents, il va donner une autre idée de l’opinion algérienne face au FLN. En tout cas, je pense que ces archives sont explosives. Moi, j’ai été au ministère des Forces armées comme conseiller de Krim<br /> <br /> Belkacem, et je peux vous dire que les dossiers sont terribles. Le rapport à la population n’est pas du tout ce qu’on dit. Ce sont des archives qui donnent une idée tout à fait différente de la révolution.<br /> <br /> <br /> <br /> - Vous-même, en votre qualité d’historien, comptez-vous les exploiter ?<br /> <br /> <br /> <br /> Je ne sais pas. A 78 ans, MOI NON PLUS JE NE SAIS PAS CAR J AI LE MEME AGE QUE HARBI <br /> <br /> <br /> <br /> MAIS JE SAIS QUE LE DEBAT IDEOLOGIQUE SE POURSUIT JEAN FRANCOIS PAYA<br /> <br /> <br /> <br /> http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2012/04/19/24063398.html
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M
Commentaire sur "La pacification de l’Algérie, général Faivre" – 14 juillet 2012.<br /> <br /> <br /> <br /> Sur une photographie légendée "inauguration de l’école", <br /> <br /> un petit bâtiment préfabriqué (un niveau tout en longueur, toit de tôle), est posé sur un terrain de campagne visiblement peu aménagé (buissons, terrain vague, talus à l’arrière en pente). De toute évidence, cette construction rudimentaire est récente. Pour la circonstance, le mur de façade est orné de grandes feuilles de palmes. La construction est photographiée en gros plan, privant l’observateur d’en apprécier les abords immédiats. Une entrée principale (simple porte) et deux petites fenêtres latérales composent ce qui est visible de la façade avant. Une marche rudimentaire atteste de la surélévation de ce bâtiment de bois, posé sur ce qui est peut-être un sol de terre battue, sans qu’il soit possible de l’affirmer. <br /> <br /> En arrière plan une clôture haute et grillagée constitue le seul élément visible de l’environnement physique.<br /> <br /> Deux pavillons tricolores encadrent un panneau « ECOLE » en lettres surdimensionnées accrochées à la base du toit. Accroupi sur le toit dans une position pour le moins désavantageuse, un militaire manipule un appareil photographique. Une scène animée d’une quinzaine de m² sur le parvis de cette nouvelle école est fixée par un autre photographe, auteur du document.<br /> <br /> Au premier plan de gauche à droite, un deuxième militaire galonné montrant son dos, portant une vareuse légère façon saharienne, en conversation mains dans les poches avec un troisième militaire la main gauche sur la hanche et la tête légèrement penchée à droite, semblant vouloir indiquer à l’opérateur l’intérêt du discours du premier. A droite, un quatrième militaire de face, galonné et mains sur les hanches, écoute un civil en complet bleu, mains au dos, raide et bien peigné. Son costume bleu marine et sa position de civil dans le cœur de la scène laissent supposer qu’il s’agit peut-être du sous-préfet ou de son représentant.<br /> <br /> Au deuxième plan et en position centrale, un cinquième militaire en képi bleu paraissant sortir du bâtiment, s’avance bras ballants dans l’axe de l’appareil, préoccupé, semble-t-il, de l’endroit où poser ses pieds. Un pistolet bat dans la sacoche sur sa cuisse droite. Ce personnage occupe une position centrale conférée par le preneur d’image, laissant entendre qu’il s’agit sans doute du promoteur de l’opération, l’officier S.A.S.<br /> <br /> Au troisième et dernier plan avant le bâtiment, un sixième militaire de trois quarts et presque adossé à l’entrée, lui emboite le pas devant un septième militaire portant képi lui faisant face, à l’image d’une mince haie d’honneur positionnée au seuil du bâtiment. Devant la fenêtre de droite, une femme en tailleur – l’épouse du sous-préfet ? - discute de dos avec un personnage hors du champ. A l’opposé devant la fenêtre gauche, on croit distinguer un représentant de l’autre monde, gandourah et turban, le nez collé sur la vitre, paraissant observer l’intérieur de la classe. Trois de ses coreligionnaires sont postés en haut de la bute et près de la clôture derrière l’école. L’un d’eux est nonchalamment assis. Le deuxième semble en train de s’assoir. <br /> <br /> A l’extrême gauche au premier plan, un micro façon RTF attend sur son trépied que l’une de ces personnalités veuille prendre la parole, en tête de l’aéropage prévu par le protocole. <br /> <br /> L’atmosphère est à priori bon-enfant comme en témoignage le Musulman curieux le nez à la fenêtre. La gent militaire est surreprésentée. Vient ensuite la gent officielle européenne. Enfin, les gueux. Les principaux intéressés sont absents. Cette photo est un document choisi par Mr. Faivre pour vanter les mérites de la colonisation française en Algérie en général, et ceux des officiers SAS en particulier. C’est un document de propagande évidemment largement dépassé par l’histoire. Il appelle un commentaire détaillé que je ne ferai pas ici, ce media ne le méritant pas. Il suscite néanmoins une question que je n’ai jamais entendue poser, et encore moins la réponse : Dans un pays démocratique est-il normal que l’école soit dispensée par les militaires ?<br /> <br /> <br /> <br /> Ayant jusqu’à présent eu le courage de mes opinions, mais ayant malheureusement été pourchassé par les négationnistes et menacé de mort, je m’abstiens dorénavant de signer par autre chose qu’un pseudonyme, rejoignant à mon corps défendant le bataillon des planqués. Si des délateurs se manifestent, l’opinion libre les jugera.<br /> <br /> <br /> <br /> Menacé<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> e la manière suivante : « Inauguration de
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M
"Jag", votre adresse courriel : jacques.ravens@gmail.com<br /> <br /> n'est pas fonctionnelle. Nous cessons là les échanges.<br /> <br /> MR, Études Coloniales
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M
Oui, il y eut des famines au Tonkin au XIXe s., après 1788 et avant la colonisation française.<br /> <br /> <br /> <br /> Dans «La réforme de l'impôt foncier de 1875 au Viet-nam», Nguyên Th'ê Anh (Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient, n° 78, 1991) écrit sur le Tonkin à l’époque de l’expédition de Francis Garnier en 1873-1874 :<br /> <br /> <br /> <br /> «Politiquement et militairement, des zones entières échappaient au contrôle de la cour. Dans les provinces du delta du fleuve Rouge, les causes de dissolution et de désordre inhérentes à un système de gouvernement en dégénérescence étaient encore aggravées par les conséquences désastreuses des difficultés sociales et économiques et les effets perturbateurs des catastrophes naturelles. Dans une lettre datée du 26 août 1873, le vicaire apostolique du Tonkin méridional, Мgr Colomer, offrit en un saisissant raccourci un aperçu de l'état désastreux de ces provinces en écrivant :<br /> <br /> <br /> <br /> «Quant à l'état social et politique de ce Royaume, mieux vaudrait n'y point penser. Vous dire que tout va à la dérive, que tout s'écroule, c'est vous en faire la complète description. Les calamités dont se voit affliger ce pays se succèdent les unes aux autres : ce ne sont qu'inondations, soulèvement de rebelles, incursions de brigands, pirateries..., rapts d'enfants et de femmes par les forbans chinois, impôts arbitraires et exorbitants, mécontentement général, cris et misère partout».<br /> <br /> <br /> <br /> Aucune amélioration ne fut d'ailleurs constatée deux ans après cette sombre description faite par le prélat espagnol. En 1875, Nguyên Hûn Bô, mandarin chargé de la direction des douanes de Hâi-dumig et la défense côtière du Tonkin, rendit compte dans un rapport à l'empereur que neuf familles tonkinoises sur dix manquaient absolument du nécessaire.<br /> <br /> <br /> <br /> La situation était particulièrement dramatique dans les provinces de Bác-ninh, Hái-dirong, Son-tây et Hung-yên, trop fréquemment dévastées par les inondations consécutives aux ruptures répétées des digues. Les populations étaient forcées par des famines chroniques à abandonner leurs villages et à vagabonder dans le pays.<br /> <br /> <br /> <br /> Parmi ces déracinés, les plus désespérés s'attroupaient pour vivre de rapines, contribuant ainsi au développement du banditisme, que les autorités provinciales s'épuisaient à réprimer».<br /> <br /> (p. 287-288 ).
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M
Il est difficile de discuter avec quelqu’un qui, à chaque fois que ses arguments sont critiqués et repoussés refuse de le reconnaître.<br /> <br /> <br /> <br /> «Jag» écrivait : «il n’y a jamais eu de famine au Tonkin sauf quand les colons français étaient là». On lui montre que c’est un mensonge et on lui cite toutes les famines (fréquence 7 à 10 ans) que le pays a connues aux XVIIe et XVIIIe siècle. Au lieu de dire : oui , je me suis trompé, il prétend maintenant que c’est seulement depuis la réunification de 1788, que la famine a disparu au Tonkin…<br /> <br /> <br /> <br /> «Jag» dit : «depuis 1788, il n’y avait plus de famine dans cette région» (…) «il n’y a plus de famine dans ce pays à partir de 1788. Les Français y débarquent un siècle plus tard (1888 ) dans un pays qui n’a jamais connu de famine depuis sa réunification».<br /> <br /> Encore une légende… !<br /> <br /> <br /> <br /> Dans son livre de 1912, le géographe E. Chassigneux étudie «L’irrigation dans le delta du Tonkin» dont rend compte N. Tran Minh dans sa bibliographie «Le riz au Cambodge, au Laos, au Vietnam, 1888-1991» (éd. Cirad, 1998, p. 178 ) : «En ce qui concerne le XIXe siècle ; M. Chassigneux rappelle le résumé historique des inondations, sécheresses, FAMINES au Tonkin de 1808 à 1896)».<br /> <br /> <br /> <br /> Par ailleurs, un missionnaire, le Père Borie est au Tonkin au début des années 1830. Son biographe signale : «L’année 1834 et le début de l’année suivante sont terribles. La famine ravage le Vietnam, réveillant la peste, le choléra et d’autres maladies endémiques» (Pierre Demarty : http://laviedesparoisses.over-blog.com/article-saint-pierre-dumoulin-borie-88938007.html ).<br /> <br /> <br /> <br /> Il faut en finir avec les images d’Épinal, «Jag»… Vous critiquez Jules Ferry, mais le tableau que vous voulez fournir du Tonkin ressemble fort à l’argumentaire plutôt idyllique qu’en dressait Jules Ferry dans «Le Tonkin et la mère patrie» en 1890 afin d’y attirer les colons et justifier les possibilités d’exploitations économiques de ce pays…
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