Cayenne : quand l'injustice crée le droit
le procès des insurgés de Cayenne, 1931
Programmé dans le cadre de l’exposition sur le procès des insurgés de Cayenne présentée aux Archives départementales de Loire-Atlantique du 9 février au 26 juin 2011, ce colloque prolongeait la réflexion sur la légitimité de la révolte face à l’injustice, avec l’intervention de spécialistes, parmi les meilleurs de la question coloniale et de l’histoire du droit. Les Archives départementales proposent l'accès en ligne aux actes du colloque.
Fallait-il condamner - et peut-être à la peine capitale - dans une ville et un département marqués par la traite négrière, des émeutiers qui se révoltèrent pour que soit appliqué le plein exercice de la citoyenneté en Guyane ? L’intérêt de la République n’était-il pas plutôt de jeter un voile sur les émeutes et d’ouvrir la voie à l’émancipation des populations soumises au régime d’exception en vigueur dans les colonies ?
Mais en légitimant la révolte face à l’injustice dans la plus pure tradition des principes déclarés en 1789, la décision d’acquittement de la cour allait-elle constituer un précédent générateur de droit ? Cette jurisprudence pouvait-elle influer la politique coloniale du gouvernement et améliorer la situation sur place dans les colonies ?
Autant de questions, parmi d’autres, auxquelles ce colloque a tenté d’apporter des réponses et, ainsi, montrer la portée historique du procès des insurgés de Cayenne à Nantes en 1931.
Les avis exprimés dans les communications relèvent de la responsabilité exclusive des auteurs.
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Introduction générale : retour sur le procès des insurgés de Cayenne à Nantes en 1931
Parce qu’ils voulaient l’Égalité dans l’expression de leurs droits citoyens, quatorze Guyanais ont été, en 1928, privés de leur liberté. Mais, dans un élan de Fraternité, douze jurés de la cour d’assises de Loire-Inférieure les ont rendus à la Liberté. Puisant largement dans leurs fonds judiciaires, les Archives départementales ont raconté cette histoire oubliée au travers d'une grande exposition ; une histoire d’injustices et de droit, où la loi a été bafouée, où des vies ont été prises, où la parole des avocats a fait s’exprimer la solidarité républicaine entre métropole et Guyane, entre ville au passé négrier et colonie atlantique. Ce procès des insurgés de Cayenne est une leçon d’Histoire.
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La question coloniale dans l’historiographie française : état des lieux
Guadeloupe, Guyane, Martinique en 1848-1898 : trois colonies françaises des Caraïbes sous l’optique de l’histoire et de l’historiographie
par Oruno D. LARA, directeur du Centre de recherches Caraïbes-Amériques (CERCAM). Télécharger le texte.
La politique coloniale française aux Caraïbes, fin XIXe siècle - années 1930 : repères historiographiques et débats, par Nelly SCHMIDT, directrice de recherche au CNRS - université Paris IV-Sorbonne, CERCAM. Télécharger le texte.
Les contrastes de l'historiographie coloniale française : de la gloire impériale à la redécouverte de l'esclavage, par Catherine COQUERY VIDROVITCH, professeure émérite d’histoire contemporaine, université Denis Diderot, Paris 7. Télécharger le texte.
La France et ses colonies dans les années 1920 et 1930 : entre réalités économiques et fantasmes exotiques
Droit colonial et discours protestataire dans la France des années 1920 – 1930, par Alain RUSCIO, docteur ès Lettres, historien spécialiste de la colonisation française. Télécharger le texte.
Le pavillon de la Guyane à l'exposition coloniale de Paris, 1931, par Catherine HODEIR, enseignante à l'université d'Amiens, chercheuse, unité mixte de recherche Institutions et dynamiques historiques de l’économie (IDHE). Télécharger le texte.
Tous colonialistes ? Les géographes français et l’idéologie coloniale, par Pascal CLERC, maître de conférences en géographie, université Lyon 1, équipe épistémologie et histoire de la géographie (EHGO) Géographie-cités. Télécharger le texte.
La Loire-Inférieure et la Guyane dans les années 1920 et 1930 : une époque et deux mondes
Portrait sociopolitique de la Loire-Inférieure au temps de l'affaire Galmot, par Marcel LAUNAY, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université de Nantes. Télécharger le texte.
La Guyane française au temps de l'affaire Galmot : entre pratiques coloniales et idéal républicain, par Serge MAM LAM FOUCK, professeur d’histoire contemporaine à l’université des Antilles et de la Guyane.
La figure de « Papa Galmot » et les représentations populaires liées à l'exploitation de l'or et du bois de rose en Guyane, par Marie José JOLIVET, anthropologue, directrice de recherche émérite à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Télécharger le texte.
Faire l’histoire d’un procès colonial : variété des sources, ambivalence du récit ?
Parcours d'historien entre les différentes institutions conservant des sources sur l'histoire du procès, par André BENDJEBBAR, agrégé de l’université, docteur en histoire.
Faire l’histoire du procès des insurgés de Cayenne à partir des fonds des Archives départementales de Loire-Atlantique. Constitution, langages et portée des fonds d’archives mobilisables sous le regard critique de l’archiviste, par Samuel BOCHE, attaché, Archives départementales de Loire-Atlantique. Télécharger le texte.
Le fonds Galmot aux Archives municipales de Bordeaux, par Agnès VATICAN, directrice des Archives municipales de Bordeaux.
Témoignage d'Henriette DORION-SEBELOUE, présidente de l'Union des Guyanais et Amis de la Guyane, petite fille d’Yves SERVAIS-EUSTACHE, victime des émeutes de Cayenne.
Témoignage de Pierre FOURNY, fils d’Alexandre FOURNY, un des avocats du procès des émeutiers.
Quand les avocats entrent en scène : mécanismes et enjeux des plaidoiries
Alexandre Fourny : une exception nantaise, par Serge DEFOIS, docteur en histoire contemporaine, chargé de cours à l'Institut d'études judiciaires de l'université de Nantes.
Une heure magique : la plaidoirie de Gaston Monnerville au procès des insurgés de Cayenne, par Jean DANET, maitre de conférences à l’université de Nantes, avocat honoraire au barreau de Nantes. Télécharger le texte.
Le procès des insurgés de Cayenne à Nantes : épiphénomène ou moteur de l’histoire ?
Vécu colonial et « assimilation » professionnelle : des avocats-défenseurs circonspects, par Bernard DURAND, professeur émérite d’histoire du droit, université de Montpellier. Télécharger le texte.
Renvoyés – « Nom principe République honneur France ». Les causes et les effets de l’application des articles 542 et suivants du Code d’instruction criminelle dans l’affaire des « émeutiers » de Cayenne, à partir de 1928, par Eric de MARI, professeur d histoire du droit, responsable du groupe de recherche en histoire du droit colonial, université Montpellier 1. Télécharger le texte.
La question de la citoyenneté dans les colonies après le procès des insurgés de Cayenne, par Florence RENUCCI, chargée de recherche au CNRS, Centre d'histoire judiciaire, université Lille 2.
Conclusion et synthèse du colloque
Par Denis SALAS, enseignant et chercheur à l'École nationale de la magistrature, secrétaire général de l’Association française d'histoire de la justice.
Crédits
Organisation : Département de Loire-Atlantique.
Mise en œuvre : Archives départementales de Loire-Atlantique.
Partenariats : Université de Nantes (Faculté de droit et des sciences politiques et Centre de recherches en histoire internationale et Atlantique – CRHIA), Université des Antilles et de la Guyane, Association française d'histoire de la justice (AFHJ).
Conseil scientifique : André Bendjebbar (agrégé de l’université, docteur en histoire), Michel Catala, (professeur d'histoire contemporaine à l'université de Nantes, directeur du CRHIA), Jean Danet (avocat honoraire au barreau de Nantes, maitre de conférences à l’université de Nantes), Bernard Salvaing (professeur d'histoire contemporaine à l'université de Nantes et membre du CRHIA), pour les Archives départementales de Loire-Atlantique : Jean-François Caraës (directeur adjoint des Archives départementales), Philippe Charon (directeur des Archives départementales), Fabrice Cheignon (attaché de conservation du patrimoine).
Les avis exprimés dans les communications relèvent de la responsabilité exclusive des auteurs.