du nouveau sur les Européens disparus
à la fin de la guerre d'Algérie (1)
Jean MONNERET
Durant un demi-siècle, le problème des civils européens enlevés par le FLN, et jamais retrouvés pour un grand nombre, fut singulièrement occulté. Officiellement, on s'en tint à un chiffre donné en 1964 au Sénat : 3018.
La répartition des victimes en personnes enlevées, libérées, présumées décédées et cas incertains ne fut guère remise en cause. À partir de 1965, le silence des médias à ce sujet se fit assourdissant. Les Français disparus furent oubliés tandis que la France prit l'étrange habitude de réserver ses hommages aux victimes de l'autre camp, les pro-indépendantistes (particulièrement à Paris sous l'égide de la Mairie socialiste.
Dans le milieu des Français d'Algérie, on chercha à lutter contre l'oubli. Hélas, des chiffres hyperboliques furent brandis au mépris de toute rigueur historique (2). La cause des victimes du FLN risqua d'en être dépréciée, d'autant que des thèses complotardes fumeuses se répandaient aussi.
Désormais, la communauté des Historiens comme les Pieds Noirs et les familles concernées disposent d'une étude de qualité, menée selon la méthode historique. Jean-Jacques Jordi a fait des recherches poussées en de nombreux fonds d'archives. Citons : le Service Historique de la Défense, le Centre des Archives Diplomatiques,les Archives Nationales d'Outre-Mer, le Centre des Archives Contemporaines, le Centre Historique des Archives Nationales, celles de la Croix Rouge, du Service Central des Rapatriés etc...
L'auteur a ainsi apporté une contribution neuve au problème des disparus européens. Il a attaqué de front l'obstacle des 500 dossiers demeurés incertains qui gênait l'obtention de chiffres crédibles.
Sur ce point, en 2004, nous avions nous même, ainsi que le général Faivre attiré, l'attention de la Mission aux Rapatriés sur la nécessité d'une étude exhaustive. Il fallut attendre quatre ans pour qu'elle se dessinât.
En accédant aux dossiers du Service Central des Rapatriés, Jordi a pu savoir qui parmi les incertains était réellement disparu ou entré en France métropolitaine. On y voit actuellement plus clair.
Qu'il s'agisse du massacre du 5 juillet 62 à Oran (où l'auteur confirme la responsabilité et les mensonges du général Katz, comme la criminelle ineptie des directives données à l'Armée française), qu'il s'agisse des exactions de l'été 62 dues à la wilaya 4 (où le FLN préférait enlever des familles entières pour limiter les plaintes), Jordi a montré une solide rigueur.
nettoyage ethnique
Il éclaire la pratique du nettoyage ethnique par les indépendantistes. Or, il le fait, documents à l'appui, en prenant ses distances avec quelques légendes aussi tenaces qu'absurdes. Son livre est peu réfutable. Il sera plus difficile désormais aux thuriféraires du FLN et aux journalistes sous influence de nier des faits qui les dérangent.
On peut regretter que Jordi paraisse sous-estimer les divisions du FLN et les surenchères xénophobes qu'elles alimentèrent. Félicitons le toutefois d'avoir laissé de côté quelques récits controuvés et extravagants (3).
Cet ouvrage, cette étude méticuleuse manquaient. Il serait regrettable qu'ici et là, certains négligent l'atout que, dans sa percutante sobriété, il constitue pour les familles touchées et pour l'Histoire.
1 - Jean-Jacques Jordi, Un silence d'État, éd. Soteca, 2011.
Les enlèvements d'Européens ont décuplé aprés le "cessez-le-feu" du 19 mars1962 L'auteur dénombre 1583 disparus présumes décédés, 123 enlevés dont on a retrouvé les corps et 171 cas incertains résiduels. Selon nous, il eût fallu comptabiliser les personnes libérées ou retrouvées.
2 - Il arriva qu'un scribe du Ministère des Rapatriés répondit par erreur : 25.000 à une question sur le chiffre des disparus européens. Il confondait avec celui des militaires français tués au combat. Ceci occasionna ultérieurement quelques bévues.
3 - En juillet 1962, depuis Alger, Max Clos du Figaro, dénonça courageusement les enlèvements massifs d'Européens. Il ajoutait : "Sur les chiffres, on ne sait rien de sûr. Tout dans ce pays est déformé et amplifié dans des proportions fantastiques". Voila qui a changé désormais.
QUI CONTRAIREMENT AUX DIRES DE J MONNERET
PEUVENT PRESUMER DE LA THESE DU COMPLOT ETUDIEE
DE MANIERE PLUS POUSEE PAR D'AUTRES CHECHEURS
CITATIONS Il n’est pas question ici de retracer l’histoire des derniers mois de « l’Oranie française » mais de voir comment le « problème » des enlèvements et des
disparus est
directement intégré dans la politique de terreur qui se développe en Oranie et à Oran spécifiquement. Il est vrai que le 5 juillet à Oran est la journée la plus tragique
concernant les disparitions d’Européens, et de toute la guerre d’Algérie, mais elle n’est pas le tonnerre qui éclaterait dans un ciel sans nuage. Le 5 juillet est une suite
logique
ORGANISEE et PREMEDITEE par l’ALN stationnée sur la frontière algéro-marocaine et par les dirigeants de la wilaya 5............
Ben Bella déclare même au roi Idriss qu’il avait l’appui de la majorité des chefs de Wilayas et de Il s’agit donc pour l’EMG et Boumedienne de discréditer le pouvoir civil du
GPRA en montrant qu’il n’était pas capable de maintenir l’ordre et la sécurité en Algérie et
fallait un EVENEMENT DE GRANDE AMPLEUR. Bakhti, fidèle de Boumedienne, est l’instrument de cette politique sur Oran . Saad Dalhab, Ministre des Affaires étrangères
du GPRA,
s’en était d’ailleurs inquiété auprès de Louis Joxe et l’en avait informé lors de leur rencontre le 14 juin 1962, sans que cela fasse écho du côté français !.........
A l’approche de l’indépendance, Bakhti est le seul vrai maître à Oran. Il sait que les forces françaises sont importantes, qu’elles sont passées de 8 500 hommes à
de 12 000 en mars pour atteindre 18 000 hommes en juin 1962.............
Enfin, l’examen des dossiers administratifs personnels du Service central des rapatriés et des différentes archives me donne un chiffre de 355 personnes disparues et
326 personnes décédées -dont les décès ont été constatés- (soit 681 personnes) du 26 juin au 10 juillet 1962 sur le grand Oran soit, à quelques unités près l’évaluation
Jean-Marie Huille. Nous pouvons donc affirmer, et en tenant compte des cas dits incertains, que les journées tragiques d’Oran ont fait quelque 700 morts européens
(décédés et disparus) auxquels il fait rajouter une centaine de morts musulmans.
Le lieutenant JP Chevennement attaché au consul
Herly signalait 800 disparus .........
Pour les organisateurs de ce « 5 juillet », les buts furent atteints. D’un côté, bien qu’acclamés à Alger, Ben Khedda et le GPRA n’en étaient pas moins discrédités par
événements. Commençait alors une anarchie, une véritable absence de pouvoir, qui allait durer pendant tout l’été 1962 jusqu’à ce que Ben Bella se voit attribuer le pouvoir
septembre avec l’appui de l’ALN de Boumedienne (qui prend le ministère de la Défense). De l’autre, les Français d’Algérie qui avaient cru en la possibilité de rester sur
terre natale, prolongeaient l’exode commencé en avril 1962. D’Oran, partirent des milliers et des milliers de Français sans espoir de retour, ce qui était aussi le BUT
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de Boumedienne qui ne pouvait admettre une Algérie avec « son million de colons » !