Commémorations :
pour en finir avec les lois mémorielles,
Daniel Lefeuvre sur iTélé
http://www.itele.fr/emissions/magazine/arret-sur-info/video/9413
émission du lundi 9 mai 2011 sur iTélé
Pauvre Taubira...!
- intervention de Daniel Lefeuvre : "Commémorer l'abolition nous rassemble, dans la mesure où la date d'avril 1848, le décret Schoelcher, montre que la République a été capable d'abolir quelque chose d'absolument ignoble qui était l'esclavage après que l'abolition de la traite a été proclamée.
Mais ce que jaimerais entendre demain du Président de la République, c'est d'abord qu'il faut se battre contre tous les esclavages, y compris les esclavages contemporains qui perdurent aujourd'hui dans un certain nombre de pays.
D'autre part, si on fait de l'histoire, il faut faire de l'histoire jusqu'au bout. C'est-à-dire qu'on ne parle pas "la" traite dans l'Atlantique ou dans l'océan Indien, mais de l'ensemble des traites négrières qui ont précédé celle-ci. Je pense notamment aux traites internes à l'Afrique et à la traite arabo-musulmane qui ont donc précédé la traite transatlantique, c'est-à-dire la traite européenne, et qui se sont prolongées au-delà de l'abolition de la traite atlantique.
Et c'est tout le problème de cette date et de la loi de Mme Taubira. Parce que dans l'article 1er de la loi qui a été adoptée définitivement 2001, que dit-on ? On parle de la traite négrière transatlantique ainsi que de la traite dans l'océan Indien, et de l'esclavage perpétré à partir du XVe siècle aux Amériques et aux Caraïbes et dans l'océan Indien. Pratiquée par qui ? Uniquement par l'Europe.
Il y a donc une mise en cause extrêmement restrictive de ce qu'a été la traite. Et je crois, avec l'historien Pétré-Grenouilleau qu'il vaut mieux parler des traites. Je regrette donc que la loi ne mette en accusation que la traite européenne qui a été abolie en 1848 et que la France a combattue dans ses colonies au fur et à mesure de l'avancée de son empire colonial.
La deuxième chose regrettable dans cette loi, et j'espère que l'on ne va pas commémorer cet aspect-là, c'est évidemment l'anachronisme de la notion juridique de "crime contre l'humanité" puisque cette notion, juridique je le répète, est née au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Par conséquent, on reconstitue un passé pour servir les questions politiques du présent."
- interruption de François Durpaire : "Ce que vous êtes en train de nous dire, c'est qu'il ne fallait pas condamner les criminels nazis parce que le crime a été défini en 1945 ?"
- Daniel Lefeuvre : "La définition du crime contre l'humanité a été élaboré en 1945 à Nuremberg en présence des criminels nazis."
- François Durpaire : "C'est donc rétroactif. C'est une barbarie juridique." (1)
- Daniel Lefeuvre : "Ce n'est pas rétroactif. Les criminels nazis étaient présents lorsqu'on a défini la notion de crime contre l'humanité. Alors qu'aujourd'hui, il serait difficile de condamner les propriétaires d'esclaves grecs sous Périclès ou les propriétaires d'esclaves arabes ou noirs au XVIIe siècle ou encore les propriétaires français de la même époque.
Par conséquent, ce que je souhaite, c'est que le Président de la République dise également que l'État abandonne cette politique de lois mémorielles qui repose sur des enjeux politiques, sur l'anachronisme et qui corsète dangereusement le travail des historiens comme la tentative de procès contre Olivier Pétré-Grenouilleau en 2005 l'a montré."
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1) Oui, Nuremberg est une justice de vainqueurs. Mais il est faux de dire qu'elle est totalement rétroactive. C'est une formalisation de notions qui avaient été antérieurement définies. La déclaration d'une commission militaire internationale le 11 décembre 1868, à Saint-Petersbourg évoquait l'idée que : "l'emploi de pareilles armes serait contraire aux lois de l'humanité."
En 1899, la communauté internationale débat à La Haye de la "clause de Martens", relative aux "lois de l'humanité" et cette notion est présente dans le préambule de la convention de La Haye en 1907 sur les lois et coutumes de guerre : "les populations et les belligérants sont sous la sauvegarde et sous l’empire du droit des gens, tels qu’ils résultent des lois de l’Humanité."
En 1942, est créée la "Commission d'enquête des Nations unies sur les crimes de guerre" qui se réunit en octobre 1943. La Déclaration de Moscou d’octobre 1943, signée par Roosevelt, Churchill et Staline, stipule qu’à la fin de la guerre, les responsables de crimes de guerre seront extradés et jugés. Fin 1943, la conférence de Téhéran (États-Unis, G.-B. et URSS) annonce le jugement des criminels nazis. Nuremberg n'est donc pas tombé du ciel comme le prétend François Durpaire.
Michel Renard
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deux types d'esclaves ?
Pour la loi Taubira, il y a deux types d'esclaves : 1) les victimes de la traite européenne méritent la reconnaissance et la considération mémorielle ; 2) les victimes (mais sont-ce vraiment des victimes dans son esprit ?) des traites internes à l'Afrique et de la traite arabo-musulmane : ces esclaves-là, il vaut mieux les oublier car ils viennent perturber le simplisme du doublet esclave noir/maître blanc.
Michel Renard
La constitution de 1848 art 109 précise "que le térritoire de l"Algérie est déclaré territoire Français et sera régit par des lois particuliéres
jusqu"a ce que une loi spéciale le place sous le régime de la présente constitution" (II em République)
Peu évoqué l' aboliton de l'esclavage en Avri 1848 s"appliqua aussi à L"Algérie ! et oui certains musulmans de part leur statut personnel
avaient des esclaves noirs (épisode d"Abdel Kader qui en fit décapiter une centaine qui s"etaient réfugiés chez les français et que ceux ci
lui remirent lachement (déja) à la faveur d'une tréve) alors que les esclaves "blancs " des barbaresques avaient été libérés et le statut de "dhimis"
obsoléte pour les juifs dés 1830 (en attendant le décret Crémieux) La mesure d'abolition fut appliquée avec réticence par les tribus qui espéraient une compensation mais l" application fut
progréssive dans le sud où la traite des noirs existait encore dans le Sersou en 1906 (et OUI) il fallut un décret trés coercitif du 15 juillet 1906 pour l"interdire (sujet Tabou)
( sources histoire de l"Algérie Xavier Yacono)
Dans la "foulée" de l"éléction Obama aux USA et du débat sur "la diversité"
chez nous; il y aurait lieu de se demander où sont les noirs d"Algérie? du Maghreb? ( car il y en a !) et dans les pays arabo-musulmans
en général où il y eu des millions d"esclaves africains (bien plus nombreux selon certaines études que ceux de la traite vers l'ouest )
Il ne semble pas incongru de poser la question ! (plus tot rares dans les cadres et les instances dirigeantes)
Mais pas seulement en Algérie où encore une présence massive dans et"toujours dans le Sud " c a dire "confinés" dans aucun pays Arabo musulman de noirs (me le dire si je me trompe ) à des postes de résponsabilité où de premier plan ! cela veut dire quoi ?, et on prétend donner des leçons à la France sur "la diversité" voir dans le dernier PNHA revue No 169 la liste des 15 membres du gouvernement ;President du sénat ;de l’assemblée nationale d’origine Afro et nord aficaine de 1945 à 62 sans parler des élus députés et sénateurs Sarkosy n"a rien inventé ! ET comme ditot dans mon rappel historique la "traite"aurait été bien plus importante vers les pays musulmans que vers les Amériques !Basta l’hypocrisie
-Observations par Jean Claude Thiodet chercheur
Excellent article et excellente réponse de Jean François PAYA. Je cite : "épisode d"Abdel Kader qui en fit décapiter une centaine qui s"étaient réfugiés chez les français et que ceux-ci lui remirent lâchement (déja) à la faveur d’une tréve)"
Effectivement, les esclaves dont parle l’auteur de ce commentaire ont été placés sous la protection d’Edmond Pelissier de Rainaud, alors directeur des bureaux arabes.
Celui-ci démissionna de l’armée lorsqu’il lui fut ordonné de rendre ces esclaves à ce grand humaniste qu’était, nous dit-on l’"Emir Abdel Kader !! et reprit, dans les ambassades, la carrière qu’il avait interrompue pour participer à l’épopée d’Algérie. (archives de la familles).