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"Je vous ai compris"

note de Maurice FAIVRE

 

Serge Moati, Je vous ai compris Docu-fiction de FR 2,  2 novembre 2010, suivi d’un documentaire de Hughes Nancy : De Gaulle et l’Algérie, le prix du pouvoir.

arton28607Malgré quelques erreurs et oublis historiques ce télé-film et le documentaire explicatif décrivent les moyens utilisés par le général de Gaulle, de 1958 à 1962, pour revenir au pouvoir et s’y maintenir (approbation de la menace para, basculement de l’armée, déstabilisation de l’Assemblée, crises exacerbées, déclarations ambiguës et contradictoires, racisme anti-arabe). Quatre ans plus tard, toutes les concessions sont faites au FLN ; l’abandon des harkis et le drame des pieds noirs en sont le prix.
Quelques documents intéressants éclairent cette histoire : le rapport Vitasse, la lettre de Gaulle à son fils ; le rôle de Neuwirt et de Delbecque est souligné.

Les justifications des historiens ne sont pas convaincantes. Benjamin Stora et Jean Daniel expliquent la décision gaulliste par l’isolement de la France, l’accession à la puissance nucléaire, l’absence d’élites musulmanes. Ils estiment que la solution associative, qui a échoué, était l’option prioritaire du général de Gaulle, mais ils n’observent pas que c’était aussi celle de Soustelle et de l’armée. Georges Fleury est le seul à avoir évoqué la fraternisation de mai 1958, que de Gaulle n’a pas su (ou pas voulu) exploiter. La volonté d’abandon des privilèges était alors réelle. Il est paradoxal d’observer que, sans l’orgueil du chef de l’État, les deux camps auraient pu s’entendre.

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Il y a en effet un contre-sens sur l’expression Algérie française : employée par les militaires, elle ne signifiait pas le maintien de l’Algérie de papa. Ce que l’armée est en train de faire en Algérie, observe Lacouture en 1958, ressemble à un travail révolutionnaire. Claude Paillat décrit les officiers comme des enfants de la Révolution française : on apporte la liberté, on va régénérer les gens... on va refaire une autre société que ces colonies un peu pourries. Hélie de Saint-Marc et le général Ely font le même constat.

Ces évènements sont décrits comme la pire des décolonisations. Le philosophe Paul Thibaud, ancien collaborateur de Vidal-Naquet, dénonce les prétentions morales de la gauche française et conclut que la guerre d'Algérie est un évènement tragiquement négatif, dont il faut rappeler les résultats : la dictature militaire en Algérie – la division des Français – l’échec de la grande politique (neutraliste) du général de Gaulle.

Maurice Faivre
le 4 novembre 2010


Erreurs et omissions : - le général Dulac à Colombey et non à Paris – pas de visite de Gaulle à Guy Mollet à Arrras – Salan n’est pas nommé Cdt en chef (il l’est déjà) mais DGGA – les chiffres des pertes sont surestimés ( 100 tués le 17 octobre 1961, et le 16 mars 1962, 800 disparus le 5 juillet Oran, 500.000 morts dont 27.000 soldats) – la manipulation du directeur politique François Coulet le 10 décembre 1960 ignorée – le revirement ultérieur de Delbecque.

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