23 mai 2008 - Il y a un an, Claude Liauzu disparaissait. Nous honorons sa mémoire et songeons aux siens et à ses amis.
Hommages à Claude Liauzu
Plusieurs hommages à Claude Liauzu ont été "postés" sous forme de commentaires à la suite de l'annonce de son décès sur ce blog. Nous les publions ci-dessous.
Hommage à Claude
Je n'oublierai jamais le formidable soutien que Claude m'avait apporté dans mon combat (le sien aussi) qui m'opposait au Général Schmitt et le procès des guerres coloniales, de la torture...
Une sentinelle, gardienne des droits de l'homme, au sens le plus profond, nous quitte. Je poursuivrai avec mes moyens cette démarche de dignité qui l'animait.
Avec beaucoup d'émotions
Henri POUILLOT
Disparition de Claude Liauzu
Bonjour,
Je viens d'apprendre ce matin, lundi 28 mai, la disparition brutale de Claude Liauzu.
J'étais en contact avec lui ces jours derniers en tant qu'éditrice chez Armand Colin pour un ouvrage à paraître en octobre. Au-delà de la qualité d'écriture, le sérieux et l'efficacité de cet historien que j'ai déjà eu à plusieurs reprises l'occasion de constater, c'est un homme chaleureux, modeste, enthousiaste et curieux de tout qui nous quitte. Je suis encore pour ma part sous le coup de l'émotion et ne pense pas m'en remettre de sitôt. Les belles personnes ne courent pas les couloirs des maisons d'éditon...
Nous devions nous voir les jours prochains pour déjeuner ensemble car il avait encore d'autres projets à nous faire partager.
Avant de le faire de façon officielle, j'adresse à sa famille mes plus sincères condoléances et partage sa douleur.
Corinne Ergasse, éditrice chez Armand Colin
histoire
Ancien étudiant à Jussieu, c'est grace au séminaire de Claude (et Américo) que j'ai appris à étudier les mécanismes si complexes du racisme et de la peur de l'autre. Il nous manquera dans ce domaine si négligé en France des études post-coloniales.
L'Historien-Militant ne meurt pas
J'ai appris par votre site la mort de mon professeur Claude LIAUZU ; je suis l'un de ses étudiants tunisiens de l'université de Tunis vers les années 70 du dernier siècle ; il était coopérant ; il nous a donné le meilleur de lui-même : pédagogie exemplaire, cours parfaitement structuré et problématique, langue facile, rapports profondéments humains ; il a donné sa thèse d'Etat à l'histoire coloniae de La Tunisie ; il a aimé le pays et ses habitants ; certaines rues de Tunis, certains cafés de la capitale ne lui sont pas étrangers ; il avait une grande familiarité avec cet espace tunisien ; il se situe dans la lignée de ses collègues français comme André NOUSCHI, André RAYMOND, Robert MANTRAN, et les autres aussi ; il a forgé, malgré vents et marées, sa vie d'historien et de militant ; il a grandi dans les difficultés, non seulement personnelles, mais celles des peuples et des pays qu'il a connus et dont il voulait écrire une histoire décolonisée ; il l'a fait avec dignité, conviction et le devoir d'un historien qui n'est pas comme les autres. Sa mort ne peut en aucun cas nous faire oublier Claude LIAUZU, l'Hhmme, l'Historien et le Militant de toutes les grandes causes.
Ahmed JDEY
Historien, Universitaire, Université de Tunis, Tunisie
Hommage à Claude Liauzu
Ancien étudiant de Claude à Paris 7 dans les années 1990, il fut l'un de mes deux directeurs de thèse, puis quelqu'un avec qui j'ai beaucoup travaillé, comme beaucoup ici sans doute, sur les questions de conscience nationale ou sur la guerre et la mémoire. Claude fut pour moi une figure encourageante, une présence nécessaire. C'était une homme chaleureux et un grand historien. Il me manque terriblement.
Arnaud Nanta, historien du Japon, CNRS
Regrets
J'apprends à New York la mort de notre collègue Claude Liauzu qui fut non seulement historien de la colonisation mais le témoin vigilant des dangereux dérapages racistes, anti-islamiques et populistes de celui qui est aujourd'hui président de la République. Il nous manquera. Je veux dire à sa famille toute ma sympathie.
Il savait rassembler
Ce que j'aimais beaucoup, et dont j'ai bénéficié, une belle qualité rare, qui va nous manquer : il savait rassembler sur des projets inventifs des gens qu'il rencontrait ici ou là, des spécialistes reconnus mais pas seulement : aussi des gens sans importance, que personne n'aurait remarqués, et qui lui paraissaient avoir un petit quelque chose qui valait la peine.
Il avait toujours une idée de livre collectif, de colloque, entre deux pétitions et trois réunions. Il agrégeait des personnalités et des genres hétérogènes, des vieux militants de l'époque des vrais combats anticolonialistes, et des étudiants de licence, des mandarins et des associatifs, des érudits et des pétitionnaires. Il n'avait pas peur de l'hétérogénéïté et au contraire, y puisait le sens de l'action. Tout le monde s'en trouvait bien. Pour moi, il aura été l'ami des années difficiles, dont la générosité m'a aidée à tenir.
parti trop tôt
Etudiante de Claude Liauzu dans les années 74-75,à l'université de Tunis, je tiens à exprimer ma peine profonde pour la perte de cet enseignant qui fut pour beaucoup d'entre nous un guide dans nos premiers pas de recherche. Son engagement pour les causes qu'il croyait justes n'avait pas de limites. On s'en souviendra.
un immense regret de ne pas l'avoir connu
C'est un peu paradoxal puisque nous ne nous sommes jamais rencontrés mais la mort de Claude Liauzu m'a beaucoup touchée. Il devait venir à Verdun au Centre mondial de la Paix, en compagnie de Daniel Lefeuvre, pour parler de l'histoire de la colonisation avec des lycéens. Nous nous sommes simplement parlé au téléphone pour préparer cette rencontre, qui n'a pas pu avoir lieu, je comprends maintenant hélas pourquoi. Lors de cette échange, sa chaleur humaine, sa générosité, son ouverture d'esprit et vers les jeunes m'avaient beaucoup impressionnée.
J'aurais vraiment aimé le connaître.
Je le remercie de m'avoir écouté et aidé à préparer ce débat.Je tiens à exprimer à sa famille toutes mes condoléances.
Je suis triste
J'ai bien connu Claude et Josette quand nous étions étudiants à Aix. Quand leur premier enfant est né, je lui ai "refilé" la poussette du mien ....(nous étions tous un peu fauchés). Claude m'a souvent vendu Clarté, je me suis inscrite grâce à lui au Mouvement de la Paix, mais il a su ne pas insister pour me faire adhérer au P.C... Je les ai ensuite complétement perdus de vue, mais j'ai suivi "de loin" les actions menées par Claude. En voyant sa photo, je retrouve la "passion" qui animait alors ce garçon, et j'ai du mal à l'imaginer autrement que courant pour défendre ses idées. À Josette, à son fils ainé qui a l'âge du mien, et à ses autres enfants j'adresse l'assurance de toute ma sympathie .
Danielle Bertrand, agrégée d'histoire .
l'historien Claude Liauzu (1940-2007)
- diffusion d'une émission de Claude Liauzu sur RFI : 27 mai 2007 (deux fichiers à télécharger)
Paix à son âme.