Sultans (souverains) du Maroc de 1631 à 1999
Sultans (souverains) du Maroc
dynastie alaouite
Succédant aux Saadiens (1524-1659), les Alouites, venus d'Arabie en 1266, étaient installés dans la région du Tafilalet. Ils portaient le titre de chorfas, c'est-à-dire de descendants de Muhammad (Mahomet) par Alî et Fatima (la fille du Prophète).
- "Les dynasties mérinide et saadienne qui gouvernèrent le Maroc montèrent au zénith, atteignirent leur apogée et déclinèrent. Leur trajectoire fut brillante, mais éphémère. Lorsque le dernier souverain saadien mourut en 1659, il laissait le Maroc dans une situation navrante. Si l'unité territoriale était disloquée, le pouvoir central ne l'était pas moins. Les limites du Maghzen n'avaient cessé de se rétrécir. Dans le Moyen Atlas, la famille Dilaî occupait Fès et tout le nord du pays. dans le Souss, la famille Filali avait érigé en capitale sa forteresse d'Iligh. Dans le nord-ouest du Maroc, des chefs militaires s'étaient arrogé des prérogatives exorbitantes, sous prétexte de lutter contre les Portugais et les Espagnols qui occupaient les côtes de l'Atlantique et de la Méditerranée. Les derniers souverains saadiens ne conservaient plus que Marrakech. Encore n'y exerçaient-ils que l'ombre du pouvoir...
Vers qui se tourner pour sauver le pays ? Des esprits éclairés estimèrent que seuls les Alaouites étaient en mesure de le faire. Ne descendaient-ils pas directement du Prophète ? N'étaient-ils pas investis d'une baraka qui avait déjà fait ses preuves ? Une délégation d'ulémas se rendit à Sigilmassa auprès de leur chef, Moulay Ali Cherif, qu'auréolait une atmosphère de sainteté. Ils le conjurèrent de prendre la situation en main.
L'heure historique des Alaouites avait sonné. Les dynasties précédentes s'étaient hissées au pouvoir par la force des armes et de leurs allégeances tribales. Eux étaient conviés à monter sur le trône en raison de leur ascendant religieux."
Histoire des Alaouites [1970], Perrin, 1994, réimpr. 2001, p. 65-66
Jacques Benoist-Méchin (1901-1983)
- Moulay Cherif ben Ali : 1631-1640
- Moulay Mohammed ben Cherif : 1640-1664
- Moulay Er Rachid : 1664-1671
- Moulay Ismaïl : 1671-1727
- "Alors apparut sur la scène marocaine une des personnalités les plus fascinantes de son histoire, le Roi-Soleil d'un pays où le soleil brille d'un éclat particulier. On a souvent comparé Moulay Ismaïl à Louis XIV en raison de son goût du faste, de sa fureur de construire, de la longueur de son règne et des relations diplomatiques qu'il entretint avec la cour de Versailles. Mais serait-il plus juste de le comparer à Shah Jahan ou à Soliman le Magnifique, car la violence de son tempérament et ses réactions imprévisibles le rapprochaient davantage de ces grands conquérants que du fils de Louis XIII et d'Anne d'Autriche.
Dans l'histoire du Maroc, Moulay Ismaïl représente un sommet. À travers lui, toute l'énergie accumulée pendant des siècles dans les steppes du Tafilalet, explose comme un ouragan. S'il consacra vingt-six ans de son règne à réprimer les révoltes toujours récurrentes des Sanhaja, des Dilaï et des Aït-Atta - opérations au cours desquelles son armée, rentrant un jour de Marrakech, fut surprise et dispersée par une tempête de neige au col de Telouet (1679) -, cette activité guerrière lui permit de mener une foule d'autres tâches : création d'un vaste réseau routier, acquisition d'une flotte, renforcement de l'administration et réoganisation de l'armée. Ses déplacements étaient si rapides qu'il semblait posséder le don d'ubiquité. Étonnée de voir un seul homme paraître presque simultanément en tant d'endroits différents, la rumeur publique assura qu'il s'était rendu possesseur de l'anneau magique de Salomon et qu'il lui suffisait d'en tourner le chaton vers l'intérieur de sa main pour que les djinns accourussent de toutes parts pour se mettre à son service.
Bâtir était une de ses passions dominantes. On a calculé que, durant son règne, il a déplacé une masse de terre représentant huit fois le volume de la grande pyramide. De cette frénésie de constructions il nous reste le palais de Meknès, dont Moulay Ismaïl avait fait sa résidence.
C'est un ensemble cyclopéen d'une superficie de 475 000 mètres carrés, entouré de 42 kilomètres de remparts flanqués de bastions, à l'intérieur desquels se trouvent des bâtiments d'habitation, des jardins, des réservoirs d'eau, des greniers à blé et des écuries assez vastes pour contenir dix mille chevaux et soixante-dix mille cavaliers. Quant au palais lui-même, l'impression qui s'en dégage est celle d'une volonté de puissance proprement illimitée."
Histoire des Alaouites [1970], Perrin, 1994, réimpr. 2001, p. 70-71
Jacques Benoist-Méchin (1901-1983)
- Moulay Ahmed Ed Dehbi : 1727-1728
- Moulay Abdelmalek : 1728-1729
- Moulay Abdallah : 1729-1757
- Sidi Mohammed : 1757-1790
- Moulay Yezid : 1790-1792
- Moulay Slimane : 1792-1822
mène une politique religieuse anti-confrérique après son adhésion au wahabisme
- Moulay Abderrahmane : 1822-1859
Delacroix
- Sidi Mohammed : 1859-1873
- Moulay Hassan (Hassan 1er) : 1873-1894 m. lors expédition contre rebelles
les trois sultans qui lui succèdent sont ses fils :
- Moulay Abdellaziz : 1894-1907 monte sur le trône à 14 ans
- Moulay Hafid (frère du précédent) : 1907/1908 -1912
confirmé par oulémas à Fez, le 3 janvier 1908
c'est Moulay Hafid qui signe le traité de protectorat, le 30 mars 1912
à gauche Si Kaddour ben Ghabrit
- Moulay Youssef : 1912-1927
sultan depuis le 12 août 1912 (proclamé le 17 août à Fez)
mort le 17 novembre 1927
c'est lui qui inaugure la Mosquée de Paris en juillet 1926
à gauche, à Paris en juillet 1926 ; à droite, en compagnie de Lyautey (derrière ce dernier, Si Kaddour ben Ghabrit)
- Sidi Mohammed Ben Youssef : 1927-1953/1961
déposé le 20 août 1953
retour le 16 novembre 1956
Roi sous le nom de Mohammed V le 15 août 1957
meurt le 26 février 1961
- Hassan II : 1961-1999
- Mohammed VI : 1999