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études-coloniales
4 mars 2007

Le passé colonial : enjeux de la vulgarisation (débat le 4 avril 2007)

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Le passé colonial :

enjeux de la vulgarisation

un débat le 4 avril 2007

 

Débat : pourquoi le Dictionnaire de la colonisation française, Claude Liauzu dir. Conseil scientifique Hélène d’Almeida Topor, Pierre Brocheux, Myriam Cottias, Jean-Marc Regnault, Larousse, 2007

 

Amphithéâtre de l’EHESS - 105 boulevard Raspail
4 avril : 9-12h et 13-15 heures

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source : Caom, base Ulysse

 

 

9-12 heures, présidence de Pierre Brocheux : Les enjeux de la vulgarisation scientifique
- Hélène d’Almeida Topor : La Société française d’histoire d’Outre-Mer (SFHOM) et son rôle
- Sophie Ernst et Valérie Morin : L'enseignement en questions
- Myriam Cottias : L'esclavage, débats scientifiques et enjeux publics
- Claude Liauzu : Présentation du dictionnaire
- Débat

13-15 heures,  présidence de Hélène d’Almeida Topor : «Histoire ou entrepreneurs de mémoires ?»
- Sylvie Thénault : La loi du 23 février
- Bouda Etemad  : «Crimes et réparations. L’Occident face à son passé», Complexe
- Jean-François Klein : Sur les mots de la colonisation
- Conclusion - Débat

 

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Recensement d'un village Mossi dans le canton de Lallé, Koudougou
(Haute-Volta), 1945-1961 (?) source : base Ulysse

 

 

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3 mars 2007

"Les collines de l'espoir" (Dély-Ibrahim, 1830-1962), roman d'Arlette Schneider

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Les collines de l'espoir,

un roman d'Arlette SCHNEIDER sur la commune

de Dély-Ibrahim (Algérie)

 

 

présentation de l'éditeur
Arlette Schneider, professeur de Lettres à Bordeaux, publie un remarquable ouvrage A_Schneiderdocumentaire, historique et anecdotique, portant sur l’un des plus grands moments de la colonisation française en Algérie, en 1830. Il s’agit de la prise d’Alger par la France, de la construction par le génie civil, du premier village français et la vie bucolique à Dély-Ibrahim jusqu’en 1962.

À travers Les collines de l’espoir, le lecteur, avec beaucoup de plaisir, se  trouve au cœur de l’action en 1830 puis en 1962. Le voyage mouvementé, passionnant et émouvant le conduit à travers le temps et l’espace.
La première partie, d’une façon documentée, traite la conquête française sous la France de Charles X et de Louis-Philippe ainsi que la situation socio-économique au sein de l’empire Ottoman en 1830.
Après avoir retracé l’occupation du sol en Algérie depuis les Phéniciens, en passant par les frères Barberousse, avec des qualités d’historienne, l’écrivaine explique en un style clair et concis comment  le projet  d’expédition française a mûri depuis le règne de Louis XIV  et sous Napoléon.
Au départ, les causes de la conquête française se veulent humanitaires. Mais, Arlette Schneider nous remémore le fait historique déclencheur de la prise d’Alger avec  le récit du coup d’éventail, ainsi que la prise du célèbre trésor d’Alger, un détournement d’argent et d’or qui rejoint le roman de fiction ou les histoires burlesques de Tintin.

La deuxième partie de l’ouvrage, autobiographique et anecdotique, aborde les origines du village et sa vie jusqu’en 1962. Les premiers pionniers arrivent de France, d’Allemagne, de Suisse et des îles Baléares. Plusieurs pages sont consacrés à l’exode de tous ces émigrés qui, par centaines, fuient la pauvreté, la maladie, le chômage et les insurrections. Au moyen de diligences et d’embarcations peu sûres, ils bravent les tempêtes avant de poser le pied sur «les collines de l’espoir».

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carte postale ancienne

Le côté artistique de l’écrivaine a mis en valeur des cartes postales, des photos, des reproductions de peintures, des poésies qui brodent admirablement les lieux de cette mémoire française. Le lecteur est chaleureusement invité à la magnifique promenade ensoleillée à travers laquelle il traverse les rues du village, Dély-Ibrahim. Ce sont des odeurs exotiques et des bouquets de couleurs. Il rencontre des femmes et des hommes, Européens et Musulmans dans un décor de paysages fabuleux, au pays des jardins, des cigognes, des vaches et des chevaux. Il partage la vie communautaire des villageois. Il vit intensément l’instant.
À la fin de l’ouvrage, le lecteur a le plaisir de poursuivre sa lecture par des documents authentiques des Archives Nationales que l’écrivaine a recueillis.

les grandes figures de l'histoire
À travers les 224 pages de récit illustré, le lecteur côtoie les grandes figures de l’histoire : le Consul français, Deval , le dey Hussein, le comte de Bourmont, le Général Berthezène, le Général Clauzel, Yves Boutin le Colonel du Génie qui fut envoyé en éclaireur et détective privé afin d’étudier le lieu précis du débarquement, le duc des Cars, le général Lamoricière et ses zouaves pontificaux, le maréchal Bugeaud dont l’œuvre fut considérable tant au point de vue de la colonisation civile que militaire et religieuse et enfin Abd-el-Kader qui poursuivit la guerre à la France.

«Avec simplicité et en employant toujours le mot juste», par les moyens de sa plume lyrique et des souvenirs colorés, Arlette Schneider a su admirablement recréé l’ambiance qui existait dans son village au cours des années soixante.

Arlette_Schneider_1958
Arlette Schneider
1958

A_SchneiderArlette Schneider a participé au forum du livre sur l’Algérie à Toulouse ainsi qu’à plusieurs salons littéraires. Née à Alger et avant de rejoindre la France en 1962, elle a vécu quinze ans dans le premier village français créé en Algérie, Dély-Ibrahim.
Reliant le pinceau à la plume, Arlette Schneider est membre d’Associations artistiques, poétiques et littéraires en Aquitaine. Elle rédige également des articles de journaux dans la revue universitaire : L’observatoire. Ses poèmes et nouvelles paraissent dans deux revues culturelles. Primée à plusieurs concours littéraires ; les membres du jury de «Arts et lettres de France», lui ont décerné un diplôme, au Concours International littéraire 2006,  dans la section Nouvelles avec «Une page de Mélanie», texte qui figure dans son ouvrage.

 

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- voir aussi : "Bonjour cher Dély-Ibrahimois", Arlette Schneider, édité le 8 avril 2008

- présentation du livre d'Arlette Schneider

 

- Arlette Schneider et son livre, sur mitidjaweb (avec récit de l'auteure et bon de commande)

- sur Dély-Ibrahim : le site de Francis Rambert (nombreuses photos anciennes)

- la photo de classe de 5e, en 1958, au lycée Ben Aknon, avec M. Amouss, professeur de Lettres

- éditions Hugues de Chivré

 

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une image de Dély-Ibrahim au temps de l'Algérie coloniale



 

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2 mars 2007

L'Indochine, ni gloire ni honte (Antoine Audouard)

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L'Indochine, ni gloire ni honte,

Antoine AUDOUARD

 

Le 23 novembre 1946 est couramment indiqué comme date de déclenchement de la guerre d'Indochine. Cet anniversaire n'est pas en France l'occasion d'une large commémoration - pas plus que ne l'avait été, il y a 352___Image_largedeux ans et demi, l'anniversaire de la chute de Dien Bien Phu (7 mai 1954). Ce refus du masochisme peut se comprendre.

Un retour sur nous-mêmes et ce qui se joua entre ces deux dates serait pourtant utile. Dans notre perpétuel débat intérieur sur fierté (le rôle positif de la colonisation) et repentance (pratique de la torture, exactions, etc.), il peut nous donner l'occasion d'une méditation sur la nation, d'un examen de conscience qui ne débouche ni sur les hymnes revanchards, ni sur les hypocrites actes de contrition.

Comme le suggère François Bizot à propos du génocide cambodgien dont il fut témoin, il nous faudrait pouvoir, face aux événements personnels et nationaux qui nous stupéfient, nous arracher plus vite aux émotions pour répondre à la seule question qui compte : comment cela a-t-il été possible ? Et répondre suppose une distance, une forme de neutralité - ou en tout cas de tranquillité intérieure - qui nous font souvent défaut.

L'examen des conditions dans lesquelles la France tenta de rétablir ses droits dans ce qu'avant la guerre onGHLeclerc3Shat appelait sans complexe son empire, et qui fut cosmétiquement rebaptisé l'Union française, a des allures de commentaire d'actualité. Au risque de choquer, il faut donc rappeler que ce mouvement fut une expression de ce que la France avait alors de meilleur : les de Gaulle et Leclerc, ceux qui avaient gardé l'honneur dans une période où la marchandise se faisait rare. C'est la 2e DB, libératrice de Paris, qui embarqua pour Saïgon, avec pour instruction de libérer le delta du Mékong de l'occupation japonaise comme Paris et Strasbourg l'avaient été de l'occupation allemande. En mars 1946, des accords de paix furent signés avec Ho Chi Minh reconnaissant l'unité du Vietnam et son avenir comme "Etat libre".

On peut aujourd'hui questionner ce sens de la grandeur nationale qui obséda de Gaulle, lui reprocher d'avoir fait la sourde oreille aux rapports de ses proches sur la situation locale où le mouvement d'indépendance nationale s'était forgé dans la guerre et ne s'arrêterait plus ; il est enfin difficile de ne pas juger son commencement à la lumière de sa fin, la lumière grise de Dien Bien Phu, ses montagnes de cadavres, ses files de prisonniers.

Pourtant, on ne peut lui dénier sa part d'idéalisme, de désintéressement, de foi presque mystique, à vocation universelle, dans un passé et un futur. Pour la dernière fois dans notre longue histoire s'exprimait sans réserve la part guerrière et rêveuse d'une nation chez qui l'esprit de conquête avait pris diverses formes au cours de son histoire.

Au lendemain précisément de la libération de la barbarie nazie, des Français utilisèrent, au nom de ces valeurs, des moyens qui nous font toujours mal, à soixante ans de distance. Ce furent les massacres de Sétif, en Algérie ; ce fut la répression de l'insurrection de Madagascar, ce fut enfin, en ce fameux 23 novembre 1946, ce qu'il fut convenu d'appeler "l'incident de Haiphong".

Untitled_1LAu départ, dans une situation politique confuse, une ambiance d'insurrection rampante, l'arraisonnement d'une jonque chinoise donne lieu à un échange de coups de feu. Puis, à certains niveaux du commandement militaire et politique français, on juge bon de "donner une bonne leçon" aux Vietnamiens. Le bombardement de la ville de Haiphong commence. L'estimation de son bilan a notablement varié au fil du temps : au plus fort de la protestation anticoloniale, on parla de 20 000 morts, puis les chiffres semblèrent se stabiliser entre 6 000 et 10 000.

Des années plus tard, le maire de Haiphong de l'époque confia à l'historien américain Stanley Karnow que son estimation personnelle se situait aux alentours de 500, "tout au plus". On irait presque jusqu'à dire "peu importe".

Toujours est-il qu'en quelques jours, l'émotion nationale était à son comble : le malheureux Léon Blum, 5262_7revenu aux affaires pour un intérim dont il ne voulait pas, et qui avait signé quelques jours plus tôt dans le journal socialiste Le Populaire un éditorial appelant à l'indépendance vietnamienne, se trouva être celui qui, à l'unanimité, fit voter par la Chambre les crédits militaires pour l'Indochine. L'historien norvégien Stein Tonnesson rapporte que quelques jours plus tard, quand déjà en effet la guerre faisait rage à Hanoï, le vieux socialiste en versa des larmes devant l'arbre de Noël du Populaire. Bien sûr, Léon Blum ne pouvait imaginer la boue de Dien Bien Phu ou la bataille d'Alger ; mais il ne lui échappait pas, sans doute, que ce commencement tragique ne pouvait engendrer une fin heureuse.

Ces larmes me reviennent toujours en mémoire devant la pauvreté des débats dans lesquels nous nous enlisons quand nous revenons sur cette période : on nous donne le choix entre nous glorifier de notre oeuvre civilisatrice - comme si nous étions encore dans les années 1930, en train de préparer l'Exposition universelle - ou poser des plaques pour ressasser notre honte - comme si nous devions perpétuellement nous excuser du tragique même de l'histoire en général, et de la guerre en particulier.

Engagé dans un travail de recherche, j'ai rencontré des crimes affreux et des sacrifices émouvants, des moments d'horreur et d'autres de pure beauté ; j'ai parlé à des Français passionnément amoureux du Vietnam, et à des Vietnamiens qui rêvent et espèrent en français. J'ai senti peu à peu pénétrer en moi un héritage dont la complexité et les ambivalences sont la richesse même. Mais tout se passe comme si dans la tendance générale à rectifier les torts par la voie du droit, notre passé aussi passait à la moulinette.

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...des moments d'horreur et d'autres de pure beauté...

Pascal Bruckner conteste la "tyrannie de la pénitence" qui fige dans une forme de statut de la victime ceux dont les ancêtres ont subi des torts, ou des crimes ; mais on pourrait ajouter que, par un parallélisme douteux, nous nous enfermons dans un "statut du coupable" - de collabos virtuels, nous voici peu à peu par héritage transformés en tortionnaires et bientôt en nazis. L'examen honnête et exigeant du passé peut être douloureux : il ne doit pas se transformer en procès de Nuremberg permanent. Or un zèle vigilant s'exerce à faux, qui sans cesse reclasse des coupables et des victimes - camp enviable duquel, sans doute, nous nourrissons l'illusion qu'une purification rétrospective peut nous faire pardonner.

Avec cynisme, l'excellent démocrate qu'est le président Abdelaziz Bouteflika l'a bien compris, qui nous force au silence sur ses crimes présents au nom de nos crimes passés ; les Vietnamiens n'agissent pas autrement, signant avec leurs ennemis d'hier des pactes économiques ou financiers qui enterrent non seulement un regard sur des millions de victimes de ce qui fut aussi une guerre civile, mais aussi les droits politiques fondamentaux de leurs citoyens d'aujourd'hui.

Ce qui est ici mentionné ne devrait pas déboucher sur le silence, mais sur la terreur et l'admiration mêlées face à ce que nous sommes capables de faire, en tant qu'hommes et en tant que nations. C'est au prix de cette redoutable intimité avec nous-mêmes que la volonté de comprendre et l'éventuelle capacité à agir l'emporteront sur l'inutile désir de juger.

Antoine Audouard, écrivain
Le Monde, 28 novembre 2006

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- extraits de : Un pont d'oiseaux

- commander : Un pont d'oiseaux d'Antoine Audouard (Gallimard, 2006)





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- compte rendu de lecture, par Alexandre Fillon, Lire.fr

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1 mars 2007

"La naissance du monde moderne (1780-1914)" de C.A. Bayly (Olivier Pétré-Grenouilleau, Éric Hobsbawm)

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La mondialisation, une vieille histoire

En adoptant une approche planétaire, l'universitaire britannique

Christopher Alan Bayly a mis au jour des interdépendances anciennes

Olivier PÉTRÉ-GRENOUILLEAU

 

Christopher_Alan_BaylyDepuis quand le monde est-il monde? A l'heure où l'on se soucie à juste titre des vertus civiques d'un récit national à réinventer, la traduction de l'œuvre magistrale de Christopher Alan Bayly [photo ci-contre], professeur d'histoire à Cambridge et spécialiste de la colonisation, vient nous rappeler qu'il existe d'autres impératifs, notamment d'œuvrer à une vision plus planétaire du déroulement historique. De comprendre ce dernier non pas comme la résultante d'une série de grandeurs et de décadences, d'alternances entre des positions dominantes et dominées, mais comme un ensemble au sein duquel chacun a pu interagir.

Il ne s'agit donc pas de compenser les méfaits d'une vision de l'Histoire faisant encore trop souvent la part belle à l'Occident, et donc de s'intéresser aux civilisations méconnues ou méprisées dans un seul souci d'équité. Cette tentation a pu être manifeste il y a quelques décennies, lorsque l'histoire globale commençait à naître, de l'autre côté de l'Atlantique. Mais rien n'indique qu'elle ne conduise pas, à son tour, à d'autres excès, inverses de ceux auxquels elle était censée répondre. Il ne faut pas «réorienter l'histoire du monde», écrit Bayly, mais la «décentraliser». Son objectif, ce faisant, est de comprendre comment est né notre monde «mondialisé».

Érudit, à la manière de ces savants anglo-saxons sachant conter et faire réfléchir tout à la fois, il nous propose ici une véritable somme toujours agréable à lire. Ses idées-forces renvoient à la construction d'un monde de plus en plus interdépendant, évoluant à la fois vers plus d'uniformisation et plus de différenciation. Un monde que l'Occident a cru pouvoir un moment dominer mais qui lui échappa de fait dès le début, et qui fut tout autant influencé par lui qu'il ne contribua à le façonner.

Bayly souligne de nombreux synchronismes : liens entre périodes de stabilité relative et de crises en divers endroits du monde, interdépendances entre événements lointains, ou bien encore montée en puissance de changements de même nature à différents endroits bien qu'à des moments distincts. Il s'agit non pas, selon l'auteur, de simples analogies, mais de «liens de causes à effets». Il en va ainsi de la «révolution industrieuse», dont il repère des traces depuis le sud de la Chine jusqu'au Massachusetts, de l'essor d'une nouvelle gouvernance, des progrès de la rationalisation et du retour simultané de la foi. Avec des passages décapants, comme la mise en évidence de signes annonciateurs de l' «ère des révolutions» se faisant jour dans l'Inde des Moghols et dans l'Iran des Séfévides, avant de se manifester en France ou dans les treize colonies. Un livre indispensable pour toute réflexion sur la mondialisation et la modernité.

Olivier Pétré-Grenouilleau
L'Express, 20 juillet 2006

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- sur ce site : article de Claude Liauzu, présentation du livre de Cristopher Alan Bayly et compte rendus divers

- parution en édition de poche, janvier 2007

 

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Bayly ne s'embarrasse pas

avec les errements de l'histoire

"postcoloniale"

Éric HOBSBAWM

 

6873142_pLa préface que l'historien Éric Hobsbawm accorde à La naissance du monde moderne (1780-1914), publiée par Christopher Alan Bayly en 2004 et traduit l'année dernière en langue française, qualifie cet ouvrage de "première histoire" du monde moderne qui soit "véritablement mondiale dans son dessein".

Éric Hobsbawm pointe les nouveautés de cet "ensemble magistral" dont celle qui consiste à concevoir, au temps de la domination occidentale, la conquête par une puissance étrangère non comme une imposition mais comme une interaction. Et donc à invalider une histoire "postcoloniale" qui postule la pérennité de ce rapport sous la forme mécanique qu'aurait été une intervention totalement exogène.

Christopher A. Bayly écrit qu'entre 1780 et 1914, les Européens ont "spolié les peuples indigènes de vastes étendues de territoires, notamment en Afrique du Nord et du Sud, en Amérique du Nord, en Asie centrale, en Sibérie et en Océanie. (...) Cette domination physique s'accompagnait de différents degrés de soumission idéologique. Les manières de concevoir la société, les institutions et les façons de procéder qui s'étaient aiguisées dans les combats et les oppositions féroces entre nations européennes devinrent autant de moyens de contrôler les peuples non européens en leur indiquant la voie à suivre. Toutefois, ces peuples n'absorbèrent pas de manière passive les bienfaits occidentaux, et ils ne se comportèrent pas davantage en victimes résignées de l'Occident. La manière dont ils assimilèrent, puis remodelèrent les idées et les techniques de l'Occident pour les adapter à leur propre situation, contribua à fixer des limites à la nature et à l'étendue de la domination que leur faisaient subir ceux qui détenaient le pouvoir en Europe." (p. 18).

C'est la pensée des exclusions réciproques, telle que certains partisans des postcolonial studies bataillent à l'imposer, qui se trouve infirmée. Dire, comme Pascal Blanchard, Nicolas Bancel et Sandrine Lemaire, que "les effets de la colonisation n'ont pas été abolis en 1962" et que ces "effets se font toujours sentir aujourd'hui" (La fracture coloniale, 2005, p. 14) est, ou bien un truisme historien sans valeur du genre "pour comprendre la France d'aujourd'hui, il faut tenir compte des héritages coloniaux"..., ou bien une généalogie ne faisant que rééditer la vision binaire dénoncée par Christopher Bayly. La "fracture coloniale" persiste à réfléchir en termes d'imposition/rejet alors que Bayly appelle à penser en termes d'interaction.

Michel Renard

 

- (...) La seconde thèse découle de la spécialisation personnelle de Bayly dans l'histoire de l'Inde. Il présente l'Inde du XVIIIe siècle non pas de la manière traditionnelle comme une société immuable au sein d'un empire moghol en déclin, prête à se laisser conquérir par une puissance étrangère, mais comme un sous-continent caractérisé par des innovations commerciales dynamiques, au sein duquel les intérêts commerciaux et urbains s'efforçaient de se forger des moyens propres pour faire face à l'instabilité politique de la région. Les Britanniques arrivèrent politiquement au pouvoir non pas en tant que conquérants venus d'outre-mer, mais plutôt au début comme partie intégrante de la tentative imaginée par certains Indiens de modifier le rapport des forces au niveau du sous-continent.

Même après avoir été acceptée, la domination britannique dut continuer jusqu'à la fin de s'appuyer sur une combinaison de forces et de relais locaux, faisant que les Indiens acceptaient le raj (dénomination de la période de domination britannique du sous-continent indien) au nom de leurs intérêts propres. Plus généralement, la naissance du monde moderne ne fut pas quelque chose simplement imposé de l'extérieur par l'Occident, mais un processus complexe fait d'évolutions interagissant les unes avec les autres et émanant des deux côtés bien qu'à l'évidence dominé par la force des puissances impériales et par l'hégémonie du modèle occidental ; ce processus était également la seule manière de rendre les pays concernés suffisamment forts pour résister à la domination occidentale, avant finalement de s'en affranchir. Les peuples non européens s'approprièrent en les adaptant les outils politiques et idéologiques apportés par l'Occident. Bayly ne s'embarrasse pas avec les errements de l'histoire "postcoloniale".

Éric Hobsbawm, décembre 2006
préface à La naissance du monde moderne (1780-1914),
les Éditions de l'Atelier, 2007, p. 13-14.

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1 mars 2007

les administrations coloniales - journée d'études, 30 mars 2007

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«Les administrations coloniales»

journée d'études du 30 mars 2007

État de l'historiograhie. Structures et faits

 

 

Institut d’histoire du temps présent
59/61 rue Pouchet
75849 Paris cedex 17

PROGRAMME

9h30 : Accueil

Président : Jean-François Sirinelli, directeur du Centre d’histoire de Sciences Po

9h45 : Introduction, Samya El Mechat, professeure à l’université de Nice
- Présentation du projet. Le point sur l’historiographie. 


10h : 1ère séance -  Institutions et espaces

 

Caroline Treiber,  doctorante à l’université de Nice
- Le contrôle urbain au Maroc de 1947 à 1955.

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Michèle Sellès-Lefranc, doctorante à l’EHESS
- Réforme communale et institutions locales en Kabylie pendant la période coloniale (1945 – 1961)  : les ambiguïtés des outils méthodologiques d’une politique administrative. 

Anne-Claire Bonneville, maître de conférences à Saint-Cyr, Bey_de_Tunis_entour__de_sa_suite
- L’administration impériale britannique dans la Vallée du Nil.

Samya El Mechat, professeure à l’université de Nice
- Le secrétariat général en Tunisie (1883-1956).

Discutante : Emmanuelle Sibeud, maître de conférences à l’université Paris VIII

12h30 : Déjeuner

 

 

14h30 :   2ème séance - Administrateurs et pratiques

Président : Pierre Boilley, directeur du  MALD-CNRS/université Paris  I

Valérie Pouzol, chargée de cours à l'université de Versailles/Saint-Quentin-en-Yvelines
- «Hygiène, moralité et maternité» : l’encadrement des femmes arabes palestiniennes par l’administration mandataire britannique (1920-1948).grande_tenue_de_gouverneur_des_colonies

Anne Dulphy, maître de conférences à l’École polytechnique
- L’administration en Algérie face à l’accueil et l’internement des réfugiés espagnols : acteurs concernés, politiques suivies et perceptions spécifiques des internés (1939-1945).

Tahar Ouachi, Fondation Mohammed Boudiaf. Département mémoire et archives
- Les auxiliaires de l’administration coloniale.

Nathalie Rezzi, docteur en histoire de l’université de Provence
- Les gouverneurs dans les colonies françaises (1880-1914) : un modèle de fonctionnaires coloniaux ?lucien_fourneau_gouverneur_

Daho Djerbal, université d’Alger, directeur de la revue Nadq
- La question de l’intérêt général ou les déconvenues de l’administrateur civil colonial face à la versatilité des élus locaux (1930-1945).

Discutante : Françoise de Barros,  maître de conférence à Paris VIII, rattachée au CSU

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Lucien Fourneau,
gouverneur des colonies
(Cameroun)

Le_site_CNRS_Pouchet

 

Contact : Anne-Marie Pathé
Mél
: anne-marie.pathe@ihtp.cnrs.fr
Tél
: 01 40 25 12                                                                                                                          site CNRS, rue Pouchet

rens. : colloque mai 2008

 

 

 

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