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études-coloniales
3 avril 2006

La question postcoloniale (Yves Lacoste) - n° 120 de la revue Hérodote

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la question postcoloniale en France :

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la société française dénoncée comme une société coloniale

 

La question postcoloniale

Yves LACOSTE

extraits de la présentation du n° 120 de la revue Hérodote



Dans les pays qui ont été colonisés, surtout ceux dont l'indépendance nationale est relativement récente, et où les manifestations du sentiment national sont une des composantes majeures de la vie politique, le rappel de la lutte commune contre le colonialisme est presque un rituel, mais il est convenu. En revanche, dans les pays d'Europe occidentale, où l'idée de nation ne s'exprime plus guère de façon majoritaire, la presse, de plus en plus souvent, donne un écho généralement favorable à de nombreux discours et ouvrages qui dénoncent - pour reprendre une formule consacrée - les crimes qu'a commis durant des siècles la colonisation, y compris dans ses dernières années. Celle-ci est souvent assimilée à l'esclavage, et même, de plus en plus souvent, à des entreprises de génocide plus ou moins délibérées.
Or, loin d'en appeler à une attitude générale de repentance envers des peuples qui en ont été les victimes, cette mise en accusation du colonialisme s'inscrit surtout dans le champ politique interne, notamment en France. Sont ainsi dénoncées, rétrospectivement la droite et l'extrême-droite, accusées des guerres coloniales, et même la gauche classique, à laquelle sont reprochées la politique colonisatrice de la IIIe République et même son implication décisive dans la guerre d'Algérie. (...)

De nos jours, un nouveau mouvement anticolonialiste (un néo-anticolonialisme ?) soutient, certes au plan international, des mouvements d'indépendance comme celui des Tchétchènes ou des Palestiniens (en dénonçant parfois l'imminence ou même la perpétuation d'un génocide), mais ses enjeux essentiels sont, à mon avis, de politique intérieure. Pour en mesurer l'importance, il faut vraiment prendre acte que les relations entre les pays d'Europe occidentale et ceux d'Asie ou d'Afrique ont subi de très grands changements, au plan non seulement politique, mais aussi démographique. Il ne s'agit plus de colonisation, mais de postcolonial. (...)

Poser la question postcoloniale consiste à examiner les interactions principalement culturelles qui existent aujourd'hui entre deux nations ayant été autrefois situées dans un rapport géopolitique de type colonial - à savoir une autorité politique étrangère exercée durablement sur un peuple, par droit de conquête (et avec la complicité de notables locaux), la population autochtone étant soumise à des formes d'organisation conçues et commandées par des cadres porteurs d'une autre culture nationale et venus d'un pays plus ou moins lointain. (...)

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Alors que cette relation géopolitique de type colonial fut en quelque sorte culturellement à sens unique, la relation postcoloniale est dans une certaine mesure beaucoup plus réciproque. En effet, si une partie plus ou moins significative de la population colonisée entendait et apprenait la langue du colonisateur et parfois même imitait certains de ces comportements, en revanche dans la métropole coloniale (exception faite des "cercles coloniaux") on ignorait autrefois pratiquement tout des cultures "d'outre-mer". Aujourd'hui, en France par exemple, du fait de l'accroissement du nombre d'habitants issus de pays de culture musulmane, mais aussi de l'évolution des idées, le nombre de gens qui entendent du raï, mangent du couscous et qui ont des copains "arabes" est incomparablement plus grand qu'au temps de "l'Algérie française". C'est la preuve de l'importance des relations postcoloniales.

Yves Lacoste, extrait de l'introduction au n° intitulé "La question postcoloniale"
de la revue Hérodote, n° 120, 1er trimestre 2006

 

 

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        la revue Hérodote                       Yves Lacoste   

                    n° 120 - La question postcoloniale

 

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Commentaires
A
Bonjour ! <br /> <br /> Qu'il soit d'une couleur coloniale, néocoloniale, postcoloniale ou nationaliste, ce sit est des plus démocratiques d'après ce j'observe, vois et lis.<br /> <br /> Ce n'était qu'en 1963, que j'avais pu être recruté comme employé de bureau vacataire par l'ancien Président de la Délégation Spéciale de Guenzet une localité à laquelle fusionne mon village natal El-Maïn sans consultation aucune de la population pour donner son avis, occasion par laquelle tout de même cet emploi m'avait été donné pour gagner un peu d'argent.<br /> <br /> En dehors de mes autres besoins, qu'avais-je acheté ensuite alors que j'avais dix-sépt ans ? Un poste transistor philips pour écoûter la musique mais aussi, les informations.<br /> <br /> Que disaient dans leurs discours les militants aux commandes d'autrefois dans leurs interventions radiophoniques ?<br /> <br /> Le colonialisme français n'avais instruit qu'une petite poignée d'algériens. Les autres ont été laissés pour comptes de façon à mieux être exploités et domestiqués ? Mais le problème de la langue n'avez jamais été posé à cette époque pendant laquelle l'Algérie ne comptait qu'environ dix millions d'habiants. Combient ont été nés après la célèbration de l'indépendance nationale et à quelle date ceux-ci commencent à en être conscients de ce qui se passe autour d'eux ? Pourquoi ne parle-t-on pas de cette génération de jeunes de l'entre celle qui déclenche la révolution, celle qui se range du côté de la France, celle qui ne dit rien ou se la boucle pendant la guerre et celle née après l'indépendance ?<br /> <br /> Nous voyons aujourd'hui les enfants pleurer en Palestine, à Baghdad et ailleurs ! Eh bien cette génération une fois la paix revient dans leurs pays respéctifs, un nouveau pouvoir s'installe, quel âge aura-t-elle et est-ce-qu'elle sera prise en charge ou alors après quelques années plus tard sera taxée d'être un produit des colonisateurs pour justifier sa marginalisation ?<br /> <br /> C'est ce qui s'est justement passé avec la jeunesse algérienne n'ayant pas atteint sa majorité en 1954 pour se ranger d'un côté comme de l'autre ou neutre avec celle de 1962 qui a déjà atteint sa majorité qui commence à dix-huit ans légalement.<br /> <br /> Dans l'histoire se cache beaucoup d'autres histoires et c'est pour cela qu'il va falloir l'écrire objéctivement pour faire des déductions mais également par devoir de mémoire et du souvenir.<br /> <br /> Bonne continuation pour cette recherche d'archives photographiques, de témoignages et de commentaires de façon pacifique et démocratique sans esprit de revanche ou d'intimidation.<br /> <br /> Le défunt oncle paternel de mon père AMAROUCHE Larbi mort pour la France l'arme à la main le Vendredi 04 Octobre 1918 à Estrées 60190<br /> raison pour laquelle sa descendance obtient une licence de café maure à El-Maïn (Constantine) et sans qu'aucun document militaire ou d'état-civil encore plus de sa photo ne soit lu, connu ou vu par sa troisième descendance si ce n'est par un article de recherche porté sur le livre d'or des tournants Rovigo ayant fait l'objet d'une réponse positive de deux personnages Méssieurs Pierre Evrard et son copain me donnant cette trace en 2007. A présent, les services de l'Etat-civil de sa commune natale ne parviennent pas à me déliver son extrait de naissance pour une simple passion généalogique et culturelle. Voilà les côtés où la colonisation se montre un peu bénéfique même s'il s'agit d'une conquête et d'une domination. Mais quand même, il ne faut pas dénoncer une chose et faire son contraire. C'est ce que certains auteurs appellent "les grandes manipulations de l'histoire."<br /> <br /> Alditas
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